Trois jours s'étaient écoulés depuis le combat amical de Gaara et Hinata. Trois jours durant lesquels ils ne s'étaient pas revus. Gaara de son côté, avait beaucoup de travail. Hinata quant à elle, passait le plus clair de son temps à visiter son coéquipier et à s'entraîner. Cet après-midi là, elle avait bénéficié d'une visite de Suna par Temari qu'elle appréciait énormément. Temari avait essayé d'en savoir plus sur la relation qui fleurissait entre Hinata et Gaara mais la kunoichi restait très discrète et évasive dans ses réponses. « On ne s'est vu que quelques fois », « c'est une chance que nous ayons la même vision des choses » … Cependant, Temari suspectait fortement Hinata de nourrir quelques sentiments plus profonds car elle rougissait fortement à chaque fois qu'elle parlait de lui. Elle décida donc de rendre visite à son frère afin d'en savoir un peu plus sur ce qu'ils avaient partagé. Elle toqua à la porte de son bureau et fut rapidement invitée à y entrer.
- Bonjour Gaara, dit-elle.
- Bonjour Temari, un souci ? s'enquit-il sans même relever les yeux de ses documents.
Temari s'assit face à son frère. Elle ne savait pas trop comment aborder les choses, son frère ne parlait jamais de lui, encore moins de ce qu'il pouvait ressentir. La conversation s'annonçait compliquée.
- Non… Je voulais simplement te rendre visite, répondit-elle avec le sourire.
Gaara s'arrêta net d'écrire tout en redressant la tête vers sa sœur. Puis il soupira, posa son stylo et croisa les mains.
- Quoi ? demanda-t-il.
- Quoi Quoi ? râla Temari. Pourquoi tu penses que j'ai une idée derrière la tête ?
- Parce que tu ne me rends jamais visite sans raison, répondit-il du tac au tac.
Temari se mit à sourire, agacée et amusée à la fois. Elle soupira.
- Bon… Mais n'y vois aucun mal, au contraire.
Il ne répondit rien, elle s'autorisa donc à poursuivre.
- Je voulais te parler d'Hinata, dit-elle franchement.
Gaara haussa un sourcil mais ne dit toujours rien.
- Je voulais juste te dire que je la trouve vraiment super.
- C'est tout ? répondit simplement Gaara.
Temari roula des yeux, agacée par tant de nonchalance.
- Et je voulais savoir comment toi tu la trouves ?
Gaara fronça des sourcils.
- Pourquoi ? demanda-t-il.
- J'en sais rien ! Parce que… Parce que finalement je me dis que même si tu l'as choisie stratégiquement et sans penser l'aimer un jour… Et bien je trouve que… Que…
- Que quoi ? s'impatienta-t-il.
- Que vous allez bien ensemble.
Une expression de surprise traversa le visage de Gaara. Temari se demanda même si elle ne décela pas un soupçon de curiosité dans son regard.
- S'il te plaît Gaara, dis-moi ce que tu penses vraiment d'elle. Ça restera entre nous.
Gaara soupira, hésitant. Il ne savait pas vraiment ce qu'il pensait d'elle, tout ce qu'il savait c'était qu'il avait du mal à penser à autre chose qu'à elle depuis trois jours.
- C'est une jeune femme surprenante avec laquelle je m'entends bien, je pense, finit-il par dire espérant que sa sœur s'en contentera.
Temari finit par secouer la tête. Son frère était vraiment un gros asocial et elle se devait de lui mettre un petit coup de pied aux fesses. Elle se leva et le regarda dans les yeux.
- Moi, je pense que c'est une femme que tu pourrais aimer. Et je pense que c'est une femme qui pourrait t'aimer également. Alors puisque vous vous êtes promis une relation honnête, tu devrais lui parler. Ne serait-ce que pour lui dire ce que tu penses d'elle.
Alors qu'elle venait de finir sa phrase, quelqu'un toqua à la porte. Gaara gardait son visage inexpressif habituel ce qui fut très frustrant pour Temari.
- Entrez, dit-il finalement.
Une belle kunoichi aux cheveux bleus foncés entra dans la pièce. Temari, qui était dos à elle, fit un sourire narquois à son frère qui lui lança un regard noir.
- Je vous laisse, à plus tard, dit-elle en s'éclipsant.
- Gaara-sama, dit la Hyûga en s'inclinant. J'espère que je ne vous dérange pas.
- Non, ne vous en faîtes pas.
Il se leva et contourna son bureau, s'appuya dessus, puis fit signe à Hinata de s'assoir devant lui. Hinata obéit, puis elle joint ses mains et tritura ses doigts, toujours aussi timide.
- Je venais pour vous dire que Kiba a repris suffisamment de force et que nous retournerons à Konoha dès demain matin.
Gaara tenta d'ignorer le petit pincement au cœur que lui provoqua la nouvelle.
- Je suis content d'apprendre que votre coéquipier est rétabli.
- Je vous remercie… répondit la Hyûga.
- Vous partez à quelle heure ?
- 6 heures.
Comme il ne dit rien de plus, elle se leva et s'inclina, puis se dirigea jusqu'à la porte. Elle savait que cet entretien avec le Kazekage serait le dernier avant leur « rencontre officielle » dans plusieurs mois et avait espéré qu'il dure un peu plus longtemps. Elle réalisa qu'elle devait cesser d'être sans cesse bloquée par sa timidité car elle allait s'en vouloir pendant des mois si elle ne disait rien maintenant. Elle se stoppa net et fit volte-face, constatant que Gaara la regardait toujours, il semblait hésitant lui aussi, mais peut-être était-ce seulement le fruit de son imagination. Elle revint sur ses pas, allant jusqu'à lui.
- Gaara-sama… commença-t-elle.
- Oui ?
- Je…
Elle croisa son regard, son visage était toujours si impassible, c'était très perturbant de ne pas savoir ce qu'il pensait… Il avait entamé leur premier entretien avec une discussion honnête, c'était à elle désormais de faire un pas en avant.
- Je voulais vous dire que… Que…
Il ne parlait pas et attendait patiemment qu'elle trouve ses mots. Ce que la Hyûga ne savait pas c'est que le cœur du No Sabaku tambourinait dans sa poitrine pour la toute première fois de sa vie. Finalement, elle prit une grande inspiration et se lança.
- J'ai vraiment apprécié mon séjour à Suna… Particulièrement les moments passés avec vous. Et je… Je me demandais si… Si vous seriez d'accord pour que l'on s'écrive en attendant notre prochaine rencontre ?
Gaara haussa les sourcils, étonné et touché par les mots de la Hyûga.
- J'en serai ravi, répondit-il simplement.
Hinata répondit par un franc sourire. Gaara voulu lui dire comme il l'appréciait, mais il ne trouva pas ses mots. Ils se regardèrent dans les yeux n'osant ni bouger, ni parler. Finalement, le stress pris le dessus et Hinata s'inclina pour saluer Gaara. Puis elle quitta la salle, laissant derrière elle une odeur fruitée dont Gaara se délecta.
Toute la soirée, elle se demanda si elle en avait trop dit. Et si Gaara la soupçonnait de nourrir des sentiments trop profonds et que ça le gênait ? Se pourrait-il qu'il choisisse d'annuler le mariage car il la pensait trop attachée ? Elle eut beaucoup de mal à dormir, faisant la crêpe dans son lit toute la nuit. Le No Sabaku de son côté, médita pratiquement toute la nuit.
Hinata se leva très tôt ce matin-là. Un peu avant 6 heures, toutes ses affaires étaient rassemblées et elle ouvrit la porte de sa chambre pour la quitter. Elle sursauta violemment en voyant une personne devant elle. C'était Gaara, il s'apprêtait visiblement à toquer à la porte.
- B… Bonjour, murmura Hinata.
- Je ne voulais pas vous faire peur, répondit-il.
Elle lui sourit timidement et s'écarta pour l'encourager à entrer, puis referma la porte. Cette fois, c'était lui qui semblait chercher ses mots.
- Je voulais… vous dire au revoir… et vous souhaiter bon voyage, dit-il.
- Merci, c'est… C'est très gentil, vous n'auriez pas dû, il est si tôt !
Elle était si heureuse de le voir.
- Et… Vous dire aussi que…
Hinata était abasourdie de le voir chercher ses mots ainsi. C'était la première fois qu'elle le voyait perdre un peu de son flegme légendaire. Elle lui sourit pour l'encourager à poursuivre.
- Qu'il me tarde de vous revoir, dit-il finalement.
Il était incapable d'en dire plus, les sentiments en lui étaient trop confus pour qu'il puisse mettre des mots dessus et il devait encore beaucoup méditer à ce propos. Hinata lui fit un immense sourire qui fit louper à son cœur plusieurs battements. Elle comprit enfin que, loin d'être un homme plein d'assurance, Gaara n'était pas seulement discret mais aussi quelqu'un de timide finalement.
Jamais Hinata ne put expliquer quelle force la saisit à ce moment-là, ni ce qui la guida. C'était comme si plus rien ne lui faisait peur, comme si son corps avait agi sans qu'elle ne l'ordonne, sans qu'elle ne réfléchisse. Elle franchit doucement les deux pas qui la séparaient du Kazekage, se mit sur la pointe de pieds et, alors qu'elle sentit le souffle de Gaara sur elle, elle déposa avec délicatesse un chaste baiser sur sa joue. Gaara se sentit fermer les yeux de plaisir tant ce simple contact fut agréable. Il fut si surpris qu'il eut tout juste le temps de réaliser ce qui se passait. Elle rompit le baiser aussi vite qu'elle le commença, il ne dura qu'une seconde. Une seconde pendant laquelle Gaara fut littéralement transporté. Ce contact était si doux…
- Au revoir, murmura Hinata.
Et elle disparut. Gaara resta planté là un moment, se demandant s'il avait rêvé de cet instant ou non. Ce baiser avait tout simplement été… La chose la plus agréable qu'il n'avait jamais ressenti. Il s'assit, abasourdi. Aussi loin que remontait sa mémoire, jamais personne ne l'avait embrassé… même sur la joue.
Hinata de son côté, fonça vers l'hôpital, elle voulait crier ! Crier de plaisir, de honte et de peur. Mais qu'est ce qui lui avait prit ?! Comment avait-elle pu l'embrasser ?! Elle était si rouge, elle avait si chaud… Ce baiser avait été si doux et agréable malgré sa simplicité. Mais avait-il accepté par politesse ou parce qu'il en avait envie aussi ?! Bon sang mais quelle folle elle était d'être partie ainsi. Elle savait qu'à Suna, les habitants, même très proches, ne se faisaient ni bises ni accolades. Elle retrouva Kiba qui était prêt et décida de tout faire pour ne plus penser à ce baiser, mais c'était impossible. Elle avait si peur d'avoir fait une grosse erreur, d'avoir choqué le Kazekage… Elle voulu presque retourner sur ses pas pour s'excuser.
Ils étaient à la porte du village et faisaient le point sur leur matériel avant de partir. Un garde leur expliquait quelle direction prendre. Soudain, Hinata sentit du sable contre sa nuque. Elle se figea. Ce n'était pas du simple sable, il ne lui fouettait pas à la peau, il la caressait, comme si… Comme s'il était contrôlé par quelqu'un. Elle n'osa plus bouger, son cœur tambourinant dans sa poitrine. Elle sentit le sable remonter jusqu'à sa joue et la caresser doucement, puis redescendre sur son épaule et le long de son bras jusqu'à sa main dans la poche de sa veste. Le sable se retrouva dans le creux de sa main, puis s'évapora comme par magie, laissant un objet entre ses doigts.
Le coeur battant la chamade, elle sortit doucement la main de sa poche et y découvrit une petite fleur blanche, presque nacrée… Elle se mordit la lèvre inférieure pour s'empêcher de sourire et rangea la petite fleur dans sa poche. Relevant la tête, elle distingua un homme à la chevelure auburn sur le toit d'un bâtiment, il la regardait. Elle lui sourit, puis partit.
