Chapitre 10 : Naturally Beautiful

note : pour les scènes d'enquêtes je me suis inspirée de la série New York de Dick Wolf

Musique: James Blunt : You're Beautiful

Le taxi roulait à vive allure à travers les rues grisâtres de la ville. Rachel avait longuement hésité avant de se rendre à l'adresse indiquée par Mindy mais finalement la jeune femme s'était dit, qu'elle devait mettre toute les chances de son côté pour son rendez-vous avec Franck, car il fallait absolument qu'elle se sorte Paul de la tête.

La voiture s'arrêta le long d'un trottoir bordant un immeuble très chic, un portier lui ouvrit la porte et après avoir payé la course Rachel le suivit dans le hall richement décoré où un autre agent la salua.

"- Bonjour Mademoiselle, puis-je vous aider ?

- Bonjour...euh on m'a donné cette adresse...je suis Rachel Berckley, je viens voir...

- Mademoiselle Mélinda Spencer, oui bien sûr...suivez-moi...elle est impatiente de vous voir.

- J'imagine oui...merci beaucoup.

- Je vous en prie."

L'employé lui appela l'ascenseur et après avoir insérer une clé à côté du numéro 125, il lui souhaita un bon après midi.

Arrivée à destination, la jeune femme déboucha sur un somptueux couloir aux tons boisés et sombres agrémenté de petits spots. Ne se sentant pas vraiment à l'aise dans cet environnement elle hésita à avancer, mais alors qu'elle s'apprêtait à faire demi-tour, une voix qu'elle n'aurait jamais penser entendre aujourd'hui l'interpella.

"- Rachel ?

Elle se retourna vivement en écarquillant les yeux.

- Oh c'est pas vrai.

Son murmure se répercuta dans le silence du couloir et la psychologue se ratatina littéralement sur place.

- Pourquoi vous êtes là ?

Elle était littéralement subjuguée, il ne portait qu'un simple jean et un tee -shirt blanc, ses cheveux étaient encore humides et il était encore plus beau que toutes les images qu'elle avait gardé de lui jusqu'à maintenant.

- Je suis désolée je...

Ses joues étaient rouges de confusion et elle se dandinait sur place en tirant sur les manches de son pull violet pour se cacher, dans une posture adorable qui troubla le jeune inspecteur.

- Salut Rachel.

En entendant la voix de Mindy derrière lui, Paul grogna légèrement.

- C'est toi qui la invité ?

- Oui mais rassures-toi c'est pas ce que tu crois.

Rachel ferma les yeux en essayant de chasser son malaise avant de tomber dans les pommes pour de bon. En face Paul fit les gros yeux à sa compagne.

- Tu te fous de moi ?

- Elle a un rencard ce soir, je l'aide à s'apprêter.

- Et tu pouvais pas le faire chez toi ?

- C'est toi qui m'a dit que je devais rester ici.

Rachel se mordit l'intérieur de la joue avant de parler d'une toute petite voix.

- Ecoutez euh...c'est très gentille Mindy mais euh...

- Oh non laissez-le grogner ça lui passera...venez je vais vous transformer en reine de beauté.

La jeune femme lui attrapa le bras et la dirigea vers l'escalier en verre pour la faire monter à l'étage sous les soupirs de Paul.

"- Il n'est pas question que je porte ce genre de chose.

- On appelle ça une robe de cocktail chérie et elle t'ira très bien.

- Mindy je...je ne suis pas très à l'aise avec tout ça.

- C'est une question d'habitude, essayes-là au moins.

Rachel soupira et attrapa la robe que lui tendait la jeune femme, se rappelant une fois de plus pourquoi elle était là. Elle enfila la tenue et tenta de rallonger le tissu en tirant dessus ce qui provoqua le rire de la compagne de Paul. La jeune femme s'empara des chaussures et se hissa sur des talons de quinze centimètres.

- Tu es très jolie.

Elle se tourna vers le miroir et souffla fortement. Mindy l'avait maquillé et lui avait relevé les cheveux qui étaient à présent laqués et crêpés dans une sorte de chignon un peu lâche, le tout agrémenté d'un parfum délicieux et envoûtant selon la jeune femme.

- Il va forcément tomber sous ton charme.

Le cœur de Rachel se serra. Un voile de mélancolie passa dans son esprit. Elle aurait aimé revenir six semaines auparavant, avant sa rencontre avec Paul, elle n'aurait pas eu besoin de faire tout ça. Elle tentait de se convaincre que son rendez-vous avec Franck serait sympa et la ferait penser à autre chose mais la vérité c'est qu'elle aurait nettement aimé se blottir dans son canapé sous un plaid pour lire un bon roman, s'évader dans un pays imaginaire, dans une histoire d'amour idyllique ou dans un thriller haletant. Mais non. Il fallait qu'elle se prouve que...que quoi exactement ? Qu'elle pouvait séduire ? Qu'elle pouvait compter pour quelqu'un ?

- Merci Mindy.

Il n'y avait pas vraiment de conviction dans sa voix et la jeune compagne de Paul fronça les sourcils avant de faire une moue boudeuse.

- Il nous faut un avis supplémentaire.

Rachel écarquilla les yeux.

- Non ce n'est pas...

Mais avant qu'elle n'ait eu le temps de protester, la jeune femme lui attrapa le bras et l'entraîna au rez-de-chaussée où Paul zappait la télé. En entendant les filles descendre les escaliers, il siffla d'admiration en regardant sa montre.

- Une heure et demi seulement je suis impressionné.

- Tournes-toi idiot.

- Pourquoi faire ?

- Parce qu'il nous faut ton avis.

- Y a le portier.

Rachel avait une folle envie de pleurer, elle recula instinctivement mais Mindy lui tenait fermement le poignet.

- PAUL !

Celui-ci soupira. Il ne voulait pas la regarder, il savait que ce n'était pas une bonne idée mais devant l'insistance de Mindy, il se leva du canapé et se retourna pour lui faire face. Il avait juste envie que cette journée se termine. Son regard croisa le sien et il l'aperçut serrant les dents. Sa robe rouge à sequin lui descendait sur les cuisses, ses épaules et le haut de son dos étaient dégagées et le tissu formait un petit nœud juste à la base de son cou. Sa tenue moulait parfaitement ses formes. Elle était très sexy mais trop loin de ce qu'elle était réellement au quotidien. Trop maquillée, trop parfumée...elle était comme Mindy, une séduisante tentatrice. Et ce soir le mec qu'elle devait rencontrer aurait le même sentiment, il aurait le droit de l'approcher, de l'embrasser...de la toucher. Un coup violent frappa son thorax et il serra les mâchoires pour étouffer son souffle de douleur. Cette situation était la résultante de ses choix si stupides, à lui des les assumer maintenant.

- Vous êtes parfaite.

Son regard exprimait tellement de haine et de colère que la psychologue n'avait qu'une envie c'était de le gifler.

Paul contourna le canapé et passa près de Mindy qui jubilait.

- T'as fait du bon boulot."

C'était ça alors ? Un après midi de boulot ? Un jeu supplémentaire dont Rachel était le point d'encrage à ridiculiser.

Le jeune homme monta les escaliers rapidement et disparut à l'étage en claquant la porte de son bureau. Mindy serra Rachel dans ses bras en lui faisant promettre de la tenir informer de l'évolution de son rendez-vous. Les deux jeunes femmes se quittèrent et en repassant devant le portier, celui-ci haussa les sourcils.

- Je vous préférais avec les cheveux lâchés.

Rachel s'arrêta sur le seuil de l'immeuble en fronçant les sourcils.

- Excusez-moi mademoiselle.

Le portier avaient écarquillé les yeux et baissé la tête. Il lui tenait gentiment la porte.

- Veuillez me pardonner cette remarque désobligeante, je n'étais pas à ma place.

- Ce n'est pas grave...merci pour tout."

Elle monta dans le taxi qui l'attendait et leva les yeux vers le ciel où elle perçut les lumières de l'immeuble éclairer l'avenue. Elle lutta pour ne pas fondre en larme et donna l'adresse du bar au chauffeur.

Sa jambe tremblait fortement, il essayait tant bien que mal de se concentrer sur sa lecture mais aucun mot n'aurait pu capter son attention. Il n'arrêtait pas de penser à elle. Au moment même où elle était repartie, il avait voulu la suivre mais il savait que c'était une erreur. Mindy était monter le rejoindre et s'était efforcée de le détendre mais Paul avait fini par la renvoyer chez elle, la trouvant terriblement agaçante.

Il regarda une fois de plus sa montre et souffla fortement. Où était-elle ? Que faisait-elle ? Avait-elle eu plus de chance cette fois avec le gars qu'elle devait rencontrer ? Est-ce qu'il la traiterait suffisamment bien ce soir pour qu'elle n'ait rien à regretter ? Et après ? Il se refusait de penser à ce que pouvait donner cette soirée.

Au comble de l'énervement il se leva, enfila sa veste et descendit pour prendre l'air.

La jeune femme paya la note du taxi et s'engouffra dans son immeuble en soufflant. En bas des marches elle retira ses chaussures qui lui avait broyé les pieds toute la soirée. Un profond soupir s'échappa de sa gorge et elle grimpa les escaliers en se tenant à la rambarde.

Franck était un gentil garçon, qui travaillait dans le salon thé tout en poursuivant ses études universitaire pour devenir professeur des écoles. Il était passionné d'art, à tel point qu'il lui avait avoué qu'il parcourait le monde pour visiter les plus beaux musées et qu'il passait la plus grande partie de ses week-end à se promener dans les galeries des environs. Ils n'avaient pratiquement aucun point commun mais au moins c'était un garçon qui semblait bien sous tout rapport. Fils aîné d'une famille semi-bourgeoise de Louisiane, ses parents étaient tous les deux dentistes et sa sœur cadette en pleine crise féministe. Durant la soirée il l'avait fait rire à quelques reprises, l'avait complimenté sur sa tenue et ses goûts mais sans jamais l'émouvoir et quand elle avait décidé de prendre congé il avait bien évidemment demandé à la revoir. Rachel avait été incapable de lui répondre. Oui elle avait passé une bonne soirée, oui il semblait sympa et d'une certaine manière intéressant mais il ne l'attirait pas du tout. Que pouvait-elle espérait d'une relation avec lui ? Elle avait fini par lui dire qu'elle le rappellerait prochainement et elle était repartie du bar sans un regard en arrière.

Il souffla longuement pour évacuer toute la tension contenue dans sa cage thoracique depuis plusieurs heures maintenant.

Il l'avait regardé furtivement lorsqu'elle était descendue du taxi. Elle était seule. Elle avait l'air d'aller bien.

Alors pourquoi n'arrivait-il pas à partir ?

La douche chaude avait considérablement détendu ses muscles. Une fois tout ses artifices retirés, Rachel s'était sentie plus légère. Elle frotta une dernière fois ses cheveux avant de les attacher grossièrement avec une pince et alluma la plaque de cuisson pour se préparer un en-cas. Au moment où elle sortait quelques légumes de son frigo plusieurs coups se firent entendre à sa porte. Elle fronça les sourcils et se dirigea vers l'entrée. Elle resta stupéfaite sur le seuil en apercevant Paul dans le couloir.

"- Qu'est-ce que vous faites ici ?

Le jeune homme ferma brièvement les yeux pour essayer rassembler ses idées. Elle avait quitté sa robe rouge pour un pantalon gris léger et un tee-shirt blanc, ses cheveux humides avaient laissé des traces d'eau sur la peau de son cou et ses joues étaient rouges.

- Je...

Quand elle le vit trembler et bafouiller, elle fut émue au point que son cœur rata plusieurs battements.

- Compte tenu de vos récents antécédents, je...je voulais être sûr que vous étiez rentrée en un seul morceau.

Rachel écarquilla les yeux d'étonnement.

- Vous m'avez attendu ?

Il baissa la tête avant d'avouer.

- J'ai squatté le banc en face de chez vous. Je...je voulais juste m'assurer que vous alliez bien, Charlie ne vous a toujours pas donné votre bombe au poivre.

Involontairement Rachel esquissa un sourire.

- Je ne voulais pas vous déranger, je...je ferais mieux de vous laisser maintenant.

Il fit un pas pour se reculer mais elle l'arrêta net.

- Paul attendez...

La psychologue souffla doucement avant de se mordre la lèvre.

- Je ne peux pas continuer comme ça.

Ils se regardèrent longuement sachant qu'ils avaient atteints le point où ils leur faudrait prendre une décision définitive concernant leur lien si étrange.

- Vous me fuyez autant que vous revenez vers moi...je ne peux pas continuer ce petit jeu, j'ai plus la force de lutter jour après jour contre ce que moi je ressens, même si c'est complètement insensé et ridicule, même si c'est à sens unique...Le fait est que...les messages que vous persistez à envoyer, moi je les interprète d'une certaine façon et aujourd'hui je me rend compte que ça me fait du mal et je ne peux pas...je ne veux pas continuer comme ça...il faut ça s'arrête.

Paul serra fortement les poings, un sentiment de colère à l'encontre de sa propre attitude le submergea. Elle ne méritait absolument pas de souffrir pour lui, il n'en valait pas la peine.

- Votre rencard c'était comment ?

- Quoi ?

- Il vous a trouvé comment ?

- Quel est le rapport avec tout ce que je viens de vous dire ?

- Répondez-moi, il vous a dit que vous étiez belle ?

Elle fronça les sourcils.

- Oui mais...

- Alors c'est forcément un crétin...vous n'avez pas besoin de bijoux à strass, vous n'avez pas besoin d'accentuer la couleur de vos yeux ni de vous embaumer de parfum, pas besoin d'une robe aguicheuse, regardez-vous là maintenant...vous êtes en jogging et en tee-shirt, vos cheveux ne sont pas coiffés et vous êtes encore rouge de votre douche...

Il hésita un instant.

- Eres increiblemente hermosa. (tu es incroyablement belle)

- Vous m'aviez clairement fait comprendre que je ne devais rien attendre et...

- Oui parce que je n'en vaux pas la peine.

- Pourquoi ça serait à vous d'en décider ? Je suis complètement perdue Paul, mon rencard de ce soir n'avait pour but que d'essayer de vous sortir de ma tête parce que je ne peux plus continuer comme ça...trois pas en avant dix en arrière, c'est un jeu qui n'en finit pas.

- Non...ce n'est pas un jeu Rachel seulement...vous êtes une véritable intrigue pour moi. Je me suis inquiété pour vous ce soir alors que je sais que vous n'avez pas besoin de ça mais moi oui parce que...

Il la regarda attentivement laissant se courant électrique intense la relier à elle, une fois de plus.

- Eres Mi Tregua, je ne comprends pas ce qui se passe et ça m'effraie plus que je ne veux bien l'avouer.

Il s'approcha doucement d'elle et leva la main pour caresser sa joue.

- Il n'y a rien d'insensé ni de ridicule dans ce que vous ressentez et si à un moment j'ai dépassé les bornes et que ça vous a fait souffrir alors je m'en excuse.

- Dites-moi où ça nous mène Paul ?

- J'en sais rien mais...plus j'essaye de vous fuir plus je me rends compte que j'en suis incapable. J'ai peur que tout ça finisse mal mais je ne peux pas renoncer à vous, j'y arrive pas.

Elle le regarda attentivement, instinctivement Paul colla son front au sien.

- Te necessito. (J'ai besoin de toi)

- No soporto que vuelvas a escapar.( Je ne supporterais que tu te défiles encore une fois)

Il secoua négativement la tête.

- Ca n'arrivera pas.

Tendrement son nez caressa le sien mais leur instant si intense fut une nouvelle fois interrompu par la sonnerie du portable de l'inspecteur qui décrocha en grognant.

- Cardoza ?...oui...où ça ?...j'arrive.

Il raccrocha en soufflant doucement.

- C'était Evan, je dois y aller.

Rachel se frotta le visage pour reprendre ses esprits.

- Une nouvelle affaire ?

- Une étudiante a été retrouvé morte sur le campus de St Raymond.

- On peut reporter la séance de demain matin.

- Non ça devrait aller...rentrez vous reposer.

Elle hocha la tête, hésitante. Paul la regarda attentivement, s'en savoir ce qu'il était le plus judicieux de faire, son cœur battant fortement dans sa poitrine. Finalement ce fut Rachel qui s'avança près de lui, elle se hissa sur la pointe des pieds et déposa un baiser sur sa joue.

- Soyez prudent.

Il acquiesça en caressant une nouvelle fois son visage. Il n'avait aucune envie de repartir de ce couloir, il aurait voulu se blottir contre elle, sentir sa chaleur et sa douceur et la regarder dormir la nuit entière.

- Bonne nuit Rachel.

A contre cœur il se retourna pour descendre les marches et rejoindre sa voiture.

"- Jeanne Bretter dix huit ans, retrouvée morte sur la pelouse à côté du dortoir...elle empeste l'alcool.

- Qu'est-ce qu'on a d'autre ?

- Une blessure importante à la tête.

Ok...allons voir ce que les responsables du campus on a nous dire."

Paul et Evan rentrèrent au central une heure plus tard, n'ayant pas découvert la moindre chose suspecte concernant la jeune étudiante retrouvée morte. Paul se pencha sur internet pour dégoter des informations sur la faculté et lorsqu'il releva la tête de son ordinateur, le jour s'était déjà levé. Il soupira en s'étirant avant de se frotter le visage et d'aller se servir un café. Au même moment Evan arriva après avoir finit d'interroger les parents de la jeune femme ainsi que ses amis proches.

"- T'as découvert quelque chose ?

- L'université de St Raymond est connue pour son équipe de basket et ses fêtes étudiantes déjantées...Philips m'a appelé, Jeanne avait une alcoolémie de 2.35g par litre de sang.

Evan siffla en se servant un café.

- La question est de savoir si on l'a forcé à boire.

- Et de ton côté ?

- Jeanne a porté plainte pour agression sexuelle il y a six mois, l'affaire a été classé sans suite.

- C'est quoi l'histoire ?

- Huck Nesley joueur de basket, lui dit qu'elle était consentante, il l'a mise enceinte, elle a avorté. Il dit aussi que ce n'était pas la dernière pour prendre une cuite.

- Tu crois qu'il aurait remis ça ?

Evan haussa les épaules avant de tendre la liste des autres camarades de Jeanne, qu'il fallait interroger.

"- Ok alors on sait qu'elle était à une fête, qu'elle a picolé et qu'elle s'est disputée avec Huck sauf que sa mère confirme qu'il est bel et bien rentré à 23h. Pas de trace de violence sexuelle, pas de fibres, pas d'arme et pas d'empreinte...on n'a que dalle.

Paul se massa le visage en soupirant alors que le téléphone sonnait. Joe décrocha et échangea quelques mots avec son correspondant avant de raccrocher.

- Il n'y peut-être pas de violence sexuelle mais en tout cas elle s'est envoyée en l'air...on a de l'ADN.

- Faut trouver à qui il appartient.

- Phillips dit qu'il n'est pas fiché en tout cas.

- Dans ce cas on doit retourner à l'université.

Paul regarda sa montre et fronça les sourcils. Letty échangea un regard et un sourire avec Evan. Celui-ci se leva et attrapa le dossier des mains de son collègue.

- C'est bon on s'en charge, file à ta séance.

Il releva la tête et hésita.

- Vous êtes sûr ?

- Mais oui allez file, on fera le débriefing en début d'après midi."

Le jeune inspecteur souffla fortement et descendit au cinquième étage. En arrivant dans le couloir il croisa sa cousine qui donnait des instructions aux ouvriers afin qu'ils aménagent correctement son bureau qui ferait face à celui de Rachel.

"- Ca ne fait même pas une semaine que tu es là et tu fous déjà ton bordel.

La jeune fille rigola avant d'embrasser Paul sur la joue.

- Rachel n'a pas encore finie avec son précédent patient, tu peux attendre ?

- Bien sûr.

De l'autre côté de la cloison, la jeune psychologue se tenait face à l'officier Malarko.

- Vous aviez des problèmes avec l'alcool bien avant que votre femme ne demande le divorce, acceptez les faits tels qu'ils sont.

- Vous n'allez pas la faire passer pour la gentille quand même !

- Je ne suis pas là pour défendre qui que ce soit mais réfléchissez une seconde à ce que vous êtes en train de faire.

- C'est à dire ?

- Rejetez en bloc votre responsabilité.

- Elle m'a trompé !

- Peut-être que d'une certaine manière vous aussi, avec votre bouteille. Au lieu de vous confier à votre femme, vous trouviez un réconfort dans l'alcool.

Rachel regarda sa montre et griffonna quelques notes supplémentaires.

- Austin je voudrais que pour la prochaine fois vous réfléchissiez à la communication qui vous a fait défaut dans votre couple. On en reparlera vendredi.

- Oui...merci.

Le patient se leva et serra la main de la jeune femme avant de sortir. Une fois seule, elle se laissa aller dans son fauteuil en soupirant. Elle se sentait fatiguée et la journée était loin d'être terminée. Après avoir rédigé sa conclusion du jour, la jeune femme ferma les yeux et tenta de conserver un minimum de contrôle. Elle tira sur les manche de son pull gris, ne sachant pas comment gérer son rendez-vous avec Paul. Elle avait très mal dormi, réfléchissant sans arrêt à son dernier face à face avec le jeune homme.

Finalement elle se leva pour ouvrir sa porte et aperçut Claire lui faire de grands signes de la main. Elle se dirigea vers son bureau attendant que la jeune fille ait raccroché. Il fallait reconnaître que depuis une semaine, elle avait accompli des miracles, la psychologue n'avait plus de retard dans la rédaction de ses comptes rendu, son agenda étaient bien tenu, son courrier était correctement trier et surtout elle n'était plus dérangée en pleine séance par des coups de fils intempestifs.

- Le docteur Benson a appelé, elle aurait besoin de toi pour une expertise sur un enfant de huit ans dans le cadre de suicide de sa mère.

- A quelle heure ?

- 12H30.

Rachel ferma les yeux en soupirant.

- Où ça ?

- Brigade des mineurs, il y a un contexte de violence parentale.

- Ok merci Claire.

- Je te commande un déjeuner ?

- Non je...laisses tomber...

Elle se retourna vers son bureau, agacée au possible. En face, Paul fronça les sourcils en essayant de comprendre.

- Le doyen a annulé la présentation de sa thèse...il l'a reporté à dans deux semaines soit deux jours avant Thanksgiving du coup elle ne peut pas prendre l'avion pour Port Townsend, elle devait passer quatre jours dans sa famille. Elle n'a pas voulu en parler avec Emily de peur qu'elle ne la force à prendre des congés supplémentaires...elle en aurait grand besoin cependant, elle est trop portée sur le boulot si tu veux mon avis.

Au même moment, la jeune femme passa la tête dans le couloir.

- Vous vous décidez à entrer ou vous voulez une invitation ?

Claire pouffa de rire devant la grimace de son cousin.

- Bon courage !"

Paul referma la porte derrière lui alors que Rachel claquait son stylo sur son bloc note avant de soupirer fortement.

"- Rachel...

- Quoi ?

Elle se frotta le visage avant de se tourner vers lui.

- Désolée...

Doucement la jeune femme s'approcha de son armoire, puis elle tendit un magazine sportif à son patient.

- Comment ca va ?

- Mieux que vous visiblement.

- Ne faites pas attention, j'ai mal dormi et j'ai du annoncé à mon frère que je ne viendrais pas pour Thanksgiving...

Elle fit un geste désinvolte de la main pour changer de conversation.

- Peu importe, asseyez-vous.

Il s'approcha d'elle et la regarda attentivement, elle semblait extrêmement tendue. Elle portait un pantalon noir, un pull gris, ses cheveux étaient lâchés et comme d'habitude elle n'était presque pas maquillée et pourtant toujours aussi ravissante.

- Rachel...vous devriez sortir prendre l'air.

Elle rigola légèrement. Il était proche d'elle, en jean et pull blanc et marron avec une odeur brute très agréable. La situation était très déstabilisante, devait-elle se comporter comme sa thérapeute ou est-ce que leur relation avait réellement pris une autre tournure ?

- Oui comme si j'avais le temps pour ça...

La jeune femme contourna son bureau, voulant attraper son dossier mais dans sa précipitation elle se cogna le genou. Elle étouffa un juron en fermant les yeux.

- Et merde...

Elle serra les dents avant de trifouiller ses affaires sauf que Paul se précipita vers elle pour l'arrêter.

- Stop... »

Les doigts de Paul glissèrent le long de son bras et elle sentit son cœur se fendre. Fatiguée et triste, elle savait qu'elle n'aurait pas la force aujourd'hui de batailler contre les sentiments qu'elle éprouvait pour lui. Son coup de fil à son petit frère Tyler avait été un très gros fiasco, elle pensait qu'il comprendrait quand elle lui expliquerait qu'elle ne pouvait pas tourner le dos à son travail mais malheureusement il ne l'avait pas entendu comme ça, tout ce qu'il avait retenu c'est qu'elle ne viendrait pas.

Involontairement un sanglot éclata au fond de sa gorge et plusieurs larmes s'échappèrent de ses yeux. Paul serra les mâchoires, il savait qu'émotionnellement elle était très fatiguée, de part l'échec de sa relation avec Richard, son travail avec l'équipe et surtout la confusion qu'ils éprouvaient l'un envers l'autre. En la voyant si vulnérable, il se rendit compte qu'aujourd'hui il n'y avait plus de thérapeute, plus de patient, juste un jeune homme de vingt huit ans, marqué par un passé et un quotidien violent et une femme qu'il désirait ardemment et qui ne demandait qu'à lui montrer que l'amour pouvait être une force.

Rachel essuya brièvement ses larmes tout en murmurant.

« - Ils ont l'impression que je les délaisse mais je...

Un nouveau sanglot lui déchira la gorge et Paul leva une main pour dégager ses cheveux qui lui tombaient devant le visage.

- Les reproches qu'ils vous font sont le reflet du manque qu'ils ressentent Rachel, c'est une réaction normale mais je suis sûr qu'ils ne cherchent pas à vous blesser directement.

- Ils me manquent aussi, je me sens tellement seule sans eux mais...cette distance c'était pour moi, j'en avais besoin je...

Ses larmes s'écrasèrent sur ses notes et le jeune inspecteurs se rapprocha d'elle, glissant une main dans son dos. Rachel serra les paupières et étouffa un soupir.

- No juegues eso ahora. (Ne joue pas à ça maintenant)

- Tout va bien...j'ai dit que je ne me défilerais plus...

Il frotta son dos comme pour la réchauffer.

- Tout ce que vous entreprenez, jour après jour, vous pouvez en être fière.

- Non...

- Ca va aller Rachel.

Elle semblait tellement fragile en cet instant, Paul sentit son cœur se déchirer, il voulait apaiser sa peine et lui rendre son sourire si éclatant.

- Mon rendez-vous avec Austin était un échec total aujourd'hui...je...

- Vous êtes fatiguée et énervée, vous devriez rentrez vous reposer.

- Non je ne peux pas.

Il se rapprocha encore et pencha la tête en avant. Sans même s'en rendre compte il colla son front au sien et ses lèvres murmurèrent à son oreille.

- Je vous raccompagne de force si vous vous entêtez à ne rien n'écouter.

- C'est moi qui suis sensée vous épauler pas l'inverse.

Elle releva la tête et le regarda.

- Vous ne voulez pas me parler de votre affaire.

- Non pas du tout, ce que je veux c'est que vous preniez soin de vous, vous vous souvenez pourquoi ?

- On a un gros problème Paul...vous comprenez bien que je ne vais pas pouvoir continuer à vous suivre.

Le jeune homme écarquilla les yeux en arrêtant de respirer.

- Pourquoi ?

- Parce que ce n'est pas très professionnel de ma part de continuer dans cette voix. C'est une question d'éthique.

- Je refuse de parler de ma vie avec quelqu'un d'autre que vous, c'est clair ?

- Paul ce n'est pas...

- NON ! Je...

Il secoua la tête, nerveux.

- J'ai besoin de ces deux heures par semaine parce que ça allège le chaos qui règne au-dessus. C'est ma pause...et je me fiche de cette question d'éthique.

- Est-ce que c'est juste pour compléter un tableau de chasse déjà bien rempli ?

Une bouffée de colère s'insinua en lui, se répandant comme du venin, il se rapprocha d'elle et vrilla son regard au sien.

- Vous m'avez demandé une réponse, je vous l'ai donné...à vous de décider maintenant.

- Je ne peux pas être objectif en ce qui concerne votre thérapie.

- Et alors ? Le but c'est d'améliorer mon comportement au sein de la brigade et de faire un travail sur moi-même, lisser les cicatrices du passé qui pourrissent mon quotidien, non ? Et ce n'est pas seulement la thérapeute qui a réussi à aplanir la situation...Eres tu (c'est toi). Je...

Il soupira fortement.

- Je vois les pires actes que l'être humain est capable de faire parfois et jusqu'à présent j'encaissais comme je pouvais mais au final ça me ronge plus que je ne veux le voir. Est-ce que ça vient du fait que mon père est un enfoiré ou parce que ma mère est partie trop tôt, j'en sais rien...il n'empêche que la solution c'est vous.

Paul se rapprocha et caressa sa joue tendrement.

- Je ne sais pas comment m'y prendre pour vous faire comprendre à quel point je me sens bien qu'en je suis près de vous. C'est la première fois que je me sens aussi déstabilisé face à quelqu'un, je ne sais pas quoi faire, ni quoi dire...Tengo miedo de estrellar. (j'ai peur de me planter) ou pire de me lasser et vous valez mieux que ça.

Rachel secoua la tête en faisant une petite moue.

- Je refuse de vous traiter comme toutes celles qui ont croisé mon chemin jusqu'à maintenant mais j'ignore si je serais capable d'être à la hauteur de ce que vous attendez de moi.

- Je sais comment vous fonctionnez, c'est votre manière à vous de vous protéger et je ne vous demande pas de changer quoi que ce soit pour moi. J'aimerais juste savoir si ce qui vous tourmente maintenant est plus important que ce qui vous exulte habituellement quand vous vous retrouvez devant un nouveau défi.

- Vous n'êtes pas un défi, Rachel c'est...Vous êtes la première personne qui me donne envie de me dépasser complètement.

Une larme coula sur la joue de la jeune femme face à cet aveu et son cœur tressauta dans sa poitrine. Paul colla son front au sien.

- Eres mi tregua...mi tregua mas hermosa. (tu es ma trêve, ma plus belle trêve)

Il sécha les traces humides de ses joues, parcourant sa peau du bout des doigts. Mais son portable vibra dans sa poche.

- J'en ai marre de ce boulot.

Rachel éclata de rire alors que Paul se reculait pour décrocher.

- Cardoza ?...ok je monte.

Il ferma les yeux et Rachel tendit le bras vers lui, instinctivement il entrecroisa ses doigts aux siens.

- Il y a un problème avec l'affaire en cours.

- Allez-y.

Il la regarda longuement.

- Rentrez chez vous Rachel...vous en avez grand besoin.

- Oui.

Elle hocha la tête et Paul se pencha pour embrasser sa joue. Un sourire étira les lèvres de la jeune femme alors que l'inspecteur sortait pour rejoindre son unité. Une fois seule, elle rassembla ses affaires avec une curieuse sensation au creux de l'estomac. Sans avoir le temps de se poser de questions, la porte d'entrée s'ouvrit une nouvelle fois, la faisant sursauter. Elle s'arrêta en fronçant les sourcils.

- Paul ? Vous avez oublié quelque chose ? »

Il referma la porte derrière lui et s'avança vers elle en la regardant attentivement. A quelques centimètres de son corps il esquissa un sourire en coin avant de souffler comme pour se donner un peu de courage. Il ressemblait à un adolescent et il détestait ça mais le constat était simple, pour elle, il était près à faire n'importe quoi ! Il leva les bras et glissa ses mains sur ses joues afin de rapprocher son visage du sien. Rachel sentit son cœur s'arrêter de battre et le corps de Paul trembla légèrement. Son nez caressa le sien et dans un geste lent, prudent, dosé et réfléchis pour ne pas l'effrayer il posa ses lèvres sur les siennes. Elles étaient douce, pleines et gourmandes. D'abord déstabilisé, Rachel hésita puis finalement sa bouche s'ouvrit et elle laissa Paul prendre possession de tout son être. Un brasier immense s'empara de lui, savourant cet instant envoûtant, il cru exploser lorsqu'il sentit la langue de la jeune femme caresser sa lèvre inférieure. Il glissa une main dans ses cheveux et la rapprocha de lui. Son corps s'imbriqua contre le sien et il put approfondir leur baiser. A bout de souffle, Rachel se recula légèrement, déposant un dernier baiser au coin de sa bouche. Paul rencontra son regard et esquissa un sourire.

« - J'avais oublié un léger détail. »

Yes, she caught my eye (oui elle a attiré mon regard)

As i walked on by (car nous avons amrché côte à côte)

She could see from my face that i was (elle pouvait voir sur mon visage que)

Flying high (je volais très haut)

You're beautiful, you're beautiful (tu es belle, tu es belleà

You're beautiful, it's true (tu es belle, c'est vrai)

There must be an angel ith a smile on her face (ça doit être un ange avec un tel sourire sur son visage)