4 mars : Born this way

Univers : Glee, Santana Lopez


Toute sa vie, on lui a dit qu'elle n'était pas assez, ou trop.

Son teint hâlé conduisait les uns à la désigner par « la latina ». On lui a dit qu'elle aurait beau tout faire pour s'intégrer, elle n'y arriverait pas. On lui a demandé d'où elle venait, d'où elle venait vraiment, parce qu'apparemment, les Etats-Unis d'Amérique n'était pas la réponse attendue. On lui a dit qu'elle n'avait rien à faire là, qu'elle prenait la place de vrais américains. Et quand elle leur répondait avec acidité que selon leur logique eux non plus, en tant que descendants de colons, ils n'avaient rien à faire là, on lui disait qu'elle ferait mieux de se taire et de les remercier de bien vouloir la tolérer.

On lui a dit aussi qu'elle trahissait ses origines hispaniques. Qu'à embrasser ainsi le cheerlinding, à se forcer à répondre aux diktats de beauté blancs, à nier sa culture d'origine, elle n'avait vraiment rien d'une enfant d'émigrée. Qu'elle n'était qu'une petite américaine, respectueuse de rien ni de personne. On lui a dit qu'elle devait choisir son camp, comme si elle ne pouvait prendre le meilleur de ses deux cultures.

Et puis, après son physique, on a commencé à critiquer son caractère. On lui a dit qu'elle parlait trop fort pour une femme, qu'elle ne savait pas se tenir. On lui a dit qu'elle était narcissique à vouloir se faire belle, fainéantes les jours où elle refusait de se maquiller. On lui a dit qu'un homme ne voudrait jamais d'une femme comme elle.

Tant mieux, avait-elle répondu. Je ne veux pas d'un homme.

On lui avait alors dit qu'elle n'était qu'un monstre, une erreur de la nature, un démon. On lui a dit qu'elle devait cesser d'aimer les femmes, car lorsqu'on est femme, on ne peut aimer autre chose qu'un homme. On lui a dit de se taire, de boucler son cœur, de mettre de côté ses sentiments.

À cause de tout cela, Santana s'est toujours sentie de trop, à côté de la plaque, comme une chose cabossée que Dieu aurait créé pour l'utiliser comme exemple du genre de personne à ne pas devenir. Elle s'est alors faite mordante, piquante, méchante même, insultant les autres pour l'empêcher d'être humiliée – manger ou être manger, la loi de la jungle n'a jamais été aussi bien appliquée qu'au lycée. Santana paraît sûre d'elle mais à l'intérieure, elle est déchirée.

Jusqu'au jour où elle danse avec le Glee Club sur Born this way. Ces gens idiots, naïf, qu'elle n'a rejoint que pour mieux trahir... Et qui au final apaise des maux qui l'ont traversé quinze années durant. Car à leurs côtés, elle scande qu'elle est née comme Dieu l'a fait, et que dieu ne fait pas d'erreur, ce qui montre bien combien elle est parfaite. Et elle voit ses camarades la regarder, croire en ces paroles, et d'un coup, elle y croit, elle aussi.