Ce soir-là, Gaara était encore dans son bureau, afféré à terminer une pile de documents importants. Voilà trois jours qu'Hinata était partie en mission et il souhaitait profiter de son absence pour travailler d'arrache-pied sans faire attention à ses horaires. Cependant, depuis le départ de sa femme, ou plutôt, depuis ce qui s'était passé entre eux juste avant son départ, il avait un mal fou à rester concentré. Très souvent, l'image d'Hinata à moitié nue contre lui s'invitait dans son esprit et y restait accrochée, provoquant en lui une érection impossible à ignorer. Et plus le temps passait, plus les images de leur échange revenaient le titiller.
Il avait été d'une inefficacité déconcertante depuis la veille et s'agaçait du retard qu'il accumulait malgré ses heures passées à son bureau. En ce moment-même, alors qu'il relisait pour la cinquième fois une même phrase sans l'intégrer, il céda à l'image qui s'imposa à lui, celle d'Hinata qui maintenait son sexe fermement tout en le masturbant. Le désir monta en lui en flèche et il se mordit la lèvre inférieure et ferma les yeux. Il se souvint du plaisir qu'il avait ressenti, il se souvint de la poitrine de sa femme, si belle, si ferme… Il se souvint de son sperme qui s'était déversé sur elle… Il soupira et s'appuya sur le dossier de sa chaise, son érection ne cessait de revenir depuis le matin, témoignant de son envie de sexe. Il regarda avec agacement la bosse dans son pantalon et posa machinalement une main dessus. Il se rappela du moment où Hinata l'avait fait, il se rappela du moment où il avait glissé sa main sous sa jupe et avait touché sa petite culotte humide… Il se mit à caresser légèrement son sexe afin de rendre ses souvenirs plus concrets. Le désir se mêla à un léger plaisir et poursuivit son ascension, il se rappela alors la fois où Hinata avait revêtu une chemise de nuit noire moulante et en dentelle. Il s'imagina alors l'avoir dans son lit, pouvoir la toucher, la caresser, parcourir et découvrir son corps et lui donner le plaisir qu'elle lui avait procuré il y a trois jours. Le désir était désormais à son comble. Il regarda à nouveau son sexe tendu sous son vêtement et se mit à rougir.
Evidemment qu'il y avait pensé, évidemment que la solution paraissait facile. S'il voulait pouvoir avancer dans son travail, il fallait qu'il réponde à ce désir. Il se sentit gêné à l'idée de passer à l'acte…
« Fais-le… », disait une voix dans sa tête.
« Attends son retour… C'est avec elle que tu dois prendre du plaisir » disait une autre voix.
Il se demanda si Hinata l'avait déjà fait… Si elle s'était déjà touchée, seule dans leur lit, à quel point elle avait des besoins. Il rougi de constater que ces interrogations ne firent qu'augmenter son excitation.
« Allez… Juste un tout petit peu… Et après tu arrêtes » murmura la première voix.
Doucement, il glissa sa main sous son caleçon et agrippa son sexe turgescent. Il ferma à nouveau les yeux, s'imaginant au-dessus d'Hinata… Il commença à réaliser de timides va-et-vient mais fut vite gêné par ses vêtements. Il rouvrit les yeux et regarda sa porte. Il était seul dans le bâtiment, il était bien trop tard pour que quelqu'un ne vienne. Il ouvrit complètement son pantalon et en sortit son sexe tendu. Un mélange d'excitation et de gêne le saisit. Il l'enserra et reprit ses va-et-vient. Bien que le plaisir n'était pas le même que lorsque c'était Hinata qui le touchait, il en avait tellement envie qu'il eut du mal à ne pas gémir sous ses propres caresses. Des tonnes d'images déferlèrent dans sa tête, des souvenirs, des idées, des envies… Seule Hinata occupait son esprit.
Soudain, il se rappela lorsqu'elle lui avait proposé de l'aider à aller au bout de son plaisir avec sa bouche. L'image qui était alors apparue dans son esprit à ce moment-là revint et lui fit l'effet d'un électrochoc. Il s'imagina la bouche d'Hinata autour de son sexe et cette vision l'excita au plus au point et fit monter son plaisir en flèche. Il accéléra machinalement son mouvement de poignet jusqu'à ce qu'il sente à nouveau ce point de non-retour monter en lui. Il rouvrit alors les yeux, réalisant qu'il n'avait pas pu s'empêcher d'aller jusqu'au bout. La vague de plaisir qu'il ressentit fut si bonne qu'il ne put s'empêcher de gémir et son sperme se déversa en jet dans son autre main.
Le cœur battant, le souffle court, Gaara reprit doucement conscience, un mélange de plaisir, de gêne et d'appréhension faisant surface. Il n'avait jamais fait ça auparavant, et il avait suffi qu'elle le touche une seule fois pour qu'il cède à cette tentation. Etait-ce bien ? Etait-ce mal ? Il n'en savait rien. Tout ce qu'il savait c'est que son érection et son désir étaient désormais soulagés. Après s'être essuyé et correctement rhabillé, il s'appuya à nouveau sur le dossier de sa chaise, songeur. Lorsqu'Hinata rentrerait, ils s'étaient promis de reprendre leurs ébats, et sincèrement il en mourrait d'envie. Mais comment allait-il s'y prendre ? Il n'avait jamais vu de femmes nues, et ne savait que vaguement comment elles étaient faites. Il ne savait rien de la façon de leur donner du plaisir, et après tout ce temps, Hinata devait certainement avoir des attentes très élevées. Et s'il n'arrivait pas à lui donner de plaisir ? Il réalisa alors honteusement qu'il ne savait même pas si une femme pouvait jouir comme lui. Il n'avait jamais eu d'amis avec qui parler de ça dans son adolescence et avait toujours fait en sorte d'éviter ce sujet puisqu'il ne se sentait pas concerné. Hinata en revanche, avait tout de suite su comment « s'occuper » de lui. Etait-ce intuitif ou était-ce parce qu'elle s'était renseignée auparavant ? Il se mit à avoir la nausée. Il se sentait mal auparavant car, même si elle se faisait très discrète, il savait inconsciemment qu'Hinata avait du désir pour lui, tandis que lui se sentait incapable de se rapprocher d'elle physiquement. Désormais, il se rendit compte que même s'il se sentait capable de passer à l'acte, il ne savait pas vraiment comment répondre à ce désir. Et si sa frustration empirait ? Si elle ne ressentait rien ?
Il se sentit alors bouillonnant de chaleur tandis que la nausée continuait de monter, il se leva et se précipita jusqu'à son balcon. Le vent frais lui fouetta le visage et rafraichit son corps tandis qu'il en respirait de grandes bouffées. Il s'appuya sur la rambarde et se concentra sur sa respiration pour faire passer la montée de stress qui venait de l'envahir.
- Gaara ? Tout va bien ? demanda soudain une voix inquiète.
Gaara sursauta et releva la tête. Il croisa alors le regard de son grand-frère. Kankuro fut surpris car il n'avait jamais vu Gaara baisser sa garde et se faire surprendre ainsi. Celui-ci s'était redressé et faisait tout pour cacher son mal-être. Il se contenta d'acquiescer sans rien dire tout en se crispant à la rambarde.
- Qu'est-ce que tu fais là ? finit par demander Gaara pour changer de sujet.
- Je venais te demander si tu voulais rentrer pour manger, répondit Kankuro.
Gaara fixa son frère un moment. Il n'avait pas faim, mais ne se sentait pas d'humeur à travailler non plus. Il ne put s'empêcher de se dire que la situation aurait été bien plus gênante si son grand-frère s'était pointé quelques minutes plus tôt…
Kankuro voyait bien que son frère était soucieux mais ne voulait pas paraître insistant.
- Tu sais quoi ? Et si on allait boire un verre en centre-ville ? proposa alors le marionnettiste.
Gaara accueillit cette proposition avec un enthousiasme rare, il rêvait d'une pinte ou d'un verre de saké. Ainsi, après avoir rapidement rangé et fermé son bureau, Gaara suivit son frère dans les rues de Suna jusqu'à un bar à tapas réputé du centre-ville. Chaque habitant de Suna qu'il croisa sur le chemin lui adressa une salutation cordiale et respectueuse.
Une fois dans le bar, ils s'installèrent à une table en retrait et commandèrent deux pintes de bière et une planche de tapas. Gaara ne dit rien jusqu'au moment où les bières arrivèrent, après avoir rapidement trinqué avec son frère, il vida cul-sec près de la moitié de son verre sous le regard surpris de Kankuro.
- Et ben dis donc ! C'est que tu avais soif ! constata-t-il avec une sourire amusé.
Gaara se contenta de hausser les épaules.
- Comment ça se passe à l'école ? demanda le Kazekage.
Ils discutèrent ainsi du programme du trimestre ainsi que de certains élèves de Kankuro pendant un moment. Gaara fit de son mieux pour rester concentré sur la conversation, mais régulièrement ses angoisses refaisaient surface au point de le rendre absent. Au bout d'une heure et deux pintes chacun, Kankuro accrocha le regard de son petit frère et se pencha légèrement vers lui.
- Qu'est ce qui te tracasse Gaara ? demanda-t-il.
Il détestait tourner autour du pot. Gaara haussa les sourcils, il savait qu'il était inutile de mentir à Kankuro maintenant qu'il avait su lire en lui, et même s'il avait fait d'énormes progrès en matière de communication, il se voyait mal lui expliquer la nature de ses angoisses.
- Ecoutes, tu sais que tu peux tout me dire n'est-ce pas ? insista Kankuro en voyant que son frère semblait hésiter.
Finalement, Gaara baissa les yeux vers son verre.
- Je suis juste un peu inquiet à propos d'Hinata, dit-il simplement.
Kankuro se frotta le menton.
- Tu veux dire, à cause de sa mission ? C'est une mission qui devrait être plutôt facile pour elle tu sais.
- Je sais… répondit Gaara.
Gaara ne savait pas vraiment si c'était du fait de l'alcool ou d'avoir le sentiment de ne pas pouvoir résoudre ses problèmes tout seuls cette fois-ci, mais il finit par se décider à se confier à son frère.
- On a franchi quelques caps récemment… dit le Kazekage.
Kankuro haussa les sourcils.
- Comment ça ? demanda-t-il.
- Tu sais… marmonna Gaara. En tant que couple.
- Oh ! s'exclama Kankuro.
Son frère afficha désormais un grand sourire ce qui surprit grandement Gaara.
- Pourquoi tu souris comme un idiot ? demanda Gaara avec agacement.
Kankuro se mit à rire.
- Je suis juste content pour vous, si vous en êtes arrivé là c'est que tu as fini par te rendre compte que tu l'aimes j'imagine.
- Bien sûr que je l'aime, répondit spontanément Gaara.
Il sentit son cœur s'emballer en réalisant que c'était la première fois qu'il le disait à voix haute. Hinata aurait mérité d'être témoin de ça… C'était à elle qu'il aurait dû le dire.
C'est dingue ce que les choses sont plus faciles à dire quand on a bu quelques verres, pensa-t-il.
- Elle est tellement épatante tu sais… poursuivit Gaara. Elle a été si patiente avec moi, depuis le début. Elle ne s'est jamais plainte de se retrouver mariée avec l'handicapé social que je suis.
- C'est vrai qu'elle n'a pas démérité… répondit Kankuro avec un soupçon de taquinerie.
- Et… maintenant que je me sens prêt à… avancer…
Il chercha longuement ses mots.
- Je réalise que je ne sais pas vraiment comment faire pour… eum…
Soudain, Kankuro tiqua.
- Oh ! Tu veux dire que le sexe se passe mal ?! s'exclama-t-il si fortement que Gaara vit du coin de l'œil une personne se retourner à la table la plus proche.
- Bon sang ! râla le Kazekage en se retenant de ne pas lui écraser son poing dans la figure.
Kankuro, embarrassé, plaqua machinalement sa main sur sa bouche en s'excusant.
- Ce n'est pas que ça se passe mal, chuchota Gaara. C'est plus que… Ce n'est pas encore vraiment arrivé et que… J'ai peur que ça se passe mal.
- Oh… marmonna Kankuro, l'air songeur.
Soudain, Gaara vit la dernière chose qu'il avait envie de voir à cet instant : sa grande sœur se diriger vers eux.
- Salut ! s'exclama-t-elle avec enthousiasme.
- Qu'est ce que tu fais là ? grogna Gaara.
Temari se stoppa net dans son élan et s'assit à côté de Kankuro avec un regard noir.
- Ca fait plaisir, souffla-t-elle.
- C'est moi qui l'ait prévenue, répondit Kankuro.
Gaara fusilla son frère du regard.
- Quoi ?! se défendit Kankuro. Je ne pouvais pas deviner que tu voulais qu'on soit seul. Et tu sais quoi ? Je trouve ça très bien moi que Temari soit là, je suis sûre qu'elle pourra répondre à toutes tes questions.
- Kankuro ! grogna Gaara avec une voix menaçante.
- Des questions sur quoi ? demanda Temari. Tu as des soucis Gaara ?
- Non, répondit celui-ci fermement.
- Ne sois pas stupide, dit Kankuro. Il n'y a pas de honte à avoir Gaara !
Gaara se frotta la tempe avec agacement, s'insultant d'avoir été assez idiot pour se confier à Kankuro.
- Gaara a des problèmes de sexe, dit Kankuro à Temari.
Gaara releva la tête en une fraction de seconde et fixa son frère avec des yeux ronds.
- Je n'ai pas de problèmes de sexe, marmonna-t-il les dents serrées. Kankuro je te jure, un mot de plus et je te fous mon poing dans la
- Ca suffit maintenant ! s'énerva Temari en s'interposant.
La tension était palpable.
- Gaara… dit-elle calmement. Et si tu m'expliquais ce qui t'arrives.
Gaara se mura, bouillonnant intérieurement. Soudain, Kankuro se décida à prendre le risque de parler.
- Gaara… On est tous passé par là. Il n'y a aucune honte, ni même aucune gêne à avoir. Tu as mis du temps à te sentir concerné par la vie de couple, et maintenant que ça t'arrive c'est normal que ce soit angoissant.
Gaara fixa à nouveau son frère qui se tut immédiatement et se mit à déglutir difficilement, prêt à s'enfuir à tout moment. Finalement, Gaara soupira et se tourna vers sa sœur.
- Je me sens enfin prêt à… Vivre pleinement ma relation avec Hinata. Cependant, j'ai peur de ne pas être à la hauteur. Elle est exceptionnelle et après tout ce temps, la dernière chose qu'elle mérite c'est d'être déçue.
Temari acquiesça doucement et sembla chercher ses mots pour ne pas brusquer son petit frère.
- Est-ce que… Vous avez déjà fait l'amour ? demanda-t-elle prudemment.
- Non, répondit simplement Gaara. On n'a presque rien fait, justement c'est parce que je sais que ça va arriver que… Que j'y réfléchis et que je me rends compte que ma connaissance envers les femmes est plus que limitée.
Temari réfléchit longuement avant de prendre la parole.
- Les femmes et Hinata, ce n'est pas la même chose Gaara. Elle est unique et même si anatomiquement toutes les femmes sont faites pareil, elles n'ont pas les mêmes envies, les mêmes besoins, les mêmes façons de prendre du plaisir.
Gaara haussa les sourcils, très surpris par les mots de sa grande sœur.
- Hinata et toi vous allez vous découvrir mutuellement, et crois-moi, la pression que tu as en ce moment elle l'a aussi. Personne ne veut décevoir l'autre dans un moment pareil, et même si ça fait peur c'est une bonne peur. Ca montre que vous tenez l'un à l'autre. Tout ce que je peux te dire c'est que la clef c'est surtout de communiquer. Si tu as des questions sur son corps ou sur ses besoins, demandes lui. Si tu as des appréhensions, parles lui en. Et si tu ne sais pas comment t'y prendre, demandes lui ce qu'elle veut. A partir du moment où tu en as envie et elle aussi, et où vous communiquez, il ne peut rien arriver de mal Gaara. Et Hinata se sentira certainement très soulagée si tu engages cette conversation, car elle aussi pourra te partager également ses appréhensions et te poser ses questions. Ce n'est pas une honte de ne pas savoir quoi faire exactement tu sais. Une première fois ce n'est pas une performance, c'est une découverte, et c'est au fur et à mesure du temps que vous allez en apprendre de plus en plus sur vous et sur l'autre.
Gaara resta longtemps sans bouger, le regard dans le vide, à méditer les paroles de sa sœur. Finalement, il afficha un sourire discret.
- Merci Temari c'est… C'est exactement ce que j'avais besoin d'entendre je crois.
Temari afficha un sourire lumineux et se tourna fièrement vers son autre frère.
- Et dire qu'il vient toujours te voir toi quand il a besoin de parler… nargua-t-elle.
S'en suivit un enchaînement de railleries entre les deux No Sabaku tandis que Gaara, libéré de ses nausées, se décida à manger un peu tout en continuant à réfléchir. Finalement, ils changèrent de sujet de conversation et réussirent à profiter du reste de la soirée sans chamailleries.
Vers minuit, Gaara se mit au lit et réalisa qu'il était vraiment épuisé. A peine eut-il fermé les yeux qu'il partit dans un sommeil profond.
