Hello à tous, enfin à ceux qui restent. J'ai mis du temps à poster ce chapitre, mais il faut dire que j'ai pas été aidée. D'abord ce que j'appellerai une ex-amie, qui m'a clairement fait sentir illégitime dans ce que j'écrivais, et qui m'a provoqué un gros blocage. Enfin bref, je vous passe les détails. Ensuite, il y a tout juste un mois, c'est mon cheval qui a été euthanasié. On savait depuis quelques semaines que ça allait arriver, mais ça n'empêche que ça m'est tombé dessus comme ça, sans prévenir. Je sais même pas comment j'arrive à avancer. Comment on est supposé faire sans son meilleur ami ? Le chapitre 5 est totalement écrit, je dois simplement finir de le taper, et j'ai commencé la chronologie du chapitre 6. Je pense que je posterais la suite quand j'aurai bien avancé voire fini le chapitre 6. Ceux qui me connaissent de toute façon vous savez qu'il ne faut pas attendre après moi pour respecter des délais xD Voici donc finalement la première partie du chapitre 3. Merci à ceux qui sont encore là, bonne lecture et merci à tous ceux qui laissent une review :D Je n'ai pas corrigé ce chapitre ^^ Allez, j'arrête de blablater et je vous laisse avec le chapitre. Bonne lecture ;)
Chapitre 3 : Les blessures du passé sont douloureuses en cela qu'elles ne s'effaceront jamais
Article 81 :
Ce qui arrive entre Potes reste entre Potes, de la même façon que ce qui arrive à Vegas reste à Vegas.
Lorsque les clientes entrèrent dans la salle de musique numéro trois en ce premier juin, elles ne furent pas accueillies que par des pétales de roses. Des tableaux noirs et des pupitres en bois avaient été installés, et les cinq hôtes attendaient au centre de la pièce.
Ils portaient tous un costume trois pièce dont la cravate variait pour chaque. Violet pour Tamaki, elle devenait grise pour Kyouya ou encore marron pour Haruhi, et elle sublimait les costumes d'Hikaru et de Kaoru de deux teintes de vert différentes.
- Bienvenue à vous, princesses, entama Tamaki, fidèle à son habitude.
Rapidement, chaque hôte se retrouva entouré de plusieurs clientes, présentant un point de sa matière de prédilection et répondant aux questions des filles.
Kyouya était relativement tranquille : Aucune fille ne s'intéressait vraiment à la Physique, ce qui était d'ailleurs la raison pour laquelle Tamaki lui avait réservé cette matière. Il savait que Kyouya aimait être au calme, et pas entouré de dizaines de filles. Cette tranquillité lui laissa tout le temps d'observer Haruhi.
Ses clientes étaient massées autour d'elle, écoutant ses explications sur ce qui semblait être la vaccination. Des schémas avaient pris place sur le tableau noir. Les clientes buvaient ses paroles et semblaient comprendre chaque explication. Lorsqu'elle eut fini, ses clientes la remercièrent. Haruhi s'excusa finalement auprès d'elles et s'approcha de Kyouya.
- Qu'est-ce que c'est ? demanda-t-elle en pointant le tableau qui lui était attitré.
- Des équations chimiques, répondit Kyouya en se retournant.
Haruhi avait les sourcils froncés, et essayait de comprendre ce qu'elle voyait.
- Ça a l'air compliqué, commenta-t-elle.
- Pas vraiment. (Kyouya lui montra la première partie de l'équation) On commence par équilibrer les éléments chimiques qu'on ne trouve qu'une fois, puis on s'occupe des autres.
Elle sembla réfléchir à ce qu'il venait de dire, avant de se tourner totalement vers lui.
- Tu m'aiderais ? J'avoue être un peu larguée en Physique-Chimie en ce moment.
Kyouya lui offrit un sourire poli. Il sentait le regard de Tamaki lui brûler la nuque et du coin de l'œil il voyait la surveillance d'Hikaru. Il ne fallait pas leur donner l'impression que sa conversation avec Haruhi dépassait les convenances.
- Aucun problème, répondit-il. Quand veux-tu qu'on commence ?
- Ce soir serait parfait. C'est bon pour toi ?
Kyouya fit semblant de réfléchir, comme si elle lui avait posé une question extrêmement difficile. Il finit par reporter son attention sur sa petite-amie.
- Ça m'a l'air bien, je n'ai aucun autre projet.
- Super, alors à ce soir, j'ai hâte, souffla Haruhi avant de s'éloigner.
Décidément, le club d'hôte restait dangereux. Kyouya capta le regard interrogatif de Tamaki, mais lui fit signe qu'il n'y avait rien de grave. Puis des clientes arrivèrent, avec des questions, et chacun fut de nouveau occupé.
Quand la plupart des clientes furent parties, une demi-heure avant la fin du club, Tamaki en profita pour s'approcher de Kyouya.
- Qu'est-ce que tu me veux ? commença Kyouya, d'un ton clairement exaspéré, en effaçant son tableau.
- Pourquoi tu parlais à Haruhi ? enchaîna Tamaki.
-Techniquement, c'est plus elle qui me parlait.
Tamaki le foudroya du regard.
- Ne joue pas à ça avec moi Kyouya. De quoi vous parliez ?
- Ça ne te regarde pas Tamaki. C'est entre Haruhi et moi !
Le regard glacial de Kyouya fit reculer Tamaki. C'était la troisième fois qu'il voyait cet air aussi furieux, et la seconde qu'il en était la raison. Sans un mot, il regarda Kyouya s'éloigner et commencer à ranger. Tamaki se dirigea vers les clientes restantes.
La salle avait été nettoyée rapidement par les cinq hôtes, habitués à une certaine routine depuis la remise de diplôme d'Hani et de Mori. Ne restait plus que la vaisselle à faire, ce qui était la tâche assignée à Haruhi. Alors qu'elle commençait à peine, elle entendit la voix de Tamaki. Elle pensa immédiatement à un enfant capricieux.
- Pourquoi tu ne viens pas Kyouya ?
- Je te l'ai dit, Tamaki ! Je dois rester encore une heure pour faire les comptes !
- Mais tu ne veux pas faire ton cours de piano avec moi ?
- Tu sais bien que je ne prends plus de cours, et que je ne suis de toute façon pas à ton niveau.
- Quoi ! Mais je croyais que tu avais toujours un prof ?
- Non, j'ai laissé tomber. Je voulais plus de temps avec Pride.
Tamaki sembla soudain comprendre.
- D'accord, à demain alors.
Aucune réponse ne lui parvint, seule le son de la porte qui se fermait et des pas sur le sol. Les mains d'Haruhi étaient totalement plongées dans l'eau mousseuse quand elle en sentit deux autres se poser sur sa taille et un menton prendre appuie sur sa tête.
- Tu ne fais pas les comptes ? s'informa-t-elle.
- Déjà fait. J'ai dit ça pour faire partir Tamaki.
- Qui est Pride ? tenta Haruhi.
- Mon cheval. Tu le rencontreras peut-être, un jour.
Haruhi pouvait presque entendre le sourire de Kyouya à travers ses mots.
- J'aimerais beaucoup, répondit-elle.
Elle reprit sa vaisselle, Kyouya contre elle pendant tout ce temps, sans bouger, et se dit qu'elle pourrait très vite s'y habituer.
- Ton père est encore au travail ? se renseigna Kyouya en enlevant son manteau.
Il avait dû insister, mais finalement Haruhi avait accepté que Tachibana les conduise. Haruhi se dirigea vers la cuisine pour faire du thé en répondant :
- Oui, il ne rentrera que dans trois heures. Tu peux prendre des pantoufles si tu veux.
Kyouya s'exécuta. Étonnamment, les pantoufles étaient trop grandes pour lui. Il passa dans le salon. La bouilloire commençait à siffler, alors qu'il s'asseyait à table. Il sortit ses affaires, laissant Haruhi préparer le service à thé. Cinq minutes plus tard, ils étaient tous les deux à table, une tasse fumante de thé vert face à eux, et un exercice de chimie entre eux. Kyouya laissa d'abord Haruhi se débrouiller seule, puis il lui expliqua l'exercice étape par étape. Trois tasses de thé plus tard, elle avait enfin compris, et était capable de le refaire seule.
- Comment tu fais pour comprendre aussi facilement ? lui demanda-t-elle en posant sa joue sur son poing.
- Je me force, répondit Kyouya en appuyant un doigt sur le front d'Haruhi.
- Aïe, moi aussi ! Mais ça veut pas rentrer !
Elle frotta l'endroit où Kyouya l'avait touchée, et il étouffa un rire dans sa main.
- Bien sûr que si. Regarde, on a mis à peine une heure et tu as déjà tout compris.
- Avec toi c'est pas pareil, répliqua-t-elle. Tu expliques beaucoup mieux que mon prof !
Haruhi releva les yeux pour jauger la réaction de Kyouya. Il arborait un de ces sourires sincères qu'on ne voyait pas souvent chez lui.
- Je serais très honoré, commença-t-il en se retenant de rire, si vous acceptiez que je vous apporte mon aide chaque soir.
Haruhi éclata alors d'un rire franc. Kyouya la regarda sans comprendre pendant quelques secondes, le temps pour elle de se calmer.
- J'étais sûre que tu dirais ça !
Les yeux de Kyouya s'assombrirent, et pourtant son expression était toujours amusée. Il prit un ton menaçant.
- Haruhi Fujioka ! Aurais-tu, par hasard, tenté de me manipuler ?
- Et réussi ! répliqua-t-elle.
Alors qu'elle éclatait de nouveau de rire, la main de Kyouya ébouriffa ses cheveux, et son rire emplit la pièce. C'était un son clair, spontané, rappelant celui d'un enfant. Leur hilarité commune se prolongea cinq minutes, avant qu'ils ne réussissent enfin à se calmer. Haruhi soupira. Elle regarda Kyouya dans les yeux et prit la parole, empêchant le silence de s'installer :
- Racontes-moi quelque chose sur toi.
Kyouya réfléchit quelques secondes. La question l'avait désarçonné.
- Quelle genre de chose ?
- Quelque chose que tu n'as jamais raconté à personne.
Kyouya ferma les yeux, et Haruhi l'observa réfléchir. Ses sourcils étaient froncés et ses lèvres pincées. Il avait croisé ses bras sur sa poitrine, et un doigt impatient tapotait en rythme son avant-bras. Haruhi pouvait presque imaginer le défilement de ses souvenirs alors qu'il les analysait à une vitesse surprenante, essayant de déterminer sur lequel il allait s'arrêter. Enfin, il ouvrit les yeux. Le triomphe se lisait sur son visage.
- Je sais ! s'exclama-t-il. Celui-là, je ne l'ai jamais raconté.
Haruhi lui fit signe qu'elle l'écoutait, et il reprit :
- Je devais avoir huit ans. Il avait beaucoup neigé cet hiver-là. Je m'en souviens parce que la neige montait parfois jusqu'à mes genoux. Ma sœur m'avait emmené en voyage pendant les vacances. On logeait dans la chambre d'hôte d'un village. Je me souviens qu'il y avait un bois pas loin, avec un lac. Le lac était complétement gelé, alors j'ai convaincu ma sœur de m'y amener. Tout était prêt pour que les habitants patinent, alors on s'est fait prêter des patins. C'était la première fois de ma vie que je posais mes pieds sur de la glace. J'étais content, parce que j'avais regardé Bambi juste avant de venir, et que je pourrais faire comme lui. Alors j'ai dit à ma sœur de ne pas m'aider et je me suis débrouillé tout seul. Ça m'a pris au moins vingt minutes, mais j'ai réussi à tenir debout sur mes patins. Alors j'ai décidé d'essayer la vitesse. Ma sœur m'a crié de m'arrêter mais je suis allé de plus en plus vite. Et quand je suis arrivé à la moitié du lac, je me suis rendu compte que je ne savais ni tourner, ni m'arrêter. Alors j'ai continué ma course et j'ai fini dans un énorme tas de neige qui avait été poussé au bord du lac.
Alors Haruhi éclata de nouveau de rire, alors même qu'elle se retenait de le faire depuis la moitié du récit.
- Mais, remarqua-t-elle entre deux éclats de rire, c'est totalement Bambi !
- Je sais, répondit Kyouya, mais à l'époque je trouvais ça génial.
- Qu'est-ce qui s'est passé ensuite ?
- Je me suis fait disputer, j'ai fait semblant de pleurer, alors j'ai eu droit à un chocolat chaud, un bain et des cours de patinage.
Un hoquet choqué se fit entendre.
- Je ne pensais pas que tu serais déjà un si bon manipulateur aussi jeune, commenta Haruhi.
- J'ai toujours été un bon manipulateur, répondit Kyouya. Je me suis juste amélioré avec le temps.
Sa petite-amie secoua la tête, mi-amusée, mi-désespérée.
- A ton tour maintenant, reprit-il.
- Mon tour de quoi ?
- De me raconter quelque chose sur toi.
Haruhi déclina, mais Kyouya insista.
- Tu sais, j'ai pas eu une enfance très intéressante, c'était plutôt ordinaire.
- Comme pour moi. Allez, il doit bien y avoir quelque chose que tu peux me raconter et que je ne sais pas déjà ?
Haruhi le foudroya du regard, n'obtenant qu'un sourire satisfait en réponse. Un jour, elle brûlerait le dossier qu'il avait constitué sur elle ! Elle s'en faisait la promesse !
- D'accord, capitula-t-elle. Il y a bien quelque chose. Mais ça risque de ne pas être joyeux.
- Je t'écoute, répondit seulement Kyouya.
Alors Haruhi prit une inspiration et se lança :
- Tu sais que j'ai peur de l'orage ? (Kyouya acquiesça). J'avais sept ans, quand il y a eu un orage presque juste au-dessus de Tokyo.
- Oui, je m'en souviens, approuva Kyouya. Je crois que j'étais à l'école ce jour-là.
- Tout comme moi, reprit Haruhi. Le ciel s'est assombrit très rapidement, on se serait cru en pleine nuit. Je me suis totalement concentrée sur ce qui se passait dehors, à tel point que la maîtresse a dû me reprendre plusieurs fois. Quand les coups de tonnerre ont éclaté, je ne savais plus quoi faire. Comme je n'étais pas à la maison, je ne pouvais pas me cacher, alors j'ai commencé à pleurer, et j'ai fait une crise de panique. La maîtresse a dû appeler l'infirmière qui m'a emmené dans les toilettes, parce que c'était le seul endroit de l'école qui n'avait pas de fenêtres. J'ai dû y rester jusqu'à ce que mon père vienne me chercher. Le lendemain, quand je suis revenue à l'école, plus aucun enfant ne voulait jouer avec moi, à l'exception de ma meilleure amie. Tout le monde me prenait pour une fille bizarre. Je ne suis plus jamais retourné à l'école un jour d'orage après ça.
- C'est horrible, constata Kyouya.
- Mais c'est du passé. Aujourd'hui, je sais que j'ai des amis sur qui je peux compter, et qui ne me laisseront pas tomber.
Ils eurent un sourire entendu.
Kyouya partit avant que le père d'Haruhi ne rentre. Une routine s'installa ainsi pour le reste de la semaine. Les exercices se ressemblaient tous pour Kyouya, jusqu'à ce qu'Haruhi lance une phrase presque anodine.
- J'aimerais bien retourner à la plage, mais sans les clientes cette fois.
Kyouya releva la tête de sa correction. Il avait élevé la difficulté des exercices, ce qui posait un nombre important de problèmes à Haruhi.
- Tu ne crois pas qu'on doit s'occuper de tes notes en physiques-chimie avant ? demanda-t-il en désignant la feuille barbouillée de stylo rouge.
- Je sais, soupira-t-elle. Mais j'en ai marre de divertir les filles tous les jours. J'ai besoin d'un peu de temps loin de l'école où je peux seulement être moi. Tu vois ce que je veux dire ?
Kyouya acquiesça et corrigea encore deux erreurs avant de répondre :
- On a des vacances bientôt. Je vais m'arranger avec Tamaki, mais ce ne sera pas facile de le convaincre de partir sans les clientes.
- Tu penses quand même réussir ?
Un sourire carnassier légèrement effrayant s'épanouit sur les lèvres de Kyouya.
- Ça va de soi.
Haruhi eut un frisson de peur et un élan de compassion pour Tamaki la traversa. Elle se jura de ne jamais contrarier Kyouya.
Et, effectivement, quelques jours plus tard, Tamaki attira leur attention alors qu'ils se changeaient (Haruhi se trouvant dans la cabine d'essayage qu'ils n'avaient jamais enlevé) :
- Ça vous dirait de retourner à la plage ?
Tous se tournèrent vers lui avec un air étonné, sauf Kyouya qui continua de s'habiller. Haruhi écarta le rideau juste assez pour glisser un œil dehors. Personne ne sembla remarquer l'air désintéressé de Kyouya, mais elle le remercia en silence. Ce furent les jumeaux qui réagirent les premiers :
- Hors de question !
L'expression de Tamaki se décomposa tandis qu'Hikaru expliquait :
- On a vu ce que ça donnait la dernière fois. On n'a aucune envie que ça recommence.
- Et puis si c'est pour partir en vacances avec les clientes, enchaîna Kaoru, ce n'est pas la peine. Pour une fois, on voudrait plutôt se reposer.
Tamaki réfléchit quelques secondes.
- Oui, sans les clientes, ça me parait évident. Je n'avais pas prévus qu'elles soient du voyage. Maintenant ça vous dit ?
- Toujours pas !
Les jumeaux se désintéressèrent de la conversation et Tamaki se tourna vers Kyouya :
- Et toi qu'est-ce que tu en dis ?
- J'en dis que ça nous ferait du bien de nous reposer. Qu'en penses-tu Haruhi ?
Haruhi laissa retomber le rideau pour cacher ses joues roses. Elle ne savait pas comment Kyouya s'était pris, mais personne n'avait jamais pu penser que l'idée venait d'elle. Elle devrait penser à le remercier dans les formes. De sa voix la plus neutre possible, elle donna sa réponse :
- Ça me ferait très plaisir.
Elle entendit les jumeaux soupirer :
- Je crois qu'on n'a plus le choix dans ce cas, commenta Kaoru.
- Oui, ajouta Hikaru. En route pour la plage.
Puis ils s'entre-regardèrent, avant de se tourner vers Tamaki :
- Où est-ce qu'on va dormir ?
Tamaki leur jeta un regard malicieux. Il avait attendu cette question avec impatience, et c'est en prenant la pose qu'il répondit :
- Dans ma résidence secondaire bien sûr !
Kaoru et Hikaru se jetèrent un regard blasé, Kyouya et Haruhi finirent de se changer, et personne ne prêta attention au triomphe visible sur le visage de Tamaki. Blessé, il partit bouder dans son coin dans l'indifférence la plus totale.
Une semaine plus tard, la veille de leur départ, les bagages étaient prêts. Haruhi reçu un message de Kyouya. Ils passeraient la chercher vers huit heures le lendemain. Tamaki voulait qu'ils partagent une limousine et elle ne devait pas songer à protester. Hani et Mori s'étaient joins à eux, elle ne devrait donc pas s'inquiéter de les voir. Il espérait qu'elle ne manquerait de rien pendant le voyage et lui rappelait qu'elle pourrait toujours lui demander. Et enfin, elle lui manquait. Elle décida d'attendre de le voir pour lui répondre, s'amusant à imaginer comment il se sentait de ne pas recevoir de réponse. Son sourire heureux ne la quitta pas jusqu'à ce qu'elle s'endorme.
Haruhi eut la surprise, lorsqu'elle sortit de sa chambre le lendemain, de trouver son père assit devant son petit-déjeuner. Elle passa dans la cuisine en le saluant rapidement, et affronta son air grave lorsqu'elle s'attablât. Alors qu'elle entamait son propre petit-déjeuner, il parla :
- Haruhi, ne te méprend pas, je suis très heureux que tu partes en vacances avec tes amis, mais je n'aime pas te voir partir comme ça.
- Papa, s'il-te-plaît, ne commences pas !
- Je sais bien, repris son père. Seulement… j'ai un mauvais pressentiment. Ça te dérangerait que je discute avec tes amis ?
- Oui ! répondit aussitôt Haruhi. Ça me dérangerait beaucoup. On va avoir de la route, je ne veux pas que tu les ennuis avec ça. Maintenant, je dois me préparer.
- Haruhi, n'en parles pas comme si ce n'était rien ! Ils ont le droit de le savoir !
Haruhi se tourna vers Ranka, et il vit la colère briller dans ses yeux.
- Si je dois leur en parler, je déciderais de le faire. Rien ne va se passer papa ! Ça ne va pas se reproduire ! J'ai beaucoup trop travaillé pour que ça se reproduise !
Avant que son père ne puisse la rattraper, Haruhi s'enferma dans la salle de bain. Lorsqu'elle en sortit, une demi-heure plus tard, son père avait quitté la maison en prenant ses clés. Elle eut à peine le temps de boucler sa valise et de l'amener dans le couloir que la sonnette retentit. Haruhi s'attendait à trouver l'entièreté du club d'hôtes devant sa porte mais, étonnamment, seul Kyouya était là.
- J'ai convaincu les autres de rester dans la voiture pendant que je t'aidais, expliqua-t-il en entrant.
Haruhi ferma la porte sans répondre. Imaginer la tête de Tamaki, qui devait sans doute épier à la vitre, était très divertissant. Elle se dirigea vers sa valise. Alors qu'elle arrivait à son niveau, Kyouya attrapa son bras et tira juste assez pour la plaquer contre lui. Haruhi releva la tête pendant que les mains de Kyouya attrapaient ses hanches.
- Tu ne m'as pas répondu hier soir, l'accusa-t-il en fronçant les sourcils.
Haruhi fit mine de réfléchir.
- Ah ? répondit-elle. J'ai dû oublier.
Puis elle plongea dans le regard de Kyouya. Elle y décela une minuscule étincelle de doute avant que ses yeux ne redeviennent froids. Lui frappant le torse, elle reprit la parole :
- Je l'ai fait exprès espèce d'imbécile ! Je voulais te faire attendre, et puis j'attendais de te voir pour te dire que tu m'avais manqué aussi.
Haruhi ne s'attendait qu'à moitié à la réaction de Kyouya. Ses yeux gris devinrent plus foncés, son regard devient sérieux, se réchauffa, et ses mains se resserrèrent sur ses hanches. En l'espace de quelques secondes, il plongea sur ses lèvres, forçant presque le passage pour l'embrasser. Haruhi répondit à son étreinte, ses mains allant se perdre dans les cheveux noirs et les emmêlant entre ses doigts. Lorsqu'elle sentit les mains de Kyouya glisser dans son dos, elle s'éloigna juste assez pour rompre le baiser.
- On ferait mieux d'y aller, raisonna-t-elle en esquivant un nouvel assaut qui atterrit dans son cou. Tamaki va finir par convaincre Hikaru de venir défoncer ma porte si on ne se montre pas.
A contrecœur, Kyouya se redressa. Il attrapa la valise d'Haruhi d'une main et poussa Haruhi à avancer de l'autre, l'empêchant du même coup de protester. Ils sortaient à peine de l'appartement lorsque Tamaki ouvrit la portière et les interpella. Lorsqu'Haruhi se glissa sur la banquette, face à Tamaki, elle remarqua le regard soupçonneux qu'il leur lança. Il se concentra finalement sur elle, s'appuyant le menton sur ses poings et détaillant chaque détail de son visage avant de demander :
- Pourquoi tes joues sont rouges ? Tu es malade ? Tu as de la fièvre ?
Son ton devint de plus en plus hystérique à mesure qu'il débitait ses questions, mais Haruhi le coupa d'une main levée :
- Je vais très bien Tamaki. Je suis juste heureuse de partir en vacances avec vous.
Elle lui offrit alors un sourire rassurant et lutta, pendant tout le trajet, pour ne pas jeter à Kyouya un regard emplit de reconnaissance et d'amour.
Lorsqu'ils descendirent de voiture, après plusieurs heures de route et de chamaillerie, Haruhi n'en cru pas ses yeux. La résidence secondaire des Suou, où ils venaient d'arriver, était encore plus grande que celle des Ootori, si c'était possible. Elle rappelait à Haruhi des photos de château français datant du XVIIIème siècle. La façade de couleur blanc cassé ressortait encore plus par comparaison avec la toiture noire. Ce fut Kyouya qui la sortit de sa contemplation en lui tendant sa valise :
- Qu'est-ce qu'il y a ? On dirait que tu as vu un fantôme.
Elle se tourna vers lui, une expression surprise et choquée sur le visage, et désigna l'objet de son tourment :
- Cette maison… ce château… c'est… c'est… immense !
- Tu n'as pas encore vu le jardin ! commenta joyeusement Tamaki.
- C'est vrai que c'est plutôt grand, concéda Kaoru.
- J'ai une résidence un peu plus grande dans les Alpes, informa Kyouya.
Le regard d'Haruhi passa des uns aux autres alors qu'ils avançaient, indifférents de ses états d'âme. Elle attrapa la poignée de sa valise et marmonna, avançant à son tour :
- Pourriture de riches !
Elle s'arrêta dans le hall avec eux, sa valise debout à ses côtés.
- J'ai fait la répartition des chambres avec Kyouya, les informa Tamaki. Je vais vous montrer vos chambres. J'ai demandé à des domestiques de nous faire des sandwichs. Vous pouvez vous changer pour qu'on descende à la plage. Hani et Mori ne devraient pas tarder !
A peine avait-il finit sa phrase qu'un cri de joie leur parvint. Ils se retournèrent d'un même mouvement pour voir Hani courir vers eux, son Usa-chan dans les bras, et Mori le suivre calmement en portant leurs deux sacs. Mori les salua en arrivant à leur hauteur et Tamaki les conduisit dans l'aile qui abritait leurs chambres.
Haruhi s'était vue attribuer la chambre la plus grande. Lorsqu'elle en avait demandé la raison, Tamaki avait désigné Kyouya. C'était lui qui l'avait proposé. Kyouya avait exigé la chambre à sa droite et Tamaki se trouverait à sa gauche. En face, de l'autre côté du couloir, les jumeaux partageaient la chambre face à Kyouya, et Hani et Mori étaient face à la chambre d'Haruki. Rien n'aurait pu être plus sûr pour elle.
Après avoir revu le programme, chacun entra dans sa chambre. Haruhi ne fut qu'à moitié surprise lorsque, cinq minutes plus tard, des coups discrets furent frappés à sa porte. Elle invita son visiteur à entrer tout en continuant à chercher un ensemble pour la plage. Des mains se glissèrent sur ses hanches moins d'une minute plus tard, et la voix de Kyouya se glissa dans son oreille :
- Besoin d'aide ?
Haruhi se retourna dans l'étreinte, plongeant ses yeux dans le regard pétillant de malice de Kyouya. Elle ponctua sa réponse d'une pichenette sur son front :
- Non merci, ça ira. Tu venais juste me proposer de l'aide ou tu voulais autre chose ?
Kyouya se pencha et déposa un baiser papillon sur les lèvres d'Haruhi, qu'elle tenta de prolonger sans succès, avant de répondre :
- Je voulais juste te prévenir que je comptais venir te voir ce soir.
- Comment tu vas faire ? se renseigna-t-elle en fronçant les sourcils. Tu vas frapper à ma porte en morse ?
Elle laissa échapper un petit rire moqueur après cette phrase.
- Bien sûr que non ! répliqua Kyouya, faussement vexé. Je me contenterais de rentrer une demi-heure après le repas. Ça devrait te laisser le temps nécessaire pour te préparer.
Ce fut au tour d'Haruhi d'embrasser Kyouya, plus longuement cette fois, faisant passer à travers ce baiser toute sa reconnaissance. Elle l'enlaça alors qu'ils se séparaient, et garda le contact visuel pour lui donner sa réponse :
- C'est une excellente idée Kyouya, j'ai hâte qu'on se retrouve juste tous les deux.
Lorsqu'elle rejoignit le groupe, cinq minutes après le départ de Kyouya, Hikaru et Kaoru poussèrent un soupir déçu. Haruhi avait fini par se décider pour un maillot une pièce, mais elle portait par-dessus un paréo qui flottait autour de sa silhouette. Haruhi passa à côté d'eux sans leur prêter attention, ce qui les vexa.
- Pourquoi tu portes ça ? demanda Hikaru d'un ton où perçait le mépris.
Haruhi le foudroya du regard, remarquant la main de Kaoru posée sur son bras, comme pour l'empêcher de dire des mots qu'il regretterait. Elle ne prit même pas la peine de répondre, se contentant de reprendre sa marche pour rejoindre Kyouya, Tamaki, Hani et Mori qui les attendaient.
- Imbécile ! entendit-elle Kaoru souffler à Hikaru avant qu'ils ne se mettent eux-aussi en marche.
Aucun autre ne fit de commentaire sur sa tenue. Tamaki les entraîna immédiatement dans une partie de Beach volley. Ils formèrent deux équipes de trois joueurs, avec Hikaru et Kaoru contre Tamaki et Kyouya. Haruhi resta sur le côté lors du premier match. Elle remplaça ensuite Hani, ce qui valut une défaite à Hikaru et Kaoru. Lorsque Kyouya décida qu'il en avait marre, Tamaki l'entraîna dans l'eau.
Une dizaine de minutes plus tard, Kyouya réussit à échapper à Tamaki, qui avait entreprit une bataille d'eau avec Hikaru pendant que Kaoru tentait de le noyer. Hani participait joyeusement en profitant des vagues, et Mori le surveillait, lui empêchant une noyade de toute façon peu probable. Kyouya rejoignit donc Haruhi, qui lisait sous un parasol sans lui prêter attention. Il profita de cet instant pour faire un discret signe à sa milice privée alors qu'il installait sa serviette au soleil. Il avait maintenant la certitude qu'ils seraient totalement invisibles pour les autres.
- Qu'est-ce que tu lis ? demanda-t-il en se penchant au-dessus d'Haruhi.
- Pousses-toi ! répondit-elle. J'ai horreur qu'on lise par-dessus mon épaule !
Kyouya n'insista pas, s'allongeant plutôt sur le ventre sur sa propre serviette, la tête posée sur ses bras croisés et tournée vers sa petite-amie pour l'observer. Son paréo violet cachait totalement son maillot de bain, et Kyouya ressentit une profonde satisfaction en pensant qu'il l'avait aidé à choisir. Ainsi, il était le seul à savoir ce qu'elle portait. Son regard s'attarda ensuite sur les cheveux qui tombaient sur sa nuque. Ils avaient poussé depuis leur première rencontre, un an plus tôt. Il remarqua également la crispation de ses épaules, et porta son attention sur le livre qu'elle tenait dans ses mains fines. Mais avant que Kyouya ne puisse identifier le livre en question, Haruhi le referma violemment et le repoussa sur le côté, tournant son corps vers Kyouya.
- Pourquoi tu me dévisages ?
- Pourquoi tu es crispée ?
- Ça ne te regarde pas !
Ils s'échangèrent un regard noir avant qu'Haruhi ne soupire.
- Désolé. C'est juste que ça me stresse d'être observée, rien de personnel.
Un silence s'installa entre eux. Kyouya ferma les yeux et s'autorisa un léger sourire. Il sentait qu'il y était presque. Il était sur le point de gagner !
- T'as mis de la crème ? lui demanda soudain Haruhi
- Tu t'inquiètes ? enchaîna Kyouya en rouvrant les yeux.
Les joues d'Haruhi avaient rougis, et il pouvait parier que le soleil n'y était pour rien.
- C'est juste que… tu vas cuire si tu restes comme ça.
- Ne t'inquiètes pas, je ne ferais pas comme l'autre idiot. Il y en a un tube dans le sac.
- Et ? Qu'est-ce que tu veux que j'en fasse ?
- Que tu m'en mettes bien sûr, répondit-il sur un ton de défi.
Kyouya vit Haruhi se figer un moment, comme se elle analysait sa phrase. Il savait qu'elle relèverait le défi. Elle détestait être faible, et c'était ce qui la piègerait aujourd'hui. Kyouya ferma de nouveau ses paupières quand il l'entendit fouiller dans le sac. Il supposa qu'elle avait trouvé facilement. Elle ne posa aucune question dans sa recherche. Deux minutes plus tard, Kyouya sentit les mains d'Haruhi se poser sur son dos, et il fronça les sourcils. Prenant appui sur ses mains, il se retourna partiellement pour la regarder.
- Pas comme ça, commenta-t-il.
- Comment alors ?
- Installe-toi sur mes cuisses.
- Quoi ? Tu veux que je…
- Ce sera plus facile, coupa-t-il.
Haruhi mit quelques secondes avant de répondre :
- Mais, les autres…
- Sont occupés pour le moment, coupa de nouveau Kyouya. Tu n'as plus vraiment d'excuses.
Kyouya se réinstalla confortablement et Haruhi pesta. Elle jeta un regard inquiet autour d'elle, et s'aperçut qu'elle ne voyait personne. Elle reporta alors son attention sur Kyouya et déglutit. Puis elle se gifla mentalement et se traita d'idiote. Pourquoi avait-elle aussi peur ? Ce n'était que Kyouya ! Attrapant le tube qu'elle avait posé à côté d'elle, elle s'en versa une bonne dose dans les mains et souffla pour se calmer. Enfin, elle enjamba Kyouya, s'asseyant sur l'arrière de ses cuisses, comme il le lui avait demandé. Elle sentit les muscles qu'elle emprisonnait se relâcher. Alors, elle s'appliqua à déposer la crème sur le dos de Kyouya.
Kyouya poussa un soupir lorsqu'il sentit les mains d'Haruhi se mettre enfin en mouvement. Elles s'attardèrent d'abord sur sa colonne vertébrale, avant de remonter sur ses omoplates, massant en même temps ses épaules. Chaque fois qu'elle voulait atteindre le haut de son dos, Haruhi était obligée de se pencher en avant, ce qui modifiait légèrement sa position et créait une friction très… intéressante du point de vue de Kyouya. Lorsqu'elle jugea la crème bien mise sur le haut de son dos, elle entreprit de s'occuper du bas. Kyouya sentit alors les mains d'Haruhi descendre jusqu'au milieu de son dos. Elle y fit quelques cercles pour faire pénétrer la crème, et prolongea ses caresses jusqu'aux côtes. Kyouya laissa échapper un gémissement à moitié étouffé. Il sentait poindre une érection, alors qu'ils n'avaient pourtant rien fait, selon ses propres critères. Haruhi avait sûrement remarqué sa réaction, car ses gestes étaient plus sûrs lorsqu'elle s'y attarda la seconde fois. La troisième fois, il ne tint plus. Usant de sa force, Kyouya échangea leur position, attrapant les poignets d'Haruhi pour s'aider.
- J'étais sûr que mon plan fonctionnerait, murmura Kyouya tout contre ses lèvres.
- Quoi ! Tu veux dire que… ! s'indigna Haruhi.
Mais, alors qu'il allait l'embrasser pour la faire taire, leur attention fut retenue par tout autre chose :
- Kyouya, Haruhi ! Vous êtes où ? les appelait Tamaki.
Ils poussèrent tous deux un soupir qui les fit rire, puis se séparèrent à regret. Il n'y avait aucune raison de prendre le risque inutile que Tamaki ne se fasse encore un délire d'enlèvement.
L'après-midi s'était passé dans la même ambiance, à ceci près qu'une fois qu'ils eurent rejoins Tamaki, ce dernier ne les lâcha pas d'un centimètre. Il avait sans doute eu une intuition qu'il ne comprenait pas. Ça arrivait même aux idiots. Et donc, quand arriva l'heure de rentrer dîner, Kyouya se trouvait pris entre deux émotions contraires. Il était à la fois très satisfait d'avoir fait entrer Haruhi dans son jeu, et à la fois horriblement frustré parce que, justement, ce jeu ne pouvait pas continuer. Il grogna donc lorsque Tamaki attrapa son bras pour le conduire joyeusement jusqu'à sa place. Haruhi parvint tant bien que mal à cacher son propre sourire, même si elle avouait que le club d'hôtes était très envahissant et qu'elle avait parfois du mal à supporter cette situation.
C'est donc dans une ambiance festive mais légèrement tendue que chacun prit place. Contrairement aux chambres, les places avaient été assignées par avance. Tamaki s'installa au bout de la table, Haruhi à sa droite. Kyouya avait été placé à côté d'Haruhi. En face d'eux se trouvaient Hikaru et Kaoru. Mori était placé à côté de Kyouya, ce qui lui permettait de surveiller Hani en face de lui.
Les servantes avaient amené le repas depuis une dizaine de minutes et les conversations allaient bon train lorsque Kyouya se tendit soudain. Il venait de sentir un pied se glisser contre sa jambe. Oubliant la question de Tamaki, il se tourna vivement vers Haruhi, qui continuait de manger sans se soucier de ce qui se passait autour d'elle.
- Tout va bien ? l'interrogea Tamaki.
- Oui, oui ça va, répondit Kyouya après une minute de silence.
Tamaki reprit son babillage et Kyouya se concentra de nouveau sur la conversation. Ou plutôt il essaya, car le pied qu'il avait senti s'était glissé contre sa cheville, s'insinuant lentement sous son pantalon. Kyouya serra les poings pour se contrôler, et il surprit presque aussitôt le regard inquisiteur d'Hikaru posé sur lui.
- Mori, tout va bien ?
La voix de Kaoru venait de s'élever, coupant sans remords le monologue de Tamaki et attirant l'attention sur leur sempaï. Celui-ci avait en effet très légèrement rougit, fait assez rare pour être inquiétant. Kyouya porta également son attention sur lui. Tout était bon pour ignorer ce pied ! Du coin de l'œil, il remarqua le sourire amusé d'Hani, et se demanda brièvement s'il était possible qu'il sache exactement ce qu'il se passait. Non, finit-il par conclure. Aucune chance.
Le reste du repas se passa dans les babillages de Tamaki. De son côté, Kyouya devait puiser dans tout son self-control, dont il ne manquait pas, pour se retenir. Si les autres n'avaient pas été là… Non, inutile d'y penser, tout le problème résidait dans cette phrase. Les autres étaient là ! Mais à quoi pensait Haruhi ? Se rendait-elle compte qu'elle jouait un jeu dangereux ? Cependant, le self-control de Kyouya n'était pas infini. Deux minutes après l'arrivée des desserts, c'était Haruhi qui discutait avec Tamaki d'un sujet donc Kyouya n'avait aucun souvenir. Au pied qui le taquinait depuis une vingtaine de minutes s'ajouta alors une main. À la surprise générale, Kyouya plaqua sa serviette sur la table et se leva précipitamment, attirant l'attention de ses amis.
- Excusez-moi, marmonna-t-il. J'ai finis.
Avant que l'un d'eux n'ai le temps de réaliser, Kyouya avait disparu dans le couloir. Le silence retomba étirant son voile sur l'ensemble de la table. Chacun se regarda, incertain quant à la meilleure chose à faire. Ils avaient rarement vu Kyouya dans cet état, la plupart du temps au réveil, et il était hors de question de le provoquer. À peine une minute passa et ce fut au tour d'Haruhi de se lever en s'excusant. Elle sentit le regard des autres sur son dos alors qu'elle retournait à sa chambre. D'accord, cette fois elle avait vraiment joué avec le feu. Elle ne voulait même pas savoir ce qui se passait dans la tête de Kyouya. Attrapant des vêtements plus confortables, elle fonça aussitôt dans la salle de bain dans l'optique de s'éclaircir les idées. Elle prépara toutes ses affaires de bain et régla la température de l'eau avant de pénétrer dans la cabine de douche.
L'eau était bien chaude, juste la température idéale pour faire rougir sa peau. Les jumeaux l'avaient entraînée dans l'eau en fin d'après-midi et l'odeur de la mer s'était incrustée sur sa peau et dans ses cheveux. Haruhi s'accorda le loisir de traîner sous le jet. L'eau chaude coulait le long de son corps, délassant ses muscles. À présent, elle pouvait penser plus clairement. Mais qu'est-ce qui lui avait pris ? Son comportement de l'après-midi ne lui ressemblait tellement pas ! Elle devait se reprendre. Ça devait être l'excitation de n'être ni chez elle ni à l'école. Peu importe ce que c'était, ça devait cesser. Emplie d'une énergie et d'une détermination nouvelle, elle attrapa son gel douche et se savonna, appréciant l'odeur de fleur d'oranger qui montait jusqu'à ses narines. Elle passa rapidement sur son cou et ses épaules, mais s'attarda un peu plus longtemps sur sa poitrine. Il lui vint brièvement à l'esprit que Kyouya pourrait sentir cette odeur sur sa peau, qu'il pourrait l'aimer… Mais elle la chassa rapidement et se rinça avant d'attraper son shampoing. Enfin propre, elle sortit de la cabine et s'enveloppa dans une serviette, s'attelant aussitôt à essorer et sécher ses cheveux. Elle abandonna environ cinq minutes plus tard et préféra les brosser sommairement. Elle termina de se sécher et enfila la culotte et le short qu'elle avait préparé, avant de passer un vieux débardeur large qui lui servait de pyjama quand les nuits étaient chaudes, comme c'était prévu pour cette nuit-là.
À peine referma-t-elle la porte de la pièce qu'elle se sentit être plaquée à celle-ci. Avant qu'elle ne puisse faire le moindre geste, une bouche vorace s'imposa à la sienne et une langue autoritaire fraya son chemin entre ses lèvres. Un gémissement de plaisir lui échappa alors que ses mains agrippaient le dos de Kyouya, qui la tenait lui-même fermement par les hanches. Elle ne tenta même pas de lutter et se laissa plutôt aller dans la force du baiser. Bien qu'elle soit dressée sur la pointe des pieds, Kyouya était tout de même obligé de se pencher, ce qui rendit vite la situation inconfortable. Haruhi sentit alors la main gauche de Kyouya se glisser contre sa cuisse et la soulever. Il fit de même avec sa cuisse gauche et leur baiser se brisa alors qu'il la soulevait et se collait contre elle, la bloquant de plus belle contre le mur. La bouche de Kyouya se dirigea vers l'oreille de sa petite-amie où il murmura :
- Qu'est-ce qui t'as pris de m'allumer comme ça, en plein repas ?
Haruhi secoua la tête et poussa un gémissement alors que le bassin de Kyouya se plaqua plus durement contre le sien. Elle bougea involontairement des hanches, augmentant la friction et tirant un grognement de la bouche de Kyouya.
- Si les autres n'avaient pas été là…
Il laissa sa phrase en suspens et s'attaqua plutôt à son cou, déviant jusqu'à son épaule. Il fit glisser la bretelle de son débardeur le long de son bras, se rendant compte qu'Haruhi ne portait rien dessous. Il aurait aimé laisser une marque visible par tous, mais il ne voulait pas soulever de questions auprès de leur entourage. Peut-être plus tard. Les mains posées sur les hanches d'Haruhi, il mit en place un lent mouvement de hanches tandis que sa bouche s'afférait sous sa clavicule. Les mains d'Haruhi agrippèrent ses cheveux et elle poussa un gémissement plus prononcé sous la nouvelle sensation. Lorsqu'il jugea que sa marque était assez visible, Kyouya diminua la pression sans pour autant changer d'endroit. Haruhi avait fermé les yeux et ses joues étaient rouge. Elle ouvrit soudainement les yeux lorsqu'elle sentit les mains de Kyouya attraper les bords de son débardeur et commencer à le relever. Elle agrippa alors ses poignets et se retint de justesse de hurler ce qu'elle se contenta alors de murmurer :
- Non !
Kyouya releva immédiatement les yeux et remarqua une brève étincelle de peur dans ceux d'Haruhi, qui disparut aussitôt mais le poussa néanmoins à s'écarter et à la reposer doucement par terre. Ses yeux se baissèrent alors et son visage prit une expression honteuse alors qu'elle murmurait :
- Désolé…
- Ne t'excuses pas, répondit aussitôt Kyouya. C'est plutôt à moi de m'excuser.
Un silence s'installa pendant lequel Haruhi sembla chercher ses mots. Finalement, elle releva la tête et planta son regard dans celui de Kyouya :
- Je t'aime mais… je ne suis pas…
- Pas prête, termina Kyouya. Je ne vais pas te forcer Haruhi, je ne suis pas un animal, conclut Kyouya avec un petit rire.
Haruhi l'accompagna avant que son attention ne se reporte plus bas.
- Comment tu vas faire, pour ça ?
L'attention de Kyouya se porta également sur l'objet du regard d'Haruhi. Il laissa alors échapper un petit rire pas du tout embarrassé tandis que les joues d'Haruhi se coloraient d'un rose soutenu.
- Oh ! Tu sais, nous avons des techniques pour ce genre de… problèmes.
Après sa réponse, les yeux de Kyouya se fermèrent. Il blanchit petit à petit, son visage prit un air dégoûté et un teint verdâtre qui diminua peu à peu dès lors qu'il rouvrit les yeux. Effectivement, son « problème » était à présent réglé, et ce à quoi il avait pensé avait l'air assez efficace pour qu'Haruhi ne veuille pas savoir de quoi il s'agissait. Kyouya alla s'asseoir sur le lit avant de reprendre la parole :
- Tu sais ce qu'il y a de drôle avec cette chambre ?
Haruhi secoua la tête avant de le rejoindre.
- Cette chambre a une histoire que seuls Tamaki et moi connaissons. C'est amusant qu'il n'ait pas fait le rapprochement lorsque j'ai attribué les chambres.
C'est une histoire que Tamaki lui-même m'a raconté alors que nous étions au collège et que nous passions toutes nos vacances ici avec son père.
Le château a été construit par un noble qui s'apprêtait à marier son fils. La fille était issue d'une famille pauvre, alors le noble, qui savait son fils très amoureux, l'avait en quelque sorte achetée en l'adoptant. Pour célébrer le mariage ainsi que comme gage de sa bénédiction, le noble a fait construire ce château, dans lequel il avait prévu cette chambre et sa voisine pour son fils et sa future bru. Le fils a alors profité d'une absence de son père pour faire modifier les plans du château. Il a payé le silence de l'architecte très cher et a fait ajouter un minuscule détail aux plans.
Haruhi l'interrogea du regard et Kyouya se contenta de désigner le mur contre lequel était collé le lit.
- Il a fait ajouter une porte dissimulée dans ce mur entre les deux chambres, comme les portes réservées aux serviteurs dans les châteaux.
Avec Tamaki, lorsque nous venions en vacances ici avec son père, on s'installait toujours dans ces deux chambres. Le soir, nous avions des horaires très strictes. En apparence, nous les respections. Mais une fois que le père de Tamaki nous avait souhaité bonne nuit et qu'il était monté dans son bureau, Tamaki utilisait cette porte pour me rejoindre et nous parlions pendant une grande partie de la nuit.
Haruhi sembla réfléchir quelques secondes avant de remarquer :
- Attends, c'est toi qui a fait la répartition des chambres avec Tamaki, c'est ça ?
- Tout à fait.
- Et qui a décidé pour ces deux chambres ?
- J'ai proposé, Tamaki a validé.
- Mais… mais… Il connaît l'histoire de cette chambre ! Il ne s'est pas douté de quelque chose ?
Kyouya soupira et haussa les épaules dans un signe d'impuissance.
- J'ai toujours pensé que sa bêtise le tuerait un jour.
Plongée dans sa réflexion sur l'extrême stupidité de Tamaki et à quel point celle-ci l'éblouissait, Haruhi remarqua à peine que le poids de Kyouya avait disparu du matelas. Elle ne reprit conscience que lorsqu'il déposa un baiser sur son front.
- Il commence à être tard. Je vais me préparer pour la nuit, je reviens dans cinq minutes.
Comme promis, cinq minutes plus tard, Kyouya et Haruhi, en pyjama, étaient couchés, allongés l'un face à l'autre, attendant paisiblement le sommeil dans le noir total.
