note : pour les scènes d'enquêtes je me suis inspirée de la série New York de Dick Wolf
Musique : Comédie Musicale Le Roi Soleil : Christophe Maé, Emmanuel Moire et Lysa Ansaldi : Un Geste De Vous.
"- Bon allez, c'est l'heure de souffler les bougies."
Joe rassembla tous le monde dans la salle à manger et installa son fils sur la chaise au bout de la table.
Un peu plutôt dans la soirée, avec sa femme Jenny, ils avaient ouvert les portes de leur pavillon dans la banlieue de New York, à tous leurs amis et proches afin de fêter dignement les quatre ans de leur fils Julian. Ils avaient préparé un buffet de hors d'œuvres et un immense gâteau à l'effigie de Batman.
Rachel avait bien sûr été conviée à cette fête mais avant de se joindre à ses amis, elle avait profité de son samedi matin pour se reposer après la semaine de travail harassante qu'elle avait vécu. Elle s'était promenée dans les allées du marché avec Estella avant de déjeuner avec elle dans un petit bistrot, la propriétaire de la jeune femme s'était permise de lui faire quelques remontrances concernant Richard et Rachel lui avait certifié qu'ils ne risquaient plus de se revoir. En revanche, elle n'avait pas osé lui parlait de Paul. Elle était déçue de son attitude et elle avait honte de s'être laissée berner par ses sentiments. En début d'après midi, elle avait fait quelques courses avant de se détendre dans son canapé avec un bon livre. Puis elle s'était changée avant de quitter son appartement.
En arrivant devant le pavillon, elle se sentait angoissée car Paul serait certainement là et qu'ils ne s'étaient pas reparler depuis leur dernière confrontation. Rachel se doutait bien qu'à partir de maintenant leurs échanges ne seraient que purement professionnels mais en dehors du commissariat comment devait-elle se comporter ? Elle ferma brièvement les yeux pour trouver le courage d'affronter cette soirée avant de grimper les quelques marches pour aller sonner. Une femme d'environ vingt cinq ans, brune et assez petite lui ouvrit en souriant.
"- Bonjour je suis Jenny, vous devez être Rachel, entrez je vous en prie.
La jeune femme la poussa légèrement dans l'entrée.
- Allez-y tous le monde est dans le salon.
Un peu gênée, la psychologue s'avança prudemment jusque dans le séjour où elle aperçut Charlie, sa femme Helen, Evan, Letty, Joe et d'autres personnes qu'elle ne connaissait pas. Le capitaine Price s'avança jusqu'à elle et l'embrassa sur la joue.
- Ca va fillette ?
- Oui.
- Viens, personne ne va te manger.
Elle salua le groupe et ils commencèrent à parler de choses et d'autres, ce qui la détendit rapidement. Soudain des rires et des cris d'amusement s'échappèrent de la pièce situé plus loin.
- On ne cours pas dans la cuisine...Joe...
Ce dernier grimaça et avant qu'il n'ait eu le temps de prononcer le moindre mot, Paul apparu avec Julian dans ses bras, mimant l'avion. Letty éclata de rire alors que le père du petit garçon fronçait les sourcils.
- Paul...tu vas faire enrager Jenny.
- C'est le but.
Le fils de Joe riait fortement, la tête à l'envers et Rachel ne put s'empêcher d'esquisser un sourire devant le visage serein et heureux du jeune inspecteur. Il semblait beaucoup plus reposé que la dernière fois qu'elle l'avait vu. Il portait un pantalon gris et un tee-shirt rouge et ses cheveux étaient mal coiffés comme d'habitude. Paul releva la tête et regarda la jeune femme attentivement avant de mimer un bonsoir. Elle ne l'avait jamais vu aussi beau, une bouffée chaude parcourue son corps et immédiatement elle se fustigea face au regain de ses sentiments. Il était de plus en plus évident qu'elle ne pourrait plus être objective le concernant, ce qui signifiait malheureusement qu'elle allait devoir passer le relai à un autre thérapeute. Elle serra les dents et baissa la tête sur son verre, alors que le petit Julian se faisait entendre.
- Tonton, poses-moi j'ai mal au ventre.
L'inspecteur reposa le petit sur ses pieds et alors que celui-ci essayait de se sauver, son parrain le rattrapa par le col de son pull.
- Hé...on dit bonsoir.
Le fils de Joe croisa le regard de Paul qui lui désigna Rachel d'un signe de tête. Celle-ci esquissa un sourire et se baissa à la hauteur de Julian en lui tendant un paquet.
- Il paraît que c'est toi le roi de la fête ?
- Oui.
Il attrapa le paquet et déposa un léger bisous sur sa joue.
- Merci.
Le petit garçon s'empressa de déchirer l'emballage et poussa un cri de joie en découvrant son nouveau jouet.
- J'ai cru comprendre que tu étais fan de super-héro.
- C'est la moto de Batman, t'as vu papa...
- Oui maintenant tu pourras faire la course avec la Batmobile.
- Merci Rachel.
Julian l'entoura de ses bras et la jeune femme rigola.
- Joyeux anniversaire.
En se relevant, elle aperçut une autre personne dans le coin de la pièce. Une jeune femme grande et blonde, plantureuse, très maquillée, elle portait un jean taille basse et une chemise à carreaux nouée sur le devant.
- Bonsoir.
- Bonsoir, je m'appelle Mindy, vous êtes Rachel, je suis ravie de vous rencontrer. »
Rachel voulut lui serrer la main mais Mindy s'approcha d'elle pour l'enlacer en rigolant. Puis elle rejoignit Paul à l'autre bout de la pièce et glissa son bras autour de sa taille en déposant un rapide baiser sur sa joue. Rachel sentie son estomac se tordre de douleur mais elle ne laissa rien transparaître, comprenant que tout ce qu'elle avait pu imaginer jusque là, n'était en réalité que le fruit de son imagination. C'était un jeu qui avait mal tourner, Paul l'avait pourtant prévenu dès le départ.
Jenny amena le gâteau et Julian souffla sur ses bougies sous les applaudissements des convives. Rachel essaya tant bien que mal de se changer les idées en continuant à converser avec ses amis.
Quelques minutes plus tard, Rachel et Letty discutaient ensembles d'une éventuelle sortie commune.
« - J'ai vraiment besoin de faire une virée entre filles, à force de travailler avec des mecs j'ai l'impression de devenir comme eux.
- D'accord alors dans ce cas, il faut faire la totale : coiffeur, esthéticienne, shopping...Ca fait longtemps que je n'ai pas ça tu sais.
- Fait quoi ?
Jenny s'était approchée d'elles discrètement.
- Je ne voulais pas vous interrompre.
- En fait on parlait d'une sortie entre fille, ça vous intéresse ?
Les yeux de la jeune maman s'agrandirent comme des soucoupes.
- Vous êtes sérieuses ?
- Oui.
- J'en rêve depuis des lustres, entre Julian, Joe et mon travail, je n'ai plus une minute à moi.
- On devrait faire un bowling aussi.
Claire venait de rejoindre leur groupe et sirotait un cocktail orange.
- Oui, sortie mode-beauté, on va déjeuner dans un bon resto et ensuite bowling ou alors on peut aller en boîte.
Jenny sautilla sur place.
- Là je signe toute de suite les filles.
Un petit rire parcourus leur petite assemblée et elles continuèrent de parler de leur futur sortie jusqu'à ce que le téléphone de Rachel ne se mette à sonner. Elle s'excusa auprès de ses amies et sortie devant la maison pour décrocher.
- Allo ?
- Rachel, c'est moi.
- Tyler ? Tu as changé de numéro ?
- Non, mon téléphone est en rade, c'est celui de James...tu vas bien ?
- Oui très bien merci et toi ? ca va à la maison ?
- Le kif total, je t'appelle pour savoir si tu viens pour Thanksgiving ?
Rachel soupira en grimaçant. Elle n'avait pas vu sa famille depuis presque un an maintenant, ça lui ferait sûrement du bien de retrouver les siens sur sa terre natale.
- Je n'ai pas encore acheté mon billet d'avion mais oui je viens.
- Tu devrais ramener Estela ça fait longtemps qu'on l'a pas vu.
- Je lui poserais la question.
- Ok je te laisse soeurette, je t'aime.
- Moi aussi petit frère, prenez soins de vous."
La jeune femme raccrocha en soupirant avant de s'asseoir sur les marches du perron. Elle leva la tête et regarda les quelques étoiles qui se reflétaient sur le ciel sombre. Une grande mélancolie s'empara d'elle, son couple avec Richard n'avait pas tenu la route, ses sentiments envers Paul avaient considérablement faussé son jugement, Riley était en Espagne et son père et son frère continuaient leurs vies à plus de quatre mille kilomètres. Elle se sentait plus seule que jamais.
Elle regarda son téléphone, hésitante mais finalement elle composa un numéro qu'elle n'avait pas voulu utiliser jusque là.
Au bout de trois sonnerie, une voix masculine lui répondit.
"- Allo.
- Franck
- Oui ?
- C'est Rachel Berckley.
- Oh Rachel comment allez-vous ?
- Bien merci et vous ?
- Super, je suis content de vous entendre.
- Oui, je suis désolée d'avoir autant tardé mais j'ai eu pas mal de travail ces derniers temps.
- Je comprends ne vous en fait pas, est-ce que votre appel signifie que je peux réitérer mon invitation à aller boire un verre ?
Franck était le serveur du salon de thé dans lequel elle adorait s'arrêter avant d'aller travailler. Il lui avait donné son numéro un jour sans crier gare, au départ la jeune femme avait refusé puis finalement elle avait attrapé le bout de papier en se disant que ça ne l'engagerait à rien. Franck n'était pas vraiment son type, petit blond, trop sérieux, elle ne le trouvait ni attirant ni intéressant mais finalement après l'échec de sa relation avec Richard, la jeune femme tentait maintenant de se convaincre que c'était peut-être un type comme lui qu'il lui fallait. Rachel inspira profondément et répondit au jeune homme.
- Oui, ça me ferait plaisir.
- Super, demain soir ça vous irait ?
- Oui.
- 19h ? Je passe vous prendre ?
- Non je...je vous rejoindrais sur place.
- Au 675 bar.
- Très bien.
- J'ai hâte...à demain.
La jeune femme raccrocha et cogna son téléphone contre son front en murmurant.
- Qu'est-ce que je suis en train de faire ? Je suis complètement folle...
Au même moment elle entendit la porte s'ouvrir derrière elle, elle se releva des marches pour apercevoir Mindy, tellement blonde, tellement superficielle, extravertie, sûre d'elle. Est-ce que c'était réellement ça le type de femme que Paul mettait dans son lit ? Un intense frisson parcourus la jeune femme et elle serra les dents en essayant de chasser ses idées malsaines.
- Rachel ? Ben alors tous le monde se demande où vous êtes passée.
- Désolée j'étais au téléphone avec mon frère.
- Les filles m'ont parlé de votre prochaine sortie, elles m'ont invité, vous n'y voyez pas d'inconvénients ?
- Non bien sûr que non, ça va être chouette.
- Trop cool, je connais le proprio de la meilleure boîte de la ville. Allez venez les garçons sont en train de jouer au pictionnary.
- Mindy, une seconde, euh...Juste une question...
- Oui ?
Son estomac se contracta et elle se mordit la lèvre.
- Vous connaissez le 675 bar ?
- Oui c'est très branché pourquoi ?
- Je dois y retrouver un ami demain soir et je voulais savoir à quoi m'attendre.
- Un premier rencard ?
- En quelques sortes.
- Mettez un truc classe, une petite robe noir ou rouge, maquillage léger, une touche de parfum, les cheveux lâchés et balançait les hanches.
Rachel ne put s'empêcher de rire.
- Je crois que j'ai saisi l'idée, merci.
La compagne de Paul fit une petite moue boudeuse.
- Vous avez ça en rayon au moins ?
- Non mais euh...je vais me débrouiller.
- Oh ma chérie...
Elle lui attrapa subitement le bras et l'entraîna à l'intérieur où elle s'empara d'un stylo et d'un morceau de papier, qu'elle lui tendit.
- Venez à cette adresse demain vers 17h, je m'occuperais de vous.
- Mindy je...
- Ca me fera plaisir."
Rachel soupira, elle avait envie de tout envoyer balader, ses principes et ses idées et sur ce point Mindy semblait être la personne idéale pour l'aider.
Le reste de la soirée fut assez éprouvant pour la jeune femme, malgré toute sa bonne volonté, elle n'arrivait pas à se détacher de l'image qu'elle avait sous les yeux. Mindy et Paul étaient très proches l'un de l'autre. Il lui souriait, il la faisait rire, elle caressait régulièrement sa cuisse, il la poussait du coude. Rachel essayait de se concentrer sur le jeu mais c'était peine perdue. Lorsqu'une fois de plus on entendit Julian pleurer dans l'interphone, Jenny soupira et se leva mais Rachel cette fois-ci l'intercepta.
"- Assieds-toi, je vais y aller.
- T'es sûr ?
- Mais oui, ça va aller.
Elle grimpa les marches et entra dans la chambre en éteignant l'interphone du petit garçon qui était en pleurs, assis sur son lit.
- Ben alors bonhomme qu'est-ce qui se passe ?
- Où est maman ?
- Elle est en bas avec le reste des invités, je lui ai demandé si je pouvais monter te voir.
- Pourquoi ?
- Pour que ta maman profite un peu de ses amis mais si tu préfères qu'elle monte je peux la rappeler.
- Non ça va.
- Je peux m'asseoir ?
- Oui.
Il se poussa pour lui faire une petite place au bord du lit.
- Si tu me disais ce qui t'arrive.
- J'ai fait un cauchemar.
- Tu as vu quoi ?
- Des montres, poilus, gluants, ils sortaient du placard.
- Tu sais quelle est la meilleure recette pour faire fuir un monstre ?
- Non.
- La lampe du capitaine.
Elle fouilla dans la poche de son jean pour en sortir son trousseau de clefs. Un petite lampe allongée y était accrochée.
- Quand j'étais petite, mon oncle Harry m'avait ramené une petite lampe comme celle-ci, elle était rose et un soir en venant me consoler il a inventé une comptine et il m'a donné la lampe en disant : à chaque fois que tu réveilleras à cause d'un monstre, braque la lampe et chante la chanson et tu verras que le monstre disparaîtra en un rien de temps.
- C'était quoi la comptine ?
- Je suis le capitaine et toi le croque-mitaine, voici ma lampe en or qui te repousse dehors.
Rachel termina de sortir la lampe de l'anneau de son trousseau et la tendit à Julian.
- Tiens.
- Mais toi comment tu vas faire ?
La jeune femme rigola.
- Rassures-toi j'ai une autre lampe à la maison...viens-là.
Elle réarrangea les couvertures et caressa doucement la tête de Julian.
- Rachel ?
- Oui ?
- Ton oncle Harry pourquoi c'est lui qui te consolait, t'as pas de papa ni de maman ?
- Si mais...ma maman est...elle partie quand j'avais six ans et mon papa était très malheureux alors c'est Harry qui c'est occupé de mon frère et de moi.
- C'est triste.
- C'est loin tout ça...et aujourd'hui j'ai moins peur des monstres, tu sais pourquoi ?
- Non.
- Parce qu'avec autant de policiers dans une maison, le monstre n'arrivera jamais à passer la porte ?
Julian rigola tout en serrant la petite lampe dans sa main.
- Merci Rachel.
- Je t'en prie."
De l'autre côté de la cloison, Paul esquissa un sourire.
Il avait lutté toute la soirée pour ne pas s'approcher d'elle, pour ne pas la toucher, ni lui parler. Leur dernière discussion avait laissé des marques indélébiles, il avait eu tord de croire à tout ça, ce n'était pas correct ni pour elle, ni pour lui. Ils travaillaient ensemble et c'était tout qui devait transparaître de leur relation. Il était son patient, point final. Mais lorsqu'elle était apparu dans le salon il avait eu le souffle coupé. Elle était simplement vêtu d'un jean et d'un tee-shirt à manche longue et pourtant elle était magnifique. Ses longs cheveux bruns tombant en cascade dans son dos, son sourire...mais Mindy s'était rapproché de lui, lui rappelant quelles limites il s'était fixé.
Après avoir régler les derniers détails de l'affaire sur laquelle il avait travaillé, Paul était rentré chez lui, exténué. Il avait dormi plus de douze heure d'affilé et lorsqu'il s'était réveillé, il avait mis un point d'honneur à éloigner Rachel de son esprit. C'est pourquoi il avait contacter une ancienne conquête à lui pour l'aider à chasser ses sentiments confus. Son comportement était identique à ce qu'il avait toujours fait mais c'était la première fois qu'il se sentait aussi coupable. Comme si d'une certaine manière, il avait eu l'impression de la trahir.
Lorsqu'elle était montée pour consoler son filleul, il l'avait suivi du regard dans les escaliers, se sentant attiré par elle comme un aimant et la pression sur sa cuisse de la part de Mindy n'avait rien changé à cela. Il s'était alors levé et avait suivi la psychologue jusqu'au premier étage. En l'entendant parler de sa vie, le cœur de Paul s'était serré comme un étau. Malgré toutes ses douleurs et ses fragilités, elle ne laissait presque jamais transparaître ses émotions, elle se montrait forte quoi qu'il arrive et ça la rendait d'autant plus attirante.
Il l'entendit se lever et se diriger vers la porte. Quand elle tomba nez à nez avec lui, elle arrêta de respirer, étonné de le voir là et en même temps en colère contre lui de ne pas respecter la distance éthique qui s'imposait. Rachel resta adossée à la cloison et souffla doucement avant de parler doucement.
"- J'ignorais que vous étiez le parrain du petit.
- Joe et moi, on se connaît depuis pas mal de temps maintenant...on a fait une partie de l'académie ensembles.
Paul prit appui sur la rembarde du palier. Ils se regardèrent intensément avant de parler en même temps.
- Je suis désolé Rachel.
- Mindy est très gentille.
L'inspecteur fronça les sourcils et la psychologue secoua la tête.
- Pourquoi êtes-vous désolé ?
- Pour le malaise qu'il y a entre nous, je ne voulais pas dépasser les bornes.
Elle serra les dents, professionnellement elle pouvait mettre son attitude sur le compte d'un désordre émotionnel important mais est-ce que cela pouvait tout excuser ?
- Ne vous inquiétez pas, tout va bien...on travaille ensemble, je suis votre thérapeute, c'est normal que parfois les choses soient un peu bizarre mais je suis confiante.
- Sur quoi ?
- Vous vous en sortez mieux que ce à quoi je m'attendais.
Il esquissa un sourire en coin qui fit fondre la jeune femme, elle souffla discrètement avant de serrer les dents.
- On se revoit lundi alors ?
- Oui comme prévu. »
Le jeune inspecteur hocha la tête et se redressa avant de se diriger vers les escaliers pour descendre mais il hésita. Il ferma brièvement les yeux en sentant son cœur marteler sa poitrine. Comment pouvait-elle le troubler à ce point ? Comment trouver le courage de s'en éloigner ? Il leva la tête au plafond, détectant la force avec laquelle sa raison se battait avec son besoin d'être prés d'elle.
Doucement il se retourna et la regarda attentivement. Ses yeux verts la transpercèrent de toutes parts, elle l'avait vu hésiter. Était-il encore en train de jouer ? Elle n'avait plus la force de lutter contre lui. Quand il s'approcha d'elle, Rachel détecta une lueur de colère et d'envie. La même que la sienne. L'odeur sucrée qui s'échappait de ses cheveux, l'entoura comme une couverture douce et chaude, son cœur s'emballa encore et il avala péniblement sa salive avant de murmurer.
« - Je n'ai pas besoin de sa gentillesse.
- Je sais.
Ils murmuraient, comme pour ne rien briser de cette nouvelle bulle qu'ils étaient les seuls à pouvoir créer. Paul la surplombait légèrement si bien qu'il percevait son souffle court et les mouvements anarchiques de son thorax.
- Vous voulez simplement vous perdre en elle, c'est plus facile de tout envoyer balader.
Elle fronça les sourcils.
- Une liberté totale donc pas d'emmerde...c'est ça ?
Leurs souffles saccadés se répondaient, leurs yeux étincelaient et leur envie était aussi fort de part et d'autre mais aucun d'eux ne voulaient céder le premier, à cause d'une peur indicible de tout voir s'effondrer. Mais il y avait un fil conducteur entre eux, un fil brûlant, dévorant. Paul fit un pas vers elle, Rachel recula, son dos heurta le chambranle de la porte. Instinctivement il leva le bras pour prendre appui sur le mur et baissa la tête.
- Usted no sabe nada acerca de lo que esta pasando. (tu ne sais rien de ce qui se passe)
- J'ai cru le savoir, j'ai eu tord visiblement.
Elle leva la tête pour le regarder bien en face dans une sorte de défi sauf qu'involontairement son nez frôla l'arrête de sa mâchoire. Paul ferma les paupières et un soupir profond s'échappa de sa gorge. Cette étincelle au fond de son corps explosa littéralement. Quand il ouvrit les yeux, Rachel n'avait pas bougé. Il n'arrivait pas à réfléchir clairement à la situation. Délicatement il leva le bras pour caresser sa lèvre inférieure, elle avait dégonflé, une légère trace violette persistait dissimulait sous une fiche couche de fond de teint.
- No quiero hacerte dano. (Je ne veux pas te faire de mal)
- C'est trop tard.
Il colla son front au sien, il la voulait, tout son corps la réclamait mais c'était une erreur.
- Podria empujarlo por todas partes, pero te arrepentirias. (je pourrais tout bousculer mais tu le regretterais)
- No sabes que. (tu n'en sais rien)
Paul recula légèrement la tête et caressa sa joue.
- Que guapa eres. (tu es tellement belle)
Il fronça les sourcils et se recula.
- Je peux pas faire ça...je suis désolé.
Rachel hocha la tête.
- Il n'y a rien d'autre à ajouter dans ce cas.
- Non.
Paul serra les mâchoires avant de déglutir difficilement, à contre cœur il se détacha d'elle et la regarda bien droit dans les yeux.
- A lundi mademoiselle Berckley.
- A lundi. »
Il lui tourna le dos et descendit les marches alors que Rachel se laissait glisser contre le mur, se tenant le ventre. Une larme coula sur sa joue. La douleur qu'elle ressentait au fond d'elle-même n'était rien en comparaison de ce coup de poignard que Paul avait ressenti lorsqu'il s'était éloigné. Mais s'il voulait la protéger de sa mauvaise influence, il n'avait pas le choix, il devait renoncer.
…
Si j'étais un mystère quel mirage voudrais-tu voir apparaître ?
Je peux être l'envers de l'image ou dévoiler son contraire.
…
Juste un geste de vous et je suivrais le message
Un regard qu'on déjoue et je tourne la page
Sans rien dire d'un sourire
Faire semblant de ne rien voir.
Juste un geste entre nous
C'est ce qu'il me faut pour savoir
Pour m'avoir
...
Si j'étais un loup solitaire que tu devrais découvrir
Oserais-tu vraiment le faire sans me prévenir ?
,,, ,,, ,,, ,,,
J'espère que ce chapitre vous a plus ^^
Merci à Gaelle-51 pour ta review
