C'était une belle journée ensoleillée. Les rayons du soleil entraient paisiblement par la fenêtre de la chambre de Novembre, éclairait d'une douce lueur la pièce. Ce dernier était assis sur la chaise de bureau, la tête entre les mains. Son plan de travail était couvert de notes, de croquis et d'images imprimés diverse, ainsi que des feutres, crayons, gomme et autres stylos.

- J'y arriverai jamaiiiiiiis, gémit-il entre ses bras.

On était en avril, et le jeune homme devait réellement commencer à réfléchir à son projet de fin d'année. Maintenant qu'il était sous traitement et suivi psychologique, son moral et sa motivation allaient légèrement mieux. Il n'avait donc plus d'excuse. Il le lui restait plus que trois mois avant le rendu. Même si les cours étaient désormais annulés, il se devait de le travailler et le finaliser par lui-même.

Il devait trouver quelque chose. Une idée. Quelque chose qui le touchait, l'intéressait suffisamment pour bosser dessus pour les trois prochains mois. Mais il ressassait sans cesse les mêmes idées stupides et n'arrivaient pas à en trouver de nouvelles.

Il se redressa se tournoya sur sa chaise de bureau.

Une idée…

Son regard tomba sur son costume de Snape, pendu dans son placard. S'il avait pu, il aurait bien fait son projet sur ce personnage, mais ce n'était pas vraiment autorisé de reprendre une création déjà existante. Une règle fort frustrante.

Poussant un soupir, il se leva sans grâce et se traîna hors de sa chambre. Arrivé dans le salon, vide, il s'allongea sur le canapé à l'envers. Les jambes pliées vers le haut et la tête en bas, il réfléchissait lassement.

Une idée…

Il était nul pour inventer des histoires et des personnages. Ce n'est pas qu'il manquait d'imagination, mais sur ce sujet-là spécifiquement, il était nul. Novembre regardais le salon à l'envers comme si ce dernier allait apporter toutes les réponses à ses questions.

- Monsieur ?

Les jambes de Sebastian, en pyjama, apparurent dans le champ de vision du jeune homme. On était un dimanche, les deux colocataires étaient donc à l'appartement.

- Quoi ? Maugréa Novembre.

- Pourquoi êtes-vous à l'envers ?

- J'essaie de trouver une idée.

- Une idée pour quoi, Monsieur ?

Sentant que le sang commençait à affluer dans son crâne, le jeune se remis maladroitement à l'endroit.

- J'ai un projet de fin d'année à rendre et je n'ai pas la moindre fichue idée de quoi je peux bien parler. Le rendu est dans trois mois.

Sebastian s'assit à son tour dans un fauteuil en face du canapé.

- De quel genre de projet artistique s'agit-t-il ?

Novembre soupira. Il réalisa qu'il n'avait jamais expliqué à Sebastian ce qu'il faisait de ses études, concrètement. Non pas que ce dernier ait eu la curiosité de lui demander avant.

- Ça doit être quelque chose d'illustratif. Une histoire en BD par exemple. Ou un recueil d'illustration. Ou encore une série d'affiches. Ça peut être numérique, ou imprimé… Le tout c'est qu'il y ait une idée, un concept derrière qui justifie la mise en forme du projet, ses choix artistiques, etc.…

- Je vois.

Novembre s'étira de tout son long sur le canapé.

- Le truc c'est que… Je suis nul pour inventer des histoires. Et dans les choses que j'aime, ce n'est que des créations artistiques qui sont déjà aboutis. Comme des séries, des livres, des mangas. Sortir une histoire à partir de rien… Je n'y arrive pas.

Sebastian fit son petit sourire je-sais-tout

- J'ai rencontré nombre d'artiste avant vous Monsieur, et je puis vous assurer qu'aucun de sortaient des œuvre « venues de nulle part ». On trouve toujours une influence qui vient du vécu de l'artiste. Peut-être devriez-vous vous inspirer de votre propre vie pour faire ce projet ?

Le regard de Novembre s'assombrit.

- Ma vie … ? Honnêtement Sebastian j'ignore si je souhaite déballer ma triste vie comme ça devant un jury. Plus que ça, mon projet sera montré en exemple au futurs élèves ! Je n'ai pas envie que tout le monde connaisse les moindres détails de ma vie.

- Je crois que vous me prenez trop littéralement. Je n'insinuais pas que vous devriez raconter votre vie en long en large et en travers, mais il doit bien y avoir des évènements qui vous sont arrivés qui vous tiennent à cœur.

Puis il ajouta :

- Votre vie n'est pas composée uniquement de moments tristes. Vous devez bien avoir des évènements joyeux, ou neutres à la limite, que vous pouvez exploiter pour monter un projet.

- Mhh…

Le démon claqua des mains.

- Par exemple, si vous souhaitez que votre projet soit léger, pourquoi pas faire de la romance en vous inspirant de vos relations intimes ?

Novembre faillait s'étouffer avec sa propre salive.

- Pardon ?!

Le brun leva un sourcil.

- Vous n'en avez pas vécu ? Pourtant un jeune homme de votre âge-

- SI ! SI ! J'en ai vécu !

Le jeune maudit la teinte rouge que devait avoir son visage.

- C'est juste que… Mes relations ne se sont jamais vraiment bien finis… Déjà qu'elles ont du mal à démarrer tout court…

Sebastian eut un sourire moqueur

- Monsieur serait-il donc gauche en amour ?

- Tais-toi, marmonna Novembre.

Sebastian se leva et demanda poliment ;

- Souhaitez-vous en parler devant une tasse de thé ? J'ai racheté de l'Earl Grey à la vanille, que vous semblez tant apprécier.

Novembre le regarda. Cela faisait partie de ce genre de moment où le jeune pouvait parfaitement imaginer Sebastian dans le rôle de majordome d'un artistocrate. Poli, formel, attentif aux moindres détails. Sauf qu'il n'était pas un artistocrate. Et qu'ils étaient tous deux en pyjama. Cela faisait donc un effet un peu étrange.

- Mh oui je veux bien… Pour le thé.

Le démon alla dans la cuisine et prépara silencieusement le thé, avec des gestes si habiles qu'on pouvait deviner qu'ils les avaient réalisés des centaines de fois. Ce qui, en soit, n'était pas faux. Sebastian aurait pu préparer le thé les yeux fermés s'il avait fallu. Pendant un moment, seul le bruit des ustensiles et de l'eau bouillante s'entendit dans l'appartement.

Lorsque Sebastian réapparut, il déposa une tasse devant son Jeune Maître.

- Tu ne t'en sers pas aussi ? Demanda ce dernier.

- Je ne mange point de la nourriture humaine Monsieur.

Novembre pris un air blasé.

- Sebastian. C'est à peine de l'eau colorée. Tu vas pas me dire que tu peux pas ingérer ça.

Sebastian eut l'air profondément offusqué que l'on appelle son thé de « l'eau coloré ». Il avait mis des années à parfaire sa confection du thé, et il savait cette dernière irréprochable. Si son ancien contractant l'acceptait et le buvait, c'était qu'il était délicieux. Point barre.

Ne semblant pas remarquer qu'il avait blessé Sebastian dans son égo, le jeune repris :

- Si tu en bois avec moi, je te raconte une de mes histoires.

- …

Le jeune pencha la tête d'un air malicieux.

- C'est ce que font les amis ~.

Le démon soupira, puis alla se prendre une tasse et s'assit en face de Novembre. Il n'avait pas pour habitude d'écouter ses contractant parler de leur vie, mais il devait avouer qu'il éprouvait une vague curiosité à entendre parler du passé de Novembre. Contrairement à son ancien contractant, il savait très peu de choses sur la vie du jeune homme, malgré la mise en place de leur « jeu ». Le jeune était doué pour répondre aux questions sans vraiment y répondre, et le mystère planant sur l'humain était quelque peu… Intéressant. Et puis de toute manière, il se devait de respecter les termes du contrat et d'agir amicalement. Il ne pipa mot et attendit, attentif.

- Je… Commença Novembre. Je n'ai pas envie de parler d'histoires qui se sont mal passé. Fit-il avec un regard sombre. Mais il y a une histoire qui est suffisamment légère pour être raconté.

Il pausa un moment, puis repris.

- Elle s'appelait Eulalie. Je l'ai rencontré la première fois lors des oraux de sélection des entrées à mon école, il y a quatre ans de cela. Nous attendions tous les deux dans le couloir, attendant d'être appelé par le jury. Je l'ai remarqué parce qu'elle… Parlait toute seule.

Il rigola à la mention de ce détail.

- Sur le coup, j'étais tellement concentré sur mon oral à venir que je n'y ai pas prêté plus attention que cela. J'ai simplement pensé qu'elle me dérangeait un peu, à parler comme ça. Puis j'ai été appelé, j'ai fait mon oral, et je n'y ai plus penser. En septembre, je faisais ma rentrée dans cette école. Je l'avais complètement oublié. Cependant, cela ne m'a pas empêché de la prendre en grippe dès le début de l'année. Je ne l'aimais pas. En fait, elle me rappelait, vestimentairement parlant, une fille de mon lycée que je ne pouvais pas voir en peinture. Alors je l'ignorais. Pendant ce temps-là, je me fis d'autre amis, qui devinrent mon groupe de pote.

Il prit un gorgé de thé.

- Le problème fut que Eulalie commença à traîner avec mes potes, et que je n'étais pas du tout contente qu'elle piétine mes bons moments avec sa seule existence près de moi.

- Excusez-moi, intervint Sebastian. Vous êtes sûr qu'il s'agit d'une histoire d'amour ? Parce pour l'instant, ça n'en a pas l'air.

- Oui je suis sûr, maintenant écoute. Bref, les semaines ont passé. Je l'ai fait pleurer plusieurs fois avec mon caractère de cochon, sans le faire exprès. Et puis, vers décembre, j'étais assis en attendant de passer un oral, lorsqu'elle est venue s'asseoir à côté de moi. J'étais très étonné qu'elle vienne me parler, vu comment j'agissais avec elle. Mais elle a commencé à parler avec moi, en discutant de mes centres d'intérêts. J'ignorais qu'elle les avait retenus. C'est alors que je me suis rendu compte que, même si je la toisais de haut, elle, prêtait attention à ce que je disais et s'y intéressait. Ce jour-là, j'ai arrêté de voir cette fille comme la copie de la fille que je ne pouvais pas saquer au lycée et plus comme une connaissance amicale. J'ai arrêté de me conduit comme un salaud avec elle.

Il ne regardait pas Sebastian, son regard était perdu sur le mur, derrière ce dernier. C'était plus facile de se confier comme ça.

- Les mois ont passé et ma santé mentale se portait de plus en plus mal. Faut savoir que la première année, l'année préparatoire, est très dure. Il y a énormément d'heures de cours et d'heures de travail à côté. À cause du stress et de la pression, je m'étais mis à saigner du nez régulièrement. Cela devenait de plus en plus fréquent. Un jour, c'était un vendredi il me semble, et il neigeait. Je me suis réveillé pour aller en classe et j'ai commencé, comme d'habitude, à saigner du nez. Machinalement, je me suis mis un mouchoir dans la narine et je me suis préparé pour sortir. J'ai passé tout le trajet à changer des mouchoirs imbibés de sang. Derrière moi on pouvait voir une trainée de gouttes rouge dans la neige. Je suis arrivé à l'école, et j'ai monté les trois étages qui menaient à notre salle. Assis sur le pallier, je commençais à m'étouffer dans mon propre sang, il y en avait partout. Les autres élèves, qui attendaient la prof avec moi, m'ont incité à aller voir l'infirmière. J'ai dû alors choisir quelqu'un pour m'accompagner. J'ai choisi Eulalie. Je savais que cette dernière ne poserait pas de questions idiotes, qu'elle serait silencieuse et que globalement elle ne m'emmerderait pas.

- Je reconnais bien là la bienveillance de Monsieur, fit Sebastian, narquois.

La tasse de thé réchauffant ses mains, le jeune répondit :

- Je n'ai jamais dit que j'étais un sain. Je juge les gens rapidement, je suis bornée, misanthrope, les gens ont du mal à me cerner. Je suis maladroit, irascible, je blesse sans le savoir. Globalement je ne suis pas facile à vivre.

- J'ai connu pire, répondit simplement Sebastian en ayant un certain gamin en tête.

- Bref. Le sang ne s'arrêtait pas de couler. Je faisais une hémorragie. Eulalie, l'infirmière et moi sommes allés en métro à l'hôpital. Avec la neige qu'il y avait ce jour-là, nous n'aurions pas eu d'ambulance avant plusieurs heures. Eulalie a attendu avec moi. Ce jour-là, nous avons eu vraiment l'occasion de parler. J'ai découvert une fille sensible, intelligente, douce. Je me suis confié à elle comme jamais je ne m'étais confié avant à quelqu'un.

Novembre s'arrêta pour reprendre une gorgée de thé. Il ne pouvait s'empêcher d'avoir l'impression d'emmerder Sebastian avec ses histoires futiles. Il n'avait pas l'habitude de parler de lui aussi longtemps.

- Les semaines ont passé. Un jour de pluie, je revenais d'un weekend particulièrement éprouvant avec ma famille. Je l'ai appelé pour savoir si on pouvait se voir. J'étais dans un état déplorable. Elle habitait à environ une heure de mon appartement. Et pourtant, elle a dû sentir au téléphone que c'était grave, alors elle a pris ses affaires, et a fait le trajet jusqu'à chez moi. Nous nous sommes retrouvés dehors, sous la pluie. Elle et moi étions trempés. On s'est regardé un moment, puis je me suis mis à pleurer comme je n'avais pas pleuré depuis longtemps. Sous la pluie battante, elle m'a enlacé. Puis on est rentré à mon appartement. Elle a vu l'état de mes poignets, mais n'as rien dit, se contentant de soigner et panser les plaies. Après qu'elle eut fini, elle laissa ses mains près des mienne, et doucement, je les lui aie prises. On a entrelacé nos doigts, en se murmurant des mots apaisants. Elle est restée jusqu'au soir, puis je l'ai raccompagné jusqu'au métro et, jusqu'au dernier moment, je ne lui ai pas lâcher la main.

- Les choses commencent à devenir intéressantes, lança Sebastian, qui se força à prendre une gorgée de thé.

Ignorant le démon, Novembre poursuivit :

- Nous avons continué à nous voir, alors que les jours devenaient lentement plus chauds. Les oraux de fin d'année approchaient. Nous savions que peu d'entre nous pouvais continuer d'étudier dans cette école, et que nombre de camarades de classe allaient partir. Lorsqu'on se voyait, elle et moi, le temps s'arrêtais. On se tenait la main, caressions doucement nos doigts. On se regardaient comme si l'autre n'existait que pour nous.

Ajustant sa position sur le canapé, Novembre soupira :

- Et puis… Les résultats des oraux sont tombés. Pour ma part, j'étais réadmis en deuxième année dans mon école. Mais Eulalie, elle, avait été refusé, et accepté dans une école à l'autre bout de la France. Je jour-là, je l'avais invité à dormir pour la première fois à mon appartement. Lorsque nous avons appris les résultats, j'étais au départ content pour elle, car c'était une école qu'elle voulait, et qui était assez prestigieuse. Et puis la réalité m'est tombé dessus. Elle allait partir. Elle allait me laisser. Voyant mon état, elle me promit qu'elle viendrait me voir de temps en temps. Mais malgré ça, j'ai passé la nuit à pleurer silencieusement. Au matin, je n'arrivais pas à parler. J'étais trop triste pour arriver à faire semblant de sourire. Je l'ai raccompagné au métro en silence, lorsque a un moment, elle m'a agrippé la main. Elle m'a demandé « Pourquoi es-tu aussi triste ? » Et mon cœur battait à cent à l'heure lorsque je lui ai répondu « Parce que je suis tombé amoureux de toi et je ne veux pas te voir partir » On est resté un moment comme ça, se tenant la main, sur un trottoir au milieu de la foule. Puis elle m'a répondu : « Je crois que moi aussi…Je suis tombé amoureuse de toi » Alors j'ai passé ma main dans ses cheveux, et je lui ai demandé si je pouvais l'embrasser. Elle a dit oui. Alors je l'ai fait.

Un peu rouge, Novembre se stoppa. Sebastian affichait toujours son sourire moqueur.

- Etes-vous sûr que vous n'êtes pas aller chercher cette histoire dans un roman d'amour à l'eau de rose ? C'est tellement niait que ça me parait surréaliste.

Leva les bras en l'air, Novembre lança, énervé :

- Oui bah je suppose que pour un démon, tout ce qui relève de la sentimentalité est niai ! Tout le monde ne marche pas aux orgies sataniques !

- Par tous les feux de l'Enfer, mais qui vous a mis en tête cette histoire d'orgie satanique ? Demanda Sebastian, levant les yeux au ciel

Novembre posa sa tasse avant de renverser plus de thé.

- J'ai failli faire partie de l'église de Satan, et je peux assurer de source sûre qu'il y a des orgies sataniques là-dedans !

- Pardon ? S'étouffa Sebastian. Vous avez failli faire partie d'un groupe sataniste ? Vous ?

Novembre croisa les bras.

- You don't know me.

Sebastian soupira

- Bref, passons. Il se passe peut-être des orgies sataniques, mais ça ne veut pas dire que les démons y participent aussi ! On a autre chose à faire que de participer à des choses aussi triviales. En tout cas, ce n'est pas mon cas.

- Oww… Monsieur a des principes éthiques. Comme c'est mignon.

- Ce n'est pas une question d'éthique. C'est une question que j'ai autre chose à faire que ça !

- Comme quoi ? Manger des âmes ?!

- Par exemple ! S'écria Sebastian.

Le jeune se frotta les tempes.

- Cette discussion est ridicule.

- Bon, pour revenir à votre histoire, tout est bien qui finit bien non ? Vous l'aimez, elle vous aime. Tout va bien dans le meilleur des mondes.

Novembre pinça les lèvres.

- Pas… Exactement. Après ça, nous avons commencé à sortir ensemble. Mais quelque chose n'allait pas. Je n'arrivais pas à mettre le doigt dessus au début, puis c'est devenu de plus en plus fort. Lorsqu'on discutait de nos sentiments respectifs, on ne se comprenait pas. Elle mettait de plus en plus de temps à répondre à mes messages. J'avais l'impression qu'on s'échappait l'un l'autre. Ça me donnait des énormes crises de panique. Je pleurais quasiment à chaque fois qu'on se voyait. La vérité, c'est qu'elle n'était pas prête pour une relation amoureuse. Et plus j'essayais de me rapprocher d'elle, plus elle me fuyait. En été, on a décidé de rompre, d'un commun accord.

Il soupira.

- Après ça, on ne s'est plus parler pendant un an. J'avais toujours des sentiments pour elle, mais je souhaitais vraiment qu'on redevienne amis. On s'est recontacté mutuellement au même moment. À partir de là, on se parlait tous les jours, et à chaque fois qu'on se voyait c'était des « On se tient la main », « on se fait des longs câlins », « on se caresse le bras ». Si bien que, à force, je me suis demandé si elle non plus n'avait pas encore des sentiments pour moi. Alors, un jour où j'étais aller passer un weekend chez elle, dans le Sud, je lui aie refais une déclaration. On sortait d'une séance de cinéma et on marchait sur les bords d'un fleuve, sous la pluie. Et puis je me suis arrêté. Je lui ai avoué que je l'aimais encore. Et elle semblait mal à l'aise, mais m'a répondu qu'elle aussi.

- Alors cette fois-ci, tout est bien qui finit bien.

- Non. On a continué à faire ce qu'on faisait, mais je voulais toujours « plus ». Je voulais qu'on se voie plus, qu'on se parle plus. Et finalement, alors que je lui disais tout ça, elle m'a dit sur le ton de l'évidence « Mais on n'est pas un couple Novembre ». Elle m'aimait, mais n'était pas amoureuse. On avait passé deux ans à se croiser sans se trouver. Au final, j'ai décidé d'arrêter de l'embêter avec mes sentiments et la laisser vivre en paix. Et depuis, on ne s'est plus parler. Fin de l'histoire.

Les deux restèrent un moment en silence. Novembre avait la bouche sèche à force d'avoir parlé. Il finit son thé, qui était froid à présent.

- Cette histoire d'amour me semble bien futile. Vous semblez vous être accroché à elle alors qu'elle ne vous donnait pas ce que vous cherchiez en retour. C'était idiot de votre part.

- Ce que j'aime le plus chez toi, Sebastian, c'est ta bienveillance envers autrui, répondit sarcastiquement Novembre, reflétant les paroles du plus âgé.

- Je ne fais qu'établir des faits, dit platement le démon.

Cette histoire était idiote, pensa Sebastian. Bien représentative de la vanité des sentiments humains. Pour établir un lien, il fallait que les deux partis y gagnent quelque chose, équitablement. Ce n'était à l'évidence pas le cas avec cette Eulalie. Et cet enchainement de maladresse et d'incompréhension mutuelle… La communication humaine était bien complexe. Encore plus lorsque des sentiments étaient en jeu.

C'est pourquoi les démons se tiennent à distance des émotions humainesHabituellement songea amèrement Sebastian.

- Donc, pour revenir à nos moutons. Tu penses que je peux utiliser cette histoire pour mon projet ?

- Je pense oui. Cette histoire est sensiblement…Humaine. Il faudrait prendre ce qui vous a le plus marqué dedans, et l'exploiter. Qu'avez-vous retenu de cette relation, Monsieur ?

Le jeune réfléchit un instant, puis ferma les yeux.

- Que, quand on aime quelqu'un, on doit parfois le laisser partir, murmura-t-il

Merci d'avoir lu jusqu'ici ! Je pense que cette histoire est vraiment nulle, mais bon, je la continue quand même I guess ? Rahlahlah, ce que veulent les fan c'est du Sebaciel...Mais y en aura un peu dans cette fic pourtant !