FINAL FANTASY — VERSUS XV
Précédemment …
Stella Nox Fleuret finit par recevoir la « Mémoire d'Etro », au prix du sacrifice d'Ezma Auburnbrie, dans le cadre du rituel correspondant.
Pendant ce temps, Noctis et son groupe continuent leur route en direction de Lestallum, mais finissent au détour d'une boutique, par être repérés, suite à un message diffusé sur les télévisions du Lucis …
Continent du Lucis …
Peu de temps avant les événements malencontreux survenus avec Gladiolus Amicitia et Prompto Argentum, le groupe de Nyx Ulric composait lui-même avec ses doutes. Alors loin d'être achevée, la nuit offrait encore un visage bien sombre. Portant alors l'aînée des Nox Fleuret sur ses épaules, la Lame Royale devait bien admettre que le déroulement des événements commençait à devenir plutôt difficile. La mort brutale de cette vieille femme, survenue au cours d'un rituel des plus improbables, restait encore gravée dans sa mémoire. L'apparition brève de Gentiana également. Tant de secrets, tant de magies, gravitaient autour de cette famille, que cela lui apparaissait même indigeste.
D'un accord commun, Nyx et Lunafreya décidèrent de ne pas faire de vieux os au milieu de ces bois sombres. Surtout après la disparition du propriétaire. Quand bien même cette décision les forçaient à traverser, presque à l'aveuglette, cet endroit des plus hostiles.
« — Êtes-vous sûr que nous ayons pris la bonne route ? Questionna alors Luna, en jetant de vifs regards dans les alentours.
— Vous me faites pas confiance, Princesse ?
— Je vous ai déjà dit de m'appeler Lunafreya.
— Ça ne répond pas à ma question.
— Vous n'avez pas répondu à la mienne.
— Eh bien … on n'est pas perdus. Je reconnais ces arbres.
— … Vous êtes sûr de vous ?
— On n'a pas le choix, de toute façon. Peut-être que vous êtes fatiguée ?
— Ça ira pour moi. Je projetais simplement de pouvoir retourner dans nos tentes avant le lever du jour.
— Tss, faut pas non plus déconner. »
Après cette rude expérience, l'ambiance semblait enfin un petit peu plus détendue. Étrangement, d'ailleurs. Et de façon assez cynique, d'ailleurs. Mais Luna mentirait en prétendant que le sacrifice d'Ezma la marquait profondément. Non, cette femme lui ressemblait en ce sens, ayant presque suivi les préceptes des Oracles. Être capable de donner sa vie pour le futur, la jeune femme comprenait et vivait même à travers ces valeurs. Bien plus que de la tristesse, Lunafreya éprouvait alors une certaine gratitude pour cette ancienne chasseuse. D'un autre côté, l'Oracle se sentait également soulagée de voir sa sœur saine et sauve.
Pour le moment.
« —Ah. On y est. »
Malgré les doutes survenus progressivement, au fil de longues minutes devenues difficiles moralement parlant, Nyx Ulric venait enfin de retrouver le chemin de la lumière, symboliquement parlant. Les tentes se trouvaient exactement dans le même état qu'à l'origine.
« — Merci, articula Lunafreya.
— C'est mon travail.
— Vous ne risquez plus d'être rémunéré pour ça, sourit doucement la belle Oracle.
— Je demanderai une compensation financière au prochain Roi du Lucis. »
Toujours inconsciente, Stella finit par être déposée dans le sac de couchage, sa sœur s'installant près d'elle, pour veiller à ce que rien de plus n'arrive. Nyx, lui, après quelques secondes d'observation, finit par tourner les talons. Juste avant d'être interrompu par la voix de Lunafreya.
« — Nyx.
— Hm ?
— Passez une bonne nuit. »
Quelques secondes de flottement, durant lesquelles le Glaive ne masqua pas un élan de surprise, avant de finalement lâcher un vague sourire, et se retourner définitivement.
« — Dormez, avant que le soleil ne se lève. »
Chapitre 38 : Vérité
Continent du Lucis …
« — Plus vite, Ignis ! Et me parle pas des limitations de vitesse !
— Si on finit dans un ravin, ils ne nous retrouveront peut-être pas, mais nous ne serons pas beaucoup mieux avancés.
— Raaaah bordel ! En plus, ce vieillard a gardé le fric ! Quel enfoiré !
— T'aurais au moins pu ramener les hamburgers ! Ou alors, on aurait dû les assommer ! Et prendre tout ce qu'il faut !
— Non, tempéra Ignis. Il ne manquerait plus que l'on confirme les rumeurs sur nous. Vous avez bien fait de déguerpir en vitesse.
— Sans notre bouffe par contre ! »
Il y avait plus important, malgré tout. Prompto lui-même le savait. Pour l'heure, continuer de rouler aussi vite que possible, loin de cet endroit devenu indésirable, constituait le seul et unique motif d'espoir pour les quatre frères. Même si pour l'heure, aucune trace d'engins Magitek appartenant à l'empire. Cette vérité pouvait toutefois s'avérer bien éphémère, surtout lorsque l'on évoquait le Niflheim, toujours prêt à lancer des coups fourrés.
« — Bon, il faut vite régler la question : on va où ? Clama Gladio, en regardant vers l'arrière.
— Lestallum, ça m'a l'air foutu, lâcha alors Noctis.
— Dirigeons-nous alors directement vers le Disque de Cauthless, se résigna Ignis.
— Putain de merde … »
La perspective de retrouver sa sœur cadette tombant à l'eau, l'humeur de Gladiolus, si joyeuse hier, changeait du tout au tout. Cette journée, pourtant commencée sans histoire, virait progressivement au vinaigre, sans qu'il ne puisse rien y faire. Le Disque de Cauthless, là où l'épreuve de l'Archéen devait avoir lieu. Telle était maintenant leur périlleuse destination.
« — On va passer devant Lestallum malgré tout, reprit Gladio. Et si … ?
— Inutile de nous mettre davantage en danger, rétorqua Ignis. Si l'information est passée dans cette petite station-service, elle est évidemment bien connue à Lestallum.
— T'as sûrement raison …
— Désolé. Mais je suis sûr que ta sœur va bien.
— Espérons. Ces enfoirés du Niflheim peuvent faire n'importe quoi.
— Pas exactement, ils jouent encore avec leur image. Donc s'ils s'attaquent à la population elle-même, ils pourraient avoir des problèmes.
— Pas sûr que ces enfoirés en aient vraiment quelque chose à foutre …
— S'ils doivent gérer une révolution interne, crois-moi, ils en auront quelque chose à faire. »
Silencieux jusqu'alors, Noctis se plongea une nouvelle fois dans d'autres pensées. Concernant Luna, entre autres. En théorie, au vu de son titre d'Oracle, alors elle devrait bien se rendre au Disque de Cauthless, également. Depuis les tragiques événements d'Altissia, il n'avait pas été capable de la voir. Mais au vu des informations enregistrées, ce « Nyx Ulric » avait sûrement été capable de la secourir. Pour combien de temps ?
Le Prince baissa doucement la tête. Parce qu'inexorablement, ses pensées revinrent également sur cette page obscure de leur histoire. Une page désormais touchée par l'encre rouge, offerte par Ravus Nox Fleuret.
Empire du Niflheim …
« — Donc tu seras là ce soir … ?
— Oui, oui. Je vous l'ai déjà dit, je suis déjà parti pour Graléa, ne vous en faites pas. Et je reviens avec plusieurs nouvelles intéressantes.
— Lesquelles ?
— Je vous dirai tout, une fois sur place. Le docteur Besithia sera également mobilisé.
— Dépêche-toi. »
Assis sur son trône, Iedolas Aldercapt perdait patience. Jour après jour, toussotements et douleurs multiples frappaient son corps et son esprit, lui faisant progressivement. Soufflant bruyamment, il se releva et avança, faiblement, pour attraper un verre d'eau froid et engloutit son contenu.
À bien des kilomètres, Ardyn Izunia lançait un regard plutôt évasif, sur le monde qu'il survolait actuellement via son vaisseau de la flotte du Niflheim. Quelques bruits de pas finirent par attirer son attention, lorsqu'il se retourna, pour apercevoir le visage sans défaut d'Aranea Highwind, dans son costume habituel —exception faite de son casque—, et une mine plutôt ennuyée.
« — Êtes-vous certain que laisser Titus Drautos à Insomnia pendant votre absence est une bonne idée ?
— Ce n'est pas une idée, ricana légèrement le Chancelier. Il sera de toute façon mobilisé dans peu de temps, pour le réveil de l'Archéen. Comme vous d'ailleurs, très chère.
— Dans ce cas-là, pouvons-nous réellement nous permettre de rejoindre l'Empire ?
— L'Archéen devrait se réveiller dans deux à trois jours. Ce qui nous occupera ne sera que l'affaire d'une journée.
— Hum … et je suppose que les détails ne me seront pas divulgués ?
— Oh, vous allez juste être de surveillance dans la zone de Sathersea, pendant que je ramènerai le docteur Verstael Besithia à Graléa. C'est de la routine, n'est-ce pas ?
— Moui.
— Quant au reste …
— Je ne suis pas payée pour ça, je sais.
— Ah, vous savez que vous êtes ma préférée ?
— Oui, oui … »
Les manières de faire de cet homme ne plaisaient pas réellement à la mercenaire, mais celle-ci savait bien s'en accommoder. Aranea finit par hausser les épaules, et simplement quitter la pièce dans laquelle Ardyn se tenait, rejoignant ainsi ses fidèles suiveurs, Biggs et Wedge, qui l'attendaient plus loin.
De nouveau seul, le Chancelier afficha un léger sourire narquois, en songeant tout simplement à l'avenir immédiat, qui s'offrait désormais à lui.
« — J'ai entendu dire que tu commençais à poser des problèmes, hein … »
Encore à une distance des plus respectables, à quelques kilomètres de Graléa, dans une zone relativement rurale, s'élevait une fumée noire, annonciatrice de mauvais présages. Une fumée, placée sous l'auspice de la vengeance. Des corps, des machines, éparpillées dans les alentours. Et un homme, assis sur un rocher. Un homme dont le regard perçant, passait à travers les nuages, se posait dans l'horizon.
« — Tu es le prochain, Ardyn Izunia. »
Ravus Nox Fleuret avait beau marcher en eaux troubles, lorsqu'il se redressa pour une marche vers la capitale de l'Empire, il savait pertinemment ce sur quoi il tomberait. Son glaive déjà maculé par le sang n'hésiterait certainement pas.
Continent du Lucis …
« — Tu es sûre que ça ira ? »
À l'arrière du véhicule ''emprunté'' par Nyx Ulric, Stella Nox Fleuret affichait une mine des mauvais jours. Plus pâle que jamais, elle se laissa facilement bercer par les bras de sa sœur, sur l'épaule de laquelle elle finit même par déposer la tête.
« — Je suis tellement fatiguée … articula-t-elle faiblement. Et … je ne sais pas.
— Tu t'en veux encore pour Ezma Auburnbrie ? Marmonna son interlocutrice. Je te l'ai dit … elle n'a fait qu'accomplir son devoir, avec fierté. Comme nous devons le faire.
— Je le sais. Mais … je ne peux pas m'enlever ça de la tête. Ces derniers temps … je fais des choix, qui ne me plaisent pas. »
Derrière ces simples mots, transparaissaient une lourde vérité, difficile à contenir. Luna soupira légèrement, en passant doucement sa main dans la chevelure de son aînée, cherchant vainement à la rassurer.
« — Nous le faisons tous, murmura-t-elle. Regarde-moi donc … Oracle supposée ramener la paix et le bonheur, me voilà incapable de soigner le cœur de ma sœur.
— Une sœur à la morale de plus en plus douteuse, si tu veux savoir …
— Tu exagères, Stella. »
Ces deux-là exagéraient toujours, songea Nyx à l'avant du véhicule. Sans rentrer dans ces discussions entre sœurs, le Lucisien réfléchissait également aux différentes alternatives s'offrant à lui.
« — Afin de retrouver le prétendu héritier de la couronne, Noctis Lucis Caelum, nous avons besoin de vous. Si jamais vous croisez ces personnes, alors il est impératif d'en avertir les autorités. Ce sont des personnes dangereuses, animées par un esprit de vengeance. »
La voix de Titus Drautos ? Un silence entendu revint frapper le véhicule tout entier, tandis que les yeux de Nyx s'emplirent d'une certaine colère refoulée. Entendre la voix de cet homme, traître à la nation elle-même, lui conférait réellement une sérieuse envie de meurtre.
« — Prompto Argentum, Ignis Scientia, Gladiolus Amicitia, Nyx Ulric ainsi que les détenues Princesses de Tenebrae, sont des personnes à retrouver. Toute personne qui aidera notre pays sera justement récompensée. »
Tous trois se jetèrent alors un regard plutôt alarmé, à des degrés différents. Encore plus qu'auparavant, les voilà donc dans la peau de dangereux fugitifs.
Plus loin sur le continent, un autre groupe de recherchés continuait sa dangereuse escapade.
« — Aaaah … j'ai bien cru … qu'on était complètement fichus … »
Garée de façon peu académique sur le bas-côté et dissimulée par une végétation toujours plus dense, la Régalia se reposait maintenant. Assis sur l'herbe, les quatre frères d'armes prenaient enfin, un petit moment de repos. Tout simplement parce que le soleil commençait déjà à décliner, et que portant désormais le statut de fugitifs, aucun d'eux ne pouvaient se déplacer librement.
« — J'ai tellement faim … »
Évidemment, Prompto fut le premier à s'en plaindre. Tête levée vers ce ciel désormais bien peu porteur d'espoir, le jeune homme pouvait néanmoins respirer avec la satisfaction de ne pas suivre un autre chemin ensanglanté. Pour le moment, tout du moins. À côté de là, Gladiolus affichait clairement sa mine courroucée et inquiète à la fois.
« — On repart quand ? Lâcha-t-il, avec une once de nervosité.
— Juste le temps de souffler un coup, rétorqua calmement Ignis. On doit y arriver le plus rapidement possible. »
De son côté, Noctis également éprouvait une certaine sensation de malaise. Comme un mauvais pressentiment, qui pesait progressivement de tout son poids sur son cœur. Atteindre Lestallum restait un objectif des plus importants. Même s'ils ne pourraient pas lui parler directement, obtenir des nouvelles rassurantes à propos d'Iris allégerait sans aucun doute le cœur du quatuor.
Pour le moment, cela dit, ils ne pouvaient simplement pas faire grand-chose d'autre. Un peu de repos mérité, après des heures à fuir le plus rapidement possible, en empruntant d'ailleurs des routes tumultueuses. Noctis jeta un coup d'œil à la belle Régalia, en détaillant les rayures apparues sur les flancs du véhicule.
« — Bon, n'attendons pas qu'il fasse entièrement nuit, décréta le Prince.
— Oui, nous repartons, confirma le conducteur attitré.
— On a encore assez de carburant pour arriver jusqu'au Disque de Cauthless ? Demanda alors un Prompto dubitatif.
— En théorie. »
Oui, plus de temps à perdre, de ce côté-là. Rapidement les quatre camarades reprirent leur direction, dans la peau de criminels. Et finalement, ils commençaient sérieusement à s'en accommoder. En revanche, pas question de laisser ce temps s'étendre indéfiniment.
Continent du Niflheim — Graléa …
Toussotant toujours plus, au fil des minutes et ressentant une douleur toujours plus grisante à travers sa cage thoracique, Iedolas Aldercapt s'embourbait dans une humeur toujours plus désagréable, à compter le temps restant avant qu'enfin, Ardyn daigne à se montrer avec ses « bonnes nouvelles » comme il aimait le dire. Assis sur son trône, l'Empereur releva doucement la tête, en soufflant légèrement. La nuit déjà bien entamée ne lui permettait aucunement de retrouver une once de sommeil.
« — Je ne peux pas disparaître … se répéta-t-il, d'une voix rauque. Je ne peux pas disparaître … ! »
Mais l'Empereur n'était pas écervelé. Il savait pertinemment que les choses n'évoluaient pas de façon positive, surtout lorsque les médicaments prescrits par le docteur Besithia n'offraient qu'une maigre satisfaction. Les douleurs revenaient, et de façon toujours plus prononcées.
« — Je vais … créer un monde où les Six ne pourront rien faire … »
Serrant davantage les poids, une vision toujours plus sombre greffée à son visage, où la nervosité devenait de plus en plus palpable.
« — Un monde … où je serai immortel … !
— Vivre éternellement pourrait être une expérience malheureuse, pourtant.
— A… Ardyn ?! »
[Yoko Shimomura — Ardyn III]
Dans sa démarche éternellement théâtrale, le Chancelier venait de tomber à point nommé, marchant tranquillement en compagnie de l'homme à l'origine de l'armement Magitek, à savoir Verstael Bestihia en personne. Une apparition remarquée, qui ne laissa certainement pas l'empereur de marbre. Bien au contraire, leur apparition signifiait qu'enfin, les choses pourraient évoluer. Tous deux finirent d'ailleurs par s'incliner respectueusement envers leur supérieur.
« — Alors … ? Quelles sont ces nouvelles dont vous parliez ? Qu'en est-il de l'anneau ? Du projet Omega ?
— Olà olà … il semblerait que vous ayez beaucoup de questions, tempéra légèrement Ardyn, d'un ton taquin. Mais laissez-moi le temps de souffler !
— Je ne trouve pas ça amusant, Ardyn … ! »
Les circonstances pouvaient effectivement paraître inappropriées pour employer pareil ton. Mais au vu de sa façon de faire, Ardyn ne comptait pas changer de sitôt. Effaçant tout de même un sourire pouvant être bien mal perçu, le Chancelier avança alors de quelques pas, pour arriver jusqu'à son interlocuteur, avant d'ôter son chapeau solennellement et surtout temporairement.
« — J'ai effectivement plusieurs bonnes nouvelles à vous conter, déclara-t-il, platement.
— Ne me fais pas attendre, souffla son interlocuteur. Je suis lassé de tes petits jeux. »
Haussant simplement les épaules, Ardyn Izunia finit alors par récupérer son sourire factice, avant de glisser une main dans sa poche, sous l'œil intrigué de son supposé supérieur. Une sensation qui vira ensuite à la stupéfaction, quelques secondes plus tard, tandis qu'un sourire ébahi transfigura l'Empereur.
« — L'anneau ! Tu as réussi à le récupérer ?!
— Haha, votre Majesté … cela fait bien longtemps que je l'ai en ma possession.
— P… Pardon ?! »
Alors qu'il percevait enfin le bout du tunnel, ces dernières paroles sonnaient particulièrement sombres chez son interlocuteur. Iedolas écarquilla vivement le regard, cherchant à assembler doucement les pièces d'un puzzle qu'il ne maîtrisait plus. Visage à peine abaissé, Ardyn semblait surtout s'amuser d'une situation qui ne tournait pas rond pour un sou.
« — Qu'est-ce que cela … signifie ?!
— Oh ? Mille excuses, je n'ai pas été très clair, lâcha le supposé félon. J'ai récupéré l'anneau auprès de Dame Lunafreya, dès la Bataille d'Altissia. Et depuis lors, je l'ai conservé sans vous en dire un mot.
— Explique-toi ! Ton devoir est … ton devoir est de me le remettre !
— Mon pauvre Empereur, vous semblez totalement au bout du rouleau, ricana de nouveau le Chancelier.
— Je vais te châtier, Ardyn … ! »
Loin de céder sous les menaces jugées fumeuses d'Iedolas, Ardyn tourna même les talons, pour commencer un mouvement le menant ailleurs, dans cette vaste salle du Trône. Devant pareille insubordination, Iedolas chercha à se redresser. Cependant, cette volonté s'effrita au moment même où une violente douleur le fit littéralement chuter, un genou à terre, tandis que ses toux prononcées, recolorèrent en partie le sol, d'un rouge sanguinaire.
« — Mon cher Empereur, sachez que votre rôle touche ici à sa fin. Voyez-vous, pendant que vous recherchiez aveuglément à mettre la main sur cet anneau, sur le Cristal ou même sur l'immortalité … nous avons pu tranquillement avancer nos pions.
— ''Nous'' … ?
— Évidemment ! Vous pensiez réellement que le docteur Besithia était de votre côté ? »
Ce dernier, placé tranquillement plus loin, affichait un simple regard, mêlant perfidie à satisfaction. Serrant les dents devant ces actes de trahison, Iedolas rassembla encore ses forces, avant de tousser une nouvelle fois. Pire encore, des tremblements prenaient son corps tout entier, sans qu'il ne puisse rien y faire. Cette vague de souffrance incomprise le plongeait encore vers des horizons plus sombres.
« — Traîtres … gémit-il. Qu'est-ce qu'il … m'arrive ?!
— Ne paniquez pas, voyons. Je ne compte pas vous tuer, ce n'est pas mon propos.
— Réponds-moi !
— Dans peu de temps, le Lucis tout entier … non, Eos toute entière, sera plongée dans un vent de dévastation comme le monde n'en n'a plus connu depuis 2000 ans. Et pour ce faire, j'ai demandé au docteur Besithia, une petite aide. »
Un rictus mauvais, éclairé par des yeux teintés d'une désagréable nostalgie, Ardyn finit par se retourner convenablement vers son ancien supérieur, en jouant tranquillement avec l'anneau des Lucii.
« — Vous pensiez être atteint d'une simple maladie qui dégradait votre santé, mais mon cher Empereur … vous êtes simplement en train de vous transformer en Daemon.
— Quoi … ?!
— Mais ne vous en faites pas. Beaucoup, beaucoup de personnes vont connaître cette même souffrance … »
D'ailleurs, une once d'obscurité jaillissait désormais de son être.
Iedolas ne pouvait pas croire à pareilles inepties. Il ne pouvait pas le croire, non !
[Yoko Shimomura — Ardyn II]
« — D'ailleurs, un Daemon peut vivre très longtemps. Peut-être que vous serez réellement immortel, qui sait ?
— A… Ardyn … ! »
Haine. Souffrance. Haine.
Sentir sa propre vie lui échapper de la sorte … ?
« — Mais je vous remercie, Iedolas Aldercapt. Vous avez rendu possible beaucoup de choses grâce à votre influence, à vos financements, à votre ambition … votre disparition sera regrettable. »
Doucement, la propriété du Lucis finit par retourner dans la poche du dangereux Chancelier.
« — Enfin, juste un petit peu. »
Non. Il ne pouvait pas. Il n'avait pas le droit de lui voler son rêve. Il n'avait pas le droit de l'en empêcher. La colère grandissante dans son corps menait à de nouveaux soubresauts.
« — D'après nos estimations, c'est effectivement aujourd'hui que votre corps devrait arriver à sa limite.
— Comment … ? Comment m'avez-vous … transformé ?!
— La première fois, vous voulez dire ? Voyons, il faut simplement faire attention à ce que vous pouvez manger, mon cher Empereur.
— Misérable … ! Misérable … !
— Ensuite, dès les premiers signes de souffrance, le docteur Besithia vous a prescrit un ''traitement'' qui visait uniquement à dissimuler au maximum les effets de votre transformation.
— Ardyn …
— Mais de toute façon, vous alliez bien finir par périr, non ? Vous avez déjà beaucoup de vécu.
— ARDYYYYN ! »
Se relevant brutalement, avec une force qu'on ne lui soupçonnerait d'ailleurs même pas, l'Empereur sortit un révolver de sa poche, sous les yeux surpris de Verstael. N'hésitant pas le moindre instant, il finit par appuyer sur la gâchette, libérant instantanément une balle. Fusant à toute allure vers le front même du Chancelier, cette dernière ne rencontra pas le moindre obstacle avant d'atteindre sa cible.
Essoufflé et souffrant, Iedolas afficha alors une mine presque stupéfaite. Devant ses yeux, cet insupportable homme n'avait pas esquissé le moindre geste. Doucement, il retira la balle fichée dans sa tête, laissant au passage quelques gouttes de sang couler.
« — … Mais c'est vrai que l'immortalité a parfois du bon, hein ?
— MEURS ! MEURS ! »
Visiblement décidé à vider tout son chargeur, l'Empereur enchaîna alors les tirs. D'humeur visiblement loquace, Ardyn écarta grand les bras, comme pour suggérer de tirer toujours plus. Touché à de multiples reprises, il ne se départit aucunement de son éternel et insupportable sourire, tandis que la folie chez Iedolas atteignait des sommets.
« — Je vais devenir un dieu ! Je vais devenir un dieu ! »
Une buée sombre émanait toujours plus de son corps, qui semblait en pâtir toujours plus.
« — Je vais dominer les Six ! »
Un œil qui tournait lentement au rougeâtre couplée à une aura de plus en plus sombre, laquelle soulevait même une petite onde de choc.
« — Hm, l'état de stress accélère le processus, articula simplement Verstael. Rien de très étonnant. Nous aurions pu abréger ses souffrances depuis belle lurette.
— Mais pas sans Insomnia sous notre joug, hein ? Sourit simplement Ardyn, dont les blessures par balles s'avéraient finalement insignifiantes. »
Iedolas, lui, s'écroula d'abord à genoux, avant de finir complètement à terre, frappé par d'innombrables spasmes. Il ne pouvait pas disparaître ainsi. Il ne pouvait pas. Il ne pouvait pas. Secouant la tête et s'agitant assez pathétiquement, levant les mains à la recherche d'un improbable secours.
« — Adieu, votre Majesté. »
Il ricanait d'un air sombre, avant de s'éloigner.
Aujourd'hui, marquait le début d'une nouvelle page dans l'Histoire. Une page qui, cette fois, ne s'effacerait sous aucun prétexte.
À suivre …
