Chapitre 6 : Pulsation and Thrill

note : pour les scènes d'enquêtes je me suis inspirée de la série New York de Dick Wolf

Musique : feat. Nicole Scherzinger : Come To Me

"- Personne ne va vous interner sous prétexte que vous avez passé la nuit à ranger la cuisine.

- J'ai nettoyé le frigo huit fois !

Rachel grimaça avant de poursuivre. Cela faisait maintenant une heure et demi qu'elle s'entretenait avec Kristin. La jeune femme essayait tant bien que mal de faire comprendre à sa patiente que ses troubles du comportement était la résultante de son traumatisme passé et qu'il fallait absolument qu'elle se libère de ses angoisses.

- Où en êtes vous de vos séances de sport ?

- J'ai arrêté.

- Pourquoi ?

- Mais parce que ça ne me convenait pas, le footing et le step non, désolée mais ce n'est pas mon truc.

- Pourquoi avoir choisi des séances aussi intensives ? Vous auriez peut-être du choisir quelque chose de plus doux comme le yoga ou la natation.

- Vous croyez vraiment que ça pourrait m'aider ?

- Dans un premier temps il faudrait déjà que vous soyez moins stressée et donc oui je pense que faire du sport pourrait vous aider, reste à trouver lequel.

La psychologue arracha un post-it et nota une adresse pour Kristin.

- Essayez cette salle de sport, elle propose des séances de relaxation assez intéressante. Il faut vous détendre, ce sera le seul moyen pour que vous puissiez dormir d'un sommeil plus reposant. Nous avons décortiqué le déclencheur maintenant il faut travailler sur votre lâcher prise.

La patiente de Rachel se massa le visage.

- Ne soyez pas trop dur avec vous-même, tout ne va pas se régler en un claquement de doigt. Vous avez déjà fait d'énorme progrès, vous arrivez à sortir de chez vous, il y a encore un an, vous ne pouviez pas passer la porte.

- Je sais mais justement, j'ai tellement avancé que je voudrais que maintenant tout soit fini.

- Soyez patiente ça viendra. Ne précipitez pas les choses, vos T.O.C sont le reflet de votre inconscient qui a trouvé un autre moyen de vous emprisonner dans les souvenirs de votre agression. Votre corps ne subit plus les effets de la peur comme avant, vous pouvez sortir de chez vous, votre mari peut vous toucher, du coup qu'est-ce qu'il vous reste ? Une angoisse qui se traduit par une obsession du ménage. C'est une résultante comme une autre, ça n'a rien de stupide, et personne ne vous en tient rigueur.

La jeune femme regarda sa montre et ajouta quelques notes sur son bloc de papier.

- La séance est terminée...Essayez de prendre rendez-vous dans cette salle de sport et on en reparle la semaine prochaine.

Rachel raccompagna Kristin jusqu'à la porte et esquissa un sourire.

- Merci.

- Prenez soins de vous."

...

La pluie tombait durement sur la ville depuis le début de la matinée et ça ne semblait pas vouloir s'améliorer avec la nuit qui commençait à tomber. Il ne lui restait plus qu'un seul patient à voir et la jeune femme pourrait enfin rentrer chez elle afin de se détendre dans un bon bain chaud et moussant. La journée avait été particulièrement pénible, entrecoupée de réunions de dernières minutes et de ses cours à la fac sur lesquels elle avait pris du retard, la jeune femme avait l'impression que les jours n'étaient pas assez long pour lui permettre de faire tout ce qu'elle voulait.

Rachel s'installa à son bureau et griffonna quelques notes sur le dossier de Kristin, quelques secondes après quelqu'un frappa à la porte. La jeune femme jeta un coup d'œil à sa montre et involontairement, elle esquissa un sourire.

"- Entrez.

Paul s'avança dans le bureau et il capta son regard immédiatement. Inconsciemment sa mâchoire se serra, il n'était pas en retard, même plutôt en avance pour une fois. Rachel avait les cheveux relevés dans une large pince d'où s'échappait plusieurs mèches, elle portait une chemise blanche sous un pull gris, un jean et des bottines grises. Son cœur s'agita, comment pouvait-il la trouvait un peu plus belle chaque jour ? De son côté Rachel esquissa un sourire en constatant que même si leur confrontation de la dernière fois s'était révélée libératrice pour la jeune femme, lui était toujours aussi tendu. Cependant une chose avait changé, le côté agaçant avait laissé place à une attirance bizarre qu'elle allait devoir chasser rapidement de son esprit. Surtout en le voyant aussi bien habillé qu'aujourd'hui. Un pantalon de costume beige et un pull vert foncé, un look impeccable, genre inspecteur bien sous tout rapport et gendre idéal.

Doucement, elle lui désigna le canapé. Ils ne s'étaient pas revu depuis que la jeune femme avait travaillé avec l'équipe sur l'affaire de Time Square. Le jeune inspecteur s'installa dans le sofa et posa ses coudes sur ses genoux, perdu une fois de plus sur l'attitude à adopter. Rachel le regarda attentivement et soupira avant de se lever et de se diriger vers son placard. Puis elle revint vers lui. Paul haussa les sourcils en la voyant jeter un magazine de sport sur la table basse. Ils se regardèrent intensément entouré par le silence. Il aurait voulu lui dire tellement de chose et pourtant sa gorge restait nouée.

"- A moins que vous n'ayez envie de me faire la conversation.

- Je suis censé vous dire quoi ? Comment se passaient mes journées à l'école ? Ce que ma mère cuisinait le dimanche à midi ?

Rachel esquissa un sourire.

- Comment c'est passé votre semaine ?

Paul croisa son regard une fois de plus et son cœur tressauta, il avait envie de se lever et d'enfouir sa tête dans le creux de son cou, respirer son parfum apaisant et se réchauffer contre sa peau, juste un instant, juste pour retrouver un moment de calme et de douceur face à tout ce qu'il voyait, ce qu'il entendait et ce qu'il ressentait comme peur, comme colère et comme frustration.

- Rien de palpitant.

- C'est à dire ?

Il se racla la gorge et haussa les sourcils. Rachel le voyait se débattre intérieurement face aux mots qui ne voulaient pas sortir, il croisait et décroisait ses mains sans arrêt. C'était la première fois qu'elle le voyait aussi nerveux.

- Un cambriolage qui a mal tourné, un accident de voiture avec délit de fuite...c'était plutôt calme...bizarrement...

La jeune femme fronça les sourcils.

- On dirait que ça vous a ennuyé.

- Non...c'est euh...

Il détourna la tête en grimaçant.

- Y a pas de juste milieu, soit c'est le chaos total soit c'est d'une banalité à faire peur.

- Qu'est-ce que vous préférez ?

- Rentrer chez moi en me disant qu'on a tout résolu et qu'on a pas perdu notre journée, quelque soit l'importance d'une affaire.

- Est-ce que vous arrivez à vous en détacher une fois chez vous ?

L'inspecteur esquissa un sourire en levant ses yeux verts vers la psychologue qui arrêta de respirer.

- Tout est dans le sac de sable et la musique qui passe.

- C'est votre échappatoire ?

- Avec une bonne bière oui.

Rachel releva légèrement la tête en réfléchissant.

- Tout seul ?

Un moment de blanc s'insinua dans la conversation, la partie de sa vie privée et de ses conquêtes n'étaient pas forcément le meilleur chemin à explorer aujourd'hui mais pour une fois qu'il acceptait de parler, Rachel devait essayer certaines pistes.

- Intéressée ?

Bien évidemment il fallait que son approche soit sarcastique. La jeune femme secoua la tête pour marquer son agacement.

- Soyez sérieux.

Il rigola.

- Je le suis.

Si seulement elle savait ce qu'il éprouvait en cet instant. Elle était devant lui, si belle, si douce, dégageant cette sécurité et ce charme irrésistible. A cet instant précis oui, il pouvait facilement avouer qu'il était fou d'elle mais sa raison était bien plus présente que son impulsion, elle était inaccessible.

- Non...Vous vous moquez toujours autant de ces séances, je ne suis pas dupe de votre jeu Paul.

- On joue toujours alors...Cool...Et quel est l'enjeu ?

Rachel trembla de confusion.

- Vous ne pourrez pas toujours vous cachez derrière votre ironie, votre éternelle assurance et votre côté charmeur qui vous ramène une fille différente chaque soir.

Il se leva pour lui faire face. Il n'y avait que la table basse qui les séparait.

- Vous croyez tout savoir ?

- Non, je n'ai pas la prétention de vous connaître, bien au contraire. C'est pour ça qu'on est là Paul, pour que vous vous racontiez. Je sais que vous ne voulez rien confiez. Alors éclairez-moi. Parce que ce que j'ai lu sur vous me donne peut-être trop d'apriori, j'ai tendance à croire qu'avec autant de lacune dans votre vie vous ne pouvez vous attacher à personne. Vous ne connaissez rien aux relations amoureuses. Vous êtes flatteur, vous savez vous mettre en avant, un regard, un sourire et quoi ? Elles vous suivent pour le prestige et après ? Votre tableau de chasse peut éventuellement impressionner le gens mais au final qu'est-ce que vous y gagnez ?

- Une liberté totale donc pas d'emmerde.

- Ce mode de vie ne dure qu'un temps Paul.

- Je devrais rentrer dans le moule pour faire comme tous le monde ? Me marier, avoir des gosses, une maison avec un chien ? Je n'ai pas envie d'avoir à assumer quoi que ce soit, je ne demande rien à personne et personne ne me demande rien.

- Sauf votre père.

A l'instant où elle prononça cette phrase, Rachel sut que l'entretien allait mal finir. Si la piste des conquêtes de Paul était houleuse, celle de son paternel était littéralement le fil rouge à ne pas suivre. Il serra les mâchoires et lui lança un regard glaçant mais bizarrement elle resta de marbre, beaucoup moins impressionnée par ses sautes d'humeur que lors des premiers entretien, elle le tenait et il savait que plus elle essayait plus l'étau se refermait et étrangement il se laissait faire sans même s'en rendre compte.

- Ca c'est une case qu'on va sauter.

Il contourna la table basse et se dirigea vers la baie vitrée pour apercevoir la ville noyée sous les trombes d'eau, éclairée uniquement par les lumières des buildings aux alentours.

- A un moment donné il faudra bien que vous m'en parliez.

- Pourquoi ? Vous pensez qu'il est responsable de toutes mes tares ? C'est classique de la part des psy, si vous êtes pourri c'est à cause de vos parents.

- Ils tracent un trait dans notre enfance qui résonne dans notre vie d'adulte.

Il se retourna pour lui faire face.

- Mon père n'a rien tracé à part un code génétique dont je me serais bien passé. Fin de la discussion.

- Vous êtes plus proche de Charlie ? C'est lui qui a tracé votre enfance ?

L'inspecteur soupira et Rachel sentit l'agacement de son patient augmenter furieusement.

- Charlie a fait ce que mon abruti de père n'a pas su faire et il le fait depuis vingt huit ans.

- Il vous aime comme son fils.

Paul secoua la tête et changea de sujet.

- L'amour c'est subjectif !

- C'est un terme qui vous dérange ?

- Ca régit rien, ce n'est qu'un mot.

- Il peut-être fort si on en comprend le sens.

- Il n'y a rien à comprendre, pour la plupart des femmes l'amour est un sentiment d'abandon total qui finit par se casser la gueule quand elle découvre que le type avec qui elles sortent est loin d'être le prince charmant qu'elles espéraient. Quand aux mecs croyez-moi, quand ils disent qu'ils sont amoureux c'est qu'en réalité ils sont trop lâches pour profiter de la vie.

- Vous n'avez jamais été amoureux ?

- Pourquoi faire ?

- Personne n'a jamais réussi à vous toucher émotionnellement ? Une personne qui aurait pu tout éclipser ? Votre plus longue relation a duré combien de temps Paul ?

- Une quinzaine de jours je crois ou peut-être un mois, grand max...je m'ennuis facilement si je reste trop longtemps avec la même fille, ça leur convient tout à fait vous savez.

- Ca vous arrange de le croire. La question est de savoir combien de fois vous avez rappelé la même fille ?

- Arrêtez c'est comme pour la bouffe. On a toujours un resto préféré !

- Vous n'êtes pas croyable.

- Non je profite simplement des joies de la vie sans rien risquer.

Ce mec était de loin le plus grand des salopards qu'elle ait pu rencontrer de toute sa vie, comparer une fille à un restaurant était la pire insulte qu'elle ait pu entendre. Et pourtant à cet instant précis elle le trouvait tellement attirant, qu'elle aurait volontiers céder pour faire partie de sa liste, idée complètement stupide et inconsciente pour son intégrité personnelle et professionnelle.

- Vous vous trompez Paul. La seule raison pour laquelle vous êtes aussi volage c'est justement parce que vous risquez votre vie tous les jours.

Ils se regardèrent intensément.

- Quand vous endossez votre tenue d'inspecteur, même si vous êtes doué, il y a des moments où vous n'avez pas forcément le contrôle de la situation, parce que criminels comme victimes, ils peuvent être imprévisibles. Quand vous ramenez une nouvelle conquête chez vous, c'est votre jeu, vos règles, vous avez le contrôle. Vous vous forcez à croire que vous aimez vivre comme ça mais vous n'en savez rien, vous n'avez pas essayé de vivre autrement. Vous n'avez jamais essayé de laisser entrer dans votre vie si chaotique, une personne qui saurait vous adoucir et vous toucher à tel point que vous pourriez envisager de passer plus d'un mois à ces côtés.

Elle marqua un temps d'arrêt et fit un pas en avant, créant une sorte de fil électrique surpuissant entre eux.

- Répondez-moi...est-ce que vous êtes à ce point enclavé dans votre carapace pour n'avoir jamais eu l'occasion de ressentir le moindre frisson, la moindre pulsation envers quelqu'un d'autre Paul ?

Il la voyait respirer fortement, il pouvait presque entendre l'acharnement des battements de son cœur. Doucement, pour ne pas l'effrayer, il s'avança vers elle. Sans la quitter des yeux. Il se pencha en regardant ses lèvres roses et il murmura doucement.

- Lo acabas de romper

Il la contourna et elle expira tout l'air qu'elle avait contenu.

- Quoi ?

Elle se retourna pour le regarder se rasseoir.

- Qu'est-ce que...

- Il vaut mieux que la conversation s'arrête là Rachel.

Ils se regardèrent longtemps, comme une discussion muette. Puis la psychologue haussa les sourcils.

- Je capitule, pour cette fois.

Elle se dirigea vers son bureau.

- La séance dure une heure normalement.

- Vous n'avez pas l'intention de me dire quoi que ce soit d'autre de toute façon, alors profitez de votre magazine. J'ai appris à me satisfaire des brides de révélations que vous voulez bien me donner.

Paul pouffa de rire en la voyant prendre des notes.

- J'entre dans quelle catégorie ?

La jeune femme le regarda attentivement avant de sourire.

- Problème de gestion de la colère, désordre affectif...sacré tableau pour un inspecteur de la Crim'. Mais vous avez de la chance, ça rend la prise en charge beaucoup plus intéressante.

Il mêla son rire au sien alors que son téléphone sonnait. Elle décrocha rapidement en s'excusant.

- Allo ?...oui il est là...oui...très bien on descend...de rien.

Rachel raccrocha et se leva en faisant signe à Paul.

- C'était Charlie, il veut nous voir rapidement."

...

Quelques instants plus tard, Rachel et Paul se retrouvèrent dans la salle de réunion du sixième étage avec Letty et Charlie pour faire le point sur l'affaire en cours. Paul attrapa le dossier et le tendit à la psychologue.

"- Herbert Schilling quarante cinq ans, un journaliste globe trotter spécialisé dans les critiques touristiques, il était très souvent absent. Un appartement loué chez Christel Hayes, qui a une fille de dix sept ans Helena, un peu rebelle et un amant Theodore Clayton qui travaille dans un magasin de vêtements pour enfants. Schilling a été retrouvé mort asphyxié par une petite culotte, allongé à moitié nu sur son fauteuil. Pas de témoin, pas de famille, pas de mobile, on a rien.

- Vous avez interrogé sa proprio ?

- Oui, Christel avait un faible pour lui mais rien de bien particulier, elle passe son temps à utiliser la pension alimentaire que lui verse son ex mari pour picoler.

Le téléphone de la salle de réunion résonna dans la pièce et Charlie décrocha. Il marmonna quelques brides de phrases avant de raccrocher.

- Joe et Evan ont ramené Clayton, l'amant de la logeuse, apparemment il a un passé assez douteux.

Le groupe se dirigea vers la salle d'interrogatoire et Paul prit le relai de ses collègues afin d'interroger le suspect. Rachel suivit l'entretien de l'autre côté de la fenêtre.

- Vous avez rencontré Herbert Schilling ?

- Oui une ou deux fois chez Christel.

- Votre maîtresse nous a dit que vous vous étiez disputé à cause de Schilling, pourquoi ?

- Je lui ai dit que je l'aimais mais elle n'a pas répondu, elle avait un faible pour lui et je voulais être le seul homme de sa vie.

- Où étiez-vous mercredi vers minuit ?

- Chez moi.

- On vous a vu ?

- La gardienne, quand je suis rentré vers 20h.

Paul soupira et pointa un doigt vers le suspect.

- On a un gros problème Clayton...premièrement vous ne niez pas une certaine jalousie que vous éprouviez envers Schilling, deuxièmement votre alibi ne tient pas la route et troisièmement...vous êtes mort.

- Pardon ?

Le jeune inspecteur claqua un dossier sur la table.

- Theodore Clayton est mort dans un accident de moto il a six ans...vous avez récupéré le nom et le numéro de sécurité social de votre frère afin de cacher votre véritable identité qui est : Sean Clayton, arrêté deux fois pour violence sur enfant.

De l'autre côté de la vitre, les yeux de Rachel s'agrandirent comme des soucoupes alors que le suspect soupirait.

- Après ma condamnation j'ai voulu prendre un nouveau départ, j'ai changé de nom, de ville et j'ai commencé une thérapie.

- Est-ce que Christel connaissait vos penchants pour les enfants ? Est-ce qu'Helena le savait ?

- Non...j'ai cru que j'avais la chance de construire quelque chose avec Christel, notre intimité était tout à fait normale.

- Parce que vous pensez à sa fille ?

Rachel fronça les sourcils.

- Je n'ai jamais touché Helena et même si je l'avais voulu c'était impossible.

- Pourquoi ?

- Helena et Christel minaudaient sans arrêt pour séduire Schilling et c'est Helena qui a gagné.

- Schilling et Helena ?

- Oui.

- Ca vous a rendu jaloux ?

- Non j'étais amoureux de Christel.

- Il vous a volé votre place.

- Non, je n'ai pas touché Helena, jamais et je n'ai pas tué Schilling.

Paul sentit la pression faire trembler ses membres et de l'autre côté de la vitre, Rachel s'en aperçut tout de suite.

- Vous avez menti à Christel.

- Je ne suis plus le même.

- Je suis étonné que vous n'ayez pas demandé à Christel de vous épouser pour que Helena devient votre belle-fille.

La porte de la salle d'interrogatoire s'ouvrit avec fracas, faisant sursauter Clayton. Rachel était visiblement très en colère.

- Dehors, tout de suite."

Paul rencontra le regard de Charlie qui lui fit un signe de tête.

...

La jeune femme claqua la porte du bureau du capitaine et se retourna sévèrement vers l'inspecteur.

"- Non mais ça ne va pas non ?

- Quoi ? Vous plaisantez ? Ce type est pourri jusqu'à la moelle. Sa nouvelle vie n'est qu'un tour de bluff, il continue à travailler dans le prête à porter junior, on se moque de qui là ?

- Mais vous n'avez aucune preuve Paul.

- Il a volé le numéro de sécu de son frère mort et il n'a pas été voir une seule fois son officier de probation, il pue le mensonge à plein nez. Pourquoi croyez-vous qu'il fasse porter le chapeau à Schilling, en fait c'est tout ce qui l'aurait voulu faire à cette gamine qui l'a poussé à tuer.

Rachel grogna si fortement que Paul haussa les sourcils.

- Oh mais bon sang Paul ! Essayez de voir un peu plus loin que ce qui vous tombe sous le nez. Vous n'avez pas la moindre preuve que Clayton est fait quoi que ce soit à Helena, vous n'avez pas les résultats ADN du sous vêtement retrouvé dans la gorge de Schilling, vous avez une mère qui ne sait rien de sa fille et vous voulez inculper cet homme de pédophilie et de meurtre sous prétexte qu'il a menti aux autorités ? Réfléchissez un peu...vous n'avez rien qui justifie sa garde à vue...interrogez plutôt Helena et sa mère, attendez les conclusions du légiste et ensuite vous pourrez lui faire votre numéro.

Paul se tourna vers Charlie qui se tenait derrière son bureau et qui se délectait de la scène devant lui.

- Pas de preuve pas d'inculpation.

L'inspecteur claqua le dossier sur le bureau de son supérieur. Elle l'énervait au plus au point avec ses théories mais malheureusement il ne pouvait rien faire d'autre que la fermer car il fallait qu'elle ait raison, bordel ! Le chef quand à lui souriait à pleines dents. Il voyait Paul se dépatouiller avec ses idées et ses émotions depuis un mois maintenant, il voyait Rachel qui ne lâchait rien et qui malgré les circonstances obtenait des résultats, sans même s'en rendre compte. Un petit silence s'installa rompu par l'arrivée d'Evan qui passa la tête par l'entrebâillement de la porte.

- Excusez-moi, Rachel il y a quelqu'un qui demande à vous voir.

Elle sortit du bureau accompagné de Paul et de Charlie et elle haussa les sourcils de surprise.

- Richard ? Qu'est-ce que tu fais ici ?

- Ma vidéo-conférence a été annulé, je me suis dit qu'on pourrait aller diner.

La jeune femme s'arrêta à mi-parcours et esquissa un sourire.

- Oui pourquoi pas je meurs de faim...tu me laisses cinq petites minutes pour terminer, je te rejoins dans le hall.

- Je t'attends.

Rachel se dirigea vers son compagnon et se hissa sur la pointe des pieds pour l'embrasser discrètement. Il sortit de la salle principale. La psychologue se retourna vers Charlie qui siffla d'admiration.

- Richard Sturgies ? Vice président de Sturgies Industrie ? Bien joué fillette.

Elle rigola légèrement en rougissant.

- Vous avez encore besoin de moi ?

- Non, file d'ici, on n'en fera pas plus ce soir, on va relâcher Clayton.

- Très bien, bonne soirée dans ce cas.

Elle se retourna vers Paul en souriant.

- Appelez-moi demain quand vous interrogerez Helena."

L'inspecteur hocha la tête et Rachel disparut dans le hall.

...

Environ une heure plus tard, Paul arriva dans son appartement, il enclencha la musique et enfila ses gants après avoir retiré son pull. Il ferma brièvement les yeux, se remémorant son entretien avec Rachel quelques heures plutôt.

"- Est-ce que vous êtes à ce point enclavé dans votre carapace pour n'avoir jamais eu l'occasion de ressentir le moindre frisson, la moindre pulsation envers quelqu'un d'autre Paul ?"

Lo acabas de romper (tu viens de la fissurer)

Les sentiments qu'il ressentait lorsqu'il était près d'elle, lui faisaient peur, il les repoussait avec vigueur, ne voulant pas leur laisser trop de place, car il n'était pas prêt, il ne voulait pas que les choses changent, il ne voulait pas la faire entrer dans sa vie, leur relation devait rester professionnelle mais c'était trop tard.

Rachel avait fissuré sa carapace, elle s'était engouffrée dans la brèche. Une mèche incandescente qui brûlait à l'intérieur de son thorax.

Avait-il la possibilité de faire marche arrière ou pas ? Il n'aurait pas du se retrouver dans cette situation, Rachel devait rester inaccessible. Elle était sa psy, lui son patient. Ils étaient collègues de travail sur certaines enquêtes et ça devait s'arrêter là.

Alors pourquoi avait-il eu envie de frapper son mec quand elle l'avait embrassé ?

Paul rouvrit les yeux et commença à taper son sac de sable au rythme de la musique en essayant tant bien que mal de chasser ces derniers évènements de son esprit.

...

I'm here when will you make your move ? (je suis là quand oseras-tu bouger ?)

I see you, i am me, i want cha, why Don't cha (je te vois en train de me regarder, je te veux, pourquoi ne veux-tu pas ?)

Come to me, i can be, what you need (venir à moi, e peux être ce dont tu as besoin)

I'm standing, been waiting, i'm yearning, i'm burning (je suis là, j'ai attendu, je me languis, je brûle)

Getto know me, come and get to know me (viens me connaître, viens et apprend à me connaître)

Come to show me, that you wanna know me (viens me montrer que tu veux me connaître)

I'm in it to win it but willing to carry (je suis là pour ganger mais j'ai la volonté)

The game, if you think i'm not look at the carats (de continuer le jeu, si tu ne me crois pas, regarde les carats)

Press play (appui sur play)

... ... ... ...

On fait entrer Richard dans le jeu, face à Paul...^^

N'hésitez pas à me donner vos impressions.

Merci à Adeline pour ta review : oui tu as raisons c'est un peu plus tendus entre Paul et Rachel par rapport à la première version, j'espère que ça colle quand même, en relisant mon premier jet, je trouvais que leurs sentiments étaient trop superficiels. Merci pour tes encouragements.

Merci à Gaelle-51 pour ta review : par rapport à Sam, il n'y aura pas de changement désolé, je trouvais que le fait que Rachel s'implique dans les affaires de la brigade rajoutait un peu de profondeur à l'histoire. Contente que ça te plaise et merci pour tes encouragements.