Petit mot de l'auteure : j'ai écrit ce texte suite à un tirage au sort, je devais écrire un texte à partir des émojis parapluie, bento et fantôme.
Merci à Plume, Marina et Angie pour leurs review !
La pluie tombe sur Londres.
Ce n'est pas étonnant ; la capitale anglaise a toujours été réputée pour son temps capricieux. Ben était peut-être un des rares à ne jamais s'en plaindre. Il appréciait cette atmosphère sombre qui, s'il laissait un peu aller son imagination, était propice à faire naître monstres et créatures de la nuit. Pour quelqu'un qualifié de solaire par ses proches, il s'agissait d'un paradoxe assez amusant.
Du moins, qu'il aurait amusant en temps normal. Mais ce soir, Ben n'a pas envie de rire. Il n'a même pas envie de se réjouir de la pluie ni d'en profiter. Cela fait un mois que la pluie lui sort par les yeux, qu'il a envie de sortir et de lui crier de disparaître, de cesser de lui causer tant de souffrances. Mais la pluie ne l'écoute jamais, reste sur Londres et sur sa pauvre âme malmenée.
Alors Ben est obligé de se terrer dans l'appartement, seul, loin de la fenêtre. Il s'assoie sur une des chaises de la petite salle, déballe le bento qu'il s'est acheté par flemme de faire à manger, et puis il fixe la porte de l'entrée. Il reste dans cette position jusqu'à 21 heures, attend trente minutes supplémentaires histoire d'être sûr. Et puis, voyant que la porte demeure close, il se lève et va se coucher sans même avoir entamé son repas.
Et chaque soir de pluie, le rituel reprends.
Ben sait au fond de lui que la porte ne s'ouvrira jamais, qu'il attend en vain. Qu'il se fait du mal à la fixer avec autant d'intensité. Il sait que Roberto voudrait qu'il profite de la vie, qu'il sorte dans la nuit froide pour aller sauter dans les flaques comme les grands enfants qu'ils étaient.
Mais voilà.
Ben n'y arrive pas.
Il n'arrive pas à manger ces bento qu'il aime tant, car c'est à deux qu'ils avaient l'habitude de les engloutir. Il n'arrive plus à profiter de la pluie car c'est celle-ci qui lui a amené l'homme de sa vie, avant de lui arracher d'une balle dans la tête.
Dans un autre monde, inaccessible au londonien, le fantôme de Roberto est désespéré. Il est touché de voir que Ben continue de penser à lui, de voir qu'il a marqué sa vie. Mais il espère plus que tout que Ben arrive un jour à apprécier la pluie et les bento comme il le faisait avant.
