L'épaule d'Aiolia pousse contre la mienne. Je me laisse aller dans le contact. Il se redresse soudain et je manque glisser.
Eh ! Il pourrait prévenir !
Enfin, je devine la raison pour laquelle il a bougé. Y a du monde qui qui se pointe dans le coin. J'espère juste que c'est Camus et Kanon ! Si c'est un des affreux : on est mal !
— Aiolia, tu es réveillé !
C'est mon français préféré.
Il voulait pas me laisser tout seul pour aller chercher Kanon. Et, moi, je voulais pas laisser Simba dans les choux au milieu de la forêt… J'ai senti son exaspération. Les mots qu'il a retenus de justesse.
Et tu feras quoi, dans ton état ?
Très bonne question mais Aiolia est mon ami. Je refuse de le laisser tomber une nouvelle fois. Et Camus est juste… Camus. Malgré sa frustration évidente, il a accepté de me laisser. De me faire confiance. Même si ça le démangeait de me balancer en travers de ses épaules et de m'embarquer manu-militari.
C'est pour ça que je l'aime tant.
Pour ça et pour tant d'autres raisons.
Je l'aime à en crever et, parfois, ça me tue. Là, je suis juste heureux qu'il soit vivant. Même si ça me chipote de lancer les sujets qui fâchent sur le tapis… Mais je n'ai pas envie de les aborder maintenant, à l'aveugle au milieu de la forêt.
Pas avec un public en tout cas.
Y a des engueulades qui doivent s'orchestrer en privé.
Kanon ronchonne.
— C'est bon, il est réveillé, le p'tit chat ?
— Lion, mon vieux. Un grand chat qui pourrait bien te bouffer tout cru !
Eh ben ! Elle commence bien la cohabitation ! Je lance ma main pour donner une claque sur l'épaule d'Aiolia.
— Ça va, mon vieux ! Monte pas sur…
Oups.
Je crois que je viens de lui en coller une.
— Milo !
Le reproche dans sa voix (c'est bon, il a pas eu si mal que ça !) m'arrache un rire nerveux.
— Ah ! Désolé. C'est pas ta tête que je visais.
— Ouais, ça va… T'as jamais eu le compas dans l'œil de toute façon.
Je me demande s'il se rend compte à quel point il creuse sa propre tombe ?
— Tu peux te relever ? demande Camus.
Sa voix semble calme, elle ne reflète rien. Je veux dire plus que d'habitude. Moi, elle me parle beaucoup. Y en a un qui a de la chance que nos cosmos soient en grève parce qu'il est à ça de se prendre un Aurora Execution dans les miches…
— Je pense, oui.
J'en ai plus que marre de ne rien voir. L'incendie derrière mes yeux ne semble pas vouloir se calmer et je me sens épuisé. Je crois que je perds un peu le fil de la conversation. La main fraîche de Camus se pose sur ma joue, me ramène à la réalité.
— Milo ? Milo ?
— Quoi ?
Un silence me répond.
— Ça fait trois fois qu'Ice Cube t'appelle.
— J'écoutais pas.
— Ouais, ben essaie de te concentrer, la prochaine fois, gamin.
Kanon, comment de dire ça gentiment : mais je t'emmerde !
Un grognement à côté de moi et des vêtements qui se froissent m'informent que Gemini bis aide Aiolia à se relever.
— Je l'amène à la cabane. Faites pas trop de cochonneries, les jeunes.
Ils s'éloignent. Me revoilà à nouveau en tête à tête avec Camus.
— Comment te sens-tu, vraiment, Milo ?
Je soupire, agacé malgré moi.
— Je pète la forme : ça se voit pas ?
Il garde le silence. Il n'approuve pas ma réponse, je finis par admettre :
— Mais j'ai déjà connu mieux.
Je l'entends soupirer. Puis, sa main se pose sur la mienne en guise d'avertissement avant de me tirer vers le haut. Mes jambes picotent et tremblent mais elles bougent déjà mieux que tout au matin. Camus n'est plus obligé de me porter. Bon, il supporte toujours la majeure partie de mon poids et je chauffe toujours autant. Mais ça signifie que mon corps brûle les toxines et que ça fonctionne !
N'empêche que lorsque nous arrivons à la rivière, je fais moins le malin.
Comment ça se fait que je me sois affaibli autant, en si peu de temps. Il paraît que frôler la mort fait cet effet mais, bordel de nouilles, je suis un chevalier. Tutoyer la Grande Faucheuse, ça m'arrive régulièrement et avant même le petit-déjeuner !
— Doucement, Milo.
Camus m'aide à m'asseoir contre un rocher. La rivière coule tout près.
— Tu n'es vraiment qu'un idiot.
Eh ben ! J'imagine que le thème d'aujourd'hui, c'est 'allez, les gars, foncez dans le tas !'.
— Merci pour ton vote de confiance !
Il ne répond pas mais je me détends en sentant ses doigts froids sur ma joue.
— Tu te sens toujours obligé d'en faire trop.
Il y a quelque chose dans sa voix, comme un frisson. Je ne proteste pas lorsqu'il glisse ses mains dans ma nuque. Ça fait du bien même si, malgré ma peau brûlante, j'ai vraiment froid.
— Je t'ai inquiété.
Je ne m'excuse pas ni ne pose une question. Je constate, juste. Je sens le sourire dans sa voix quand il me répond :
— Tu sais bien que oui.
Il redevient bientôt sérieux.
— Je veux voir tes yeux.
Et moi les tiens, Camus. Je veux les voir s'enflammet juste pour moi…
Oh bordel ! J'ai besoin de lui !
Mais ce n'est ni le lieu, ni le moment…et je suis un gars raisonnable, c'est bien connu !
Je lance mes mains en avant – en espérant très fort ne pas lui mettre une tarte par accident – et réussis à accrocher ses épaules sans dommages collatéraux.
— Milo…
Son ton est bas. Il me prévient de ne pas pousser ma chance. Mais, sous la rebuffade, sa voix vibre et c'est tout mon être qui tremble à l'unisson. J'aime quand il dit mon nom comme ça.
Parce que je l'exaspère.
Parce qu'il a envie de moi. Là. Maintenant.
Tout de suite.
Parce qu'il est raisonnable.
Parce que je le rends fou.
— Tu comptes m'embrasser un jour, crétin des gl…
Je n'ai pas le temps de terminer ma phrase qu'il fond sur moi. Sa bouche trouve la mienne, ses dents mordent mes lèvres, les accrochent, les aspirent. Nos langues se rencontrent, s'enlacent en un duel qui nous laisse à bout de souffle.
Je brule et je frissonne en même temps. J'ignore si c'est dû à la fièvre ou à la passion. Ou aux deux. Ses mains quittent ma nuque, tirent sur ma tunique. Les miennes s'égarent dans son dos. Je ne trouve pas le bout du vêtement qui me sépare de sa peau.
Camus rompt soudain le baiser et appuie son front contre le mien. Tout en douceur même si je le sens trembler sous l'afflux de désir.
De besoin.
— Milo, souffle-t-il tout contre mes lèvres. Mais que sommes-nous en train de faire ?
— Tu veux vraiment qu'on parle de ça maintenant ?
— Tu n'es pas en état de…
— Si !
La colère me gagne. Camus se recule. Ne plus sentir son souffle sur mon visage, sur mes lèvres, ça me tue !
— Ne me traite pas comme si j'étais en verre ! C'est pas la première fois que je suis blessé, ça nous a jamais empêché de…
Je lance ma main pour tenter de le retenir mais il la balaye d'un revers. L'instant d'après, ses poings se referment sur mon col et me soulèvent sans ménagement.
— Tu as failli mourir, Milo ! Nous ne pouvons plus puiser dans notre cosmos, ce poison aurait pu te tuer. Il suffisait qu'il atteigne le cœur et tu mourrais ! Tu entends ! Tu étais mourant quand je vous ai trouvés. Mourant !
C'est la première fois que j'entends Camus élever la voix. Là, il crie sans se soucier que Kanon ou Aiolia l'entendent.
— Je peux pas. Je ne peux pas te perdre, d'accord.
Et là, c'est le vide. Il aurait aussi bien pu me cogner avec une brique. Je me sens au mieux assommé. Je peux pas croire que cet ahuri me sorte ça… à moi !
À vrai dire, le soulagement de savoir qu'il s'inquiète à ce point de ma personne se le dispute à une rage grandissante. J'attrape la première chose qui me tombe sous la main : une mèche soyeuse que je tire sans ménagement.
Et je crie à mon tour. Y a des âneries à ne pas laisser passer !
— J'y crois pas ! C'est à moi que tu sors ce genre de tirade, Camus ? À moi ? Sérieusement ? Mais t'es mort, mon vieux ! T'es parti sans moi ! Deux fois, bordel ! Deux fois !
Mon sang bouillonne dans mes veines, je crois que je pourrais tuer quelqu'un tant je suis hors de moi.
— Arrête !
— Non, toi ! Arrête ! T'avais décidé de te sacrifier pour ton disciple et t'es parti ! J'ai même pas pu te dire au revoir ! Et quand je te retrouve, bougre de crétin, c'est dans un surplis ?
— C'était mes décisions, Milo ! De celles que je devais prendre seul !
— Ouais ! Et t'enterrer, je l'ai fait seul aussi ! Bordel, t'as pensé à moi ne serait-ce que trois secondes avant de jouer la mort du cygne ?
— Non ! Tout ne tourne pas autour de toi !
Silence. Je n'arrive pas à trouver mon souffle. S'il voulait frapper là où ça fait mal, il n'aurait pas pu mieux choisir. Tout ne tourne pas autour de moi… ça, je l'avais remarqué, merci bien !
— Ah… Ouais. Et pour ton rôle d'agent double… Pareil ?
— Pareil.
Je me sens creux tout à coup. Pas vraiment-là. Je flotte. J'ai pas mal. Non !
— Je ne pouvais pas risquer de compromettre notre mission, Milo.
J'ai pas mal du tout. Et quand bien même j'en crèverais de l'intérieur, c'est pas comme si c'était bien nouveau, hein ? Par contre, j'ai du mal à respirer. Ma gorge et mon torse me donnent l'impression de diminuer.
— Ouais… Parce qu'évidemment, je suis un abruti qui t'aurait trahi sans même m'en rendre compte, hein ? C'était mieux que je ne sache pas, ça faisait plus naturel…
Cet idiot est imperméable aux sarcasmes, pas sûr qu'il comprenne…
— Mu avait fini par comprendre, je pense.
— Mais pas moi.
— Je…
La colère me reprend.
— Mais bordel, Camus ! J'avais pas besoin d'une explication de texte dans les détails mais communiquer un peu, ça t'aurait pas tué ! Je sais pas moi : un signe, un regard, un coup de cosmos… Quelque chose !
— Je ne pouvais pas. C'est un choix que je suis prêt à assumer.
La violence de ma fureur me laisse vidé. Il comprend pas. Il comprend juste pas… Et, moi, j'en peux plus.
— Nous. Toi, ça ne va pas sans moi. Ce que tu as décidé d'assumer, j'ai dû l'assumer aussi de gré ou de force. Quand tu prends ce genre de décision, ça ne touche pas que toi. Ça balaie tous ceux qui tiennent à toi dans la foulée !
Camus se tait. Si longtemps que je me demande s'il me reparlera un jour.
— Je sais.
Pour la première fois depuis que je le connais, sa voix s'enroue.
— Je sais. Je nous ai sacrifiés parce que je ne voyais pas d'autre solution. Et je ne voulais pas t'en parler… parce que tu en aurais souffert. En respectant ma décision, tu me condamnais. Au moins, je voulais t'épargner ça.
Je pourrais lui répondre que c'est un idiot qui ne voit pas plus loin que le bout de son nez. Je me suis torturé pendant des mois en me reprochant d'avoir laissé passer le môme. J'aurais dû le tuer. J'aurais dû quitter mon poste quand j'ai senti leurs cosmos s'entrechoquer… J'aurais dû tant de choses. Et plus tard, quand je l'ai vu dans ce fichu surplis… C'était pire de ne pas savoir.
Je laisse échapper un petit rire. Je suis fatigué de me battre. Là… je crois que c'est la fièvre qui parle
— Et moi qui pensais que ton éducation te rendait plus malin que moi.
— Milo ?
Je ne réponds pas. J'attrape à nouveau une mèche de cheveux que je tire pour approcher son visage du mien. Ses lèvres se joignent aux miennes. Cette fois, le baiser est presque chaste. Je murmure contre sa bouche
— Au moins, tu sais ce que ça fait, maintenant…
Saharu-Chan : J'étais persuadée de t'avoir répondu. Et en fait, non... Oups ! Sorry, sorry ! Oui, Camus est raide dingue de son Scorpion (et inversément !). Maintenant, je suis partie sur l'idée de chevaliers plus libres dans leurs mœurs. Où les relations exclusives n'existeraient pas vraiment. Je ne parle pas d'orgie, hein, plus de partage. Parce que comme Milo le dit à Kanon leur espérance de vie est courte... alors se priver d'expériences positives, ce serait plutôt dommage. Il s'agirait plus d'un partage de solitudes. Dans le lot, il pourrait y avoir des amis de cœur, des âmes sœurs (suivez mon regard) mais ça ne limite en rien les "partages"... D'autant plus, qu'ils savent où ils se tiennent dans le coeur de l'autre et qu'il n'y a pas de menaces à ce niveau...
A nouveau, je ne sais pas si je suis très, très claire... Mais je me suis dit que ça n'avait pas de sens de faire entrer dans nos normes des être hors normes. ^^
Quant à Kanon, pour le moment, il ronge son frein. Je veux qu'il s'attache aussi à Camus avant d'envisager le Kamica... (c'est pas gagné, gagné...)
Ah ! Et contente que la scène de la pause pipi t'ait plu ! ^-^
Et je suis particulièrement fière de t'avoir fait apprécier ce brave Aiolia et que sa relation avec Milo ressorte bien dans un chapitre somme toute assez court...
Dans Soul of Gold, il faut quand même admettre qu'ils ont fait d'Aiolia un Seiya bis (même si j'aime beaucoup Seiya, c'est quand même une fameuse tête brûlée...). J'en suis au 8ème épisode et j'en reviens pas comment Shura est mort ! Y a quand même pas mal de bonnes idées, c'est dommage que tout se passe aussi vite. Quant à Lyfia, elle ne me dérange pas. J'avoue que je me concentre plus sur les intrigues avec Mu, Milo... Voilà, voilà...
(Pour les histoires avec tes trois chouchoux... Faut que je trouve la bonne accroche mais, ouais... je crois qu'il va y avoir un arc 3...)
Quant aux sentiment de Milo... J'espère que ce chapitre a pu te répondre ! :)
Hemere : Alors, l'adoption, je suis pas bien certaine que Milo sera d'accord. Il a déjà donné avec Isaak et Hyoga ! ^^;
Et Aiolia est très doué pour creuser sa propre tombe. Pov chaton... ^vvv^
Glacefraicheur : Un harem? Heu, non pas vraiment... Bon y aura un ménage à trois mais dans cette situation, le point commun entre tous ces chevaliers, c'est Milo qui les relie, en fait. Je n'y avais pas encore pensé. ^^
Poupou : Moi, tu sais, si je peux rendre service, hein ? ^^
Sts, c'est quand même un animé avec des enfants soldats (je vois pas bien comment décrire autrement un guerrier de 12 ans), des drames à tous les coins de rue, des relations malsaines, etc...
Sacha : Heu... Merci ? Contente que ça te plaise.
