Bonjour tout le monde !
Ouf, merci à celles et ceux qui ont mis cette histoire en favori ou en follow, je suis ravie que vous soyez de retour :D
J'ai mis pas mal de temps pour écrire ce second chapitre, je pense (j'espère !) que je mettrais moins de temps pour les prochaines publications. Vous l'aurez vu, j'ai complètement occulté Hermione de ce premier chapitre, non pas seulement par sadisme mais aussi parce qu'elle méritait son passage flash-back que vous allez découvrir ! J'espère que le chapitre vous plaira et vous souhaite une bonne lecture ! :) N'hésitez pas à reviewer sans relâche ;)
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Chapitre 2 : L'Éveil
18 juin 1996 : Département des Mystères
La bataille faisait rage de tout côté.
Hermione était à bout de souffle mais refusait d'abandonner. Pas maintenant, alors que leurs amis les avaient rejoints et que l'Ordre combattait à leurs côtés. La jeune femme jeta des coups d'œil dans l'immense arène et aperçut Ron face à Macnair. Alors qu'elle s'apprêtait à l'avertir de l'attaque du mangemort, elle vit Alastor Maugrey se ruer vers l'assaillant. Neville quant à lui était toujours au sol mais semblait, pour le moment, hors de danger. Ce qui était loin d'être son cas. Hermione revint à la charge de ses adversaires, répondant sort par sort à leurs attaques. Mais ses forces diminuaient et ses deux ennemis semblaient se rapprocher davantage. C'est alors qu' Harry déboula dans son champ de vision et se joignit au duel. Hermione lui adressa un sourire soulagé et tous deux s'engagèrent dans un combat endiablé.
Ils eurent rapidement raison de leurs opposants, assommés par une combinaison puissante de contre-sorts. Hermione releva alors la tête, cherchant de tout côté l'objet de ses pensées. Sirius était à l'opposé, embarqué dans un duel virulent avec Bellatrix. La colère rugit au sein de son ventre et Hermione resserra sa baguette dans sa main avant de se précipiter dans sa direction. Harry la suivait de près. Mais alors qu'elle arrivait à hauteur de l'arche, Hermione ressentit une douleur fulgurante et bascula en arrière. Elle comprit dans sa chute qu'un mangemort l'avait heurtée. Le visage de Dolohov s'imprima face à elle tandis qu'il brandissait sa baguette. Elle vit du coin de l'œil Harry rebrousser chemin mais s'époumona soudain :
« Sirius ! Occupe-toi de Sirius ! »
En un geste, elle para le Stupéfix lancé par Dolohov et lança un Pétrificus Totalus sur le mage noir qui s'effondra à ses pieds. Elle vérifia que son adversaire était hors d'état de nuire et donna un coup sec dans sa baguette afin de l'éloigner le plus possible de lui. C'est alors qu'Hermione entendit la voix forte de Sirius résonner dans l'arène.
« C'est tout ce dont tu es capable Trixie ?! »
Elle se retourna vivement vers lui, à bout de souffle.
Hermione n'entendit ni ne vit le sort lancé par Bellatrix. Elle constata seulement que Sirius avait cessé de rire et qu'il se tournait vers Harry. Elle fit un pas en avant puis s'immobilisa. Sirius semblait tomber au ralenti. Son dos se courbait délicatement, sa tête basculait lentement en arrière, envoyant valser ses boucles brunes. Hermione le regarda chuter.
Elle le revit lors de son arrivée au square Grimmaurd, l'été dernier. L'attendant dans l'encadrement de la cuisine, avec son regard gris et envoûtant. « Et voilà la sorcière la plus douée de sa génération. »
Elle le revit lors de la première soirée passée en compagnie de Rémus, lui servant un verre de porto, malgré les remontrances de son ancien professeur. « Ce sont les vacances et je vois mal Hermione abuser du porto. On peut te faire confiance, non ? »
La découverte de la bibliothèque dont il était si fier. «. J'ai encore tellement choses à découvrir, dans tous les domaines, tellement de choses à connaître… »
Leur journée passée tous les trois à faire le grand ménage du square Grimmaurd, se trémoussant sur les musiques entêtantes des vinyles de Sirius.
Leur première conversation à cœur ouvert autour de la table de la cuisine, après l'incident du portrait, et le sentiment qu'il serait quelqu'un en qui elle pourrait avoir confiance.
La première fois qu'elle avait découvert la part d'obscurité en lui qu'il essayait de dissimuler, seul et alcoolisé dans le couloir de Grimmaurd, répondant avec fureur aux vociférations de sa mère.
Leur rapprochement physique et intime. Leur premier baiser. Leur première étreinte. La nuit où elle lui avait avoué ces mots brûlants. « Je t'aime ».
Sirius continua à tomber et disparut au-delà de l'arche. Hermione ne comprenait pas pourquoi elle ne le voyait pas ressurgir de l'autre côté. Puis un violent sentiment de nausée la prit. Sans un égard pour le reste du monde, Hermione tomba à genoux et sombra dans l'inconscience.
o O o
Elle se réveilla au son d'un froissement. La sorcière battit des paupières, regardant autour d'elle. Tout était brouillé. Hermione tenta de se relever et grimaça. Son corps était ankylosé et elle ressentait une vive douleur à la jambe qui lui vrillait les tympans. Son visage la picotait aussi. Alors que ses doigts frottaient les paupières alourdies, Arthur Weasley se pencha sur elle.
« Tout va bien Hermione, tu es saine et sauve. »
La jeune femme n'avait guère l'impression de s'en être sortie mais elle n'eut pas la présence d'esprit de le lui faire remarquer.
« Où je suis ? , demanda-t-elle d'une voix pâteuse.
- Tu es au Terrier, ne t'en fais pas », répondit le patriarche Weasley qui se mit à genoux devant elle, sa baguette dans une main, une bande de tissu dans l'autre.
Hermione se redressa tout à fait maintenant. Sa jambe gauche était dans un piètre état. Elle était ouverte sur toute la longueur, laissant un sillon important de sang auquel s'étaient mêlés les restes de tissu de son pantalon. La jeune femme grimaça lorsque le sorcier écarta les pans de celui-ci pour soigner la plaie.
« Je suis désolé, je vais essayer de te faire le moins mal possible… Molly est auprès des autres blessés, s'excusa Arthur.
- Harry ?! s'écria alors Hermione, foudroyée par la réminiscence des derniers instants de la bataille.
- Il va bien », lui assura le sorcier plus âgé.
Hermione poussa un soupir de soulagement. Arthur atteignit la plaie ouverte et la nettoya avec soin. Puis il revêtit la jambe de la sorcière par des bandes de tissu.
« Severus nous a prévenu dès qu'il a eu le message », rajouta-t-il en terminant de nouer le bandage.
Puis il se redressa et inspecta le visage de la jeune femme. Il posa délicatement ses doigts sur l'arcade sourcilière de celle-ci et tamponna le sang séché. Hermione grimaça.
« C'était un piège, affirma-t-elle d'une voix grave. Ils savaient que l'on mordrait à l'hameçon et que l'on se précipiterait sur place… Sirius n'était pas en réel danger. »
Hermione soupira d'aise. C'était une maigre victoire, mais elle comptait tout de même : Sirius n'avait ni été enlevé, ni torturé par Voldemort. Il les avait trompés. Arthur, à ces mots, eut un air accablé et, avec mille précautions, déposa un fin pansement sur le sourcil de la jeune femme.
« Où est-il ? » , reprit-elle en levant les yeux vers le patriarche.
Arthur déglutit mais lui rendit toutefois son regard.
« Il ne s'en est pas tiré. »
Hermione continua de le regarder, sans comprendre.
« Mais il était… Il était juste devant moi. Harry allait à sa rescousse. », expliqua-t-elle précipitamment.
Son arcade la lançait. Hermione revit l'image de Sirius qui lui souriait. « Je veux que tu saches que quoi qu'il se passe, je te retrouverai toujours ».
« Bellatrix l'a tué, affirma Arthur, le visage sombre.
L'image de Sirius qui semblait tomber au ralenti apparut dans l'esprit de la belle brune.
- Non, vous ne comprenez pas Arthur : il a juste chancelé ! Je l'ai vu, il est juste tombé près de l'arche ! , s'exclama-t-elle d'une voix que l'angoisse rendait aigüe.
- Son corps a disparu. »
Hermione se tut. Son esprit tentait d'appréhender l'impensable. Elle le revit une nouvelle fois lui sourire.
« Il est juste tombé, dit-elle d'une voix blanche, le choc réduisant en poussière toute pensée rationnelle qu'elle aurait pu émettre.
- Je suis désolé Hermione… , soupira Arthur, passant une main amicale sur son épaule. Sirius était quelqu'un de bien. Harry est… Il… Il va falloir le soutenir », rajouta-t-il, accablé.
« Et qui va me soutenir, moi ? » résonna une voix plaintive en elle.
L'homme qu'elle aimait n'était plus. Sirius n'était plus.
Il avait juste disparu. Aucune trace de son passage, aucun corps sur lequel se recueillir. L'absence. Totale et oppressante.
Hermione contempla la plaie de sa jambe gauche. Elle sentit qu'Arthur lui parlait de nouveau mais il lui était impossible de se concentrer sur les mots prononcés.
Il n'était plus là. Aucune trace de lui. Aucune trace de leur histoire.
Comme si ça n'était jamais arrivé.
Comme si rien ne s'était jamais
o O o
18 juin 2006
Passé »
Hermione marmonna encore quelques instants, se retournant sans cesse dans le lit. Elle sentait qu'elle émergeait peu à peu des profondeurs du sommeil. Ses lourdes boucles brunes recouvraient ses yeux et son visage. La jeune femme, aux bords de l'éveil, sentit alors le contact chaud d'un bras se refermer contre sa taille. Sans ouvrir les yeux, elle vint se blottir contre lui.
« Debout la marmotte »
Hermione consentit enfin à ouvrir les yeux. Ron lui souriait espièglement.
La sorcière fronça le nez en s'étirant et sourit en retour.
« Bonjour, murmura-t-elle d'une voix engourdie.
- Bonjour belle endormie. On peine à émerger ? , lui lança son partenaire, amusé.
- J'aurais moins de mal à me réveiller si je n'avais pas été entraînée dans une longue série d'ébats sulfureux la nuit dernière, grimaça-t-elle en se serrant davantage contre le torse du sorcier.
- Je crois pourtant me souvenir que c'est toi qui en étais l'instigatrice, glissa Ron, d'un ton séducteur.
- Ronald Weasley, ne lancez pas d'allégations fortuites sur ma personne, je vous rappelle que je travaille au Ministère de la Magie, rétorqua Hermione en prenant un air professoral.
- Moi de même, très chère », pouffa ce dernier.
Hermione le rejoignit et tous deux s'observèrent avec amusement avant de se rapprocher. La belle brune ferma les yeux tandis que son compagnon l'embrassait avec fougue. Elle y répondit volontiers et noua ses bras autour de son cou pour le maintenir contre elle. Lorsqu'il se détacha d'elle, un petit soupir apaisé franchit ses lèvres. Hermione se sentait bien, emmitouflée dans ce cocon protecteur. Mais alors que Ron revenait à la charge avec un sourire tendre, ils entendirent tous deux un bruissement vif qui les fit sursauter. Le sorcier se releva précipitamment et manqua de tomber du lit.
« Par les caleçons de Merlin ! » , s'époumona-t-il en retrouvant son équilibre.
Hermione se retourna vivement vers la source du son et ouvrit des yeux exorbités.
Un cerf argenté se tenait face à eux, reposant au pied de leur chambre conjugale. Alors que la sorcière restait ébahie, une voix qu'elle connaissait bien résonna dans la pièce :
« Hermione, où es-tu ? Ton bureau est désert. Luna vient de m'envoyer un message en me sommant de la rejoindre mais elle n'est pas non plus ici. Viens me trouver au Ministère dès que tu auras ce message. Quelque chose cloche. »
Puis la voix de Harry disparut, et le cerf avec elle. Hermione, angoissée maintenant, se retourna vers Ron :
« Bon sang mais quelle heure est-il ? »
Ron haussa les épaules et se retourna vers la porte. L'horloge murale indiquait huit heures et quarante-cinq minutes.
« À quelle heure est-ce que tu devais retrouver Luna ? , demanda le grand roux.
- Huit heures et quart, répondit Hermione.
- Et bien… C'est un peu compromis », grimaça-t-il en se décalant.
Hermione ouvrit des yeux de hibou outré et manqua de renverser Ron lorsqu'elle s'installa à sa place pour voir l'heure. Puis elle poussa un gémissement catastrophée.
« Comment j'ai pu rater le réveil ?! Je ne l'ai jamais raté jusqu'à présent ! Je suis toujours réglée comme une montre à gousset, par Circé et par Merlin ! » , s'écria-t-elle en se redressant vivement du lit.
Hermione sauta du lit conjugal et se dirigea vers sa coiffeuse où elle enfila avec brusquerie des sous-vêtements, sans s'arrêter de jurer. Ron la regarda faire, un sourcil haussé.
« Pour que la grande Hermione Granger rate son réveil, il en faut ! Quelque chose cloche définitivement aujourd'hui, que le monde se tienne sur ses gardes ! , lança-t-il non sans une certaine espièglerie.
- Tu as de la chance que mon retard soit tout ce qui m'obnubile à présent », rétorqua la sorcière en pointant sur lui un doigt vengeur.
La belle brune sauta dans son pantalon de la veille et passa la tête dans la chemise à rayures qui trônait sur sa chaise. Elle fila dans la salle de bains attenante à leur chambre pour se coiffer. Comme à leur habitude, ses cheveux formaient une crinière imposante. Hermione passa des coups de brosse rageurs puis les noua en une natte grossière. Elle sortit ensuite de la salle de bains, cherchant désespérément ses chaussures. Ron lui fit un signe de tête pour l'aider. Une fois prête, Hermione se retourna vers lui.
« Je file, annonça-t-elle en se penchant vers lui pour l'embrasser tendrement.
- J'avais suivi, répondit ce dernier avec amusement. À ce soir, transmets mes amitiés à Luna. »
La jeune femme hocha la tête et transplana en un instant.
o O o
Au neuvième étage du Ministère de la Magie se trouvaient toujours Luna et Harry. Ce dernier était toujours à terre, immobile. Le choc débilitant l'avait cloué sur place et toute tentative de pensée cohérente échouait invariablement à s'imposer à son esprit. Luna quant à elle continuait de caresser lentement le front de Sirius, regardant son interlocuteur avec insistance.
« Harry, veux-tu bien m'aider ? »
« Ça n'est pas possible », songeait Harry en lorgnant un œil du côté de l'homme inconscient.
« Il faut qu'on le transporte. »
« Il a disparu à travers le Voile »
« Je ne pourrais pas le faire toute seule »
« Il était… est mort. »
« HARRY JAMES POTTER ! » s'écria enfin Luna.
Le brun à la cicatrice sortit enfin de sa torpeur sous l'éclat de voix de sa camarade. Celle-ci reprit son calme mais le regarda droit dans les yeux :
« Le "pourquoi" trouvera bien son sens. Pour le moment, j'ai besoin que tu m'aides à le sortir d'ici. » affirma la sorcière lunaire.
Harry cligna plusieurs fois des yeux puis décida de mettre son esprit rationnel de côté et de se ranger du côté de son interlocutrice. Il se rapprocha lentement, comme s'il avait peur de briser l'enchantement.
« Il respire ? , demanda-t-il d'une voix embarrassée.
- Oui. C'est faible, mais c'est là, répondit Luna.
- Comment l'as-tu trouvé ? , reprit Harry qui sentait revenir la vie en lui.
- Je te l'ai déjà dit. Les Joncheruines, répéta Luna d'une voix d'où perçait un début d'exaspération.
- Et les… Ces trucs t'emmènent souvent auprès des personnes présumées décédées ? , demanda maladroitement le jeune homme.
- Entre autres choses. »
Harry resta éberlué encore un instant puis quelque chose en lui décida que cette journée serait placée sous ce signe et qu'il devait, pour le moment, suivre le courant. Il secoua la tête comme pour marquer sa prise de décision et se rapprocha complètement de l'homme à terre. Ses yeux eurent du mal à se poser de nouveau sur lui. Après un effort, il y parvint.
Sirius n'avait pas changé. Ça n'était pas une formule toute faite pour ménager les sentiments de quelqu'un, non. Sirius n'avait véritablement pas changé. Il s'était écoulé dix années à présent depuis sa disparition mais le temps n'avait pas eu de prises sur lui. C'était comme s'il s'était trouvé dans un espace hors de ces limites humaines. Il était exactement le même homme qu' Harry avait vu tomber lors de la bataille du Département des Mystères.
« Où étais-tu pendant tout ce temps Sirius ?! » se demanda sourdement Harry.
Un regard de Luna acheva sa réflexion personnelle et il mit un genou à terre afin de soulever le corps de son parrain. La sorcière aux cheveux blonds passa ses mains sous les aisselles de l'inconscient et se releva lentement. Alors qu'ils essayaient tous deux de le soulever, Sirius eut un spasme. Le cœur d'Harry bondit dans sa poitrine. Il crut à un moment que c'était le produit de son imagination mais lorsque les yeux de son parrain se posèrent sur lui, il sut que ça n'était pas le cas. Les yeux gris de Sirius s'ouvrirent avec difficulté et se posèrent sur le jeune homme. Harry sentit un vertige le prendre lorsqu'il sentit de nouveau ce regard familier le contempler. Peu à peu, les yeux de Sirius s'agrandirent. Ses mains tremblèrent et se crispèrent tout contre la chemise de son filleul. Son visage s'anima et ses lèvres se murent avec lenteur. Sirius tentait d'articuler quelque chose. Luna se baissa vers lui pour l'entendre Harry en fit de même. D'une voix rauque, le sorcier disparu murmura un seul mot : « James ». Puis il sombra de nouveau dans l'inconscience.
Harry resta hébété, devant le visage endormi de son parrain. Il ne parvenait pas à calmer les battements désordonnés de son cœur. La voix de Luna manqua de le faire trébucher.
« Tu n'es pas le seul à être perdu », remarqua-t-elle d'une voix douce.
Harry plongea son regard dans celui de la sorcière, sans rien dire. Puis Luna pencha la tête de côté et l'invita à l'aider. Le jeune homme à la cicatrice hocha la tête et s'empara des jambes de son parrain. Tous deux se relevèrent avec mille précautions et portèrent le corps de Sirius loin de la salle de la Mort.
o O o
Hermione arriva en catastrophe dans son bureau peu après neuf heures. Sa collègue sursauta en entendant le vrombissement familier du Transplanage. La sorcière aux boucles brunes apparut dans son bureau en un clin d'œil, le visage angoissé.
« Miranda ! , s'exclama-t-elle en franchissant son bureau.
- Hermione, la salua cette dernière avec un ton pincé.
- Je ne sais pas ce qu'il s'est passé ce matin, je ne me suis pas réveillée, expliqua Hermione, atterrée.
- J'ai bien compris, répondit Miranda en ne levant pas les yeux de sa plume à papotte.
- Harry est-il venu ici ?!
- Mr Potter est passé, oui, il y a de cela… Je ne sais plus. Il vous cherchait. »
La jeune femme tenta de réfréner son agacement envers le manque de loquacité de sa collègue. Après tout, c'était elle qui était en retard et qui avait manqué à tous ses devoirs.
« Mr Potter a-t-il indiqué où il se rendait ? , essaya-t-elle en forçant son ton cordial.
- Il n'a pas cru bon de le mentionner. J'essayerais son bureau si j'étais vous. »
Hermione esquissa un sourire tenant plus lieu de grimace et sortit de son bureau en trombe.
À cette heure-ci, les couloirs du Ministère étaient traversés de part en part par des sorciers et sorcières pressées. La jeune femme se fraya un chemin vers l'ascenseur aux portes dorées, salua d'un signe de tête les visages familiers puis annonça son étage.
Hermione sortit dans un fourmillement de capes et de fourrures. Le niveau 2 abritait le département de la justice magique, et en son sein résidait le bureau des Aurors. Pour de nombreux employés, le niveau 2 était le fer de lance du Ministère de la Magie, celui qui attirait toutes les gloires et tout le prestige. Et quelque chose dans la façon dont était organisé le service tendait à cette idée. Les murs étaient hauts, tout en marbre brut. De nombreux luminaires diffusaient une lueur éclatante dans tout le long corridor. Les passants et passantes marchaient d'un pas leste mais sans précipitation. Tous se saluaient d'un hochement de tête cordial. On aurait dit que toute une branche de la noblesse occupait ce niveau.
Hermione leva les yeux au ciel et amorça l'ascension des couloirs prestigieux. Elle s'arrêtait lorsqu'elle voyait les portes des bureaux ouvertes et demandait à qui voulait bien lui répondre où était le très célèbre Harry Potter. Hélas, les réponses étaient peu concluantes. Hermione parvint au bout du corridor et tomba sur Gawain Robards, le chef du bureau des Aurors. Ce dernier leva les yeux vers elle et eut un signe de reconnaissance.
« Mes excuses monsieur Robards, mais je cherche désespérément Harry Potter. Il m'a demandé de le rejoindre de toute urgence.
- Je suis navrée mademoiselle Granger, je ne l'ai vu que ce matin, à son arrivée. Essayez directement à son bureau, ses collègues pourront peut-être vous renseigner.
- Je vous remercie. »
Hermione franchit l'une des portes en fer forgé et arriva devant le bureau de son meilleur ami. Comme elle s'y attendait, la place était déserte. Elle s'adressa toutefois à l'un de ses collègues.
« Savez-vous où Harry est parti ? Je dois le retrouver ici.
- Navré M'selle. Je suis arrivé il n'y a que quelques minutes et son bureau était déjà désert.
- Je l'ai vu moi ! , s'écria alors un jeune homme aux cheveux ébouriffés. Il était là ce matin à trier des dossiers mais a reçu un patronus et s'est mis à courir vers l'ascenseur !
- Un Patronus ? , reprit Hermione en fronçant les sourcils. De quelle forme ?
- C'était un lapin, une adorable petite bestiole », gloussa ce dernier avec un grand sourire.
« Luna » pensa Hermione en un instant. Elle sentit son ventre se contracter. Quelque chose ne tournait réellement pas rond aujourd'hui. Son instinct lui disait qu'un événement était à l'œuvre et elle ne pouvait s'empêcher de sentir l'arrivée d'une sourde angoisse.
« Merci, dites-lui si vous le voyez que je suis passée à son bureau et que je ne bougerai pas du Ministère », lui indiqua la jeune femme en sortant.
Hermione se retrouva de nouveau dans le hall du département de la justice magique, plus déboussolée qu'à son arrivée. Elle avait essayé son bureau, celui de Harry et toutes les personnes à qui elle avait demandé des informations ne lui avait rien donné. Comment Harry et Luna pouvaient-ils s'être perdus ?
La sorcière aux cheveux bruns tourna et retourna le problème dans tous les sens sans parvenir à un élément de réponse. L'angoisse grondait telle une bête vorace dans son estomac. Depuis ce matin, le monde ne tournait pas rond. Hermione prit sur elle et entreprit de redescendre dans le hall du Ministère. Là, elle parviendrait peut-être à obtenir plus d'informations. Elle atteignit les portes de l'ascenseur qui se refermèrent sur elle. Mais lorsqu'elle arriva au niveau 0, la jeune femme eut un hoquet de surprise.
Le hall du Ministère était en pleine effervescence. Ce qui aurait pu passer pour quelque chose d'anodin au regard de certains mais il y avait ce je-ne-sais-quoi dans l'air qui faisait de cette masse de personnes un intriguant tableau. Hermione tenta de se frayer un chemin vers la statue imposante mais les mouvements chaotiques de la foule l'envoyaient de tout côté. Elle sentit une vive douleur à l'arrière de son crâne et se retourna pour mieux libérer ses cheveux qui s'étaient retrouvés accrochés à la manchette d'un sorcier imposant. Ils tombèrent en boucles désordonnés sur son visage. Hermione pesta et reprit son ascension. Elle parvint enfin à la statue où elle reconnut plusieurs visages familiers de l'accueil. Hermione agrippa la manche d'un sorcier à l'âge vénérable.
« Sylvestien, j'ai besoin de votre aide, grimaça la jeune femme en sentant les remous de la foule contre elle.
- Que puis-je faire pour vous Miss Granger ?
- Je cherche Harry Potter. Je n'arrive pas à mettre la main sur lui mais je sais qu'il est ici !
- Je suis navré, je ne l'ai pas aperçu dans ce coin », regretta le vieil homme.
Alors qu'Hermione sentait l'accablement s'abattre sur elle, une sorcière au chapeau vert bouteille se retourna vers elle, l'air pincé.
« Potter ? Il est passé il y a quelques temps avec son amie bizarre… Une jeune femme aux cheveux blonds avec des radis aux oreilles.
- Luna ! Savez-vous où ils sont passés ?! s'écria Hermione en pressant le bras de la sorcière.
- Mais je ne sais pas mon enfant, ils sont partis en empruntant l'une des cheminées de service. Ils étaient pressés, rétorqua la sorcière en chevrotant.
- À mon avis, ils se sont rendus à l'hôpital de Sainte-Mangouste, vu ce qu'ils transportaient, annonça un sorcier à l'imposante moustache cendrée.
Le sang d'Hermione ne fit qu'un tour.
- À l'hôpital ?! Lequel des deux était blessé ?! s'écria-t-elle de vive voix.
- Aucun des deux ma bonne dame, c'est le paquet qu'ils transportaient qu'avait l'air mal en point, répondit le sorcier en haussant les épaules.
- Pendant un instant, j'ai cru que c'était… , reprit la sorcière au chapeau.
- Moi aussi, mais c'est inconcevable. Il est mort depuis longtemps, conclut son interlocuteur.
- Nous sommes peut-être devant une funeste réapparition, frissonna l'ainée.
- Ah ! Ça serait un sacré miraculé, c'est moi qui vous le dis ! »
Hermione n'entendait déjà plus la conversation houleuse entre les deux voisins. Son esprit était tout entier focalisé sur leurs dernières paroles. Un souffle froid vint la saisir et la faire trembler de tous ses membres.
« Quel miraculé ? » se demanda-t-elle, désemparée.
