Sebastian avait été planté contre le mur de la tourelle la plus proche, la faux de la mort de William lui transperçant l'autre côté de l'épaule. La pierre était fissurée à cause de la force de l'impact et était aspergée de sang.
Sebastian, les yeux écarquillés, ne put retenir le sang qui sortait de la bouche.
- SEBASTIAN ! Hurla Novembre
Il regardait son démon, celui qui avait été son ami ces derniers mois, celui pour qui il vivait ses dernières années, se faire tuer. Des souvenirs remontaient en flashs. Sebastian et lui s'engueulant pour des choses futiles de l'appartement, sur comment préparer le thé. Novembre arguait qu'il suffisait de mettre le sachet d'infusion dans l'eau chaude et que c'était bon, Sebastian rétorquait que faire du thé était un art. Et qu'il fallait une température spécifique pour chaque thés et que les sachets de thé tout préparés était une abomination humaine. Sebastian venant le voir tous les jours à l'hôpital. Sebastian, geignant la perte de son ancien contractant, pleurant sa mort. Sebastian riant, d'un rire honnête et franc, sous la pluie, ce jour-là dans le parc.
Il voulait revoir ce rire.
Sebastian avait beau être son futur meurtrier, mais il n'en restait pas moins son colocataire. Que pouvait-il dire ? Il était meurtrier lui-même. Sebastian était son ami. Son sauveur. Il l'avait sauvé avec des paroles aussi tranchantes que de l'acier à l'hôpital, au moment où il souhaitait tout laisser tomber. Il l'avait sauvé dans cette église, ce soir-là. Même s'il l'ignorait.
Sebastian pouvait dire ce qu'il voulait à propos des démons qui ne pouvaient pas aimer, Novembre savait ce qu'il voyait. Et ce qu'il voyait était un être avec des sentiments, des émotions, un deuil sur le cœur et qui prenait soin de lui. Il se fichait bien que cela soit pour honorer les termes de contrat. Sebastian en avait quelque chose à faire de lui. Et ça, c'était plus que suffisant.
Comme au ralenti, il voyait les cinématiques de Sebastian voler devant ses yeux.
Il voyait le démon tendre la même main noire et griffue qu'il avait vu dans l'église, à un jeune garçon d'une dizaine d'année, enfermé dans une cage.
Il les vis, tous les deux au-dehors, avec un bâtiment en flammes au loin. Le démon avec le jeune garçon, le signe du pacte sur l'une de ses pupilles. Le jeune attrapa la queue de pie du démon.
- Diable ?
Le brun se retourna.
- Oui ?
- Quel est ton nom ?
Le démon sourie.
- Celui que vous voudrez bien me donner, Maitre.
L'enfant pausa.
- Voyons… Sebastian ! Dorénavant ce sera ton nom.
Main sur le cœur, Sebastian répondit.
- Très bien, appelez-moi donc Sebastian. Était-ce le nom de l'ancien majordome ?
L'enfant hocha la tête en signe de négation.
- Non. C'était le nom de mon chien.
Novembre écarquilla les yeux. Ce prénom… Il portait ce prénom que ce gamin lui a donné, d'après son chien, après tout ce temps ?!
Il les vis, Ciel jetant le thé à la figure de Sebastian, qui fronça légèrement des sourcils.
- Ce n'est pas du thé ! C'est de l'eau coloré ! Recommence.
Cet enfant…
Il vit Sebastian, semblant donner une leçon de latin au Comte.
- Vous avez encore fait la même erreur… Vos mains je vous prie.
Le jeune tendit les mains avec appréhension et se fit claquer les doigts par une dure règle en bois.
C'est donc lui.
Il les vit. Ciel semblait avoir grandi. Ils se tenaient près d'un cimetière. Devant la tombe d'une certaine Mary Janes Kelly. Ciel se tenait devant lui. Le diable dit :
- Vous êtes vraiment gentil.
-Combien de fois devrais-je te le dire ? Je ne suis pas gentil.
- Mais si vous l'êtes… Ou alors êtes-vous plutôt un faible ?
Ciel se retourna, choqué. Sebastian continua.
- Pourquoi n'avez-vous pas tiré ? Si vous aviez voulu tirer, vous l'auriez fait. J'ai eu beau vous y inciter, vous n'avez pas pris vote révolver.
Le jeune ne répondit pas.
- Avez-vous eu peur de tuer Madame Red de vos propres mains ? Dit-il en souriant cruellement.
Novembre ne savait pas exactement le contexte de cette scène, ni qui était Madame Red. Mais il ne reconnaissait pas Sebastian.
Avec un regard résolu, le Compte répondit simplement :
- Parce que ça, c'est ton travail. Elle n'a pas été capable de me tuer, moi qui appartiens à sa famille. Le moindre instant d'hésitation peut être fatal. C'est comme aux échecs. Elle a hésité et ensuite manqué son coup…
Puis Ciel se mit en marche, dépassant Sebastian
- C'est pourquoi je n'hésite pas.
Sebastian avait les yeux écarquillés. Cette âme, pensa t-il, était incroyable.
Novembre eut un sourire un coin
Un enchainement de fragments de scènes apparut. Sebastian habillant Ciel, lui servant son thé. Sebastian enquêtant sur des meurtres. Sebastian sauvant Ciel. Une fois, deux fois, trois fois, dix fois. Sebastian le réveillant lorsqu'il faisait un cauchemar et restait jusqu'à ce qu'il s'endorme. La possessivité montante de Sebastian envers son contractant. Sebastian s'agenouillant au milieu de ce qui semblait être des décombres d'église dire les mots « Yes, my lord » d'un ton doux et assuré. Sebastian, le bras tranché, regardant d'un air choqué son jeune Maitre tomber, tomber. Et sentir son sang se glacer. Sebastian le secourant encore, priant un Dieu qui l'avait renié pour qu'il s'en sorte. De la possessivité, il était passé à l'affection. Sebastian partageant des regards de complicité avec Ciel. Sebastian utilisant divers codes et langages pour communiquer discrètement avec Ciel. Puis cela se stabilisa.
Une autre scène vient alors. Le Comte avait encore grandi. Il devait avoir environ 14 ans. Sebastian était ensanglanté durant un combat avec un homme aux cheveux longs et argentés, ce dernier portait une longue faux de la mort. Ciel était étendu dans un coin, sonné. Il essayait de se relever.
- Sebas-tian… hoqueta-il
L'homme argenté leva sa faux sur le démon qui n'arrivait plus à se relever avec un sourire triomphal.
- Toi… Plus jamais… Non plus jamais tu ne feras tomber un Phantomhive !
La faux s'abattit.
Ciel hurla
- Sebastian !
Il se jeta sur l'homme aux longs cheveux, ce qui le déstabilisa. Le coup atterris à quelque millimètre du corps de Sebastian. Ciel s'agrippa de toutes ses forces.
- Ne…Le…Touche…Pas !
Avec toute la force dont il était capable, il mordit la main de l'adulte à qui il était agrippé. Ce dernier laissa échapper un glapissement. Mais à ce moment-là, le sol commençait à trembler. Le coup du faux porté sur le sol du bâtiment fissurait peu à peu la pierre et l'édifice dans lequel ils se trouvaient commença à s'écrouler.
Sebastian, encore sous le choc d'avoir été sauvé par Ciel, sortie de sa transe et hurla :
- Jeune Maitre !
Alors que le sol tombait, Sebastian se jeta en avant et attrapa le Comte. Ils tombèrent au milieu des pierres. Sebastian protégeant l'enfant de son corps.
C'était silencieux. Ils tombaient, ensemble. Ciel était plaqué contre le torse de Sebastian, dont le cœur battait à tout allure.
Le démon, les yeux fermés, pensa furieusement : Pourquoi jeune Maître ? Vous auriez pu avoir la vie sauve, avec moi mort. Vous auriez été libéré du pacte qui vous incombait. Vous auriez pu être libre. Pourquoi quelqu'un de si intelligent peut-il être aussi bête ?!
Ils finirent la chute après un interminable moment de flottement. Et tout devint noir.
Une autre scène apparue.
Sebastian marchait, tenant Ciel qui était assis sur son bras. Son visage était grave. Ils se trouvaient dans une forêt et s'approchèrent d'une ruine de ce qui fut autrefois un château. Ne restait plus que des morceaux de murs où la pierre nue était visible dans la lueur bleutée de la nuit. Et au milieu, un simple banc en pierre blanche. Doucement, Sebastian posa l'enfant sur ce banc.
Ils se regardèrent.
- C'est donc maintenant où tout se finit, n'est-ce pas ?
Sebastian avait la gorge sèche. Il réussit à répondre, sans trembler
- Il semble bien.
Ciel soupira, souriant légèrement.
- Je me sens en paix. Si c'est ainsi que tout cela finit, alors cela me va. Tu as été un majordome exemplaire, Sebastian.
Tendant une main, il l'invita à se mettre à sa taille. Le démon se mit à genoux.
Ciel passa une main sur sa joue.
- Je suis heureux d'avoir passé les restes de mes années en ta compagnie, Sebastian. Je n'aurais pas pu souhaiter meilleur démon à qui offrir mon âme.
- Jeune Maître…
Sebastian serrait le poing. Il tremblait. Il avait déjà connu des blessures terribles qui l'avaient fait trembler. Mais là, il ne s'agissait pas de ça.
- Jeune Maître… Je… Ne peux pas.
Ciel écarquilla les yeux.
- Comment ça, tu ne peux pas ?
Le démon avait la tête baissée, ses cheveux cachait son visage.
- Laissez-moi annuler le contrat… Laissez-moi vous libérer. Vous avez eu votre vengeance. Vous pourriez maintenant vivre votre vie. Je m'en irai, plus jamais vous n'aurais affaire à moi…
- Sebastian !
Le démon releva brusquement la tête. Il rencontra le regard déterminé de son jeune Maitre. L'enfant lui pris la main, la caressant doucement avec son pouce.
- Sebastian, je veux que tu m'écoutes attentivement.
Le démon planta ses yeux rouges dans les pupilles bleues de son jeune Maître.
- J'ai vécu ma vie. Elle aurait dû se terminer bien plus tôt. J'aurais dû mourir cette nuit-là. Grâce à toi, j'ai pu vivre quelques années de plus et réaliser ce qui me tenait le plus à cœur. Je peux mourir dignement et en paix.
Dans ce regard bleu transparut soudain de la tristesse.
- Tu étais irritant, à être si parfait. En fait…
Il rigola tristement et regarda sa main, entrelacée avec celle de Sebastian
- Tu étais insupportable. Diablement insupportable.
- Jeune Maitre…
- Mais maintenant, c'est terminé Sebastian. Tu as rempli ta part du contrat. À moi de remplir la mienne. Et je dois dire…
Il regarda à nouveau son majordome dans les yeux, où se bousculait un million de sentiments qu'il ne voulait pas nommer.
- Que si je dois mourir, je veux que ça soit de ta main. Je veux que ce soit toi et seulement toi.
Il serra la main de Sebastian.
- Car, au fond, depuis ce jour-là, ça a toujours été toi.
Sebastian fit alors ce qu'il ne pensait ne jamais oser faire. Il tendit les bras et prit Ciel dans une étreinte. Et pour la première fois depuis la mort de ses parents, Ciel lui retourna l'étreinte tout aussi fort. Ils restèrent comme ça un long moment. Le vent nocturne faisait virevolter les branches des sapins qui formaient des ombres noires tout autour du château en ruine.
Ciel chuchota à l'oreille du démon.
- Sebastian, c'est mon dernier ordre. Prends mon âme et continue de vivre ta vie. Ne fait pas comme moi. Ne laisse pas mon souvenir te hanter. Tu es plus fort que ça. Continue à vivre. Pour moi.
Sebastian ferma très fort les yeux, se défit lentement de l'étreinte de Ciel, et pausa sa main sur le cœur en prononçant avec des émotions qu'il n'aurait jamais cru connaitre avec une telle intensité.
- Yes… My Lord
La cinématique s'arrêta là. Peux être la blessure de Sebastian à l'épaule n'était pas assez profonde pour en montrer plus. Novembre revient à la réalité.
Sebastian se tenait plaqué contre le mur, toujours transpercé par la faux de Will. Le démon plissait les yeux de douleur.
Grell s'affola
- Aww~ Voir mon Seba-chou teinté de ce rouge passion ! N'est-ce pas magnifique ?
Will fronça les sourcils avec un sourire en coin.
- Et maintenant, le moment que j'attends depuis des siècles. Voir mourir un démon n'est pas une chose que l'on voit tous les jours. Voyons… Où vais-je pouvoir te tuer ? Te décapiter la tête me semble approprié. Ensuite ce sera au tour de ton protégé. Le compte des âmes sera alors en ordre.
Non, non non !
Novembre vit, impuissant, voir William sortir la faux de l'épaule de Sebastian, qui resta collé contre le mur.
- Au revoir. Sebastian Michaelis.
- NOONNN ! Novembre hurla.
Tout se passa alors très vite. Il agit alors en pilote automatique. Visant les ongles longs et manucuré de la main de Grell qui le tenait, il prit des doigts et retourna ses ongles. Du sang jaillit de la main de la shinigami qui hurla de douleur. Elle lâcha sa tronçonneuse, toujours allumée. Novembre prit l'arme dans sa main et courut en hurlant en direction de William. Ce dernier, trop concentré sur Sebastian, ne tourna la tête que trop tard.
- Que…
- NE LE TOUCHE PAS !
D'un seul coup, Novembre trancha les bras de William. Au ralenti, les visages choqués de Sébastian et de William, suivirent la faux que Novembre tenait dans ses mains. Le sang fut aspergé partout, volant en petites gouttelettes et s'écrasant sur le visage très en colère de Novembre. Coupé net au niveau du coude, les bras de Willian, tenant la faux qui s'apprêtait à décapiter Sebastian, tombèrent au sol. Novembre ne s'arrêta pas là, dérapant, il fit un demi-tour brusque et fonça vers Grell qui était plié en deux en se tenant la main. Avec un cri de rage, il leva la faux, prêt à trancher horizontalement la shinigami en deux. Au dernier moment, la rouge leva les yeux, remarquant le danger imminent et se baissa. Seul ses longs cheveux furent coupés net par la faux. Mais Grell étant Grell, elle hurla encore plus fort que lorsque le plus jeune lui avait retourné les ongles, lorsqu'elle vit la chevelure rouge ardente tomber au sol.
Novembre ne se stoppa pas et continua à donner des coups de faux, que Grell évitait. La rage qu'éprouvait Novembre lui bloquait les sens et ne lui dictait qu'une chose : Trancher. Tuer.
- Monsieur !
Le jeune ne réagit pas à l'appel, trop plongé dans sa colère. C'est alors que, acculant Grell à l'extrémité du toit, au-dessus du vide, il sentit deux bras puissants la soulever dans les airs, le faisant rater un coup qui aurait pu être fatal pour Grell.
- Lâche-moi !
- Monsieur, vous en avez fait plus qu'assez, nous sommes hors de danger.
Sebastian porta Novembre comme une princesse de toits en toits. Le jeune avait encore la faux de la mort de Grell, qui dégoulinait de sang. Après une ou deux minutes à se débattre dans les bras de Sebastian qui le tenait tant bien que mal, il retomba lentement sur Terre. Sa rage redescendit doucement, et l'adrénaline et la peur qui l'avait fait réagir également.
- Sebas..Tian…
Ils s'arrêtèrent dans une toute petite rue à côté de leur immeuble, dont les flammes étaient toujours en train d'être éteinte par les pompiers. Seuls les premiers étages avaient visiblement été touchés par le feu.
Novembre, posé doucement sur le sol par Sebastian, ressentit toute la tension qui l'avait fait tenir jusque-là, retomber. Il se sentit partir et ses jambes le lâcher. Il laissa tomber la tronçonneuse, qui rebondit sur le sol avec un bruit métallique sur le sol et tomba en avant. Il fut rattrapé par Sebastian.
- Monsieur ! Êtes-vous blessé ?
À demi conscient, Novembre hocha la tête négativement. Tout se passa comme dans un brouillard. Il vit Sebastian le porter et aller en direction des pompiers, leur parlant de choses qu'il ne put discerner. Il fut allongé en PLS sur un brancard, et recouvert d'une couverture au reflet métallique. Tout était flou, il n'avait plus aucune force. Il entendit Sebastian parler du feu, comme quoi ils s'étaient échappés par miracle, mais qu'ils avaient été blessés dans l'incendie.
Comment vas-tu te débrouiller pour expliquer tes blessures et pourquoi tu n'es pas en train de mourir agonisant à cause d'elles ? Et la faux, où l'as-tu mise ?
Tout ça, c'était le problème de Sebastian. Lui ne voulait qu'une chose : Dormir.
- Monsieur ! Monsieur !
Il sentit qu'on lui donnait de petites baffes sur les joues.
Grognant, il ouvrit les yeux. C'était un pompier.
- Monsieur, il ne faut pas vous endormir, il faut rester avec nous !
Novembre n'arrivait pas à rester les yeux ouverts plus de quelques secondes. Les lumières des camions et les habits phosphorescents des pompiers dans la nuit l'aveuglait. Seules les baffes le maintenaient éveillé. Il sentit quelque chose sur ses lèvres.
- Tenez, mangez. C'est du sucre. Ça vous fera du bien.
Obéissant, il croqua le morceau de sucre qui fondit dans la bouche. Effectivement, quelques minutes après, il sentit que le glucose faisait effet. Il arrivait à maintenir ses yeux ouverts. Doucement, il appela :
- Sebastian ?
- Je suis là, Monsieur.
- Je…Où va-t-on aller ? L'immeuble a pris feu. On ne peut pas retourner à l'appartement.
- L'appartement n'a pas été endommagé par les flammes, cependant, il est inaccessible, car les étages inférieurs ont brûlé. J'ai discuté avec les pompiers. Nous serons logés dans un hôtel pour quelque temps.
Mais Novembre senti ses yeux lui piquer. Non, ce n'était pas le moment de pleurer !
- Mais… Et mon traitement ? Et mes boules Quies ? Et mes vêtements ? Et mes affaires de toilette ? Et mon casque antibruit ? Et mon ordinateur ? Et mon chargeur ? Et mes carnets de dessin ?
Certaines personnes étaient douées pour s'adapter à des endroits ou des situations inattendus. Ce n'était pas le cas de Novembre, qui commençait à paniquer. Sebastian le senti et le rassura aussitôt.
- Monsieur, calmez-vous. J'irai vous chercher tout cela, discrètement. Vous n'avez pas de soucis à vous faire de ce côté-là.
Novembre ne dissimula pas son soulagement.
- D'accord… Merci Sebastian.
- Ce n'est rien Monsieur.
Quelques heures plus tard, des voitures de polices emmenèrent Sebastian et Novembre dans ce qui allait être leur chez-eux provisoire. C'était un hôtel assez discret, dans une rue calme, qui se trouvait dans les hauteurs du quartier huppé de Montmartre. Un endroit où jamais Novembre n'aurait eu les moyens de s'installer, colocation ou pas.
Une jeune femme les conduisit à leur chambre. Elle était propre, spacieuse. Elle comprenait un lit double, un bureau, deux tables de nuits, et une salle de bains avec douche et toilette. Mais Novembre fronça les sourcils.
- Euh, excusez-moi, mais on a dû vous donner des mauvaises informations. Nous sommes deux et il n'y a qu'une seule chambre.
La jeune femme sourie
- Oui, les informations étaient exactes. On nous a demandé deux places. Et c'est une chambre double, comme vous pouvez le voir.
Novembre blanchie légèrement et bredouilla :
- Et euh… Ce n'est pas possible d'avoir une autre chambre en plus ?
Toujours souriante, la femme répliqua :
- Si vous êtes prêt à débourser 215 euros la nuit durant toute la durée des travaux de votre immeuble, je vous en prie. Seule une chambre est comprise dans l'assurance habitation.
Grinçant des dents, Novembre répondit amèrement.
- Ça ira. Merci.
La femme les laissa, avec deux badges pour accéder à leur chambre. LEUR chambre.
Sebastian regarda en silence le plus jeune s'avancer dans la pièce, mal à l'aise. En d'autre circonstance, il aurait teasé Novembre vis-à-vis de son embarra de partager une chambre avec lui. Mais pas cette fois. Pas après ce qu'il venait de se passer.
Il referma silencieusement la porte. Regardant Novembre qui observait la vue depuis leur fenêtre.
Un silence tendu était dans la pièce et Sebastian sentit que c'était à lui de rompre ce silence.
- Monsieur ?
Novembre se retourna. Divers sentiments bataillaient dans ses yeux. De l'empathie, de la compréhension, mais également de la peur et de l'appréhension.
Sebastian devait avouer qu'il ne savait lui-même par où commencer.
- Merci… De m'avoir sauvé.
Novembre tint son regard pendant quelques secondes. Il ne répondit rien. Face à son silence, Sebastian repris :
- Vous n'aviez rien à y gagner. Dans le meilleur des scénarios, William m'aurait tué et ces deux idiots ce seraient aperçus qu'avec moi mort en premier, il aurait été inutile de vous tuer également, puisque notre pacte aurait été rompu. Dans le pire des cas, vous m'auriez suivi dans la mort. Vous m'avez sauvé la vie. Gratuitement.
Lentement, il s'approcha de Novembre, qui ne bougea pas et se contenta de l'observer. Lorsqu'il fut arrivé à son niveau. Il mit un genou à terre et la main sur le cœur.
- Monsieur, j'ai failli à mes devoirs en tant que votre protecteur et votre ami. Vous m'avez ordonné de vous protéger et à la place, c'est vous qui me sauvez la vie. Pourrez-vous me pardonnez ?
Un silence passa et Novembre répondit d'une voix douce.
- Tu es mon ami. Et les amis veillent les uns sur les autres. Considère ça comme un acte égoïste.
Sebastian maintenait les yeux fixés au sol.
- Sebastian, regarde-moi.
Le démon releva la tête, rencontrant le regard gris de son contractant.
- Je ne te laisserais pas tomber. Dit-il fermement.
Sebastian resta un instant à regarder le jeune homme, les yeux légèrement écarquillés. Puis il laissa échapper un sourire en coin.
- Maintenant qu'on en sait un peu plus l'un sur l'autre, soupira Novembre en souriant légèrement, je crois que je peux affirmer sans aucune hésitation qu'on est tous les deux des beaux chaos sur pattes.
- Des chaos sur pattes, Monsieur ?
- Ouai… Tordu, Cassé, Rafistolé. On tient debout comme on peut et on avance.
- Effectivement, Monsieur, répondit Sebastian avec un sourire, en se relevant.
- Eh Sebastian ?
Le démon releva la tête.
- Oui ?
- Je suis désolé… Pour ton ancien contractant… Je pense que je n'aurais pas pu le voir en peinture et inversement, mais tu l'appréciais sincèrement. Vous sembliez proches tous les deux. Et je crois que… Sans lui tu n'agirais pas aussi gentiment avec moi.
- Mons-
- -Et ne me sort pas que c'est « à cause du pacte ». Tu pourrais très bien remplir ta part du marché sans prendre aussi soin de moi. Et même si je me trompe et c'est effectivement à cause du pacte ben… ça me fait plaisir quand même. Bref, ce que je veux dire, c'est que… Je suis désolé pour toi.
Sebastian eut un sourire triste, mais sincère.
- Merci.
J'ai ENFIN eut le courage de corriger ce chapitre J'ai choppé le Covid et je suis un peu cloué au lit. J'espère que vous apprécierez le lire autant que moi j'ai apprécié l'écrire. J'ai eu quelques retours positifs sur mon dernier chapitre et mon histoire en général, et vous pouvez pas imaginer comme c'est agréable 3 Merci beaucoup de me lire !
Guest : OUI Il S'EN PASSE DES TRUCS ! Fiouuuu... Et j'espère que ce chapitre t'as plu, niveau Sebaciel 3 Ca reste très light mais bon ! Merci beaucoup de reviewer !
James Birdsong : Thanks you very much ='3 !
