Hello, désolée pour ce retard d'une semaine. J'ai eu quelques soucis avec mon ordinateur et en plus, pour être honnête, cette histoire est plus difficile que prévu à écrire. Même si j'ai fait tout le plan, j'ai du mal à écrire exactement ce que je veux. C'est un peu décourageant parfois, mais bon, c'est comme ça. J'espère que vous apprécierez ce chapitre en tout cas !

Je vous souhaite une bonne lecture...


3. Un ami en commun

Shizuo finissait sa journée de travail et rentrait au bureau avec Tom, soucieux. Son patron sembla le remarquer parce qu'il laissa échapper un léger rire et lui donna une tape dans le dos.

« Tu te demandes dans quel état tu vas retrouver ton appartement cette fois-ci ? se moqua-t-il gentiment.

— Ce n'est pas drôle, grogna Shizuo. Je ne sais plus quoi faire. La dernière fois, Shiroi a complètement détruit un pied de ma table. Et quand je l'engueule, il me regarde avec un tel air que je ne peux pas continuer très longtemps.

— Il s'ennuie sûrement. Après tout, il ne peut pas beaucoup bouger.

— Je sais, mais c'est pas évident à gérer. Heureusement, Shinra doit passer tout à l'heure. Avec un peu de chance, il donnera son accord pour que Shiroi puisse sortir un peu.

— Il va mieux alors ? demanda Tom.

— Ses blessures, oui. Mais il a encore peur de moi. Il ne faut surtout pas que je l'approche dans son dos. Je dois toujours m'assurer qu'il m'ait vu avant.

— Ça ne te dérange pas toutes ces contraintes ? »

C'était une bonne question. En toute honnêteté, Shizuo s'étonnait lui-même d'être aussi calme. Ce chien ne lui apportait que des emmerdes. Il abimait ses affaires, lui prenait tout son temps et n'était même pas reconnaissant puisqu'il ne voulait pas que le blond l'approche. Pourtant, ce dernier ne lui en voulait pas. Il se surprenait même à avoir beaucoup d'affection pour cet animal.

« Non, répondit alors sincèrement Shizuo. J'essaye d'être patient avec lui. Ce n'est pas évident, mais ça m'apprend à rester calme au moins.

— Je vois, c'est une bonne chose, sourit Tom. Bon allez, tu n'es pas obligé de revenir avec moi jusqu'au bureau, je dois juste remplir encore un peu de paperasse. Rentre donc chez toi t'occuper de lui.

— Très bien, merci Tom. »

Ils marchèrent alors encore un bout de chemin ensemble, avant que Shizuo ne bifurque sur la gauche pour se diriger vers son appartement. Même s'il se plaignait des bêtises que faisait Shiroi, il s'était réellement attaché à l'animal. Ça ne faisait que deux semaines qu'il était là et, pourtant, il avait déjà chamboulé tout le quotidien de Shizuo. Ce dernier avait toujours hâte, à présent, de rentrer chez lui, ne s'arrêtant même plus chez Simon en chemin. Il voulait vraiment prendre soin de son chien et faire les choses de la meilleure façon possible. C'était une sensation étrange, nouvelle, mais s'occuper de Shiroi lui apportait tellement de bien. Ça lui permettait de sortir de sa morosité, mais surtout de s'éloigner de ses pensées obsédantes à propos d'un certain informateur. En prenant soin de Shiroi, l'ancien barman avait l'impression de revivre. C'était sans doute un peu ridicule comme pensée, pourtant le fait d'être responsable de quelqu'un, même si c'était d'un animal, lui apportait de nouvelles perspectives...

Lorsqu'il rentra chez lui, il remarqua immédiatement que son chien n'était pas dans le salon, ce qui le surprit un peu. A cause de ses blessures, Shiroi ne savait pas aller bien loin. Pourtant, cette fois-ci, Shizuo le retrouva dans sa chambre, couché sur son futon.

« Eh bien, je vois que tu vas mieux, lui sourit alors Shizuo. Tes pattes ont l'air complètement guéries. »

Shiroi le regarda fixement, sans bouger, attentif à chacun de ses mouvements. Shizuo s'approcha alors lentement et s'assit près de lui. Il le fixa un moment, réfléchissant, puis décida de tenter sa chance. Il avança donc sa main, pour qu'il puisse la renifler, avant de le caresser doucement. Le chien se laissa faire, toujours un peu tendu, mais beaucoup moins qu'à son arrivée ici. Il semblait commencer à faire confiance à Shizuo. Ce dernier le caressa alors presque du bout des doigts. Il avait vraiment l'impression d'essayer de dompter une bête sauvage. Profitant du fait que Shiroi semblait plus disposé à accepter sa présence que d'habitude, il vérifia ses blessures.

Mais comme à chaque fois que son regard tombait sur les pattes du chien, il ne pouvait voir que les fines cicatrices qui les recouvraient. Une colère sourde prit aussitôt possession de lui. Il ne comprenait toujours pas comment on pouvait faire autant de mal à un animal sans défense. Parfois, les humains dégoûtaient vraiment Shizuo. Si seulement il pouvait les avoir en face de lui...

Cependant, il ne put penser longtemps à son dégoût pour eux. En effet, quelques minutes plus tard, on frappa à la porte. Shiroi se mit alors directement à grogner et à aboyer, les oreilles en arrière. Shizuo, lui, se leva et alla ouvrir la porte à un Shinra qui n'avait pas l'air de très bonne humeur.

« Je te jure que c'est la dernière fois que je passe pour le soigner, lui dit-il aussitôt en guise de bonjour. Je t'ai trouvé l'adresse d'un vétérinaire. Si tu gardes ce chien, tu iras là-bas. Franchement, je ne suis pas fait pour ça, moi !

— Ouais, ben, en attendant, c'est toi qui l'as soigné, donc je préfère que ce soit toi qui vérifies ton propre boulot. »

L'ancien barman avait beau se justifier, Shinra ne semblait vraiment pas content d'être là. Il suivit, malgré tout, mais de mauvaise grâce, Shizuo jusqu'à sa chambre. Shiroi s'était redressé dans un coin de la pièce et grognait d'une façon très menaçante, ne semblant pas vouloir qu'on l'approche de lui.

« Il est encore très agressif, constata Shinra. Il n'a jamais essayé de te mordre ?

— Non, il est plutôt calme avec moi. »

C'était vrai. Même si Shiroi avait toujours peur, jamais il n'avait été menaçant envers lui. D'ailleurs, Shizuo ne trouvait pas ça anormal qu'il grogne comme ça, vu ce qu'il avait vécu. Ce n'était pas ça qui allait l'inquiéter lui en tout ça. Pourtant, Shinra affichait un air plutôt sombre sur son visage.

« C'est dérangeant ? finit alors par demander le blond.

— Il faudra faire attention quand tu sortiras avec lui. Tiens-le toujours bien en laisse. Il pourrait attaquer n'importe qui, comme un enfant qui se rapprocherait trop brusquement de lui. Il faudra peut-être envisager la muselière également. »

Shizuo fronça légèrement les sourcils. Il n'avait jamais pensé à tout ça. Shiroi pourrait-il être dangereux pour les autres ? Il allait devoir faire attention à ça... Sur les conseils de Shinra, Shizuo s'approcha alors de Shiroi pour le calmer et le rassurer, pendant que Shinra tentait d'examiner rapidement, et le mieux possible, les plaies.

« Parfait, ça cicatrice bien, dit-il après un moment. Les poils repousseront bientôt. Continue à bien surveiller son alimentation et fais en sorte qu'il s'hydrate correctement.

— Alors, ça veut dire que je peux enfin le faire sortir ?

— Oui, mais en faisant bien attention.

— Ne t'en fais pas, je saurai le retenir en cas de problème. »

En imaginant Shiroi devenir agressif envers les autres passants, Shizuo ne put s'empêcher de ricaner.

« Dommage que je ne l'ai pas eu plus tôt, rigola-t-il. Il aurait peut-être pu dissuader certains emmerdeurs de s'en prendre à moi.

— Oh, ça aurait pu marcher avec une personne au moins, c'est sûr. »

Shinra sourit étrangement, comme s'il s'amusait d'une blague que lui seul pouvait comprendre. Il finit ensuite ses soins avec une rapidité étonnante. Il était loin d'être spécialisé dans la médecine pour animaux et devoir s'occuper de ce chien l'agaçait un peu. Mais il ne voyait pas comment il aurait pu refuser ce service à Shizuo. D'ailleurs, ce dernier avait l'air d'aller mieux depuis que ce chien était là. Oh, il avait toujours cet air soucieux et un peu énervé sur le visage, mais au moins, il avait une bonne raison maintenant. Au moins, il pensait à autre chose... Décidément, ce chien ne pouvait pas mieux tomber. C'était le moment parfait pour que Shizuo soit occupé par toute autre chose. Comme ça, ce dernier ne viendrait pas voir de trop près ce que faisait Shinra...

Lorsqu'il eut terminé de soigner Shiroi, le médecin illégal ne s'attarda pas. Il salua rapidement Shizuo et finit par s'éloigner, sans rien ajouter. Maintenant qu'il avait fait sa part du boulot, il ne tenait pas à rester davantage sur place. A vrai dire, ce chien lui faisait un peu peur. D'habitude, il n'avait jamais de problèmes avec les animaux, mais là... il était tellement grand et agressif. Shinra était sûr que sans Shizuo, cette bête lui aurait sauté dessus dès qu'il en aurait eu l'occasion. L'agressivité pouvait être présente chez les chiens battus, ce n'était donc pas spécialement étonnant qu'il ait un tel comportement. Mais Shinra était malgré tout presque admiratif de la façon dont Shizuo gérait ça, comme s'il n'y avait aucun problème... Il n'y avait pas à dire, mais Shiroi avait eu de la chance d'être tombé sur Shizuo ce jour-là. Ce dernier l'avait sauvé, et ce à plusieurs niveaux.

Sortant de l'appartement du blond et marchant dans la rue d'un pas tranquille, Shinra ne pouvait tout de même pas s'empêcher de trouver ça dommage, lui aussi, que Shizuo n'ait pas eu ce chien plus tôt. Shinra aurait donné cher pour voir la tête qu'aurait fait Izaya si Shizuo s'était promené devant lui avec ce grand chien. Personne ne le savait, à part Shinra, mais Izaya avait peur des chiens. De tous les chiens d'ailleurs, même les plus petits. Sûrement parce qu'il s'était fait un jour attaqué par une vraie petite meute. Qu'est-ce que Shinra avait ri lorsque l'informateur s'était fait courser par plusieurs chiens et qu'il avait dû se réfugier en hauteur pour pouvoir leur échapper. C'était l'un des plus beaux souvenirs de Shinra. En dehors de tous ses moments passés avec Celty bien sûr.

Ah, Celty ! L'amour de sa vie. La Dullahan pour qui il ferait n'importe quoi (et pour qui il avait réellement fait n'importe quoi !). Depuis qu'elle avait renoncé à sa tête et qu'elle était restée avec lui, Shinra était le plus heureux des hommes. Ils avaient enfin une vraie relation. Et quand ils étaient partis plusieurs mois en vacances, rien que tous les deux, Shinra en avait été plus que comblé. Il était, d'ailleurs, resté sur son petit nuage un bon moment. Mais, maintenant qu'il avait enfin tout ce qu'il avait toujours voulu depuis qu'il avait cinq ans, il avait l'impression de voir le monde d'une façon un peu différente. Comme si son esprit était plus ouvert. A présent qu'il était sûr de ne plus jamais perdre Celty, il pouvait laisser son cerveau penser à d'autres choses, bien que la majeure partie de celui-ci restait tout de même obnubilée par la Dullahan. Mais une autre préoccupation avait fini par apparaitre...

En toute sincérité, le départ d'Izaya ne l'avait pas beaucoup marqué au début. Trop occupé par sa relation avec Celty, il n'y avait même prêté aucune attention. De toute façon, ce n'était pas la première fois qu'Izaya disparaissait. Mais le temps avait passé. Shinra, intrigué, avait essayé de l'appeler, mais le numéro de l'informateur était, à présent, attribué à une autre personne. De plus en plus curieux, Shinra avait alors été jusqu'à son appartement, qu'il avait trouvé abandonné. Il était évident qu'Izaya n'était plus revenu là depuis un bon moment. Shinra avait trouvé ça étrange. D'habitude, Izaya restait toujours en contact avec lui, même quand il partait longtemps.

Les rumeurs sur la mort d'Izaya avaient commencé à circuler de façon virulente il y avait de ça plusieurs mois maintenant. Il se chuchotait un peu partout, sur le net et ailleurs, que l'informateur avait succombé aux blessures que lui avait infligées Shizuo. Toujours d'après ces rumeurs, Izaya serait mort à l'hôpital depuis un bon moment. Mais Shinra ne voulait pas y croire. Et si ça se confirmait... Il ne savait pas du tout comment il devrait réagir... Sa relation avec Izaya avait toujours été particulière, mais jamais il n'avait réellement souhaité sa mort. En fait, Izaya était son ami. Shinra savait bien qu'il n'avait jamais été à la hauteur de ce titre, pourtant, ils étaient bel et bien amis. Shinra le connaissait par coeur. Au départ, c'était même pour ça qu'il avait mis de la distance entre eux, préférant rester froid et imperturbable. Izaya était instable. Et quand il s'approchait trop près des gens, il pouvait se mettre à faire n'importe quoi. Mais, au fil des années, Shinra l'avait complètement délaissé au profit de Celty. Il le voyait clairement maintenant. Et ce qui lui paraissait normal à l'époque commençait, à présent, à déranger sa conscience.

Refusant de croire à sa mort, Shinra avait alors entrepris de le retrouver. Il fallait qu'il le voie pour s'assurer qu'il allait bien. Et, de toute façon, il ne pourrait croire à son décès que le jour où il verrait son cadavre de ses propres yeux.

C'est pour ça qu'en rentrant chez lui après avoir soigné le chien de Shizuo, Shinra ne fut pas surpris de retrouver Shiki. Le yakuza était assis dans un de ses fauteuils, fumant tranquillement, le visage impassible. Shinra le salua et s'installa en face de lui, comme si cette situation était parfaitement normale.

« Vous avez des nouvelles ? demanda-t-il aussitôt.

— J'ai retrouvé le numéro de téléphone de Kine, répondit lentement Shiki. Il prétend qu'il ne sait pas où est Izaya, mais je n'en suis pas convaincu. Vu l'état dans lequel Izaya était à l'hôpital, il n'aurait jamais pu sortir seul.

— Vous avez réussi à dérober le rapport médical ? »

Shiki acquiesça, avant de lui tendre un dossier. Shinra s'en empara immédiatement. Il l'ouvrit et le parcourut rapidement.

« Je ne suis pas médecin, mais ça n'a pas l'air très bon tout ça, commenta le yakuza avant de tirer à nouveau sur sa cigarette.

— Effectivement, répondit Shinra, songeur, les yeux rivés sur les feuilles qu'il avait en main. Si on l'a sorti trop tôt de l'hôpital... il peut ne pas s'être tiré d'affaire. Toutes ces blessures...

— Je me demande plutôt dans quel état il est maintenant, s'il est encore en vie, répliqua Shiki.

— ... Il faut retrouver Kine. C'est notre seule piste. J'irai lui parler face à face. Il acceptera peut-être de m'aider.

— On essaye de le localiser à ce moment même. »

Shinra hocha la tête, toujours absorbé par sa lecture du rapport médical. Il espérait que ça marcherait. Parce que, en dehors de Kine, il ne voyait, actuellement, aucun autre moyen pour retrouver Izaya. Si ce n'était pas trop tard, bien sûr...


A quelques mètres de là, Shizuo était bien loin de se douter de ce que manigançait Shinra. Il avait passé un collier autour du cou de Shiroi et attaché la laisse. Il était prêt à sortir et pensait que Shiroi en serait content aussi. Pourtant, ce dernier hésitait à le suivre. Il marchait lentement, regardant tout autour de lui, balançant fortement la queue de gauche à droite. Il était visiblement très nerveux. Mais il le suivait tout de même. Cette vision ne plaisait vraiment pas au blond. Il ressentait encore cette colère au fond de lui, qui ne demandait qu'à sortir. Si seulement Shiroi était un humain, ce serait plus simple pour le secouer un peu. Shizuo n'était pas très doué en psychologie, encore moins pour les animaux. Pourtant, il savait qu'il ne devait pas exprimer son agacement face à la faiblesse de son chien. Bien sûr, il voulait qu'il guérisse le plus vite possible, mais ça ne servait à rien de brusquer les choses. Il fallait juste savoir se montrer patient. Et, étrangement, Shizuo se surprenait à l'être quand personne n'était là pour l'emmerder...

Marchant d'un pas lent vers le parc, tout en faisant attention à ce que Shiroi suive, le blond ne put s'empêcher de se sentir bien. Cette vie simple et banale, n'était-ce pas ce qu'il avait toujours désiré ? Il pouvait enfin se promener librement dans son quartier. Depuis quand ne l'avait-on plus attaqué ? Il ne s'en souvenait même plus...

Arrivé sur place, Shizuo s'assit sur un banc et s'alluma une cigarette alors que Shiroi se coucha sous lui. Shizuo décida de le laisser tranquille. Shiroi avait sûrement besoin d'un peu de temps pour se réhabituer à l'extérieur... Respirant profondément la fumée, Shizuo laissa alors son regard trainer sur les autres personnes qui marchaient dans le parc. Il se complaisait à ne rien faire lorsque son téléphone sonna, faisant grogner Shiroi. Le blond vit le numéro de son frère apparaitre. Il décrocha alors aussitôt, ça faisait longtemps qu'il n'avait plus eu de nouvelle de Kasuka.

« Ouais ?

— Bonjour grand frère, je ne te dérange pas ?

— Non, pas du tout. Comment vas-tu ?

— Je vais très bien, et toi ?

— Ça va, répondit Shizuo, de façon évasive. J'ai adopté un chien, ça me demande du boulot, mais ça se passe bien. »

Shizuo préféra parler directement de Shiroi, pour éviter la tentation de mentionner ses autres préoccupations. Ces deux dernières années, Shizuo avait eu un nombre incalculable de possibilités pour parler à son frère de son combat contre Izaya et des sentiments qu'il éprouvait à présent. Pourtant, à chaque fois, il était resté silencieux. Il savait que Kasuka l'aurait écouté sans le juger. Mais, malgré ça, il n'avait jamais réussi à se confier à lui. Non, rectification, il n'avait jamais voulu se confier à lui sur ce sujet. Il tenait plus que tout à le protéger et le garder loin de tout ça.

« Vraiment ? Je ne savais pas que tu voulais un chien.

— Ça s'est fait par hasard, répondit Shizuo avant de tout lui raconter. Ces enflures ! Ils ont de la chance que je ne les aie pas vus !

— Tu as bien agi en le recueillant. Je suis fier de toi, grand frère.

— Ouais, enfin... Ce n'est pas grand-chose. »

Shizuo n'était jamais très à l'aise avec les compliments de Kasuka, parce qu'il savait qu'il ne les méritait absolument pas.

« Et toi alors ? reprit-il aussitôt. Tout va bien avec Ruri ?

— Oui. C'est pour ça que je t'appelle d'ailleurs. J'ai une bonne nouvelle à t'annoncer, déclara son jeune frère sur son habituel ton indifférent.

— Vraiment ?

— Oui, j'aurais aimé te le dire en face, mais je suis coincé à Kyoto pour un tournage pendant encore quatre mois. Ruri est enceinte. »

Il annonça ça de but en blanc, prenant totalement Shizuo au dépourvu. Quelques secondes s'écoulèrent, avant que ce dernier n'arrive à parler. Il avait l'impression que son cerveau avait complètement grillé.

« ... Quoi ?

— Ruri est enceinte, répéta calmement Kasuka. De deux mois.

— ... C'est... Eh bien, félicitations. C'est génial ! »

Shizuo parvint à bafouer ces mots alors que son esprit redevenait enfin plus clair. C'était totalement imprévu, il n'aurait jamais pu s'attendre à ça...

« Merci. Quand je reviendrai à Tokyo, je m'arrangerai pour qu'on se voie tous ensemble, ça te va ?

— Bien sûr ! C'est super, Kasuka, tu dois être vraiment content. »

Shizuo se fustigea mentalement après avoir dit cette phrase. Evidemment que son frère devait être content !

« Je le suis, répondit ce dernier d'un ton plat. Je t'avoue même que je suis très impatient.

— Tu l'as déjà annoncé aux parents ?

— Non, pas encore, mais je vais le faire juste après cet appel.

— Maman va devenir dingue, rigola Shizuo.

— Sûrement, acquiesça Kasuka avec un brin légèrement amusé dans la voix. Par contre, je suis désolé, je ne peux pas rester très longtemps. Je dois bientôt partir avec Ruri à une soirée.

— Ce n'est rien, ne va pas te mettre en retard. Encore félicitations en tout cas. Et préviens-moi quand tu reviens.

— Je ferais ça. A bientôt, grand frère.

— A bientôt, Kasuka. »

Shizuo raccrocha, un léger sourire sur ses lèvres. Il n'en revenait pas... Kasuka allait avoir un bébé... Kasuka allait devenir père... Lui-même allait devenir oncle. Soudain, ce fut comme si l'information parvint réellement à son cerveau. Il n'était pas prêt pour ça... Et si Kasuka lui demandait de le garder de temps en temps ? Shizuo avait beaucoup de mal à s'imaginer avec un enfant dans les bras... Un être aussi fragile... Le blond allait le blesser à tous les coups. Et s'il se mettait en colère à force de l'entendre crier ? C'était loin d'être impossible. La colère de Shizuo était comme tapie à l'intérieur de lui et ne demandait qu'un seul moment de relâchement pour ressortir à nouveau.

Agacé par ses propres pensées, Shizuo finit par jeter son mégot – sa cigarette s'était éteinte de toute manière... Son regard se tourna à nouveau vers les gens qui se trouvaient dans le parc. Il y avait beaucoup d'enfants. Il ne l'avait pas remarqué avant. Etait-ce à cause de l'annonce de Kasuka ? En tout cas, il ne voyait que des familles heureuses et souriantes face à lui. Une étrange émotion s'empara alors de lui... Ce n'était pas la première fois qu'il ressentait ça. La dernière fois, c'était lorsque son frère s'était marié, il y a presque un an de ça (au grand dam de ses fans, d'ailleurs !)... Le mariage avait été superbe, mais avait également laissé un drôle d'arrière-goût à Shizuo. Bien sûr, il avait été très fier de son frère, cependant il trouvait ça étrange qu'il se marie avant lui. Enfin... Shizuo n'avait jamais cru qu'il se marierait un jour, mais ça lui avait quand même fait bizarre. Et maintenant, c'était encore pire. Kasuka allait devenir père avant lui. Shizuo était l'ainé, il aurait dû se marier et avoir des enfants avant son frère. Il entendait déjà d'ici les remarques de sa famille. Ça n'avait déjà pas manqué au mariage de Kasuka. Enfin, heureusement, ça venait de la famille éloignée que Shizuo ne côtoyait presque jamais.

Mais ça le travaillait quand même. Il avait vingt-sept ans maintenant. Il était plus que temps pour lui aussi de fonder une famille. Cependant, il ne savait pas lui-même ce qu'il voulait vraiment. Il avait déjà eu quelques aventures, mais ça n'avait jamais duré bien longtemps. De toute façon, à cause de ses accès de colère, Shizuo avait préféré fuir ce genre de relation. Il n'aurait jamais pu se pardonner s'il avait blessé la personne qu'il aimait. Mais est-ce que, à présent que ça allait mieux, il pourrait réessayer ? Etre avec quelqu'un... Se marier... Avoir des enfants... Ça lui paraissait totalement surréaliste. Pourtant, il ne pouvait s'empêcher d'imaginer un petit garçon aux cheveux blonds – ce qui était absurde en plus puisqu'il était brun naturellement – qui courrait partout avec un sourire espiègle.

Shizuo soupira et détourna son regard pour fixer Shiroi.

« Je suis fou d'imaginer tout ça, n'est-ce pas ? Je ferais un père horrible. »

Shiroi aboya, Shizuo s'amusa à prendre ça comme un "Tu ne le sauras pas avant de l'être". Ce qui finit par le persuader qu'il était bel et bien fou. Ricanant, il décida de se relever et reprit sa marche. Cette fois-ci, Shiroi suivait bien. Petit à petit, il vint même se mettre à sa hauteur, au lieu de rester derrière. Shizuo lui sourit alors, content de voir qu'il faisait des progrès.

Shizuo décida, malgré tout, de ne pas faire une trop grande promenade. Il voyait bien que Shiroi commençait à peiner un peu. Lorsqu'il rentra chez lui, il détacha aussitôt la laisse et lui donna à manger, avant d'aller s'asseoir sur son fauteuil. Il alluma la télévision, dans un geste presque mécanique. Il le faisait souvent ces derniers temps pour s'occuper l'esprit. Mais aujourd'hui, il n'avait qu'une seule pensée en tête: il allait devenir oncle. Il avait encore du mal à réaliser ce que son frère venait de lui apprendre. Ces mots semblaient tourner en boucle dans son cerveau. Mais il finit par sourire franchement. Malgré ses doutes sur sa propre vie, il était plus qu'heureux de cette nouvelle...

Un match de catch venait de commencer sur son écran lorsque son téléphone sonna à nouveau. Il décrocha alors, sans vraiment faire attention.

« Allô ?

— ... »

Personne ne lui répondit. Fronçant légèrement les sourcils, Shizuo s'éloigna un peu de son téléphone pour regarder l'écran: les numéros qui s'affichaient lui étaient totalement inconnus.

« Hmm, vous vous êtes sûrement trompé de numéro... Eh bien quoi, vous êtes trop timide pour parler ? »

Shizuo ricana doucement, plutôt de bonne humeur, mais il n'eut que les légers crépitements de la ligne pour lui répondre.

« Désolé, mais je n'ai pas de temps à accorder à quelqu'un qui ne veut pas parler. Passez une bonne soirée. »

Sur ces mots, Shizuo raccrocha. Il se demandait vaguement qui cela pouvait être – sûrement un gamin qui voulait l'entendre s'énerver au téléphone en ne parlant pas. Raté pour lui. Shizuo était comme sur un petit nuage depuis l'annonce de son frère et rien ne pouvait le mettre en colère aujourd'hui. Même le fait de penser à Izaya – qui aurait très bien pu lui faire un coup pareil quand il était encore dans les parages d'ailleurs – ne parvint pas à ébranler son humeur. Pour une fois, il était même content que l'informateur ne donne aucun signe de vie. Parce qu'il était sûr que le brun n'aurait eu à coeur que de détruire sa relation avec son futur neveu ou nièce...


Pourtant, à des kilomètres de là, Izaya ne pensait pas du tout à Kasuka. Les doigts tremblants sur son téléphone, il avait l'impression de ne plus savoir respirer. Son souffle se bloqua dans sa gorge alors que son ventre bougeait de plus en plus vite, essayant péniblement de faire entrer de l'air dans ses poumons. Il allait étouffer... Son coeur battait frénétiquement dans ses tempes. Sa vue, embrumée, l'empêchait de voir quoi que ce soit. Sa gorge sèche contrastait horriblement avec la sueur qui lui coulait le long de la nuque. Tout tournait autour de lui. Où était-il ? Il ne comprenait plus rien... Et toutes ces images qui défilaient sous ses yeux... Il eut l'impression qu'un étau se refermait sur lui alors qu'il entendait encore la voix de Shizuo résonner dans ses oreilles.

Tremblant de tout son corps, il réussit enfin, après de longues minutes, à respirer profondément. Petit à petit, il sembla se calmer, bien que la tension restait bien installée dans sa colonne vertébrale. Revenant tout doucement à lui, il se rendit compte de la raideur de ses jambes. Elles lui faisaient atrocement mal. Gémissant malgré lui, il laissa tomber son téléphone par terre et se prit la tête entre les mains. Il serra douloureusement ses cheveux à leur racine, comme pour se punir lui-même.

Pourquoi avait-il fait ça ? Il n'aurait pas dû... Il avait laissé une trace maintenant... Et si... Non... Non, Shizuo n'était pas assez intelligent que pour remonter jusqu'à lui juste avec ça... Rien qu'à cette pensée, le corps d'Izaya fut à nouveau parcouru de tremblements.

Mais pourquoi devait-il toujours faire n'importe quoi ?! Il fallait vraiment qu'il arrête ces comportements dangereux ! Mais ça avait été plus fort que lui, comme toujours. Ce n'était même pas pour entendre la voix de Shizuo qu'il avait fait ça, c'était juste pour prouver à Kine qu'il avait tort... ou, plutôt, pour se prouver à lui-même qu'il n'était pas traumatisé par ce qui s'était passé. Cette supposition le mettait mal à l'aise. Oui, il avait peur de Shizuo, mais... c'était sûrement passager. Après tout, c'était son Shizu-chan. Il le connaissait bien, savait comment s'y prendre pour éviter ses coups... Sauf la dernière fois... mais il ne commettrait plus jamais ce genre d'erreur.

Sa respiration redevenait hachée alors qu'il repensait à tout ça. Ce n'était pas possible... Il ne pouvait pas faire une crise de panique à chaque fois qu'il pensait à Shizuo... Il avait toujours tout fait pour que Kine ne se rende pas compte de son état émotionnel. Mais maintenant que ce dernier ne cessait de lui parler d'Ikebukuro, Izaya n'arrivait plus à maintenir le masque. Shizuo était terrifiant. Et s'il avait réussi à camoufler cette vérité au plus profond de lui-même jusqu'ici, il n'y arrivait plus du tout à présent. Kine, à force de lui parler de son passé, avait fait remonter tous ses sentiments... Jusqu'alors, il avait réussi à construire une barrière autour de lui. Evitant de penser trop souvent à Shizuo, il arrivait à gérer ses émotions quand l'image du blond s'imposait, malgré tout, dans son esprit. Mais ses murailles s'effondraient aujourd'hui... Etait-ce uniquement à cause de Kine ? Non... Izaya savait, au fond de lui, que ses illusions auraient, de toute façon, fini, un jour ou l'autre, par disparaitre. L'appel de Shiki en avait été le déclencheur... Comment Izaya pouvait-il se sentir en sécurité alors qu'on le recherchait et, qu'en plus de ça, on faisait tout pour ramener ses douloureux souvenirs au premier plan en voulant forcer une guérison que lui-même ne souhaitait pas ?

Il s'était senti poussé à bout ces derniers jours. Toutes ces remarques de Kine, supposé l'aider à se relever, l'avaient abattu. Comme s'il avait enfin compris la gravité de son état physique.. Il se rendait de plus en plus compte que Shizuo était hors de sa portée à présent. Izaya avait été réduit à néant. Jamais plus il ne pourrait faire jeu égale avec lui... C'était sans doute ce terrible sentiment d'infériorité qui l'avait poussé à faire cet acte désespéré. Il voulait tellement ne plus avoir peur du blond. Et il voulait montrer à tout le monde – surtout à lui-même en vérité – qu'il pouvait tout à fait se mesurer à nouveau à Shizuo. Il s'était dit qu'il ne risquait rien avec un appel. Il ne comptait même pas parler, en plus. Mais rien que le fait d'entendre la voix du blond et de rester calme montrerait bien qu'il n'était pas si traumatisé que ça et qu'il pouvait lui faire face.

Connaissant le numéro de Shizu-chan par coeur, il avait tapé nerveusement les chiffres. Il s'était alors dit qu'avec un peu de chance, Shizuo ne répondrait pas... Quand l'appel avait été lancé, la gorge d'Izaya s'était mise à se serrer douloureusement. Son coeur avait accéléré son mouvement et une horrible sensation de vertige s'était emparée de lui. Mais ce n'était rien comparé à son état lorsque Shizuo avait décroché. Izaya en aurait fait tomber son téléphone s'il ne s'était pas soudain complètement tétanisé. La voix du blond résonnait à peine à son oreille lorsqu'Izaya eut le souffle coupé. Incapable de respirer correctement, il avait écouté Shizuo parler, sans même comprendre un seul mot de ce qu'il disait. Heureusement, le blond avait raccroché très vite. Izaya n'était pas sûr qu'il aurait été capable de supporter ça encore longtemps. Il avait eu une crise de panique... Il avait eu une crise de panique rien qu'en entendant sa voix... Il s'était immédiatement revu à terre, prêt à être tué par Shizuo...

Tremblant toujours, Izaya ne pouvait que faire face à la réalité. Il avait peur. Tellement peur. Shizuo était si dangereux... Pourquoi avait-il fallu qu'il se le mette à dos ? Cet homme... Cet homme n'hésiterait pas à le tuer, à lui faire du mal. Et Izaya ne pouvait rien faire contre ça... Il n'était plus à la hauteur de Shizuo... Non, c'était faux. Il n'avait jamais été sa hauteur. Il n'était qu'un simple humain qui s'était cru plus important que ce qu'il n'était... Shizuo était comme un prédateur. Et lui, n'était qu'un sale insecte, priant pour ne pas être écrasé...

Frissonnant et se sentant terriblement mal après avoir enfin compris ça, Izaya fut soulagé que Kine ne fut pas là pour voir ça... Il se sentait si pathétique. Il n'était même pas capable d'entendre sa voix... La peur l'avait complètement paralysé. Et même s'il avait voulu lui parler (ce qui n'était pas le cas !), il aurait été incapable de prononcer la moindre parole. Shizuo l'avait rendu... pitoyable... Il l'avait réduit à un état déplorable. Et il était proche de retomber dans un état de panique totale rien qu'en repensant à lui... Il n'avait pas de mots pour ça, mais il se sentait humilié, brisé. Arriverait-il seulement à redevenir comme avant ? Il rêvait simplement de retrouver cette insouciance face au danger. Si seulement, il pouvait tout recommencer... alors il ferait en sorte de ne jamais croiser la route du blond... Mais il ne pouvait rien faire concernant le passé. Prisonnier de cette peur horrible, tout ce qu'il pouvait souhaiter, à présent, c'était que personne de son ancienne vie ne le retrouve...


A Tokyo, cependant, Shinra n'était pas du même avis que lui. Après avoir épluché plus en détails le dossier médical d'Izaya, il soupira, passant une main sur son visage.

« C'est mauvais à ce point-là ? écrivit Celty.

— Ses bras ont été fracturés en plusieurs endroits. Il a été poignardé sur le flanc et sa colonne a subi pas mal de dégâts. Je sais qu'ils ont réussi à stopper l'hémorragie, mais son état était encore très instable au moment de sa disparition. Ils n'ont pas eu le temps non plus de faire une radio de sa colonne...

Quelqu'un a dû l'enlever, non ? Pourquoi Izaya serait-il parti de son plein gré au risque d'aggraver son état ?

— Peut-être parce qu'il estimait que l'hôpital était trop près d'ici, je ne sais pas... Mais dans un état pareil, n'importe qui aurait pu aller lui régler son compte.

... C'est peut-être ce qui s'est passé...

— Je ne peux pas croire ça, Celty.

Pourquoi pas ? Après tout le mal qu'il a fait, c'est ce qu'il mérite !

— Je sais bien, mais... il reste mon ami malgré tout. Et il vaudrait mieux pour Shizuo aussi qu'il soit encore en vie. »

Celty hésita à répondre, les doigts suspendus au-dessus de son clavier, mais, finalement, elle renonça. Elle savait que Shinra avait raison. Ces deux dernières années, elle était restée très proche de Shizuo et elle avait bien senti un changement chez lui. Elle pensait savoir pourquoi, mais elle n'en avait jamais parlé ouvertement avec lui. Cependant, ses doutes s'étaient confirmés lorsqu'il lui avait demandé si elle pensait qu'Izaya et lui auraient pu être amis. La question était tellement absurde qu'elle avait eu besoin de quelques secondes pour se ressaisir, avant de pouvoir y répondre. Shizuo culpabilisait. Celty le savait, mais elle n'avait jamais rien dit pour essayer de le rassurer. Parce qu'elle savait que tout ce qu'elle dirait serait vide de sens. Oui, tuer quelqu'un était quelque chose de grave. Et on ne pouvait pas dire que Shizuo avait agi en légitime défense...

« Je sais que tu détestes Izaya, reprit alors Shinra. Mais est-ce que tu veux quand même bien m'aider à le retrouver ?

... Oui, je vais t'aider, mais ne compte pas sur moi pour être chaleureuse avec lui !

— Ha ha, non, je ne te demanderai pas ça. De toute façon, j'aime quand tu n'es chaleureuse qu'avec moi. »

Shinra rigolait toujours, même quand Celty le frappa en plein ventre.

« Idiot, écrivit-elle.

— Moi aussi, je t'aime.

... Par où commence-t-on pour retrouver Izaya ?

— Shiki cherche de son côté, mais moi je fouille les registres d'hôpitaux. Ça demande un boulot fou.

Dis-moi ce que je dois regarder. »

Shinra sourit d'une oreille à l'autre, avant de lui expliquer.

« Je suis sûr qu'il a dû aller voir d'autres médecins après avoir quitté le premier hôpital. Seulement, à tous les coups, il n'a pas indiqué son vrai nom. Je cherche donc dans la liste des patients un nom qui me ferait penser à lui, genre Nakura ou Kanra, et avec des blessures identiques, tu vois ?

Je vois... »

Ils se mirent aussitôt à travailler. Mais la recherche était compliquée. C'était comme chercher une aiguille dans une botte de foin. Izaya ne leur avait pas simplifié la vie. Quel que soit le nom qu'il avait choisi, Shinra n'en avait, visiblement, jamais entendu parler. Rien ne lui paraissait étrange parmi les informations qu'il lisait. Il semblait tellement découragé que Celty n'eut pas le coeur à lui dire que s'il n'y avait pas de trace d'Izaya, c'était peut-être parce qu'il n'avait jamais plus consulté de médecin pour une raison... ou une autre...

Les semaines passèrent alors, emportant avec elles les maigres espoirs de Shinra de retrouver l'informateur. Pourquoi était-ce si compliqué ? Il ne voulait, pourtant, pas baisser les bras, ni se dire qu'Izaya était peut-être mort. Il refusait net cette hypothèse. Parce que la mort n'expliquait pas, de toute façon, sa disparition. S'il était décédé, le corps d'Izaya devait bien être quelque part. Mais, alors qu'il ne voyait même plus où chercher, Shiki revint vers lui avec une bonne nouvelle.

« Nous avons retrouvé Kine, déclara-t-il. Il semble être moins doué qu'Izaya pour camoufler ses traces.

— Où est-il ?

— A Kanto, dans la préfecture de Kanagawa. Voilà l'endroit où se trouve son bureau. Il s'y est installé comme détective privé. »

Shiki lui tendit un morceau de papier où étaient inscrites toutes les informations utiles. Shinra ne put s'empêcher de sourire. Après tous ces mois d'effort, il avait enfin une piste concrète.

« J'ai, malgré tout, une question, déclara Shiki tout en s'allumant une cigarette. Qu'allez-vous faire si vous retrouvez l'informateur ?

— Je veux juste m'assurer qu'il va bien. Pour le reste, je ne sais pas trop, je n'y ai pas vraiment réfléchi. J'imagine que je verrai selon son état... Et vous ?

— Je considère qu'Izaya ne fait plus partie de nos collaborateurs. Mais s'il revient, je suis disposé à le reprendre. Malgré ses manières, il reste le meilleur informateur que je n'aie jamais vu. Bien, là-dessus, notre collaboration s'achève. Tenez-moi au courant pour la suite.

— Bien entendu. Je vous remercie de votre aide. »

Shiki acquiesça et partit. Shinra regarda à nouveau le papier, souriant grandement. Il était temps de bouger.

« Celty ! cria-t-il. Tu es prête pour un petit voyage en amoureux ? »


Et voilà pour ce chapitre trois, l'histoire avance petit à petit, j'espère que ça vous plait. Merci pour votre lecture en tout cas.

Je préfère ne pas donner de date pour le prochain chapitre, mais je vais tout faire pour tenir un délais raisonnable, en espérant qu'il soit plus facile à écrire. A bientôt !