Coucou tout le monde :D Je sais, j'ai rien posté de tout l'été, j'ai été totalement prise par mon travail, et j'avais besoin de faire une pause aussi je crois. Et puis je viens de commencer ma première année de Master pour devenir Professeure des écoles :D Je suis à la fois hyper excitée et terrifiée ^^ Désolé, mais bon c'est assez habituel chez moi d'être lente à écrire. Mais je suis en train de bosser sur le chapitre 6, qui est genre le plus dur chapitre pour l'instant. Quand à cette deuxième partie de chapitre, disons qu'il contient une des scènes les plus importantes pour l'histoire. Mais des scènes importantes, il y en aura d'autres :) J'avoue, je reprends un peu de l'épisode 8, mais c'était trop girly pour moi ^^ Enfin vous verrez ) Par contre, en relisant, je me suis rendue compte que j'avais fait d'Hikaru un personnage vraiment dépendant et hypersensible. Peut-être parce que j'ai un peu de ça en moi aussi… Dite-moi si c'est gênant, je me rends pas vraiment compte. Bon, pour tous les irréductibles qui sont encore là et ceux qui resteront jusqu'à la fin, bonne lecture :D


Chapitre 3 : Les blessures du passé sont douloureuses en cela qu'elles ne s'effaceront jamais

Article 81 :

Ce qui arrive entre Potes reste entre Potes, de la même façon que ce qui arrive à Vegas reste à Vegas.


La journée qui suivit se déroula comme la précédente. Tamaki entraîna les autres dans une partie de beach-volley, puis forma une alliance avec Hikaru et Kaoru contre Haruhi dans une bataille d'eau épique et enfin lui et les jumeaux avaient défié Kyouya, Hani et Mori pour une dernière partie de volley sur la plage. La marée avait atteint son point le plus bas et le soleil descendait tranquillement à l'horizon. Haruhi essayait de mettre de l'ordre dans ses pensées, elle en avait besoin, mais les cris incessants de Tamaki l'en empêchaient. Ça faisait bien une heure qu'elle était assise et le vent commençait terriblement à se rafraîchir. Le besoin de se dégourdir les jambes se fit soudain ressentir et Haruhi se leva finalement. Kyouya venait tout juste d'humilier Tamaki en marquant un point facile et Haruhi en profita pour interpeler les garçons, couvrant les cris indignés de Tamaki.

- Je vais faire un tour, j'ai besoin de marcher un peu.

- T'éloignes pas trop, lui conseilla Hani.

Haruhi répondit par un simple mouvement de tête avant de s'éloigner. Elle passa après quelques mètres un mur assez haut formé par les rochers et se rendit ainsi invisible aux garçons qui, d'après ce qu'elle pouvait entendre, avaient repris leur partie. Elle continua à avancer, les yeux plongés dans la lueur du soleil couchant, repensant à une conversation qu'elle avait eu avec Kyouya le matin même. Haruhi s'était remémorée son comportement de la veille. Elle avait exprimé son sentiment de honte face à ce comportement. Elle ne comprenait pas ce qu'il lui avait pris, elle ne s'était jamais comportée de cette façon. Kyouya s'était montré rassurant. Il préférait largement qu'elle se comporte comme elle l'avait fait la veille, et n'aurait pas été satisfait si elle était restée de glace. Haruhi avait alors décidé de prendre sur elle et d'oublier sa honte. Si ça plaisait à Kyouya et puisqu'il était le seul à la voir, alors…

- Hé toi là-bas !

Haruhi se tourna brutalement vers la voix qui venait de l'interpeler, son cœur battant la chamade. Trois hommes, qui semblaient tout juste plus âgés qu'elle, s'approchaient d'une démarche nonchalante. Celui qui avait parlé marchait en avant de ses amis et Haruhi resta paralysée alors qu'il reprenait la parole :

- Qu'est-ce qu'une jolie fille comme toi fais ici toute seule ?

- C'est une plage privée ici, vous n'avez pas le droit d'être là ! tenta de se défendre Haruhi sans parvenir à cacher les tremblements de sa voix.

Son regard se porta involontairement vers l'endroit qu'elle venait de quitter, là où elle avait laissé les garçons l'attendre. Peut-être que si elle courrait, elle pourrait les retrouver à temps et…

- Oh, je vois, reprit le garçon. Tu n'es donc pas venue seule ici. Très bien, ça me rendra le jeu plus intéressant.

Et avant qu'Haruhi ne puisse réagir, les deux autres agresseurs avaient attrapés ses bras et l'avaient immobilisée. Haruhi commença à se débattre. Avant qu'elle ne puisse appuyer ses mouvements, le garçon dégaina un couteau à cran d'arrêt dont il la menaça.

- Voyons voir combien de temps on peut s'amuser avec toi avant que tes petits copains ne viennent t'aider.

À la vue de l'arme, le corps d'Haruhi se paralysa de lui-même. Avant même qu'elle pense à crier, une main se plaqua contre sa bouche et elle se sentit entraînée vers le sol. Celui qui semblait être le chef s'assit à califourchon sur ses jambes, bloquant toute tentative de fuite. La main contre sa bouche l'empêchait presque de respirer. Alors, dans un élan désespéré, Haruhi mordit cette main. Une exclamation de douleur se fit entendre et la main s'éloigna, lui permettant à nouveau de respirer.

- La salope ! grogna l'homme qu'elle venait de mordre.

Haruhi sentit un impact sur sa tête. Le coup de poing qu'elle venait de recevoir jeta sa tête contre une pierre dépassant du sable. Des larmes de douleur perlèrent à ses yeux, qui se fermèrent quelques instants. Le liquide chaud coula le long de son cou, se mélangeant à ses cheveux. Elle sentit vaguement les prises sur ses bras se raffermirent avant qu'une toute autre douleur n'efface toutes ses pensées. Elle sentait la lame du couteau s'enfoncer dans son bras. La douleur était telle qu'elle hurla à se déchirer les poumons.


La partie s'éternisait, se transformant en une mort subite dont Kyouya et Kaoru s'étaient rapidement extirpés. Tamaki criait de nouveau à la triche, accusant encore Hikaru qui se fichait de lui, lorsque le silence se fit. Le hurlement leur parvint, plongeant immédiatement Kyouya dans une bulle de stress et d'inquiétude. C'était la voix de… Mais comment ? Non, ce n'était pas possible ! Elle était parfaitement en sécurité, n'est-ce pas ? Dans un état second, Kyouya vit Mori se mettre à courir, immédiatement suivit par Hikaru. Le temps d'un battement de cil et Hani était à leur trousse. Kaoru ne mit qu'une seconde avant de les imiter. Et Kyouya ne bougeait toujours pas, ne réalisait pas. Tamaki se planta devant lui et le gifla assez fort pour le réveiller.

- Kyouya ! Bouge ! Maintenant !

Ils se mirent alors à courir à leur tour. La distance qu'ils devaient parcourir était courte mais elle paraissait tellement longue à Kyouya, tandis qu'il faisait de son mieux pour allonger sa foulée. La vision qui s'offrit à lui était à la fois rassurante et mortifiante. Trois hommes plus âgés de quelques années à peine avaient été mis à terre par Hani, Mori et Hikaru. Kaoru était déjà au téléphone, tout comme Tamaki. Kyouya comprit vaguement que le premier appelait la police alors que le second prévenait les secours. Celle qui l'inquiétait, c'était Haruhi. Il s'approcha d'elle, s'apercevant rapidement qu'elle était inconsciente. Son pouls était cependant bien présent, et ce qui était préoccupant restaient ses blessures. Du sang coulait de sa tête, dissuadant Kyouya de la bouger. Le paréo qu'elle portait était réduit à l'état de lambeaux et son maillot de bain avait été coupé par un couteau, laissant sur la peau une estafilade rouge qui s'étendait de sa poitrine à son nombril.

- Il était en train de lui faire ça quand on est arrivé, l'informa Hikaru en suivant son regard.

Kyouya hocha simplement la tête et porta son attention sur le bras d'Haruhi. Il était couvert de contusions plus ou moins profondes dont certaines nécessiteraient sûrement des points de suture. Après ce constat, Kyouya attrapa un morceau de l'ancien paréo et l'appliqua contre les coupures. S'il pouvait empêcher le sang de couler le plus possible jusqu'à l'arrivée des secours. L'attente qui s'ensuivit fut à la limite du supportable. Kaoru apporta son aide à Kyouya, tentant de maintenir Haruhi éveillée lorsqu'elle redevenait consciente. Le plus éprouvant pour Kyouya fut de cacher aux autres l'étendue de son angoisse et de rester maître de lui-même. Et enfin, après des minutes qui avaient paru des heures, les sirènes se firent entendre. Il ne fallut alors pas longtemps pour que l'ambulance n'arrive et que deux ambulanciers n'en descendent. Ils se dirigèrent immédiatement vers Haruhi avec leur matériel, et commencèrent à poser des questions à Kyouya auxquelles il s'efforça de répondre. Oui, elle était blessée au bras et à la tête. Non, il ne l'avait pas déplacée. Oui, elle avait eu quelques courtes périodes de conscience. Non, il ne savait pas ce qui s'était exactement passé, il était plus loin. Kyouya obéit dans un état second lorsqu'on lui demanda de s'écarter. Il vit du coin de l'œil Kaoru rejoindre les autres pour leur prêter main forte, mais il se concentra plutôt sur les gestes sûrs des urgentistes qui placèrent Haruhi sur une civière avant de la transporter jusque dans l'ambulance. Pendant que l'homme pratiquait les premiers secours, la femme s'adressa à leur groupe :

- Il faudrait que l'un de vous nous accompagne.

Une hésitation plana sur le groupe. Elle fut brisée par la main de Tamaki sur l'épaule de Kyouya.

- Tu devrais y aller. On va rester ici attendre l'arrivée de la police. On te rejoint dès que possible et on te tient au courant.

Peut-être Tamaki avait-il deviné son trouble, ou peut-être croyait-il au contraire qu'il était le moins affecté. Kyouya n'essaya pas de comprendre et se contenta d'hocher la tête. Il monta rapidement dans l'ambulance, attrapant machinalement la main de sa petite-amie. Avant que les portes ne se referment, il eut le temps de voir les visages anxieux de ses amis, regroupés autour des trois agresseurs.


Le trajet se déroula de façon confuse pour Kyouya. Il répondit machinalement aux questions qu'on lui posait (il connaissait le dossier médical d'Haruhi par cœur), leur parla brièvement de leur relation mais leur demanda de garder le silence, insistant sur ce point crucial, et exécuta leur demande. Il se rendit compte qu'ils étaient arrivés lorsqu'il fut installé dans la salle d'attente par une infirmière qui tenta de lui faire comprendre la situation. Mais Kyouya n'entendait rien, trop occupé à se noyer dans son angoisse en tentant de garder son expression impassible. L'infirmière sembla se rendre compte de son trouble car elle le laissa, et l'attente commença. Assis sur sa chaise inconfortable, Kyouya tenta de se concentrer sur les affiches de la salle. Mais malgré toute sa volonté, il ne put oublier l'odeur si typique aux hôpitaux qui agressait son nez. La trotteuse de l'horloge faisait un bruit assourdissant, mais elle semblait tourner au ralenti chaque fois que Kyouya la regardait. Il aurait été incapable de dire depuis combien de temps il attendait lorsqu'il fut rejoint par ses amis. Son regard se leva sur Tamaki, le premier à entrer, emplit d'interrogations. Son meilleur ami sembla le comprendre puisqu'il s'assit à côté de lui et prit la parole pendant que le reste du groupe investissait la salle :

- La police est arrivée une dizaine de minutes après votre départ. Il faudra que tu témoignes et qu'Haruhi porte plainte. On a fait passer notre prestige de nos familles pour lui éviter l'épreuve du tribunal. Nos enregistrements suffiront. Un officier passera demain.

Un simple hochement de tête lui répondit, accompagné d'un regard reconnaissant. Le visage teinté de colère d'Hikaru laissait présager un de ses fameux éclats. Kyouya n'avait toujours pas dit un mot. Mais avant qu'il ne puisse laisser éclater sa frustration, un homme en blouse blanche entra sans la salle d'attente.

- Bonjour, vous êtes bien les amis de Fujioka Haruhi ?

Tous confirmèrent et le médecin repris :

- Je suis le Dr Nishimura. C'est moi qui me suis occupé de votre amie.

- Comment va-t-elle ? demanda immédiatement Tamaki en se levant.

- Elle va mieux. Elle avait un traumatisme crânien très léger et nous avons posé des points de suture sur son bras.

- Quand est-ce qu'on pourra la voir ? demanda Hani qui, contrairement à Tamaki, resta assis.

Le médecin prit un air désolé en leur répondant :

- Pour l'instant, ce n'est pas possible. La seule chose qu'elle nous ai dite concerne un numéro de téléphone. Elle a dit qu'il s'agissait de sa personne à contacter d'urgence et qu'elle ne voulait voir personne tant qu'elle n'était pas arrivée.

- Vous l'avez appelée ?

Tout le monde se tourna vers Kyouya, qui venait de prendre la parole. Son visage était concentré et dirigé vers le sol. L'attention se porta de nouveau sur le médecin lorsqu'il répondit :

- Oui, elle sera là dans une heure. Je vais donc devoir vous demander de patienter encore un peu. Sur ce, excusez-moi mais on m'attend.

Tous hochèrent la tête en guise de remerciement et le médecin s'éclipsa. Le silence retomba dans la pièce, une tension palpable se dégageant d'Hikaru, totalement dirigée vers Kyouya. Cependant, avant qu'il ne puisse prendre la parole, Kyouya se leva et parla :

- Je vous laisse, je vais chercher un café. J'en ai pour cinq minutes.

Moins d'une minute plus tard, ce fut au tour de Tamaki de se lever.

- Je vais lui parler.

Puis il rejoignit Kyouya. Celui-ci était bloqué devant la machine à café, regardant sans les voir les noms farfelus des boissons toujours trop amères. Il sursauta quand la main de Tamaki se posa sur son épaule. Pourtant, il ne semblait pas surpris lorsqu'il se retourna, comme s'il s'était attendu à ce que son meilleur ami le suive.

- Comment tu te sens ? interrogea Tamaki.

Kyouya haussa légèrement les épaules, comme s'il était incertain de sa réponse.

- Ça va.

- Tu n'as pas à mentir devant moi, Kyouya. Qu'est-ce qui t'arrive ?

Un soupir passa les lèvres de Kyouya et il se retourna vers Tamaki.

- C'est juste que… Malgré tout ce qu'on pourrait croire, j'ai eu une enfance très protégée, éloignée de la violence et… ce qui s'est passé ce soir… Je pensais pas que ça pouvait arriver… J'étais sous le choc…

Ses yeux brillaient, sans pour autant qu'une larme coule. Tamaki attendit jusqu'à ce qu'il puisse capter son regard. Lorsque ce fut le cas, il reprit :

- Si tu veux nous parler, à Mori, Hani ou moi, on sera là pour t'écouter. Mais pour l'instant Kyouya, j'aimerais te dire quelque chose. Tu sais comme les jumeaux peuvent être fragiles, en particulier Hikaru ? (Kyouya acquiesça) Il a besoin de nous comme pilier, ou il risque de s'effondrer. Tu as entendu le médecin ? Haruhi va bien. Physiquement, elle va se remettre. J'ai besoin que tu y croies, pour qu'Hikaru ne fasse pas un scandale.

Un silence lourd tomba entre eux, jusqu'à ce que Kyouya le brise :

- Comment tu fais, toi ?

Il avait l'air d'un enfant qui venait d'apprendre l'existence du mal. Son regard était perdu, et son visage n'avait jamais été si expressif. Seul son meilleur ami, et Haruhi, l'avaient vu ainsi. Jamais il ne se dévoilerait devant un autre. Tamaki lui offrit un sourire rassurant :

- Je fais confiance aux médecins. Je connais les hôpitaux aussi, je sais gérer mon stress. Allez, prends ton café, un paquet de chips, et on y retourne.

- Mais je n'ai pas…

- Fais croire que tu as faim, le coupa Tamaki, qui l'avait percé à jour. Et n'oublies pas de t'excuser auprès d'Hikaru, ok ?

Kyouya acquiesça, accepta la collation que lui tendait Tamaki, et s'appliqua à reconstruire son masque durant leur marche pour rejoindre les autres. Quand ils entrèrent, Kaoru, qui était en train de rassurer son frère, se tut. Hikaru jeta un regard sceptique à Kyouya, comme s'il ne savait pas trop s'il pouvait lui faire confiance. Kyouya se présenta devant lui et s'excusa. Il lui expliqua la même chose qu'à Tamaki et leur assura que ça ne se reproduirait plus.

- On n'a plus aucune raison de s'inquiéter. Haruhi va aussi bien que possible, et la seule chose qu'on peut faire, c'est attendre de la voir.

Hikaru observa encore quelques minutes le visage de Kyouya. Il avait l'air confiant et serein, alors Hikaru finit par se détendre. Ses muscles se relâchèrent, ses yeux trahirent sa fatigue et un sourire rassuré se dessina sur ses lèvres.

- Oui, tu as raison, finit-il par répondre.

Et, juste comme ça, la tension dans la pièce s'évapora. Chacun se rassit et une discussion légère commença. Elle ne fut troublée qu'une demi-heure plus tard par l'agitation du couloir. Ils aperçurent seulement un médecin reconnaissable à sa blouse, qui marchait d'un pas pressé en direction de la chambre d'Haruhi. Une légère angoisse s'empara de chacun d'eux, mais ils reprirent vite leur conversation, espérant l'oublier.


Une heure passa dans cette ambiance faussement détendue. Elle fut brisée par l'arrivée du médecin d'Haruhi, le Dr Nishimura, qui leur annonça :

- Elle est prête à vous recevoir…

Tous les garçons se levèrent avant qu'il ne puisse finir, et il dû lever les mains pour leur faire signe de se calmer. Lorsqu'il fut certain qu'il ne finirait pas écrasé sous leurs pieds, il reprit :

- Mais elle ne veut voir que Mr Ootori. Elle refuse toute autre suggestion.

Kyouya se tourna vers les autres, visiblement gêné. Ils allaient savoir après ça, c'était sûr. Mais tout ce qu'il obtint fut des sourires compréhensifs.

- Vas-y, lui dit Tamaki. On la verra demain.

- Et comme ça, personne ne la mettra dans l'embarra, ajouta Hikaru avec un regard amusé vers Tamaki.

Tamaki l'ignora et se concentra sur son meilleur ami.

- Comme tu ne l'avais pas fait puisque tu as chargé Hotta de nous conduire ici, j'ai demandé à Tachibana de nous suivre dans une voiture plus classique. Il va venir nous chercher et il passera te prendre ensuite.

Kyouya hocha la tête.

- Merci Tamaki.

- Maintenant file, sourit Tamaki.

Kyouya s'exécuta. Le médecin lui indiqua le numéro de la chambre, et Kyouya arriva au moment où l'autre médecin sortait. Celui-ci lui tendit immédiatement la main :

- Vous devez être Kyouya Ootori ? (Kyouya acquiesça. Il avait l'impression d'avoir passé sa soirée à faire ce geste). Je suis le Dr Kobayashi, le psychologue d'Haruhi.

Kyouya se figea. Il connaissait le dossier médical d'Haruhi par cœur, de son groupe sanguin à ses rendez-vous chez le dentiste, en passant par l'âge auquel elle avait eu la varicelle. Jamais il n'avait vu de mention concernant un psychologue, ni même quoique ce soit qui pourrait le laisser penser. Voyant son trouble, le médecin reprit :

- Elle vous parlera de tout ça lorsqu'elle se sentira prête. Ce n'est pas pour cela que je voulais vous parler. Vous êtes son petit-ami, n'est-ce pas ?

- Comment…, commença Kyouya, mais il fut interrompu par le psychologue.

- Elle m'en a parlé. Elle m'a aussi informé du caractère secret de votre relation. Maintenant, j'aimerais que vous écoutiez. Haruhi a besoin de vous, mais vous ne devez pas la forcer à parler. En revanche, il serait bon que vous lui parliez, vous, si elle en ressent le besoin. Racontez-lui ce qu'elle vous demandera. Mais gardez à l'esprit que le plus important, présentement, c'est qu'elle sache que vous l'aimez toujours, que votre regard sur elle n'a pas changé.

Kyouya resta figé une seconde, tentant de comprendre et de retenir tout ce qu'on venait de lui dire. Il sortit de sa transe lorsque le Dr Kobayashi lui tapa l'épaule.

- Allez-y maintenant. Et restez naturel.

Comme un automate, Kyouya poussa alors la porte, comme si ce n'était pas la chose qu'il attendait depuis plusieurs heures. Elle était là, allongée dans son lit, à sa droite, après le couloir propre aux chambres d'hôpital. Haruhi l'attendait, redressée dans son lit. Un bandage assez épais entourait sa tête, laissant passer quelques mèches brunes par endroit. Son bras avait subi les mêmes soins, les points cachés sous la gaze. Le reste de son corps était recouvert du drap. Des fils étaient également visibles, reliant son corps aux machines à côté de son lit. Son visage s'illumina dès qu'elle vit Kyouya, un sourire s'épanouissant sur ses lèvres.

- Kyouya, murmura-t-elle.

Kyouya essaya de toutes ses forces de ne pas courir jusqu'à la chaise, près du lit, mais ses pas semblèrent désespérés, même à ses yeux. Dès qu'il fut assis, il attrapa sa main droite, sur laquelle se trouvait le capteur pour son rythme cardiaque, et la pressa entre ses doigts.

- Me refais plus jamais ça, souffla Kyouya. J'ai eu la peur de ma vie !

Haruhi eut un sourire amusé au rappel de ce qu'elle avait elle-même dit à Kyouya après son accident, quelques mois plus tôt.

- Tu vas bien ? demanda-t-elle finalement.

- Beaucoup mieux maintenant. Et toi ?

- Pareil. Et les autres, comment ils s'en sortent ?

Kyouya haussa les épaules.

- Ils ont l'air de gérer, sauf pour Hikaru, bien entendu, mais c'est plutôt ma faute.

Devant l'air interrogatif d'Haruhi, Kyouya lui fit un résumé détaillé de ce qui était arrivé. Quand il arriva à la discussion avec Tamaki, les larmes qu'il ne pouvait plus retenir commencèrent à couler malgré lui. Haruhi attendit la fin de son récit avant de porter sa main à la joue humide de Kyouya. Puis, doucement, comme s'il s'était agi d'un enfant, elle l'invita à poser sa tête contre sa poitrine, tout en commençant à caresser ses cheveux et à lui murmurer des paroles rassurantes. Et là, avec ses doigts dans ses cheveux et ses paroles dans ses oreilles, son odeur en plissant ses narines, Kyouya arrivait à se libérer de toute l'angoisse qu'il avait accumulé et à croire, finalement, que tout allait bien, à présent.

Une dizaine de minutes plus tard, ou peut-être une heure, le médecin vint les informer qu'il était temps de laisser Haruhi se reposer. Ils s'embrassèrent rapidement, et se souhaitèrent bonne nuit. Tachibana attendait Kyouya dans le couloir. Il ne fit aucun commentaire laissant penser qu'il attendait depuis longtemps. Il se contenta de reconduire Kyouya jusqu'à la résidence Suoh, où tout le monde l'attendait. Ils ne parlèrent pas de dîner, et Kyouya se laissa conduire dans la plus grande chambre, qu'ils partagèrent ce soir-là.


Le lendemain, en milieu de journée, l'hôpital les contacta. Haruhi était autorisée à sortir. Hotta se chargea d'aller la chercher pendant que les garçons préparaient son arrivée. Tamaki insista pour que son lit soit réchauffé par des bouillotes, ainsi que la fenêtre ouverte pour renouveler l'air. Mori et Hani supervisèrent la préparation du repas dans la cuisine. Hikaru et Kaoru préparèrent près du lit tout ce dont Haruhi pourrait avoir besoin, des vêtements de nuit aux affaires de toilette. Ils glissèrent même sous l'oreiller des petits sacs dégageant une odeur sensée être relaxante. Kyouya était dans sa chambre, plongé dans le dossier médical d'Haruhi. Il tentait de comprendre, mais rien n'indiquait l'existence d'un psychologue. Pas le moindre début de piste. Il étudia le dossier jusqu'en milieu d'après-midi, lorsqu'Hotta revint avec Haruhi à ses côtés et une feuille de recommandation doublée d'une ordonnance à la main. Kyouya avait rejoint les autres dans l'entrée, et ce fut lui qui réquisitionna immédiatement l'ordonnance, la lisant et suivant le groupe jusqu'au salon, où une collation attendait Haruhi. Celle-ci informa Kyouya du passage imminent d'un officier et il acquiesça avant de continuer sa lecture. Une dizaine de minutes plus tard, le majordome annonça l'arrivée de l'officier pour Mr Ootori, et Kyouya se leva et le suivit docilement. Le reste du groupe accompagna Haruhi dans sa chambre, où ils s'installèrent pour la fin de journée. Ils ne furent à nouveau tous réunit qu'à l'heure du dîner, qu'ils prirent avec Haruhi dans sa chambre, sur des tables qu'ils firent installer. Puis vint la question de la surveillance post-hospitalière.

- Je devrais m'en occuper, annonça Kyouya après que leur repas ait été débarrassé.

Hikaru lui lança immédiatement un regard noir.

- Et pourquoi toi ? interrogea-t-il de son ton le plus insolent.

Pour toute réponse, Kyouya se contenta de lui tendre la feuille comportant les directives du médecin.

- C'est quoi le rapport ? s'énerva Hikaru.

- Qu'est-ce que tu comprends ? répliqua Kyouya.

Hikaru sembla tenter de déchiffrer ce qui était écrit sans y parvenir. Kyouya le vit se concentrer, froncer les sourcils, puis abdiquer et lui tendre de nouveau la feuille. Voyant qu'aucune protestation ne venait et face aux regards médusés des autres, Kyouya expliqua calmement :

- Ma famille travaille dans la branche médicale. Les soins médicaux font partie de mon vocabulaire depuis que je sais parler. Cette surveillance ne me posera aucun problème.

Chacun se regarda et Tamaki finit par se lever, coupant court aux éventuelles protestations.

- Bien, l'affaire est entendue. Du coup, je vous propose qu'on aille dormir. La journée a été longue !

Tout le groupe se leva à son tour, Kyouya compris, et chacun retourna à sa chambre en se souhaitant bonne nuit.

Haruhi vit Kyouya revenir, une vingtaine de minutes plus tard, changé pour la nuit. Il commença à faire le tour de la chambre, vérifiant que les fenêtres étaient fermées, ramassant ce qui traînait, et prit la parole :

- Je prendrais en charge les soins.

- Tu n'as pas besoin de faire ça, répondit Haruhi. Je peux me débrouiller.

Kyouya se retourna pour constater qu'Haruhi ne le regardait pas.

- Haruhi, ma famille possède plusieurs hôpitaux. Ce serait stupide de ma part de ne pas t'en faire bénéficier.

Les joues d'Haruhi devinrent rouges, et Kyouya su qu'il était mal, environ une seconde avant qu'elle ne plante son regard dans le sien.

- Je n'ai pas besoin que ta famille me fasse la charité, grogna-t-elle. Malgré l'image que tu peux en avoir, ma famille a une très bonne assurance qui prend en charge le moindre de mes frais de santé. Et j'ose espérer que tu sais que si je suis avec toi, c'est parce que je t'aime ! Je m'en fiche pas mal de l'argent de ta famille !

Le silence retomba dans la pièce et la gêne s'abattit sur Kyouya. Il se gratta l'arrière du crâne, cherchant ses mots.

- Je te présente mes excuses. Je ne voulais pas sous-entendre quoi que ce soit. Apparemment, c'était stupide de ma part. Encore.

Le visage d'Haruhi se radoucit.

- Ça va. Aurais-je une mauvaise influence sur toi ? Tu fais beaucoup de choses stupides quand je suis là.

Kyouya leva les yeux au ciel face à la plaisanterie, puis haussa les épaules. Il finit par rejoindre Haruhi lorsqu'elle l'invita à venir se coucher. Le silence perdura un moment. Kyouya avait terriblement envie qu'Haruhi lui dise tout dans les moindres détails, mais les paroles du Dr Kobayashi le heurtèrent de plein fouet et il se contenta de se taire. Il sentait qu'Haruhi était toujours éveillée. Ce qui ne l'empêcha pas d'être surpris lorsqu'elle prit la parole :

- Raconte-moi la pire chose qui t'est arrivée pendant ton enfance ?

Un bref silence suivit sa demande, le temps pour Kyouya de rassembler ses idées. Pas tellement ses souvenirs, car celui-là était tout trouvé.

- J'avais sept ans, commença-t-il, lorsque des rumeurs sur ma famille ont commencé à faire le tour de l'école.


Quand le petit Kyouya Ootori entra dans sa classe, ce matin-là, il sentit immédiatement que quelque chose clochait. Tout avait l'air normal, ses camarades parlaient en petits groupes, sauf un qui lui fonça dessus dès que Kyouya posa son cartable sur sa table.

- Salut Ootori, l'interpella directement le petit garçon. Dis, qui t'a déposé à l'école ce matin ?

Kyouya fronça les sourcils, ne voyant pas pourquoi il lui demandait ça.

- Ma sœur, comme d'habitude. Pourquoi cette question ?

Le silence s'était fait parmi ses camarades qui s'étaient tournés vers eux, et le rire amusé du petit garçon résonna dans la salle.

- J'en étais sûr, affirma-t-il en ignorant la question de Kyouya. Tu sais ce que je crois ? Tes parents ne t'aiment pas, Ootori ! Sinon, ils s'occuperaient de toi.

Kyouya se leva et posa ses mains à plat sur son pupitre. Ses yeux reflétaient une assurance et une menace rare chez lui.

- Dois-je te rappeler mon nom de famille ? Mes parents sont très occupés à maintenir la fortune et le prestige de ma famille, voilà tout !

L'institutrice arriva à cet instant, stoppant la dispute entre les garçons. Mais c'était déjà peine perdue. Le soir, toute l'école était au courant que les parents de Kyouya n'avaient aucune affection pour lui, et Kyouya rentra chez lui la tête basse. Il avait lui-même commencé à douter. Il interrogea sa sœur le soir-même, mais elle évita de répondre, prétendant que ses parents avaient juste un travail très important qui leur prenait du temps. Mais Kyouya n'était pas dupe. Il prit alors la décision la plus importante de sa jeune vie.

Le lendemain, Kyouya s'appliqua à ignorer copieusement ses camarades, qui s'étaient mis à faire des messes basses dès son entrée. Et le soir, après avoir été ramené par sa sœur, avoir pris son goûter et fait ses devoirs, Kyouya s'enferma dans sa chambre et composa le numéro de la secrétaire de son père, le seul moyen qu'il avait pour le joindre, lui.

- Bureau du directeur Yoshio Ootori, que puis-je faire pour vous ?

- Bonjour, excusez-moi de vous déranger…

- Oh, c'est toi Kyouya, s'écria-t-elle dès qu'elle le reconnu. Tu veux que je te passe ton père ?

Evidemment, tous les employés proches de son père le connaissaient.

- Non, c'est pas la peine, merci. En fait je ne vous appelais pas pour lui parler mais pour prendre rendez-vous.

- Très bien.

Cinq minutes plus tard, Kyouya avait obtenu un rendez-vous avec son père le lendemain. Sa journée se termina, teintée de stress. Demain, il aurait enfin sa réponse !

Habillé impeccablement pour son âge, Kyouya était assis dans la salle d'attente, surveillé par le regard attendrit de la secrétaire. Il était arrivé bien avant l'heure de son rendez-vous et se retenait désormais de regarder l'horloge toutes les cinq minutes. Il ne savait plus vraiment si c'était une bonne idée, mais il ne pouvait plus faire marche arrière. Kyouya sauta pratiquement de sa chaise lorsque la secrétaire l'informa que son père l'attendait.

Kyouya n'avait qu'à de très rares occasions vu le bureau de son père, mais il lui avait toujours fait la même impression. Il lui semblait impersonnel, avec son bureau noir massif placé au milieu de la pièce, et derrière lequel trônait son père. Même l'étagère pleine de livres semblait faire de la figuration. Tout lui paraissait tellement grand à cet instant, et l'air grave de son père qui le toisait le poussa presque à se rétracter, mais la curiosité fut plus forte. Il avait besoin de savoir.

- Assieds-toi et vas droit au but, ordonna son père. Je n'ai pas beaucoup de temps à te consacrer.

Kyouya savait qu'il valait mieux ne pas faire attendre son père. Ses mains tremblaient et son cœur battait tellement fort que le son semblait se répercuter sur les murs. Enfin, il prit son courage à deux mains et posa sa question :

- Pourquoi maman et toi vous ne m'aimez pas ?

Le silence qui suivit fut le plus lourd que Kyouya n'ait jamais connu. Ce n'était pas de l'étonnement pourtant qui se lisait sur le visage de son père. Juste un profond ennui. Kyouya sentait qu'il n'aurait pas dû demander, que la réponse ne lui plairait pas. Et effectivement :

- Tu n'as pas besoin qu'on t'aime Kyouya. Ce dont tu as besoin, c'est d'apprendre à représenter le nom de ta famille et à rester à ta place. Si tu es là, c'est uniquement au cas où tes frères seraient incapables de reprendre l'entreprise. Maintenant, si c'était ta seule question, j'ai du travail et j'aimerais que tu rentres !


Haruhi essuya les larmes qui avaient coulées sur les joues de Kyouya. Elle-même avait pleuré par empathie, mais c'était pour l'instant à lui d'être consolé.

- Et après, comment ça s'est passé ?

- Globalement, j'ai laissé les bruits courir à l'école et ils se sont éteints d'eux-mêmes. À la maison et aux réceptions, j'ai fait ce qu'on m'avait dit : j'ai fait profil bas et j'ai fait ce qu'il fallait pour répondre aux attentes de ma famille.

- Et aujourd'hui ?

- Je fais au mieux, répondit simplement Kyouya.

Un bâillement rompit le silence qui suivit et Kyouya se pencha immédiatement pour éteindre la lumière.

- Allez, maintenant on dort !

Haruhi approuva et se blottit contre lui. Elle fut la première à s'endormir. Kyouya resta longtemps éveillé pour la surveiller, ruminant des pensées auxquelles il n'avait pas de réponse, jusqu'à s'endormir.