Gaara resta pendant 48 heures au chevet d'Hinata. Il se sentait tellement coupable de l'avoir envoyé faire cette mission qu'il ne put se résoudre à la laisser seule à l'hôpital. Il ne lui parla pas vraiment, il ne fit rien de spécial. Il se contenta juste d'être là, auprès d'elle, tout simplement. Elle ouvrit à peine les yeux quelques minutes durant tout ce temps, et même dans ces moments là, elle semblait être ailleurs.
Au troisième matin, alors qu'il attendait dans le couloir le temps de la visite médicale, le médecin ressortit de la chambre et vint vers lui.
- Elle va bien ! dit-il. Vous allez pouvoir la ramener chez vous. Elle y sera mieux vous verrez.
- Vous êtes sûr ? demanda le Kazekage.
- Oui, il faudra juste la forcer à boire et manger un petit peu tous les jours et surveiller sa température toutes les 4 heures. Si elle est en dessous de 36°C, il faudra soit lui rajouter des couvertures et des bouillottes, soit lui donner un bain, soit faire du peau à peau.
Devant le manque de réaction du Kazekage, il se sentit obligé de préciser.
- Vous savez, comme une mère avec son nouveau-né, ils sont nus l'un contre l'autre. Certains disent que cette technique marche encore mieux que de le placer en incubateur.
Gaara eu pendant une demi seconde en tête l'image d'Hinata et lui, enserrés l'un contre l'autre sans vêtements et la chassa immédiatement en secouant la tête.
Ils décidèrent de faire le transfert de l'hôpital à l'appartement grâce au sable de Gaara, afin qu'Hinata use du moins de force possible. Celle-ci, privée des drogues qui la maintenaient endormie jusque-là, commençait doucement à se réveiller. Cependant, elle avait dépensé tellement d'énergie à survivre au froid qui l'avait ensevelie qu'elle se sentait assommée. Le médecin avait prédit qu'elle passerait encore quelques jours à ne faire presque que dormir et qu'elle n'aurait pas la force de se lever plus de quelques minutes. Elle était tellement fatiguée qu'elle ne réalisa même pas qu'elle quittait l'hôpital.
Lorsqu'elle rouvrit les yeux ce jour-là, la nuit venait de tomber. Hinata s'étira doucement, elle sentit alors une douleur musculaire saisir l'ensemble de son corps et se mit à gémir.
- Tu as besoin de quelque chose ? demanda une voix grave.
Elle sursauta légèrement et tenta de distinguer la provenance de la voix dans la pénombre. Elle reconnut Gaara qui s'avançait vers elle, l'air inquiet.
- G… Gaara… murmura Hinata.
Sa tête retomba sur l'oreiller, trop lourde à maintenir pour sa nuque endolorie. Gaara s'accroupit à côté du lit pour être à la hauteur de son épouse. Il posa une main sur son front pour vérifier sa température. Il était tout juste tiède. Hinata rougit de plaisir en sentait cette main douce et chaude sur elle.
- Qu… Qu'est ce qui s'est passé ? murmura-t-elle difficilement en tentant de garder les yeux ouverts.
- Une avalanche… répondit Gaara.
Il la vit froncer les sourcils, les souvenirs semblaient revenir à la surface.
- Tu as sauvé tes co-équipiers, pratiquement au péril de ta vie, continua-t'il d'expliquer. Tu as été prise par l'éboulement. Ils ont fini par te retrouver et t'ont ramené au plus vite. Les médecins ont passé plusieurs jours à réchauffer ton corps. Mais tu vas bien désormais, il faut juste que tu restes au chaud et que tu te reposes.
Les larmes montèrent doucement aux yeux d'Hinata. Elle croisa le regard de Gaara, lui aussi avait les yeux un peu brillants.
- P… Pardon… murmura la Hyûga.
- Pourquoi ? demanda Gaara.
- J… J'ai échoué… La mission…
Il lui tapota gentiment la tête.
- Tu as sauvé la vie de trois ninjas de Suna. C'est plutôt moi qui devrait m'excuser, c'est moi qui t'ait envoyé là-bas.
Elle eut la force de le regarder dans les yeux et fut touchée de voir comme il semblait affecté.
- C'est mon devoir G… Gaara… Tu n'as rien fait de mal…
Elle osa lui prendre la main. Il sentit comme ses muscles étaient faibles car elle arrivait à peine à l'enserrer. Il porta la main d'Hinata jusqu'à ses lèvres et y déposa un tendre baiser. Hinata le regarda faire, les joues rouges.
- Ca fait combien de temps ? demanda faiblement la jeune femme.
- L'avalanche était il y a un peu moins d'une semaine, répondit Gaara. Et tu es restée trois jours à l'hôpital, plus un ici.
Elle ne répondit pas, concentrée à tenter de réaliser un calcul mental avec succès.
- On est rentrés si vite ? demanda-t-elle.
- Dès que j'ai été prévenu, je suis allé à votre rencontre avec un médi-nin. Je vous ai vite rattrapé grâce à mon sable.
Hinata ouvrit de grands yeux, elle fut tellement surprise qu'elle en oublia quelques instants sa fatigue.
- Tu es venu me chercher ? demanda-t-elle le cœur battant.
- Evidemment… murmura Gaara.
- Mais… Et le village ? T… Tu es le kazekage !
- Le village se passe de moi depuis quelques jours grâce à Kankuro qui me supplée.
Hinata n'en crut pas ses oreilles.
- T… Tu veux dire que… Tu es auprès de moi d… Depuis tout ce temps ?
- Je n'allais pas te laisser seule enfin ! répondit le Kazekage.
Touchée par ses mots, elle rougit jusqu'aux oreilles et parvint à sourire. Même ce simple geste lui faisait mal. Gaara profita de son court réveil pour lui faire boire un peu d'eau. Ce simple effort suffit à l'épuiser complètement et elle se rendormit quasi instantanément. Il lui remit des bouillottes dans le lit afin qu'elle ne se refroidisse pas et retourna travailler au bureau de la chambre.
Lorsqu'elle rouvrit les yeux, il faisait à nouveau jour. Elle se sentait un peu plus en forme que la veille. En revanche, elle avait froid. Elle regarda autour d'elle et constata qu'il y avait de l'eau et un sandwich sur la table de chevet. Il y avait également un petit mot : « Je m'absente quelques heures pour le travail. Gaara ». Affamée et assoiffée, elle se mit péniblement assise et engloutit son sandwich et son verre d'eau. Elle réalisa alors qu'elle avait une énorme couette en plus d'autres couvertures sur elle. Pourtant elle avait froid. « Comment puis-je avoir froid dans des conditions pareilles ? Qui plus est à Suna ! » pensa-t-elle.
Prise d'une envie pressante, elle décida de se lever pour aller dans la salle de bain. Lorsqu'elle sortit des draps, ça lui fit l'effet de s'enfoncer dans de la neige. Elle fut prise de frissons incontrôlables tant elle se sentait gelée. Se lever et marcher lui demandèrent également beaucoup d'efforts, ses jambes la tenaient difficilement et elle dû se maintenir aux meubles et aux murs pour parvenir jusqu'aux toilettes. Elle fut très frustrée de se sentir si faible et se demanda si elle retrouverait un jour sa force. « Sans doute que oui mais il faudra du temps et beaucoup d'entraînement » pensa-t-elle amèrement. Après avoir fait pipi, elle se passa le visage à l'eau et le corps au gant de toilette car elle se sentait poisseuse. Ce fut une terrible idée, l'eau sur son corps devint vite froide et elle se mit à trembler très fortement. Elle se précipita vers une serviette pour se sécher, oubliant sa faiblesse, ce qui lui coûta encore une fois beaucoup d'énergie. Elle mit un temps fou à se rhabiller, se sentant de plus en plus froide et faible. Lorsqu'elle se releva péniblement, un voile noir couvrit ses yeux et elle se sentit partir.
