Bonjour à tous :D Ça fait combien de temps que j'ai pas posté déjà ? Même moi je sais plus ^^' Je ne sais même pas si des gens lisent toujours cette fanfic ^^ Si c'est le cas, je m'excuse de ne pas avoir posté plus tôt. C'était un peu le gros chamboulement dans ma vie en ce moment. J'ai passé énormément de temps à préparer le concours (que je n'ai pas eu) et j'ai aussi rencontré quelqu'un, alors forcément j'en ai profité, même si je sais que ce n'est pas une excuse. Comme d'habitude, ce chapitre n'est pas relu, et il est en 2 parties. Je suis en train d'écrire le chapitre 7, qui sera également en 2 parties je pense. S'il reste quelqu'un qui lit cette histoire, ne t'inquiète pas, elle sera finie un jour. Ce sera sans doute ma dernière fanfic, ensuite j'écrirais mes propres histoires je pense, alors je veux faire les choses bien. Ce chapitre devrait vous plaire, je vous souhaite donc une excellente lecture. Si l'un d'entre vous a lu ce mot jusqu'au bout, félicitation, tu es l'Elu ^^


Chapitre 6 : Les inhibitions viennent de la peur du jugement des autres

Article 83 :

« Un Pote ne peux pas empêcher un autre Pote de se faire une fille, à moins que se la faire ne lui fasse briser le Code. »

Le 4 Septembre était arrivé à une vitesse fulgurante et plutôt mal accueillie par les lycéens. Haruhi avait retrouvé ses uniformes de garçon, le club d'hôtes, et l'étrange distance qu'elle était obligée de mettre entre elle et Kyouya. Lui avait retrouvé toutes ces choses, agrémentées du discours de chaque professeur sur les examens de fin d'année et sur leur diplôme, ainsi que Tamaki. Tamaki qui lui hurlait dans les oreilles, Tamaki qui dissertait sur ses idées irréalisables pour le club d'hôtes et, plus globalement, Tamaki qui le collait, l'empêchant de créer la moindre occasion pour voir Haruhi. Il n'avait fait que la croiser en se rendant au déjeuner, ne pouvant rien faire d'autre que la saluer poliment tandis qu'elle se faisait entraîner vers leur classe par Hikaru et Kaoru, alors que lui-même se faisait emmener par Tamaki qui clamait qu'il mourait de faim. L'éclair de tristesse qui était passé sur son visage lui avait brisé le cœur, mais Kyouya ne pouvait pour l'instant rien y faire. Pour lui aussi, c'était difficile de se retrouver dans cette situation après avoir passé deux mois complets ensemble. Il était décidément temps que leur petit secret n'en soit plus un.

La semaine était passée, chaque jour se déroulant comme le précédent, Haruhi et Kyouya profitant des quelques minutes qu'ils pouvaient s'octroyer seuls à seuls après les heures de club. Le samedi matin était arrivé et avec lui un message d'Haruhi. Ranka faisait des heures supplémentaires au bar et ne serait presque pas là du week-end. Quarante minutes plus tard, Kyouya frappait à la porte de l'appartement d'Haruhi.

- Ça peut plus durer comme ça, lâcha Haruhi dès que Kyouya eût passé la porte.

- C'est exactement ce que je me disais, répliqua Kyouya en se tournant vers elle.

Il eut à peine le temps de poser ses affaires qu'Haruhi se précipita vers lui et l'enlaça. Kyouya referma ses bras sur elle, caressant sa tête qu'elle avait enfoncée dans son torse.

- Tu m'as tellement manqué, murmura-t-elle.

- Tu m'as manqué aussi.

Ils profitèrent quelques instants de l'étreinte avant de se séparer. L'inquiétude était lisible sur le visage d'Haruhi.

- Qu'est-ce qui va se passer maintenant ? demanda-t-elle.

Kyouya poussa un soupir.

- On n'a plus le choix je crois. Il faut qu'on l'annonce.

- Ils vont tellement mal le prendre.

- C'est possible, répondit Kyouya en fronçant les sourcils. Mais ils devront bien s'y faire.

Haruhi sembla réfléchir quelques instants avant de répliquer :

- Mais, si on l'annonce au club, est-ce que ça ne va pas arriver jusqu'à ton père, et même s'ébruiter à travers toute l'école ?

- Je ne pense pas. Je suis même sûr que ça ne sera pas le cas.

Face au regard d'incompréhension d'Haruhi, Kyouya lui proposa de s'asseoir et commença à lui expliquer :

- La plupart du temps, les informations ne circulent que du bas vers le haut. Ça signifie qu'après notre annonce, chacun de nos amis va en discuter avec ses parents. Ils feront ça pour diverses raisons, mais pas pour nous vendre. Pas consciemment en tout cas. Toujours est-il que les parents vont en discuter entre eux. Le père de Tamaki en parlera au mien, j'en suis sûr parce qu'il est très intéressé par toi. Mais ce qui est également certain, c'est que jamais les parents ne vont en parler à leurs enfants. En clair, peu importe si les parents des clientes ou des autres élèves sont au courant, les autres élèves de l'école, eux, ne le sauront jamais. Tu vas pouvoir garder ta couverture et ta place au club d'hôtes.

Un silence suivit son explication. Haruhi avait encore tellement de choses à apprendre sur ce monde qu'elle en avait parfois le tournis. Elle acquiesça et se leva pour préparer un thé. Être occupée la détendait, lui permettait de contrôler sa peur naissante.

- Et quand ton père sera au courant, qu'est-ce qui se passera ?

Sa voix était faible, un murmure à peine audible. Elle n'était même pas sûre que Kyouya l'ait entendue jusqu'à ce que ses mains se posent sur ses épaules.

- Je te l'ai déjà dit. Peu importe ce que mon père voudra faire, il n'y arrivera pas. Plus jamais je ne le laisserais décider de ma vie pour moi et je peux te garantir qu'il n'arrivera jamais à nous séparer !

Haruhi ferma les yeux et se laissa aller dans l'étreinte rassurante.

- Mercredi, ça te semble bien ? demanda Kyouya.

- Pourquoi mercredi ?

- Pour être sûrs qu'Hani et Mori seront là. Ça permet de faire une seule annonce.

- Alors ça me va. Le plus tôt possible.

- Je vais prévenir Tamaki dans ce cas, conclut Kyouya.

Tamaki avait trouvé la demande de Kyouya un peu étrange, lui avait jeté un regard soupçonneux, mais avait fini par acquiescer. Mori et Hani avaient été surpris, en arrivant le mercredi, de voir une pancarte sur la porte. Elle annonçait la fermeture exceptionnelle du club pour cause de réunion. Ils se regardèrent et haussèrent les épaules avant d'entrer. Tamaki, Hikaru et Kaoru étaient déjà là. Les seuls manquant à l'appel étaient Kyouya et Haruhi, ce qu'Hani ne manqua pas de faire remarquer.

- Kyouya avait des choses à voir avec notre dernier prof. Il avait des questions sur des points de cours je crois, informa Tamaki d'un ton léger.

- Haruhi nous a semé après notre dernier cours, commença Hikaru.

- Je crois qu'elle a filé vers les toilettes, termina Kaoru.

Hani et Mori s'installèrent donc à la table avec les autres. Ils n'avaient plus qu'à attendre.

Devant la porte, Haruhi et Kyouya faisaient le pied de grue, tentant de se calmer l'un l'autre. Ou plutôt, Kyouya tentait de calmer Haruhi tout en n'étant pas contaminé par son stress.

- Tu crois qu'ils se doutent de quelque chose ?

- Ils sont bien trop stupides pour ça, aucune inquiétude, répondit Kyouya.

Sa remarque arracha un petit rire à Haruhi.

- Quelle méchanceté ! Surtout envers tes amis.

- Ce sont autant tes amis, et suivant leurs réactions, ce statut pourrait changer très vite.

L'inquiétude était toujours présente chez Haruhi, mais on pouvait à présent lire la détermination dans son regard. Elle prit la main de Kyouya d'une poigne sûre et ouvrit la porte.

Lorsque la porte s'ouvrit, l'agacement se mêla au soulagement autour de la table. Aucun ne remarqua vraiment leurs mains liées, mais deux d'entre eux froncèrent les sourcils alors que Kyouya et Haruhi s'installaient côte à côte à table. Un silence un peu gêné suivit leur entrée, mais Tamaki prit vite le contrôle de la situation :

- Bien ! Alors qu'est-ce qui se passe ? Pourquoi cette réunion ? Quelqu'un a besoin de notre aide ? C'est ça Kyouya ? Qui est la jeune personne en détresse que nous devons aider aujourd'hui ?

- Personne ! le stoppa Kyouya au milieu de sa réplique. Rassis toi !

Tamaki s'exécuta aussitôt, soudain intrigué par le ton particulièrement sérieux de son ami.

- Si j'ai demandé cette réunion, commença Kyouya, c'est pour vous annoncer quelque chose. Ou plutôt, reprit-il en prenant de nouveau la main d'Haruhi et en posant leurs mains liées en évidence sur la table, nous voulons vous annoncer quelque chose.

Le blanc qui suivit fut absolument monumental. On aurait dit que les mouches elles-mêmes s'étaient arrêtées de voler tant la surprise était immense. Tamaki fut celui qui le rompit finalement :

- J'ai peur de ne pas comprendre. Qu'est-ce que tu entends par là, Kyouya ?

- Kyouya veut dire, répondit Haruhi, que lui et moi sommes ensemble. Comme dans « en couple ».

- C'est pas vrai ? hurla presque Tamaki en se levant. Maman, comment as-tu pu faire une chose pareille ? Corrompre de cette façon ma précieuse fille !

- Arrête ton délire ! répondit Kyouya en se levant à son tour. Arrête de me donner ce surnom débile ! Et je te rappelle qu'Haruhi n'est pas ta fille et je n'ai corrompu personne !

- Tu peux te défendre autant que tu veux, les faits sont là ! Tu sais quoi ? Je demande le divorce !

- Tu es complètement ridicule Tamaki, t'en es conscient j'espère ?

- Peut-être bien mais je veux la garde d'Haruhi, et celle de Kaoru ! Hors de question que je m'occupe d'Hikaru.

- En plus d'être ridicule, tu es horrible maintenant. Et si quelqu'un doit avoir la garde d'Haruhi, ce sera moi.

- Depuis combien de temps ? les interrompit Hikaru.

Sa réplique jeta un silence glacial autour de la table et tout le monde se tourna vers lui. Son regard noir était tourné vers Haruhi.

- Hikaru, commença Hani en tendant la main, calmes-t…

- Ne me dis pas de me calmer ! hurla-t-il presque. Dis-moi juste depuis combien de temps !

- Six mois, répondit Haruhi avec l'aplomb qui la caractérisait.

- Pourquoi vous n'avez rien dit ? On est censé être amis ! Comment vous avez pu nous faire ça ?

- Nous ne voulions pas prendre le risque que le père de Kyouya soit au courant. Pas immédiatement.

- Et pourquoi maintenant ?

- Parce qu'on a les moyens de lui faire face aujourd'hui.

Tous s'étaient tus devant l'affrontement. Haruhi se tenait toujours très droite et son visage reflétait son calme, tandis que tout le corps d'Hikaru était tendu vers elle et son visage trahissait sa rage.

- Vous avez déjà couché ensemble ? demanda-t-il, une pointe d'hostilité dans la voix.

S'il cherchait à déstabiliser Haruhi, c'était clairement réussit. Son masque se fissura, une rougeur s'empara de ses joues et elle baissa les yeux. Deux mains se plaquèrent sur la table à côté d'elle et Kyouya prit la parole :

- Je ne pense pas que ce sujet te concerne d'une quelconque manière, Hikaru !

Hikaru répondit nonchalamment, sans même lui jeter un coup d'œil :

- C'est à elle que j'ai posé la question, Kyouya. C'est d'elle dont j'attends une réponse.

Sans regarder Hikaru, elle répondit :

- On… on voulait vous en parler avant…

- Et pourquoi ça ? continua Hikaru.

Il semblait être arrivé au point qui l'intéressait. Il s'était redressé et un sourire mauvais étirait ses lèvres.

- Parce que, commença Haruhi avant de faire une pause.

- Oui ?

- On aurait eu l'impression de vous trahir.

Haruhi avait répondu d'une petite voix, presque inaudible, et Kyouya se sentit soudain honteux. Il était clair que leur raisonnement avait eu l'effet inverse.

Après cette réponse, Hikaru se leva.

- Encore pire ! lâcha-t-il en passant à côté d'Haruhi, avant de quitter la pièce.

Un lourd silence suivit son départ. Haruhi était partagée entre la colère et la honte, ses poings serrés sur ses genoux et sa tête baissée. Après une minute pendant laquelle chacun reprit ses esprits, ce fut Kyouya qui rompit le silence :

- Si nous vous avons blessé, nous vous demandons pardon. Ce n'était pas notre intention.

- Tu sais, commença Tamaki, je comprends un peu Hikaru. D'un côté, je suis heureux pour vous parce que je sais que vous le méritez. Mais d'un autre… Je suis quand même ton meilleur ami, j'aurai aimé que tu m'en parles.

- Je connais ta relation avec ton père, expliqua Kyouya, et elle est géniale. J'aurai aimé avoir la même, sincèrement. Mais je sais aussi que tu aurais tout raconté à ton père qui serait allé tout dire au mien. Tu sais comment il est et de quoi il est capable. Tu sais ce qu'il pourrait faire à Haruhi. Aujourd'hui, ce sera plus facile de la protéger que ça ne l'était jusque-là.

Ce fut ensuite le tour de Kaoru de prendre la parole :

- Ne vous en faîtes pas, j'irais parler à mon crétin de frère ! Ecoutez pas ce qu'il dit, il va réfléchir et il changera d'avis. Je suis super heureux pour vous, c'est vraiment génial. J'aurais bien aimé le savoir avant, mais je comprends pourquoi vous avez rien dit.

- Merci Kaoru, répondit Haruhi. Ça me touche.

- Quant à nous, commença Hani en jetant un coup d'œil nerveux à Mori, on a quelque chose à vous avouer.

- Quoi vous aussi vous êtes en couple ? s'exclama Kaoru.

- Que ? Absolument pas ! répondit Hani en relevant la tête, un air indigné sur le visage. Tamaki éclata de rire devant sa réaction mais Kyouya le fit taire d'un regard.

- Ce qu'on voulait dire, reprit Mori, ce qui provoqua le silence, c'est qu'on était déjà au courant pour vous deux.

Cette déclaration laissa un blanc de quelques minutes, le temps pour chacun de réaliser ce qui venait d'être dit. Ce n'était pas possible, c'était très clair pour Haruhi. Kyouya et elle avaient toujours fait extrêmement attention. Si l'un d'eux avait été au courant, elle l'aurait vu, forcément. Elle aurait surpris un regard, un échange de mots, un comportement suspect. Et là, rien. Une seule question tournait dans son esprit :

- Quand ?

Face au regard d'incompréhension que Haruhi lui jeta, elle se rendit compte qu'elle n'avait sans doute pas parlé assez fort et que sa question n'était pas claire.

- Quand vous en êtes-vous rendu compte ?

Kyouya reprit sa place à côté d'elle et attrapa sa main, espérant la calmer. La nervosité d'Haruhi était palpable, alors qu'il avait fait tant d'efforts pour qu'elle ne soit plus constamment sur ses gardes.

- C'était il y a cinq mois à peu près, c'est ça Takashi ?

-Hmm, confirma Mori en hochant la tête.

- On se baladait dans un parc, reprit Hani, quand on vous a vu ensemble. On n'a pas compris pourquoi vous étiez là tous les deux, comme vous n'aviez jamais été proches, avant. Alors on s'est plus ou moins cachés pour vous espionner. Quand on vous a vu plus proches (Haruhi rougit à cette évocation), on a compris. Mais on savait comment fonctionnait Kyouya, sans offense bien sûr (Kyouya leva une main pour lui faire comprendre qu'il n'y en avait pas). On s'est un peu demandé si c'était juste une lubie comme ça et si on devrait te tuer après avoir consolé Haruhi ou si votre histoire durerait plus longtemps. Dans le doute, on a préféré ne pas vous en parler. On s'est dit que vous le feriez. On est heureux de voir que c'est sérieux, finalement. Félicitation à tous les deux, Takashi et moi sommes très heureux pour vous. On vous souhaite beaucoup de bonheur.

Kyouya et Haruhi les remercièrent. Après une nouvelle salve de félicitations, il fut l'heure de prendre congé les uns des autres.

- Ça s'est pas trop mal passé, commenta Kyouya alors qu'ils s'éloignaient vers l'arrêt de bus d'Haruhi. Ça aurait pu être pire.

- Oui, si on oublie l'incident avec Hikaru, c'était pas trop mal.

Kyouya haussa les épaules :

- Il aura réfléchi cette nuit et il ne sera plus vexé demain.

- Tu penses vraiment ? demanda Haruhi avec une pointe d'inquiétude dans la voix.

- Mais oui. C'est ton meilleur ami. Il ne restera pas fâché très longtemps contre toi.

Mais Hikaru resta fâché le lendemain. Et le jour d'après également. C'était comme si, soudain, Haruhi avait été effacée de son monde. Il ne lui répondait plus, ne réagissait plus à son nom, ne semblait même pas la voir. La première matinée, Haruhi n'y fit pas vraiment attention. Cependant, ce traitement devint plus pénible à mesure que les heures passaient. Haruhi n'avait jamais eu l'habitude d'être traitée de la sorte, contrairement aux autres qu'Hikaru ignorait assez régulièrement. Elle se rendit alors compte qu'elle avait toujours été privilégiée, et perdre ce privilège de façon aussi brutale la mettait au bord de la crise de nerf.

Le samedi matin, Kyouya fut réveillé par la sonnerie de son portable, posé sur sa table de chevet. Grognant un peu face à l'agression sonore, il balança son bras qui trouva son téléphone rapidement. Il avait cependant arrêté de sonner lorsque Kyouya parvint à déchiffrer l'écran : 4 appels manqués Haruhi Fujioka. Il n'eut même pas le temps de se demander la raison de ces appels que son téléphone recommença à sonner. Il décrocha immédiatement :

- Haruhi ? Tout va bien ?

Aucune réponse ne lui parvint, seulement le bruit d'une respiration rapide.

- Haruhi, tu es là ?

Après une inspiration saccadée, un murmure lui répondit :

- Dois…venir…tout de suite…vite…

- Ok, je fais vite, surtout ne bouge pas !

Juste après avoir raccroché, Kyouya composa un autre numéro.

- Tachibana, j'ai besoin que vous soyez en bas de chez moi dans dix minutes ! C'est une urgence !

Kyouya n'attendit pas la réponse, ayant déjà coupé la conversation. Dix minutes plus tard, Kyouya s'était habillé, chaussé, et avait donné à Tachibana l'ordre de le conduire chez Haruhi.

Tachibana ne pensait pas avoir déjà fait si rapidement de trajet. Une quinzaine de minutes à peine lui furent nécessaire et, chose notable, Kyouya se précipita immédiatement dehors, sans un merci, et en laissant la portière grande ouverte.

La porte de l'appartement était ouverte, au soulagement de Kyouya qui commença immédiatement à fouiller les pièces. Il trouva Haruhi dans sa chambre, assise en boule par terre, en pleine crise de panique. Il se précipita sur elle sans attendre et posa sa main sur son épaule, provoquant un sursaut.

- Ky…Kyouya ? hoqueta-t-elle à travers se sanglots.

Il lui confirma son identité, tentant de l'apaiser. Mais à cet instant précis, Kyouya était totalement perdu. Il était déjà inquiet en voyant les appels le matin-même, et en l'ayant eu au téléphone, mais la voir dans cet état dépassait son imagination. Elle s'accrocha à lui, tenta de retrouver son souffle, sans grand succès. Finalement, elle y parvint lorsque Kyouya l'enjoignit à imiter sa propre respiration. Cela lui prit tout de même cinq bonnes minutes, qui furent de la pure angoisse pour Kyouya.

- Qu'est-ce qui s'est passé ? lui demanda-t-il quand elle eut repris ses esprits.

Après une seconde pour rassembler ses pensées, Haruhi lui expliqua d'une petite voix :

- C'est…c'est trop dur…C'est comme si j'existais plus… Hikaru… il m'ignore… comme il fait avec les autres… Et si… si on avait fait une erreur en se taisant… On aurait dû leur dire dès le départ… On aurait dû…

- Chut, la coupa Kyouya. Tu sais très bien que c'est faux. On a pris cette décision en sachant à quoi s'attendre. On n'a rien à se reprocher. Hikaru est un idiot et je vais aller le voir lundi. C'est un gamin borné qui doit apprendre à rester à sa place.

Un petit rire échappa à Haruhi, alors que Kyouya était parfaitement sérieux. Si elle avait pu voir son regard, elle n'aurait sans doute pas eu cette réaction. Mais Kyouya était au moins heureux d'avoir pu la faire rire, même s'il devrait sans doute cacher un meurtre d'ici peu.

- Qu'est-ce que tu as mangé ce matin ? demanda-t-il lorsqu'Haruhi se fut calmée.

- Rien, je crois… je me souviens pas…

Kyouya poussa un soupir un poil résigné, comme s'il s'était attendu à cette réponse.

- Et tu as prévu quelque chose pour ce midi ?

Haruhi secoua la tête, un peu honteuse, avant d'expliquer :

- Je crois que le frigo est vide.

Ses yeux étaient toujours gonflés de sa crise, aussi Kyouya renonça-t-il à la rappeler à l'ordre. Il attrapa plutôt son téléphone.

- Des sushis, ça ira ? demanda-t-il en commençant à composer le numéro.

Haruhi hocha simplement la tête et le laissa passer commande. Elle se sentait un peu hagarde, comme vidée de se forces. Elle avait très peu de souvenirs de sa crise mais le sentiment de ne plus pouvoir respirer était encore ancré dans son corps. Pour la première fois depuis très longtemps, elle avait laissé sa peur l'emporter et lui faire oublier tout le reste. Elle en avait même oublié de manger. Et même si elle était reconnaissante à Kyouya d'être venu, elle se sentait faible d'avoir eu besoin de lui, et d'avoir en ce moment besoin de lui pour se gérer.

- Désolé de t'avoir fait venir, laissa-t-elle échapper sans réfléchir quand il eut raccroché.

- Ça ne me dérange pas, lui répondit simplement Kyouya.

- Sans moi, tu aurais pu dormir, et je sais que tu en as besoin.

Kyouya lui jeta un regard signifiant qu'il savait exactement ce qui se passait dans sa tête. Le genre de regard extrêmement flippant.

- Tu arrêtes ça tout de suite ! ordonna-t-il en se rapprochant d'elle. J'ai eu énormément peur quand j'ai reçu ton appel, comme ça m'arrive rarement. Mais au final, ça m'a fait plaisir, parce que ça veut dire que tu comptes sur moi, et j'ai pu te prouver que tu avais raison.

D'une petite voix, et un peu rougissante, Haruhi répondit :

- Mais je me sens si faible… Toi tu es toujours fort.

Kyouya l'attira contre lui.

- Je ne suis pas toujours fort ! J'étais complétement perdu ce matin. Et toi tu n'es pas faible ! Simplement Hikaru a été beaucoup trop loin et t'a blessé. Ta réaction est normale, Haruhi, parce qu'elle est conditionnée par ton passé. Personne n'a le droit de te dire comment tu dois réagir, je veux que tu t'en souviennes.

Elle se laissa finalement aller contre lui et hocha la tête. Avant de s'en rendre compte, elle s'était endormie.

Lorsqu'il s'en aperçut, Kyouya la souleva délicatement et la porta jusque dans son lit. Elle était toujours en pyjama, aussi se contenta-t-il de la border afin qu'elle reste au chaud. Elle s'agita quelque peu, mais replongea presque aussitôt dans un sommeil profond qui permit à Kyouya de s'isoler au salon. Il avait grand besoin de réfléchir.

Pour le coup, il s'était lourdement trompé. Il était vraiment persuadé qu'Hikaru changerait d'avis. Il n'aurait jamais pensé qu'il reprendrait ses vieilles habitudes de mettre tout le monde de côté, en particulier Haruhi. Il avait déjà remarqué que Kaoru le faisait moins en entrant dans le club d'hôtes, et qu'il semblait avoir totalement arrêté depuis l'arrivée d'Haruhi. Il n'avait pas remarqué qu'Hikaru le faisait encore. Il y avait bien eu quelques fois où Kyouya l'avait surpris à ne pas répondre à un camarade, jusqu'à ce que Kaoru ou Haruhi lui signale en général. Mais il avait cru Hikaru dans la lune dans ce genre de moment. Pas complétement replié dans sa bulle. Et pour Haruhi, être rejetée comme ça… Ça revenait à devoir ressentir à nouveau le même genre de sentiments qu'après la mort de sa mère, quand son père ne s'était plus occupé d'elle. Il y avait de quoi en faire des crises d'angoisse.

Ses pensées furent interrompues par la sonnette, et Kyouya se précipita pour ouvrir, désirant plus que tout éviter que ce bruit ne réveille Haruhi. Il salua poliment le coursier, paya la commande et la réceptionna. En refermant la porte, il songea avec nostalgie que l'année passée, il en aurait sans doute profité pour ajouter cette dépense à la dette d'Haruhi. Celle-ci n'avait très vite été qu'un simple prétexte pour garder Haruhi près d'eux le plus longtemps possible. Aujourd'hui, elle était devenue totalement inutile. Un brusque sentiment de nostalgie teintée de peur l'envahit à cette pensée. Finalement, pour la première fois de sa vie, Kyouya ne contrôlait rien dans une relation.

Les bribes d'un rêve s'estompaient progressivement devant ses yeux tandis qu'elle entendait son nom de plus en plus fort, l'obligeant bientôt à émerger de son sommeil réparateur. Lorsque sa vue se fit nette, elle distingua Kyouya à côté de son lit, qui semblait attendre son réveil. Il attendit qu'elle soit totalement réveillée avant de lui annoncer :

- Le repas est arrivé. Je t'attendais pour manger.

- Ça va me coûter combien ? demanda-t-elle en se redressant.

Kyouya eut un sourire amusé.

- Rien du tout, je t'invite. Ne t'y habitue pas.

Ils prirent leur repas dans un silence confortable. Jusqu'à être face à la nourriture, Haruhi ne s'était pas rendu compte d'à quel point elle avait faim. Elle était donc beaucoup plus concentrée à dévorer sa part qu'à faire la conversation. Ce fut Kyouya qui brisa le silence alors qu'elle débarrassait leurs assiettes :

- Je vais appeler Tachibana pour qu'il me ramène.

Un bruit sourd se fit entendre. Les mains d'Haruhi s'étaient mises à trembler et l'assiette qu'elle lavait s'était écrasée dans l'évier, heureusement sans casse.

- Est-ce que…tu pourrais…rester…tout le week-end ? S'il-te-plaît ?

- Mais, répliqua Kyouya, ton père…

- A pris des petites vacances chez son nouveau mec et ne rentrera que lundi.

Un nouveau tremblement la prit et un sanglot lui échappa. Aussitôt, Kyouya fut derrière elle et la serra contre lui.

- Très bien. Je vais demander à Tachibana de me ramener mes affaires et de quoi travailler. Je ne bougerais pas d'ici.

Et il ne bougea effectivement pas. De tout le week-end, Kyouya resta chez Haruhi, assistant impuissant à ses crises de panique ou de larmes, essayant tant bien que mal de la rassurer et se promettant qu'Hikaru comprendrait sa stupidité dès le lundi.


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