Commentaire de l'auteur : Bonne lecture !

FINAL FANTASY — VERSUS XV

Fiche des lieux : Insomnia

Capitale du Lucis. Il s'agit d'une grande ville, remplie de gratte-ciels et à l'architecture extrêmement moderne, surtout en comparaison avec le reste du continent.

Dans les cieux du Niflheim, le grand vaisseau transportant Ardyn Izunia en direction d'Insomnia, avançait tranquillement. Pas réellement pressé, le Chancelier se délectait même de l'appréhension suscitée chez Lunafreya, actuellement en compagnie d'Aranea Highwind. Missionné par l'Empereur, il pouvait agir avec une bonne marge de manœuvre et comptait bien en profiter. Assis dans une grande pièce dédiée à son repos personnel, il laissait le temps passer, en imaginant toutes sortes de scénarios dans sa tête.

Bien plus bas, sur les côtes Lucisiennes, une ombre guettait déjà cette arrivée. Droit et au visage grave, Ravus Nox Fleuret ne savait pas exactement quand le Niflheim débarquerait. Mais pour atteindre Insomnia le plus rapidement possible, ce passage bien à l'Est semblait être la meilleure voie possible. L'ancien Grand Commandant jeta un bref coup d'œil sur la plage, là où son navire, volé au Lucis, reposait à l'abri des regards. Dans son esprit brumeux, se rejouait de nombreuses scènes. Son simple reflet dans l'eau qui trempait ses bottes, lui offrait une vision horrible.

Une vision d'un meurtrier, aux mains couvertes de sang.

Il avait tué un homme, qui cherchait —comme lui— à protéger sa famille. Il l'avait accusé de tous ses maux. Maintenant sa vengeance assouvie, il n'y trouvait aucune satisfaction. Au contraire. Quel genre de grand-frère pouvait-il représenter aux yeux de ses sœurs, désormais ? Celui avec lequel il n'était désormais plus possible d'échanger le moindre regard ? Il pesta encore, légèrement et silencieusement.

Maintenant, il était de toute façon bien trop tard pour faire machine-arrière. Beaucoup de sang avait déjà coulé par sa faute. Alors il ne s'arrêterait plus. Pour le bien de Luna. Pour le bien de Stella.

Même s'il devenait un monstre.

Il tuerait ceux qui appartenaient déjà à cette catégorie.

Chapitre 26 : Ceux qui désirent la Paix

« — Merci beaucoup pour votre aide. Je ne pensais honnêtement pas qu'une Princesse de Tenebrae serait capable de tels prodiges au combat. Les chasseurs du Clan Meldaccio vous remercient.

— Je vous en prie. »

Sur des terres encore désolées, relativement reculées et escarpées, Stella Nox Fleuret poussa un petit soupir. Jusqu'à présent, elle comptait récupérer Ravus, mais aucune trace de l'intéressé. Vint alors la fameuse annonce, de Lunafreya qui ferait soi-disant une apparition à Insomnia, sous la bonne compagnie du Niflheim. Une information à prendre avec des pincettes, mais qui demeurait la seule piste viable actuellement. C'est pourquoi, maudissant son idiote décision de laisser les troupes Lucisiennes regagner leur capitale sans elle, la Prêtresse de Tenebrae remonta tout bonnement la pente, d'abord grâce à un auto-stop, avant de tomber nez-à-nez avec des problèmes inattendus : des chasseurs de Daemons, appartenant au Clan Meldaccio. Ils étaient alors aux prises avec un Géant de Fer. En plein jour. L'automobiliste, ayant gracieusement accepté de l'emmener, ne fut toutefois pas assez courageux pour combattre à ses côtés.

Et c'est au bout de cette bataille qu'elle se retrouvait-là, à discuter avec un certain Dave Auburnbrie, visiblement bien placé dans la hiérarchie des chasseurs. La situation à Altissia ainsi que les mots tenus par l'Empereur Iedolas furent rapidement compris par le groupe. Fort heureusement pour la native de Tenebrae, ils ne semblaient pas prêts à abandonner la couronne aux troupes du Niflheim, ni leur territoire et leurs idéaux.

« — Les Daemons deviennent de plus en plus résistants à la lumière du soleil, c'est vraiment inquiétant. Reprit ledit chasseur. Où comptiez-vous partir, Dame Stella ?

— Il faut que j'aille à Insomnia. Si je peux espérer retrouver ma famille, c'est bien là-bas. »

Néanmoins, la Princesse ne leur avait rien dit sur le décès du roi Régis. Et une forte sensation de gêne la pris, à cet égard. Cette demi-douzaine de chasseurs semblait heureux de la compter —ne serait-ce que temporairement— parmi les leurs. Et Stella imaginait aisément quel impacte sa révélation donnerait, sur l'ambiance présente. De façon assez égoïste finalement, la jeune femme se terra dans un mutisme qu'elle n'appréciait vraiment pas.

« — Et vous êtes sûre que ça ira avec ça ? »

Quelque peu suspicieux et anxieux, Dave désigna la moto sur laquelle son interlocutrice désirait faire voyage. Celle-ci plaça correctement le casque sur sa tête, avant de grimper sur son véhicule.

« — J'ai déjà conduit des modèles similaires ramenés occasionnellement, à Tenebrae. Je suis un petit peu meilleure que ma sœur.

— Ne désirez-vous pas que l'un de nous vous accompagne ?

— Vraiment pas.

— Pour quelle raison ?

— Insomnia et le Lucis vont probablement entrer dans un cycle de désordre. Le cas échéant, les fidèles de la couronne auront besoin d'hommes comme vous, en soutien et éparpillés sur tout le territoire. Mais je suppose que vous avez déjà eu des contacts avec vos hauts gradés ?

— Effectivement.

— Par contre, je ne suis pas sûre de pouvoir vous la rendre avant un moment …

— Aucune importance. Vous avez sauvé nos vies, on possède d'autres motos dans le hangar et même dans notre camion.

— Je vous remercie. »

Ils échangèrent alors un dernier regard entendu, avant que la belle blonde ne mette les voiles, sans vouloir aller trop vite sur son nouveau bolide, prêté pour l'occasion. Stella sentit toutefois une certaine culpabilité naître, au fond de son cœur. Ces braves hommes semblaient lui faire confiance, en ignorant finalement la vraie teneur de la situation. Plus qu'inconfortable, pour elle.

Dans les cieux, les nuages commençaient à prendre de plus en plus de place, annonçant un temps pluvieux dans les prochaines minutes. Peut-être davantage représentatif de la situation, d'ailleurs. Stella chassa toutefois toutes ces pensées de son esprit, pour se concentrer sur la longue route, encore à parcourir, avant d'atteindre Insomnia.

Ailleurs …

[Yoko Shimomura — Bros On The Road]

La journée avançait bien. Presque trop vite, d'ailleurs. Quasiment toute la journée, Noctis Lucis Caelum était resté à l'arrière de sa chère Régalia. Foncer vers Lestallum et le Disque de Cauthless s'avérait encore plus long que prévu, il ne pouvait pas le nier. À côté de lui, Prompto prenait en photographies quelques plans de paysage, plus silencieusement qu'à l'accoutumée. Devant, en revanche, une scène inédite se jouait.

« — Bon sang, Gladio. S'enquit Ignis. Tu vas trop vite sur cette voie-là !

— Hein ? Que dalle, je roule normalement.

— Imagine qu'un véhicule arrive devant dans ce virage, qu'est-ce que tu feras ?!

— Y'a un véhicule qui est venu ? Je ne crois pas.

— Et alors ?! La sécurité routière, tu connais ?

— Pff, t'es relou. Je t'ai proposé de te filer un coup de main pour pas trop te fatiguer, et tout ce que tu trouves à faire, c'est critiquer ma façon de conduire.

— Je suis beaucoup plus tranquille quand c'est moi qui prends le volant. Donc on peut échanger si tu veux.

— Mouais, laisse tomber, je gère.

— Le camion !

— Hein ? Quel ca- Oh merde ! »

Un coup de volant plus fort, de quoi secouer sérieusement Prompto, qui manqua de faire tomber son appareil photo. Noctis, presque dans les vapes, fut alors ramené de force à la réalité.

Résultat : voici la Régalia dans l'herbe, sur le côté droit de la route. Gladio tourna lentement sa tête vers l'arrière, pour vérifier que tout le monde vivait encore.

« — Gladio. Je prends le volant. Tonna Ignis, en remontant ses lunettes.

— Wah, ça va hein, je manque juste un peu d'entraînement.

— J'ai cru que mon appareil allait mourir. Couina légèrement le blond du groupe. Fais attention, Gladio !

— Pff, fais pas genre, j'ai à peine tourné. Et faut le dire que ce camion était quand même très con, il débordait pratiquement sur ma voie.

— C'était le contraire. Soupira Ignis, en descendant du véhicule.

— Vite fait. »

Quelques minutes suffirent, avant que le quatuor ne se remette en marche, de façon plus convenable avec le conducteur habituel. Loin d'être démoralisé et intimement persuadé d'avoir raison, Gladio resta bras croisés derrière la tête, en affichant un de temps à autres, un léger sourire.

« — Combien de temps avant d'y arriver ? Murmura finalement Noctis, en fermant lentement les paupières.

— J'espère que dans trois jours, ce sera fait. Mais on va devoir faire un petit détour par le Ravin de Taelpar. Rétorqua son camarade à lunettes.

— C'est quoi ça ? Lâcha un Prince peu enthousiaste.

— Je ne sais pas trop exactement à quoi ça ressemble. Affirma son interlocuteur. Mais Cor vient de m'envoyer une première liste des Tombeaux Royaux. On pourrait récupérer le « Bouclier de la Juste » à l'intérieur.

— Le Ravin de Taelpar est un coin dangereux. Déclara Gladio. Mon père m'a déjà raconté des histoires à propos de cet endroit, où de valeureux guerriers ont déjà trouvé la mort en essayant d'aller au fond des ruines.

— Et on n'a pas plus urgent à faire ? Soupira Noctis, las. Genre retrouver le prochain Dieu avant l'Empire ?

— Si, tu n'as pas tort. Mais retrouver un Dieu est une chose. Obtenir sa grâce en est une autre. Il vaut mieux que tu sois préparé convenablement pour le faire. »

Sur ce point, difficile de lui donner tort. Noctis finit par laisser tomber. Normalement, peu importe le Dieu, il ne devrait pas être vaincu par le Niflheim avant les prochains jours. Du moins, le jeune homme ne pouvait que l'espérer.

Même si une partie de lui-même hurlait encore, pour le pousser à rejoindre au plus vite leur véritable destination. D'autant plus qu'Insomnia était peut-être déjà aux mains du Niflheim.

Le sombre Prince retomba alors dans sa phase de léthargie, laissant Ignis conduire le petit groupe à destination.

« — Et quand est-ce qu'on arrivera à ce ravin ? Marmonna Prompto, en arquant un sourcil.

— Si tout se passe convenablement, je pense qu'on peut y être ce soir. N'hésitez pas à faire une sieste derrière, qui sait ce que l'on pourrait y trouver.

— Pas besoin de me le dire … Murmura l'héritier du trône, accoudé sur la portière. »

Du repos. Quelque chose qui ressemblait presque à du luxe, après les derniers jours difficiles traversés par le Quatuor. Et, hormis le malheureux Ignis, ils allaient effectivement en profiter dans les quelques heures à venir, histoire de recharger les batteries.

Le temps s'égraina ainsi, les secondes se transformant progressivement, pour devenir de longues minutes, qui suivirent le même cycle. Le soleil traça sa route dans les cieux, déclinant ensuite progressivement à l'horizon.

Capitale du Lucis — Insomnia.

« — Habitants d'Insomnia. Nous traversons actuellement des heures sombres. Nous ne connaissons pas l'avenir. Mais nous savons d'ores et déjà que le roi Régis n'est plus et que son fils n'est pas encore assez mature pour reprendre le trône. »

Un écran géant, installé au centre-ville lui-même.

Et la voix du Général Drautos, qui résonnait. La population, plus qu'agitée depuis les dernières paroles d'Iedolas, se posait pour une fois, et écoutait celui qui dirigeait désormais officieusement les troupes encore postées dans la ville.

« — L'heure est maintenant venue de prendre du décision. Allons-nous repousser l'alliance avec le Niflheim, notre ennemi de toujours, sous prétexte de ce passé ? »

Quelques sifflets, quelques huées, se faisaient entendre, dès le nom du Niflheim prononcé. Mais par rapport à une époque loin d'être si reculée, ces derniers restaient en marge. Comme si la majorité de la population se retrouvait maintenant dans une impasse idéologique.

« — Ce soir, arrivera la délégation du Niflheim. Nous, devons rester forts et lucides sur notre avenir. Seuls ou en conflit contre cet Empire, nous marcherons droit vers l'Extinction. En choisissant de me rallier avec le Niflheim, je prends un grand risque. Je ne trahis pas le Lucis, non. Je veux le secourir. Parce que sans aide, sans roi, nous ne survivrons peut-être pas aux futurs événements qui s'abattront. Vous autres, habitants de notre capitale, êtes libres de choisir votre voie. Rien ne vous oblige à rester ici. Rien ne vous oblige à écouter. Mais je ne veux sacrifier personne, dans notre nation. Je sais que parmi vous, le désaccord existe. Toutefois, il va falloir être capable de tendre la main à l'autre si vous voulez vivre en paix. Parce que tel est l'enjeu qui arrive. Voulez-vous la paix, ou la Guerre Civile ? Notre moyen de l'éviter, est de rejoindre le Niflheim, en négociant efficacement pour conserver notre indépendance, comme Accordo avant nous. »

Bras croisés, dans une voiture juste à l'extérieur de la somptueuse capitale, Nyx Ulric se mordit nerveusement les lèvres. Tant de conneries racontées dans cet intérêt unique. Titus Drautos avait toujours été un homme qui aimait l'ordre, la discipline. À cet égard, il ne pouvait sûrement pas supporter une telle évolution dans la situation. Et effectivement, si l'on suivait ce leitmotiv, son point de vue devenait compréhensible. Malgré tout, impossible de l'accepter pour les plus fidèles au régime.

Et il s'agissait probablement du cœur même du problème. Combien d'Hommes étaient-ils réellement attachés à la royauté du Lucis ? Probablement une minorité. Une minorité également, souhaitait sûrement ardemment cette alliance.

Mais l'écrasante majorité ne désirait qu'une chose : pouvoir vivre tranquillement. Et ce message finement placé, s'adressait sans nul doute à tous ces hommes, qui ne connaissaient qu'Insomnia comme étant un lieu de tranquillité. Et que ce soit sous l'égide d'Iedolas ou de Régis, ces personnes n'y voyaient finalement plus une grande différence, tant que l'Enfer de la guerre n'arrivait pas dans leurs foyers. Bras croisés et adossé à son véhicule, Nyx réfléchissait encore à un moyen efficace de faire en sorte que tout s'arrange.

Jusqu'à ce que son téléphone ne sonne. La Lame Royale sortit rapidement l'appareil de sa poche, et élargit son regard devant le nom affiché à l'écran.

« — Maréchal Leonis ? Déclara-t-il.

Nyx Ulric. Où te trouves-tu actuellement ?

— Conformément au plan, je suis à l'entrée d'Insomnia, après la route.

Est-ce que Jared Hester est avec toi ?

— Non, Maréchal. Il a décidé de rentrer directement dans la capitale, sans interférer avec le discours du Général Drautos, pour éviter la folie.

Je vois. Alors nous allons appliquer le plan. L'Empire du Niflheim devrait déjà avoir avancé, ils seront sûrement là ce soir. Les troupes que j'ai laissées sur le Lucis confirment déjà leur arrivée, par plusieurs vaisseaux.

— Plusieurs ?

Et ils ne vont pas tous dans la même direction. Ce qui implique forcément quelque chose de louche. Bref, ce qui est certain, c'est qu'il va falloir récupérer le Cristal en causant le moins de problème possible. Titus n'est pas un homme stupide, il ne conclura pas d'accord avec le Niflheim sans avoir de garanties. Il faudra profiter de leurs négociations pour récupérer le Cristal, voire même du discours de Lunafreya. Quitte à ce que la population nous prenne pour les mauvais, peu importe.

— Bien compris.

Ensuite, il faudra fuir par les Canaux de Crestholm. S'en suivra une période de traque où nous serons le gibier.

— Qu'en est-il des renforts ? Nous sommes trop peu nombreux ici. Les Lames Royales ont déjà menacé les troupes que vous aviez laissées, et certaines ont même décidé de les rejoindre.

Nous arrivons le plus vite possible. Malheureusement, nous n'avons pas de vaisseaux. Nous serons probablement-là pour le discours de Lunafreya, voire pour les négociations du Niflheim. Quoi qu'il en soit, l'événement de la soirée ne peut pas être court. Nous serons là à temps. Ne faites rien d'irréfléchi avant.

— Ok. »

Nyx finit par couper. Décidément, cette soirée s'annonçait vraiment très agitée, en plus d'avoir un résultat plus qu'incertain. Faire le minimum d'impliqués, parmi les civils. Voilà bien une tâche qui s'annonçait complexe. Plus loin, derrière, les autres troupes du Lucis, prêtes à agir le cas échéant attendaient. Drautos savait pertinemment qu'elles se trouvaient ici. Nyx ne pouvait pas imaginer un seul instant que cet homme, fin stratège, n'ait pas anticipé une éventuelle action des troupes Lucisiennes restantes. Mais dans ce cas-là, que comptait-il réellement faire ? La présence des « renégats » avait été justifiée par une éventuelle violence du Niflheim. Dans ce cas de figure, les troupes, encore attachées à la ville, pourraient rejoindre la capitale et livrer leur ultime bataille. Une couverture bien trop maigre pour être crédible.

Le son d'un moteur attira toutefois son attention. Une autre voiture arrivait dans leur direction, et s'arrêta même à quelques pas de celle du jeune belliqueux. En sortit une ombre plutôt familière : Libertus Ostium. Une mine nerveuse, l'homme descendit de son véhicule noir, pour se poster face à son vieil ami, qui le regarda d'un œil quelque peu surpris.

« — Tu me demandes pas ce que je fais ici ? Lâcha-t-il, lentement.

— Ça me paraît clair, non ? Répondit son partenaire.

— J'ai aucune idée de ce qu'il va se passer. Murmura-t-il. Je crois qu'on aura jamais vu pareil bordel à Insomnia.

— Logique.

— Par contre, l'accès principal à la ville va être bloqué.

— Tant pis. C'est si facile de changer d'avis et de rejoindre la « Résistance » ?

— Pas tant que ça. Le Commandant est en train de réorganiser tous les rôles. J'ai pas vraiment changé d'avis, d'ailleurs.

— Qu'est-ce que tu veux dire … ?

— Je suis devenu un ''déserteur''. »

Un très discret et furtif sourire. Nyx n'en raffolait pas tellement, à vrai dire. Mais pouvoir compter sur de vieux camarades lui donnait encore un petit peu d'espoir. Surtout compte-tenu des événements à venir.

« — Qu'est-ce qui a fait de toi un déserteur, alors ?

— Je peux pas blairer Drautos, ce mec a l'âme d'un despote.

— Pas faux.

— Mais t'avais raison. Le Niflheim ne peut pas s'en sortir aussi facilement. Ces enfoirés se donnent le bon rôle, en plus. Je peux pas blairer l'Empereur non plus, si tu veux savoir. Ni le Chancelier, d'ailleurs. »

Évidemment que non.

Ces hommes, que Nyx n'avait jamais réellement rencontrés, dégageaient une certaine malveillance, rien que dans leurs sourires qu'il jugeait plus factices que tout.

Un premier élément de réponse allait bientôt être donné, avec l'arrivée du Niflheim … jusqu'alors, tous les soldats aspirant encore à la liberté du Lucis ne pouvaient que se ronger les ongles et attendre.

Ailleurs …

Se séchant les cheveux après un bain relaxant, Lunafreya Nox Fleuret inspirait doucement. Son cœur tremblait, littéralement. Dans peu de temps, elle risquait de proférer des mensonges terribles, à l'encontre du monde. Pour sa famille. Et cette perspective l'effrayait. Toute son existence, la jeune femme l'avait dédiée à aider autrui.

Aujourd'hui, la voilà contrainte d'agir complètement à l'opposé de ses principes, et même de l'intérêt général. Les plans infâmes d'Ardyn et du Niflheim ne permettaient pas une grande marge de manœuvre. Malgré tout, l'Oracle se maudissait pour sa faiblesse. Après avoir remis sa tenue blanche habituelle, la belle Princesse distingua un problème, directement dans le miroir. Et elle se retourna alors brutalement.

« — Gentiana … depuis combien de temps es-tu là ?

— J'ai toujours été là. »

Dans sa tenue habituelle, la messagère divine avança de quelques pas, vers la femme qu'elle avait vu grandir depuis toutes ces années. Doucement, sa main froide vint toucher la joue de l'Oracle, qui tressaillit légèrement au contact.

« — Ton énergie est encore faible. Murmura-t-elle.

— Gentiana … je vais commettre l'irréparable, dans tout juste quelques temps …

— Tous les chemins vers la lumière ne sont pas remplis de bonheur.

— Pourquoi est-ce que tu es venue à moi … ?

— Le Prince Noctis et les siens vont bientôt arriver jusqu'à la demeure de l'Archéen.

— Je … je n'ai pas pu faire le rituel. Souffla Luna, en se mordant nerveusement les lèvres. Pour quelle raison Titan se réveille … ?

— L'équilibre a déjà été perturbé parmi les Six. Cet équilibre précaire n'attendait que ces événements pour gagner en ampleur.

— Et … est-ce que tu sais pour quelle raison l'Hydréenne s'est réveillée, la dernière fois … ?

— L'Oracle n'est pas la seule personne à bord de ce vaisseau, qui manie le langage des dieux.

— Q… Quoi … ?

— Il ne vaut mieux pas agir, cependant. Pas pendant que l'Oracle est prise au piège. »

Un élan de stupeur. Lunafreya ne s'attendait pas à une telle parole, provenant de son amie de toujours. Gentiana hocha positivement et lentement la tête, pour appuyer ses propos. Ces quelques secondes de flottement furent suivies de nouvelles paroles.

« — Comment as-tu appris cela ?

— Dix ans auparavant, le Calcinateur est réapparu. Et à présent, la réponse à ce mystère a été dévoilée.

— Je ne comprends pas, Gentiana. Où veux-tu en venir ?

— J'ai vu ce que tu as vu, plus tôt dans la journée.

— Les Daemons … ?

— Et ce ne sont probablement pas leur premier coup. Lunafreya … »

Un bruit. La porte de la salle de bains.

« — Veille sur le Prince Noctis, je t'en prie. »

L'Oracle jeta un dernier coup d'œil à son interlocutrice, avant d'hocher la tête, et de disparaître, tout simplement. Luna soupira légèrement, avant d'ouvrir la porte, laissant alors entrer une Aranea Highwind quelque peu surprise.

« — Vous parliez toute seule ? Marmonna-t-elle.

— Pas vraiment.

— Moui. Bon, en tout cas, le Chancelier veut vous voir, pour vos futures déclarations. Il sera bientôt temps. »

À suivre …