Je suis pas du genre à m'attacher.
Aimer, j'ai jamais su comment faire. C'est pas dans nos gènes de tarés à Saga et moi. On gâte tout ce qu'on touche.
Mais en cet instant, Milo m'embrasse comme s'il n'y avait pas de lendemain. Comme s'il allait crever maintenant. Comme si j'étais sa dernière chance de laisser une trace en ce monde.
Et… Bordel ! Je lui réponds avec tout autant d'intensité. Je sais même pas comment on a fait pour retrouver la cabane. C'est pas comme si le Scorpion se rappelait du trajet, hein !
Mais peu importe…
Pour le moment, nous oscillons dans l'embrasure de la porte. Je poigne dans la masse de ses cheveux et tire. L'encourage à laisser sa tête basculer en arrière. Il me mord les lèvres – fort – avant d'obtempérer et je m'attaque à son cou.
— Ah ! Kanon !
Mon nom sur ses lèvres !
Ces lèvres rougies qui m'appellent à nouveau. Qui me redemandent.
Qui s'offrent à moi.
Éclairent mes ténèbres.
Je m'enfouis dans sa nuque et le serre.
Fort.
Y a des larmes dans mes yeux. Alors que dans les siens, y a ce putain de regard qu'est pas le sien. C'est pas Milo, ces yeux presque blancs !
Morts.
C'est pas lui !
Pas alors que je le sens débordant de vie, d'envies contre moi. Ses mains cherchent, remontent le long de mes bras. Elles attrapent mes cheveux. Poignent dedans à presque me les décoller du crâne. Pourtant, il ne m'écarte pas.
Non.
Il presse mon visage contre lui. Je sens ses lèvres trouver mes mèches, s'y enfouir.
— Kanon…
Y a quelque chose dans sa voix qui m'arrache le cœur. Comme une supplique, une prière.
Alors… je peux pas juste rester là à rien faire. Je peux pas l'abandonner. Je croyais que je n'avais pas d'attaches mais, Milo, il m'a enchaîné plus efficacement qu'avec des chaînes. Emprisonné plus sûrement que tous les barreaux du Cap Sounion !
Je sais pas ce que je fais.
Je sais pas ce qu'il me fait mais je peux pas juste m'en foutre et tracer ma route.
Il m'a intoxiqué de son poison et je me meurs dans ses bras.
— Mi… Milo.
Je retrouve enfin mon souffle pour prononcer son nom.
Dire que nous sommes toujours habillés !
Qu'est-ce que ça va donner quand on passera aux choses sérieuses ?
Mes mains glissent le long de son dos. Sans prévenir, je le soulève. Le lit se trouve contre le mur, si je me souviens bien. Avec la souplesse d'une anguille, il referme ses jambes autour de mes hanches et son bassin rencontre le mien.
Je rate un pas. Puis, un autre.
Je parviens à rester debout mais, en dedans, je tombe !
— Milo !
J'ai crié. J'ai pas pu m'en empêcher. Je vais exploser !
Il resserre son étreinte, plaque son corps au mien, si fort que je sens son cœur battre la chamade, se mélanger au tempo du mien.
— Encore ! Dis encore mon nom, Kanon !
Alors, je cède. Je laisse sa voix rauque de désir, de sanglots qu'il ne versera pas, me submerger.
— Milo… Milo…
Un son étouffé lui échappe. Mes genoux butent contre du bois. J'ai trouvé le lit. L'espace d'un instant, je me cramponne à ce que je devrais faire… si j'étais raisonnable.
— Tes yeux… bandages.
Je ne parviens même plus à former une phrase cohérente.
— Plus tard. Kanon. Plus tard.
C'est juste un murmure. Milo ramène son bassin contre le mien. Son sexe gonflé frotte contre le mien et mes genoux cèdent. Un cri de douleur lui échappe lorsqu'il atterrit sur le matelas. Mais avant que je ne puisse m'inquiéter – ses côtes, ses yeux ? –, il lance ses mains vers moi et crochète mes cheveux pour m'empêcher de me reculer. Puis, ses doigts me relâchent et explorent mon visage, trouvent ma nuque.
— Kanon… Kanon. S'il te plaît ? souffle-t-il.
Je me fige, le fixe. Ses yeux sondent le vide, ils ne me voient pas. Ses sourcils et la courbe de sa bouche trahissent ses émotions, sa détresse. Pense-t-il que je vais me reculer ?
L'abandonner ?
Je devrais sans doute.
Aveugle, il ne sera qu'un boulet.
Mais à peine pensée, cette réflexion sonne faux. Je peux pas…
Je peux plus réfléchir comme avant. Son poison a atteint mon système nerveux. Même si je le voulais, je ne pourrais plus rien lui dénier.
Je ne serai pas celui qui te laissera derrière, Milo !
— S'il te plaît ? répète-t-il.
Ce n'est qu'un murmure. Derrière, je devine toutes les failles qui composent son être. Il en a presqu'autant que moi. Il est cassé de l'intérieur et pourtant, tellement plein et entier dans ses désirs, dans ses colères.
Alors, parce que je supporte plus de l'entendre demander, craquer peu à peu, je fonds sur ses lèvres. Les reprends, les refais miennes !
Je ne sais pas comment nous avons retiré nos tuniques mais, bientôt, je sens la peau nue de son torse glisser contre la mienne. Nos bandages s'accrochent et il ravale son air lorsque ma main appuie sur sa hanche blessée.
— Pardon… Pardon.
Je l'embrasse encore avant de descendre le long de son cou et de son torse. Mes mains passent sous son pantalon. Trouvent la peau de ses fesses et il donne un coup de rein.
— Kanon ! Allez ! Ka… non !
Il dit et répète mon nom. J'aime sa voix quand elle le prononce. Encore et encore. Je remonte pour reprendre possession de ses lèvres. Je ne m'en lasse pas.
Je m'enivre au son de sa seule voix.
Bientôt, les dernières barrières de tissus disparaissent. Il noue ses jambes aux miennes. Il ne nous faut pas longtemps pour que le monde explose autour de nous.
Il s'estompe, nous laisse à bout de souffle.
Milo a refermé ses bras autour de moi. Pour la première fois de ma vie, je me sens apaisé, en sécurité.
— Kanon, murmure-t-il.
— Et Camus ?
J'ai pas pu m'en empêcher. De gâcher encore et encore les chances que je pourrais avoir. Parce que ça, c'est pas pour moi ! Je peux pas ! Je veux me relever, prétendre que notre moment de grâce n'a jamais existé.
Il me retient.
Ses yeux morts me traversent comme si j'étais pas là. Je frissonne malgré moi.
— Ça change rien à ce que je ressens pour Camus.
Je me raidis. En même temps, je l'ai cherché.
— Ça change rien pour moi.
Et je l'écoute prononcer les mots fatidiques. Je dois être plus maso que sadique, finalement. Sa main se pose en coupe sur ma joue, ses doigts cherchent. Je referme les miens sur eux.
— Est-ce que ça change quelque chose pour toi ? demande-t-il finalement.
Et là, je ne sais pas. J'ai un blanc.
Je le regarde sans comprendre.
Sans oser comprendre.
— Je sais pas, que je réponds.
Comme un gland !
Mais c'est vrai : je sais juste pas. Ni quoi lui répondre, ni quoi en penser.
Comment interpréter ses paroles. Alors, à la place, j'essuie le foutoir sur nos ventres.
— Faut que je te mette une compresse ou Camus va me tuer.
Il répond pas, ses yeux aveugles fixés sur le plafond qu'il ne peut pas voir. Je me lève, fais quelques pas avant de m'immobiliser.
Mais qu'est-ce que je fous.
Milo n'a pas bougé sur le lit. Son expression ne change pas. Pourtant, je vois la tension dans ses épaules et sa mâchoire. Dans les muscles qui jouent sur ses flancs, dans ses cuisses.
Qu'est-ce que je fous ?
Je le laisse tomber ?
Mais il a Camus… Il a pas besoin de…
Je ferme les yeux.
— Je sais pas ce que ça change… Toi, tu veux de moi ?
Et la réponse sans hésitation, comme si c'était une évidence :
— Oui.
Hemere : Ah oui ! Pour le moment, le rythme marche bien, c'est vrai !
Oui, Milo est tout cassé mais Kanon ne vaut pas mieux... Pareil pour Aiolia et Camus, ils ont tous leurs failles.
Poupou : Je suis contente que ça te plaise toujours. Là, le chapitre est un peu plus chaud, j'espère que ça t'a plu...
Camus47 : Merci pour la Review... Les Kanon/Milo, c'est le bien... Mais tu pourrais être surprise sur la mise en place finale de nos cocos...
Glacefraicheur : Oui, y a un peu de ça dans ton analyse. Avant d'être des surhommes, ce sont des jeunes gens avec leurs failles. Milo et Camus essaient de se protéger l'un l'autre et Kanon est coincé au milieu... :)
Contente que tu aies été touchée par ce chapitre ! ^^
Saharu-chan : Je ne sais pas par quel bout commencer devant ta review ! Waw ! Contente que mes cocos te plaisent autant !
D'ailleurs, le prochain chapitre, c'est au tour de Camus, et j'avoue que je ne sais pas comment il va réagir.
Pour leurs cosmos... eh bien, j'ai une théorie qui commence à se former, je vais tout doucement l'introduire.
Et oui, j'aime beaucoup les fics de Talim. L'idée du sel qui colle à Kanon m'a fascinée. :)
Et oui, Milo a vraiment besoin de péter un câble et, en même temps, il peut pas... Et disons que passer à l'acte avec Kanon, ça les mène devant d'autres conséquences... Voilà, voilà
