Chapitre 8 : Trouble
note : pour les scènes d'enquêtes je me suis inspirée de la série New York de Dick Wolf
Musique : Aaliyah feat. Timbaland : Try Again
Le jeune inspecteur grimpa rapidement les marches jusqu'au 6e étage, une fatigue certaine pesait sur ses épaules mais lorsqu'il passa les doubles portes pour entrer dans la pièce principale où toute l'équipe se trouvait, il ressentit une nouvelle énergie. Paul aperçut Charlie dans l'embrasure de son bureau, celui-ci fronça les sourcils et le jeune homme lui fit un rapide signe de tête, lui signifiant que tout allait pour le mieux. De l'autre côté Joe, Evan et Letty travaillaient toujours sur l'affaire en cours, alors qu'à leur opposé Rachel prenait des notes sur un bloc de papier. La rougeur de sa joue s'était un peu atténuée mais sa lèvre était toujours aussi enflée. Lorsqu'elle le vit debout au seuil de la pièce, un sourire étira ses lèvres. Une douce chaleur réchauffa son thorax quand il croisa son regard. Elle semblait très fatiguée mais elle était toujours aussi belle et il su en voyant son sourire qu'il ne regretterait jamais son geste envers Sturgies.
Rachel se leva et s'approcha de Paul.
"- Où étiez-vous passé ?
Il leva le bras au bout du quel pendait un gros sachet blanc.
- Beignets ?
Letty se précipita vers lui.
- Oh c'est génial je meurs de faim.
Rachel esquissa un sourire avant de contourner un bureau jusqu'à la table près de la fenêtre. Elle trifouilla la cafetière avant de revenir vers l'inspecteur en lui tendant une tasse.
- Un café ?
- Merci.
Charlie rigola légèrement.
- Savoures-le surtout, il n'y a pas eu de café aussi bon dans la boutique depuis des lustres.
Un petit rire parcourus l'assistance, Rachel baissa la tête en rougissant avant de capter le regard de Paul, il semblait épuisé de fatigue, ses yeux étaient marqués par des cernes profondes. Elle aurait voulu l'entraîner hors de ce bâtiment pour qu'il puisse se reposer, loin de tout cette agitation. Une sortie de pause. Une parenthèse.
Une trêve.
La jeune femme serra les dents en tremblant. Cet instant fugace qui les avait rapproché dans le débarras quelques heures auparavant, semblait provenir d'un rêve étrange, or elle savait qu'il leur faudrait décortiquer le problème à un moment donné.
La voix de l'inspecteur la tira de ses réflexions.
- On a reçu les résultats d'ADN ?
- Oui...et le sous vêtement trouvé dans la gorge de Herbert Schilling appartenait à Helena.
Paul se figea avant de grogner légèrement.
- Ok mais peut-être que ça ne veut rien dire.
L'équipe se regarda bizarrement, comme s'il lui cachait quelque chose, Charlie pouffa de rire en faisant un signe de tête à la psychologue ce qui agaça fortement le jeune homme.
- Oh non ! Ne me dites pas que vous avez une théorie...vous étiez-là, vous l'avez entendu nous dire ce que Théodore Clayton lui faisait subir.
La jeune femme caressa doucement sa lèvre abimé et Paul sentit son cœur frapper durement sa poitrine. Il aurait aimé apaiser la douleur et effacer cette marque affreuse.
- Helena ne se souvenait pas de la position du corps.
- Et alors ? Un état de choc peut perturber la mémoire, elle voyait Schilling comme son sauveur.
- Oui mais...
Elle dodelina de la tête, cherchant les mots justes pour lui faire comprendre son idée.
- Schilling ne la pas sauvé de Clayton, Helena voulait plutôt échapper à une routine infernale que lui imposait sa mère. Christel collectionnait les amants, buvait jusqu'à tomber dans le coma...Helena a ressenti le besoin de se trouver une échappatoire.
- D'accord elle avait peut-être le béguin pour Schilling mais il n'empêche que Clayton a menti et...
- Il ne l'a pas touché Paul.
- Comment vous pouvez en être sûr ?
Charlie esquissa un sourire à l'encontre de Joe qui haussa les sourcils en regardant son collègue et ami affronter la psychologue.
- Elle vous a fait son grand numéro de larmes, ce n'était pas crédible, je crois que Théodore Clayton nous dit la vérité lorsqu'il affirme qu'Helena et Schilling avaient une liaison.
- UNE LIAISON MAIS CA VA PAS NON ! Elle a dix-sept ans, il en avait quarante-deux, c'est n'importe quoi, si c'est bien l'ADN d'Helena alors dans ce cas, il l'a forcé.
- Non je ne crois pas non. Elle ne présente pas les caractéristiques psychologique d'une adolescente abusée sexuellement.
Paul se tourna vers ses collègues en levant les mains.
- Quelqu'un pourrait m'aider.
Letty et Evan éclatèrent de rire alors que Joe s'approchait en lui tapant l'épaule.
- Ecoute la suite va !
La psychologue grimaça alors que Paul était de plus en plus tendu par l'agacement.
- Le médecin des urgences nous a dit qu'elle ne s'était ouvert qu'un seul poignet et pas profondément, le deuxième ne présentant qu'une égratignure. Ca signifie que ce n'était pas une tentative de suicide très sérieuse...elle cherche a attiré l'attention c'est tout, mais seulement c'est dans la mauvaise direction.
Paul écarquilla les yeux.
- Vous ne pensez quand même pas qu'elle aurait pu le tuer ?
- Ils couchaient ensembles.
- Vous n'en savez rien !
- Si ! Depuis son plus jeune âge, elle a appris que les hommes pouvaient être remplaçables, elle n'a eu aucun repère masculin dans sa vie, un père absent et un besoin de sécurité...seul un homme mûr pouvait lui apporter ça, de l'expérience et de l'aventure, Schilling était les deux à la fois, globe trotter et sûr de lui.
- En général ce genre d'attirance ça passe rapidement.
- Pas toujours non...j'ai eu le béguin pour mon prof de maths pendant pratiquement toute une année.
Un petit rire parcourue l'équipe alors Paul haussait les sourcils. Letty en profita pour se rapprocher de Rachel en hochant la tête.
- Moi c'était mon prof de sport, ce qu'il était craquant dans son jogging rouge.
Le jeune inspecteur campa cependant sur ses positions.
- Je suis désolé mais je ne suis pas d'accord, un béguin n'est pas une excuse pour passer à l'acte.
- Ca n'a rien avoir, c'est une passion dévorante qui prend possession de l'être le plus fragile qui soit, les ados sont en perpétuels conflits avec leurs propres corps et leurs idées et en règle général, ils s'en trouvent influençables.
- Une passion ? Je vous en prie...
- Paul, Helena a menti sur ses relations avec Schilling. Arrêtez de la protéger.
- Mais ce n'est qu'une gamine.
- Oui mais ce n'est pas une victime ça je peux vous l'assurer.
…
Rachel sursauta en entendant des coups contre la porte de son bureau. Elle se redressa en se massant la nuque et le visage. Après avoir fait son compte rendu à l'équipe, elle était descendue pour s'allonger quelques minutes sur son canapé afin de se reposer un peu mais au final, elle avait dormi presque deux heures. Si bien que la ville était maintenant teintée d'une élégante touche de rose, le soleil de fin octobre se levait doucement au-dessus des buildings encore emprisonnés dans la brume nocturne. Doucement la psychologue se leva pour ouvrir à son visiteur.
Elle tomba nez à nez avec une jeune femme aux grand yeux verts, d'environ vingt ans. Elle portait une veste mi-longue beige sur une robe d'automne et des bottines assorties, ses cheveux blonds étaient bouclés et elle souriait à pleine dents tout en lui tendant la main.
"- Bonjour, je m'appelle Claire Cardoza.
Rachel fronça les sourcils, elle avait du mal à émerger du sommeil.
- Qu'est-ce que je peux faire pour vous ?
- Je suis la cousine de Paul et aussi votre nouvelle assistante.
La psychologue arrêta de respirer en écarquillant les yeux.
- Ma quoi ?
- Votre nouvelle assistante, Charlie et le docteur Benson viennent de m'embaucher. Ils ont dit que vous aviez une montagne de choses à gérer et que si vous deviez passer autant de temps au sixième étage, vous alliez avoir besoin d'aide.
- Euh...je...
- Je travaillais dans un fast-food jusqu'à hier soir, je suis un cursus universitaire d'assistance juridique mais ça ne me botte pas tellement alors...le capitaine m'a proposé ce poste. Je n'ai entendu que des éloges sur vous, j'ai hâte de commencer.
Rachel poussa un profond soupir en tentant de rassembler ses idées, Claire semblait tellement enthousiasme qu'elle débitait ses phrases sans prendre le temps de respirer.
- Quelle heure est-il ?
- 7h45.
- Je crois que j'ai besoin d'un café.
- Noir avec un nuage de lait et du sucre.
La jeune femme tourna la tête pour apercevoir Paul qui arrivait dans le couloir. Il s'approcha d'elle et lui tendit un gobelet en souriant. Ses cheveux étaient plus en bataille que d'habitude, il avait les traits tirés et ses vêtements de la veille étaient froissés.
- Comment vous le savez ?
Il esquissa un sourire en coin.
- Je suis flic.
L'inspecteur regarda attentivement la jeune femme en fronçant les sourcils. Sa joue avait retrouvé sa couleur normale, par contre sa lèvre tirait sur le violet ce matin, elle avait des cernes sous les yeux et ses cheveux étaient emmêlés dans son dos. Paul respira profondément avant de tourner la tête pour saluer sa cousine. Il se pencha en avant pour l'embrasser sur la joue.
- Ca va toi ?
- Oui, Rachel et moi on faisait connaissance...Je suis en face si vous me chercher.
La jeune fille s'éclipsa dans le bureau face à celui de la psychologue, qui habituellement servait de petite salle de réunion. Charlie avait contacter Paul quelques temps auparavant afin d'avoir les coordonnées de sa cousine. Après en avoir longuement discuté avec Emily Benson, ils en avaient conclu qu'il serait judicieux d'alléger un peu les responsabilités de Rachel afin qu'elle puisse se consacrer à son travail avec la brigade criminelle, tout en continuant le suivi de certains de ses patients mais quelques uns seulement. Le docteur Benson voulait que sa petite protéger se concentre sur son travail d'investigation criminelle comportementale. Le nom de Claire était sortie car Charlie savait qu'elle cherchait du travail et qu'elle était très compétente en tant que secrétaire, ayant déjà fait des remplacements au sein des différents services de police.
Paul jeta un coup d'œil à Rachel qui semblait totalement figée.
- Vous avez bien dormi ?
- Un peu trop je crois...tout ça est assez déroutant.
Il rigola légèrement avant d'entrer dans le bureau de sa thérapeute. Celle-ci referma la porte en soupirant tout en se massant la nuque.
- Je vous avez dit de rentrer vous reposer.
- Vous m'auriez appelé en plein milieu de la nuit pour aller voir Helena à l'hôpital...d'ailleurs vous en êtes où ?
Paul s'installa sur le canapé tout en regardant la jeune femme savourer sa boisson chaude. Il baissa la tête et se frotta les mains.
- Elle a avoué le meurtre de Schilling...en fait elle lui avait demandé plusieurs fois de l'emmener avec lui lors de son prochain voyage mais il a toujours refusé et la dernière a été de trop.
- Elle n'avait aucun moyen de fuir la vie misérable que lui imposait sa mère.
- Oui, elle nous a dit que tout c'est effondré et qu'elle a perdu le contrôle.
- Il fallait qu'il meurt avec son rêve d'évasion.
- Vous aviez raison, ils entretenaient une liaison depuis presque trois mois.
- Helena a grandi trop vite Paul, sa mère est une irresponsable qui prend sa fille pour une bonne copine et qui lui a inculqué l'utilisation des hommes pour satisfaire tout ses désirs matériels et personnels.
Rachel s'étira davantage en grimaçant, le jeune homme rigola avant de se lever.
- C'est bizarre j'avais le sentiment que votre canapé était plus confortable que ça.
- Vous n'y passez qu'une heure !...je suis désolée d'avoir dormi si longtemps.
- Nous n'avions pas besoin de vous et puis le boss a interdit à quiconque de venir vous déranger.
- La nuit a été longue.
- Oui mais vous nous avez donné la bonne piste à suivre, merci.
Ils se regardèrent intensément.
- Vous n'avez pas dormi depuis combien de temps Paul.
Il jeta brièvement un coup d'œil à sa montre.
- Trente-sept heures mais rassurez-vous Charlie m'a interdit de remettre les pieds ici avant trois jours.
Il lui fit un signe de tête.
- Tournez-vous.
Rachel hésita et le jeune homme glissa main sur son bras pour la retourner doucement. Elle se laissa faire en sentant son estomac se nouer tandis que des petites décharges électriques remontaient le long de sa colonne vertébrale. Elle se retrouva dos à lui, son regard perdu sur la ville qui se réveillait à peine, percevant son corps proche du sien. Il leva un bras et dégagea ses cheveux sur le côté, humant son parfum légèrement atténué par la nuit. Paul serra les dents avant de poser ses deux mains sur ses épaules. Rachel ferma les yeux en arrêtant provisoirement de respirer, elle n'osait pas bouger, elle n'osait pas parler. Elle avait peur que cette petite bulle n'éclate trop vite.
Au moment où il posa les mains sur elle, Paul baissa la tête en serrant les mâchoires. Elle se tenait si proche lui. Quelques centimètres les séparaient. Une fine barrière pour se prouver que la raison était pour l'instant plus forte que cette poussée inconsciente. Doucement il déplaça ses doigts et imprima une légère pression sur ses muscles tendus sauf que le corps de la jeune femme trembla en se raidissant instantanément.
- Relarjse. (détends-toi)
Son murmure se répercuta dans le creux de son oreille et instinctivement Rachel frissonna. Il continua à la masser doucement, appuyant sur ses douleurs, ses mains étaient rudes mais en même temps très tendre, il remonta vers sa nuque. Sa peau était douce mais frissonnante, il esquissa un très faible sourire en sentant son cœur battre plus fort.
- Vous devriez rentrer Rachel. Claire a reporté tout vos rendez-vous avec Emily, profitez-en.
- J'ai l'impression de me faire passer pour la psy débordée qui...
- Arrêtez, vous douée c'est pour ça qu'on vous sollicite partout, maintenant il faut un juste milieu et Claire pourra vous aider à faire la part des choses, vous verrez, elle est cool.
- Votre cousine ?
- Charlie la connaît bien, il savait qu'elle cherchait du boulot. C'est la fille de la sœur à ma mère, son père a fait de la taule pour trafic de drogue, il est mort dans une fusillade quand elle avait quinze ans.
- Vous êtes proches ?
- C'est ma petite sœur de cœur.
Rachel tourna légèrement la tête et rencontra le regard de Paul. Ils étaient proches, trop proches. Les mains du jeune homme se trouvaient toujours sur ses épaules, son souffle se percutant contre sa peau, elle n'arrivait plus à calmer les battements anarchiques de son cœur. Elle regarda les cernes profondes sous ses yeux.
- Vous avez l'air épuisé.
Elle parla d'une voix presque soufflée comme pour ne pas rompre ce fil invisible qui les liait l'un à l'autre.
- Je suis mort mais je dois finir mon rapport sur Schilling et Helena, on attend le feu vert du procureur.
La psychologue se retourna complètement et pris appui sur son bureau. Elle était effrayée par cette proximité, elle ne savait pas comment se dépatouiller de cette situation sans provoquer de catastrophe.
- Si Charlie vous a donné trois jours de congé, on n'a qu'à reporter notre séance de vendredi à la semaine prochaine si vous voulez.
Paul fronça les sourcils et leva la main vers le visage de Rachel. Il aurait tant voulu effacer la marque de sa lèvre, la raccompagner chez elle et veillez à ce qu'elle profite d'une nuit de sommeil sans agitation, un calme reposant pour qu'elle retrouve son sourire et sa jovialité, qui pour l'instant étaient éteins à cause de la fatigue. Il glissa délicatement son pouce sur sa blessure et Rachel arrêta une fois de plus de respirer.
- Paul...
- Je dépasse les limites ?
- Qu'est-ce qui se passe ?
Le jeune homme secoua la tête.
- J'en sais rien.
Il baissa son bras en fermant les yeux, un profond soupir s'échappa de son thorax.
- Je suis désolé, je ne voulais pas vous mettre mal à l'aise. Je crois que je suis fatigué.
Il se massa le visage avant de retourner s'asseoir. Une confusion effrayante l'entourait, il n'avait pas le droit de dépasser cette ligne rouge, ils étaient collègues de travail, elle était sa thérapeute, lui son patient. Il n'avait pas le droit de faire ça, pourtant il était toujours plus attiré par elle.
- La semaine a été longue et je crois que je déconne à plein tube.
Il était nerveux, fatigué, perdu, vulnérable. Rachel sentit son cœur tressauter, elle aurait voulu l'entourer de ses bras pour le rassurer mais la situation était dangereuse, elle devait absolument s'en éloigner.
- Pourquoi avez-vous ce sentiment ?
Il releva les yeux vers elle et esquissa un sourire.
- Vous voulez faire une séance maintenant ?
La jeune femme se déplaça et s'installa à ses côtés en le regardant intensément.
- Vous êtes un excellent inspecteur Paul. Je vous ai vu travailler ces derniers temps et je sais que ce que vous faites est très important, je comprends le sens que vous donner à tout ça mais vous devriez vous protéger davantage. Vous avez derrière vous un bagage assez lourd, plus vous vous mettrez la pression et moins vous pourrez être maître de vous-même lorsque vous vous retrouverez dans des situations difficiles.
Rachel esquissa un léger sourire.
- Même si je trouve qu'en l'espace de quelques semaines vous avez pas mal progressé.
- Vous m'avez mis au pied du mur.
Personne n'avait jamais osé le défier comme elle l'avait fait. Involontairement elle avait créer autour de ces séances quelque chose de serein et de très utile à son quotidien.
- Non c'est Charlie qui vous a poussé à vous prendre en main.
- Non...vous m'avez contre-carré, vous avez poussé une porte et...
Paul avala difficilement sa salive.
- Je n'ai plus envie qu'elle se referme.
- Parce que ça allège la pression ?
- Non bien au contraire. Ahora tengo miedo de ti (maintenant j'ai peur de toi.) Je suis terrifié par ce qui se passe et je me rends compte que ce n'est pas seulement la pause que vous m'accordez deux fois par semaine.
Il fronça les sourcils, l'aveu était bancal, dur à prononcer mais il n'avait pas vraiment le choix, il avait besoin de poser les choses à plat pour pouvoir trouver une issue.
- Eres tu. (c'est toi)
Les mains de Rachel tremblèrent fortement.
- C'est normal d'éprouver des sentiments confus quand on fait un travail sur soi-même, je suis votre lien qui vous permet d'avancer dans votre vie, de trouver des réponses, d'alléger les douleurs du passé et...
- Ca n'a rien avoir Rachel.
Paul laissa échapper un petit rire sec.
- Quel patient irait arranger le portrait d'un type qu'il ne connait pas, uniquement parce qu'il a frappé sa psy.
Cette phrase était sortie sans réflexion préalable de sa part. Il grimaça immédiatement en tournant la tête.
- Quoi ?
- Ne laissez plus jamais qui que ce soit lever la main sur vous.
Paul se leva rapidement et se dirigea vers la porte en laissant la jeune femme abasourdie.
- Je suis censée vous dire merci ? Merci de lui avoir fait payer son incartade.
Le jeune homme se massa la nuque en soupirant, il ne voulait pas l'affronter, il n'en avait pas la force mais elle ne le laisserait pas partir sans en avoir parler.
- C'était Charlie ou moi mais il était hors de question qu'il s'en tire sans s'inquiéter.
- Pourquoi ?
- Parce que vous faites partie de la maison et que...
La jeune femme se leva en haussant le ton.
- Pourquoi vous ?
Ils se regardèrent intensément.
- Vous allez me dire que je m'en suis occupé pour de mauvaise raison, parce que vous êtes ma thérapeute et que d'un point de vue éthique je...
- Pourquoi vous Paul ?
Elle s'approcha de lui dangereusement, le défiant du regard. Il aurait pu tout balayer, ici, à cet instant précis, l'embrasser, lui dire qu'elle l'avait mis complètement à genoux mais il ne pouvait pas faire ça. Elle méritait mieux qu'un électron libre insouciant. De son côté, Rachel avait besoin de savoir si ce qu'elle pensait était réel ou uniquement le fruit de son imagination. L'inspecteur se décolla de la porte et la regarda gravement, elle était belle, tellement belle.
- Il vous a blessé, il n'en avait pas le droit. Vous méritiez que quelqu'un le lui rappel. Vous êtes...
Il serra les dents avant de poursuivre.
- Vous êtes bornée et fragile mais vous refusez de vous rendre compte, vous refusez que quiconque prenne soin de vous d'ailleurs, vous n'avez pas voulu portez plainte contre lui. J'aurais du faire quoi ? Le laisser croire qu'il pouvait vous marquer ou vous mettre à genou comme n'importe quelle idiote qu'il pourrait avoir à son bras, non, pas question. Vous valez mieux que ça.
- Ca ne me dis toujours pas pourquoi ?
- Para defender su honor.
- Ce n'était pas à vous de le faire.
- Non c'est vrai mais je les fait pour deux raisons : emocion y pulsacion.
Rachel écarquilla les yeux en sentant son cœur sauter dans sa poitrine. Paul souffla discrètement, instinctivement son corps se rapprocha du sien mais son élan fut interrompu par plusieurs coups à la porte. La jeune femme fronça les sourcils en se raclant la gorge avant d'aller ouvrir. Sur le seuil le collègue de Paul se dandinait.
- Joe ? tout va bien ?
- Oui euh...Paul, l'assistant du procureur est là.
Ce dernier hocha la tête pour reprendre ses esprits.
- J'arrive.
Il se dirigea vers la porte mais la psychologue l'arrêta d'un geste.
- Paul...
Ils se regardèrent longuement. La bulle avait éclaté, la réalité était bien là, il n'avait rien à lui offrir à par des dizaines de démons dans son dos et un caractère à chier. De plus il ne pouvait décemment pas mettre en péril leur travail respectif si ça ne marchait pas. L'aveu qu'il venait de lui faire ne réglait rien, rien du tout.
- Oubliez ce que je viens de vous dire, je suis crevé...c'était inapproprié, je suis désolé.
Il lut la colère mélangé à de la déception dans son regard, il vit les larmes monter, il aurait volontiers claquer la porte au nez à Joe mais il préférait oubliez cet instant fugace. Même si la douleur dans son thorax ne le lâcherait plus d'une semelle maintenant.
Il s'échappa rapidement dans le couloir, laissant Rachel pantelante et désemparé d'avoir été aussi naïve. Joe la salua en lui rappelant qu'elle était invité à l'anniversaire de son fils Julian, durant le week-end.
Une fois seule, Rachel s'empara de ses affaires pour repartir chez elle où elle s'effondra dans son lit. Elle pleura longuement, épuisée émotionnellement et physiquement.
…
What would you do ? (qu'est-ce que tu ferais ?)
To get to me (pour me contacter)
What would you say (que diras tu ?)
To have your way (pour avoir ta place)
Would you give up ? (est-ce que t'abandonneras ?)
Or try again (ou est-ce que tu réessayeras)
If i hesitated (si j'hésite)
To let you in (à te laisser entrer ?)
Now would you be yourself (à ce moment seras-tu toi-même)
Or play your role (ou joueras-tu un rôle)
And if at first you Don't succeed (si tu ne réussis pas du premier coup)
The dust yourself off and try again (alors remets-toi en cause et essaies à nouveau)
...
Merci à Gaelle-51, Adeline, rory34, Charlene pour vos review, j'ai un peu de retard comme d'habitude pour mes publications mais à ma décharge (un tout petit peu ^^) avec deux schtroumpfs et un boulot d'infirmière (vu la conjoncture actuelle ^^) mes journées sont hyper speed, avec toutes mes excuses pour le manque de chapitre mais promis ça vient, doucement mais sûrement. J'espère que ce chapitre vous aura plus, je vous dis à très vite, biz ^^
