Hello à tous :D Oui je sais, j'ai rien posté du tout en mars, mais j'ai eu une baisse de motivation suite à une engueulade avec une pote de la fac. Bref, je ne vais pas raconter ma vie inintéressante, je suis sûre que vous n'êtes pas là pour ça xD Merci à ceux qui se sont abonnés, à celle qui a laissé un commentaire (j'ai dû le traduire depuis le Russe, mais il m'a fait très plaisir ;) ). Pour fêter ma dernière semaine de cours avant le début de mes révisions (pourquoi ?) voici la deuxième partie tant attendue du chapitre 2 :D Bonne lecture à tous, et n'hésitez pas à laisser une petite reviews, ça me fait super plaisir et j'essaye toujours de répondre dans la mesure du possible ;)


Chapitre 2 : Cent pour cent des coups que vous ne tirez pas n'entrent pas

Article 7 :

Tu as le droit d'apprécier exactement UNE émission télé pour filles et UN film pour filles. Pas plus.

Haruhi rejoignit Kyouya quelques minutes plus tard. Il eut tout le loisir d'observer la guitare d'Haruhi pendant qu'elle s'installait. C'était un bel instrument, fait d'un bois clair pour la caisse et noir pour le manche. On pouvait même voir par endroit les fines décorations. Armée d'un médiator, Haruhi vérifiait que ses cordes étaient accordées. Combien cette guitare avait-elle pu coûter ? Assez cher, estimait Kyouya. Il se demanda comment Ranka avait fait pour payer ses instruments à Haruhi.

- Tu es prêt ?

Kyouya sortit de ses pensées et hocha la tête.

- Au fait, qu'est-ce qu'on est censé chanter ? s'enquit-il ?

- Tu verras, répondit mystérieusement Haruhi. Tu devrais deviner.

Et en effet, lorsque s'élevèrent les premières notes, Kyouya reconnut Just Give me a Reason de Pink. Les paroles lui revinrent avec une facilité déconcertante. Les dernières notes semblèrent suspendues un moment avant de lentement se disperser. Lorsqu'Haruhi posa sa guitare, une seule question était venue à l'esprit de Kyouya.

- Je croyais que tu ne savais pas chanter ?

Cette question provoqua un rire chez Haruhi, mais elle se reprit bien vite pour s'expliquer :

- En fait, c'est ce que j'ai toujours fait croire. Au conservatoire, tout ce que je voulais faire, c'était jouer de la musique. Mais on était obligé de chanter, et j'en ai eu marre d'avoir des compliments sur ma voix et qu'on me dise que je devais l'exploiter, parce que j'en avais pas envie. Au conservatoire, il n'y avait pas de note, par comme au collège. Alors j'ai fait exprès de chanter faux. J'avais des notes catastrophiques en chant, et mon prof m'a demandé plusieurs fois des explications. Il a fini par laisser tomber, et s'est contenté de mettre des appréciations assez tranchantes.

L'expression de Kyouya se fit pensive.

- J'ai l'impression que tout ce que je sais sur toi est faux, déclara-t-il.

- Tu apprendras, répliqua Haruhi. Tu sais, la plupart des gens qui me sont proches, y compris mon père, ne savent pas la moitié des choses que tu sais sur moi.

L'humeur de Kyouya s'allégea immédiatement et il se leva pour s'installer à côté d'Haruhi. Il déposa simplement un baiser sur ses lèvres avant de murmurer :

- Merci.

- De rien, répondit Haruhi, quelque peu surprise. Bon, c'est quoi le programme de la semaine prochaine ?

Haruhi se laissa aller contre Kyouya alors qu'il répondait à sa question.

Le mercredi arriva rapidement, trainant la fatigue des derniers jours derrière lui. Il avait fallu préparer la visite de Mori et Hani, en consacrant le lundi et le mardi après-midi à la distribution de tracts à travers toute l'école.

- Ce n'est pas une activité « club d'hôtes ». N'importe qui devrait savoir qu'il peut venir, et ce chaque mercredi, avait déclaré Kyouya.

Evidemment, il avait précisé que ça n'avait rien à voir avec l'argent tout en affichant un grand sourire hypocrite. Hikaru, Kaoru, Haruhi et Tamaki s'étaient donc vu incombés la lourde tâche d'arpenter toute l'école pendant que Kyouya s'occupait de la « logistique ».

La cloche sonna la fin des cours, et tous rangèrent leurs affaires dans un même mouvement. À peine levée, Haruhi se retrouva encadrée par Hikaru et Kaoru qui, une fois n'est pas coutume, semblaient impatients de rejoindre la salle de musique n°3. Ils la poussèrent presque jusqu'au club, et arrivèrent devant la porte en même temps que Kyouya et Tamaki. Comme les jumeaux, Tamaki semblait intenable, ou en tout cas plus intenable que d'ordinaire. Kyouya jeta un regard d'incompréhension aux trois autres garçons, avant de se tourner vers Haruhi, qui lui renvoya le même regard en retour. Tamaki les pressa pour entrer dans la salle. Pour la première fois, il semblait impatient de tout préparer avant l'arrivée des clientes et, pour la première fois, des clients. Kyouya et Tamaki étaient en train d'accrocher une banderole lorsque la porte s'ouvrit sur Hani et Mori. Tamaki lâcha immédiatement la banderole qui retomba avec fracas sur Kyouya, et se précipita sur ses deux amis.

- Hani-sempaï ! Mori-sempaï ! Vous m'avez tellement manqué !

Les jumeaux rejoignirent Tamaki tandis qu'Haruhi venait au secours de Kyouya qui grognait contre son meilleur ami. La banderole fut finalement accrochée pendant que le reste de leurs amis jacassait.

- Comment ça se passe pour vous deux ?

- Le droit est un peu difficile, mais c'est très amusant !

Le sourire innocent d'Hani n'avait rien de très rassurant, surtout lorsqu'on pensait qu'il avait gardé son éternel Usa-chan dans les bras. Mori posa sa main sur la tête d'Hani, qui calma aussitôt son trop plein d'énergie, et parla à son tour :

- L'économie est très intéressant.

Kyouya et Haruhi rejoignirent les autres membres du groupe. Hani les regarda d'un air sérieux, comme s'il cherchait à déceler quelque chose d'invisible. Cependant, cela ne dura qu'une seconde à peine, avant qu'Hani ne s'intéresse de nouveau à la conversation.

- On a amené des badges, des stylos et des carnets, comme tu voulais Kyouya, informa-t-il.

Un sourire carnassier fleurit sur les lèvres de l'intéressé, qui finit par les exhorter à se remettre au travail.

Lorsque les portes s'ouvrirent aux clients, une heure plus tard, la pièce avait été en grande partie dégagée, le thé et le café préparés, les prospectus mis à disposition et les hôtes tirés à quatre épingles. Hani et Mori étaient stratégiquement placés au centre, si bien que les élèves qui entrèrent se précipitèrent sur eux. Les autres furent accueillis par les membres restants du club d'hôtes, qui leurs proposèrent des boissons et des distractions. Kyouya resta étonnamment souriant tout l'après-midi, jusqu'à la fermeture du club. Les élèves avaient eu l'air satisfait en sortant, et lorsque le dernier fut parti, ils passèrent dans la salle de réunion, et s'installèrent à table. Kyouya sortit immédiatement une calculatrice alors que Hani leur racontait une anecdote :

- Il y a une semaine, avec Takashi on a revu une de nos anciennes clientes ! Elle avait l'air tellement contente de nous revoir. Elle est en économie, comme Takashi. Elle nous a raconté comment ça se passait pour elle. Elle n'arrêtait pas de regarder Takashi. Je lui ai dit qu'elle avait le béguin pour lui, mais il n'a pas voulu en entendre parler. (Cette remarque provoqua un rire dans le groupe. Ils reconnaissaient bien là leur ami). Mais le plus drôle, reprit Hani lorsque les rires se dissipèrent, c'est quand elle nous a demandé comment vous alliez. On lui a parlé des nouveautés de cette année, et les élèves autours de nous faisaient une tête d'ahuri quand on a commencé à parler de club d'hôtes ! J'ai même cru qu'ils iraient chercher la sécurité à un moment.

Un nouveau rire secoua le groupe tandis que Kyouya tapait frénétiquement ses calculs sur sa machine avant de tout reporter dans un cahier noir étiqueté « comptabilité ».

- La journée a été bonne ? s'enquit Tamaki auprès de son meilleur ami.

- Excellente, répondit celui-ci après avoir fini ses calculs. Ça vous dérange si on débriefe maintenant par contre ? Remettre la salle en état risque de prendre du temps.

Tous approuvèrent cette décision, et le débriefe commença.

- Il faudra prévoir un peu plus de temps la prochaine fois. Et du matériel aussi.

- Ce qui serait vraiment génial, ce serait d'accrocher un plan de l'université.

- Très bonne idée Kaoru, je le note pour la prochaine fois.

- Et si on prenait contact avec des étudiants d'autres sections ? Les élèves d'Ouran auront un éventail plus large capable de répondre à leurs questions.

- Dans ce cas il faudra prévoir plus de thé et de café. Rien qu'aujourd'hui on était presque à cours.

- Tu irais toute seule acheter du café instantané pour nous tous ? Quel dévouement !

- C'est pas vraiment comme si j'avais le choix. Et je le fais déjà de toute manière !

- Quoi Haruhi ? Tu veux dire que… ta vie avec nous ne te convient plus ?

- Ça suffit ! Cessez de harceler ma fille !

- Je ne suis pas ta fille !

- Rien n'a changé ici, hein Takashi ?

Cette remarque d'Hani stoppa immédiatement la dispute. Haruhi et Tamaki, qui s'étaient levés, se rassirent. Hikaru et Kaoru conservèrent leurs sourires moqueurs. Kyouya, lui, sembla vaguement étonné :

- Qu'est-ce que tu veux dire Hani-sempaï ? Est-ce que quelque chose aurait dû être différent ?

- Non, rien. J'ai juste l'impression d'être revenu en terminale, quand on était tous ensemble dans cette pièce, tous les jours.

Kyouya le regarda, un air suspicieux parfaitement visible, mais le sourire d'Hani était comme d'habitude : heureux et innocent. Il relança la discussion sur les choses à améliorer, et la réunion se termina rapidement après ça.

- Takashi et moi on va vous laisser, déclara Hani. On a pas mal de boulot pour la fac.

- Aucun problème, répondit Kyouya.

- À la prochaine ! les salua Tamaki.

- Sur ce, je vais vous laisser aussi, ajouta-t-il après leur départ. Mon père veut me parler de quelque chose, un truc en rapport avec l'entreprise et le temps perdu à rattraper.

- Bon courage, lui souhaita Haruhi.

- Et je te conseille d'écouter cette fois, pas comme la dernière fois !

Ce conseil, dans la bouche de Kyouya, sonnait comme une menace. Légèrement plus pâle que d'habitude, Tamaki acquiesça. Bientôt ne restèrent que les jumeaux, Haruhi et Kyouya.

- Bon. Comment on s'organise pour le rangement ?

Hikaru et Kaoru se regardèrent, embarrassés, avant de regarder Haruhi. C'est Hikaru qui prit la parole :

- On va aussi devoir partir Haruhi.

- On veut pas passer pour des lâcheurs, continua Kaoru. Notre mère veut nous emmener à un gala ce week-end, et elle veut nous préparer avant.

- Il parait qu'on doit se comporter comme notre nom nous le dicte et non comme nous le voulons.

- Je vais rester, intervint Kyouya.

Les trois autres le regardèrent, étonnés. Kyouya leur rendit leur regard.

- Quoi ? reprit-il. Je ne suis pas sans cœur. Je vais aider Haruhi à ranger la salle. En plus, elle doit être prête pour demain.

Hikaru et Kaoru se jetèrent un regard sceptique, avant de reporter leur attention sur Kyouya.

- Un problème ? les interrogea celui-ci.

- Aucun, dit Hikaru. On va y aller. Tu viens Kaoru ?

Les jumeaux saluèrent Haruhi et Kyouya. À peine la porte refermée, Haruhi se mit au travail, remettant les porcelaines sur les plateaux pour les ramener en cuisine. Kyouya, de son côté, remis les tables en place. Le silence s'installa alors qu'ils allaient et venaient dans la salle, chacun occupé à sa tâche. Lorsqu'Haruhi revint avec un seau d'eau et un balai à franges, Kyouya finissait de passer le balai. Elle poussa un soupir, puis engagea la conversation :

- Quelque chose ne va pas ?

Kyouya releva la tête, surpris par la question. Haruhi commença à toiler là où il avait balayé.

- Pourquoi cette question ? Tout va bien.

Haruhi le regarda, étonnée. Kyouya était à quelques pas d'elle, occupé à éliminer les derniers grains de poussière.

- Je te connais Kyouya. Peut-être pas aussi bien que je le voudrais, mais je te connais quand même. D'habitude, ça ne te dérange pas qu'on se comporte comme un couple au lycée, justement parce qu'on ne peut pas se voir autrement. Alors qu'est-ce qui se passe aujourd'hui ?

Le balai fut posé, et Kyouya regarda directement Haruhi. Il soupira à son tour. Son regard était sérieux lorsqu'il répondit :

- Le lycée est un endroit trop dangereux. On a déjà failli être vu plusieurs fois. En plus, j'ai l'impression d'être observé depuis quelques temps.

Il fit une pause, avant de baisser les yeux et d'ajouter :

- J'ai peur de ce que fera mon père lorsqu'il découvrira qu'on est ensemble.

Haruhi couvrit en quelques enjambées la distance qui les séparait er lui attrapa les mains.

- Je me fiche de ce que fera ton père. Je sais ce que je veux. Je t'aime, et je veux rester avec toi !

- Moi aussi, répondit Kyouya. J'ai une idée !

Son visage s'éclaira et il raffermit sa prise sur les mains d'Haruhi, avant de poser son front contre le sien.

- Puis-je t'inviter au cinéma ce samedi soir ?

Un rire s'éleva dans la pièce. L'ambiance était redevenue légère. L'insouciance avait repris sa place dans leurs esprits.

- En quel honneur ?

- On n'a pas encore fêté nos deux mois, ce serait une bonne occasion, et on pourrait passer la soirée seuls.

- Tout dépend de ce que tu appelles un cinéma. Ce n'est pas une salle privée chez toi, j'espère ?

- Non, la rassura Kyouya. Je n'en aurais aucune utilité.

Haruhi leva les yeux au ciel à cette phrase, et Kyouya continua :

- Mais je connais un cinéma qui rediffuse des films sortis il y a quelques années.

- Et tu as une idée de film ?

Haruhi releva la tête, plongeant son regard dans celui de Kyouya. Ses yeux brillaient de joie contenue. Il continuait cependant d'essayer de cacher son sourire heureux derrière un masque de neutralité et un sourire en coin.

- Absolument aucune, répondit-il. Je pensais choisir le film directement sur place.

Haruhi lâcha une de ses mains et la passa au coin des lèvres de Kyouya.

- Tu sais que tu n'as pas besoin de te cacher avec moi. Si tu es heureux, tu peux me le montrer.

Kyouya attrapa la main d'Haruhi et porta ses jointures à ses lèvres. Il semblait décidé à garder le silence.

- Et comment on va y aller, à ton cinéma ?

Pour l'instant, changer de sujet lui semblait le meilleur choix. Haruhi savait que Kyouya ne lui parlerait que quand il l'aurait décidé.

- Tachibana me conduira jusque chez toi, puis il nous emmènera là-bas.

Haruhi fronça les sourcils.

- Tu n'as pas peur qu'il y ait une fuite ?

Le regard de Kyouya changea radicalement, le froid effaçant soudainement la joie auparavant présente.

- Je confierais ma vie à Tachibana s'il le fallait.

Le silence retomba après cette phrase. Les yeux de Kyouya se réchauffèrent peu à peu, sa main gauche se glissa jusqu'à la taille d'Haruhi alors qu'il tenait toujours son autre main.

- Tu as prévu une valse ? plaisanta Haruhi.

- Chut, répondit simplement Kyouya. Fermes les yeux.

Haruhi secoua la tête, désabusée, et s'exécuta. La prise de Kyouya sur sa taille se raffermit imperceptiblement. Juste après, ses lèvres touchèrent celles d'Haruhi, et sa langue demanda poliment l'entrée de sa bouche. Leur baiser fut long, doux. Ils finirent par se séparer. Chacun d'eux sentait que les problèmes s'amenuisaient, et que tout serait bientôt plus simple.

La journée du samedi arriva à la fois très rapidement et horriblement lentement. Debout devant son placard, Haruhi s'interrogeait, fait assez rare pour être noté. Que conviendrait-il de porter ? Que devait-elle mettre ? Qu'est-ce qui serait le plus susceptible de plaire à Kyouya ? Poussant un soupir, elle se laissa tomber sur son futon, attendant qu'une idée géniale lui vienne. Une heure défila, sans qu'elle ne soit plus avancée pour autant. Son cœur battait la chamade, faisant courir le stress dans ses veines. C'était totalement ridicule ! Elle était déjà sortie avec Kyouya. Seulement, la dernière fois, c'était un parc en pleine journée. Aujourd'hui, ce serait un cinéma, le soir. Enervée, Haruhi grogna. Ça ne lui ressemblait pas de se prendre la tête pour de simples vêtements ! Elle se releva d'un mouvement vit et rouvrit les portes de son placard, dans lequel elle piocha un jean, un tee-shirt rayé noir et blanc, et un gilet noir doublé à capuche, sur laquelle figuraient des oreilles de chat. Elle sortit également une écharpe magenta et large et des mitaines assorties. Non, elle ne s'était pas cassé la tête à trouver cette tenue. Tout ce qu'elle espérait à présent, c'était que Kyouya ne lui sorte pas une réplique toute faite d'hôte comme il en avait l'habitude.

- Tu es magnifique, commenta Kyouya lorsqu'Haruhi ouvrit la porte.

Immédiatement, Haruhi croisa les bras et fronça les sourcils. Elle se détourna pour enfiler ses bottes, sans aucune réponse.

- Qu'est-ce qu'il y a ? s'inquiéta Kyouya. Il avait parfois du mal à comprendre les réactions d'Haruhi, et une parole anodine pouvait provoquer une mauvaise humeur soudaine.

- Il n'y a rien, répondit-elle. Une fois ses chaussures mises, elle se tourna vers Kyouya. On y va ?

Ce fut au tour de Kyouya de croiser les bras et de froncer les sourcils.

- Pas avant que tu m'aies répondu.

Haruhi poussa un soupir résigné. Elle savait parfaitement qu'elle avait perdu d'avance, et qu'elle ne s'en sortirait pas sans répondre. Ses épaules s'affaissèrent légèrement et elle détourna les yeux, une rougeur imperceptible se dessinant sur ses pommettes.

- C'est juste que… j'avais espéré que tu ne me dises pas une phrase « d'hôte » en me voyant, et c'est ce que tu as fait.

Kyouya attrapa les mains d'Haruhi et entrelaça leurs doigts. Il avança d'un pas, rapprochant leurs deux corps, et se pencha pour murmurer à son oreille :

- Est-ce qu'un hôte ferait ça ?

Et il déposa délicatement un baiser sur ses lèvres, s'éloignant lorsqu'Haruhi chercha à le rapprocher.

- Bon, d'accord, un hôte ne ferait pas ça, répondit Haruhi en gloussant.

- J'ai dit que je te trouvais magnifique, et je le pensais. On y va maintenant ? On va être en retard.

Haruhi lui tira la langue pour toute réponse, songeant à quel point il était hypocrite.

Tachibana avait souhaité le bonsoir à Haruhi, mais n'avait fait aucune remarque le temps du trajet, alors qu'Haruhi tentait de connaître l'emplacement exact du cinéma et que Kyouya s'obstinait à changer de sujet. Lorsque la voiture s'immobilisa, Kyouya attrapa la main d'Haruhi et l'entraîna à sa suite. Haruhi bloqua en voyant le cinéma. Elle s'était attendue à un bâtiment immense, mais il s'agissait en fait d'un petit cinéma.

- Ça te plaît ? interrogea Kyouya.

- Beaucoup, répondit Haruhi, un sourire heureux aux lèvres.

Kyouya reprit sa marche, et Haruhi resserra sa main sur celle de Kyouya. Ils entrèrent dans le cinéma et se dirigèrent vers le panneau d'affichage. Des dizaines de films étaient annoncés, mais une seule affiche retint l'attention d'Haruhi.

- Qu'est-ce que tu penses de celui-là ?

Kyouya se plongea dans une profonde réflexion, un bras croisé sur sa poitrine et son autre main tenant son menton.

- Pourquoi pas, finit-il par répondre.

- Alors dépêches-toi ! Il commence dans cinq minutes !

Ils achetèrent leurs places en un temps record, avant de courir jusqu'à la salle indiquée par le vendeur. Ils s'assirent alors que commençaient les bandes annonces. Ils ne se lâchèrent pas une seule fois la main.

- Alors, qu'est-ce que tu en as pensé ? demanda Kyouya lorsqu'ils sortirent dans le hall.

- J'ai beaucoup aimé, répondit Haruhi en réajustant son gilet.

L'air froid du soir les frappa à l'ouverture de la porte. Les cheveux d'Haruhi volèrent autour de sa tête, et elle resserra son écharpe et passa ses mitaines.

- Et toi ? demanda-t-elle face au silence de Kyouya. Le froid avait rendu ses joues roses et le vent ébouriffé ses cheveux. Après avoir réfléchit quelques secondes, Kyouya répondit, tandis qu'ils avançaient main dans la main :

- Le sujet était très original. Je pensais que ce serait une banale comédie romantique, je ne m'attendais pas à ce qu'ils montrent vraiment ce qu'est l'amour, ou l'image qu'on s'en fait. Le choix des plans était d'ailleurs très parlant. C'était très judicieux de montrer deux actions simultanées sur le même plan, ou la différence entre les attentes et la réalité. La morale sur le changement et l'espoir est aussi très bien amenée, sans doute par le choix de ne pas raconter dans l'ordre chronologique et de revenir sur les détails de certains plans. Et la bande originale était très agréable.

Haruhi s'était arrêtée à la moitié de sa tirade et le regardait, étonnée.

- Me dit pas que tu as passé le film à l'analyser ?

Kyouya haussa les épaules et détourna le regard.

- Quand ça fait partie de ton éducation, ça devient automatique, se justifia-t-il.

Haruhi se rapprocha et attrapa le blouson de Kyouya, jouant avec comme si elle voulait l'ajuster.

- D'accord, soupira-t-elle en levant les yeux vers lui. Je m'excuse. Mais je voulais savoir si ça t'avait plu, pas connaître la qualité de la réalisation.

Elle accompagna sa déclaration d'un sourire avenant. Kyouya attrapa les mains d'Haruhi quand elle tenta de les glisser sous son blouson pour le faire réagir. Il pinça imperceptiblement les lèvres avant de répondre :

- Il était assez drôle.

- Parfait ! répondit Haruhi, un sourire heureux aux lèvres. Si tu t'es amusé, c'est tout ce qui compte.

Elle se dressa alors sur la pointe des pieds, prenant appuie sur un de ses bras, et déposa un baiser sur les lèvres de Kyouya. Il attrapa immédiatement ses hanches et la rapprocha, approfondissant le baiser. Ils finirent par se séparer, restant pour autant dans les bras l'un de l'autre.

- Quand est-ce que Tachibana vient nous rechercher ? interrogea Haruhi en se blottissant dans les bras de Kyouya. Elle adorait cette sensation d'être contre quelqu'un plus grand et plus fort qu'elle. Cela lui donnait le sentiment d'être protégée, peu importe ce qu'il pouvait arriver.

- Il n'a pas besoin de venir, il nous a attendu.

Haruhi s'écarta juste assez pour lever les yeux, mais Kyouya semblait sérieux. Elle ne cesserait jamais d'être étonnée, et ne se ferait jamais aux manières des riches.

- Mais qu'est-ce qu'il a fait alors ? Il t'attend à chaque fois qu'il t'emmène quelque part ?

- Oui, il m'attend à chaque fois, et non, je ne sais pas comment il s'occupe pendant ce temps.

Haruhi se renfrogna, vexée. Kyouya déposa alors un rapide baiser sur ses lèvres et attrapa sa main.

- On rentre ? proposa-t-il.

Haruhi hocha la tête.

Le chemin de retour se passa presque trop vite pour Haruhi. Elle s'était blottie contre Kyouya, prétextant qu'elle avait froid, et rougissant lorsqu'il lui faisait une remarque. C'était une belle soirée, et on voyait les étoiles à travers le toit de la limousine. Haruhi aurait préféré une voiture plus discrète -elle connaissait ses voisines- mais elle ferait avec. Après tout, si elle avait choisi Kyouya, c'était bien parce qu'il était lui, et elle n'allait pas essayer de changer ça.

Elle avait dû s'assoupir, car elle sentit une légère secousse et Kyouya qui appelait son prénom. Quand elle ouvrit les yeux, ils étaient arrivés. Haruhi s'étira et bailla. Du coin de l'œil, elle remarqua le sourire tendre de Kyouya.

- Quoi ? questionna-t-elle.

- Rien, répondit Kyouya en secouant la tête. Son sourire était devenu moqueur. On eut dit qu'il connaissait un secret dont il ne voulait rien dire. Je te raccompagne ? dit-il enfin en désignant la portière, derrière Haruhi.

Aussitôt, la portière s'ouvrit. Tachibana était-il donc coordonné avec Kyouya, ou avait-il lui aussi perçu l'intonation de sa voix ? Haruhi n'aimait pas particulièrement qu'on ne lui laisse pas le choix, mais comme ils étaient en rendez-vous, elle laissa couler. Si ça pouvait lui faire plaisir. Elle se déplaça donc sur la banquette, laissant son corps glisser hors de la voiture. Elle remercia Tachibana. Kyouya se contenta d'un mouvement de tête, et le garde du corps s'appuya contre la voiture, prêt à intervenir si besoin. Alors qu'Haruhi marchait vers son appartement, elle sentit Kyouya glisser sa main dans le bas de ses reins.

- Je peux marcher toute seule, s'offusqua-t-elle.

- Je sais, répondit-il simplement avec un sourire.

Il n'obtint pas de réponse. Haruhi se contenta de continuer à marcher. Ils atteignirent finalement son palier, et Haruhi se tourna pour faire face à Kyouya.

- Merci pour cette soirée. C'était super.

- De rien, répondit Kyouya.

Haruhi remarqua immédiatement la gêne qui se dégageait de lui. Kyouya ne la regardait pas, dissimulant ses yeux derrière les verres de ses lunettes. Elle attrapa sa main, l'obligeant à tourner les yeux vers elle.

- Qu'est-ce qu'il y a ? demanda-t-elle finalement.

Plus que la question, ce fut le ton bienveillant et le regard doux d'Haruhi qui le décidèrent à répondre.

- Je ne sais pas trop comment te demander ça, hésita-t-il.

Sa main fut secouée légèrement, et il plongea ses yeux dans le regard curieux d'Haruhi. Expirant, il se détendit, et se traita mentalement d'idiot, avant de s'obliger à reprendre le contrôle de ses émotions. Lorsqu'il fut totalement sûr de sa voix, il reprit, plus assuré :

- Si tu n'y vois pas d'inconvénient, j'aimerais dire à ma sœur que nous sortons ensemble.

Haruhi fronça les sourcils. Elle n'aimait pas le ton assuré, presque détaché, qu'il avait utilisé. C'était toujours celui qu'il prenait quand il dissimulait quelque chose. De même, la formule qu'il avait utilisée la contrariait, pour les mêmes raisons. Elle retira sa main, un peu plus violemment que ce qu'elle avait prévu, et croisa les bras sur sa poitrine.

- Je t'ai déjà dit de ne pas faire ça ! l'accusa-t-elle. Je déteste que tu prennes ce ton détaché, surtout pour parler de notre couple ! Si tu veux me demander quelque chose, explique-moi tout, plutôt que de tout cacher !

Kyouya se sentit immédiatement coupable, et cela dû se voir car Haruhi soupira, la colère disparaissant de son visage comme elle était venue.

- C'est juste que…, s'expliqua-t-elle, j'ai besoin de savoir que je peux te faire confiance Kyouya. Pour tout.

Kyouya soupira, plaquant sa main sur son visage.

- Désolé, marmonna-t-il en remontant ses lunettes. Excuse-moi. C'est un peu compliqué à expliquer pour le moment. Depuis toujours, c'est ma sœur qui s'est occupé de moi, un peu comme une maman. C'est pour ça que c'est important pour moi.

Haruhi l'enlaça immédiatement, et Kyouya lui rendit son étreinte. Certes, se livrer lui demandait un effort énorme de son point de vue, mais s'il avait droit à une récompense, il pourrait faire l'effort. Lorsqu'il baissa les yeux, il vit qu'Haruhi le regardait, un sourire éclatant aux lèvres.

- Il fallait le dire tout de suite ! Evidemment que tu peux dans ce cas ! Et pour ton enfance, j'ai tout le temps d'attendre avant que tu m'en parles.

Kyouya sourit à son tour. Il fit descendre ses mains jusqu'aux hanches d'Haruhi en se penchant pour l'embrasser. Leurs langues se trouvèrent aussitôt. Kyouya sentit les mains d'Haruhi s'accrocher à ses cheveux comme pour le retenir et elle gloussa. Kyouya pouvait jurer qu'il l'avait senti glousser dans leur baiser. Raffermissant sa prise sur ses hanches, il grogna et la poussa contre la porte. Leur baiser devint plus vorace, jusqu'à ce qu'Haruhi décide de rompre leur échange. Ses joues étaient rouges et ses lèvres gonflées par le baiser, ce dont Kyouya se sentit très satisfait.

- J'ai plus qu'à te souhaiter bonne nuit, déclara finalement Haruhi.

Elle posa un chaste baiser sur ses lèvres.

- Bonne nuit, répondit Kyouya.

Après un dernier au-revoir, Haruhi disparut à l'intérieur de son appartement, et Kyouya retourna à la voiture.

Kyouya frappa, attendant l'approbation de l'occupant pour entrer. Il attendit une bonne minute avant d'obtenir l'autorisation d'entrer.

- Oh ! C'est toi Kyouya ! Qu'est-ce que tu veux ?

- J'aimerais te parler Fuyumi. Ça te dirait d'aller faire un tour ?

Fuyumi acquiesça, et suivit Kyouya jusqu'à la voiture où les attendait Tachibana.

- Roulez, se contenta d'ordonner Kyouya.

Lorsqu'il jugea qu'ils s'étaient assez éloignés de la maison, il se tourna vers sa sœur.

- Depuis quand tu as peur de ce que tu pourrais dire à la maison ?

Le visage de Kyouya resta très sérieux lorsqu'il répondit :

- Depuis que ce que je pourrais dire risque de briser ce que je m'efforce de construire.

Fuyumi le regarda, étonnée.

- Qu'est-ce que tu veux dire par là ?

Le silence prit place entre eux alors qu'ils se regardaient. Puis Kyouya soupira, rassembla ses idées, et commença :

- Tu te souviens de notre voyage au ski il y a deux mois ? (Fuyumi acquiesça) Tu m'as appelé juste après mon accident, et tu as remarqué comment je parlais d'Haruhi. Tu te souviens que je n'ai pas voulu t'en parler.

- Oui Kyouya, je me souviens de tout ça, mais je ne vois pas où tu veux en venir.

- Et bien en fait tu avais raison, il s'est bien passé quelque chose. Haruhi et moi… nous sommes en couple depuis deux mois.

Il n'y eut d'abord aucune réaction de Fuyumi, et Kyouya, qui avait détourné les yeux, dû tourner la tête pour s'assurer qu'elle était toujours là. Il attendit, et, au bout de cinq minutes qui semblèrent une éternité, elle se tourna vers son petit frère.

- Je suis très contente pour toi Kyouya, vraiment, mais… c'est juste… Tu as des sentiments pour elle, n'est-ce pas ?

- Evidemment ! cria presque Kyouya, indigné par la réaction de sa sœur.

- Excuse-moi, répondit-elle en levant les mains pour le calmer. Tu es parfois très semblable à notre père et j'ai cru, je ne sais pas.

- Je l'aime, affirma Kyouya, et c'est exactement pour ça que père ne doit pas savoir. Il ferait tout pour nous séparer.

- Et vous en avez parlé à vos autres amis ?

Kyouya sembla embarrassé. Ses joues étaient légèrement plus rouges qu'à l'accoutumée.

- Non, pas encore. Pour les raisons que je t'ai indiquées, nous ne voulons pas prendre le risque d'une fuite. Et puis c'est compliqué, je crois que Hikaru et Tamaki ont toujours le béguin pour Haruhi, même si elle ne les voit que comme des amis. Et puis nous voulons attendre. Pour l'instant, rien n'a changé au club, et on voudrait que ça continue le plus longtemps possible. Mais on leur dira parce que pour nous, notre relation est sérieuse.

- Vous en avez parlé ? s'étonna Fuyumi.

- Non, répondit Kyouya, les sourcils froncés, se demandant où sa sœur voulait en venir.

- Alors comment tu sais tout ça ?

Kyouya haussa les épaules.

- Je ne sais pas, avoua-t-il. Je le sais, c'est tout.

Fuyumi lui jeta un regard sceptique, puis finit par soupirer.

- Bon, je suppose que je dois juste te faire confiance pour l'instant.

Un simple mouvement de tête de la part de Kyouya signala son approbation et son remerciement. Il ordonna à Tachibana de reprendre la route jusque chez eux, et Fuyumi questionna Kyouya sur ses rendez-vous avec Haruhi.