note : pour les scènes d'enquêtes je me suis inspirée de la série New York de Dick Wolf
Musique : Rock Voisine : Même si
"- Capitaine Price brigade criminelle.
Charlie serra la main à un petit homme chauve tout en muscle.
- Capitaine Batilda, unité du S.W.A.T.
- Qu'est-ce qu'on a ?
- Travis Watson 31 ans, aucun casier, aucun antécédent psy, il travaillait dans un fast food mais il y a un mois il a été viré pour restructuration de l'entreprise. Une petite amie Michèle Bergotti 30 ans, elle a rompu la semaine dernière...on pense qu'il a pété les plombs suite à ça. Elle est vendeuse dans cette boulangerie.
- Combien de personnes sont à l'intérieur ?
- Trois...Travis, Michèle et une troisième personne qu'on vient seulement d'identifier, le reste du personnel est sorti au moment il a dégainé son arme et il n'y avait pas d'autre client.
- La troisième personne c'est qui ?
La capitaine Batilda soupira.
- On a établit le contact grâce à elle, on sait que Travis a un smith et wesson et qu'il a tiré une balle dans le plafond qui a ricoché et qui a touché Michèle mais ce n'est pas très grave apparemment. On voulait attendre une petite heure avant de le rappeler mais...
Charlie arrêta le discours du responsable de l'unité d'élite et secoua la tête.
- On m'a tiré du lit un dimanche matin pour me signaler une prise d'otage dans une boulangerie et pour me dire qu'on avait besoin de mes gars sauf qu'apparemment vous gérez très bien la situation, alors expliquez-moi ce qu'on fout ici ?
Le chef du SWAT grimaça avant de se tourner vers un de ses hommes.
- John, essaye de rétablir le contact !
Puis il se tourna vers Charlie.
- On vous a fait venir parce que la troisième personne c'est votre psychologue : Rachel Berckley.
Une panique sourde tomba comme une pierre sur le groupe qui se tenait face au capitaine Batilda. Joe avait écarquillé les yeux, pensant à une erreur de la part du SWAT, Charlie refusa littéralement d'imaginer la jeune femme face à un dingue, quand à Paul il arrêta de respirer et tout son corps se tendit, c'était forcément une blague, Rachel se trouvait chez lui en ce moment même...elle devait attendre qu'il rentre. Son esprit s'échappa très brièvement sur la sensation qu'il avait éprouvé quelques heures plus tôt, la douceur de sa peau, la chaleur de son souffle, ses baisers et cette envie irrépressible de rester dans cette bulle de paix avec elle.
Le capitaine Price secoua la tête en tentant de reprendre ses esprits avant de s'adresser à son collègue.
- Vous lui avez parler ?
- Apparemment Travis voulait qu'elle quitte les lieux mais elle a refusé, ensuite on ne sait pas trop ce qu'il c'est passé, il semble qu'il y ait eu un coup de feu suivit d'une altercation, les passants disent avoir entendu pas mal de remue ménage et de cris et puis on reçu un appel au central provenant de son téléphone...c'était une sorte de message mal tapé qui disait qu'il y avait un homme avec une arme dans une boulangerie, qu'elle s'appelait Rachel et qu'elle était de la maison.
- Vous êtes sûr qu'elle n'est pas blessée ?
- On n'en sait rien, on n'a pas de visuel et pas d'autre témoin, pour l'instant on étudie l'architecture du bâtiment pour savoir comment procéder.
Paul se tourna vers son supérieur et ouvrit la bouche mais celui-ci l'arrêta d'un geste.
- Je sais ce que tu vas dire et la réponse est non.
- Charlie...
- Je me fous de tes arguments tu n'entreras pas là-dedans.
- Tu sais très bien que...
- PAUL J'AI DIT NON !
Charlie se rapprocha de lui et murmura.
- Ce qu'il se passe entre vous n'a rien à faire sur le terrain tu m'as bien compris ? Si tu laisses tes sentiments pour elle fausser ton jugement tu vas risquer sa vie et la tienne...J'ai besoin que tu restes objectif là, les gars du SWAT sont entraînés à gérer les prises d'otage alors laisses-les faire leur boulot...Prends ton mal en patience et fermes-là !
Le jeune homme serra les dents en sentant son cœur se serrer de colère et de frustration mêlé à un sentiment immense qu'il détestait : la peur. Joe lui attrapa le bras pour l'éloigner du groupe alors que le capitaine Batilda expliquait à Charlie la marche à suivre.
...
Les mains de Rachel tremblèrent fortement, un mélange de froid et de peur. Elle resserra le nœud du bandage de fortune qu'elle avait fait autour de la cuisse de Michèle et regarda ses doigts couverts de sang. La balle tiré dans le plafond par Travis avait ricoché et c'était logé dans la jambe de la jeune vendeuse provoquant une hémorragie que la psychologue avait tenté d'enrailler comme elle avait pu.
Pris de panique Travis avait condamné les portes d'entrée, il était nerveux et n'arrêtait pas de faire les cents pas. Rachel se redressa et se cala contre la vitrine des pâtisseries. Michèle était allongée à ses côté, le visage baigné de larmes.
"- Travis, vous ne voulez pas me parler ?
- Tout ça c'est sa faute, je l'aimais moi, j'aurais fait n'importe quoi pour elle.
- Vous étiez ensembles depuis combien de temps ?
- Dix ans.
- Pourquoi vous avez rompu ?
Michèle renifla doucement.
- J'ai rencontré quelqu'un d'autre.
Travis pointa son arme vers son ex petite amie en criant.
- Tu m'as traité comme une merde.
- Travis baissez votre arme.
- Au lieu de venir me dire ce que je devais changer.
- Travis écoutez-moi, pour l'instant c'est très douloureux pour vous mais peut-être qu'il n'y avait rien à changer justement. Ce sont les aléas de la vie et des rencontres qui se présentent.
- NON !"
Il leva son bras en l'air et tira une nouvelle balle dans le plafond.
...
"- Ok on a une trappe sur le toit qui donne sur la remise à l'arrière, on va délimiter le périmètre et faire une première approche, ensuite on pourra...
Une détonation résonna dans le silence de la rue silencieuse et la plupart des flics présents sursautèrent. Charlie ferma les paupières alors que Letty qui venait de rejoindre le groupe d'intervention plaqua ses mains sur sa bouche, de son côté Paul sentit son cœur tomber dans ses baskets.
- C'est pas vrai.
Le responsable de l'unité du SWAT hurla à plein poumon.
- Rétablissez le contact, appelez-moi Travis, GROUILLEZ !
Plusieurs sonneries se firent entendre avant qu'une voix masculine chevrotante ne réponde.
- Quoi encore ?
- Travis c'est le capitaine Batilda c'était quoi ce coup de feu ?
- Qu'est-ce que ça peut vous foutre ? Si je l'ai tué est-ce que quelqu'un va la regretter ? Cette salope s'est foutue de moi.
- Travis non !
La voix de Rachel résonna dans le combiné et les agents de la brigade criminelle se figèrent.
- Elle vous a brisé le cœur c'est normal d'être en colère...mais ça ne durera pas, vous aurez la possibilité de rebondir, vous pourrez peut-être même rencontrer quelqu'un d'autre.
- NON c'était elle, ça a toujours été elle.
Travis pleura fortement.
- NON BAISSEZ VOTRE ARME TRAVIS !
Une autre détonation retentie et Letty serra les paupières.
- Il est complètement fêlé, faut la sortir de là.
- TRAVIS ?
Le capitaine Batilda essaya de rétablir la communication en vain. Charlie secoua la tête.
- Quelles options on a ?
- Il nous faut un visuel de la pièce sans ça on ne peut pas intervenir et les plans qu'on a de la mairie ne correspondent pas aux derniers travaux effectués. On ne peut pas entrer à l'aveugle.
Agacé par cette situation insensée, Paul attrapa le bras de son mentor.
- Laisses-moi y aller.
- Il n'en est pas question.
Le responsable de l'opération regarda le jeune homme en grimaçant.
- Je suis sûr que vous êtes doué dans votre domaine inspecteur mais mes hommes sont formés à ce genre de situation.
Le compagnon de Rachel secoua la tête en claquant la langue alors que Charlie répondait à son collègue en soupirant.
- Paul a fait partie des Marines et il servit en Irak alors les prises d'otages aveugles il connaît...
Batilda haussa les sourcils.
- Je vois...Ok je vous propose un deal, vous nous laissez délimiter le périmètre et établir le contact visuel et ensuite on verra si je vous laisse nous suivre parce qu'ici on n'est pas en Irak, alors laissez-moi gérer les choses à ma manière."
Paul lui lança un regard noir, en se promettant que si Rachel n'en sortait pas vivante, il lui ferait ravaler sa supériorité à la con.
...
"- Travis ?
Le jeune homme blond et gringalet tourna la tête vers Rachel. Il avait des traces de larmes sur les joues, des cernes sous les yeux, une pellicule de sueur collait ses mèches à son front, ses vêtements mal assortis étaient froissés et des tics incessants agitaient ses mains.
- Quoi ?
- Qu'est-ce que vous faites dans la vie ?
- J'ai perdu mon boulot il y a un mois.
- C'était quoi comme travail ?
- Fast food.
- Par défaut ?
- Ouais.
- Vous n'avez jamais eu d'autres ambitions ?
- J'ai toujours aimé la photographie mais ma mère m'a foutu à la porte après l'obtention de mon diplôme de fin d'étude et il a fallu que je bosse.
- Vous n'avez pas économisé un peu pendant ces dix dernières années ?
- Si pour nous payer une maison qu'elle déteste.
- Vendez-là dans ce cas...et reprenez vos études...pourquoi ne pas...
Rachel se redressa en se tenant le ventre, après avoir balancé tout ce qui se trouvait sur le plan de travail, Travis avait donné un coup de pied dans le thorax de la jeune femme, lui brisant ainsi plusieurs côtes. Elle en avait eu le souffle coupé et depuis elle luttait pour respirer. Chaque souffle lui tiraillait le thorax.
- Pourquoi ne pas profiter de cette rupture pour engager un nouveau départ ?
- Je ne suis qu'un looser.
- Non je ne crois pas, pour l'instant vous êtes malheureux mais ça passera.
Le téléphone sonna et le jeune homme grogna avant de décrocher. Rachel en profita pour se rapprocher de Michèle.
- Comment vous vous sentez ?
- J'ai froid.
- Il faut que vous restiez réveillée Michèle vous m'entendez, quoi qu'il arrive restez éveillé.
La psychologue retira sa veste de jogging rose et recouvrit l'ex petite amie du forcené. Elle en profita pour regarder sa plaie qui continuait à saigner malgré le garrot de fortune qu'elle lui avait fait. La psychologue releva la tête vers Travis qui discutait avec les agents de police, pendant un instant son esprit s'éloigna vers Paul et elle ferma les yeux pour ne pas pleurer.
- Je n'ai aucun compte à vous rendre...non je ne veux rien...
Le jeune homme tourna la tête vers Rachel et s'approcha d'elle en soupirant. Il baissa son bras et appuya sur une touche du combiné. Un grésillement se fit entendre.
- C'est bon elle vous entend.
- Rachel ?
La jeune femme sentit son cœur tressauter dans sa poitrine et elle serra les dents pour ne pas fondre en larmes.
- Charlie...
- Est-ce que tu vas bien...Tu es blessée ?
- Ca va mais la plaie de Michèle n'est pas belle, elle a reçu une balle et le garrot ne...
La jeune femme poussa un léger gémissement de douleur provenant de son thorax.
- Fonctionne pas.
A l'autre bout du fil Charlie soupira.
- Rachel t'es blessée ?
Elle hésita un instant.
- Je dois avoir des côtes de cassées mais ça va aller.
La psychologue entendit le chef murmurer.
- C'est pas vrai...
Il y eut un instant de blanc avant qu'il ne se racle la gorge pour reprendre d'une voix plus ferme. Elle n'avais pas besoin d'entendre ses amis et collègues s'inquiéter pour elle, au contraire il fallait qu'ils puissent lui transmettre la force nécessaire pour supporter au mieux cette situation compliquée.
- Tu sais qu'Helen veut t'inviter pour Thanksgiving.
- Je viendrais avec plaisir.
Un nouveau moment d'hésitation s'immisça dans la conversation puis Charlie décida de jouer franc jeu.
- Le petit déjeuner a un peut tarder ce matin...C'était le bordel au poste.
Rachel renifla en sentant une boule serrer son ventre. Elle ne voulait pas que Paul culpabilise de ce qui était en train de ce dérouler ici, elle ne voulait pas non plus lui donner la vraie raison pour laquelle elle avait quitté son appartement ce matin. Ce n'était ni le moment ni le lieu pour en parler mais soudain en y repensant, la jeune femme trouva cela tellement dérisoire que sa gorge se chargea d'émotion et elle laissa échapper plusieurs larmes.
- C'est pas grave...je...j'étais nerveuse et je...dites-lui que je suis désolée.
Charlie serra les mâchoires avant de regarder Paul qui se tenait les bras tendus en appui sur la table, il baissa la tête et serra les paupières en sentant son cœur se tordre de douleur.
- Il a entendu.
La jeune femme tenta difficilement de retenir ses sanglots alors que le chef essayait de la rassurer.
- On va te sortir là Rachel d'accord.
- Oui."
Travis raccrocha alors que Michèle tendait la main à la jeune femme qui pleura silencieusement.
...
"- C'est bon on est connecté.
Le groupe s'avança jusqu'à une table de fortune où était posé un ordinateur. L'image grésilla quelques secondes avant de se figer. La représentation était en noir et blanc, dans le fond de la pièce se trouvait la porte d'entrée et sur le devant de l'image on apercevait Michèle allongée par terre avec un bandage à la jambe et Rachel dos à la vitrine de gâteau. Travis quand à lui faisait les cents pas.
- Il est nerveux.
- On n'a pas de son ?
- Non.
- Regardez on dirait qu'elle lui parle.
On voyait clairement les lèvres de Rachel bouger mais Travis n'arrêtait pas de gesticuler dans tous les sens, comme s'il était impatient. Jusqu'à ce que Travis ne lève son bras et ne pointe une nouvelle fois son arme sur Michèle. Rachel se redressa et s'approcha de la jeune femme, se mettant ainsi entre la jeune femme et son ex petit ami. Le groupe se figea et Paul secoua la tête.
- C'est pas possible.
Charlie regarda Batilda avec insistance.
- Quelle est la procédure ?
- On tente une dernière négociation et si ça ne marche pas on donne l'assaut.
Letty ferma les paupières, il y a quelques heures à peine, elle faisait la fête avec Rachel et leurs autres amies.
- Et s'il résiste ?
- Notre priorité c'est d'évacuer les otages."
...
Le téléphone sonna dans le silence de la boulangerie et Travis décrocha.
"- Vous vous ennuyez à ce point là les gars ?
- Je fais un point sur la situation Travis.
- Je suis cocu ça n'a pas changé.
- Ca pourrait tout changer au contraire.
Le jeune homme tourna la tête vers Rachel.
- Quel intérêt ?
- Pour profitez de la vie.
- Pas sans elle.
- Michèle n'était peut-être pas celle qui était faite pour vous...Vous pourriez rencontrez une autre femme et construire une autre histoire, vous marier et avoir des enfants.
- Vous êtes mariée vous ?
- Non, j'ai été fiancée mais il est parti.
A l'extérieur Letty écarquilla les yeux en regardant Paul qui ne laissa rien transparaître.
- C'était son choix ou le votre ?
- C'était le notre, quand une histoire est finie il faut l'accepter même si c'est douloureux parce qu'à trop vouloir essayer de recoller les morceaux on finit par se perdre.
- Et vous avez rencontré quelqu'un d'autre ?
Rachel hésita en sachant que le téléphone était branché et que Paul entendait certainement toute la conversation. Son cœur s'accéléra mais elle ignorait comment se terminerait cette journée et elle avait peur de ne pas pouvoir confier ce qu'elle ressentait.
- En quelque sorte...disons que c'est un peu confus.
- Pourquoi ?
- Peut-être parce qu'il m'intrigue ou parce qu'il me fait peur.
Rachel rigola alors que dehors Paul esquissait un très léger sourire.
- Mais j'ai envie d'y croire parce que même si ça ne marche pas, j'aurais la conviction d'avoir essayer et...finalement rien n'est plus important, parce qu'aujourd'hui je me sens bien, à chaque fois que je suis près de lui ou quand j'entends sa voix...mon cœur s'emballe...même si ces instants sont éphémères, je saurais qu'ils auront existé et je n'aurais rien à regretter.
Joe et Evan se regardèrent en haussant les sourcils, guettant la réaction de leur collègue qui décida de rester de marbre, parce que comme le lui avait rappeler Charlie, leur relation n'avait rien à faire sur le terrain, pour sa sécurité comme pour la sienne, même si tout le monde était au courant de leurs sentiments respectifs. Le jeune homme n'avait jamais démontré le moindre attachement envers qui que ce soit en public et malgré la situation, il préférait ne pas se laisser déborder aujourd'hui par tout ce qu'il pouvait ressentir.
- Vous êtes amoureuse de lui ?
- Il y a quelques temps il m'a dit que l'amour était une donné subjective et j'ai essayé de le persuader du contraire mais c'est pas si facile.
Charlie leva les yeux au ciel en murmurant.
- Ben voyons.
- Je suis une fille, fleur bleue avec des idées préconçues et des discours très clichés. J'ai envie de croire que l'amour peut tout éclipser, la raison, la tristesse, la douleur...J'ai envie de croire que l'amour peut égayer une journée dès le réveil, apaiser les angoisses et créer de l'espoir.
- Mais ça ne dure pas.
- Pas toujours non...mais ça ne veut pas dire qu'il ne faut pas le vivre pleinement Travis. On n'a pas forcément besoin de grandes déclarations ni de se dépasser complétement. Ce sont des petites choses qui peuvent parfois passer inaperçues mais qui pourtant sont très importantes.
- Comme quoi ?
- Un bol de soupe livré quand on est malade, un repas chinois apporté à l'improviste, passer une soirée sur un banc pour être sûr que la personne qui vous plaît rentre chez elle sans dommage ou tout simplement lui dire qu'elle est belle sans artifice, décoiffée et mal habillée.
Paul ferma les yeux en baissant la tête, serrant fortement le bord de la table de ses mains. Joe lui tapota l'épaule en soupirant, même si son ami ne disait pas un mot, il savait à quel point c'était difficile pour lui de faire comme s'il ne ressentait rien, il le voyait lutter et l'émotion qui transparaissait de lui était à la fois touchante et inquiétante parce qu'avec son tempérament excessif, Paul pouvait exploser à tout instant. C'était donc son devoir de soutenir et d'apaiser son collègue du mieux qu'il le pouvait pour qu'il reste maître de son attitude.
- Oui...oui je suis amoureuse...j'ai certainement tord parce qu'il est à des années lumières de pouvoir vivre une véritable relation de couple...mais ce genre de sentiment ne se commande pas, ça vous tombe dessus et même si parfois ça ne mène à rien, il faut le vivre intensément. J'ai plus envie de lutter ni de repousser plus longtemps ce qui m'anime et même si c'est à sens unique, tant pis, ça passera c'est comme tout et si à l'inverse je peux lui montrer que ça en vaut la peine alors tant mieux.
Letty plaqua sa main sur sa bouche, abasourdie par l'aveu des sentiments de son amie.
- Oh la vache...
Paul sentit son cœur battre à rythme fou. Il n'avait qu'une seule envie, la rejoindre, la sortir de cet enfer pour lui dire à quel point elle était importante pour lui et à quel point il était prêt à se battre pour que leur histoire fonctionne. A l'intérieur de la boulangerie, Travis secoua la tête.
- On n'a jamais fait ça l'un pour l'autre.
- Vous pouvez recommencer.
- Elle a tout détruit...TOUT DETRUIT!
- TRAVIS NON !"
Une tonalité résonna, indiquant la rupture de la communication. Il y eut un moment de flottement dans le groupe des forces de l'ordre avant que Charlie ne regarde son collègue, sans même lui demander quoi que ce soit, le capitaine Batilda compris le message.
- On donne l'assaut dans une demi-heure."
Joe attrapa le parrain de son fils et l'éloigna de toute cette agitation pour qu'il puisse reprendre ses esprits.
...
Rachel était fatiguée et Michèle de plus en plus somnolente. Cela faisait presque six heures qu'ils étaient enfermé dans la boutique et la psychologue n'arrivait plus à être objective concernant la prise en charge de Travis.
...
Paul finissait d'enfiler son gilet par balle lorsque Charlie s'avança vers lui. Ils se regardèrent un instant.
"- Ecoutes si tu...
- Ca va ne te fatigue pas...j'ai pas l'intention de me laisser déborder.
- Gardes la tête froide Paul, c'est tout ce que je te demande...c'est dans ton intérêt comme dans le sien.
Le jeune flic leva la main et brancha son oreillette alors que son boss se rapprochait de lui pour resserrer une des attaches de son gilet en le regardant attentivement.
- Tu ressors de là en un seul morceau c'est compris ?
- Je ne me souviens pas que tu étais aussi flippé quand j'étais en Irak.
- Pendant les huit mois où tu étais partis je crois qu'au total, Helena et moi on a du dormir quoi ? L'équivalent de trois mois de sommeil plein...ca te laisse imaginer dans quel état en était.
Charlie considérait Paul comme son fils et les sentiments étaient réciproques, même si dans le travail ils restaient très professionnels, ils avaient un passé commun très fusionnel.
- Tout va bien se passer, c'est l'unité du SWAT, on entre, on le maîtrise et on les récupère toutes les deux avant de sortir rapidement.
Charlie hocha la tête avant de souffler.
- Une fois qu'elle sera dehors t'as intérêt à assurer c'est moi qui te le dis. Surtout avec une telle déclaration...Si tu te défiles je te tue Paul.
Le jeune homme le regarda attentivement.
- Tu penses que c'est dingue ?
- Je pense qu'elle est la meilleure chose qui pouvait t'arriver...n'ait pas peur de ce qui se passe, ça ira.
Il hocha la tête et le chef de l'unité esquissa un sourire.
- Allez en route.
Le capitaine Batilda héla ses hommes de loin.
- C'est parti."
...
Le chef de la brigade criminelle rejoignit le reste de son unité et vissa ses yeux sur le moniteur de contrôle. L'unité du SWAT et Paul se présentèrent devant les portes d'entrée, arme au point.
"- TRAVIS ? Capitaine Batilda on a passé la journée à essayer de négocier maintenant il est temps de faire un geste envers nous...rendez-vous ou on entre de force.
A l'intérieur Rachel se figea d'horreur en voyant le jeune homme se lever avec son arme bien serrée dans le creux de sa main.
- Travis je vous en prie réfléchissez aux conséquences de ce que vous allez faire, ça ne doit pas se terminer dans un bain de sang.
Il la regarda attentivement et l'attrapa par le bras réveillant ainsi sa douleur au thorax.
- Allez leur ouvrir.
Tremblante de peur Rachel déverrouilla les portes automatiques avant de retourner près de Michèle. Charlie regardait attentivement l'écran avant de parler à son collègue.
- Vous l'avez en visuel ?
- Non...Quelqu'un l'a dans le viseur ?
Plusieurs personnes se firent entendre puis Paul et Batilda échangèrent un regard.
- N'y pensez même pas !
Mais avant que le chef du SWAT n'ait pu rajouter quoi que ce soit le jeune homme quitta sa position pour se diriger jusqu'à la porte. Charlie écarquilla les yeux alors que Letty attrapait le bras d'Evan pour ne pas crier.
- NON DE DIEU PAUL !
Charlie grogna fortement en frappant la table du poing.
- Je vais le tuer, s'il sort de là vivant, je le tue."
...
Rachel était baissée près de Michèle et lui murmurait des paroles de réconfort quand une voix se fit entendre près de la porte.
"- Travis ?
La psychologue se figea en apercevant Paul entrer doucement, son arme tendue devant lui.
- Travis je m'appelle Paul...les tireurs d'élite sont partout ce n'est qu'une question de temps avant qu'ils ne donnent l'assaut alors faites un effort, vous n'êtes pas un criminel.
L'ex petit ami de la vendeuse laissa échapper quelques larmes. Il était totalement perdu, la situation avait dérapé car il n'arrivait plus à réfléchir correctement il éprouvait tellement de colère contre Michèle. Il vit Paul se diriger lentement vers l'intérieur, les bras tendus devant lui. Rachel s'arrêta de respirer et fronça les sourcils en le voyant s'approcher. Il ne portait qu'un simple tee-shirt recouvert d'un gilet par balle. Le corps de la jeune femme trembla de peur et de soulagement alors qu'il s'approchait d'elle.
- Rachel ça va ?
- Oui mais il faut sortir Michèle elle a perdu trop de sang.
- Travis relâchez-là elle a besoin de soins.
- Ecoutez je sais que c'est une perte de repères pour vous après ses dix ans passés ensembles. Vous ne savez pas comment continuer à vivre sans elle, vous avez sûrement l'impression ne plus avoir aucune identité, vous avez des questions qui vous assaillent en permanence comme le fait de se demander si elle vous a vraiment aimé en dix ans.
- Je n'ai plus rien.
- Vous avez la possibilité de recommencer autrement.
- Je lui ai tout donné et qu'est-ce que j'ai reçu en échange ?
- C'est...
Rachel toussa fortement en se pliant en deux. Paul se rapprocha d'elle.
- Travis je vous en prie...Réfléchissez...ça ne doit pas se terminer comme ça, laissez-moi vous aider.
- Non c'est trop tard les gens ne me verront plus que comme un psychopathe...regardez, où croyez-vous que je vais atterrir en sortant d'ici ?
La voix de Paul résonna alors qu'il se rapprochait encore de Rachel, il se baissa légèrement et la jeune femme tendit le bras pour prendre appui sur lui.
- Vous pouvez passer un accord avec le procureur, vous n'irez pas en prison.
- Vous mentez.
- Il dit la vérité, vous n'avez tué personne, vous êtes simplement malheureux et en colère, tous le monde peut le comprendre, s'il vous plaît Travis.
- Non c'est terminé.
Elle toussa fortement, elle avait l'impression que son thorax brûlait de l'intérieur. A l'extérieur du magasin, les hommes du SWAT s'étaient avancés et se tenaient maintenant devant les portes, plusieurs tireurs en faction prêts à faire feu. En entendant cette dernière phrase, Charlie secoua la tête en murmurant.
- Ne fais pas ça.
Travis leva son bras.
- Travis...
- Elle a gagné.
Dehors un des hommes de l'unité spéciale parla à son supérieur.
- Capitaine Batilda je l'ai en visuel.
- Ne faites rien !
- Non elle gagnera si vous laissez tomber.
- Je suis désolé.
- Travis écoutez-là ne soyez pas idiot.
- Ne laissez pas tomber.
Le jeune homme trembla et leva son bras plus haut. A son opposé Paul sentit ses muscles se tendre et Rachel hurla en voyant la panique dans les yeux de l'ex petit ami de Michèle.
- TRAVIS...
- Donnez-moi la confirmation du visuel.
- Visuel opérationnel delta 1.
- Visuel opérationnel delta 2.
Batilda soupira avant de confirmer son ordre.
- Ordre de faire feu accordé...
Travis pleura fortement.
- Pardon...
Rachel écarquilla les yeux et Paul ajusta son tir alors que le jeune homme pressait ses doigts sur la détente. Plusieurs détonations se firent entendre et puis soudain ce fut le silence.
...
Et même si je n'en parle pas
Si les mots restent en moi
Ce qui est pris comme un terreau combat
Ne se reprendra pas
Soit sur que même si je ne le dis pas
J'irai bien au delà d'une vie avec toi
Un besoin de te prendre la main
D'oublier le temps
De t'aimer jusqu'au dernier matin
De vivre l'instant
Un besoin d'écrire un message
Pour t'offrir en partage
Tout te dire sans mentir
Tout ce qui depuis longtemps est au dedans
Le meilleur, ce qui dure et qui demeure.
