Un mal de tête. Ce fut la première chose que Novembre perçut. Un gigantesque et terrible mal de tête. Il tenta d'ouvrir les yeux. Sa vision floue n'arrivait pas à s'ajuster. Ses membres lui faisaient un effet étrange, ils semblaient plus lourds que d'habitude. Ses oreilles sifflaient désagréablement. Sa gorge était sèche et il avait du mal à avaler sa salive. Il avait l'impression d'être passé sous un camion.
Après plusieurs minutes, il réussit à se redresser. Il s'était endormi sur le canapé. Un plaid était posé au-dessus de lui. En baissant ses yeux, il s'aperçut qu'il était habillé non pas avec son habituel pyjama, mais avec le cosplay de Snape. Ce même cosplay qu'il gardait soigneusement planqué dans son placard. La perruque noire était à terre. Ses yeux suivirent les pieds de la table basse, ou trainait deux bouteilles de vodka vide, et la jaquette de DVD de l'intégrale d'Harry Potter. Se tenait également un verre d'eau fraiche.
Il n'arrivait pas à aligner deux pensées cohérentes. Il ne savait pas ce qu'il faisait là et n'avait aucun souvenir de la veille.
Abandonnant l'idée d'essayer de comprendre, il but le verre d'eau et se leva dans l'idée d'entrer dans un bain chaud et de ne jamais y sortir. Enveloppé dans les vapeurs chaudes de l'eau qui montait dans la baignoire, Novembre se déshabilla lentement, manquant de perdre l'équilibre plusieurs fois.
Combien de verres ais-je bu pour avoir une gueule de bois pareille ?
Il ne sut pas combien de temps il resta, immergé dans l'eau, alternant sommeil et réveils, perdu dans des pensées vaseuses. Lorsqu'il revint à lui, l'eau était froide, et toute la vapeur était retombé. Il réussit à sortir du bain sans se casser la figure et se sécha lentement.
Sebastian devait être parti au travail. Novembre avait le souvenir vague de lui ordonner d'être saoul. Ou quelque chose comme ça. Avait donc-t-il bu lui aussi ? Surement avec ses capacités de démon, il avait évité la gueule de bois et avait réussit à se lever pour aller au travail.
Sebastian et lui avaient donc passé la soirée saouls ensemble… ? Il tenta de se souvenir mais il ne se rappelait de quasiment rien.
Son esprit commença à s'affoler. S'il avait été saoul avec Sebastian, qu'avait-il bien pu dire ou faire ? Il ne se rappelait pas. Il avait beau se creuser la tête, Ne lui parvenait à l'esprit que des bribes, des mots, des sensations. Une main dans ses cheveux. La sensation de dire quelque chose d'interdit. L'excitation de montrer quelque chose censé être caché.
Le jeune se figea.
Oh mon dieu
AURAIS-JE COUCHÉ AVEC SEBASTIAN ?!
Ohshitohshiohshitohshit
Avaient-ils pris des précautions ? Est-ce qu'il pouvait tomber enceint avec un démon ? Et attraper des MSTs ? Son esprit s'affolait. Il devait respirer lentement, doucement.
Novembre essaya de garder son calme et de réfléchir calmement. Non, ce n'était pas possible, l'alcool libérait les inhibitions, il ne les créaient pas. Novembre n'avait pas, par le passé, voulu coucher avec Sebastian. Il était donc très improbable que cela soit arrivé. À moins que Sebastian l'ai forcé. Mais aucuns souvenirs désagréables ne lui revenaient, alors c'était une hypothèse à exclure. Il se relâcha légèrement. Il sortit de la salle de bains pour aller dans sa chambre. Une sieste. Oui. C'était tout ce qu'il lui fallait. Réfléchir serait pour plus tard.
D'un pas lourd, il ne dirigea vers son lit et alla se noyer sous ses couvertures. Avant de s'endormir, il sortit néanmoins son carnet « spécial Sebastian » d'en dessous du lit, et y griffonna quelque chose : Une main élégante, aux ongles noirs, en train de caresser une masse de cheveux. Puis il s'endormit d'un sommeil sans rêves en tenant son carnet sous la couette.
Lorsqu'il ouvrit les yeux, plusieurs heures après, il pensa que Sebastian était rentré du travail et était à la cuisine. Ses volets étaient fermés, il ne savait donc pas l'heure qu'il était, et son portable était trop loin à son goût pour aller le chercher. S'étirant et baillant, il remarqua qu'il avait l'esprit un peu plus frais que tout à l'heure. C'était agréable. Il se leva et marcha pieds nus jusqu'à la cuisine.
Personne.
Novembre fronça les sourcils. Pourtant il aurait juré…
L'odeur.
C'était discret, mais cela sentait le brûlé.
Essayant de rester calme, Novembre appela son démon plusieurs fois, sans réponse. Il n'était donc pas là. Il commença à inspecter la cuisine. Peut-être avait-il laissé le gaz allumé, ou un radiateur avec un drap dessus. Peut-être un insecte était allé griller sur une des ampoules de l'appartement. Cela pouvait arriver.
Ne trouvant rien dans la cuisine, il chercha dans la salle de bains. Rien. Dans les toilettes, rien. Dans sa propre chambre, rien.
Il leva la tête. Il ne restait plus que la chambre de Sebastian. Il n'y avait pas mis les pieds depuis qu'il l'avait aidé à faire sa candidature à Naturalia, il y a des mois de cela. Il n'avait aucune raison que quoi que ce soit brûle dans cette chambre, mais il se devait de vérifier. Lentement, il avança la main vers la poignée. L'anxiété lui contractait la gorge. Il avait l'impression de violer l'intimité de Sebastian.
Il tourna la poignée. La porte s'ouvrit sans un bruit. Novembre avança sa tête précautionneusement à l'intérieur.
La pièce n'avait pas changé depuis la dernière fois. Elle était blanche, propre et rangée. Le démon ne l'avait pas décoré ou personnalisé. La seule différence était son ordinateur portable trainant sur son bureau, et ses vêtements accrochés à la tringle de son armoire, à demi fermée.
Rapidement et silencieusement, Novembre inspecta les prises, le radiateur, l'ordinateur et l'ampoule. Rien ne chauffait. Et pourtant l'odeur était toujours là. Il se tenait, poings sur les hanches, réfléchissant. D'où venait donc cette odeur ?
Quelque chose attira son regard. C'était son armoire, entrouverte. Le jeune se pinça les lèvres.
Ce n'était pas ses affaires. Ce n'était pas ses affaires. Ce n'était pas ses affaires.
Puis il céda et alla ouvrir l'armoire. Accrochées se tenaient les chemises blanches que Sebastian mettait quotidiennement, ainsi que ses vestes noires. Il y avait également une bonne vingtaine de paires de gants blancs, des teeshirt et sous-vêtements noirs. Il trifouilla un peu plus, espérant trouver quelque chose d'intéressant. Il trouva ce quelque chose au fond de l'armoire. C'était un tissu qui était légèrement différent de celui de ses habituelles vestes. Le jeune sorti le vêtement.
C'était un uniforme. De majordome. Cela ne pouvait pas être autre chose, au vu de la veste noire en queue-de-pie, du veston, de la cravate et de la montre à gousset. Ce n'était clairement plus le genre de vêtements que l'on trouvait de nos jours. Il observa les boutons de plus près. Il vit gravé avec soin un insigne, qui semblait être un insigne de l'ancienne noblesse. Mais Novembre n'y connaissait pas grand-chose. Ce qu'il savait en revanche, c'était qu'il ne pouvait s'agir que d'une seule chose : le costume que portait Sebastian lors de son dernier contrat. Cela ne pouvait pas être autre chose, au vu de l'attachement qu'il semblait porter à son ancien contractant.
D'une main hésitante, il décrocha la veste pour mieux la regarder. Elle était en très bon état. Finement ajustée.
Sebastian devait être si classe habillé comme ça…
Novembre se planta devant le miroir plein pied et l'enfila. Bien évidemment, le costume n'était pas à sa taille. Les manches étaient trop longues, et les épaules tombaient. Le jeune se regarda un moment, essayant de s'imaginer à la place de Sebastian, en train de servir un jeune Comte anglais.
Bah moi j'aurais détesté ça
Lentement, il l'enleva. En le faisant, il vit quelque chose tomber au sol, qui ressemblait à un papier. Il le ramassa.
C'était une photographie en noir et blanc. Dessus se trouvait, assis et endormi accoudé a son bureau, un jeune garçon d'une douzaine d'année dans un fauteuil. Debout à ses côtés se trouvait Sebastian. Il souriait avec son habituel sourire. Un sourire de diable. Il était habillé avec son uniforme queue-de-pie et Novembre avait effectivement eu raison. Cela allait à Sebastian comme un gant.
Au dos de la photographie était marquée d'une écriture élégante :
Ciel Phantomhive et Sebastian Michaelis. 1889.
Un peu coupable d'avoir fouillé à ce point dans ses affaire, Novembre remit la photographie dans la poche intérieure de la veste, et remit l'uniforme là où il l'avait trouvé. Il réfléchirait à ça plus tard. Pour l'instant, il n'avait pas trouvé d'où venait l'odeur et cette dernière devenait de plus en plus forte.
Commençant à s'affoler, Novembre alla prendre son portable dans sa chambre. C'est alors qu'il les entendit. Les cris. Et les sirènes de pompiers. Au même moment, on frappait des violent coups à sa porte. Il l'ouvrit, c'était Mr Bertin, son voisin de palier. Il avait l'air terrifié
- Le…. L'ascenseur ne marche pas et..Les escaliers sont impraticables.. Trop de fumée… Nous sommes bloqués au dernier étage !
Comprenant que la situation était vraiment critique, Novembre enfila en quatrième vitesse ses Doc Martens et mis son manteau par-dessus son pyjama. Son cœur battait à cent à l'heure. Cela ne pouvait être qu'une seule chose :
L'immeuble était en feu.
Il se tourna vers son voisin.
- Monsieur, il faut que vous restiez dans votre appartement, à votre fenêtre. Soyez le plus visible possible, les pompiers ne devraient pas tarder. Ils iront chercher à tous les appartements pour voir s'il n'y a pas quelqu'un, donc vite ! S'ils vous voient directement, ils vous sauveront plus vite !
Le vieil homme hocha la tête et alla dans son propre appartement. Novembre, lui, fit de même. Se baissant pour éviter la fumée au maximum, il arriva jusqu'à la fenêtre de sa chambre, qui donnait sur la rue et l'ouvrit.
En bas, une foule était amassée. Il voyait les flammes ardentes surgirent des fenêtres des étages inférieurs. Au loin, on entendait les sirènes des pompiers qui filaient à toute allure vers le bâtiment en feu.
Le sang pulsait dans les oreilles du plus jeune. Il ne pouvait rien faire, juste attendre, et prier que les pompiers ne soient pas trop long. L'adrénaline parcouraient son corps. C'était idiot mais, à ce moment précis, le jeune homme n'eut même pas l'idée d'appeler Sebastian pour venir le sauver.
C'est alors qu'un éclair rouge le frappa de plein fouet. Il roula et heurta en pleine tête son lit. Sonnée, il essaya de se relever. Son regard gris croisa un regard vert souriant sadiquement. Grell.
Et cette fois-ci, elle ne semblait pas être venue faire la causette.
Les démons n'étaient pas censés avoir la gueule de bois.
Du moins, était ce que pensait Sebastian, en rangeant les pommes BIO par catégorie. Il avait un monstrueux mal de tête, et ne souhaitait qu'une chose : S'allonger et dormir pour ne plus jamais se réveiller.
- Toi, t'as l'air d'un gars qui souhaite qu'une chose : S'endormir pour ne plus jamais se réveiller.
Thomas était arrivé à sa droite. Le démon grommela un « Salut ». Et Thomas, qui était un garçon intelligent, n'insista pas et le laissa tranquille.
Sebastian se souvenait de la soirée. Il aurait préféré avoir un blackout total et l'oublier à tout jamais. Mais il était un démon et, bien qu'il puisse modifier plus ou moins son organisme pour ressembler à celui d'un humain, il n'en restait pas moins un diable. Et les diables n'avaient pas de blackout par l'alcool.
Par contre ils peuvent avoir la gueule de bois. Quelle logique.
Il s'était réveillé avant Novembre ce matin, qui dormait comme une pierre et s'était, malgré son gigantesque mal de tête, habillé pour aller au travail. S'il avait été honnête avec lui-même, il aurait pu se dire qu'il n'avait pas eu envie de se confronter à Novembre, devant qui il avait agi avec tant de faiblesse
- Il me manque tellemeeeeeeeeent.
- Allez, allez … Ça va aller.
- Il aurait pu… Mais il….Et maintenant il…
- Chuuuuuut tout va bien se passer.
- Je suis NUUUUUUULLLLLL.
Sebastiangrinça des dents à ce souvenir. URG ! Si seulement son Maitre ne lui avait pas ordonné d'être ivre !
Mais Sebastian préférait se dire que c'était par éthique professionnelle qu'il avait quitté l'appartement ce matin sans un mot.
Il préféra se concentrer sur des souvenirs moins embarrassants de la soirée. Novembre souhaitait donc qu'il se cosplay, lui aussi ? Cela ne faisait aucun doute, il avait du retard sur les œuvres fictives sorties depuis le début du 19eme siècle. Il avait, grâce à Internet, rattrapé son retard sur l'histoire mondiale. Il savait globalement qu'il y avait eu deux Guerres Mondiales, comme l'avait en partie prédit Lau lorsqu'il disait que le Reine souhaitait entrainer le monde dans une gigantesque guerre.
Puis il savait bien d'autre chose sur le monde, en matière de crashs financiers, de massacres, de dictatures, de déportations, de dettes monétaires, de la destruction de l'environnement, du réchauffement climatique. Tout ce qu'un élève de Terminal devait savoir pour le BAC, et plus encore. Cependant en matière culturelle, il avait légèrement fait l'impasse. 95% de temps, il ne comprenait pas lorsque Novembre sortait des références, citations ou noms de personnage. Et il n'aimait pas ça car il se trouvait idiot. Il ne savait pas qui était Dr Strange, ou Mary Poppins. Et il ignorait ce que son jeune Maitre trouvait de drôle à soudainement lui barrer le passage du couloir en criant « VOUS NE PASSEREZ PAS ! »
De même pour les musiques. Il avait, et ne se le cachait pas, des très bons goûts musicaux. Son morceau préféré : Stabat Mater, écrite par Giovanni Battista Pergolesi. Mais cela, c'était bon pour la fin du 18eme siècle. Toute sa connaissance musicale actuelle se basait donc sur ce que chantait Novembre dans la salle de bain. Il avait donc appris que 1/Les musiques actuelles ressemblaient à ce que proposait le Phantom Music Hall 2/Novembre ne connaissait définitivement pas le japonais, à en juger par ces performances musicales nippones.
Ce qui était peu d'information, au final.
Mais tout cela ne l'avançait pas. S'il devait cosplayer un personnage qu'il aimait bien, il ne l'avait pas encore trouvé. Aucun personnage d'Harry Potter n'avaient spécialement attiré son attention (Il avait cependant particulièrement détesté Sirius Black et avait été très content que ce dernier meure). Il y avait également Tokyo Goul, mais il n'avait lu que le premier tome (poussé par la curiosité que ces créatures puissent, comme lui, sentir le café) et n'avais pas poussé la lecture plus loin.
Il soupira. Les pommes avaient toutes été rangées, dans le plus grand soin. Il passa maintenant aux salades.
Sebastian avait également appris des informations très intéressantes concernant son jeune Maître. Ce dernier avait donc eu un frère. Il eut un sourire en coin.
Le démon savait que le jeune homme avait payé un prix pour l'invoquer. C'était tout simplement comme cela que ça marchait. Certains démons acceptaient de plus petits sacrifices. Des animaux, un peu de sang, des offrandes occultes. Lui n'acceptait que les sacrifices les plus importants. Une vie humaine. Cependant, il n'avait pas vu de cadavre ni de sang dans l'église où il était apparu. Cela lui était donc passé au-dessus de la tête.
Le temps était passé. Novembre, si l'on exceptait sa dépression, n'avait pas montré de signes flagrants de quelconques remords, ou de cauchemars. Ou si c'était le cas, il ne l'avait pas remarqué. En somme, son jeune Maître agissait comme un jeune adulte normal. Il avait du mal a se lever le matin. Avait une obsession ridiculement française pour les baguettes bien cuites, s'habillait dans la mode de l'époque, travaillait lorsqu'il le devait… Sa santé mentale était certes un peu bancale mais…
Tuer quelqu'un ? De sang-froid ?
Il avait largement sous-estimé son jeune Maître. Y avait-il plus qu'il ignorait à propos de Novembre ?
Les salades étaient en place. Il attaquait maintenant le rayon du tofu.
En tout cas, Sebastian ne s'était pas attendu à autant de…Gentillesse, de la part de son jeune Maître. Il s'était montré devant lui au plus bas, misérable et geignant. Et il ne s'était pas moqué de lui une seule fois. Rien ne lui empêchait, pourtant. Il était littéralement le démon qui allait dévorer son âme. Rien ne l'obligeait à faire preuve de gentillesse envers lui, d'autant plus qu'il était sous l'emprise de l'alcool. Et pourtant…
«Sebastian… T'es un chouette démon … »
« … Je suis sûr qu'il y a plein de bons moments qui t'attendent dans le futur, de belles choses à vivre. Et même si ça n'efface pas la douleur, ça la rend plus supportable. »
Son Maître avait d'un côté, fait preuve d'empathie envers un démon. Et d'un autre côté, avait tué son propre frère? Rahh..Les humains...
Un appel strident parcouru son esprit, le coupa instantanément dans ses pensées. Le pacte.
Novembre était en danger
- Tient tient tient… Qu'avons-nous là ? Mon cher ami.
L'adrénaline bloqua la douleur lancinante qui parcourait sa tête. Novembre essaya au mieux de se relever. Devant lui se trouvait Grell Suttcliff, une tronçonneuse rouge à la main.
- Pourquoi es-tu là, Grell ? Le jeune demanda-t-il entre ses dents
- Hihi. Je suis là pour régler une légère affaire, concernant toi et mon Sebby d'amour. Et comme il va y avoir des morts dans les parages, on a préféré faire deux en un !
Novembre se tenait la tête, il s'aperçut que la main qu'il avait passé dans ses cheveux était couverte de sang.
- Tient ? S'arrêta Grell. Sebby-chou n'est pas là ? C'est étrange, il est toujours très loyal et protecteur envers ses contractants, du moins dernièrement.
Elle haussa les épaules.
- M'enfin, peut-être qu'il n'agit pas de la sorte avec toi. Surement ton âme n'est-elle pas aussi attractive que son Ciel chéri.
Le jeune grinça des dents. Il devait à tout prix gagner du temps. Dès le moment où il avait vu Grell, il avait appelé Sebastian dans son esprit. C'était la première fois qu'il faisait une invocation informulée et Seigneur il espérait que cela marcherait.
Il réussit, malgré sa peur, à faire un sourire effronté.
- Tu sais, je commence à en avoir assez que l'on me compare à un gamin royaliste, mort il y a plus d'un demi-siècle.
Grell leva avec exaspération les bras en l'air. Sa tronçonneuse avait l'air très, très coupante.
- VOILA ! Tu sais ce que ça fait d'avoir un rival aussi ridicule ! Si j'avais pu le tuer sur le champ à l'époque, je l'aurais fait.
- Et pourquoi tu ne l'as pas fait ?
La rouge eut un sourire qui dévoila ses dents pointues.
- Les shinigamis n'interfèrent pas avec les vies humaines. C'est la règle. Du moins… Ça l'était jusqu'à aujourd'hui.
Le jeune senti son sang se glacer. De plus, il avait de plus en plus de mal à respirer à cause de la fumée.
- Oh ! Quelle délicieuse tête de terreur tu fais là ! Ça me donne des frissons ! Enfin… Je crois qu'il est temps qu'on en finisse.
Et avec une vitesse surhumaine, la shinigami alluma sa faux de la mort et fonça droit vers Novembre. Ce dernier ferma les yeux, se disant que c'était la fin pour lui. Mais au lieu d'une douleur fulgurante, il sentit deux bras le porter, puis l'air du soir souffler contre ses vêtements.
- Sebastian !
Le démon baissa ses yeux rouge sombre vers lui, avec un sourire.
- Quel diable d'ami serais-je si je ne pouvais même pas secourir mon jeune Maitre d'une mort imminente ?
Il avait sauté par la fenêtre, et courait maintenant sur les toits de Paris. Il allait tellement vite qu'il n'était qu'un brouillard noir aux yeux des passants.
- Savez-vous ce qu'elle veut, Monsieur ?
- Apparemment ma mort ! cria Novembre pour couvrir le bruit du vent.
- C'est étrange. Les shinigamis ne s'attaque pas aux humains d'ordinaire. Cela doit être en lien avec moi.
- Nan ?! Tu crois Sherlock ?!
Sebastian devait trouver un endroit dénué de passant. Si cela avait été possible dans le Londres du 18ème siècle, cela était quasiment impossible dans le Paris du 21eme siècle. Il chercha un endroit en hauteur. Puis visa le Sacré-Cœur, et fonça dans sa direction.
Du coin de l'œil, il vit qu'il n'était pas seul. Derrière eux se déplaçais plus vite que le vent une masse rouge avec un bruit de tronçonneuse.
- Que voulez-vous faire, Monsieur ? Cria-t-il
Novembre s'accrochait au manteau du démon de toute ses forces. Il n'eut pas à réfléchir longtemps.
- Protège-moi ! Quoi qu'il en coûte !
- Yes, sir !
Avec un dérapage contrôlé, il atterrit sur le toit du fameux monument. Il posa Novembre contre une poutre en pierre.
- Restez ici, Monsieur. Je vous protègerai.
Je jeune hocha la tête. Le démon se retourna juste à temps pour contrer de ses deux mains la tronçonneuse qui lui arrivait dessus.
- Huhu…Bonsoir Seba-chan ~
Avec la force de ses bras, le démon envoya voler la créature rouge et son arme à plusieurs mètres. Grell atterrie sur ses pieds après un saut périlleux.
- Que me vaut ce déplaisir, Grell ? Demanda le diable avec un sourire noir.
La shinigami fit vibrer sa tronçonneuse.
- Ah ! Sebby-chou. Toujours aussi froid ~ Tu tombes bien, j'avais besoin de vous deux !
Le démon se mit en position de défense, bien en appuis sur ses deux pieds.
- Vous n'avez pas le droit de toucher aux vies humaines.
- Et c'est un démon qui me sort ça ? Très amusant Sebby-chou. Sauf que vois-tu…
Elle fonça vers lui. Sebastian l'évita d'un cheveu et lui donna un coup de pied que la rouge évita. Elle sauta en l'air, prête à frapper. Sebastian sauta lui aussi. Les deux commencèrent un combat ou ni l'un ni l'autre n'avait le dessus. Grell évitait les coups et en portaient des mortels que Sebastian évitait à nouveau. Son objectif n'était pas de tuer la shinigami, mais de protéger son jeune Maitre. Mais si pour cela il fallait détruire leur adversaire, il le ferait.
- …Les règles ont changé !
Il réattérit sur le toit du bâtiment et enfila de suite des saut périlleux pour éviter des coups de tronçonneuse. Grell était plus survolté que jamais, pensa-t-il. Il fit à la vitesse de l'éclair un croche patte, et la rouge tomba. Déséquilibré, elle laissa tomber son arme, mais se rattrapa d'une main et envoya un coup dans le ventre à Sebastian, qui tentait de s'emparer de sa faux de la mort. Le démon fut propulsé contre une rambarde au-dessus du vide, qui manqua de lâcher sur le coup de l'impact. Il eut un bref moment le souffle coupé, et évita juste à temps d'être décapité.
La faux. Il avait besoin de la faux. Sans son arme, il pouvait battre Grell.
Sebastian glissa en dérapant entre les jambes de la rouge, et se redressa pour donner un coup de pied dans le crâne de son ennemie. Ce fut au tour de Grell d'être propulsée contre la rambarde.
- Sebastian ! On avait dit « pas le visage » ! Dit-elle d'un air offusqué en repartant à l'attaque.
En évitant les coups de lames, Sebastian répondit avec un sourire jovial qui voulait dire « meurtre »
- C'est bien pour ça que je le vise.
D'un coup de jambe, il propulsa Grell en l'air, et s'envola pour la percuter en plein dans la figure avec son poing. Rendu inattentif par la satisfaction d'avoir touché la shinigami, Sebastian n'entendit que trop tard Novembre hurler :
- Sebastian ! Derrière toi !
Une douleur horrible lui traversa alors l'épaule, le faisait perdre l'équilibre. Soudainement, des ribambelles de pellicules vidéos se mirent à tournoyer dans le ciel, venant de la blessure du démon. Novembre regarda le spectacle horrible se dérouler sous ses yeux. Ces cinématiques étaient donc la vie de Sebastian ? Il était trop loin pour les voir, mais les pellicules étaient très, très longues. Était-ce donc ça, le pouvoir des faux de la mort des shinigamis ?
Il réattérie sans grâce sur le toit. Sa veste noire était collante de sang.
- Je dois avouer que cela fait du bien, après tout ce temps à te combattre, de réussir à te porter un coup dit une voix d'homme.
Pantelant, le démon se redressa. Devant lui, un homme vêtu d'un impeccable costume noir, de lunettes et d'une barre de fer se tenait.
- William T. Spears… En forme à ce que je vois. Dis Sebastian avec un sourire malgré la douleur.
- Et toi, de retour parmi les humains, nous empestant de ta présence.
Le démon ne vit pas Grell, la figure en sang, se faufiler derrière lui et empoigner Novembre.
- Lâche-moi ! Connasse !
Le sang de Sebastian ne fit qu'un tour. Ses yeux illuminant d'une lueur rosé, il fonça a toute allure sur Grell.
- Si tu la touche, il meurt.
Le démon s'arrêta aussitôt, la main gantée à quelques millimètres de la shinigami. Grell avait sa tronçonneuse allumé, planté beaucoup trop prêt à son goût de la gorge de son jeune Maitre.
Un instant passa, et Sebastian ne dut qu'à ses instincts surhumains l'évitement d'un coup fatal porté dans son dos par la faux de la mort de William.
- Sebastian Michaelis. Par le nouveau décret concernant les âmes ayant pactisées avec les démons, la Cour a prit une décision. Puisque que nous ne pouvons récolter les âmes car vous les dévorez, ce décret nous donne le droit de tuer nous-même ces humains pour récolter leurs âmes. Et, également…
Il remit en place ses lunettes
- D'éliminer la vermine avec qui ils ont eu le malheur de pactiser.
Sebastian grinça des dents. Par les passés, les shinigamis ne s'en étaient pris à lui, parce qu'il était celui qui les mettaient en difficulté dans leur travail. Cependant, il semblait qu'il devait maintenant aussi défendre la vie de son contractant.
- C'est injuste, répondit-il tout en engageant le combat avec le brun à lunette. Vous tuez ces humains alors que leur heure n'est même pas venue. Vous êtes tombé bien bas.
D'une pirouette, il manqua de peu William de ses pieds. Le shinigami contrattaqua en envoyant sa faux droit dans l'endroit où devait être le cœur de Sebastian. Le démon sauta, et couru sur la barre droit en direction de William. Ce dernier n'eut pas le temps d'éviter le coup de pied dans sa face. Mais cela n'arrêta pas l'ennemi qui vrilla en arrière, puis se propulsa vers le démon en lui donnant rageusement une droite dans le visage.
Pendant que les deux hommes bruns combattaient furieusement, Novembre était toujours bloqué, serré par le bras inhumainement musclé de Grell. Son esprit réfléchissait à toute allure. Sebastian ne pourrait pas le sauver dans l'immédiat. Il semblait lui-même mit en difficulté. Mais la faux de la mort n'était qu'à quelques centimètres de son cou, et le jeune homme n'avait pas la force ni l'habilité pour sortir de l'étreinte étouffante de la shinigami.
Par chance, cette dernière regardait amoureusement le combat qui se déroulait devant ses yeux, et ne semblait pas penser à lui.
- Owww… Deux étalons puissants se battant pour obtenir la victoire… Que c'est délicieux !
Dire que pendant un an cette personne a été mon amie…
C'est alors que Novembre laissa échapper un cri.
J'ai séparé ce chapitre en deux car il devenait beaucoup trop long. Enfin un peu d'action ! C'est la première fois que j'écris une scène de combat, j'espère avoir été à la hauteur ^^
Merci à celleux qui lisent, aiment et commentent =3 !
