Disclaimer : Harry Potter et son univers ne m'appartiennent pas, je ne gagne aucun argent à publier cette traduction, laquelle m'appartient, par contre. Les passages en italiques sont une emphase sur certains mots, ou la pensée d'un personnage, le contexte vous aidera.

Ceci est une traduction de la fanfiction de Lomonaaeren, « Beggar to beggar cried», ( s/12564609/1/Beggar-to-Beggar-Cried?_cf_chl_jschl_tk_=exmbGCee_DhOfMg14JNh.6edLHlXqDd4qHNpqpS8C3Q-1638718788-0-gaNycGzNB-U ). Je n'ai pas encore son autorisation pour publier ma version française, je la retirerai si elle me le demande.

88888888

Harry est assis au bord de la Tour d'Astronomie et contemple les rayons de l'aurore jouer sur les pierres. Il n'a pas passé beaucoup de temps ici, mais c'est le seul endroit auquel il pouvait penser où il serait complètement seul.

Il ferme les yeux et sent le soleil sur son visage, comme Tom le disait. Il peut entendre le doux craquement de la gelée sur l'herbe alors que Hagrid l'écrase en traversant le parc. Il y a des branches bruissant et claquant les unes contre les autres dans la Forêt Interdite. S'il tourne la tête, il peut entendre les légers hululements et caquètements des chouettes et hiboux dans la Volière.

Toutes ces choses qu'il n'entendra plus jamais ou ne verra plus jamais ou ne sentira plus jamais s'il meurt.

Mais alors, et les autres gens ? La voix de sa vieille culpabilité est puissante. Dumbledore a passé beaucoup de temps à l'entraîner à l'écouter. Ils ne pourront pas voir ou entendre ou sentir tout ceci non plus, tant que Voldemort vit. Devraient-ils laisser tomber leurs vies pour que toi, tu puisses avoir ce que tu veux ? En quoi est-ce que c'est moins égoïste que dans l'autre sens ?

Harry se mord la lèvre et serre ses mains sur ses genoux. Il a passé sept ans dans le monde sorcier. Les enfants qui ont été tués dans la dernière guerre contre Voldemort n'ont pas tous eu autant de temps. Ne peut-il pas simplement accepter sa mort en sachant qu'il fait ce qui est juste et qu'il a eu plein de bonnes choses dans sa vie ?

Puis il pense à autre chose, quelque chose qui lui semble venir de lui. Au moins, Tom ne l'a pas mentionné hier soir.

Ça ne tient pas qu'à moi. Pas vrai ? Même si je meurs, si Dumbledore découvre comment me tuer, il y en a au moins six autres qui traînent, si Voldemort en a fait sept. Je pourrais me lever et emmener Tom à Dumbledore dès maintenant, et ça ne tuerait pas Voldemort. Il a juste trouvé la bague. Il pense qu'il doit encore trouver cinq autres Horcruxes, ou quatre, s'il a Tom. Ça lui a pris des années et des années de recherche pour découvrir la bague et moi. Que se passera-t-il s'il ne peut pas trouver les autres avant que Voldemort ne revienne ? Ou si Voldemort en fait d'autres ?

Harry frissonne et fourre sa tête entre ses genoux. Il tremble parce qu'il veut le croire tellement fort.

Je ne peux pas terminer la guerre. Pas tout seul. Je ne suis qu'un parmi sept. Je ne suis pas l'Elu de la prophétie. Dumbledore me l'a dit. Il a raison. Le garçon qui aurait vaincu Voldemort est mort quand le Sort de Mort l'a touché. Je ne suis qu'une partie de l'âme déformée de ce garçon et le Horcruxe mélangés.

Harry lève les yeux et observe le soleil s'élever au-dessus des nuages. Hagrid siffle et appelle son chien, Crockdur, près de la lisière de la Forêt, et Crockdur aboie avec excitation parce qu'il a attrapé quelque chose.

Je sais ce que je vais dire à Tom.

88888888

Tom se fond dans les rêves de Harry avec un soupir. Même avec ces nouveaux souvenirs lui donnant de nouveaux endroits dans lesquels aller et pour lesquels vivre dans le journal, c'est bien mieux d'en être sorti. C'est bien mieux d'être de nouveau avec le garçon avec qui il veut vivre.

Il n'a pas honte de ses pensées. Il vivra, au lieu de survivre. Il accomplira quelque chose que son lui plus vieux n'a jamais accompli.

Et ça en vaut plus que la peine.

Cette fois, bien que le lit de Harry soit toujours derrière eux, il n'y en a pas d'autres dans la pièce. Il y a deux chaises face au feu, qui luit et vacille solennellement. Tom le ravive, et hoche la tête vers Harry, qui est assis sur le siège le plus proche.

- J'ai pris ma décision.

Tom a l'impression qu'une main de pierre vient de se poser sur ses épaules. De toute son existence, rien n'a été plus important que cet instant.

- Qu'as-tu décidé ?

Harry prend une longue et lente inspiration avant de déclarer :

- Qu'un seul Horcruxe n'est pas la clé de tout. Dumbledore ne sait même pas comment les détruire pour le moment, même s'il continue à chercher. Il pourrait me tuer, et ça n'arrêterait pas Voldemort. Il pourrait te tuer, et ça n'arrêterait pas Voldemort. Pour autant que nous sachions, Voldemort va continuer à créer de nouveaux Horcruxes lorsqu'il aura récupéré son corps.

Tom l'espère. Cela déstabiliserait tellement cet idiot qu'il ne serait plus en mesure de posséder qui que ce soit, et cela retarderait considérablement sa capacité à recruter de l'aide une fois son corps détruit de nouveau. Il a aussi noté avec un immense plaisir que Harry a abandonné l'usage du titre de Dumbledore.

- C'est vrai, Harry. Alors, ça veut dire que tu viendras avec moi ?

Harry secoue la tête. C'est comme si les mains de pierre clouaient Tom sur sa chaise. Harry rencontre son regard et adoucit sa voix :

- Je t'aiderai à retrouver un corps et à t'enfuir. Mais je n'irai pas avec toi, Tom. Je dois rester. C'est le seul monde dans lequel j'ai vraiment vécu. J'ai des amis ici. Dumbledore m'a menti à propos de plein de choses, mais il m'a aussi montré des choses qui sont importantes. Je vais rester ici et vivre aussi longtemps que je le peux.

Non. Tom s'avance brusquement et entoure Harry de ses bras avant qu'il ne puisse se lever de son siège. Harry halète puis commence à frissonner en réponse à l'épaisse sensation qui les traverse. Cette fois-ci, cela rappelle à Tom la première fois qu'il a goûté du chocolat.

- Tu es à moi, décrète Tom en reposant sa tête contre la nuque de Harry. Tu viens avec moi.

Avec les troublantes sensations suscitées par un Horcruxe touchant un Horcruxe, il est certain que la peau, ici, a exactement la même odeur et le même toucher que dans la réalité.

- Je... ce n'est pas possible, Tom. Si tu es vraiment séparé de Voldemort, tu devrais pouvoir choisir ta propre vie. Mais dans ce cas, moi aussi.

- Je t'ai demandé si tu voulais vraiment mourir. C'est ce que tu veux ?

Harry tressaille et essaye de s'éloigner de lui. Mais même ça suscite de merveilleuses nouvelles étincelles de sensations sur les joues et les mains et le menton de Tom, et Harry semble perdre sa volonté de s'esquiver assez vite.

- Je pense qu'il le faudra, chuchote enfin le Gryffondor, apparemment sans remarquer comment Tom le serre davantage contre lui en réaction. J'ai mes amis, mais pas beaucoup. Je n'ai personne à aimer ou de qui m'inquiéter si... Dumbledore de soucie juste de la façon dont je vais mourir. Mes parents étaient les seuls à m'aimer inconditionnellement. Et je t'ai déjà parlé de...

- C'est un imbécile de dire que tu ne mérites pas d'être aimé, affirme Tom en enfonçant davantage son nez dans la chevelure de Harry. Tu le mérites. Reste avec moi.

- C'est le Horcruxe, cependant. Les autres gens me haïssent à cause de ça, et tu m'aimes uniquement à cause de ça.

- Est-ce que c'est important ? rétorque Tom en prenant délicatement Harry dans ses bras pour l'emmener sur le lit. Je ne vois pas comment nous pouvons déterminer la vérité à ce sujet. Je ne sais pas comment Dumbledore a déterminé que ça repousse les gens. Il te l'a dit ?

Harry le regarde fixement.

- C'est un Horcruxe. De quelles preuves a-t-il besoin ? As-tu oublié comment nous sommes créés ?

Dumbledore, vieux crétin. Tu l'as laissé vulnérable. Tout en disant à Harry que personne ne l'aimerait, ou pourrait l'aimer, il avait posé les fondations pour que quelqu'un vienne et emporte Harry simplement en l'aimant. Tom touche la cicatrice du garçon, et attend que les sensations croissent jusqu'au moment où Harry se laisse aller sur le lit, flottant, son souffle rapide et ses yeux bougeant sous ses paupières fermées, comme s'il rêvait.

- Je n'ai pas oublié, souffle Tom. Et je n'ai jamais pensé que nous méritions d'être détruits à cause de ça. Nous méritons de vivre. Dumbledore te condamne, toi, un innocent qui a en lui au moins une partie de l'esprit de cet enfant dont les parents sont morts pour le sauver.

L'esprit en entier, pense Tom, mais il ne serait pas productif de contester ce point maintenant.

- Si tu étais vraiment juste un Horcruxe, poursuit-il, tu aurais argumenté et tu l'aurais combattu depuis le début, n'est-ce pas ? Mais une part de toi a été capable d'écouter et de quand même décider ce qui est bien et ce qui est mal. Tu es innocent, Harry. Tu es humain.

- Alors...

Harry a le souffle court, s'étirant contre Tom, roulant ses hanches dans un mouvement qu'il est encore trop jeune pour comprendre. Avec un contrôle d'acier qui l'empêche de rejoindre Harry dans ce déluge de plaisir, Tom tient ses propres hanches éloignées de celles du Gryffondor.

- Alors je... laisse-moi prendre mes propres décisions, Tom, reprend Harry. Laisse-moi mourir ! Laisse-moi rester ici et mourir !

- Non, refuse le Serpentard. Pas à moins que tu me dises ce que tu veux. Ce que le vrai toi veut, pas la partie qui est un Horcruxe.

Pour aider Harry à faire son choix, il retire sa main de la cicatrice de Harry, même si c'est comme arracher ses propres cheveux.

En vérité, il n'est pas sûr qu'on puisse véritablement dissocier le garçon et le Horcruxe ainsi. Mais Harry pense que si, et le fait que Tom soutienne cette opinion le fera monter dans l'estime du Gryffondor.

Ce dont Tom a besoin. Il a un plan pour retrouver un corps, un rituel que son lui plus vieux avait étudié en même temps qu'il avait élaboré son plan pour les Horcruxes. Cependant, il aura besoin de la coopération complète et volontaire de Harry.

Il a même un plan pour s'échapper de Poudlard et empêcher Dumbledore de les poursuivre. Mais cela requerra encore plus la coopération de Harry, cela requerra qu'il décide qu'il mérite de vivre sa vie.

Peu importe comment il vient à cette conclusion.

88888888

Harry tremble et frissonne. Seule une partie de cette réaction provient du souvenir du plaisir que Tom a éveillé en lui. Le reste, c'est juste...

Du doute.

Il n'a pas beaucoup douté dans sa vie. Dumbledore lui a expliqué pourquoi il était spécial et lui a montré tous les gens qu'il pourrait sauver. Il n'a même pas à faire quelque chose de difficile pour les sauver, pas comme empêcher Voldemort de s'emparer de la Pierre Philosophale l'an dernier, ou comprendre comme détruire un Horcruxe. Il doit juste mourir au bon moment.

Il pensait avoir réglé ce débat, ce matin-là, sur la Tour. Laisser Tom vivre, et vivre lui-même aussi longtemps qu'il le pourrait, mais ensuite mourir.

Cependant, Tom lui promet quelque chose de plus. Harry sait que Voldemort est un menteur et un maître manipulateur, mais Tom ne ment pas sur combien il veut avoir Harry avec lui. Autrement, il aurait simplement accepté son offre de l'aider à retrouver un corps.

Il n'a jamais détourné son regard de Harry, même maintenant. Harry ouvre les yeux pour vérifier, et Tom est là, l'observant avec un calme inébranlable. Harry ferme vite les yeux et tourne la tête.

Il aimerait Harry. Il en sait plus sur le monde que lui, ce qui signifie qu'il pourrait prendre soin d'eux deux, peut-être trouver un travail. Harry ne pense pas que Tom abuserait de lui ou l'abandonnerait.

La part, plus petite, plus égoïste, de lui, celle qui a toujours envié Ron et Hermione qui ont une famille, même quand il songeait à mourir pour les sauver, chuchote : « Et il n'a personne d'autre avec qui s'en aller en vacances. Il n'a que toi. Il s'en fiche de Voldemort ou des autres Horcruxes. Il serait avec toi toutletemps. »

Harry pense qu'il ne devrait pas laisser cela influencer sa décision. Il devrait être bon et fort. Il devrait aller voir Tom et lui dire qu'il est désolé, qu'il l'aidera quand même à s'évader, mais il ne peut pas vivre comme Tom le voudrait. Il devrait passer le restant de sa vie avec ses amis et mourir comme Dumbledore dit qu'il le fera.

Mais...

Le truc, c'est que Harry envie vraiment ses amis. Une partie de lui a regardé toutes ces familles que Dumbledore lui a présentées, et a dit qu'elles ne devraient pas pouvoir parcourir librement le Chemin de Traverse et manger des glaces et rire et se disputer comme si leurs disputes étaient la chose la plus importante du monde. Pas si lui ne pouvait pas le faire.

Harry ne sait pas si cette part de lui est le Horcruxe ou pas. Comme le pense Tom, il est probablement impossible de le dire. Ce qu'il sait, c'est qu'il partira avec Tom. Il va vivre.

Une part de lui sera probablement contrariée pendant un moment. Mais...

Une nouvelle voix s'élève, peut-être depuis la part de lui qui est juste Harry : « Tu crois ce que Dumbledore t'a dit parce qu'il a toujours été là à murmurer ses mots dans ton oreille. Qu'est-ce qui se passera si tu vis avec quelqu'un d'autre ? Tu croiras ce que Tom te dira. Parce qu'il sera là. »

Harry tremble et entoure ses bras autour de lui-même. Oui, il le croira. Et il n'arrive pas à le regretter. Parce que Tom le touche, aussi, et lui fait... des choses (Harry est vague à propos de ce que ça pourrait être), et ne le quitte jamais.

Harry lève les yeux. Tom l'observe toujours. Harry sait qu'il n'a pas détourné les yeux une seule fois. Et même ça, c'est quelque chose qu'il n'a pas avec Dumbledore. Dumbledore a tendance à regarder le mur de son bureau plutôt que Harry lorsqu'il parle des Horcruxes et de leur mort. Il a expliqué qu'il ne peut pas trop s'attacher à Harry, sinon il ne sera jamais capable de le tuer comme il le doit. Harry a toujours compris.

Eh bien, il devrait comprendre que je veuille être avec quelqu'un qui peut supporter de me regarder.

Harry se lève et tend la main. Tom se penche et l'embrasse, Harry inspire soudainement. Ce n'est que pour un instant, mouillé et la bouche ouverte et chaud, et puis il se retire et caresse les cheveux de Harry et le fait se sentir comme si toute sa tête mangeait de la crème glacée.

- Bien joué, Harry.

Le garçon se redresse lentement à ce nouveau compliment, essayant de se convaincre qu'il va pouvoir se sentir comme ça pour le reste de sa vie. C'est une chose étrange à songer, et il sait qu'il va avoir besoin de temps pour s'y habituer.

D'un autre côté, Tom ne retire pas sa main de ses cheveux alors qu'il commence à expliquer ce qu'ils vont devoir faire, et cela réconforte Harry. Cela signifie que Tom va rester à ses côtés, peu importe ce qui se passera.

Et même si ce qu'ils vont faire seront Noires et difficiles et dures, ça n'a pas l'air si terrible lorsque Tom les lui explique.

88888888

Le sang de l'ennemi, volontairement sacrifié...

88888888

- Je connais un moyen de calmer un Horcruxe, Professeur Dumbledore, annonce Harry presque en chuchotant.

Dumbledore se redresse dans son siège, derrière son bureau, et ses yeux étincellent d'un air que Harry n'a pas vu depuis qu'il a trouvé la bague Horcruxe.

- Vraiment ? C'est magnifique, Harry ! Mais tu as toujours été un garçon remarquable.

Harry lui rend son sourire. Il espère qu'il a l'air naturel. La voix de Tom est dans sa tête, maintenant, murmurant. Tom est parvenu à venir avec lui, s'accrochant à la magie du Horcruxe en lui, au lieu de juste être présent en rêve, pour deux jours. Pourquoi est-ce qu'il ce genre de choses alors qu'il a seulement l'intention de te tuer ? Parce qu'il veut te rendre docile et reconnaissant envers lui, le seul à te complimenter. Celui qui fait semblant de t'aimer.

Harry souffle doucement. Il ne peut pas y songer maintenant. Il doit penser au mensonge qu'il va dire à Dumbledore, ce qui ne fonctionnerait pas si la magie de Tom ne protégeait pas son esprit. Dumbledore est un Legilimens et peut sentir les mensonges.

Harry hoche la tête.

- Je pense que ça va marcher, monsieur. Mais je n'en suis pas sûr. Vous voyez, en Potions, l'autre jour, Ron s'est un peu coupé avec son couteau, il a agité sa main et a projeté du sang un peu partout. Il y en a un peu qui a atterri sur ma cicatrice, révèle-t-il avant de se pencher vers du bureau de Dumbledore et rendre sa voix aussi basse et mystérieuse qu'il le peut. La magie dans la cicatrice a été calme pendant presque une heure après ça.

- Et tu penses que… ? soupire le directeur.

- Le sang d'un innocent, appliqué directement sur ma cicatrice, pourrait marcher, développe Harry puis il se mord la lèvre, hésitant. Mais je ne sais pas si ça le détruirait ou si ça la calmerait juste. Et je ne peux pas demander à Ron ou Hermione.

Pour la première fois, il est content que Dumbledore ait toujours insisté pour qu'il ne parle à personne des Horcruxes.

- Tu veux mon sang, déclare le plus vieux puis continue pensivement. De bien des façons, je suis difficilement innocent, Harry. Pas comme le sont tes amis.

- Mais c'est mieux ! s'exclame le garçon, sentant Tom rire dans sa tête alors qu'il écarquille innocemment les yeux. Je veux dire, comme ça, nous pouvons savoir si c'est parce que vous êtes innocent, ou si le sang de quelqu'un qui a directement combattu Voldemort marche mieux.

- Tu as bien prêté attention aux leçons de théorie magique que je t'ai enseignées, commente Dumbledore avec nostalgie, alors qu'il sort une fiole qui semblait être sous son bureau. De quelle quantité as-tu besoin ?

L'équivalent de deux fioles.

- Je pense que deux fioles devraient faire l'affaire, monsieur. Je peux l'utiliser petit à petit, en variant les quantités, pour voir si ça a un effet différent.

Dumbledore lui donne son sang avec un sourire paisible. Harry prend les fioles avec un hochement de tête, puis sort du bureau en se demandant si le directeur connaît la vérité et pourrait l'arrêter à tout moment.

Non. Il t'enfermerait dans une cage et te jetterait un sort d'Oubliettes à l'instant même où il me découvrirait dans ta tête.

Harry déglutit et hoche la tête à cette vérité, puis passe à l'étape suivante du plan, plus dangereuse.

88888888

Les os du père, donnés contre sa volonté.

88888888

C'est la chose la plus dure que Harry ait jamais accomplie, laisser le journal de Tom parmi les livres requis pour les révisions des ASPICs, où un septième année de Serdaigle capable de Transplaner peut le trouver, plus dur que de décider qu'il voulait vivre. Tom fait flamboyer sa magie un instant, lui donnant l'impression d'être enveloppé dans la chaleur d'un câlin, avant d'être forcé de s'éclipser et retourner dans le livre.

Harry sait ce qu'il va se passer. Le Serdaigle sera envoûté et possédé par Tom, et Tom le fera Transplaner dans le cimetière où repose son père, le premier Tom Jedusor. Puis il récoltera la poussière d'os dont il a besoin pour la potion.

C'est la seule façon d'obtenir, Harry le sait. Il ne peut certainement pas demander à quelqu'un. Dumbledore ne croirait jamais que Harry voudrait la poussière d'os de cette tombe spécifique comme moyen de détruire un Horcruxe. A tout le moins, il insisterait pour que Harry partage la potion avec lui. Et Harry ne sait pas Transplaner, même avec la magie de Tom le traversant.

Harry tremble et se recroqueville quand même à l'intérieur de lui-même, et il ne comprend pas pourquoi jusqu'au soir, allongé dans son lit.

Tom lui manque.

Il n'a manqué de rien jusqu'à présent, personne ne lui a jamais manqué non plus, à part ses parents.

88888888

- Harry ? Je peux te parler ?

Ce n'est pas le Serdaigle que possédait Tom, la seule personne que Harry voudrait véritablement voir à cet instant. Cependant, Ginny est debout près de lui, assis dans la Grande Salle, ses yeux brillants fixés sur lui. Il repousse son assiette.

- Bien sûr. Qu'est-ce qu'il y a ?

- En privé, s'il te plaît.

Ginny se mordille la lèvre et tourne son regard vers la porte de la Grande Salle.

Harry se lève immédiatement pour la suivre. Si elle a compris que Tom l'avait possédée et qu'elle était responsable de l'ouverture de la Chambre des Secrets, il ne veut certainement pas qu'elle dise quoi que ce soit dans un endroit où tous les élèves peuvent l'entendre.

Mais lorsqu'ils vont dans le hall d'entrée et s'arrêtent près des escaliers qui descendent vers la Salle Commune de Poufsouffle, Ginny devient écarlate. Elle cache son visage dans sa main et frisonne un peu.

- C'est si dur à dire.

Harry cligne des yeux. Puis elle lève son regard vers lui et déclare :

- Harry, c'est moi qui t'ai envoyé ce message chanté pour la Saint Valentin. Je suis désolée ! ajoute-t-elle, et Harry sait que son visage s'est assombri, mais il ne peut pas s'en empêcher. Mais je suis réellement amoureuse de toi, tu sais. Tu es si courageux et beau. Je ne t'embarrasserai plus comme ça. Mais je devais te le dire.

Elle prend une grande inspiration. Harry reste planté là, sans savoir quoi dire. Ginny tremble un peu, et murmure :

- Est-ce que tu penses qu'un jour tu m'aimeras aussi ?

Harry n'a même pas à réfléchir. La plupart du temps, il essayerait d'être attentionné et gentil, de la décevoir sans la bouleverser, mais à cet instant, tout ce à quoi il peut penser est le baiser déposé sur sa bouche par Tom, et à quel point il se sent bien quand Tom le tient dans ses bras. Il secoue la tête.

- Non, désolé, Ginny. Je ne peux pas.

Puis il tourne les talons et s'éloigne vers la Tour, dédaignant le bruit que font les pas de Ginny courant dans la direction opposée.

Il monte dans sa chambre, vide puisque tout le monde est en train de dîner, et s'allonge, les mains derrière la tête, observant la poussière danser entre les rideaux rouge et or.

Il se demande si ne pas se soucier des sentiments de Ginny fait de lui un sale type.

Mais honnêtement, il ne se soucie même pas de ça. La seule chose qui lui importe à cet instant précis est de faire la potion de Tom puis de s'enfuir avec lui, en simulant sa propre mort. Tom dit qu'il a un plan pour ça, de façon à ce que Dumbledore présume que Harry est mort et ne pense à chercher ni l'un ni l'autre.

Harry ferme les yeux. Autant dormir, puisqu'il ne sera pas bon à grand-chose en attendant le retour de Tom.

88888888

Le Serdaigle possédé titube jusqu'à sa table le jour suivant, et laisse tomber le journal à côté des devoir de Harry. Lequel recouvre immédiatement le livre avec une rédaction de Métamorphose qu'il était en train de rédiger.

C'est étrange de penser que ce pourrait être le dernier devoir de Métamorphose qu'il écrirait jamais, si le plan de Tom fonctionne.

Mais étrange ou pas, la pensée s'échappe face à la chaleur et au triomphe qu'il ressent alors que Tom le rejoint dans son esprit. Harry ne peut s'empêcher de pencher la tête. Il sait qu'il rougit, et il ne veut que personne ne se demande pourquoi. Cela dit, Ron l'évite en ce moment parce qu'il est en colère à propos de ce que Harry a dit à Ginny, et Hermione pose des questions au professeur McGonagall à propos du devoir.

Tu l'as ?

Sous le journal.

Harry regarde. Il y a une fiole comme celle donnée par Dumbledore, sauf que celle-ci est remplie d'une poussière blanche étincelante et de petits fragments d'os.

Et maintenant ?

La partie que je vais préférer. Tom ronronne, et Harry être obligé de fermer les yeux pour éviter de pleurer tellement la sensation est agréable dans sa cicatrice. Parce qu'il a été aussi horrible avec toi qu'il a été déloyal envers mon moi plus vieux.

Qui ne compte plus maintenant.

La seule chose qui compte pour moi, c'est qu'il s'est assuré que tu existes.

88888888

La chair du serviteur, prise par la force...

88888888

C'est plus simple que Harry ne s'y attendait d'obtenir une retenue que Snape voudrait superviser personnellement. Harry a simplement à faire un geste maladroit alors qu'il essaye de voler des ingrédients pour potions dans les armoires de Snape, et le professeur lui tombe instantanément sur le râble.

Harry ne s'embête pas à écouter les attaques verbales, il regarde simplement le bras gauche de Snape. Maintenant qu'il y prête attention, il peut sentir la magie de la Marque Noire sous la manche du Maître de Potions.

N'est-il pas intéressant que Dumbledore ne t'ait jamais dit que Snape avait servi le Seigneur des Ténèbres ? chuchote Tom.

Harry est d'accord, et attend la retenue avec calme.

Ce n'est pas non plus un problème d'introduire en douce un scalpel –qui avait été volé, dans le kit à potions du Serdaigle de septième année– en retenue. Snape lui adresse un regard de haine qui démontre qu'il ne voit que son père, Harry le sait, et sa voix claque :

- Commencez, Potter. Les chaudrons ne vont pas se nettoyer tous seuls du désastre de votre idiotie.

Harry hoche poliment la tête et se tourne vers les chaudrons. Il sait qu'il ne serait pas sage de faire face à Snape pendant que Tom procède aux changements nécessaires pour pouvoir posséder Harry. Ne serait-ce que parce que ses yeux risquent de virer au rouge.

Tom l'a prévenu que ce pourrait être douloureux. Ginny et le Serdaigle dont il avait pris le contrôle étaient de cet avis.

A l'instant où Tom s'élance et prend possession de lui, Harry a l'impression de s'endormir dans le lit le plus chaud, le plus confortable qu'il pourrait imaginer.

88888888

Tom s'étire lentement, surpris de se sentir aussi petit. Puis il secoue la tête. Ce n'est que grâce aux sensations que lui et Harry ont partagées pendant la semaine écoulée qu'il n'est pas immédiatement submergé par les lumières dans la pièce, la sensation du couteau dans sa main droite, les reliquats de saveur de bœuf sur sa langue.

- Ne secouez pas la tête avec moi, Potter. Vous avez une retenue à accomplir.

Tom sourit et se retourne. Il a vu quelques-uns des souvenirs de Harry concernant le traitement administré par cet homme. C'est à la fois de la haine et de la stupidité –cracher des insultes à des élèves en plein dans le délicat processus de brasser des potions pourrait les faire sursauter ou trébucher ou lâcher des ingrédients indésirables dans les chaudrons– et Tom aime à punir les deux.

Au moins quand la haine est dirigée vers Harry.

Snape lève immédiatement les yeux lorsque Tom pivote, et le regarde fixement. Sa main resserre son emprise sur la plume et la dissertation qu'il corrigeait. Tom lui sourit et déclare doucement :

- ÇÇÇÇÇa fait longtemps, Severusssss, n'est-ccccce pas ?

Il n'a jamais connu cet homme, mais ce que Harry sait de lui, et ce que Dumbledore a raconté à Harry des activités de Voldemort, sera bien suffisant à Tom pour imiter son lui plus vieux.

Snape bouge sa main comme s'il allait se saisir de sa baguette. Mais Tom est plus rapide avec celle de Harry, leurs magies partagées, jumelées, pulsant et le remplissant avec une clarté stupéfiante. Cette puissance explique pourquoi il a été en mesure de posséder Alex Demarch le Serdaigle au lieu d'attendre que le livre l'envoûte, et il incante, doucement, souriant :

- Expellliarmus, Petrificus Totalus, Incarcerous.

Snape est statufié dans son siège, puis ligoté, fixant Tom, la mâchoire serrée tout du long. Tom avance calmement, secouant la tête lorsque les courtes jambes de Harry trébuchent. Une de ses premières priorités lorsqu'ils seront partis sera de nourrir Harry jusqu'à ce qu'il ait la taille normale d'un enfant de douze ans.

- Je ssssssais que tu as hâte d'avoir une chanccccce de me ssssservir, reprend Tom en exagérant les consonnes sifflantes pour l'effet.

Harry a vu quelques-uns des souvenirs de Dumbledore concernant Voldemort dans une Pensive. En une seconde, le scalpel est dans sa main.

Le rituel trouvé par son lui plus vieux avait plusieurs différences avec celui-ci. D'un, le serviteur était supposé être le volontaire, et la potion nécessitait le sacrifice de tout un membre. Mais Tom avait procédé à plusieurs modifications, et il n'a pas besoin d'hésiter alors qu'il pratique délicatement des incisions autour de la Marque Noire sur le bras de Snape, découpant la tête du serpent.

Lorsqu'il a fini, il recule, lève les yeux, et est obligé d'éclater de rire. L'expression sur le visage de Snape est coincée quelque part entre la haine, l'horreur et la colère. Tom suspecte que c'est en partie dû au fait qu'il ne sait pas vraiment qui est en face de lui, Harry Potter ou le Seigneur des Ténèbres.

- Profite bien de ton mal de crâne, Severussss, nargue Tom en faisant traîner le dernier –s juste parce qu'il le peut, avant de lancer un autre sort, se concentrant sur le souvenir fabriqué d'un accident de potions à implanter dans la tête de Snape pour expliquer la blessure sur son bras. Oubliettes !

88888888

Et encore une modification. Celle-ci permettra d'éviter que la potion ne tourne mal et me transforme en monstre, Harry.

88888888

Harry se relève en position assise dans son lit. Midi est passé depuis longtemps, et il sait que les autres garçons de Gryffondor sont endormis. La magie de Tom s'agite derrière sa cicatrice, le soutenant et le berçant.

Mais il a quand même peur. C'est l'étape la plus importante de la potion. S'ils ne la réussissent pas correctement –si lui ne la réussit pas correctement– alors ils auraient fait tout ça pour rien et Tom ne pourrait pas être libre.

Ça marchera, Harry. Je crois en toi.

La chaleur de Tom l'enlace comme un harnais autour de son torse. Harry est obligé de sourire lorsqu'il le sent. Il laisse le sourire s'envoler en même temps que son appel :

- Fumseck !

Le phénix apparaît dans le douillet espace clos avant même qu'il n'ait fini de parler. Harry tend la main et plonge ses doigts dans le plumage rouge et or iridescent, soupirant lorsque Fumseck lance un trille et donne un coup de tête contre sa main. L'oiseau l'a toujours apprécié, ce que Harry trouvait un peu étrange, parce que les phénix ne sont pas censés apprécier les choses impures.

D'un autre côté, ce se montrera utile à cet instant. Seulement si Fumseck fait ce que lui demande Harry. Lequel déglutit et pose sa question :

- Fumseck, est-ce que je peux avoir quelques-unes de tes larmes ?

Le phénix s'immobilise aussitôt, et sa lueur semble diminuer. Il lève ses yeux brillant vers le garçon. Harry sait ce qu'il lui demande même s'il ne parle pas vraiment le langage de l'oiseau. Pourquoi est-ce que tu les veux ?

Le mensonge qu'il a utilisé ave Dumbledore ne fonctionnera pas ici.

- J'ai trouvé un moyen de quitter l'école pour toujours, explique-t-il. Et emporter l'Horcruxe avec moi pour toujours.

Fumseck pose une serre écarlate sur le genou de Harry, qui déglutit et ajoute :

- J'ai trouvé un autre Horcruxe. Nous allons lui rendre un corps. Et ensuite nous partirons ensemble. Nous n'essayerons pas de faire revenir Voldemort à la vie. Je te le jure, Fumseck, nous n'essayerons pas. C'est Tom, pas Voldemort. Il... il m'aime. Il est le seul qui m'aime, juste moi. J'ai besoin de ça.

Il se tait, parce qu'il en a déjà dit bien plus que ce qu'il en avait l'intention. Mais le phénix continue de l'observer, drapé dans ses couleurs de feu, et le garçon est obligé de murmure :

- Dumbledore ne m'aime pas. Il veut que je meure.

Et devant lui, des larmes se forment lentement dans les yeux de Fumseck et commencent à glisser le long de ses joues. Harry avait préparé les fioles, une pour chaque côté, et il récupère les larmes. Le phénix se tient là, silencieux, sur la couverture, et pleure pour lui, et Harry ne peut s'empêcher de tendre l main de gratouiller l'oiseau sur la tête lorsqu'il a fini.

- Tout va bien se passer, Fumseck. Je te le promets, tout va bien se passer.

Comment Dumbledore peut-il douter de ta pureté, alors que réconfortes même l'animal de compagnie de ton ennemi comme ça ?

Apparemment, Fumseck est d'accord. Il volette jusque sur l'épaule de Harry et frotte sa tête contre la nuque du garçon. Puis il ouvre ses ailes et disparaît dans un éclat de flammes accompagné de quelques notes mélancoliques.

Harry reste assis en silence pendant un moment avant de se secouer et descendre dans les toilettes des filles du second étage, où ils vont pouvoir commencer à brasser la potion.

88888888

Le brassage s'avère spectaculairement facile, même si Tom reste derrière la cicatrice de Harry et dirige le processus plutôt que d'interférer lui-même. Harry n'est pas un génie en Potions, mais il se débrouille bien mieux sans insultes grognées dans son oreille et la peur d'avoir l'air stupide devant les Serpentards. Tom observe la potion progresser avec un sourire.

Harry hésite avec les fioles de larmes de phénix.

- Avant ou après que je ne jette le journal dans la potion ? chuchote-t-il, même si Tom le lui a déjà dit plusieurs fois avant.

- Une fiole avant, une après, répond Tom et il fait gentiment vibrer sa magie autour du sternum de Harry lorsque celui-ci hésite encore. Tout va bien se passer, Harry. Tu iras bien. Je le promets.

Harry cligne des yeux, agrippe les fioles et hoche la tête.

- C'est juste... la chose la plus importante que j'ai jamais faite, murmure-t-il, avant de verser le contenu d'une fiole dans la potion.

Tom observe attentivement lorsque la potion, dont la surface bouillonnait, devient abruptement calme et s'étale en une surface d'argent brillant. Il lève les sourcils –enfin, il donne à Harry la sensation de hausser ses sourcils– et hoche intérieurement la tête vers lui.

Tout se déroule comme prévu.

Harry ramasse le journal et le tient pendant une seconde, caressant la couverture. Tom est devenu si intimement lié, ou fusionné, avec Harry, qu'il ne sent rien. Cependant, il comprend que cela soit important pour le garçon, simple enveloppe pour son essence ou pas. Par conséquent, il attend patiemment, et Harry se penche enfin en avant et jette le livre dans le chaudron.

La surface d'argent se referme dessus et l'englobe. Pendant un instant, Tom peut le voir tressauter près de la surface, puis il disparaît. Il inspire une dernière fois, et articule ce qui sonnerait comme un chuchotement même à ses oreilles : Maintenant, la deuxième fiole de larmes de phénix, Harry.

Harry hoche la tête et les verse d'une main stable. La dernière larme s'accroche au bord du contenant, comme si elle répugnait à y aller, mais Harry secoue la fiole une fois de plus, et elle tombe.

Alors arrive l'étape la plus difficile, ou du moins, celle à propos de laquelle Tom est le moins sûr. Précautionneusement, il décroche ses griffes mentales et magiques de Harry. Je te rejoins dans quelques minutes.

Comment est-ce que tu le sais ?

Je le sais, c'est tout. Tom imagine une main glissant gentiment sur la nuque du garçon, comme lorsqu'il l'a embrassé. Je promets que je reviendrai vers toi.

Harry soupire et le relâche. Tom est content. Sans cette permission, il doute qu'il aurait suffisamment pu lâcher prise pour plonger.

Mais il a lâché prise, et Harry aussi, et c'est fait, et Tom envoie son esprit et sa magie dans le chaudron.

88888888

Harry recule d'un pas lorsque la potion commence à bouillonner plus violemment qu'auparavant. Bien qu'il essaye de s'en souvenir, il ne sait pas si Tom lui a dit que c'est ce que la potion ferait. Il plante ses doigts dans ses paumes et essaye de ne pas trembler.

La potion continue de faire des bulles, puis une autre bulle s'élève et grandit et grandit, dansant sur la surface. Harry est obligé de lever une main pour protéger ses yeux alors qu'elle commence à briller. La lueur est argentée, comme le reste de la potion, comme les larmes de phénix, mais elle a un cœur doré qui le met mal à l'aise.

- N'aie pas peur, Harry. Je suis avec toi.

La lueur dorée parle. La bulle s'étend sur la surface de la potion, et éclate soudainement. Puis Harry peut le voir, Tom est accroupi sur le rebord du chaudron, sautant brusquement au sol. Il a exactement la même apparence que dans ses rêves, lorsqu'ils se retrouvent dans le dortoir de Gryffondor, même s'il ne porte pas les robes de Serpentard.

Mais en mieux, parce qu'il est réel.

Harry se précipite en avant. Tom bascule un peu en arrière et attrape le garçon dans ses bras en riant. Il est nu. Harry se reprend à rougir à cause de cela, mais il s'en fiche, parce que leurs peaux se touchent, et...

Les sensations étranges ont redoublé, ondulant, cabriolant entre eux comme un étendard de flammes. Harry halète, Tom halète dans son oreille, puis Tom le tient si près de lui qu'il peut presque sentir des cloques se former sur sa peau à cause de la chaleur.

- Je ne serais jamais parti sans toi, déclare Tom d'une voix profonde et d'une possessivité sans relâche.

Harry ferme les yeux et savoure ces sensations pendant un long moment. Puis il tend la main pour prendre les robes qu'il a apportées afin que Tom les mette à la bonne taille, sans le relâcher.

88888888

Le plan de Tom pour faire croire à Dumbledore que Harry est mort est, dans son essence, simple.

Il a déjà pris la paire de robes aux couleurs de Gryffondor que Harry ne portera plus jamais, puis c'est juste l'histoire d'une balade dans la Chambre des Secrets pour convaincre Sanas, le basilic, de les poignarder de ses crocs. Quelques trous déchirés seront du plus beau réalisme, de l'avis de Tom. Si Harry avait été dévoré par le serpent, cela aurait probablement été après percé de ses crocs. En fait, le venin de basilic pourrait bien être une des rares choses capables de blesser un Horcruxe, et Sanas a toujours préféré le goût d'une proie empoisonnée plutôt que tuée par son regard. Tom a déjà fait écrire une note à Harry sur les basilics et la probable position de l'entrée de la Chambre des Secrets dans les toilettes des filles du second étage, note qui sera laissée dans un endroit stratégique mais pas trop évident. Les robes en elles-mêmes, Tom les place devant l'entrée de la Chambre des Secrets, puis peint son dernier message en tant qu'Héritier de Serpentard sur le mur à l'extérieur des toilettes : LE SQUELETTE D'HARRY POTTER REPOSERA DANS LA CHAMBRE DES SECRETS POUR TOUJOURS.

Tom s'était demandé s'il devait s'inquiéter que Dumbledore découvre la possible capacité des basilics à détruire les Horcruxes, mais au bout du compte, il a écarté cette peur. D'une part, il ne sera pas facile pour Dumbledore d'entrer dans la Chambre pour récupérer du venin. D'autre part, il pensera que Harry est mort, et ne le recherchera donc pas.

Sans compter que, même si Ginny Weasley a suffisamment de souvenirs du temps passé avec Tom pour se confesser à Dumbledore, ce dernier partira à la recherche d'un journal. Ce que Tom n'est pas. Il ne le sera plus jamais. Il n'est même pas sûr d'être encore un Horcruxe.

Excepté pour la connexion naissante, florissante, avec Harry, la façon dont il le serre dans ses bras. Et que lui et Harry sont probablement les deux seuls Horcruxes qui peuvent aimer.

- C'est fait ? chuchote Harry lorsqu'il ressort de la Chambre.

- Oui, confirme Tom, avant de se pencher pour l'embrasser de nouveau, savourant la puissance de la connexion entre eux.

Le garçon rougit et recule, Tom le laisse faire avec un sourire. Tellement de choses peuvent attendre, maintenant. Et longtemps. Ils se pourraient bien qu'ils soient encore immortels, après tout.

- Tu as tout ce qu'il te faut ? demande Tom.

Harry hoche la tête et tapote la valise qu'il a traînée dans les toilettes plus tôt. Tom emprunte sa baguette et réduit son bagage pour lui. Il leur faudrait se procurer une nouvelle baguette pour lui, mais pour le moment, vu que celle de Harry fonctionne très bien pour lui, il n'y a pas d'urgence. Et elle ne porte pas la Trace, puisque Harry a passé la majorité de sa vie à Poudlard.

- Hedwige pourra voler et nous retrouver, pas vrai ? s'inquiète le garçon.

Tom sourit. Harry va vivre et faire un joli pied-de-nez à Dumbledore, son lui plus vieux, ses parents moldus, et tout le monde dans ce putain de monde qui ne se préoccupait pas de lui.

- Oui, répond le Serpentard. Maintenant, viens.

Il prend Harry par la main et l'entraîne dans les couloirs, jusqu'aux portes d'entrées qu'ils franchissent pour la dernière fois, jusqu'au point de Transplanage.

Harry regarde autour de lui alors qu'ils s'en vont, ses yeux teintés de tristesse en contemplant les escaliers mobiles et le chemin vers la Tour de Gryffondor, la hutte du gardien des clés, et la Forêt Interdite. A une époque, Tom ressentait la même chose à l'idée de quitter Poudlard. Cependant, c'était quand Poudlard était sa maison.

Maintenant, sa maison est là où est Harry.

Ils empruntent le chemin plongé dans les ténèbres menant à Pré-au-Lard, et Tom permet à Harry un dernier regard vers le château, debout, fier et silencieux dans le ciel nocturne. Tom lui-même observe le visage du garçon, qu'il entoure de ses bras lorsque ses lèvres commencent à trembler.

- Effrayé de ne pas avoir fait le bon choix ? s'enquiert Tom.

Il veille à ce que sa voix n'ait pas l'air vulnérable, mais ses entrailles sont nouées. Tout comme Harry, il veut être choisi par quelqu'un.

Harry soupire, comme s'il essayait de se débarrasser du poids du monde sur ses épaules. Puis il se retourne, croise le regard de Tom, et esquisse un petit sourire.

- Non, affirme-t-il. Je te veux. Et je veux vivre.

Je suis son choix. Tom attire Harry plus près de lui, fixe la destination dans son esprit...

Loin de mon moi plus vieux. Loin de Dumbledore. Loin de la guerre, là où il va vivre.

… et Transplane.

La nuit s'emplit d'étoiles derrière eux.

Fin.