Coucou tout le monde ! Je suis pas mal avancée sur le chapitre 6, qui sera découpé en 2 parties, parce que j'ai beaucoup trop de choses à dire. Ce chapitre est très long, c'est le chapitre charnière de l'histoire. Il va normalement répondre à beaucoup de vos questions, si tout se passe bien. Je l'ai beaucoup travaillé pour donner exactement l'effet que je souhaitais ^^. J'espère qu'il vous plaira et j'attends vraiment vos avis sur ce coup. Me lâchez pas ;)


Chapitre 5 : Même quand la blessure guérit, la cicatrice demeure

Article 48 :
Le terme « mignon » ne doit pas être utilisé en d'autres occasions que pour décrire une meuf qu'on veut se faire.

Ce matin-là Haruhi avait rendez-vous à l'infirmerie pour se faire enlever ses points de suture. Elle les avait gardés pendant un mois entier, et les médecins qui s'étaient occupés d'elle avait jugé que la blessure était assez cicatrisée. Pour cette fois, Kyouya avait été autorisé à l'accompagner dans la salle reconvertie en infirmerie. Haruhi était assise sur la table d'auscultation, attendant l'infirmière qui préparait son matériel, et Kyouya était à côté d'elle et lui tenait la main.

- Alors, comment ça va ce matin ? demanda l'infirmière en mettant ses gants, en se tournant vers sa patiente.

Haruhi déglutit, et jeta un regard un peu anxieux vers Kyouya à sa droite, qui lui offrit un sourire rassurant en retour.

- Ça peut aller, répondit-elle.

- Bon, très bien alors. On va regarder tout ça.

Haruhi tendit machinalement son bras, et l'infirmière défit le pansement qui l'entourait. La blessure était propre, ce qui sembla satisfaire Riko qui attrapa divers instruments dont Haruhi ne connaissait pas le nom.

- Je vais pouvoir t'enlever ces fils maintenant. Ne t'inquiète pas, ça ne fait pas mal. Ça tire un peu, c'est tout.

Riko arborait un sourire qu'Haruhi n'aurait pas su identifier. Il était rassurant, mais en même temps ne la mettait pas à l'aise. Elle serra plus fort la main de Kyouya comme si elle avait peur de tomber, et attendit sagement que Riko commence. Haruhi s'empêcha de regarder. Elle fixa son regard sur Kyouya, qui lui parlait pour détourner son attention, mais elle ne saurait dire de quoi. Elle se concentrait sur son bras, sur cette sensation de tiraillement désagréable qu'elle ne voulait plus jamais ressentir, sur les fils qu'elle pouvait presque sentir quitter son corps. Lorsque tout fut fini, elle senti une compresse être passée sur ses plaies, puis Riko parla.

Tout était flou pour Haruhi, qui ne se rendit pas compte du regard échangé par Kyouya et l'infirmière, un regard empli d'inquiétude, avant que cette dernière ne quitte la pièce. Quand Haruhi prit conscience que les soins étaient finis, elle porta lentement son regard sur son bras, sans donner de réponse à Kyouya qui l'appelait. Son bras. Non, ce n'était plus vraiment le sien, plus maintenant. Elle sentait encore le couteau contre sa peau, comme s'il ne l'avait jamais quitté. Les cicatrices le marbraient. Elle ne s'était pas rendu compte jusque-là, que c'en était à ce point. C'était même pire. Elle l'analysa très posément, regarda chaque zébrure qui ressortait sur sa peau, plus rouge que le reste et gonflée, qui s'entrecroisaient pour former des dessins étranges. Et soudain, la réalisation lui tomba dessus, comme les larmes qui se mirent à dévaler sur ses joues.

Devant sa réaction, Kyouya la prit dans ses bras, plaquant sa tête contre son torse pour qu'elle arrête de regarder, comme avec un enfant devant un film d'horreur. Il sentait les larmes mouiller sa chemise mais n'en avait que faire. Sa main caressait les cheveux d'Haruhi pour l'apaiser, mais elle semblait perdue dans une douleur qui lui était inconnue. Alors, elle se mit à parler de façon décousue, à tenter de s'expliquer.

- Mon bras… horrible… cicatrices… encore… je veux pas… je veux pas…

Kyouya la laissa se calmer, lui murmurant des paroles rassurantes. Cela prit un moment mais il la sentit enfin se détendre dans ses bras, et ses larmes semblèrent se tarir. Elle releva la tête d'elle-même cinq minutes plus tard, avec un regard perdu comme si elle ne s'était pas rendu compte des dernières minutes.

- Désolé, dit-elle en baissant les yeux.

Kyouya lui demanda de la regarder avant de lui répondre :

- Tu n'as pas à t'excuser Haruhi. Je ne sais pas pourquoi tu as eu cette réaction, mais je ne t'obligerais jamais à m'en parler si tu n'en as pas envie. Mais je veux que tu te souviennes que tu peux me parler de tout ce dont tu as envie, je ne te jugerai pas. Tu le sais hein ?

Haruhi hocha la tête, les yeux encore bouffis de sa crise de larmes. Elle serra son bras contre elle, ce que Kyouya ne chercha même pas à empêcher. Il la fit descendre de la table d'examen et, lorsqu'elle fut prête, l'accompagna à son premier cours.

Deux jours après « l'incident de l'infirmerie » comme l'appelait Haruhi, elle et Kyouya restèrent dans la salle de musique pour réviser après les clubs. La fin de la semaine n'annonçait pas seulement deux mois complets de vacances. Elle annonçait également des contrôles dans chaque matière, comme si les profs venaient juste de se rendre compte qu'ils avaient besoin de notes. Haruhi travaillait un exercice de math qui semblait particulièrement difficile quand Kyouya attira son attention.

- Tu fais quelque chose pendant les vacances ?

Haruhi releva la tête de son exercice et regarda Kyouya, les sourcils froncés.

- Comme tous les ans, je vais aider Misuzu à Karuizawa, pourquoi ?

Kyouya semblait réfléchir, mais le sourire qu'il affichait, qu'on ne remarquait qu'en étant très attentif, signifiait qu'il savait en réalité déjà ce qu'il allait dire. Un silence s'était installé avant que Kyouya ne reprenne le cours de sa pensée :

- Tu penses que Misuzu accepterait une aide en plus ? Bénévolement bien sûr.

La surprise fut immédiatement visible sur le visage d'Haruhi. Le sourire de Kyouya s'élargit. Il était fier de son effet. Il fallut une bonne minute à Haruhi pour reprendre ses esprits. En voyant l'air de Kyouya, elle comprit que la question n'était pas anodine.

- Tu as déjà tout prévu, n'est-ce pas ?

- J'ai une résidence secondaire juste à côté de Karuizawa. Elle est généralement vide à cette période de l'année, mais je peux y faire venir quelques domestiques, et Tachibana, Ajima et Hotta seront évidemment présent en tant que mes gardes du corps, et par extension les tiens. Ça nous donnerait l'occasion de passer deux mois complets ensemble, juste tous les deux.

Haruhi sembla réfléchir à la proposition, ne laissant rien transparaître de son étonnement. Kyouya prouvait une fois de plus qu'il était un maître de l'organisation. Sa tendance à avoir réponse à tout était quelque peu énervante, mais Haruhi pouvait passer outre. Elle ne le changerait pas, alors il était inutile de s'énerver.

- Misuzu ne sera sûrement pas contre. Tu devrais l'appeler, à moins bien sûr que tu n'ais déjà tout vu avec elle, ce qui ne m'étonnerai pas. Mais je ne peux pas garantir la normalité de ta tenue de travail, dans tous les cas.

Une grimace passa sur le visage de Kyouya, mais il sembla considérer qu'il s'agissait d'un mal nécessaire. Puis il haussa les épaules, et déclara qu'il prendrait contact avec Misuzu dès qu'il rentrerait chez lui. Haruhi retourna à ses révisions, observée par Kyouya, et aucun ne reprit la parole après ça.

La fin de semaine avait été rude mais le lundi suivant, Haruhi et Kyouya déposaient leurs affaires dans la résidence secondaire de Karuizawa avant d'aller prendre leur service pour l'été. Misuzu avait été soulagée par la proposition de Kyouya, le remerciant à outrance pour sa générosité et son altruisme. Comme l'année précédente, l'auberge semblait chaleureuse, colorée, et donnait envie de s'y arrêter pour se reposer. Mais Kyouya fut à deux doigts de faire demi-tour lorsque Misuzu lui présenta avec un enthousiasme certain le tablier blanc à froufrou, parfaitement assorti à celui d'Haruhi, qu'il porterait pendant son service. Face à sa mine dépitée, Haruhi étouffa un rire et Kyouya lui lança un regard glacial. Elle s'éclipsa donc pour préparer les chambres, laissant le soin à Misuzu de former Kyouya lors de cette première journée.

Les rôles se répartirent assez vite. Si Misuzu passa moins de temps avec les clients et plus à l'administratif, Haruhi s'occupa du ménage des chambres et du service en salle, alors que Kyouya accueillait les clients, aidait à la préparation des repas (tout en évitant au maximum les ingrédients), et faisait la vaisselle. Les trois premiers jours avaient été les plus rudes, puis un rythme s'était naturellement installé, et même si Kyouya et Haruhi ne se croisaient que peu au cours de la journée, ils passaient leurs soirées ensemble à regarder des films, quand ils ne tombaient pas directement de sommeil après avoir pris leurs douches.

Le jeudi midi, juste après le repas, ils eurent droit à une accalmie. Kyouya faisait tranquillement la vaisselle, il lui restait du temps avant de reprendre son service d'après-midi. L'évier devant lequel il se trouvait donnait sur la salle, ce qui permettait de transmettre aux cuisines les commandes des clients. Tout en lavant les assiettes, il observait Haruhi qui discutait avec l'un d'eux. Sa distraction n'échappa pas à Misuzu, qui était appuyée contre le mur à côté de l'évier. Après quelques minutes d'observation, elle décida de prendre la parole :

- Ça dure depuis longtemps, entre vous deux ?

À cette question, Kyouya manqua de lâcher l'assiette qu'il lavait, et détourna son attention de la salle pour la porter sur Misuzu. Le regard perçant de l'aubergiste lui fit immédiatement détourner les yeux, et il se força à reprendre un visage indifférent avant de répondre :

- Qu'est-ce qui vous fait dire ça ?

Un sourire victorieux, qui échappa à Kyouya, se dessina sur le visage de Misuzu. Elle observa les réactions de Kyouya avant de répondre. C'était assez drôle de voir comme il se tenait droit devant l'évier, tout en essayant de faire croire que le sujet ne l'atteignait pas vraiment.

- Je passe mes journées avec vous, je vois bien comment vous vous comportez. Vous avez l'air de graviter l'un autour de l'autre. Et puis, sérieusement Kyouya, qu'est-ce qui te pousserais à venir travailler bénévolement ici, si vous n'étiez pas ensemble ?

- Je ne sais pas, répondit prudemment Kyouya. Peut-être que ce qui me pousserait à le faire serait ce que vous avez dit au téléphone. Peut-être suis-je simplement généreux et altruiste.

Un silence inconfortable s'étala pendant lequel Kyouya termina la vaisselle qu'il lui restait, s'essuya les mains et s'adossa au mur, face à Misuzu. Il avait repris un air assuré. Contredire Misuzu paraissait vain, et Kyouya préférait la position de force dans un échange social. Il prit presque immédiatement la parole, une aura menaçante se dégageant de lui :

- Vous comprendrez que personne ne doit être mis au courant. Pour des raisons évidentes, mon père n'approuverait pas cette relation. Et pour le moment, Ranka n'est pas non plus au courant. Nos autres camarades non plus, c'est pourquoi j'apprécierais énormément de discrétion de votre part.

Le regard de Misuzu se durcit, et elle répondit d'un ton où s'entendait le reproche :

- Pour qui me prends-tu Kyouya ? Tu crois que je me mêlerais de choses qui ne me concernent pas ? Vos histoires me semblent assez compliquées pour que je vous laisse les gérer vous-même. (Son ton se radoucit et un sourire joyeux revint sur son visage, déstabilisant Kyouya). Maintenant, je comprends mieux pourquoi l'abruti et les autres ne sont pas là. Ce qui m'inquiète plus, c'est que vous cachiez cette relation au père d'Haruhi. Tu as proposé de lui en parler ?

- Je l'ai mentionné une fois ou deux, mais elle a toujours refusé d'en parler, alors j'ai abandonné.

- C'est bien ce qui me semblait, reprit Misuzu sur un ton grave. Elle t'expliquera sans doute tout ça d'elle-même, mais Haruhi et son père n'ont pas, comme tu as pu le remarquer, une relation très fusionnelle. Ils sont comme ça depuis la mort de la mère d'Haruhi. Disons que quelque chose, dans leur relation, s'est brisé, surtout à cause de Ranka. Tu comprendras mieux pourquoi elle met toujours de la distance entre eux. Ranka essaie toujours de rattraper son erreur, mais je ne pense pas qu'il réussisse un jour.

- J'ai cru comprendre que ça n'allait pas. Haruhi m'a parlé d'une dispute, après notre retour de vacances. C'était plutôt violent. En attendant, je la laisse décider d'en parler ou non à son père. Pour le moment, on essaie de faire en sorte que le moins de personne possible soient au courant. Mon père a des yeux à peu partout où je vais, ou en tout cas il essaie. S'il apprend pour notre relation, ce ne serait pas catastrophique pour moi, pas vraiment. Ce serait surtout pour mon père, puisque seul mon nom serait sali. Mais rien ne m'empêchera d'être toujours aussi riche. En revanche, ça pourrait être une véritable catastrophe pour Haruhi. Mon père, il serait capable de n'importe quoi pour l'éloigner de notre famille. Il l'obligerait à quitter Ouran, il la ruinerait, et ses rêves d'avocates seraient réduits à néant. Il est inconcevable que nous prenions un tel risque.

- Et depuis combien de temps vous êtes ensemble ? se risqua Misuzu.

Kyouya reporta son attention sur la salle. Plusieurs clients avaient fini, et Haruhi passait de table en table avec son plateau pour débarrasser. Son sourire paraissait sincère, et contrairement à Kyouya qui mourait intérieurement de honte, elle n'avait rien de ridicule dans le tablier à froufrou qu'elle était également obligée de porter.

- On est ensemble depuis quatre mois maintenant.

Le sourire heureux qui se dessina sur le visage de Kyouya lorsqu'Haruhi le remarqua et lui adressa un petit signe valait bien pour Misuzu toutes les preuves du monde. Elle finit par s'éclipser, reprenant son travail, tout comme Kyouya reprit son poste.

Le week-end arriva de façon presque inespérée tant la fatigue s'accumulait rapidement. Avec un bonheur presque orgasmique, Kyouya avait coupé tous les réveils de la pièce, celui de son téléphone et celui d'Haruhi. Il avait décrété une grasse matinée, et rien ne pouvait aller contre cela. Et même si ça n'avait pas plu à Haruhi, elle avait dû rester au lit jusqu'à dix heures passés, avec la promesse d'une surprise -perspective peu réjouissante pour elle- de la part de Kyouya. Elle avait donc supporté les bras possessifs de Kyouya, qui la prenait pour un doudou. Cependant, elle ne se plaindrait pas de passer deux heures entières plaquée consciemment contre le torse de Kyouya.

Lorsque Kyouya avait enfin décidé de se lever, Haruhi le questionna sur la surprise qui l'attendait. Celui-ci garda pourtant le silence et un sourire énigmatique pendant tout le petit-déjeuner. Ce n'est qu'une fois tous les deux habillés qu'il demanda à Haruhi de la suivre.

- Où on va ? demanda-t-elle, un peu méfiante.

- Nulle part, répondit Kyouya. On va juste marcher, visiter, acheter des souvenirs. Passer du temps tous les deux.

À cette réponse, Haruhi se détendit aussitôt. Si c'était ça, elle pouvait gérer.

Ils passèrent la majorité de l'après-midi à discuter tout en se promenant dans les rues, au milieu des passants, profitant de leur exil pour se tenir la main en public sans aucune angoisse d'être vus. Kyouya avait commenté chaque chose qu'il trouvait étrange ou que lui montrait Haruhi, chaque prix qui l'intriguait, chaque détail qu'il voyait et voulait lui partager. Ils s'étaient arrêtés dans un café en milieu d'après-midi pour prendre une collation, mais n'avaient finalement rien acheté en souvenir. Ils avaient deux mois complets pour trouver des babioles, et avaient bien l'intention que cette sortie ne soit pas l'unique qu'ils feraient ensemble à Karuizawa. Ils étaient finalement rentrés en voyant le soleil qui commençait à descendre à l'horizon. Haruhi avait cuisiné un dîner simple puis ils s'étaient préparés à se mettre au lit. Et Haruhi ressentit en sortant de la douche une tension étrange. Elle prit tout d'un coup conscience de la situation. Elle dormait avec Kyouya depuis cinq jours déjà, mais leur relation était restée on ne peut plus platonique en raison de la fatigue accumulée. Misuzu les faisait trimer comme des bêtes, et la plupart du temps ils s'étaient écroulés après le repas et s'étaient endormis juste après s'être couché. Mais ce soir, Haruhi sentait quelque chose de différent. Ils avaient fait une bonne nuit de sommeil, avaient pu passer la journée ensemble, et pour la première fois, elle ne savait pas à quoi s'attendre. Elle aimait Kyouya de tout son cœur, évidemment, mais il y avait quand même une différence entre se chauffer et réellement passer aux choses sérieuses. Et Haruhi ne savait pas ce que voulait Kyouya, ni si elle était prête pour la seconde partie. Elle sursauta quand des coups furent frappés à la porte de la salle de bain et que la voix de Kyouya se fit entendre :

- Tu as bientôt fini ?

Haruhi répondit un peu trop vivement à son goût, et espéra immédiatement -sans grand espoir- que Kyouya ne remarquerait pas sa gêne :

- Je me change et j'arrive.

Kyouya était assis sur le bord du lit lorsqu'Haruhi sortit enfin de la salle de bain. Elle triturait les bords de sa chemise de pyjama et affichait un air timide qu'il avait rarement vu chez elle. Elle s'était stoppée et semblait peu sûre de ce qu'elle devait faire, ses yeux fixés sur le sol comme si elle n'osait pas le regarder. C'était bien la première fois qu'elle se comportait de cette façon avec lui depuis qu'ils étaient en couple. Mais Kyouya réalisa que c'était également la seule fois qu'ils se retrouvaient seuls. Vraiment seuls.

- Approche, l'incita Kyouya d'une voix rassurante, et dis-moi ce qui ne vas pas ?

Haruhi s'exécuta, toujours hésitante, tout en bafouillant :

- Mais, mais rien, je ne vois pas pourquoi ça n'irait pas…

Kyouya attrapa ses mains et l'incita à faire les derniers pas encore entre eux.

- Je te connais Haruhi, je vois bien que quelque chose te tracasse.

Les yeux d'Haruhi restèrent fixés sur le sol alors qu'elle tentait de formuler sa réponse.

- Tu sais que je t'aime, mais, et je sais que ce n'est pas l'impression que mon comportement a donnée, et que je te l'ai déjà dit, mais je te le redis encore, je ne pense pas être prête pour le moment.

- Je ne te force à rien du tout, répondit Kyouya. Tu avais autre chose en tête ?

Face au ton serein de Kyouya, Haruhi prit un peu plus d'assurance. Elle le regarda dans les yeux et organisa ses pensées avant de reprendre la parole :

- J'aimerais qu'on attende d'être revenus à Tokyo et d'avoir annoncé notre couple à tout le monde avant d'aller plus loin. Pour l'instant, c'est les vacances, et l'ambiance est particulière et très propice à ce type de rapprochement, mais à Tokyo, ce ne sera pas la même chose. Je n'ai pas envie de connaître cette ambiance si c'est pour tout perdre plus tard. Et j'aurai l'impression de trahir nos amis.

Kyouya hocha simplement la tête. Il comprenait le point de vue d'Haruhi, et en réalité il le partageait et ressentait le même sentiment envers leurs amis. D'autant plus qu'il appréhendait les réactions de Tamaki et d'Hikaru, dont il connaissait les sentiments envers Haruhi.

- On n'est pas obligé d'aller jusqu'au bout pour l'instant, mais je peux te proposer un deal.

Le visage de Kyouya arborait le sourire un peu mystérieux et flippant qu'il avait lorsqu'il savait qu'il gagnerait de l'argent. Là, il semblait surtout certain qu'il allait gagner tout court. Haruhi hésita juste une seconde avant de répondre, le temps de déceler une légère, à peine perceptible, trace de sincérité dans ce sourire.

- Je t'écoute.

Le sourire de Kyouya s'élargit. Un sursaut de peur s'empara d'Haruhi mais elle tenta de se raisonner. C'était Kyouya, rien ne pourrait arriver de mal. Avant qu'ils ne sortent ensemble, peut-être qu'il aurait fait quelque chose, mais maintenant, il ne ferait rien, n'est-ce pas ?

Kyouya sembla réfléchir à ce qu'il allait dire, à comment il allait le formuler, en prenant bien son temps. Haruhi allait finir folle s'il ne se dépêchait pas de…

- Je te parle de préliminaires. – Le visage d'Haruhi vira immédiatement à un joli rouge cramoisi- Evidemment je ne te parle pas de maintenant, tu vas avoir le temps d'y réfléchir jusqu'à demain. Tu es d'accord avec ça ?

Le visage toujours aussi rouge, Haruhi hocha la tête pour signifier son accord. Kyouya caressa doucement les mains qu'il tenait toujours, ce qui eut pour effet de calmer Haruhi. Elle se sentait de nouveau en sécurité et sa respiration était beaucoup plus calme que quelques instants auparavant. Ses joues avaient repris une couleur normale, et elle suivit Kyouya sans faire d'histoire lorsqu'il l'invita à se mettre au lit.

Le lendemain matin, Kyouya se réveilla avec un désagrément de taille, qu'il tenta immédiatement de dissimuler. Haruhi, toujours paisiblement endormie, se tortilla dans son sommeil lorsqu'elle sentit la chaleur réconfortante s'éloigner d'elle, et elle se colla de plus belle contre le torse de Kyouya. Cependant, toute la bonne volonté du monde et toutes les images qu'il conjura pour se calmer ne servirent à rien contre le corps chaud d'Haruhi blotti contre le sien. Ses mains serrèrent plus fort les hanches de la jeune fille alors qu'il prenait une inspiration contrôlée. Il devait se calmer, il n'était pas un animal en chaleur qui lui sauterait dessus sans contrôler ses instincts. Ce serait si bas ! Ce simple geste pourtant sembla suffire à réveiller Haruhi, qui se tortilla entre ses bras en grognant. Puis elle finit par se tourner entre ses bras, une légère rougeur sur les joues et le regard baissé.

- Bonjour, murmura-t-elle.

- Bonjour, répondit Kyouya avec un sourire.

Voir Haruhi aussi embarrassée l'attendrirait toujours, surtout après leur discussion de la veille.

- Tu as bien dormie ? demanda-t-il.

Haruhi hocha la tête.

- Toi aussi, d'après ce que je sens, remarqua-t-elle.

Un rire s'échappa de la gorge de Kyouya, et un sourire plutôt satisfait s'épanouit sur le visage d'Haruhi. Sourire qui se transforma en rire nerveux lorsque Kyouya la renversa sur le lit, bloquant son corps avec son propre poids. La scène avait comme un goût de déjà-vu, leur rappelant la soirée passée à la plage un an plus tôt. Mais aujourd'hui, la scène prenait des proportions beaucoup moins chastes alors que Kyouya s'emparait des lèvres d'Haruhi, lui tirant un gémissement d'anticipation et de soulagement. Il s'écarta cependant pour descendre immédiatement ses lèvres dans son cou, la laissant haletante.

- Qu'est-ce que tu fais ? parvint-elle à articuler entre deux soupirs.

Kyouya s'écarta légèrement, satisfait de la marque qu'il laissait dans le cou d'Haruhi, avant de répondre à sa question :

- Je croyais qu'on s'était mis d'accord pour de l'expérimentation ? C'est exactement ce que je fais.

Le ton de sa voix ainsi que le sourire qu'il arborait apprit à Haruhi qu'elle n'avait pas d'autre choix, ce qui, pour une fois, ne la dérangeait pas.

Kyouya reprit possession de la bouche d'Haruhi et sa main descendit le long de son corps, se faufilant sous la chemise de son pyjama. Sa main atteignit le haut de son ventre, avant de glisser vers son nombril en une caresse aérienne. Et il se figea.

Il fallut quelques secondes à Haruhi pour se rendre compte que le baiser s'était arrêté et que la main de Kyouya s'était arrêtée sur son ventre. À cette réalisation, une profonde panique s'empara d'elle et elle eut un violent mouvement de recul qui la précipita contre la tête de lit, où elle se recroquevilla en tenant fermement sa chemise contre son ventre. La panique se lisait sur son visage, et Kyouya était bien en peine de savoir quoi faire pour la calmer. Il tenta d'avancer sa main vers son épaule, mais la respiration étouffée de panique d'Haruhi le dissuada de finir son mouvement. Puis il finit par comprendre ce qui lui faisait peur : c'était lui, sa réaction, qui avait provoqué cette réaction. À présent, tout était clair.

- Haruhi, calmes-toi, je ne te déteste pas d'accord ? Je t'aime, et je ne vais pas t'abandonner à cause de ça.

Il fallut quelques minutes pendant lesquelles Kyouya murmurait des paroles réconfortantes pour qu'Haruhi se calme. D'abord ses épaules se détendirent, puis elle quitta sa posture de replis et releva ses yeux brillant vers Kyouya. Elle semblait demander une confirmation de ce qu'il affirmait, alors Kyouya l'attira simplement contre son torse, un bras passé en travers de ses épaules. Il sentit à peine une seconde plus tard les larmes commencer à couler contre son tee-shirt.

- Raconte-moi tout. D'où vient cette cicatrice ?

Un lourd silence suivit sa question puis, toujours cachée contre son torse, la voix à moitié étouffée, Haruhi pris une inspiration pour s'encourager et commença à parler :

- C'est arrivé deux ans après la mort de ma mère. Plus rien n'était pareil. Mon père s'est mis à travailler beaucoup plus qu'avant et à boire et moi, je m'occupais de la maison. On ne se voyait presque plus et quand on se voyait, il était toujours saoul. Je ne veux pas lui parler. J'ai commencé à aller à l'école par mes propres moyens. Parfois, quand il n'y avait plus de bus le soir, la maîtresse me ramenait chez moi. Et une fois, après m'avoir ramenée, elle a voulu parler à mon père. Je n'étais pas censée écouter, mais j'entends tout quand même. Elle lui dit que s'il ne se reprend pas, elle contactera les services sociaux. À l'époque, je ne comprends pas tout ce que ça veut dire, mais je comprends que je ne pourrais plus être avec mon père, et même si la situation est difficile, je sais qu'au fond il a besoin de moi, alors même que je n'ai déjà plus besoin de lui. Après cette discussion, il a recommencé à s'occuper de moi, j'avais l'impression que tout redevenait comme avant. Mais un jour, alors que j'ai huit ans, il ne vient pas me chercher. Je sais qu'il a recommencé à boire, mais je ne veux pas qu'on soit séparés. Alors je me cache et j'attends. La nuit tombe vite, et je commence à vraiment avoir froid, quand je vois une voiture éclairer la place où j'attends. Elle se gare et quatre hommes en descendent. J'essaye de me cacher mieux, mais ils me voient, et ils essayent de m'emmener avec eux, mais je résiste et me débats. Je crie de toutes mes forces et une autre voiture arrive. Je me dis que je suis sauvée, que c'est fini, mais au moment où les phares m'éclairent, je sens la douleur et je vois le couteau. Je sens la lame bouger à l'intérieur de mon ventre, et mon sang commence à couler, et j'ai froid. Je me revois tomber par terre, puis un autre homme a couru vers moi et il me parle d'un air paniqué. Après c'est le noir complet. Quand je me suis réveillée, j'étais à l'hôpital, et un médecin m'expliquait que je venais d'être opérée et que je ne devais pas bouger à cause des points de sutures. Ensuite, comme je ne voulais pas parler aux infirmiers ni voir mon père, ils ont fait venir un psychologue, le Dr Kobayashi.

Haruhi s'arrêta quelques instants et releva la tête :

- Je n'ai jamais pu pardonner à mon père ! S'il s'était contrôlé, s'il avait pensé à moi et qu'il n'avait pas recommencé à boire, rien de tout ça ne serait arrivé. J'ai failli partir en famille d'accueil après l'agression, mais mon psychologue s'y est fermement opposé.

Un silence suivit sa révélation, uniquement ponctué par les larmes qu'Haruhi ne pouvait plus retenir, et le froissement des draps quand elle bougeait pour montrer son malaise. Finalement, Kyouya prit la parole :

- Je comprends beaucoup mieux maintenant. (Il désigna son ventre) Je n'avais jamais fait attention, pas vraiment. Je comprends mieux aussi ce que m'a dit Misuzu cette semaine, sur la relation que tu as avec ton père. Bon, j'ai changé d'avis pour aujourd'hui. L'expérimentation s'arrête là. On va aller se laver, et on va se préparer plein de plats pour se faire un piquenique toute la journée devant des séries. J'en ai plein à rattraper.

Le dimanche s'était fini sur cette version étrange de Kyouya, qui détaillait à Haruhi des arcs scénaristiques complexes et des relations alambiquées entre les personnages. Haruhi avait fini par s'endormir, la tête appuyée sur l'épaule de Kyouya, vaincue par la fatigue bien avant la fin de la première saison de Game of Thrones. Il n'avait fallu que deux épisodes de plus pour que Kyouya s'avoue également vaincu et arrête finalement de lutter contre le sommeil, se laissant tomber lourdement dedans après avoir éteint la télé.

Haruhi se réveilla dans le noir total de la nuit, désorientée pendant quelques secondes. Elle ne se souvenait pas s'être endormie, et la dernière image qu'elle avait en tête venait de la série qui passait à la télé. Il lui fallut quelques secondes pour se rendre compte qu'elle était totalement allongée sur Kyouya, qui avait passé ses bras autour d'elle et qui la serrait de façon possessive, l'empêchant totalement de bouger. Elle avait essayé, mais aucun moyen de se redresser. Sa jambe droite était coincée entre celles de Kyouya, et elle sentit malgré elle un rougissement trompeur gagner son visage. Elle sentit parfaitement l'érection de Kyouya se réveiller contre sa cuisse emprisonnée. Celui-ci commença à bouger, se réveillant peu à peu en grognant. Haruhi stoppa immédiatement tout mouvement, bloquant sa respiration de peur de l'avoir totalement réveillé. Aucune envie d'être la cible de ses foudres pour ce terrible affront ! Mais avant même qu'elle puisse s'en rendre compte, Kyouya avait allumé la lumière, l'avait retournée et plaquée contre le matelas, la surplombant de toute sa stature. Ses lèvres allèrent immédiatement trouver leurs jumelles, et Haruhi se laissa entraîner dans le baiser amoureux qu'il lui accordait. Leurs langues jouaient doucement ensemble, les mains d'Haruhi s'accrochait à la chemise de Kyouya, et la main gauche de Kyouya se faufila doucement sous la robe d'Haruhi -robe qu'il avait lui-même choisi le matin, pour sa couleur rappelant les yeux de sa propriétaire- effleurant ses jambes. Leurs bouches se séparèrent et celle de Kyouya migra dans le cou où trônait déjà une marque. Haruhi tourna sa tête pour lui laisser l'accès alors que la main de Kyouya restait aux abords de sa culotte, sans jamais tenter d'aller plus loin que l'élastique. Haruhi fronça les sourcils en soupirant. Quelque chose n'allait pas. Cela la frappa lorsque Kyouya se contenta d'embrasser son cou sans tenter d'y laisser la moindre marque. Elle appuya de toutes ses forces sur ses épaules pour lui faire comprendre qu'il devait s'éloigner, ce qu'il fit avec un visage endormi et surpris dans sa direction.

- Qu'est-ce qui ne va pas ? demanda-t-il d'un ton concerné.

- Toi qu'est-ce qui ne va pas ? répliqua Haruhi. Elle paraissait assez remontée, et Kyouya se demanda instantanément ce qu'il avait fait de mal. Qu'est-ce que tu crois ? Que je suis une de ces tasses en porcelaine qu'on utilise au club ? Je ne suis pas une petite chose fragile !

Kyouya resta muet quelques secondes avant de répondre. L'air contrarié d'Haruhi n'avait toujours pas quitté son visage :

- Je n'ai jamais pensé que tu étais une petite chose fragile Haruhi. Je ne vois pas ce qui peut te faire penser ça.

Une respiration profonde, puis une deuxième, et une troisième. Haruhi reprit son calme, se rendant compte que Kyouya n'avait pas eu conscience de sa façon d'agir. Son regard devint las, et ce fut sur un ton plus calme qu'elle expliqua :

- Tu ne t'es pas rendu compte. Comparé à ce matin, tu te comportes de façon beaucoup trop douce. Je ne veux pas que tu sois une brute, qu'on se comprenne bien, juste, arrête de me toucher comme si tu avais peur que je me brise. J'ai l'impression que tu n'es pas vraiment là et ça me perturbe.

Kyouya acquiesça, semblant comprendre ce qu'Haruhi essayait de lui dire. Sa main gauche repartit immédiatement sous la robe d'Haruhi, pour plonger presque instantanément sous le tissu feutré de sa culotte, alors que sa bouche repartait à l'assaut du cou sur lequel il s'appliqua à laisser plusieurs marques. Haruhi poussa plusieurs soupirs -enfin- et un gémissement sourd quand les doigts de Kyouya commencèrent à jouer habilement avec son clitoris. Elle se rendit à peine compte que sa robe fut remontée jusqu'à sa poitrine, jusqu'à ce que la langue de Kyouya ne vienne jouer avec la peau à la naissance de ses seins. Il baissa ensuite lentement sa culotte, comme pour ne pas l'effrayer, et Haruhi le regarda faire. Leurs yeux s'étaient accrochés, ceux gris d'orage de Kyouya et ceux bruns ambrés d'Haruhi, en cet instant tellement plus profond qu'ils ne l'avaient jamais été. Haruhi sembla alors réaliser qu'elle était à demi-nue. Son regard laissa transparaitre un début de panique et son premier réflexe fut de vouloir refermer ses jambes. Cependant, les mains de Kyouya l'empêchèrent de finir son mouvement et ses doigts commencèrent des caresses expertes visant à la détendre. Il l'embrassa de nouveau, mêlant leurs langues dans un baiser amoureux. Lorsqu'elle fut assez détendue, Kyouya se glissa entre ses jambes, cassant le baiser. Il termina de lui retirer sa robe et lui caressa la joue.

- Ça va Haruhi, on ne va pas plus loin que ce qu'on a dit, d'accord ?

Les mains de Kyouya, glissées sous les cuisses d'Haruhi, reprirent leurs caresses et sa bouche s'approcha de la peau blanche qui semblait l'appeler. Un soupir échappa à Haruhi lorsqu'elle sentit les lèvres de Kyouya aspirer doucement sa peau, sa langue jouant avec et la rendant folle. Ses caresses ne s'étaient pas arrêtées, et elle ne se rendit compte que Kyouya s'était déplacé que lorsqu'elle le sentit aspirer son clitoris, ce qui lui fit pousser un gémissement sourd. Sa main gauche alla agripper les cheveux de Kyouya, comme un réflexe, sans pour autant serrer, alors que la droite tordait le drap. Son plaisir était si intense qu'elle ne sentit pas la main de Kyouya se poser sur son ventre, juste sur le renflement de sa cicatrice. Ses yeux étaient fermés, sa tête renversée en arrière, et elle ne sentait que cet immense plaisir, qui enflait de plus en plus au creux de son ventre. Ses gémissements se firent plus sourds et plus rapprochés, un vrai délice pour les oreilles de Kyouya, qui s'affairait toujours entre les jambes largement ouvertes d'Haruhi. Le plaisir enfla de plus en plus, devenant presque insupportable, faisant quémander plus à Haruhi, toujours plus, jusqu'à finalement exploser. Elle se cambra en poussant un cri inarticulé, surpris, s'agrippant comme elle pouvait aux draps et aux cheveux à sa portée, Kyouya prolongeant son orgasme et l'accompagnant en suçant plus fort. Il finit par s'éloigner quand le corps d'Haruhi retomba mollement sur le lit, à bout de souffle. Un baiser se posa sur son front alors qu'elle était toute occupée à savourer les sensations avant qu'elles ne s'estompent et à rattraper son souffle, soudain plus du tout préoccupé par sa nudité. Elle entendit un vague murmure dont elle ne comprit pas le sens, trop perdue dans le brouillard post-orgasmique. Elle réalisa le départ de Kyouya au moment où la porte de la salle de bain se referma et qu'il la souleva pour la glisser sous les couvertures.

- Qu'est-ce que tu fais ? murmura-t-elle faiblement.

- Tu vas attraper froid si tu restes comme ça, expliqua-t-il en se glissant à son tour sous l'édredon.

Il éteignit la lampe de chevet, plongeant de nouveau la pièce dans le noir, puis attira Haruhi vers lui pour la maintenir au chaud.

- Mais, et toi ?

Sa voix était déjà lointaine, comme enveloppée de sommeil.

- Ne t'en fais pas, répondit Kyouya en l'embrassant sur le front.

Une seconde environ après, Haruhi s'était endormie.

La semaine s'était déroulée dans le plus grand des calmes, ponctuée par les maladresses de Kyouya dans la cuisine ou au service -il avait réussi à renverser un plateau complet de tasses de café sur Haruhi en lui rentrant dedans, parce qu'il ne regardait pas où il allait, trop concentré à ne rien renverser- et par les expérimentations du couple le soir, entre deux épisodes d'une série qu'ils avaient chacun du mal à suivre. Au début mal à l'aise, Haruhi avait fini par perdre sa timidité et par apprivoiser non seulement son propre corps, mais aussi celui de Kyouya. Elle était toujours mortifiée par certaines choses qu'ils expérimentaient, et franchement gênée si elle y repensait, mais elle apprenait, petit à petit. Le fait de voir Kyouya aussi à l'aise, en dépit de ses cicatrices, l'aidait énormément.

La voiture filait à toute allure sur la route dégagée. C'était leur dernier week-end de libre. Ils avaient encore une semaine de travail avant de rentrer à Tokyo, ce qui leur laisserait deux semaines pour préparer la rentrée de septembre. Ils faisaient route vers des sources thermales où Kyouya leur avait réservé l'après-midi du samedi. Haruhi avait protesté, bien évidemment, ce qui avait entraîné une dispute sur le sujet qui en déclenchait toujours entre elle et les membres du club d'hôte. Haruhi estimait donc que cette réservation revenait à jeter l'argent par les fenêtres, alors que Kyouya ripostait que le stress occasionné par le travail s'était accumulé et devait être évacué avant la reprise des cours, et que puisqu'il en disposait en grande quantité, il serait parfaitement stupide de ne pas en profiter. La dispute avait tourné en bouderie pour Haruhi lorsqu'elle s'était retrouvée sans argument face à la logique imparable de Kyouya. Bouderie qui avait duré une dizaine de minutes avant qu'Haruhi, toute rougissante et pantelante, ne revienne s'excuser. La réconciliation n'en avait été que plus délicieuse, même si pas tout à fait satisfaisante encore. Elle rougissait encore de ce genre de pensée, mais Kyouya semblait heureux qu'elle se sente de plus en plus à l'aise avec lui, alors elle tentait d'arrêter de se restreindre. Le paysage défilait depuis un bout de temps sans qu'elle n'y fasse attention lorsque Kyouya pressa sa main et lui désigna des montagnes à sa droite.

- Regardes Haruhi. C'est là que se trouve la source que j'ai réservé.

- C'est très beau, commenta-t-elle.

- C'est encore mieux à l'intérieur, se contenta de dire Kyouya avec un clin d'œil énigmatique.

Et en effet ça l'était. Le cadre était à tomber par terre. Ils avaient une chambre qui donnait directement sur la source, qui était entourée d'arbres hauts de plusieurs mètres. La montagne était visible en toile de fond, et le bruit des oiseaux avait ce quelque chose d'apaisant qu'on espérait trouver en partant en vacances. La colère d'Haruhi, s'il en subsistait encore, était à présent totalement oubliée.

- C'est magnifique, Kyouya, c'est parfait.

- Évidemment, répondit-il. Allez, allons vérifier si la source est aussi parfaite qu'elle en a l'air.

Ils se changèrent pudiquement, chacun de son côté. Kyouya fut le premier à entrer dans l'eau, s'installant contre le bord, au fond du bassin. Haruhi mit plus de temps. Même si elle avait fait des progrès, elle n'était pas encore totalement à l'aise avec sa nudité, pas dans ce contexte en tout cas. Elle entra à son tour dans l'eau en cachant un maximum de son corps, mais n'osa pas se rapprocher de Kyouya. Celui-ci, avec un petit soupir proche du désespoir, attrapa son bras et la rapprocha d'office, l'appuyant contre son torse. A force de caresses, elle finit par se détendre. Tous deux profitaient de la chaleur de l'eau lorsqu'Haruhi lança :

- Je peux te poser une question ?

- Tu viens de le faire, répondit Kyouya sans s'intéresser plus que ça à la conversation.

Haruhi lui décocha un coup de coude bien senti dans les côtes qui le fit grogner.

- Je déteste quand tu fais ça ! se plaignit-elle. Sérieusement, je peux te poser une question ?

- Vas-y, abdiqua-t-il.

Il s'était redressé en sentant la gêne dégagée par Haruhi, qui s'était légèrement éloignée de lui.

- Tu as eu beaucoup de copines avant moi ?

- Est-ce que c'est une question qui va servir de prétexte à une crise de jalousie ? renchérit-il.

Haruhi se retourna, et lui jeta un regard d'incompréhension.

- Quoi ? Mais bien sûr que non ! Kyouya, tu sais bien que je ne suis pas du genre à piquer ce genre de crise sur le passé. De toute façon je ne pourrais rien y faire, puisque c'est déjà arrivé, alors pourquoi me fatiguer ? Nan, je te pose cette question par simple curiosité, et peut-être un peu aussi par pure angoisse.

Kyouya la regarda quelques instants sans répondre. Il sonda son regard pour vérifier qu'elle ne mentait pas, même s'il connaissait en vérité déjà la réponse. Il finit par pousser un soupir résigné, s'appuyant de nouveau contre le bord qu'il avait délaissé, et prit la parole, cette fois sérieux :

- J'ai eu quelques…aventures je dirais. Rien de sérieux en tout cas. J'ai toujours cru que mon père me choisirait une fiancée en temps voulu, et que je ne pourrais pas profiter de ma vie à ce moment-là. Et puis, c'était plutôt facile avec le club d'hôtes. Certaines filles étaient plus…audacieuses que d'autres. Et elles savaient que ça ne durerait pas plus d'un soir alors…

Haruhi prit quelques secondes avant de répondre :

- Qu'est-ce qui est différent avec moi ?

Kyouya haussa les épaules :

- C'est toi, c'est tout.

- Et tu ne penses plus que ton père t'imposera une fiancée ?

- Oh si, je sais qu'il le fera, mais je m'en fiche. Mon père n'a plus son mot à dire sur ça depuis plusieurs mois maintenant.


Et voilà, j'espère vraiment que ce chapitre vous a plu. Si vous avez lu jusque-là, laissez-moi une petite review :D (oui le pouce bleu n'existe pas comme sur Youtube ^^). Maintenant je vous laisse avant de partir en stage, souhaitez moi bonne chance :D Gros bisous à tous !