Bonjour tout le monde :D En direct de mon cours d'Histoire, je vous prépare ce nouveau chapitre ;) J'ai bien avancé sur le chapitre 6, mais je vous avoue qu'à 3 mois de mon concours, je suis totalement en stress, donc les publications vont pas se rapprocher, même si je donne tout ce que je peux pour avancer le plus vite possible. J'espère que vous comprendrez. En attendant, je vous souhaite une bonne lecture, j'ai remanié ce chapitre plusieurs fois avant qu'il me convienne vraiment. Un chapitre important donc, que je vous laisse le soin de lire. J'attends vos avis en bas dans les commentaires ;)


Chapitre 4 : Il existe deux types de personnes, celles qui s'excusent et celles qui disent « faites attention ! »

Monter à cheval transforme le « je voudrais bien » en « je peux »

Article 55 :
Aucun Pote ne doit porter un jean moulant.

La convalescence d'Haruhi s'était déroulée à merveille, en tout cas au début. Elle avait six garçons au petit soin pour elle, tout occupé à répondre à chacune de ses envies ou besoins. Les choses étaient devenues beaucoup plus compliquées, en revanche, quand elle était revenue chez elle. À peine passa-t-elle la porte que son père se jetait sur elle.

- Ma chérie, comment tu te sens ?

- Papa, répondit Haruhi. Ça va très bien, maintenant laisse-moi, je dois ranger mes valises.

- Je ne veux plus que tu partes en vacances avec eux.

Haruhi se retourna vers son père, surprise par son ton sans équivoque. Un petit rire lui échappa.

- Pourquoi donc ?

- Ils sont incapables de prendre soin de toi, répondit simplement Ranka.

Elle n'en croyait pas ses oreilles. Son père osait lui dire une telle chose ! Haruhi laissa ses affaires au sol avant de se diriger franchement vers son père, les sourcils froncés en un air accusateur.

- Tu ne sais rien de ce qui s'est passé, tu n'étais pas là, tu n'es jamais là, et je t'interdis de les accuser ! Ce qui s'est passé n'est en rien leur faute ! Toi, tu aurais dû l'empêcher ! C'est moi qui me suis éloignée et qui n'ai pas fait suffisamment attention. Je suis grande, ils n'ont pas à surveiller chacun de mes faits et gestes ! Heureusement qu'ils étaient là pour m'aider.

Après une pause, elle se recula légèrement, fixa son père abasourdi et reprit, d'un ton froid et blessant :

- Maintenant, il faut vraiment que j'y aille !

Elle était partie sans un mot de plus dans sa chambre. Elle ne rejoignit pas son père pour manger, et quand elle partit au lycée le lendemain, Ranka était déjà parti au travail.

Kyouya avait finalement obtenu ce qu'il voulait. Puisqu'il se sentait en partie responsable de ce qui était arrivé, il avait eu droit de payer une partie des frais médicaux. La négociation avait été rude mais il était content d'avoir gagné. Haruhi devait simplement se rendre à la salle de musique numéro trois avant le début de cours, l'infirmière l'y attendant pour ses soins.

C'était Kyouya qui l'attendait ce matin. Il était nonchalamment appuyé contre la porte de la salle de musique, les bras croisés et le menton appuyé sur son torse. Il avait l'air fatigué, des cernes bleues s'étalaient sous ses yeux. Il releva la tête et un sourire éclaira son visage quand il la vit arriver.

- Qu'est-ce que tu fais là ? lui demanda-t-elle en arrivant à sa hauteur.

- Je m'assure que tu vas bien, répondit Kyouya en prenant Haruhi dans ses bras.

Il déposa un baiser rapide sur ses lèvres, tout en prenant garde à son bras toujours très sensible.

- Tu vas bien ? lui demanda-t-il.

- Bien sûr. Une petite dispute avec mon père, trois fois rien. En tout cas rien d'inhabituel.

Les sourcils de Kyouya se froncèrent et il força Haruhi à releva la tête, qu'elle avait baissé pour cacher son air contrarié.

- Pas de ça, ce n'est pas rien avec toi. Qu'est-ce qui s'est passé ?

Elle lui rapporta alors la conversation de la veille, les arguments de son père, comme sa réaction, tout y passa de la façon la plus fidèle possible. Il n'y avait rien à faire, alors Kyouya fit son possible pour la rassurer et lui montrer son soutien.

- Je te ramènerais ce soir, et je te raccompagnerais chaque soir et viendrais te chercher chaque matin jusqu'à la fin de tes soins.

- Pourquoi ça, tout d'un coup ? s'étonna Haruhi.

- Pour l'instant, c'est la seule façon pour qu'on passe du temps ensemble, entre ton père et mes propres parents, et ça me fera une raison valable de te surveiller toute la journée.

Un sourire tendre illumina le visage de Kyouya et fit immédiatement fondre Haruhi. Elle se dressa sur la pointe des pieds et l'embrassa immédiatement. Ils prirent leur temps, laissant leurs langues se découvrir à nouveau, bien qu'elles se connaissent déjà par cœur. Ces moments seuls étaient beaucoup trop rares pour qu'ils n'en profitent pas. Kyouya serra Haruhi un peu plus lorsqu'ils se séparèrent, comme s'il ne voulait pas la lâcher, et murmura :

- Tu dois y aller, l'infirmière va t'attendre.

Haruhi acquiesça, les yeux fermés, mais ne bougea pas. Ce ne fut que quand Kyouya posa un baiser sur sa joue qu'elle reprit conscience.

- Allez, vas-y, je t'attends ici, ne me fais pas trop patienter.

Haruhi consentit alors à s'éloigner, et à entrer dans la salle de musique numéro trois.

Une table attendait l'arrivée d'Haruhi, en plein centre de la salle. C'était étrange de voir la salle occupée par le club d'hôte si calme, alors qu'elle était habituellement très animée. L'heure matinale également était déstabilisante. Les rideaux n'avaient pas tous étaient tirés, et il régnait une semi-obscurité dans la plus grande partie de la pièce.

- Tu peux t'asseoir, l'invita l'infirmière avec un sourire rassurant.

Haruhi obtempéra, s'asseyant sur la table face à l'infirmière. La fenêtre qui donnait sur le centre de la pièce était dégagée, et la table d'auscultation baignait dans la douce lumière matinale. Le reste de la pièce restait dans l'ombre, et un frisson parcourut Haruhi. Elle n'avait pas exactement peur du noir, mais l'obscurité n'avait jamais eu quelque chose de vraiment rassurant.

- Je m'appelle Riko Usagi, se présenta l'infirmière.

- Usagi, vraiment ? demanda Haruhi, un sourcil levé, sceptique.

- L'avantage de mon nom bizarre, c'est qu'il fait craquer les enfants, se confia Riko. Mais ne le dit à personne surtout.

En à peine quelques secondes, elle avait réussi à lui faire sentir qu'elles étaient les meilleures amies du monde. Ce n'était qu'une impression, mais c'était rassurant, alors Haruhi ne se posa pas plus de questions. Elle détailla Riko pendant qu'elle préparait son matériel. Riko semblait quelques années seulement plus âgée qu'elle, même si elle avait sûrement entre vingt-cinq et trente ans. Elle avait de long cheveux noir corbeau attachés en une queue de cheval très basse. Aucune mèche ne dépassait de sa coiffure. En comparaison, sa peau semblait très blanche, mais le reste de son visage ne possédait pas de traits qui ressortaient. Pas de lèvres rouges à la Blanche-Neige, ou d'yeux bleus à la Cendrillon. Haruhi se trouva étrangement rassurée. Elle ne prenait pas particulièrement soin de son apparence, mais dans les circonstances, elle aurait trouvé ça insultant d'être face à une bimbo ultra maquillée prête à lui enfoncer des aiguilles dans le bras. Enfin, elle ne savait pas d'où venait cette insécurité, peut-être un cumul entre les évènements récents, le fait d'être face à une femme, et que Kyouya l'attende dehors.

- Comment va ton bras ?

Cette phrase sorti Haruhi de ses pensées, et elle reporta son attention sur l'infirmière.

- Ça tire, mais ça peut aller, j'ai connu pire que ça.

- Pire comment ?

Elle avait commencé à défaire ses bandages, et la sensation de la gaze se décollant des points de sutures étaient définitivement la pire qu'elle avait connu. Elle lui rappelait d'anciens souvenirs. De mauvais souvenirs.

- Je n'ai pas vraiment envie d'en parler, répondit Haruhi.

- Je vois. Tes amis sont au courant ?

- Ils n'ont pas besoin de l'être !

- Et ce jeune homme qui a pris contact avec moi ? Kyouya Ootori il me semble.

Haruhi lui jeta un regard qui se voulait menaçant, mais qui était plus terrifié qu'autre chose.

- Qu'est-ce que vous insinuez ?

- Rien du tout, calme-toi. (Elle-même continuait calmement de s'occuper de sa blessure). J'ai juste compris au ton qu'il a utilisé que vous étiez plus ou moins ensemble. Je me doute que ça ne doit pas être facile, je ne suis pas née de la dernière pluie, mais je pense qu'il serait bénéfique que tu te confies à lui.

- Je pense que c'est à moi d'en juger, se braqua Haruhi.

Riko décida donc de changer d'angle d'attaque.

- Ce sont trois hommes qui t'ont agressé, c'est bien ça.

Haruhi acquiesça.

- Quelle est ton opinion des hommes ?

Le nettoyage de la plaie venait juste de finir, et Riko préparait son matériel pour refaire un bandage propre. Haruhi réfléchit quelques secondes avant d'avouer qu'elle ne comprenait pas la question.

- Est-ce que l'impression que tu avais sur eux a changé ? Est-ce que tu en as peur ?

- Je ne sais pas, répondit finalement Haruhi. Je ne pense pas avoir peur, pas de ceux que je connais en tout cas, mais, en règle générale, je me méfie d'eux.

- Je vois. Et à l'arrivée au club d'hôtes ? Tu n'étais entourée que de garçons, et tu es quand même restée.

- Et bien, ils ne savaient pas que j'étais une fille, et même après qu'ils l'aient su, plus ou moins tardivement d'ailleurs, ils n'ont jamais rien fait contre mes intérêts et ont toujours pris soin de moi, enfin en général, alors j'imagine que je me suis sentie en sécurité.

Haruhi suivit les instructions de Riko alors que celle-ci lui refaisait son bandage.

- Ne t'éloignes pas de tes amis d'accord, et fais leur confiance.

Haruhi acquiesça, et Riko lui annonça que c'était fini.

- A demain alors, la salua Haruhi.

- A demain, passe une bonne journée, lui souhaita Riko.

En passant la porte, Haruhi sentit un poids se libérer de ses épaules, qu'elle n'avait pas conscience de porter jusque-là. Kyouya vint directement à sa rencontre.

- Tout va bien, ça s'est bien passé ?

Ses sourcils étaient froncés d'inquiétude et il avait directement enfermé les mains d'Haruhi dans les siennes.

- Nickel, répondit Haruhi avec un sourire. Tout va bien.

- Tant mieux alors.

Ils s'éloignèrent ensuite de l'infirmerie improvisée et allèrent en cours.

Une routine s'installa alors durant la semaine, Kyouya venant chercher Haruhi avant le début des cours pour qu'elle soit soignée, et la ramenant après le club. Il lui arrivait parfois de rester avec elle, lorsqu'elle devait aller faire les courses ou le ménage. Elle lui avait interdit la lessive quand il avait failli inonder l'appartement de savon. Kyouya n'avait pas croisé une seule fois le père d'Haruhi. Quand il en avait fait la remarque, elle lui dit simplement qu'elle ne l'avait pas beaucoup vu non plus.

C'était jeudi soir quand Kyouya, après avoir essuyé la vaisselle, annonça à Haruhi ce que ses parents lui avaient déclaraient le matin.

- Demain soir, mes parents partent en voyage d'affaire une semaine. Si tu es d'accord, j'aimerais que tu viennes passer le week-end à la maison.

Haruhi se retourna, oubliant quelques secondes le riz qu'elle faisait cuire.

- Vraiment ? demanda-t-elle, comme si elle refusait d'y croire.

- Je ne te proposerais pas sinon.

Le sourire de Kyouya lui confirma que ce n'était pas une blague, et elle sauta presque de joie en s'en rendant compte. Heureusement pour sa dignité, elle parvint à se contenir.

- Dans ce cas c'est oui, et même doublement oui !

- Alors c'est décidé, je viendrais te chercher samedi matin, il y a quelque chose que je veux te montrer.

- C'est quoi ?

L'expression intriguée d'Haruhi fit rire Kyouya. Il avait pris cet air suffisant, comme s'il savait déjà que ce qu'il allait lui montrer lui plairait.

- Si je te le dis, ce ne sera plus une surprise.

Il agrémenta sa réponse d'un clin d'œil qui énerva particulièrement Haruhi.

- Je déteste les surprises, c'est ce que je hais le plus au monde, se plaignit-elle.

Ses lèvres étaient tordues dans une expression boudeuse qui donnait envie à Kyouya de l'embrasser pour lui retirer, mais il se retint. Il aurait bien le temps plus tard.

- Celle-là, tu vas l'adorer.

- Comment tu peux en être aussi sûr ?

- Je le sais, c'est tout.

Haruhi retourna à sa préparation du repas pour cacher son air sceptique. À peine quelques secondes plus tard, des mains se posèrent sur ses hanches et Kyouya se colla contre son dos, le menton posé sur sa tête.

- J'aime pas quand t'es sûr de toi comme ça.

- Je sais. (Il déposa un baiser sur ses cheveux avant de continuer) Mais je peux te promettre que tu vas adorer.

Haruhi se contenta d'acquiescer en soupirant, et elle dût supporter Kyouya littéralement sur son dos pendant toute la durée de sa préparation de repas, ce qu'elle lui fit remarquer à plusieurs reprises, sans succès. Ils mangèrent ensemble puis se souhaitèrent la bonne nuit avant de se séparer. Ce soir encore, Haruhi ne vit pas son père.

Son père l'ayant évité toute la semaine, Haruhi s'était résolue à le prévenir de son absence en lui laissant un mot sur la table. Elle avait donc son sac prêt pour le week-end quand Kyouya arriva à son appartement à huit heures trente le samedi. Il l'aida à porter ses sacs jusqu'à la voiture, lui apprit que l'infirmière l'attendrait directement chez lui pour ses soins et ils prirent la route.

Après les soins prodigués à Haruhi dès son arrivée, Kyouya l'entraîna à sa suite afin de lui faire visiter la maison. C'était la première fois qu'elle venait chez Kyouya, et Haruhi était émerveillée par la taille de l'habitation. Elle s'attendait à ce que ce soit grand, bien sûr, mais là, ça dépassait l'entendement. Ils montèrent des escaliers et s'engagèrent dans un long couloir. Kyouya lui ouvrit la troisième porte à droite, dans la partie gauche du couloir. Sa chambre faisait bien le double de l'appartement d'Haruhi, et elle ne put s'empêcher de laisser échapper une remarque :

- La démesure, c'est compris dans le lot de la richesse ou c'est juste spécifique à Ouran ?

Elle laissa échapper un rire d'où perçait le stress, que décela Kyouya en se tournant vers elle.

- C'est compris dans le lot je pense. Suis-moi, on va déposer tes affaires.

En guise de chambre, Kyouya avait une grande pièce avec une mezzanine. La partie basse était un genre de salon, avec fauteuils, canapés et table basse. Une télé écran plat était accrochée au mur, face à une commode qui semblait contenir tous les vêtements de Kyouya. Il y avait également une porte, près des fenêtres, ce qui laissait prévoir une autre pièce sous la chambre. Une salle de bain peut-être ?

Un escalier plaqué contre le mur de gauche menait à l'étage supérieur. Haruhi suivit Kyouya et découvrit un espace incroyablement grand, réservé en tout et pour tout à un lit double, un bureau d'angle avec matériel informatique et assez de place pour travailler, une bibliothèque moyennement remplie et deux tables de nuit sur lesquels étaient posées des plantes. Tout était extrêmement bien rangé, rien ne dépassait. Haruhi remarqua également une autre porte à droite du lit.

- Ma chambre, présenta Kyouya. Le lit où je dors, le bureau où je travaille, en bas tu as pu voir mon salon, et ici (il désigna la porte inconnu), c'est la salle de bain.

- Mais, alors l'autre porte en bas ? demanda Haruhi.

- En bas c'est mon atelier, où je dessine et où je peins. Je te le montrerai si tu veux, mais pas aujourd'hui. Il n'est pas vraiment en état et j'ai prévu autre chose pour toi cet après-midi.

- Et pour ce matin ?

Kyouya s'approcha d'Haruhi pour prendre ses mains et les serrer dans les siennes.

- Ce matin, je te fais visiter la maison, il faudra bien ce temps-là, mais je veux que tu te sentes aussi à l'aise que possible ici, ensuite nous irons manger.

La visite se poursuivie alors, seulement interrompue par les questions d'Haruhi :

- Est-ce que c'est aussi grand chez tous les membres du club ou c'est seulement chez toi ?

- Le manoir des Hiitachin est bien plus grand, c'est leur demeure principale. Ici, c'est seulement une habitation secondaire. Idem pour le manoir des Suoh, mais Tamaki n'y a jamais mis les pieds alors j'ai seulement ouï dire de sa taille. Les maisons principales des Haninozuka et des Morinozuka sont également beaucoup plus grandes que celle-ci. Mais même leurs demeures secondaires sont plus grandes alors ce n'est pas très significatif.

- Comment tu peux savoir tout ça ? Ah oui, se reprit aussitôt Haruhi, j'oubliais, tu sais toujours tout sur tout le monde.

- Seulement pour mieux cerner toutes mes options.

- Tu fais tellement peur parfois…

La matinée avait été suffisante pour visiter la maison entière, et le repas était prêt lorsqu'ils firent leur entrée dans la salle à manger. Kyouya ne voulut rien dire de sa surprise qui attendait toujours Haruhi. La seule information qu'il lâcha fut :

- Tu n'as pas encore tout visité ici.

Cette remarque intrigua Haruhi qui se mit presque à manger plus vite pour découvrir sa surprise, ce qui lui valut quelques réprimandes de la part de Kyouya. Il l'empêcha de débarrasser la table à la fin du repas et l'invita plutôt à le suivre. Il l'entraîna vers l'arrière de la maison qu'elle n'avait pas encore vu. Tout semblait plus sombre, moins habité. Cette partie amenait vers ce qui ressemblait à des écuries.

- Qu'est-ce que c'est ?

- Ça, lui répondit Kyouya, c'est mon écurie.

Il l'entraîna derrière lui en lui prenant la main. L'hésitation était visible sur le visage d'Haruhi et elle semblait regretter d'avoir accepté de venir. Il semblait qu'elle pesait les options entre continuer de le suivre et rentrer chez elle le plus vite possible. Il avait donc paru plus judicieux à Kyouya d'attraper sa main afin de la retenir. Il commença à lui présenter les différentes portes qu'on pouvait apercevoir. Il en désigna à leur droite :

- Ici, c'est là où je range toutes les affaires de mon cheval. Juste après (il désigna la porte suivante) c'est la pièce où je range la plupart de mes affaires et où je me change. A notre gauche (il montra la porte en face), je range tout le matériel d'entretien. (Il lui désigna ensuite une grande porte ouverte sur un espace clos de trois côtés) Ici, c'est le box que je laisse en libre accès. Pride peut y accéder depuis l'extérieur, il choisit s'il préfère dormir dehors ou ici. Regarde, il est dehors.

Haruhi regarda dans la direction indiquée. Elle n'avait même pas remarqué que l'écurie était ouverte sur un champ immense, beaucoup plus grand qu'on ne pouvait l'imaginer en voyant la maison. Un cheval qui semblait blanc, qui était en tout cas très clair, broutait paisiblement au milieu du champ. La main tenant toujours celle d'Haruhi, Kyouya l'avait amenée jusqu'au bord du champ. S'asseyant, il l'entraîna avec elle, et l'attira contre lui lorsqu'elle le regarda un peu apeurée avant de lui expliquer :

- Pour l'instant, on va juste s'asseoir là et le regarder. Il viendra nous voir de lui-même. Tu vas voir, il a son petit caractère. (Haruhi pouvait sentir le sourire dans sa voix, même si elle ne le voyait pas). Concentre-toi pour te détendre. Tu n'as aucune raison d'avoir peur tant que je suis là, sinon je ne t'aurais jamais amené ici. Tu vas voir, tu vas adorer.

Haruhi s'était attendue totalement à autre chose, et pas simplement à attendre et regarder ce cheval brouter. Il lui traversa l'esprit que Kyouya se moquait d'elle, jusqu'à ce qu'il se mette à parler en sentant sa tension, et à caresser son bras pour la détendre. Il lui expliquait tout ce qu'elle devait savoir. Il ne fallait pas avoir peur, car le cheval ne faisait jamais de mal intentionnellement. Ce n'était pas un prédateur, mais une proie. Pour lui, c'était nous les prédateurs. Mais Pride était un cas particulier. Kyouya et lui se connaissaient depuis que Kyouya avait cinq ans, et Pride sept. C'était un véritable ami pour Kyouya, son meilleur ami même. Il l'avait accompagné pour passer ses diplômes et lui avait permis de les avoir. Il l'avait aussi accompagné depuis son premier concours. Il avait tout vécu avec lui. Le travail qu'ils avaient fourni ensemble était immense. Mais Pride ne supportait pas la présence d'autres chevaux. Ce constat avait grandement attristé Kyouya, qui voulait le voir évoluer au sein d'un troupeau, comme les autres chevaux, mais après plusieurs essais infructueux, il avait dû se rendre à l'évidence : Pride devrait vivre seul. Le problème ne venait pas des autres chevaux, au contraire. C'était uniquement de sa faute. Pride était tyrannique avec eux. Il les empêchait de manger, les chassait, les persécutait. Une vraie teigne ! Il avait donc été isolé dans le pré à l'arrière de sa maison, et Kyouya essayait de lui rendre visite tous les jours afin qu'il ne se sente pas seul.

Il commença ensuite à lui expliquer ce qu'ils allaient faire. Pride était très protecteur envers Kyouya, et n'acceptait personne s'il n'était pas présent. Mais à partir du moment où Kyouya était là, on pouvait lui mettre un débutant sur le dos sans aucun souci. Ils l'avaient fait des centaines de fois. C'était un cheval très intelligent qui connaissait parfaitement tous les ordres vocaux. La plupart du temps, Kyouya ne le montait avec rien de plus qu'une cordelette autour de l'encolure. Les rares concours qu'il faisait encore avec lui, lorsqu'il avait le temps, il y allait sans mors. Si cela surpris Haruhi au départ, elle n'en montra rien. C'était Kyouya qui s'y connaissait, pas elle. Elle lui faisait donc entièrement confiance. Ils commenceraient par du travail à pied. Ensuite, si elle se sentait assez à l'aise pour ça, et qu'elle en avait envie, elle pourrait monter.

Haruhi se trouva beaucoup plus calme quand Kyouya l'invita à se relever et à la suivre vers la pièce qui contenait ses affaires.

- J'ai préparé des affaires à ta taille, tu peux te changer.

- C'est vraiment nécessaire, demanda-t-elle, un peu angoissée par la possibilité qu'il lui fasse rembourser.

- C'est indispensable, affirma-t-il.

- Bon, soupira-t-elle, vaincue, c'est toi l'expert.

Elle entra alors dans la pièce, dont Kyouya retint la porte juste avant qu'elle ne se ferme.

- J'ai toujours rêvé de te voir en pantalon moulant.

Il referma presque immédiatement la porte, évitant ainsi l'objet indéterminé qu'elle lui balança dessus, entendant juste qu'elle le traitait de pervers. Il avait un sourire fier de lui. L'expression d'Haruhi avait été drôle au-delà de ses espérances. Elle ne ressortit que quelques minutes plus tard, changée dans une tenue adéquate. Si elle se sentait mal à l'aise dans ces vêtements, elle n'en laissa rien paraître.

- On va prendre ce qu'il faut pour travailler avec Pride.

Haruhi acquiesça et suivit Kyouya dans la pièce où était rangé le matériel. Elle le vit décrocher une sorte de harnais marron avec de la fourrure bleu. Il lui présenta l'ensemble le plus simplement possible.

- Ceci s'appelle un licol. C'est ce qu'on met sur la tête du cheval quand on va le chercher. (Haruhi lui jeta un regard signifiant qu'elle n'était pas non plus totalement stupide, Kyouya se racla la gorge et reprit). Ici, c'est là qu'on passe le nez du cheval. On ne déboucle jamais cette partie, où alors dans de très rare cas. Pour mettre un licol, on se place à la gauche du cheval, en n'oubliant pas de le prévenir. On lui passe le nez dedans, ensuite on fait passer cette partie (il lui montra la lanière qu'il tenait dans la main droite) dans la boucle opposée, en passant derrière les oreilles. Quand on a fini, on donne le pain. Tu te sens de le faire ?

Le regard paniqué d'Haruhi répondit avant même qu'elle n'ouvre la bouche.

- Une prochaine fois, peut-être. Aujourd'hui, je vais te regarder faire.

- Alors prends ce sac si tu veux bien, on va en profiter pour le brosser, et comme tu vas apprendre à travailler avec lui, mieux vaut qu'il te connaisse avant.

Il avait dit ça sur un ton de plaisanterie, mais ce n'était pas pour rassurer Haruhi. Elle fit cependant ce que Kyouya lui avait demandé puis le suivit docilement dans le pré. Il appela Pride qui releva immédiatement la tête. Il vint de lui-même voir Kyouya. Haruhi s'était arrêtée à quelques mètres, observant simplement. La simplicité avec laquelle Kyouya mania le licol qui lui avait semblait si incompréhensible révélait des années de pratique. Il félicita Pride en lui donnant le pain, et elle le vit lui chuchoter quelque chose avant de l'enjoindre à le suivre. Haruhi remarqua que Pride était vraiment grand quand il arriva à sa hauteur. En tout cas, de son point de vue, il semblait immense.

- Jamais je vais y arriver ! remarqua-t-elle sur un ton quelque peu étonné, peut être que l'idée soit venue en premier lieu dans l'esprit de Kyouya.

- Mais si, c'est beaucoup plus simple qu'il n'y paraît, d'abord donne-moi ta main.

Haruhi obtempéra, et Kyouya conduisit sa main sous les naseaux de Pride. Il devait sentir sa main afin de la reconnaître. C'était comme une poignée de main entre le cheval et l'être humain et, en général, quand on se présentait à quelqu'un, on devait lui serrer la main par politesse. Il en allait de même avec les chevaux. Haruhi hocha la tête.

- N'aie pas peur de lui parler surtout, lui recommanda Kyouya. Ils sont beaucoup plus intelligents qu'on veut nous faire croire, et ils comprennent ce qu'on leur dit.

- Tu lui parles souvent ? demanda Haruhi.

- Dès que je peux.

- Et… (Elle rougit légèrement à sa question) Tu ne te sens pas ridicule ?

Kyouya rit à sa question. Il l'informa qu'on la lui posait souvent.

- Non, je ne me sens pas ridicule. C'est comme si je parlais à mon meilleur ami, sauf qu'il ne me répond pas. En tout cas pas de façon conventionnelle.

Haruhi acquiesça. Elle n'était pas sûre de tout comprendre, mais si Kyouya ne se sentait pas ridicule, alors elle n'avait pas à l'être. Elle se laissa ensuite guidée par Kyouya pour brosser le cheval. Cette phase de travail, qui l'était plus pour elle que pour Pride, lui permit de prendre confiance. Elle prenait conscience de la fragilité de l'animal, malgré son apparente force, de la douceur de ses poils, de la tranquillité et du calme qu'il dégageait. Elle se détendit et ne vit pas le temps passer. Kyouya termina le nettoyage en « faisant les pieds » comme il lui avait dit, ce qui consistait basiquement à soulever le pied du cheval et à nettoyer la terre dessous. Il lui proposa d'essayer et elle accepta. Mais elle se rendit vite compte que c'était beaucoup plus dur qu'il n'y paraissait. Soulever le pied et le tenir demander une force qu'elle n'avait pas, mais Kyouya l'aida et la soulagea. Il lui montra où passer l'instrument qu'elle utilisait, le cure pied, quels endroits éviter car elle pouvait le blesser, et où commencer pour aller plus vite. Malgré toute sa bonne volonté, la tâche fut trop dure pour elle et Kyouya prit le relai, en la rassurant. Aucun débutant ne faisait les pieds d'un cheval dès le premier contact, c'était beaucoup trop difficile. C'était quelque chose qui venait avec le temps, voilà tout. Lui-même ne réfléchissait même plus lorsqu'il le faisait. C'était devenu un automatisme.

Lorsque Pride fut propre et que Kyouya se fut assuré qu'il n'avait aucune blessure, Kyouya annonça en se tournant vers Haruhi :

- Maintenant, c'est à nous deux de t'apprendre la confiance et la rigueur.

Il lui passa la longe et se plaça à côté d'elle. Haruhi le regarda comme si elle ne savait pas quoi en faire.

- Tu vas voir, c'est très simple. N'oublie pas de lui parler surtout. Il te suffit de lui dire de marcher, et ensuite tu marches. Le plus important c'est d'avoir confiance en toi. Tu dois guider le cheval. Si tu n'es pas sûre d'avoir envie d'y aller, il n'ira pas non plus.

Haruhi acquiesça avant de se décider. Elle avança, tout en demandant à Pride de marcher. A sa grande surprise, Pride s'exécuta. Kyouya resta à côté d'elle tout le long de la séance. Il lui montra comment faire avancer Pride à côté d'elle, comment le faire s'arrêter, comment le faire tourner autour d'elle. Lorsqu'elle fut assez à l'aise, Kyouya lui permit de s'arrêter et amena une récompense pour Pride. Il était aussi bon pour les humains de s'arrêter sur un exercice réussit.

Kyouya indiqua à Haruhi le centre du champ où elle pouvait s'asseoir. Il allait lui-même en profiter pour travailler Pride, et ça ferait une démonstration à Haruhi.

Haruhi n'avait jamais vu Kyouya aussi détendu, aussi épanoui. Il était d'ordinaire maître de ses mouvements, mais ce n'était alors pas vraiment naturel, alors que là, tout l'était. Elle le vit détacher la longe, et il envoya Pride sur un cercle en s'aidant d'une grande tige avec une ficelle, qu'il appela une chambrière. Tout paraissait beaucoup plus facile que ça ne l'était réellement, et ils offraient un vrai spectacle à Haruhi, qui était incapable de décrire la moitié des figures qu'ils réalisaient. Le temps passa à toute vitesse, et lorsqu'ils eurent fini, Kyouya laissa Haruhi faire un dernier câlin à Pride. Elle le monterait le lendemain.

- Comme tu as pu le voir, il répond parfaitement à ma voix. Tant que je serais là, tu n'auras rien à craindre.

- Je te fais confiance, répondit Haruhi.

Le soir était arrivé sans qu'ils ne s'en rendent compte, et Haruhi se trouvait à présent dans la salle de bain attenante à la chambre de Kyouya, face au miroir. Elle avait enfilé un pyjama deux pièces, composé d'un pantalon violet et d'une chemise à manche longue assortie, dont elle serrait le tissu dans ses mains, au niveau de son ventre.

Franchir la porte pour retourner dans la chambre semblait insurmontable. Même si rien n'était censé se passer, le stress envahissait ses veines sans qu'elle parvienne à se ressaisir. Elle finit par se filer une gifle mentale monumentale et retourna dans la chambre d'un pas décidé. Kyouya était déjà couché dans le lit, à travailler sur son ordinateur. Il releva la tête lorsqu'il remarqua qu'elle restait au bord du lit, sans le rejoindre.

- Ça te va de dormir à gauche ? demanda-t-il d'un air concerné, en la voyant fixer les draps.

Haruhi releva les yeux et croisa son regard aux sourcils froncés.

- Oui, c'est très bien. C'est juste bizarre de dormir dans ton lit.

Kyouya ne répondit rien et la regarda simplement se glisser sous les couvertures.

- On a déjà dormi ensemble pourtant.

Haruhi ne répondit pas immédiatement. Elle s'installa confortablement dans le lit et finit par avouer, un peu honteuse :

- Oui, mais là c'est différent. On n'est pas en vacances, mais chez toi, dans ton propre lit. Je trouve que ça donne une nouvelle dimension à la chose.

On entendit le bruit de l'ordinateur qui s'éteignait, et il fut posé sur la table de chevet. Puis ce fut à la lampe de chevet de s'éteindre. Le bruit d'un corps qui bougeait. Et les bras de Kyouya qui entourèrent Haruhi pour la rassurer.

- Je comprends, mais je crois qu'on a déjà eu cette conversation, celle où je te disais que tu pouvais avoir confiance en moi et que je ne ferais rien que tu ne voulais pas.

- Oui je sais, et j'ai confiance en toi, c'est pas ça le problème. C'est juste que ta chambre, c'est quand même l'incarnation de ton intimité dans une maison. Je trouve ça intimidant d'y avoir accès.

Un silence confortable s'installa pendant quelques minutes. Jusqu'à ce qu'Haruhi remue pour trouver une position plus confortable et que Kyouya relâche son étreinte pour lui permettre de mieux bouger. La seule solution qu'elle sembla trouver fut d'étendre son bras hors du lit.

- Ton bras te fait mal ?

- Oui, mais ça peut aller, c'est supportable la plupart du temps. Ça tire un peu, c'est tout.

- Je…

- Si tu me dis que tu t'excuses, je te promets que je t'envoie un coup de talon !

Le rire de Kyouya parvint immédiatement aux oreilles d'Haruhi, et elle se détendit.

- Très bien, je ne dirais rien alors. Bonne nuit.

Kyouya enlaça sa main droite avec celle d'Haruhi.

- Bonne nuit aussi, répondit-elle.


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