- Un homme sur un toit ? Répéta Sebastian.

Ils étaient tous les deux assis sur le canapé du salon. Novembre avait séché ses cheveux et tous deux s'étaient mis en pyjama.

- Oui. J'avais l'impression qu'il me regardait. Il avait… Une espèce de barre de fer dans sa main. J'ai fait un croquis de mémoire pour te montrer.

Il alla dans sa chambre et récupéra son carnet, qu'il ouvrit à la page du dit croquis et revient avec. Sebastian le regarda en silence, l'air songeur.

- Alors ? Est-ce que tu le connais ?

- Si ton dessin est exact alors oui, je le connais.

Il posa le carnet sur la table.

- Ça ne sent pas bon, déclara le démon.

- Est-ce que c'est quelqu'un…Comme toi ?

Sebastian secoua la tête.

- Non. C'est un shinigami. La barre de fer que tu as vu est sa faux de la mort.

- Tu penses que ça a un rapport avec ce que Grell a dit l'autre fois ?

Sebastian se tourna vers le jeune.

- Tu sais… À propos de la réforme des shinigamis sur des démons ? Ils savent maintenant que je suis lié à toi.

- C'est probable. Répondit Sebastian. Mais même sans cette réforme -et nous ne savons pas de quoi il s'agit- les shinigamis n'ont jamais fait bon ménage avec les démons.

Novembre leva un sourcil.

- Pourquoi ?

- Les shinigami récoltent les âmes des défunts lors de leurs morts. Ils stockent ensuite le « film » de leur vie dans des dossier, qu'ils stockent dans une gigantesque bibliothèque. Nous, les diables, interféron avec leur travail. Nous dévorons les âmes de personnes avant qu'elles puissent être récoltés, ces âmes ne peuvent alors plus être prises par les shinigami. C'est pourquoi ils nous excrètent. Ils sont intransigeants avec le travail bien fait.

Le jeune resta silencieux un moment.

- Vous êtes comme des charognards se disputant des bouts de viande.

- Vu d'une certaine manière, oui.

- Du coup, que faisons-nous ? À propos des shinigamis ?

- Rien. Pour l'instant rien ne s'est encore passé. Je pense que nous pourrons aviser lorsque les choses se compliqueront.

Novembre resta silencieux. Tout ça ne sentait pas bon, mais Sebastian avait raison. Mieux valait pour le moment attendre et voir. Il décida de changer de sujet.

- Tu serais okay pour qu'on se finisse le marathon Harry Potter ce soir ?

Sebastian demeura un instant muet par le brusque changement de sujet.

- Quoi ? Tu m'as dit qu'il ne servait à rien d'y penser pour le moment. Alors je te le redemande, est-ce que tu veux te finir le marathon Harry Potter avec moi ?

- Si cela peut vous faire plaisir, finit par dire Sebastian

- Rohh allez. Tu ne veux pas savoir tous les secrets de Snape ?

- Je pensais qu'il fallait lire les livres pour connaitre tous ces secrets.

- C'est vrai. Mais rien ne peut battre l'énergie sexuelle que dégage Alan Rickman à l'écran.

Le jeune se stoppa, puis demanda :

- Dis Sebastian… Est-ce que tu peux être bourré ?

Le démon se tourna vers lui, arquant un sourcil.

- Naturellement, l'alcool ne me fait rien. Mais je peux modifier mon organisme afin qu'il l'ingère et me fasse le même effet que les humains. Pourquoi ?

Novembre sourit machiavéliquement.

- Je te propose un jeu. À chaque fois que quelqu'un du film dit « Harry », « Harry Potter », ou « Potter », on boit une gorgée de vodka.

- Êtes-vous sûr que c'est une bonne idée ?

Le jeune croisa les bras.

- Oui, je pense que c'est même une excellente idée. C'est ce que font des amis : faire des jeux à boire en regardant des films, tranquillement posé sur le canapé. Du coup : Sebastian, c'est un ordre. Modifie ton organisme afin de pouvoir être bourré !

Sebastian avait reçu nombre d'ordres idiots dans sa vie, et celui-là figurerait probablement dans son palmarès.

- Très bien Monsieur, répondit-il d'une voix lasse.

Trente minutes plus tard, les deux étaient dans le salon, une bouteille de vodka sur la table basse et une pizza vegan pour Novembre.

- Et c'est partis ~ déclara Novembre, en lançant le quatrième film.

Au bout de la vingtième minute, un shot avait déjà été consommé par personne.

Lorsque le cinquième film commença, ils avaient entamé leur quatrième.

- Harry est vraiment idiot, de partir comme ça avec ses amis pour le Ministère de la Magie qui est à Londres. Ils sont en Ecosse ! À vitesse d'oiseau, même sans compter les pauses, cela reste loin. Marmonna Sebastian.

- Oui… Dit Novembre sur le même ton

À la fin du septième film, ils en étaient à leur huitième shot.

- Et du coup tout est bien qui finit bien ? Cela me parait… Sebastian chercha ses mots, les yeux dans le vague…Absurde.

- Ouai. Ron avec Hermione. Harry avec Ginny. Avec leur -hic- beaux enfants. T'sais moi j'aime pas J.K Rowling de toute manière.

- Alors pourquoi aimer ce qu'elle fait, si vous ne l'aimez pas ?

- Disons que je regarde avec l'œil critique, marmonna Novembre. C'est raciste, hétéronormé, cisgenré, et globalement la fin représente….

Novembre regarda d'un œil vide son verre tout aussi vide comme s'il contenait les secrets de l'univers.

- Le capitalisme.

Pris d'une soudaine impulsion, Novembre se leva en titubant sur le canapé et commença à chanter, superposant la musique du générique du film

- C'est la LUTTEUH FINALE groupons-nous et demainnnnn l'INTERNALIONALEUH sera le genre humainnnn

Point en l'air Sebastian se mit également à chanter, très fort et pas très juste, avec Novembre.

- Il n'est pas de Sauveur Suprêmeuhhh : Ni Dieu ni Cesars ni Trubain . TRAVAILLEURS sauvons-nous-nous mêmeuh. TRAVAILLONS au salut commun …

Ils chantèrent le reste de la chanson en s'époumonant jusqu'à ce que des coups dans le parquet les fasse s'arrêter. Ils restèrent en silence, pantelant. Novembre s'écroula sur le canapé.

- Je… Savait pas que les démons étaient communistes.

Passant une main gantée sur son front, Sebastian répondit

- Ce n'est pas une question d'orientation politique. Quoique le communisme m'amuse assez. Cela prétend être « Le peuple pour le peuple » et se prétend se distinguer des autres, et pourtant cette politique, comme toutes les autres, a tué des millions de gens qui n'étaient pas conforme aux standards appliqués.

- Le communisme en France d'aujourd'hui n'as pas grand-chose à voir avec le communisme de Chine ou avant, de l'URSS. Mais je vois ce que tu veux dire.

Novembre avait la tête qui tournait, et n'avait certainement pas l'énergie et la clarté nécessaire pour une discussion politique. Sans prévenir, il demanda :

- Alors, est ce que Snape est pas super cool ?

Sebastian plissa les yeux, essayant de concentrer son cerveau sur ce changement de sujet brutal.

- Et bien… Je pense que les livres doivent en révéler bien plus, mais il est un très bon double espion. Il est mort en défendant sa cause. C'est un personnage assez intéressant.

- N'EST-CE PAS ! s'écria Novembre. ATTEND, BOUGE PAS JE REVIENS.

Le jeune se leva difficilement du canapé, sentie la Terre tourner, tomba à genoux, et fini par avancer jusqu'à sa chambre a quatre pattes.

Sebastian le regarda sans rien faire. Depuis combien de temps ne s'était pas permis d'être saoul ? De perdre ses moyens à ce point ? Il savait que cela pouvait être facilement dangereux de ne pas être en plein contrôle de ses sens en présence d'un humain, d'un contractant qui plus est. Mais il savait qu'il saurait se tenir. Il y avait des choses bien plus fort que l'alcool qui pouvait le faire agir incontrolablement.

- Mhhggg

Novembre était revenu, débout cette fois-ci. Il se tenait, aider d'une main sur le mur, à avancer. Mais au lieu de ses cheveux bleus se tenais un tignasse noir mi courte, et à la place de son pyjama, un costume entièrement noir ainsi qu'une cape de la même couleur. Novembre agita cette dernière

- TA-DA !

Sebastian le regarda, l'esprit vide.

- Est-ce que c'est… Le déguisement de Snape ?

- CA ! C'est un cosplay mon cher Sebastian. Et oui. Est-ce que tu sens mon sex appeal de professeur ténébreux de là où tu es ?

Sebastian croisa les bras. Novembre n'avais pas les détails du costume ni la carrure pour le porter. Il n'avait pas de maquillage pour le faire ressembler au personnage.

- Il ne peut y avoir qu'un seul brun ténébreux sexy ici, et c'est moi, répondit-il comme si c'était un fait établit.

Je suis définitivement saoul.

Novembre croisa les bras à son tour.

- Je peux être un brun ténébreux si j'ai envie. Je ferais des ravages en convention si je le portais. Je suis sûr qu'il y a nombre d'ado qui fantasme sur Snape leur donnant des leçons particulières.

Avant que Sebastian ne puisse répondre et qu'ils ne les emmènent dans une discussion qu'ils n'étaient certainement pas prêts à avoir, Novembre s'écria.

- ET SI …. TU VENAIS EN CONVENTION AVEC MOI ?

- Pardon ?

- En -hic- convention ! Tu sais, des évènements centrés autour du japon, des mangas, de jeux vidéo et de films et séries. Des gens y viennent cosplayés. Je pourrais y aller ! Et toi, tu pourrais m'accompagner -hic-. Je suis déjà allé avant mais jamais en -hic- cosplay-. Ce sera l'occasion !

Sebastian le regarda comme une vache regarderait un train. Comme il ne répondait toujours pas, Novembre continua, gesticulant d'une jambe à l'autre, faisant virevolter la cape de Snape.

- Tu pourrais me tenir mes affaires. Ou…. MIEUX ENCORE. Tu pourrais te cosplayer toi-même ! Avec ta tronche de modèle, tu ferais un carton, quel que soit ton cosplay. Faudrait juste -hic- trouver un personnage que t'aime suffisamment pour l'interpréter.

Novembre fronça les sourcils.

- Mouai… Ceci dit t'as un siècle et demi de retard sur toutes les productions de fiction qui sont sorties. Faudrait que je te fasse regarder plus de trucs.

Novembre s'avança et s'affala, une fois de plus, sur le canapé, à côté de Sebastian qui semblait être dans une autre dimension. Le démon regardait Novembre avec un regard ardent.

- J'ai un truc sur le visage ou … ?

Lentement, il leva une main vers le visage du plus jeune. Novembre eu un brusque mouvement de recul, qui lui fit tourner la tête. Il retint une nausée en fermant les yeux. Sebastian profita de ce moment pour attraper doucement la perruque noire de Snape, et la faire glisser sur le côté du crâne de plus jeune. Novembre ouvrit les yeux et le regarda. Sa perruque était tombée sur le canapé. Ses yeux rouges luisaient d'un sentiment que Novembre n'aurait su décrire.

- Votre âme… Elle a retrouvé son éclat, vous savez. Vous étincelez.

Il glissa ses doigts lentement sur les cheveux bleus de Novembre.

- Elle est sombre comme une nuit et éclairée par de puissantes étoiles, ainsi qu'une lune qui étincelle et éclaire d'une lumière pure cette noirceur. Mais pour vous, ce n'est pas du noir qu'il vous faut.

Sa main glissa de ses cheveux pour en prendre délicatement une mèche.

- C'est un bleu nuit profond.

Novembre ne pouvait pas retirer ses yeux du regard rouge de Sebastian. Il était aussi ivre que lui. Ces pupilles étaient hypnotisantes. Il avait la gorge sèche. Et les mots de Sebastian arrivaient en décalés dans son cerveau qui avait du mal à tout analyser proprement.

- J'en conclu… Que tu aimes bien mes cheveux ?

- Ils sont magnifiques, répondit-il de façon un peu trop franche pour paraitre être sobre. Puis-je vous demander pourquoi avez-vous décidé de cette couleur en particulier ?

Enfin, un terrain sur laquelle Novembre pouvait parler sans trop d'effort.

- Je voulais avoir la même couleur de cheveux que Coraline l'adaptation en film éponyme. C'est de base un roman écrit par Neil Gailman. J'ai toujours aimé cette héroïne. Elle est courageuse. Et intelligente.

Ses yeux gris se perdirent dans le vague, et eu quelques minutes de lucidité.

- Ça raconte l'histoire d'une jeune fille qui viens d'emménager avec ses parents dans une vieille maison. Elle et ses parents ne s'entendent pas très bien. Ils sont très occupés et pas assez attentive à leur fille à ses yeux. Un jour, elle trouve une petite porte dans l'une des pièces. Il s'avère que c'est un passage magique dans un monde exactement identique au siens, avec sa maison et ses parents, sauf que ces derniers sont des boutons cousus a la place des yeux. Ils prêtent attention à Coraline, jouent avec elle, lui offre des présents, lui font à manger. Coraline, malgré leur difformité des yeux, préfèrent ces parents-là. C'est alors qu'ils lui propose de rester dans leur monde, à la seule condition qu'elle accepte elle aussi de se faire coudre des boutons a la place des yeux. Elle prend alors peur et s'enfuie. Elle retourne dans le monde réel, mais n'y trouve plus ses parents. Son « Autre » mère les a enlevés. Elle doit alors y retourner, sachant que cette « Autre » mère veut la dévorer, mais sachant également que c'est le seul moyen de sauver ses parents.

Novembre resta un instant silencieux.

- Cette histoire parle de beaucoup de choses. Mais surtout, elle parle de courage. D'affronter ses peurs et la mort elle-même, en toute âme et conscience, pour une cause qui nous tient au cœur.

Il rigola doucement.

- Quand je mourrais, je ne voudrais pas que l'on se rappelle de moi comme quelqu'un de gentil. Je veux qu'on se rappelle de moi comme quelqu'un de courageux. C'est ce que je veux être. Même si ça ne se voit pas aux premiers abords. Je suis plus coriace que j'en ai l'air. Et jusqu'ici, même si j'en ai eu envie, je n'ai pas baissé les bras. Je vis pour ce qui me tient à cœur, et je mourrais pour ce qui me tient à cœur.

Sebastian le regardait toujours, immobile. Puis, après un moment de silence, demanda doucement.

- Pourquoi vous cachiez-vous dans cette église, cette nuit-là ?

Novembre inspira profondément et passa sa main sur son visage.

- Je suis trop saoule pour éviter la question.

Un silence passa.

- Je me cachais car, cette nuit-là, mon frère est mort.

Malgré l'ivresse, Sebastian réagit en levant les sourcils.

- Vous aviez un frère ?

- J'en ai eu un, oui…Pendant un temps.

Novembre avait sorti son pendentif d'en dessous de son cosplay et le tritura. La fraicheur de la pierre verte qui le constituait l'apaisait. L'alcool lui faisait ressortir ses souvenirs avec toutes les émotions avec. Il ne voulait pas y penser, il devait changer de sujet.

- C'est à mon tour de poser une question.

- Oh. On en revient au jeu des questions alors, fit remarquer Sebastian avec un sourire un coin.

- Oui. J'ignore si c'est le meilleur ou le pire moyen de détourner une conversation.

- Probablement les deux en même temps.

Novembre ajusta sa position, et se mit en tailleur, face à Sebastian.

- Dis, la personne avec qui tu avais créé un lien spécial… C'était ton Comte anglais ? Ton ancien contractant, n'est-ce pas ?

Sebastian croisa les bras et se recroquevilla légèrement sur lui-même.

- Oui… C'était bien lui. Il était ce que j'avais de plus précieux.

Novembre reconnu le visage d'un homme en deuil devant lui.

- Et… Qu'as-tu fait ? Tu l'as épargné ?

Sebastian resta un moment tête baissée, ses cheveux cachant son visage.

- Cela fait deux questions à la suite, Monsieur.

Le jeune soupira. La tête lui tournait de plus en plus.

- Tu devais beaucoup l'aimer, pour réagir comme ça.

Dans n'importe quel autre contexte, Sebastian aurait choisi la voie la plus sage, et ne rien répondre. Mais le fait est qu'il était ivre et qu'il avait, par conséquent, beaucoup moins de self control. D'une voix flageolante, il gémit :

- Il me manque tellemeeeeeeeeent.

Novembre lui tapota maladroitement l'épaule tandis que le démon enfouissait sa tête dans ses mains, comme deux camarades bourrés lors d'une fermeture d'un bar.

- Allez, allez … Ça va aller.

- Il aurait pu… Mais il….Et maintenant il…

- Chuuuuuut tout va bien se passer.

- Je suis NUUUUUUULLLLLL.

Novembre soupira. Il l'avait cherché, non ? À vouloir alcooliser son démon. Maintenant c'était une loque sur son canapé, il devait en assumer les conséquences. Enfin, assumer avec 2,5 grammes d'alcool dans le sang.

- T'es pas nul…'coute je sais pas ce qui c'est passé avec le gamin, mais vu ton état, c'est clair que tu tenais à lui. Et t'es… Un putain de démon. T'as des super pouvoir… Comme… Dr Strange… ou Mary Poppins… T'as dû faire des pieds et des mains pour le sauver.

Sebastian continuait à gémir silencieusement, les cheveux en bataille, la tête enfouie dans les mains.

- Sebastian… T'es un chouette démon. Tu mégenres pas les gens, tu chantes l'Internationale, tu cuisine super bien, et tu ne me demande pas des questions stupides comme « PoUrQuOi tU tE bAlaNcE d'AvaNt eN ArRiErE ? Ou bien PoUrqUOi t'As BeSoIn D'Un CaSqUe AnTi-BruIt ? Je sais que c'est dur, de perdre quelqu'un. Ceux qui savent pas ce que c'est ne peuvent même pas se l'imaginer. Mais… Je suis sûr qu'il y a plein de bons moments qui t'attendent dans le futur, de belles choses à vivre. Et même si ça n'efface pas la douleur, ça la rend plus supportable.

Le démon arrêta de gémir dans ses mains. Il se redressa légèrement et adressa un sourire triste au plus jeune, qu'il vit entre deux mèches noires. Puis Sebastian demanda :

- Comment est mort votre frère ?

Novembre leva sa tête au ciel. Ses pensées et sentiments étaient totalement confus par l'alcool. De toute façon, que cela pouvait bien faire, que Sebastian sache cette information ? C'est un démon. Un stupide démon. C'est donc avec le visage relâché qu'il répondit :

- C'est moi qui l'ai tué.

Sebastian regardait le plus jeune, d'un œil écarquillé. Novembre, son jeune Maitre, si ordinaire et si inoffensif, avait tué quelqu'un ? Son propre frère ? L'alcool lui jouait-il des tours ? Ses souvenirs de lui repassaient dans sa tête. Leurs discussions ridicules, leurs sorties tous les deux, leurs moments passé à l'appartement. Jamais, à aucun moment, il n'avait suspecté que son contractant puisse être un meurtrier. Un sourire carnassier apparut sur son visage. Son jeune Maitre était définitivement plus intéressant qu'il n'y paraissait.

- Je vois… C'est donc comme cela que vous m'avez invoqué.

Le jeune tourna la tête d'un air interrogateur.

- Il y a un prix à payer pour une invocation d'un démon. Les diables n'apparaissent pas à tout va. Et ce prix est généralement élevé. Cela dépend du diable bien sûr mais… Ce n'est jamais anodin. En tuant votre frère et en tournant le dos à la lumière, vous m'avez -bien que par accident- invoqué. Voilà pourquoi vous étiez si surpris de me voir apparaitre dans l'église.

L'esprit de Novembre bourdonnait désagréablement.

- Je vois, marmonna t-il.

Ses yeux tombaient de fatigue. Il ignorait quelle heure il était. Drogué par l'alcool, il se laissa tomber lentement en position horizontale. Sa tête touchait les genoux de Sebastian. Ce dernier ignorait s'il ne s'en rendait pas compte ou s'il n'en avait rien à faire.

- Sebastian.

- Oui ?

- Tu resteras à mes côtés jusqu'à la fin, n'est -ce pas ?

Les yeux embués par l'alcool, le diable répondit doucement.

- Jusqu'à la fin, Jeune Maitre.

- Bien.

Les traits du visage du jeune étaient apaisés. Sebastian le regardait avec envoutement. Une âme à la fois si noire et si brillante… Ce pacte avait beau ne pas être aussi périlleux et aventureux que son précédent contrat, il ne le regrettait cependant pas. Un contrat tranquille, et une âme délicieuse à déguster. Voilà qui lui convenait parfaitement. La voix somnolente de Novembre le coupa dans ses pensées brumeuses.

- Sebastian ?

- Oui ?

- Met ta main dans mes cheveux encore une fois. S'il te plait, ajouta-t-il à voix basse.

Légèrement surpris, Sebastian s'exécuta. À peine ses doigts effleurèrent la chevelure du jeune qu'il fut coupé.

- Non.

- Monsieur ?

- Enlève tes gants. Je n'aime pas leur contact.

- Bien Monsieur

Avec ses dents, il fit glisser son gant blanc le long de sa main, et le laissa tomber sur le sol, révélant une main gracieuse aux ongles noirs, avec le sceau de pacte gravé dans sa peau. Il approcha sa main doucement, et le plongea dans la masse de cheveux court de son jeune Maitre. Sa chaleur était agréable. Sa chevelure était douce. Il entendit Novembre pousser un très léger soupir de contentement. Embrumé par l'alcool, il savoura cette sensation. Il avait beau être un démon, des contact affectueux lui était toujours néanmoins agréables. Cela changeait des balles de revolver lui transperçant le corps, pensa-t-il.

Ils restèrent ainsi, en silence pendant un temps. Sebastian caressait le crâne de Novembre en mode automatique. Il sentait ses propres paupières devenir lourdes et bataillaient pour les laisser ouvertes. Les démons n'avaient pas besoin de sommeil. Mais ayant modifié son organisme afin qu'il s'approche d'un fonctionnement humain, l'alcool lui faisait le même effet que son jeune Maitre, qui semblait s'assoupir sous la main du démon.

Alors, lentement, il se permit de fermer les yeux. Juste pour se reposer une seconde.

La minute d'après, deux respirations lentes et régulières s'entendaient dans la pièce.

Navré d'avoir pas posté plus vite, c'est que les chapitres deviennent de plus en plus longs et c'est une horreur à corriger seul ^^'

Cela fait quelque mois déjà que j'ai écris ce chapitre. J'ai cringé en le relisant. Je pense que vous cringerez aussi. C'est pas grave, ainsi vont les fanfictions.

Tous commentaire me fera super plaisir 3