Changements
Tout ce dont il se souvenait, c'était d'avoir subi le Galaxian Explosion de plein fouet, mettant ainsi définitivement Rhadamanthe au tapis et un terme à sa vie.
Ça lui avait très bien convenu, son rôle s'était terminé, jusqu'au bout il avait tenu, fait de son mieux pour se racheter, effacer ses fautes passées. Avec cet ultime sacrifice, les souffrances s'achèveraient enfin : plus de déceptions, d'abandons, les disputes sombreraient dans un néant apaisant. Jusqu'au bout il avait pu mener à bien cet éternel objectif qui lui avait permis de tenir si longtemps.
Ce sursis était à présent terminé, il ne le savait que trop bien. Tous comme les autres Golds Saints, la fin s'était approchée de lui. Il n'avait pas eu de regrets, pas l'ombre d'une seule seconde, peut être finirait il par trouver la paix, le repos et la quiétude auxquels il aspirait tant.
Alors pourquoi ? Pourquoi ressentait il sur sa peau cette douceur et cette chaleur ? Il avait l'impression d'avoir une couette moelleuse sur lui, que des tâches de lumière dansaient devant ses yeux depuis quelque temps.
Sans trop y croire, il se rendit compte que ses jambes lui obéissaient parfaitement, réalisant le mouvement demandé, du contact agréable du tissu et du confort du lit.
Non… Se pouvait il que ? Avec difficulté, il ouvrit un œil, et le referma aussitôt aveuglé par la lumière vive du jour. Une voix parvînt à ses oreilles une seconde plus tard.
- Bonjour Kanon. Doucement, tes yeux ont besoin de se réhabituer progressivement. Comment te sens tu ?
Cette voix lui était vaguement familière, avait un quelque chose de presque avenant, mais à qui était elle ? Là, il ne parvenait pas à trouver la réponse. Et où était il d'abord , que s'était il passé ? Pourquoi était il encore en vie ?
- Qui es tu ? Une demande autoritaire, lancée sèchement, le ressentiment de cette résurrection avait pris le dessus en un tournemain. Ça ne pouvait donc signifier qu'une chose : que tous les Golds Saints avaient eu cette chance. Mais ça ne lui apportait aucun plaisir, aucun soulagement.
- Quelqu'un qui ne te considère plus comme un ennemi, Kanon le chevalier d'or des Gémeaux. Surtout après ce que tu as fait.
Toujours retourné dans son lit, Kanon devina qui était à côté de lui. Comment pourrait il si vite oublier le seul Gold qui lui avait pardonné et laissé sa chance ?
Mais pourquoi ? Alors qu'il ne l'avait fait qu'à contrecœur, parce qu'il ne pouvait pas faire autrement que de lui accorder la possibilité de faire ses preuves après tout ce qu'il avait enduré ?
Pour quelle raison se soucierait il à présent de lui ? Qu'avaient ils en commun ? Rien !
- Arrête de te foutre de moi.
En dépit de sa fatigue, il se sentait étonnamment reposé, même si ses blessures n'étaient pas complètement guéries, que de nombreuses zones de son corps lui donnaient l'impression d'avoir été roué de coups meurtriers.
Milo fronça les sourcils, mais ne s'offusqua pas. Il pressentait qu'il aurait droit à une remarque cinglante sous peu.
- Tu oses encore me dire ça ? Alors qu'il n'y a pas si longtemps, c'est toi le premier qui m'avait ordonné de dégager du Sanctuaire ! Que ça ne t'ennuierait pas d'utiliser la force pour ça, et que personne ne pourrait m'accepter ici !
Puisque beaucoup de sang avait coulé à cause de moi ! Si tu m'as accepté c'est parce que tu n'avais pas le choix et rien de plus, et tu le sais aussi bien que moi ! Alors fiche moi la paix!
Cette dernière phrase masquait à peine la douleur contenue, l'appréhension qu'il éprouvait à nouveau. Foutue résurrection de merde ! Foutues relations!
- C'était le cas. Je dis bien : c'était, mais à présent, les choses sont différentes.
Différentes… Mensonge ! Rien n'avait changé, il était de retour dans cet endroit maudit qui avait fait de lui un paria, se retrouverait à nouveau confronté à l'indifférence la plus totale et au mépris de son existence. Une fois de plus, il ne lui resterait rien, strictement rien. Tremblant de peur et de tristesse, des larmes coulèrent sur son oreiller.
Il n'avait pas envie de se taper cette discussion dès maintenant, il avait envie de replonger dans le sommeil, dans le confort de la literie, que ce qui se passe ne soit jamais arrivé.
- Laisse moi tranquille. C'est trop demander ? Je veux être seul ! Une demande prononcée d'une voix étouffée par la colère et la tristesse.
Pas de réponse, juste le bruit d'une porte qui se fermait en silence. Bon débarras !
Resté seul dans le couloir, Milo réfléchit adossé au mur à ce qui venait de se produire.
Cette réaction l'avait surpris, mais il la comprenait un peu plus au-delà des apparences : c'était tout sauf de l'agressivité gratuite, ces remarques étaient plus faites pour se protéger.
Évidemment. Lui non plus ne savait plus où il en était, la guerre et la résurrection avaient laissé des blessures psychologiques les rendant tous plus ou moins fragiles.
Il ne suffisait que d'un petit rien pour perdre le contrôle. Et il se rendait compte de quelque chose de très important : qui finalement connaissait vraiment le petit frère de Saga ? Qu'avait il pu se produire de si grave pour qu'il leur ait tourné le dos ? Vers qui pouvait il vraiment se tourner pour avoir de l'attention et de l'affection ? Sans doute personne, le scorpion prit une décision.
Décidément, ce lit était confortable, agréable. Rien de plus à faire que de sombrer dans le repos, d'essayer d'oublier tout : ce jour maudit au Cap Sounion, ses échecs, ces épouvantables moments où il avait du encaisser les chocs seul. L'éventualité des retrouvailles avec Saga…
Pourtant, son sens du toucher l'informait que quelqu'un lui serrait doucement la main, une manifestation discrète de réconfort, presque imperceptible. Inattendue, mais tellement bienvenue.
Ce lit était chaud, douillet, paisible, comme cette main, un cocon de bien être dans lequel il avait envie de rester. Il soupira, se retourner signifiait refaire face aux problèmes, aux disputes, au mépris aux mauvais souvenirs enfouis. Mais c'était impossible de choisir où s'arrêtait le monde selon les frontière qu'on voulait tracer. Se calfeutrer dans sa petite bulle n'était qu'illusoire, fuir la réalité.
Kanon ouvrit à nouveau lentement les yeux, laissa son regard errer sur le plafond, avant de cette fois faire face au visiteur. C'était étrange de le voir son sans armure, seulement en tenue d'entraînement, habituelle au Sanctuaire. Kanon eut un bref instant l'impression qu'ils étaient sur un pied d'égalité à ce moment.
- Tu es encore là ? Explique moi, pourquoi tu fais ça ? Ça le dépassait, complètement.
- Je te t l'ai dit il y a deux jours : maintenant les choses sont différentes. Milo avait l'air sérieux, décidé à lui donner des réponses, mais il ne le dévisageait plus avec antipathie. Plutôt avec un respect inaccoutumé.
Il fallût quelques minutes pour que Kanon se ressaisisse et se redresse sur son lit.
- En effet, je n'avais pas le choix, comme tu me l'as si justement fait remarquer. On avait besoin de toute l'aide nécessaire à ce moment. T'avais la possibilité de continuer ce que tu avais commencé ou d'en profiter pour tes intérêts. Au final, et à ma grande surprise, t'as choisi la première option. Hyôga m'a raconté ce que tu as fait aux enfers et qui tu as affronté. T'as viré un bon nombre de spectres, et pour finir tu n'as pas hésité une seule fois à te sacrifier.
Tu avais vraiment prouvé que tu avais changé, et tu n'as pas fui devant tout ce que tu as provoqué, contrairement à ton frère. Tu as assumé tes fautes, tu as tout fait pour les réparer. Reconnais que tout ça mis bout à bout, ça invite à se remettre en question. Et puis… il arrêta sa phase en faisant un geste de la main avant de reprendre. Tu ne serai pas là si tu n'avais pas décidé de te racheter. On a tous le droit à une seconde chance.
Kanon ne trouva rien à répliquer. Il le surprenait tellement, autant que quand il l'avait laissé en compagnie d'Athéna dans la salle du Grand Pope.
- Tu peux être fier de ce que tu as fait, sérieusement, ajouta Milo.
Que pouvait il il dire de plus à cela ? Pour la première fois au moins depuis longtemps, très longtemps, quelqu'un lui avait fait un compliment. Aurait il le droit à de la confiance et un peu de considération ? Quoi qu'il en soit, il eût un élan de gratitude envers Milo.
Il n'y avait pas que les mauvaises choses qui vous enveloppaient dans la vie, il existait aussi l'amitié, l'espoir, le respect…
- Merci. Cela signifie il que tu as décidé de totalement me faire confiance ?
- Évidemment.
A ce simple mot, Kanon se sentit un tout petit peu mieux moralement. Si au moins juste une seule personne était capable de lui tendre la main, de ne pas le laisser, ça lui donnerait un peu de force pour faire des efforts.
Sans ajouter un mot de plus, il lui serra la main, lui rendant du mieux qu'il le pouvait cette gentillesse offerte sans rien attendre.
Les choses pourraient ils devenir différentes ? Il voulait y croire, mais ne préférait pas se faire de fausses illusions non plus. Il avait déjà connu l'amertume avec les promesses non tenus, les espoirs éphémères. Comme cela avait été le cas dans sa jeunesse, il avait été assez naïf pour croire que lui aussi aurait le droit de vivre sa vie, d'avoir une armure, de faire ce pourquoi il avait suivi cet entraînement. Tout comme il avait cru longtemps que son frère ne le délaisserait pas, qu'il n'en aurait plus grand-chose à faire de lui et de laisser Aioros se charger un peu plus des autre futurs chevaliers. Ça avait été une grave erreur, un retour à une réalité noire étouffante et opressante, lui prenant un peu plus chaque jour ce qui lui permettait de tenir.
Alors que maintenant, avec tout ce qui s'était passé durant la guerre, la croisée des chemins, était il possible de pouvoir vivre, sans être méprisé, fui comme la peste ? De pouvoir s'intégrer dans cet endroit qui malgré tout était son seul chez soi ?
Toujours en pyjama d'infirmerie, couché la plupart du temps sur ce lit, bien que ce soit à présent possible de pouvoir se lever, mais peu de temps. La seule compagnie qu'il avait était un médecin qui vérifiait les blessures, leurs évolutions, les moineaux qui venaient se poser sur le rebord de la fenêtre et pépiaient allégrement. Dehors, on apercevait des jardins soigneusement entretenus, des arbres dont le feuillage jaunissait, un endroit calme et accueillant qui lui était inconnu malgré quinze ans passés ici.
Et Milo qui venait le voir de temps en temps quand il en était capable. Alors, tous deux discutaient de leurs états, de celui des autres ces conversations futiles étaient toutefois les bienvenues pour l'un comme pour l'autre.
Kanon avait de temps l'impression de sentir une présence familière, presque trop, lui rendre visite de façon régulière aussi. Mais elle était mystérieuse, rapide, imperceptible, il avait le sentiment qu'elle ne venait que quand il était inconscient. Comme si elle voulait lui communiquer de la quiétude et un sentiment de sécurité.
Ça faisait à présent une bonne semaine et demie qu'il était dans cette chambre. Mais à présent, ses blessures et les contusions, tout comme le venin laissé par le Scarlett Needle le faisaient moins souffrir. C'était un sacré coup de chance qu'il ait réussi à survivre à cette attaque et à commencer à récupérer. Il semblait y avoir un peu plus d'activité dans les couloirs ou les autres chambres, certains avaient du pouvoir enfin quitter les lieux et retourner dans leurs temples respectifs.
Voilà une perspective qui ne l'enchantait absolument pas. Tout comme celle de devoir tôt ou tard faire face aux autres Golds Saints, à juste titre.
Petit à petit, Kanon se rendait compte qu'il se sentait plus fragile qu'il ne l'aurait cru, qu'il doutait beaucoup, avait du mal à faire confiance à quelqu'un mais avait pourtant besoin d'une présence, de se sentir accepté, à fortiori ici. Sinon… Peut être déciderait il de foutre définitivement le camp d'ici, après tout pendant treize ans, personne même pas son frère n'avait fait de recherches, n'avait remué ciel et terre pour le retrouver. Pour quelle raison devrait il rester ici sagement ?
Pourtant la réponse était évidente et lui revenait toujours en tête : parce que c'est ici qu'il avait grandi, parce qu'il avait quand même eu de bons souvenirs avec son jumeau. Parce que si il n'y avait pas eu cette injustice flagrante que personne n'avait chercher à corriger, il ne se serait peut être pas empli de rancœur et de mépris envers ce lieu et celle qu'il était censé défendre.
Il avait pu lire La Peste, que Milo lui avait déniché dans une bibliothèque, ce qui lui avait permis de tromper un peu plus son ennui.
Ce dernier assis à côté de lui contemplait le soleil commencer à décliner, l'air songeur. Peut accepterait il de lui faire part de son avis sur la question qui le taraudait inlassablement.
- Milo ?
- Oui ?
- J'ai besoin de ton avis. En toute impartialité.
- Sur quoi ? Apparemment cette question l'avait fait revenir à la réalité. A quoi pouvait il bien penser ? A son amitié détruite ? Son impuissance ? Savoir comment réussir à tenir le coup ?
- Penses tu vraiment qu'il y a peu de chances pour que ça s'arrange me concernant ? Que personne en dehors de toi ne me fera confiance ?
- Pas dans l'immédiat, ça c'est certain. Mais tu as quand même des possibilités que tes attentes se réalisent, pas comme d'autres qui ne sont que des traîtres !
Il avait craché ce mot avec tout le mépris dont il était capable, de toute évidence, il ne risquait pas de réussir non plus à pardonner à Saga et les autres d'avoir accepté l'offre d'Hadès et tout ce qui en avait découlé.
- Ce que tu as fait a juste annulé tes fautes, rien de plus. Personne ne te connaît, on a de bonnes raisons de douter de toi, et j'étais le premier. Il n'y a pas trente six solutions : si tu veux obtenir ce que tu recherches, tu devras continuer à faire des efforts, à aider dans la mesure de tes moyens au Sanctuaire.
Kanon regarda alternativement la table de chevet et son nouvel ami, (même si il n'arrivait pas à le lui dire ouvertement encore) Évidemment…
Il fallait rester lucide, il s'était contenté de régler une dette et pensait qu'avec ça tout serait terminé. Mais la situation avait évolué, ils étaient tous en vie. Et au vu de son revirement rien n'était entièrement joué d'avance, ce serait à lui d'y mettre du sien.
- Il y a autre chose que tu dois savoir. Même si tu as fait le maximum, à 300 % pour te laver de tes pêchés, il en reste encore quelque chose : tant que tu resteras dans le passé avec cette apparence, le changement ne sera pas complet.
- Après tout le mal que je me suis donné ? Tu déconnes là ou quoi ?! Cette fois il se raidit agacé par ce qu'il venait d'entendre.
- En effet. N'oublie pas que ceux qui ont entendu parler de toi ont su que tu étais un manipulateur et un ennemi. L'instigateur de la bataille contre Poséidon qui aurait pu décimer le reste de la chevalerie avec ses projets. Crois tu vraiment que ceux qui te verront voudront encore te voir ici ? Ou alors condamné à mort.
Peut être est ce injuste mais c'est la vérité, répliqua il avec franchise. Pourquoi irai je te mentir ? Tu m'as demandé d'être impartial.
- Donc, je n'ai qu'une seule option solide sous la main, résuma Kanon avec amertume. Si je veux vraiment qu'on ne m'accuse plus de ne pas m'être intégralement lavé de mes fautes ou qu'on me suspecte, il faudra que j'en paye le prix.
- Exactement, en changeant physiquement.
A cet instant, Milo avait l'air plus proche de celui qu'il avait été le soir où il s'étaient rencontrés.
Ce même regard dur, ce ton calme et implacable… Il s'attendait presque à le voir lui redire de foutre le camp.
- Je me doute que ce ne sera pas évident pour toi, mais j'ai une dernière chose à te dire.
- Laquelle ? Le ton était courroucé à cause de cette suggestion. Mais il se résolut à l'écouter.
- Si t'as été foutu de te battre à nos côtés et de dégommer pas mal de spectres, tu devrais arriver à creuser ton trou ici.
Kanon serra de colère la couette, qu'en savait il ? A ce moment, il était seul, agissant comme bon lui semble, libre de ses mouvements. Là ce ne serait pas le cas.
- Tout ce qu'il te manque, c'est un peu de soutien. N'oublie pas que personne ne peut vivre seul, sans personne. Moi, je crois quand même plus en toi qu'en Saga ou Camus. T'as quand même pas été dans tes plans tordus jusqu'aux extrémités qu'ils ont employé ! Je me demande encore ce qu'ils foutent ici, ragea il, à deux doigts de la colère, mais il parvînt au prix d'un effort considérable à se reprendre.
Demain on aura une réunion, poursuivit il plus calmement mais son visage resté tordu par la rancœur. Tout le monde y sera présent, et tu sembles en état de tenir debout.
Ce qui signifiait qu'il aurait juste le reste de la soirée et la nuit avant de devoir affronter ce changement d'apparence. A savoir : une tenue neuve et une coupe de cheveux. Pourquoi fallait il que les choses commencent à s'accélérer maintenant ?
- Repose toi bien, on se voit demain.
Resté seul, Kanon repensa à ce qu'il avait appris. Son cœur se serra, battant plus fort que d'habitude. Perdu dans ses pensées, il passa distraitement la main dans sa longue chevelure emmêlée, essayant de peser le pour et le contre. Le seul avantage qu'il voyait là dedans, c'est que plus personne ne le confondrait avec Saga, qu'il serait enfin lui même. Le reste… tout en avalant son repas, il ne voyait pas le positif, plus le négatif.
Étrangement, il croyait qu'il n'arriverait pas à dormir, Il avait envie de pleurer, ne se sentait pas très bien. Pourtant le sommeil le prit très rapidement, le plongeant dans une dernière nuit de calme.
Demain, ce serait une ambiance totalement opposée à celle d'aujourd'hui, tout pourrait se passer.
Le soleil était presque levé, laissant le ciel orangé avec de fins nuages rouges. Une fois de plus, ils étaient tous les deux seuls dans cette chambre de l'infirmerie. Milo lui avait apporté un plateau avec du café largement bienvenu, un bol de yaourt aux fruits secs, figues et une tartine de pain avec de la confiture. Mais il avait apportées d'autres choses empaquetées dans un sac en tissu.
- La réunion est fixée à dix heures. Elle nous concerne tous sans exception, et bien entendu tu y es convié.
Kanon savait qu'il parlait sérieusement et qu'il lui avait fait confiance, le considérait comme le chevalier des gémeaux. Toutefois, il savait parfaitement qu'il y avait un « mais ».
- Cependant, poursuivit Milo toujours aussi calme, il reste une dernière chose à faire. Tu devines laquelle, je suppose?
- Oui. Un seul mot prononcé d'une voix étouffée, à contrecœur. Ils en avaient déjà parlé la veille: même si il avait fait tout pour se racheter, défendre la maison des gémeaux, abattre le plus de spectres dans cette guerre, les autres continueraient encore à se méfier de lui avec cette apparence, quoi qu'il fasse. Le changement ne serait intégral qu'avec une apparence différente, seulement à ce moment là, il n'y aurait plus de suspicions possibles.
Se redressant sur son lit, Kanon joua nerveusement avec ses longues mèches de cheveux, vraiment mal à l'aise. Se prendre des coups pour expier ses fautes était une chose, ne plus être le même physiquement en était une autre. Il avait l'impression qu'il faudrait encore beaucoup, beaucoup beaucoup d'efforts pour que les autres habitants du Sanctuaire le considèrent différemment.
-Je suis vraiment forcé de les couper? demanda il d'une voix tremblante. C'est... J'aime mes cheveux longs et...
Arriverait il à se faire à un changement aussi drastique? Serait ce le dernier des derniers? Les choses finiraient elles avec ça à bouger? Il se le demandait en sentant les larmes venir si le jeu en valait réellement la chandelle.
- Non, tu n'as pas le choix. Tu le sais très bien, alors viens sera vite fini. N'oublie pas que tu étais encore un ennemi il y a peu.
Le ton était calme et sévère, ne souffrant aucune réplique tout comme son regard, mais il n'y avait aucune animosité dans les deux cas.
Comme si il pouvait vraiment l'oublier! Mais Milo était aussi le seul à le voir autrement, à reconnaître ses efforts et se souciait de lui. Et en effet, il n'avait pas le choix si il voulait rester au Sanctuaire et ne plus être montré du doigt comme quelqu'un qui ne méritait que la mort.
Attendre plus longtemps ne servirait à rien, autant que ça ne s'éternise pas, ce serait assez désagréable comme ça. Avec lenteur, se moquant bien des larmes qui coulaient sur ses joues, il s'assit sur la chaise toute simple, tandis que Milo avait déplié un rasoir et tenait une blouse blanche.
- Au moins tu es raisonnable, constata il calmement. Tu seras quand même pris plus au sérieux avec une coupe courte en lui attachant la blouse autour du cou. Ça prouvera que ton changement est total, tout en parlant, il saisit une mèche de cheveux et approcha le rasoir. Voilà on y était, que ça lui plaise ou non, en plus ce serait l'observa visage fermé et se mit au travail. Il se doutait bien que ce serait difficile, demanderait un temps d'adaptation mais c'était nécessaire.
Une preuve tout aussi concrète du revirement du cadet des gémeaux. Il ne resterait plus de traces de celui qu'il avait été, laisserait la place à celui qu'il était devenu à présent. Les doutes seraient effacés, au contraire du début de la guerre sainte, tout ne se terminerait pas dans peu de temps.
Mieux valait tout couper court, pour souligner la différence, le sérieux du choix, c'était uniquement un nouveau départ, ça ne supprimerait en rien les ressentis ou les souvenirs.
Quelque peu tremblant, pleurant en silence, Kanon observa ses cheveux commencer à tomber en longues mèches sur le sol. Il sentit une main l'obliger à baisser la tête. Cette fois, ça ne le dérangeait pas de laisser librement couler ses larmes couler. Dire qu'il avait survécu au Cap Sounion, au trident de Poséidon qu'il avait pris de plein fouet, avait affronté le plus redoutable des trois juges des enfers, et là, il se sentait impuissant, à attendre que ce soit enfin fini. Et continuer à pleurer ne servirait à rien, mail à l'aise, il ferma les yeux. Après quelque temps il les rouvrit et détacha son regard des longues mèches tombées dans le creux de sa blouse et jeta un regard triste à Milo. Ce dernier sembla deviner sa question muette car il brisa le silence, tout en continuant à lui couper les cheveux.
- Aiolia et les autres avaient vu un ennemi auquel il pourraient difficilement faire confiance, maintenant ils verront juste un chevalier d'or qui s'est énormément investi dans la guerre sainte et est décidé à faire d'autres efforts.
Enfin ce fût terminé. Milo Kanon contempla un long moment : les cheveux courts l'avaient vraiment métamorphosé, lui donnant une côté plus sage. Quelques mèches indisciplinées ne laissaient pas de doute sur l'identité de cet homme. Ça le changeait tellement, mais il le trouvait bien mieux comme ça, lavé définitivement de ses fautes et des suspicions. Pour sa part Kanon passa à regret une main dans ses cheveux raccourcis, une boule énorme obstruait sa gorge. Milo n'y avait vraiment pas été de main morte, quand il pensait à courts, c'était à hauteur des épaules. D'un seul geste de la main, ses doigts rencontraient très vite le vide. Cette sensation de légèreté n'avait rien de plaisant à ses yeux. Il sentit une main se poser sur son épaule et une voix chaleureuse lui parvînt à l'oreille.
- Tout ira bien. Tu n'es plus seul, tu m'as moi. Ça te va bien, tu es juste un gold saint comme moi. Ce qui le frappa surtout, c'est le sourire chaleureux que lui adressait Milo. C'était la toute première fois, comme si il le considérait enfin comme un ami en plus d'être un Gold Saint.
Ca ne lui apporta aucun réconfort sur le moment.
- Tu ferais mieux de prendre une douche. Prends ton temps.
Pas la peine de se le faire dire deux fois ! Kanon se leva, prit les vêtements posés sur le lit et s'enferma à grand pas dans la salle de bain sommaire. A peine entré, il jeta un coup d'œil au miroir, en essayant de ne pas s'effondrer. Il ne se sentait pas du tout lui même comme ça, ne se reconnaissait pas du tout. Mais il n'avait pas le temps non plus de trop traîner : en changeant, il acceptait aussi toutes les responsabilités qui incombaient aux Gold Saints, il devrait les assumer même si ça n'allait pas fort. Se sentant plus fragile que jamais, il ouvrit le jet laissant couler l'eau tiède sur son corps.
Vingt minutes plus tard, alors que Milo repensait aux derniers événements, la porte de la salle de bains s'était ouverte. Il fût surpris en voyant Kanon, comme si il le voyait pour la première fois.
Celui ci portait à présent une tunique vert émeraude, un pantalon brun clair. L'ensemble de sa tenue était neuf, confortable, mais semblable à ses vieux vêtements élimés, usés jusqu'à la corde. Ses cheveux courts mettaient plus en valeur son visage et ses yeux. Le changement l'avait embelli, songea Milo, et le dire serait une bonne chose.
- Tu es très beau comme ça. Il lui adressa un sourire chaleureux, qui n'eût pas d'effet. Kanon avait l'air tout chose, mal à l'aise, inquiet aussi. Très fragile, quelqu'un qui avait besoin plus que jamais de soutien et d'affection, de ne plus être abandonné une seconde fois.
- Arrête. C'est facile pour toi de dire ça! Ce compliment même lancé avec gentillesse fût la goutte qui fit déborder le vase. La tristesse et la colère pour le moment calmes tourbillonnaient en lui avec violence ne demandant qu'à jaillir
Te demandes tu comment je me sens en ce moment?! Si ça me fait plaisir d'avoir été obligé d'en passer par là? Si je me sens moi même comme ça, après ce changement radical ?
Et de devoir faire face aux autres en sachant qu'il y a huit chances sur dix pour que ça se passe mal? Poursuivit il d'une voix plus forte Que...
A cet instant, il sentit des bras l'enserrer, il était partagé entre l'envie de le repousser et de se laisser aller, il choisit la seconde option. Il avait peur, très peur, de ce qui se passerait.
- Du calme. Je sais que c'est dur, et que c'est pas facile du tout à vivre. Que t'aies envie de craquer, et si t'en as besoin lâche toi, je ne te critiquerai pas. Je ne vais pas trop en attendre de toi et je te fais confiance.
- Lâche moi !
- Non, affirma fermement Milo. Je ne te laisserai pas seul , j'en ai rien à foutre que tu aies besoin de me gueuler dessus. T'as déjà assez injustement souffert sans que personne se soucie de moi, je refuse que ça se reproduise. Je ne te laisserai pas tu entends ?
Une seconde plus tard, il le vit trembler de tous ses membres, ses yeux verts brillant, exprimant une douleur et de la confusion.
- Au moins... Au moins tu es le seul, mais ça me donne quand même envie de m'investir. Si au moins... Juste quelqu'un a de la considération et de la sympathie, ça me suffit. Sa voix se brisa et il se remit à pleurer sans aucune honte, sans retenue. Pour une fois, la première depuis longtemps il avait le sentiment de pouvoir se laisser aller sans danger, de pouvoir enfin un peu oublier, se laisser réconforter.
Il avait tellement besoin de cette chaleur humaine donnée sans compensation, d'un peu d'affection. Que ce soit la fin de toutes ces souffrances.
Un proverbe que lui avait cité Seiya lui revînt à l'esprit : Une rencontre n'est que le commencement d'une séparation. C'était le cas, la séparation avec Sorrente s'était mal finie et avait laissé la place avec Milo. Il ne tenait à présent plus qu'à lui de savoir ce qu'il comptait faire, pour trouver une relation agréable mais une chose était certaine : il ne chercherait plus à essayer de manipuler les autres.
Tout en sentant des mains lui caresser le dos, il se sentit un tout petit peu mieux. Juste assez pour recouvrir le courage d'affronter les autres, de ce foutu face à face qu'il appréhendait. Ils restèrent ainsi juste eux deux pendant un long moment, avant de se décider à quitter les lieux.
IL faisait un temps splendide à l'extérieur,la chaleur était encore estivale, même si au loin des nuages sombres s'amassaient. Un orage pourrait éventuellement arriver sous peu, parfait reflet de l'ambiance depuis leur retour à la vie.
Tous deux n'étaient pas arrivés au bout du couloir dehors qu'ils virent Saga habillé de son habituelle tenue arriver à grandes enjambées. Celui ci s'arrêta à quelque mètres, quelque peu choqué.
-Kanon,... C'est toi?! Mais que... Il avait l'impression d'avoir en face de lui un parfait inconnu, l'exact opposé de celui qu'il avait côtoyé dans le passé.
Lui qui était si pressé de le voir, de pouvoir enfin lui parler, de s'excuser pour tout ce qui s'était passé était incapable de faire un geste, trop surpris. Tous deux étaient restés sur place ne bougeant pas si l'un attendait ces retrouvailles avec impatience, ce n'était pas le cas pour l'autre.
Kanon ne le regarda même pas, triste mal à l'aise, se demandant comment aborder les choses sans que ça vire dans les deux secondes à l'engueulade. Pas après tous ces choix ! Pas après avoir choisi la facilité et la trahison sans l'ombre d'un scrupule. Devant les autres, il lui avait jeté un regard glacial, éteint, lourd de déception et de mépris.
Étonnamment, cette fois, il n'aurait aucune satisfaction si Saga se décidait à faire ce qu'il lui avait suggéré de faire treize ans plus tôt : tuer Athéna.
Saga ne parvenait pas à détourner son regard, peu à peu l'impression que plus rien ne serait jamais plus comme avant s'affirmait de plus en plus en lui. Puis les derniers mots de Milo lui revinrent à l'esprit " quand tu le reverras, il sera lavé et changé, quelqu'un que plus personne ne pourra soupçonner d'être un ennemi"
Il l'observa à nouveau un long moment, médusé, mais ne parvenait pas à s'habituer. La tenue, ses cheveux coupés très courts, son air mal à l'aise, regardant le sol. Entre leur dernière rencontre et celle ci c'était le jour et la nuit. Mais peu importe ! Si au moins ils étaient en vie, il refusait de gâcher cette chance inespérée, autant essayer de réapprendre à vivre, même si ce serait très long et difficile. Il était heureux, soulagé et fier, jamais il n'aurait pu croire jusqu'à ce début entraperçu dans leur maison n'était pas un faux départ. Que Kanon avait vraiment renoncé au mal qui était dans son cœur et était aussi digne que lui de l'armure des gémeaux, qu'il ait refusé de baisser les bras en dépit de tous les dangers.
Il l'aimait, il lui avait manqué, tellement manqué ! A un point inimaginable, quelque chose que les autres ne pouvaient absolument pas comprendre, mais qui l'avait rongé à petit feu de l'intérieur, de même que la culpabilité, le remords, autant que cette maudite présence, fruit d'une infâme machination de Ker. Une chose était sure: son petit frère avait définitivement tourné le dos au mal.
- Tu vas bien. Merci, merci merci! J'étais mort d'inquiétude, je me suis fait un sang d'encre! A chaque fois que je passais tu étais inconscient, et je n'étais pas non plus très en forme... J'ai essayé de te voir le plus possible. Bon sang ça te change tellement, tellement les cheveux courts, je ne sais pas si on va s'y faire… Tout en déversant son flot de paroles il l'avait enserré dans ses bras ne le lâchant plus comme si sa vie en dépendait. Que Kanon ne cherche même pas à le repousser était un profond soulagement, l'émotion qui s'empara de lui l'étouffait presque. Peu importe qu'il ne lui rende pas son étreinte, c'était déjà tellement plus que ce qu'il avait pu espérer
-Je suis tellement fier de toi. Que tu aies ouvert les yeux et tout ce que tu as fait. Fier à un point, tu n'as même pas idée.
Cette dernière phrase donna à Kanon la force de lui rendre en partie son étreinte, juste pour une fois, une seule. Parce que si on acceptait de recevoir, il fallait en retour donner pour trouver le bon équilibre. Et que cette démonstration d'amour, si gênante et soudaine soit elle était quand même plus que la bienvenue. Ils restèrent ainsi de longues minutes sans parler, les mots étaient superflus, puis ce moment de calme s'acheva.
- En effet, au moins certains apprennent de leurs erreurs et les assument, lança Milo qui les avait observé de loin.
Tu ferais peut être mieux de t'en inspirer, poursuivit il durement. Ses yeux brillèrent de colère froide encore plus dangereuse que de coutume.
- Qu'est ce que tu crois? Que je ne me mords pas les doigts de ce que j'ai fait?
Et voilà, une fois de plus il avait droit à une remarque blessante en pleine figure ! Ça avait déjà été le cas avec Aiolia, Aldébaran, et même Mû se montrait glacial avec lui, ne lui adressant pas la parole. Tout comme du moins à Death Mask, Aphrodite, Shura et Camus.
- J'en doute! Tu as fait appel à l'Athéna Exclamation, tu as accepté l'offre d'Hadès! Dis moi comment le prendre, traître! Je te le redis, je ne te le pardonnerai jamais!
Et crois moi t'en auras des efforts considérables à faire, auxquels même une vie ne suffirait pas pour réparer tout ce que tu as fait!
Y en a d'autres qui ont assez de tripes et ont pas choisi la facilité, ajouta il féroce en posant sa main sur l'épaule de Kanon.
Saga préféra encaisser le coup en silence, il le méritait après tout et il avait retrouvé son frère, c'était le plus important. Mais cette dernière réplique lui avait très mal, encore plus qu'une gifle ou une trahison de quelqu'un qu'il appréciait. Inutile non plus de chercher à envenimer la situation par un regard noir ou en lui répliquant de façon bien sentie qu'il ne le permettait pas de le juger si vite.
Au moins le fait qu'il soit presque dix heures leur sauva la mise, cette réunion serait un répit.
La chaleur était devenue humide et lourde, les nuages commençaient à devenir de plus en plus noirs et inquiétants. Il était juste quatre heures de l'après midi, la réunion avait duré plus longtemps que prévu tout comme les repas. Quand ils avaient pu avoir un tout de petit peu de temps libre, Saga et Kanon s'étaient éclipsés dans les jardins qui jouxtaient l'infirmerie. Au lointain, on apercevait quelques figuiers, des pommiers chargés de fruits.
Il y avait des bancs de pierre, des buissons de lavande odorante, des parterres de fleurs, dont un composé de pivoines. Les allées étaient d'une blancheur immaculé, les buissons les bordant soigneusement taillés. Au centre un grand bassin carré qui abritait des poissons rouges et des nénuphars complétait ce beau décor.
Tous les deux repensaient silencieusement à ce qui s'était passé récemment.
Kanon avait été surpris de ne recevoir qu'un accueil froid, sans aucune insulte lancée où un « que fout il là encore lui ? » Aiolia l'avait regardé avec dureté et suspicion un bon moment, se méfiant de lui comme de la peste. Mû lui s'était contenté d'un simple « Bonjour, comment te sens tu ? » poli et distant.
Mais on lui avait quand même demandé son avis sur certains points, quelles taches privilégier pour la reconstruction du Sanctuaire, quand remettre pour les Golds les tours de garde. Il ne s'était pas non plus retrouvé ostracisé, comme c'était le cas de Saga . Il s'était formé deux camps bien distincts, et l'hostilité était palpable oppressante. Milo avait dédaigné sciemment Camus et s'était installé aux côtés d'Aiolia et Dôko. Dans l'ensemble ça s'était un tout petit peu mieux passé que ce que ce à quoi il s'attendait.
A ses côtés, Saga ne le quittait pas d'un pouce, à la fois heureux et triste. Il essayait de ne pas se laisser atteindre par ce qui s'était passé à son égard au cours de la réunion, du regard de déception que lui avait jeté Aioros, des remarques acerbes. Il essayait de voir le positif et de se dire qu'au moins juste aujourd'hui pas très longtemps il avait pu un peu se rapprocher de son petit frère adoré.
Ce dernier avait l'air fatigué, à deux doigts de s'endormir et il clignait un peu trop des yeux. Ilavait posé sa tête contre son épaule, très calme, sans se lancer dans une grande discussion. Saga n'en revenait toujours pas de le voir si réservé, timide, en simple demande muette d'une présence apaisante et réconfortante. Ces changements le désarçonnaient complètement, il se demandait comment essayer de pouvoir lancer une conversation.
Même si il était heureux de ce petit moment infiniment précieux passé en tête à tête, Saga n'était pas dupe : il se doutait bien que ce retour au Sanctuaire avaient juste anesthésié le ressentiment, la rancœur, la tristesse que ressentait son frère. Et qu'il éprouvait aussi, il y avait tellement de non dits, de zone d'ombre, ça ferait mal quand ils se décideraient à se colleter avec ça. Un peu comme une bombe à retardement. A cet instant, une question inespérée attire son attention.
- Tu es bien silencieux. Est ce que tout va bien ?
- J'essaie de faire en sorte que ça aille, répondit Saga avec un pauvre sourire. Comme toi, je suppose. Tu as tellement changé, souffla il d'une voix quelque peu tremblante et basse, tout en parlant, il enroula son bras autour des épaules de son frère.
- Je te retourne la remarque, dit Kanon avec calme. Certes, c'est une vraie période de changements pour moi, c'est ardu de s'y faire, de s'y retrouver. Mais c'est aussi la vie, rien n'est immuable, tout est en mouvement. Il marqua une courte pause avant de reprendre plus posément choisissant bien ses mots.
Ne t'attends pas à ce qu'il y ait si vite d'autres moment comme celui là. C'est déjà un pur et dur miracle après tout ce qu'on a traversé que ça se passe crème, un truc de dingue.
Un hochement de tête et un regard grave de son grand frère lui donna sa réponse muette. Tous les deux s'étaient compris et étaient parfaitement d'accord sur ce point. Au loin, un coup de tonnerre retentit et la pluie commença à tomber en grosses gouttes.
Fin
