note : pour les scènes d'enquêtes je me suis inspirée de la série New York de Dick Wolf
Musique : Ryan Adams : Desire
Sam reposa Rachel sur ses pieds et adressa un signe de la main à ses amies.
"- Les filles je vous présente Sam Rowell un copain de fac...Sam je te présente : Claire, Jenny, Letty et Mindy.
Elle se retourna vers lui le cœur battant.
- C'est incroyable de te voir ici.
- Je fête l'enterrement de vie de garçon d'un pote à moi.
Claire s'approcha de la psychologue.
- Rachel ça va aller ?
- Oui c'est bon, vous pouvez retourner danser les filles."
Rachel désigna le canapé rouge à son ami et ensembles il s'installèrent afin de prendre le temps de discuter. Sam était un grand gaillard, aux cheveux bruns coupés très courts et un sourire éclatant de joie de vivre.
"- Et toi qu'est-ce que tu fais ici ?
- Journée et soirée entre filles.
- Tu es toujours psychologue ?
- Oui je travaille pour le département de la police.
Sam siffla d'admiration.
- Et toi ? Toujours dans le droit ?
- Oh non...j'en avais marre des bancs de la fac alors j'ai changé de voie...je suis pompier.
Rachel écarquilla les yeux et son ami rigola.
- T'es sérieux ?
- Oui...en fait je suis là avec mes potes de la caserne.
- Connaissant ta personnalité ce n'est pas très étonnant finalement et je suis sûr que l'uniforme te va très bien.
Ils rigolèrent un instant avant que Sam ne perde son sourire et ne grimace.
- J'ai appris pour Riley, je suis désolé.
La jeune femme haussa les épaules. Ils s'étaient tous les trois connu à Columbia, Sam et Riley partageaient le même étage sur le campus avant que le petit ami de Rachel n'emménage chez elle. Ils avaient formé une bande sympa d'étudiants assez sérieux avec un petit grain déjanté de temps en temps, les garçons adoraient se retrouver à la tombée de la nuit pour une partie de jeux vidéo ou pour discuter afin de refaire le monde. Et puis ils s'étaient tous éloignés par la force des choses.
- Ce sont les aléas de la vie.
- Que c'est-il passé ?
Un bouffée de mélancolie serra le coeur de la jeune femme.
- Il y avait un message un jour sur le répondeur qui disait qu'on lui offrait un poste à la Bradley's Corp, la plus grande agence d'architecture au monde...un poste en Espagne. On n'a pas eu besoin de se dire quoi que ce soit, en entendant la proposition qu'on lui faisait, c'était clair qu'il n'y avait pas matière à réfléchir, il devait accepter. Moi je ne pouvais pas partir, je venais de me lancer dans un mémoire de fin d'étude assez complexe et je visais le poste au sein du département de la police. Il n'y a pas eu de dispute, beaucoup de larmes parce que stopper six ans de relation du jour au lendemain c'est dur mais c'était une décision inéluctable. Il a fait ses cartons et il est parti. Aujourd'hui il partage son temps entre Barcelone, Paris et la Suisse...il adore ce qu'il fait et ça le rend heureux...C'est tout ce qui compte.
- Et toi ?
Un maigre sourire étira ses lèvres, les souvenirs étaient toujours aussi douloureux, sa relation avec Riley était si fusionnelle et si tendre. Depuis plus de deux ans maintenant elle n'était entourée que par la solitude et l'angoisse.
- Tu veux savoir à quel moment j'ai compris ce qui se passait ? Ce matin là quand j'ai ouvert les yeux et que j'ai vu que sa place dans le lit était vide. C'est là que j'ai senti que les choses ne seraient plus jamais pareilles.
Sam passa une main dans son dos au moment où une larme roulait sur sa joue. Le jeune homme avait toujours admiré leur couple, solide et complice. Riley était quelqu'un d'intègre et de sérieux, Rachel timide et sincère, ils allaient tellement bien ensembles que tout les membres de leur groupe savaient qu'ils finiraient leurs jours côte à côte, marié et avec des enfants. Mais parfois la vie réserve des surprises. Rachel essaya de relativiser.
- Ca va...mon travail me prend beaucoup de temps ça m'évite de trop y penser.
- Je sais qu'il est parti à deux mois du mariage.
Ils se regardèrent intensément. La vérité était plus difficile que ce que la jeune femme pouvait confier aux gens.
- Ca été dur pour lui comme moi, je n'ai pas été la seule à souffrir de tout ça. Le plus difficile c'est de recommencer...Avec Riley..., on n'avait pas besoin de se parler pour se comprendre, encore aujourd'hui quand je l'appelle, il sait si ça va ou pas et inversement. Aujourd'hui je doute en permanence, me mettre en avant pour plaire c'est pas facile alors tu penses bien que rencontrer quelqu'un c'est...
- Peut-être que tu te mets trop la pression Rachel, tu es quelqu'un de génial et tu es très belle.
Elle le regarda attentivement en rigolant. Sam était mignon, un peu charmeur mais dans ces souvenirs, c'était quelqu'un sur qui on pouvait compter en cas de besoin.
- Tu sortais avec Olivia Gretson il me semble.
- C'est fini depuis un moment, je n'ai personne qui partage ma vie en ce moment.
Il leva le doigt et dégagea une mèche des ses cheveux et Rachel sentit son cœur sauter dans sa poitrine, l'alcool ne l'aidant certainement pas à avoir les idées claires.
- T'accepterait un verre avec moi un de ces jours ?
- Rachel ?
Les deux amis relevèrent la tête vers Claire qui esquissait un sourire.
- Je crois qu'on devrait y aller, Jenny a assez picolé et Mindy va finir par s'envoyer en l'air avec tous les mecs de la boîte.
La psychologue hocha la tête.
- Oui bien sûr.
- Je vous raccompagne jusque dehors.
Sam les suivit toutes les cinq et alors qu'ils passaient la porte d'entrée, Jenny se précipita vers son mari qui l'attendait sur le trottoir avec Paul à ses côtés. Devant la mine qu'affichait Rachel, Claire s'empressa de lui expliquer.
- C'est Jenny qui les a appelé pour qu'ils passent nous chercher.
- Oui d'accord...
Lorsqu'elle aperçut Paul, Mindy se précipita et se jeta littéralement sur lui. Rachel baissa la tête en sentant son estomac se retourner. La situation avait-elle réellement évolué ? Le baiser qu'ils avaient échangé n'avait probablement rien scellé et pourtant Paul lui avait dit qu'il ne se défilerait plus. Et elle ? Quelle attitude devait-elle adopter ?
- Tu me ramènes chez toi, j'ai envie de jouer.
Mindy lui adressa une petite moue enfantine.
- Toi t'as encore forcé sur la vodka.
Au bord des larmes Rachel se détourna. Sam s'approcha d'elle et déplaça une nouvelle mèche de ses cheveux.
- Ca m'a fait plaisir de te revoir.
- Moi aussi.
Au loin Claire grogna légèrement. Du coin de l'oeil elle avait surveillé l'échange entre son amie et le pompier. Ils avaient l'air de bien se connaître mais l'attitude de Sam avait mis la puce à l'oreille de la secrétaire, ça se voyait comme le nez au milieu de la figure, qu'il lui faisait un plan drague très cliché.
- Ne le laisses pas faire ça.
Joe fronça les sourcils.
- Ils se connaissent ?
- Copain de fac.
Jenny sautilla sur place.
- Il es sexy c'est un pompier.
A ses côtés Claire secoua la tête.
- C'est un crétin, il lui a parlé de Riley pendant plus d'un quart d'heure. Elle avait l'air triste et lui trop compréhensif, c'est pas bon le retour en arrière. J'espère qu'elle est plus intelligente que ça.
Jenny se redressa.
- C'est une bonne chose qu'ils se connaissent depuis longtemps non ? Ca crée une relation de confiance.
- Non je crois pas non.
En face Sam esquissa un sourire à l'encontre de la jeune femme. Il avait toujours trouvé Rachel très belle et douce, aujourd'hui encore il avait aimé discuter avec elle et comme il n'avait aucune obligation dans sa vie en ce moment, il se disait que l'opportunité de la revoir était idéale.
- Alors ce verre ?
Dans un coin de sa tête, Rachel voulait peut-être accepté parce que Sam était un mec sympa et sécurisant, elle le connaissait plutôt bien, le risque était donc minime mais le souvenir de sa conversation avec Claire lui revint en mémoire et elle serra les dents en sentant son cœur palpiter.
- Je vais devoir décliner Sam.
- Pourquoi ?
- Parce que je...
Elle était tiraillée entre le fait que Sam était quelqu'un de bien et attirant et le fait que Paul se tienne derrière elle à quelques mètres seulement et qu'elle ne savait toujours pas trop où ils en étaient mais comme le lui avait fait remarqué Claire, elle devait lui laisser sa chance et accepter l'invitation de son ancien copain de fac équivaudrait à trahir les sentiments confus qu'elle essayait d'aplanir avec Paul.
- Tu es un ami de longue date et je voudrais que ça reste comme ça, on peut boire un verre pour discuter et passer un bon moment, ça serait sympa mais ça s'arrêtera là.
Il glissa leva la main pour caresser sa joue mais elle recula. Une colère sourde serra progressivement le cœur de Paul. Il ne devait pas étaler ce qu'il ressentait pour elle devant tous le monde mais ce type le rendait nerveux. Claire du sentir sa tension car elle le regarda en secouant la tête, signe muet lui disant de faire confiance à la psychologue.
- Sam s'il te plaît ne rend pas les choses plus compliqué.
A contre cœur il hocha la tête et s'éloigna sans lui dire au revoir. Rachel ferma les yeux en soupirant. Gênée et le cœur lourd, elle voulait rentrer chez elle, pleurer un bon coup et ne plus sortir de sous sa couette jusqu'à lundi matin parce qu'elle avait peur de regretter cet instant fugace d'opportunité. Elle sursauta quand elle sentit quelque chose frôler ses épaules. Claire déposa un bisous sur sa joue.
- Tu vas attraper froid...enfiles-ça.
La jeune femme lui glissa une veste en sweat très épaisse et noire qui sentait bon le parfum brute. En se retournant elle aperçut Jenny et son mari qui se dirigeaient vers une voiture en compagnie de Mindy. Paul se tenait près du lampadaire de la rue en tee-shirt, la psychologue fronça les sourcils en comprenant que la veste qu'elle portait était la sienne. Ils se regardèrent longuement. La voix de sa secrétaire la sortie de ses pensées.
- Letty va te ramener, elle vit pas très loin de chez toi...moi, j'habite à l'autre bout de la ville.
- Oui bien sûr.
Claire attrapa le bras de son cousin et l'entraîna vers sa voiture alors que Letty s'approchait doucement de sa collègue.
- Alors comme ça Sam est pompier, sympa."
...
Il ouvrit la porte de son frigo afin d'attraper une bouteille d'eau et il dévissa le bouchon pour avaler quelques gorgées. Il posa sa boisson sur le comptoir puis il prit appui sur le plan de travail, les bras tendus, la tête basse, un soupir s'échappant de sa gorge. Paul se sentait perdu, nerveux, il lui était de plus en plus difficile de cacher ses sentiments envers Rachel. Que pensait-elle réellement de tout ça ? Il espérait qu'elle avait abandonné l'idée d'une envie passagère qui ne se solderait que par un passage dans son lit. Il avait besoin d'elle, d'être à ses côtés et de partager plus que qu'une attirance fugace. Il le sentait au fond de lui-même mais il ne savait pas comment lui prouver.
...
Quand il avait ramené Claire chez elle, un silence pesant avait tout d'abord envahi l'habitacle de la voiture.
"- Six ans de relation...ca doit être dur de rebondir après ça.
Paul se concentra sur la route en serrant les dents.
- Ouais sûrement.
- Elle n'a pas confiance elle...du coup elle a peur que tu ne l'attires vers toi avant de l'éloigner rapidement comme la plupart des filles qui passent le seuil de ton appartement.
- C'est ce qu'elle t'a dit ?
- Pas vraiment, mais ça se voit. Elle a été super cool avec Mindy et pourtant je peux t'assurer que ça ne doit pas être évident, quand on sait ce qui vous lie tous les deux. T'as débarqué avec elle à l'anniversaire de Julian. Qu'est-ce qui t'es passé par la tête ?
Paul laissa échapper un long soupir. Il était prêt à reconnaître l'absurdité de sa décision car évidemment ça ne ressemblait en rien à comportement habituel.
- Tu peux peut-être commencer par me dire comment t'as su ?
- PAUL ! Tout le monde le sait, faudrait être aveugle pour ne pas savoir mais visiblement il n'y a que toi et Rachel qui faites semblant de ne pas comprendre. Vous avez la trouille de ne pas être à la hauteur, toi parce qu'elle est complètement différente de tes relations courantes et ça te déstabilise et elle parce que vu la réputation que tu traînes derrière toi, ça ne peut rien laisser présager de bon. Seulement aucun de vous ne peut savoir comment ca va se passer, vous n'avez même pas essayer.
- C'est trop dangereux.
- Oh arrête un peu ! C'est n'importe quoi. T'es complètement accro Paul, tu meurs d'envie d'être avec elle seulement tu ne sais absolument pas comment t'y prendre. Tu es aussi effrayé qu'elle mais pas pour les mêmes raisons. Les cicatrices sont lourdes à partager mais moi je trouve que ça te fais du bien et à elle aussi.
- Je ne veux pas la faire souffrir.
- Oui mais demandes-toi une chose, est-ce qu'un instant éphémère suffirait ? Est-ce que renoncer ça suffirait ? Tu ne veux pas t'approcher mais tu refuses de t'éloigner. Décides-toi parce que même si Sam n'a pas obtenu son rencard ce soir, il se pourrait bien qu'elle accepte le prochain.
Paul grimaça en sentant son coeur palpiter fortement. L'image de Sam repoussant une mèche des cheveux de Rachel s'infiltra dans son esprit au même titre que Franck et Richard et un sentiment de malaise s'empara de lui.
- Elle t'a dit quoi ?
Claire soupira.
- Je l'aime bien tu sais, elle est gentille et drôle et...je suis contente de pouvoir être amie avec elle. J'en ai pas beaucoup...promets-moi un truc ?
- Quoi ?
- Ne fais pas le salopard.
Ils se regardèrent intensément sans rien dire pendant quelques secondes.
- Elle est arrivée à un stade où elle accepterait n'importe quoi venant de toi, parce que tu lui plais énormément et que...en se retrouvant face à Mindy, c'est comme se prendre un miroir déformé à cent kilomètre heure en pleine figure, elle ne devrait pas se comparer à elle ou entendre des anecdotes déplacées sur ce que vous faites quand vous êtes ensembles, mais elle prend sur elle parce qu'elle a trop de respect pour les gens. Tu t'es approché d'elle en lui laissant croire que tu étais attiré par elle, alors soit tu lui dis que c'est juste pour coucher avec elle et elle saura à quoi s'en tenir ou tu dégages et tu l'oublis.
- Et si c'est plus qu'une envie passagère ?
Claire esquissa un sourire.
- Alors appliques les principes de bases de la galanterie et invites là à diner."
...
Elle leva la tête et regarda les étoiles éclairer le ciel. La jeune femme resta sur le trottoir quelques secondes, serrant les pans de sa veste autour d'elle, humant son parfum, trouvant en elle le courage d'avancer. En arrivant dans le hall, le portier retira sa casquette et la salua poliment.
"- Mlle Berckley je suis content de vous revoir.
- Moi aussi...euh je sais qu'il est très tard mais est-ce qu'il est là ?
L'agent de l'immeuble esquissa un sourire en sachant pertinemment à qui elle faisait allusion.
- Oui.
- Est-ce qu'il est seul ?
- Oui...vous voulez que je le prévienne de votre arrivée ?
- Non s'il vous plait je...
- Très bien venez..."
Il la dirigea gentiment vers l'ascenseur et inséra la clé à côté du numéro 125. Rachel esquissa un sourire et les portes de la cabine se refermèrent.
Lorsqu'elle arriva, seul les petits spots au sol éclairaient le couloir, elle respira profondément avant de s'avancer jusqu'au séjour. L'appartement était plongé dans le noir, les stores étaient baissés et pendant un instant, Rachel se demanda ce qu'elle était en train de faire. Pouvait-on assimiler ça à une violation de propriété ? Chez un inspecteur de police armée en plus.
Elle s'avança jusqu'à l'escalier de verre et leva la tête pour regarder vers l'étage, son cœur battait si fort qu'elle avait la curieuse sensation qu'on pouvait l'entendre dans le silence de l'appartement. Elle aurait peut-être du laisser le portier le prévenir de son arrivée finalement, car maintenant qu'elle était là, elle ne savait plus du tout quoi faire.
"- Je suis là.
Rachel poussa un cri en sursautant, la main sur la poitrine. Elle se retourna vivement vers la gauche en direction du bar et de la cuisine. Paul se tenait près du comptoir. La jeune femme tremblait et respirait difficilement. Le jeune homme esquissa un sourire. il avait prit le temps de l'observer, discrète, gênée, marchant sur la pointe des pieds pour ne pas faire de bruit. Le portier lui avait discrètement envoyé un message sur son portable pour lui dire qu'elle était en train de monter afin qu'il ne soit pas trop surpris par le bruit de l'ascenseur. Elle portait toujours sa veste noire, son pantacourt bleu marine et son débardeur blanc, ses cheveux étaient toujours tressés et même dans l'éclat sombre de la nuit, il pouvait certifier qu'elle était belle. Rachel souffla doucement pour reprendre ses esprits, face à lui, elle se sentait comme une intruse.
- Je suis désolée...je...je ne voulais pas débarquer comme ça mais je...
Il s'avança vers elle en souriant.
- Insomnies ?
- Oui.
- A cause de quoi ?
- J'en sais trop rien en fait, un goût d'inachevé.
- C'est à cause de Sam ?
- Il m'a invité à boire un verre mais j'ai refusé, c'est bon copain, on était à la fac ensembles mais c'est tout.
- Pourquoi ?
Ils se défièrent du regard laissant le courant électrique se répandre, les attirants l'un à l'autre. Paul sentit son cœur battre plus fort quand la jeune femme se rapprocha de lui.
- Parce qu'il n'est pas celui que je veux.
Elle avait besoin de réponse, elle avait besoin de savoir où tout cela pouvait les mener. Paul hésita avant de murmurer.
- Pourquoi tu es venue jusque chez moi Rachel ?
Involontairement un sourire éclaira son visage, c'état la première fois qu'il la tutoyait.
- Je n'arrivais pas à dormir...
Elle fronça les sourcils.
- Toi non plus apparemment.
- J'ai réfléchis un peu trop je crois.
- A quoi ?
- A toi.
Elle arrêta littéralement de respirer avant de baisser la tête en serrant les mâchoires.
- Regardes-moi.
Il transperçât littéralement son regard, il repensa à sa conversation avec sa cousine et sentit une bouffée légère s'infiltrer dans tout son corps, quelque chose qui se libéra doucement et qui lui redonna confiance.
- Je ne veux pas que tu penses que...ce que tout ce que j'attends de toi c'est de te mettre dans mon lit.
Il s'approcha en avalant difficilement sa salive, il avait envie d'elle, terriblement envie mais ça allait bien au-delà d'une attirance physique.
- Je suis attiré par toi depuis le premier jour, pour tout un tas de raisons que je n'arrive pas à comprendre, tu représentes tellement de choses Rachel. Je me suis rendu compte que j'appréciais de te voir, de t'entendre, je m'intéresse aux choses qui te semble importantes, ce que tu fais, ce que tu dis, ta façon d'être...Peut-être que ça ne durera qu'un temps.
Il avait l'honnêteté de dire qu'il ne pouvait connaître l'issu de cette attirance et Rachel trembla en repensant une fois de plus à tout ce qu'elle avait confié à la cousine de Paul et inversement.
- Si c'est le cas alors je suis désolé...mais attendant c'est là et je peux te promettre un truc en tout cas, c'est que je ne ferais rien qui te pourras te blesser.
La jeune femme ferma les yeux en se mordant l'intérieur de la joue. Quand elle le regarda à nouveau elle s'aperçut qu'il s'était encore rapproché.
- J'ai envie d'être avec toi, parce que tu apaises ce qu'il y a de plus désordonné en moi. J'ai besoin de toi.
Rachel souffla doucement avant de reprendre le fil de ses idées.
- Tu sais pourquoi je suis là ?
Il secoua légèrement la tête.
- J'ai passé une super journée avec les filles, on s'est bien amusé et cette soirée, c'était sympa, même ma conversation avec Sam était sympa mais la finalité de tout ça c'est qu'il m'a manqué quelque chose, tout au long de cette journée...j'ai pas arrêté de penser à toi, parce que...
Elle se mordit la lèvre inférieure et le regard de Paul se perdit sur sa bouche avant de retrouver ses yeux. Il avait l'impression que son coeur allait sortir de sa poitrine.
- J'avais envie de savoir si le baiser que tu m'as donné était juste un prémisse pour m'attirer davantage vers toi et me faire céder.
- Rachel je...
Elle leva un doigt pour caresser sa bouche et à son contact il ferma les yeux en se laissant dériver par ce qu'il ressentait au fond de lui. Il la sentit bouger. Elle tourna légèrement la tête et murmura à son oreille.
- Et tu sais quoi ? Je m'en fiche...J'ai envie d'être avec toi, là tout de suite, j'en ai marre de jouer Paul, j'en ai marre d'attendre. Je sais que tu ne peux rien me promettre et ça serait peut-être trop de ma part d'exiger que tu changes quoi que ce soit pour moi. Alors je suis là, peu importe ce qui ce passera, tout ce que je veux maintenant c'est être avec toi.
- Ce n'est pas un jeu.
Ils se regardèrent longuement.
- Je ne veux pas te faire souffrir, j'ai peur de faire un pas de travers et...
Une fois encore elle caressa sa bouche.
- Chut...je ne te demandes rien Paul je...
- Tu mérites mieux qu'une liaison éphémère tu ne crois pas ?
- Pourquoi ?
Le nez du jeune homme caressa le sien délicatement.
- Parce que tu es différente, tu es belle, intelligente et douce. Tu es trop respectueuse pour que quiconque te méprise, moi le premier. J'ai envie d'être avec toi et s'il y avait une notice pour savoir comment je dois procéder je l'aurais déjà étudier mais visiblement je dois composer sans.
- Je n'ai pas besoin d'un déballage de séduction.
- Mais tu le mérites non ?
- Tu cherches quoi Paul ?
- A faire en sorte que tu n'aies pas à regretter quoi que ce soit.
Rachel sentit son coeur palpiter et elle écarquilla les yeux.
- Tu as peur de ta propre réaction c'est ça ? Tu as peur de me laisser en plan et de te sauver ?
- J'ai peur de ne pas être à la hauteur.
- A la hauteur de quoi exactement ?
- De vivre une vraie relation avec toi.
La jeune femme arrêta de respirer alors qu'il continuait à murmurer.
- Je t'ai dit que je ne me défilerais plus mais je ne sais pas comment faire pour te prouver à quel point je tiens à toi.
Elle hocha timidement la tête avant de lui répondre.
- Dis-moi de rester dans ce cas.
Ils se regardèrent intensément et Paul sentit son corps trembler contre le sien, il glissa sa main sur sa taille jusque dans son dos pour la serrer contre lui. Puis il perçut son souffle court.
- Tu ne dois pas te sentir obliger de...
Elle détourna la tête pour caresser le bout de son nez avec le sien. Sa peau était douce et chaude. Quand ils se regardèrent, ce fut comme une explosion brûlante.
- Je sais...mais je suis là quand même et je ne veux pas sentir que tu me repousses parce que tu crains que la morale ne suivra pas. Si tu as autant envie que ça que ça marche alors aies confiance en ce que tu ressens...aies confiance en moi. Je ne veux pas être ailleurs.
Il colla son front au sien. Ses mains quittèrent sa taille pour glisser dans son cou jusqu'à ses joues, il rapprocha son visage du sien et attrapa doucement ses lèvres. Un profond soupir s'échappa de la gorge de Rachel. Elle se rapprocha alors que sa main déviait dans ses cheveux, approfondissant leur baiser. Un élan fulgurant traversa son corps et elle passa ses bras autour de sa nuque pour se coller à lui. Elle le sentit bouger doucement avant de rencontrer la rugosité du mur de la cuisine dans son dos. A bout de souffle, Rachel s'écarta emmêlant ses doigts dans les cheveux du jeune homme qui caressa sa joue avec le bout de son nez. La psychologue avala difficilement sa salive et se laissant porter par son désir, elle lui attrapa la main pour l'entraîner derrière elle. Ils montèrent les escaliers qui menaient à l'étage mais arrivé sur le palier, la jeune femme hésita. Paul rigola légèrement avant de coller son dos contre son torse. Il murmura prudemment à son oreille.
- A droite.
Il déposa un baiser dans le creux de son cou et elle trottina jusqu'à une porte en bois sombre, qu'elle ouvrit doucement. La pièce était uniquement éclairée par les lumières de la ville, très bien agencée avec un grand lit, un immense écran plat, deux tables de chevet, de la moquette sombre et des spots au plafond qui pour le moment étaient éteins. Elle observa la métropole quelques instants alors que Paul se tenait sur le seuil de la porte, l'épaule appuyée contre le chambranle. Une bouffée de chaleur traversa tout son corps en constatant à quel point elle était belle. Quand elle se retourna vers lui, il savait que peu importe ce qui se passerait, il ferait tout pour la préserver. Elle tendit la main et doucement il s'approcha en entrelaçant ses doigts aux siens. Elle baissa la tête en rougissant. Il savait que son ex compagnon avait quitté le pays pour son travail depuis plus de deux ans maintenant et qu'elle n'avait eu personne dans sa vie depuis. Instinctivement il compris son malaise. L'inspecteur se souvenait également de ce que Claire lui avait confié dans la voiture à propos de Mindy, il ne voulait que Rachel se compare à ses anciennes conquêtes, il ne voulait pas qu'elle change quoi que ce soit à ce qu'elle était, sa simplicité l'attirait sans aucun besoin d'artifice supplémentaire. Il glissa un doigt sous son menton pour la forcer à le regarder. Il déposa un baiser sur son front en caressant ses joues. Il entendit la fermeture éclair de la veste qu'elle portait.
- Je me souviens maintenant...en fait j'étais venue te rendre ta veste.
Il rigola légèrement.
- Je savais qu'elle te serais très utile.
Elle dégagea ses bras pour la retirer et son cœur se mit à battre furieusement dans sa cage thoracique en sentant les relents de son parfum sucré.
- Tu es tellement belle.
Rachel se pencha vers lui pour l'embrasser tendrement, avant d'entourer sa nuque en se hissant à sa hauteur. Après toutes ces semaines de tensions, c'était si agréable de la sentir contre lui. Sa taille était fine, elle semblait si fragile entre ses mains. Soudain il sentit ses doigts attraper le bord de son tee-shirt, sa peau frissonna en sentant ses ongles érafler son ventre. Il se recula légèrement afin de lever les bras pour l'aider à retirer son haut. Leurs regards s'accrochèrent et sans le quitter des yeux, elle laissa ses mains glisser sur son torse chaud et musclé. Paul serra les dents en essayant de contenir son émotion alors qu'elle remontait vers ses épaules, son regard s'attarda sur son tatouage sur le bras gauche : un entrelac de rosace tribale souvenir des ces années d'académie. Délicatement Rachel en dessina les contours du bout du doigt avant de dévier vers la cicatrice qui barrait sa clavicule. Leurs regards s'accrochèrent. Emu, il se rapprocha d'elle et la repoussa en arrière jusqu'à ce que l'arrière de ses genoux cognent contre le bord du lit. Elle leva les bras derrière elle et s'allongea sur le matelas. Paul resta un instant à la contempler, bouleverser par sa présence entre ses murs. il se pencha en avant, la surplombant légèrement, un bras de chaque côté de sa tête. Son torse heurta le haut de son corps et ses yeux transpercèrent les siens avec beaucoup d'intensité. Il pencha la tête et caressa sa joue avec le bout son nez. Ses lèvres tracèrent un sillon brûlant du creux de son oreille jusqu'en haut de sa poitrine avant de déplacer une des bretelles de son débardeur. Sa main droite entra en contact avec la peau de son ventre, elle était si douce, si chaude, instinctivement Rachel se cambra vers lui. Il se figea un instant en la regardant dans le yeux quand elle crocheta le bouton de son jean mais leur instant si intense et si parfait fut soudain interrompu par la sonnerie du portable de Paul.
Déstabilisé, le couple se regarda, essoufflé et tremblant avant d'éclater de rire face aux assauts répéter de la sonnerie. Paul posa le front dans le creux de son cou et Rachel lui caressa délicatement les cheveux, embrassant sa tempe, avant qu'il ne se lève pour décrocher .
- Cardoza ?
- Salut c'est Evan...on a un cadavre près des docks. Letty est en train de cuver et Joe ne peut pas laisser Jenny toute seule avec Julian.
Paul se frotta le visage pour reprendre ses esprits, son corps encore tremblant de sa proximité avec Rachel.
- Oui c'est bon j'arrive, envois-moi l'adresse.
Il raccrocha rapidement et se tourna vers Rachel qui s'était levée du lit. Elle lui tendit son haut alors qu'il grimaçait.
- Je suis désolé.
- Ce n'est pas grave.
Paul s'avança vers elle pour glisser ses mains sur ses joues, la rapprochant de lui. Il aurait pu arriver en retard, la basculer sur le lit et lui faire l'amour rapidement, juste pour profiter de son corps, libérant cette envie tenace et folle qui lui tordait le ventre mais en la regardant attentivement, les joues roses et la respiration sifflante, il secoua la tête, elle méritait qu'il prenne son temps, qu'il explore sa peau, qu'il l'entende gémir et soupirer et surtout il voulait prolonger cette envie le plus longtemps possible. C'est pourquoi il relaya sa frustration dans un coin de sa tête et souffla doucement.
- Est-ce que tu veux bien faire un truc pour moi ?
- Oui.
- Tu veux bien rester ici jusqu'à ce que je revienne ?
Elle le regarda attentivement, bouleversée par sa demande. Rachel aurait voulu que cette nuit ne s'arrêta pas, que le temps se fige afin qu'ils profitent l'un de l'autre longuement mais les obligations professionnelles passaient avant tout le reste et elle ne pouvait pas lui en tenir rigueur. Certes elle était nerveuse face à lui, la dernière fois qu'elle s'était retrouvée nue devant qu'elle, il s'agissait de Riley, plus personne n'avait posé les mains sur elle depuis. Elle ignorait si elle serait à la hauteur de toutes celles qui donnaient du plaisir à Paul mais en même temps elle ne voulait pas renoncer à ce moment. Le fait qu'il lui demande de l'attendre par contre la surprenait et elle comprit que cela faisait partie des efforts qu'il fournissait pour lui montrer son affection. Un sourire éclaira son visage.
- Oui bien sûr.
- Tu as tout ce qu'il te faut ici et Archibald est en bas en cas de besoin.
- Archibald ?
- Le portier.
- D'accord mais tu es sûr de toi ?
- Oui je voudrais...je ramènerais le petit déjeuner.
Elle esquissa un sourire avant de déposer un rapide baiser sur ses lèvres. Paul enfila sa veste et attrapa ses clés avant de l'entraîner derrière lui dans les escaliers. A contre cœur il se dirigea vers l'ascenseur et lui tendit la main. Elle entrelaça ses doigts aux siens avant que le jeune homme ne l'embrasse intensément.
- Je te promet de faire un peu mieux les choses la prochaine fois.
- C'est à dire ?
- Je te ferais à dîner et je balancerais mon portable à l'Hudson.
Rachel rigola alors que les portes de l'ascenseurs s'ouvraient.
- Je t'appelle dès que je peux.
- Ok...sois prudent."
Il hocha la tête et disparut de son champ de vision. La jeune femme se retrouva dans son immense appartement, un peu perdue mais en même temps tellement plus sereine.
...
Le jour commençait à se lever lorsque Paul arriva au port de la ville. Il s'extirpa de la voiture et se dirigea vers Evan qui grimaça. Le jeune homme avait d'abord appelé Letty qui était toujours ivre au même titre que Jenny, Joe ne pouvait donc pas s'éloigner de la maison, en dernier recours le jeune inspecteur avait pris la décision de contacter Paul malgré les protestations de son autre collègue qui lui avait expliquer que Rachel serait sûrement avec lui.
"- Salut...ca va ? Je suis désolé mais...
- C'est bon laisses tomber...qu'est-ce qu'on a ?
- Vladimir Petrov, 38 ans, maçon, père de famille, pas de casier. Une balle dans la tête, net et propre, sans chichi. Pas de témoin, pas de bruit.
- Une exécution ?
- La mafia russe ?
- Houu Charlie ne pas aimer ce mot."
...
La jeune femme sursauta et se redressa rapidement sur le canapé en essayant de rassembler ses idées. Elle regarda autour d'elle, se remémorant les évènements de la veille. Nous étions dimanche matin et le jour semblait bien avancé. Rachel regarda sa montre et haussa les sourcils. Il était pratiquement dix heures du matin, Paul n'était pas encore rentré et la jeune femme commençait à avoir un peu faim. Elle se dirigea vers la cuisine mais devant le luxe des équipements, elle se sentie mal à l'aise. Elle grimaça en se demandant si, elle n'aurait pas mieux fait de rentrer chez elle mais d'un autre côté il lui avait expressément demandé de l'attendre. En pleine réflexion, elle sursauta en entendant la sonnerie du téléphone fixe de l'appartement, elle se dirigea vers le meuble en espérant voir apparaître le nom du correspondant sur le combiné mais il n'y avait rien d'affiché. Au bout de la cinquième sonnerie, le répondeur s'enclencha.
"- Bonjour, je ne suis pas là, laissez un message.
- Salut mon chou...C'est Cassandra, je viens seulement de rentrer et de voir ton message...écoutes, si tu veux qu'on se voit demain soir je suis dispo...Rappelles-moi pour me dire où on se retrouve et à quelle heure, bisous."
Le message s'arrêta et Rachel serra les paupières. Avait-il réellement rendez-vous avec une autre femme alors qu'ils venaient tout juste de se rapprocher l'un de l'autre ? Devait-elle exiger des explications ou au contraire accepter le fait qu'elle ne pouvait pas être une exclusivité ? Son programme de rendez-vous avec Cassandra était-il récent ou plus ancien ? Au comble de la frustration et avec un grand besoin de réfléchir et de s'aérer, elle quitta l'appartement en prétextant au portier le besoin de travailler sur ses cours chez elle. Une fois arrivée, elle se changea rapidement et partit courir afin de se vider la tête du trop pleins d'émotions et de questions. Elle laissa ses muscles se fatiguer au rythme de la musique. Elle arriva une demi-heure plus tard devant une petite boulangerie et elle entra en retirant ses écouteurs.
Une vendeuse se présenta devant elle en esquissant un sourire.
"- Bonjour mademoiselle, qu'est-ce que je vous sers ?
- Je vais prendre un beignet s'il vous plaît.
- Un dollar cinquante.
La femme lui emballa sa pâtisserie alors que la sonnette de la porte d'entrée résonna dans le dos de la psychologue, indiquant l'arrivée d'un nouveau client. Alors que Rachel payait son achat, le client dans son dos abaissa sa capuche et dégaina son arme avant de braquer la vendeuse.
- Michèle ?
Rachel tourna la tête et son corps trembla violemment. Plusieurs cris s'échappèrent de parts et d'autres et les employés au fond de l'échoppe sortirent en courant.
- Travis...mon Dieu qu'est-ce que tu fais ?
- Tu m'as quitté salope !
- Travis...
- LA FERME !
Le jeune homme regarda Rachel qui s'était figée.
- Dégagez...foutez-le camp VITE !
- Non je vous en prie écoutez-moi.
- DEHORS !"
Il leva son arme et tira dans le plafond faisant sursauter la vendeuse et la psychologue.
...
"- Ok Rogers a appelé, il confirme la mort par coup de feu à bout portant avec un seul point d'entrée, il fera l'autopsie dans la soirée pour récupérer la balle, il m'a dit que notre homme porte un tatouage cyrillique : Bratva...autrement dit...
- L'organisation criminelle russe.
- Ouais.
Soudain les portes de l'unité s'ouvrirent avec fracas laissant Charlie décoiffé et habillé de travers.
- Ben qu'est-ce qui t'arrive ?
Le chef les regarda sévèrement.
- Vous laissez l'affaire en cours de côté, vous venez avec moi on a un forcené qui a pris des gens en otage dans une boulangerie.
Paul balança son stylo sur le bureau en soupirant.
- Putain c'est pas vrai...on est dimanche, ils s'arrêtent jamais ?"
...
Two hearts fading, like a flower (deux cœurs s'effacent, comme une fleur)
And all this waiting, for the power (et toute cette attente, pour la puissance)
For some answer, to thir fire (pour une certaine réponse, à ce feu)
Sinking slowly. The water's higher (descendre lentement. L'eau est plus haute)
Desire (désir)
