Bonjour tout le monde ! :D

Ravie de vous retrouver pour ce nouveau chapitre qui, punaise, n'était pas sans difficultés !

Merci à tous et toutes pour les fav, follow et reviews, j'étais si contente de les voir :D Ça donne une sacrée motivation pour continuer, merci beaucoup.

Réponse à Carine : Je suis très heureuse que tu suives l'histoire depuis le début et j'espère que la suite te plaira !

Réponse à Ana : Merci pour ton commentaire ! Je trouvais bien intéressant de développer différents points de vue ici et que cette date fatidique ait encore beaucoup de poids pour Harry. Pour ce qui est du couple Ron-Hermione, je ne dévoilerai évidemment rien mais il y a cette problématique du retour de Sirius qui pointe son nez vi ! J'espère que la suite te plaira :)

Réponse à Guest : merci pour ce beau compliment, ça me touche beaucoup :'D !

Bon, donc, ce chapitre, et ben c'était difficile aha. Vous vous en doutez, on arrive au moment de grandes retrouvailles donc "feelings, nothing more but feelings". C'était ardu et je voulais être la plus pertinente possible niveau ressenti, tout en n'en faisant pas des caisses. Vous me direz ce que vous en avez pensé ^^ On change aussi de point de vue concernant le flash-back, et mine de rien, je vérifie souvent dans les premiers chapitres que je ne me suis pas gourée niveau déroulé de l'action et cohérence. Bref, je me fais de petits défis là comme ça, toute seule, pour tuer le temps j'imagine... Sur ce, je vous souhaite une bonne lecture et n'hésitez pas à commenter :D !

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Chapitre III : Franchir la porte

18 juin 1996

Alors que tout espoir semblait perdu, une série de déflagrations fendit l'air. Apparurent ainsi Kingsley Shacklebolt, Maugrey Fol Œil, Nymphadora Tonks, Rémus Lupin et Sirius Black. Malefoy se retourna, prêt à les affronter mais Tonks fut plus rapide. Les sortilèges fusèrent immédiatement. Sirius regarda de tout côté. Harry était à terre, près de Neville. Il vit alors Dolohov se rapprocher de son filleul.

Son sang ne fit qu'un tour. Sirius bondit dans leur direction et heurta violemment le Mangemort. Entraîné dans sa chute, il fut désarçonné pendant un instant. Alors que Dolohov se relevait et pointait sa baguette sur lui, Harry le stupéfixa en un éclair.

« Bien joué Harry, s'écria Sirius en forçant l'adolescent à s'accroupir avec lui derrière un imposant rocher. Et maintenant, il faut que tu emmènes les autres… »

Il n'eut pas le temps de terminer sa phrase. Une explosion retentissante fit trembler leur abri. Sirius releva la tête pour distinguer l'origine de l'attaque. Bellatrix se tenait de l'autre côté de la salle, euphorique. L'animagus jura entre ses dents et abaissa de nouveau Harry au sol avec lui.

« Harry, écoute-moi, il faut que tu emmènes les autres à l'abri. Sortez d'ici, s'écria-t-il en plaçant sa main sur l'épaule du jeune homme.

- Non attends, je veux me battre à tes côtés !

- Tu t'es déjà battu Harry, et merveilleusement bien… Maintenant, laisse-moi prendre la relève », le gratifia l'animagus avec un fier sourire.

Puis Sirius se releva, galvanisé par l'adrénaline, et partit à la recherche de sa cousine aliénée. Il grimpa en un éclair au centre de l'arène, passa devant l'arche imposante et arriva à hauteur de sa cible. Bellatrix vociférait des injures et lançait des sorts avec acharnement. Sirius ressentit un profond malaise face au spectacle infernal auquel il assistait. Et malgré lui, la peur naquit au creux de son ventre. Resserrant davantage la baguette dans sa main, l'animagus se rapprocha suffisamment pour entrer dans son champ de vision.

« Hoy, Trixie ! », apostropha-t-il sa cousine en haussant la voix.

Bellatrix sembla sortir de sa torpeur. Ses yeux ébahis rencontrèrent les orbes grises de Sirius. Ses lèvres se retroussèrent alors pour faire apparaître un sourire mauvais, dévoilant ses dents limées.

« Cousin. Quel honneur de te joindre à nous en cette belle soirée », lança la sorcière de sa voix aigüe.

Sirius se mit en posture défensive, sa baguette pointée vers elle. Le sourire de Bellatrix s'étira.

« Et quelle merveilleuse nuit… pour mourir », conclut-elle avant de lancer un féroce Stupéfix dans sa direction.

Sirius para instinctivement avec le sortilège du bouclier, et attaqua à son tour. Bellatrix fit un geste négligent de baguette. Tous deux se lancèrent ainsi dans un duel sauvage, féroce. Le sorcier se défendait avec dextérité et s'acharnait à rendre les coups. Des jets d'étincelles viraient de tout côté. La Mangemort menait un ballet endiablé, lançant malédiction sur malédiction. Sirius parvenait à éviter les sorts frénétiques de sa cousine, qui manquait de précision, mais la brutalité avec laquelle elle l'attaquait lui faisait perdre du terrain. Toutefois, l'animagus n'avait pas le temps de s'en soucier. La frénésie du combat l'avait emportée tout entier et plus rien ne comptait à présent. La seule chose qu'il avait en tête, c'était d'éliminer son adversaire. Son cœur battait la chamade, son esprit crépitait.

Sirius se baissa vivement pour éviter un jet de lumière rouge lancé par sa cousine. Entendant la déflagration du sort contre la roche, le sorcier éclata de rire.

« C'est tout ce dont tu es capable Trixie ?! » s'écria-t-il, en se relevant, dans le but de la déstabiliser.

Sirius vit alors un deuxième jet de lumière s'extirper de la baguette de son adversaire. Il sursauta en sentant l'impact du sort contre sa poitrine et en eut le souffle coupé. Son rire mourut sur ses lèvres. Sirius voulut poser sa main à l'endroit où il avait été touché. Mais son bras reposait, inerte, le long de son corps. Il sentit une onde de chaleur le parcourir, du torse jusqu'à son crâne. C'était comme s'il avait été frappé par le soleil. Puis la boule de chaleur se recroquevilla en lui et laissa sa place à une sensation d'extrême froideur. Sirius recula d'un pas et pivota. Son regard ébahi rencontra celui de son filleul. « Harry » pensa-t-il alors qu'il regardait l'adolescent. Le jeune homme paraissait aussi stupéfait que lui. Puis son visage se détériora peu à peu. Sirius ressentit tout à coup une peur sourde s'immiscer en lui. Il se tourna davantage, la cherchant désespérément. Des formes sombres s'agitaient devant ses yeux. Sirius finit enfin par repérer sa chevelure indomptable. Hermione leva les yeux vers lui. Tous deux se contemplèrent. Les yeux d'Hermione s'agrandirent petit à petit et son visage devint blanc. Sirius voulut effacer cette peur dans son regard. Il voulut s'approcher d'elle et la prendre dans ses bras. Lui dire que tout allait bien.

Son corps sembla se mouvoir de son propre chef. Mais il ne s'avança pas. Au contraire, il lui semblait qu'il tombait. Sirius bascula lentement en arrière. Quelque chose semblait vouloir l'aspirer tout entier. Le sorcier se sentit léger, infime. C'était comme si toutes ses attaches au monde physique se rompaient les unes après les autres. Il tenta de nouveau d'inscrire son regard dans celui de son amante. Hermione semblait déjà loin, perdue à travers les formes sombres. Ou peut-être était-ce lui qui s'éloignait ? « Attendez » pensa-t-il alors que son corps continuait sa lente ascension. « Attendez un instant. Il faut que je reste. »

Sirius continua à tomber. Il sentit la caresse d'une étoffe dans son dos. Il revit l'image d'Hermione qui s'installait au square Grimmaurd. Ses remarques pertinentes et sa maturité. Son visage qui trahissait la moindre émotion. Toutes les fois où il ne l'avait pas comprise. Jusqu'à leur premier baiser qui avait fait trembler les murs qu'il s'était érigés. Leur étreinte, leurs caresses. Ses yeux qui pétillaient et ses lèvres qui lui souriaient. La peur qu'elle avait ressentie à l'idée de le perdre. Sa promesse de toujours lui revenir. « Attendez. Je lui ai promis. Je ne peux pas. »

Jusqu'à ces mots fatidiques. « Je t'aime ». Comme il avait eu besoin de les entendre au moins une fois. Et comme il voulait les entendre de nouveau. Son esprit semblait s'effriter de toutes parts. Le froissement de l'étoffe le recouvrait presque tout entier. Sa vision se brouillait davantage. Sirius revit l'image de leur dernière entrevue. Quels étaient les derniers mots qu'ils s'étaient adressés tous deux ? Tout semblait confus en lui. « Laissez-moi… Laissez-moi juste celui-là ». Puis les souvenirs s'évaporèrent pour de bon et il plongea dans l'obscurité.

o O o

18 juin 2006

Sirius battit des paupières. Il sentait sur lui une caresse chaude, bienveillante. Mais ouvrir les yeux semblait être une tâche beaucoup trop ardue. Son esprit était encore brumeux. Il ne réfléchissait qu'en terme de sensations. Et si l'on mettait de côté cette chaleur opportune, il ne ressentait guère plus. Un douloureux constat s'imposa alors à lui : son corps semblait pris dans du granit. Bouger le moindre muscle s'avérait beaucoup plus difficile que prévu. Le sorcier prit une inspiration et essaya d'abord de reprendre contact avec ses mains. Il sentit un léger tressautement mais ne put obtenir davantage. Le train de ses pensées reprit peu à peu sa marche. Il n'insista pas auprès de ses bras mais tenta d'agiter ses jambes. Là encore, les résultats furent peu concluants. Le grand brun avait l'impression qu'il était emprisonné dans une toile solide, qui tentait de le garder coûte que coûte contre elle. Mais plus il luttait, plus il avait l'impression que l'étoffe cédait du terrain. Ses forces lui revenaient. Au prix d'un ultime effort, il parvint à entrouvrir les yeux.

La pièce était plongée dans une lumière éclatante. Sirius referma promptement les yeux puis les rouvrit afin de s'habituer à la source lumineuse. Des taches claires aux contours indistincts apparaissaient devant ses yeux. Il voulut relever la tête. Sans succès. Son corps pesait une tonne. Le sorcier se força à battre davantage les paupières. Petit à petit, les contours furent plus nets, les formes plus dégagées. Le brouillard lumineux s'étoffa pour laisser la place à un plafond en bois aux moulures géométriques. Un lustre imposant pendait à celui-ci, recouvert de mille bougies et breloques en verre. De grandes fenêtres gothiques encadraient toute la pièce et étaient à l'origine de cette lumière chaude. L'endroit était familier.

Peu à peu, les bruits extérieurs parvinrent à lui. Sirius distingua des frottements de tissu, l'effleurement de papier ainsi que des pas saccadés qui allaient et venaient, mais derrière lui. Il battit des paupières, se familiarisant de nouveau avec ses sens. Son corps ne le remercierait pas mais il fallait qu'il se mette en mouvement. Avec difficulté, le sorcier tenta de relever la tête. Le combat était rude. Son agitation naissante déclencha cependant quelque chose à laquelle il ne s'était pas attendu.

Le plafond laissa sa place au visage d'une jeune femme qui le regardait avec curiosité. Le cœur de Sirius battit un peu plus fort. Elle avait de grands yeux bleus ébahis, une chevelure longue et blonde, et des boucles d'oreille en forme de radis. Sirius n'eut toutefois pas le temps de s'interroger davantage sur la bizarrerie de cette apparition puisque celle-ci lui adressa un tendre sourire et murmura :

« Il est enfin réveillé. »

Sirius fronça légèrement les sourcils. Il tenta de nouveau de relever la tête pour appréhender cet environnement vaguement familier. La jeune femme se pencha vers lui pour lui donner un coup de main. Elle le fit se redresser et disposa un oreiller dans son dos. L'animagus était maintenant adossé au rebord du sommier et constata que la sorcière n'était pas seule. Au bout de son lit, un homme était recroquevillé à ses pieds, son visage caché dans ses bras. Lorsqu'il bougea, le visiteur releva la tête. Le cœur de Sirius manqua un battement. « Cela ne se peut… ou plutôt si… Si, c'est parfaitement logique. »

L'homme au bout de son lit était grand et mince. Il avait un visage oblong et des cheveux noirs en bataille, parsemés d'épis à l'arrière du crâne. Il portait des lunettes rondes qui recouvraient des yeux familiers qui le regardaient avec stupeur. Sirius le contempla avec le même ébahissement, bouleversé de revoir ce visage de son passé.

« James… » murmura-t-il d'une voix éraillée.

La stupeur de son meilleur ami s'accentua, ses yeux se réduisant à deux billes rondes. Sirius voulut s'avancer vers lui mais grimaça de douleur. Il se laissa retomber sur le dos et soupira.

« James… Tu ne peux pas savoir comme je suis heureux de te revoir… »

Il était enfin revenu à la maison. Sa maison. Le chemin avait été douloureux et rempli d'embûches mais le résultat était à la hauteur du sacrifice. Mais alors que Sirius acceptait son destin avec soulagement, la sorcière aux cheveux blonds s'assied à ses côtés et lui parla :

« Sirius, ce n'est pas James. C'est Harry. »

Le cœur de l'animagus rata un battement. Il rouvrit les yeux, sentant s'insinuer un froid hostile en lui, et étudia la jeune femme. Puis son regard se redéposa sur le visiteur. Ce dernier était au bord des larmes. Sirius l'examina plus attentivement. Et soudain, la vérité éclata. La sorcière avait raison. L'animagus plongea son regard dans les yeux verts de son filleul. Les yeux de Lily… Ses yeux. Sous le choc, Sirius balbutia :

« Ha… Harry ? »

Le sorcier à la cicatrice fondit alors en larmes. De gros sanglots s'échappèrent de sa gorge tandis qu'il replongeait la tête dans ses bras. La jeune femme se releva pour poser une main amicale sur son épaule. Sirius continua de regarder son filleul comme s'il le découvrait pour la première fois. Il resta stupéfait durant de longues secondes avant d'oser reprendre la parole.

« Je ne comprends pas… Je croyais que… Je croyais que j'avais rejoint James et les autres… » dit-il d'une voix enrouée.

Les sanglots de Harry cessèrent de résonner dans la large salle. Il leva les yeux vers son parrain et tenta de répondre. Mais la vision de Sirius, présent devant lui, le regardant comme avant, vivant, était trop éprouvante pour lui. Il se mordit les lèvres pour étouffer une nouvelle crise de larmes. Luna continua de caresser son épaule et réfléchit à ce qu'elle pouvait répondre. Devant l'hésitation de la sorcière, le trouble de l'aîné grandit. Il ne parvint qu'à balbutier :

« Je suis… Je ne suis plus de ce monde… Non ? »

Les larmes menacèrent à leur tour de perler. Luna fronça les sourcils et répondit d'une voix douce :

« De quoi est-ce que vous vous souvenez Sirius ? »

La respiration de l'animagus s'accéléra à mesure qu'il essayait de replonger dans ses souvenirs. Puis, la vérité crue s'imposa à lui.

« D'une Porte. Je me souviens d'une arche que j'ai franchie… Il faisait froid. Mes souvenirs se dispersaient. Je n'arrivais pas à bouger. J'étais… Je partais en arrière. »

Luna et Harry le regardèrent avec sollicitude. Ce dernier réprima ses larmes afin de prendre la parole.

« Tu es comme passé au-delà du Voile, affirma-t-il d'une voix chevrotante.

- Du Voile ? Je… Je ne me souviens pas qu'il y avait un voile…

- Personne ne me croyait quand on est arrivés dans la salle. Pourtant il était là, confirma Harry, sombre.

- Je le voyais aussi. Mais j'ai bien l'impression que nous étions les seuls », conclut Luna d'un air songeur.

Le silence s'installa au sein de la grande pièce. Sirius tentait de se rappeler de ses derniers instants mais il n'y avait plus que cette sensation de chute et de froid. Il frissonna de dégoût et releva les yeux vers ses interlocuteurs. Harry peinait à maintenir son regard sur lui sans sangloter.

« Où… Où est-ce qu'on se trouve ? , demanda Sirius.

- À l'Hôpital Sainte-Mangouste, au service de pathologie de sortilèges, répondit Luna.

- On ne savait pas vraiment où aller, expliqua Harry, mal à l'aise. C'est la première fois que les médicomages sont faces à une situation de ce genre. »

Sirius hocha la tête pour montrer qu'il comprenait. Il laissa de nouveau un temps avant d'aborder la question qui lui brûlait les lèvres. Le grand brun n'était pas sûr de la façon dont il devait l'amener. Il regarda tour à tour le duo puis se lança.

« Qu'est-ce qu'il… Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Je veux dire… Vous avez changé. Harry, tu… Tu as grandi. Et toi, demanda-t-il en regardant Luna, je connais ton visage. »

Luna et Harry se regardèrent, puis se tournèrent vers l'animagus. La jeune femme esquissa un sourire poli et prit la parole.

« Je suis Luna Lovegood. Nous nous sommes brièvement rencontrés durant la bataille du Département des Mystères. Je suis la fille de Xenophilius Lovegood. »

Sirius hocha vivement la tête, retrouvant les traits familiers du rédacteur en chef du Chicaneur chez cette jeune femme aux allures lunaires. Puis son regard se reporta vers Harry qui le scrutait avec appréhension.

« Tu as tellement grandi, murmura son parrain, stupéfait. Que s'est-il passé ? »

Harry déglutit et se rapprocha de lui. Il posa une main sur les siennes.

« Nous sommes en 2006… La guerre s'est terminée deux ans après ton… départ », annonça le Survivant, le plus délicatement possible.

L'effet fut toutefois dévastateur pour Sirius. Il fut pris d'un profond sentiment de nausée en entendant cette information. Ils étaient en 2006… Ce qui voulait dire…

« J'ai disparu depuis dix ans ? » , demanda-t-il d'une voix blanche.

Harry eut un regard douloureux vers lui mais hocha fermement la tête.

L'animagus avait l'impression d'avoir reçu un coup en pleine poitrine. Il fixa son regard désespérément sur son lit d'hôpital. Dix ans s'étaient écoulés… Sans qu'il n'en ait conscience. Il avait une fois de plus été le jouet du temps. Refoulant cette pensée qui lui faisait monter les larmes aux yeux, le grand brun s'éclaircit la gorge.

« Expliquez-moi… Il faut que je sache… », dit-il d'une voix rauque.

Luna et Harry se jetèrent un regard en biais et hochèrent la tête. Ils s'installèrent tous deux entre leur aîné. Le sorcier à la cicatrice leva les yeux vers son parrain et commença son récit.

« Lorsque tu es… disparu au-delà du Voile, Dumbledore et Voldemort se sont affrontés. Il a pris possession de moi, de mon esprit, afin de le blesser. Mais c'était peine perdue. Fudge est alors arrivé, accompagné de ses ministres, et ils ont pu constater que Voldemort était de retour. Durant l'année scolaire, je me suis senti plus seul que jamais… Je t'avais perdu et mes amis ne me croyaient pas quand je leur disais que Malefoy était devenu un Mangemort… J'avais l'impression d'avoir perdu tous mes repères. »

Sirius posa à son tour la main sur celle de son filleul. Les larmes commencèrent à poindre au coin de ses yeux.

« Au cours de l'année, Dumbledore m'a fait part de sa mission. De ce qu'il faisait lors de ses longues absences de Poudlard. Il traquait les Horcruxes. Voldemort avait divisé son âme en sept fragments qu'il avait disséminés dans des objets précieux aux quatre coins du monde. C'est ce qui lui a permis d'être encore en vie malgré les années et la disparition de son corps. »

L'animagus frémit d'horreur.

« J'ai accompagné Dumbledore sur une île où devait se trouver l'un des Horcruxes. Le médaillon de Salazar Serpentard.

- Évidemment… Il ne pouvait pas se contenter de prendre n'importe quel objet, ponctua Sirius en serrant les dents.

- Mais une fois arrivés là-bas, un piège nous attendait. Le médaillon avait été remplacé par un faux. »

À ce moment-là, Harry jeta un regard accablé vers son parrain. Sirius haussa les sourcils.

« Le médaillon… Il avait été remplacé par Régulus, avoua Harry en balbutiant. Ton frère s'était détourné de Voldemort et avait entrepris de le stopper. Mais il n'a jamais eu le temps de mener à bien son plan. »

Sirius sentit une grande brèche se rouvrir. La mention de son frère le plongea dans les abimes du souvenir. Toutes ces années de douleur, de rejet et d'animosité… Cette fracture qu'il y avait eu entre eux, frères de sang. Et pour quoi ?

L'animagus se mordit les lèvres puis hocha douloureusement la tête.

« Au final, il est revenu à la raison… Reggie a tenté de se racheter », murmura-t-il d'une voix rauque.

Harry hocha la tête et reprit :

« Nous ne l'avons découvert que bien plus tard mais il nous a aidé lors de la traque des Horcruxes. Toujours est-il qu'Albus avait été blessé sur l'île. Lorsque nous sommes revenus, Poudlard était aux prises avec les Mangemorts. Il s'avère que Draco les avait aidés à s'infiltrer dans les murs de l'école. Dumbledore m'a demandé de rester caché lorsqu'ils sont arrivés… Et Rogue l'a fait tomber de la tour d'Astronomie », murmura Harry dans un souffle.

Il revoyait encore cette scène d'épouvante où il n'avait rien pu faire. Si ce n'est regarder son directeur tomber dans le vide, disparaître de sa vie comme bon nombre de personnes auparavant qui comptaient pour lui. Sirius serra vivement les mains de Harry jusqu'à ce que ses jointures blanchissent. Il écumait de rage.

« Rogue… Ce sale petit… , gronda-t-il, ulcéré.

- Non Sirius, il s'avère qu'il était de notre côté ! s'exclama alors Harry, essayant de le calmer.

Sous le regard atterré de son parrain, il reprit vite.

- Cela faisait partie du plan d'Albus depuis le départ. Il avait été grièvement touché par un maléfice porté par un Horcruxe. Ses jours étaient comptés. Et il fallait absolument que Rogue reste dans les rangs et protège les élèves de Poudlard. Alors ils ont convenu qu'il jouerait double-jeu. Rogue a été fidèle à Dumbledore jusqu'à la fin. »

Une fois encore, Sirius sentit un grand froid s'insinuer en lui. Ainsi donc, l'exécrable Serpentard avait eu un bon fond… Cela faisait trop de choses à intégrer. Sirius n'était revenu que depuis quelques heures mais le monde, lui, avait continué sa route sans lui. Il était avide d'en savoir plus, mais en même temps, une grande lassitude et un profond désespoir le prenaient face à tous ces bouleversements. Harry sentit le trouble de son parrain et resta silencieux durant quelques instants. Ce fut Luna qui reprit le cours de son récit.

« Après la chute de Dumbledore, le groupe s'est scindé. Je suis retournée à Poudlard avec Neville, Ginny et les autres tandis que Harry était parti. À la recherche des Horcruxes. »

Sirius le regarda, stupéfait. Le jeune homme hocha la tête et continua :

« Il fallait les détruire un à un pour pouvoir détruire Voldemort. Je me suis donc lancé à leur recherche. Nous avons essuyé bien des déceptions et des échecs sur la route… Mais au final, nous sommes parvenus à les avoir. Les derniers étaient dissimulés à Poudlard et ce fut notre dernière destination. Mais Tom l'avait compris… Il savait que nous étions à la poursuite de ses Horcruxes. Et il nous a livré bataille.

- Deux armées se sont affrontées à Poudlard cette nuit-là. Les élèves et les professeurs, tout le monde était mobilisé pour repousser l'armée de Voldemort.

- Le temps que nous puissions éliminer les derniers obstacles.

- Neville a décapité le serpent, annonça Luna avec une nuance de fierté dans la voix.

- Et j'ai laissé Tom m'attaquer, conclut Harry.

- Pardon ? s'exclama Sirius en ouvrant de grands yeux.

Harry soupira et hocha la tête.

- Il s'avère que le dernier Horcruxe… C'était moi. Le seul que Voldemort n'ait pas pu prévoir. Lorsqu'il m'a attaqué cette nuit-là, quand j'étais bébé, l'amour de ma mère a agi comme un bouclier et repoussé son sort. Mais une partie de l'âme de Voldemort s'est fixée en moi. Notre connexion… Elle venait de cela, expliqua Harry avec le plus grand sérieux.

La main de Sirius se referma autour de la sienne. Il ne dit mot.

- Une fois que les Horcruxes ont disparu, Harry a vaillamment défié Voldemort et l'a tué. Nous avons gagné la guerre, conclut Luna en haussant les épaules.

- Bien… Bien, c'est très bien, balbutia Sirius qui était encore sous le choc de toutes ces révélations. Il lui semblait avoir pris dix ans en l'espace d'un instant.

Mais Harry restait grave.

- Voldemort n'est plus, c'est vrai. Mais nous n'avons pas tout gagné. »

Sirius leva alors les yeux vers son filleul. Le regard de Harry était résolument fixé sur les couvertures du lit d'hôpital. Il semblait hanté par le souvenir. Sirius sentit une peur panique s'insinuer en lui. Son visage perdit ses couleurs et il demanda d'une voix blanche :

« Harry… Qui s'en est sorti ? »

Le jeune homme leva les yeux vers lui et le regarda douloureusement. L'angoisse lui tordit davantage l'estomac. Mais il ne pouvait se résigner. Il fallait qu'il sache. Alors que Harry ouvrait les lèvres, le bruit d'une porte qui s'ouvre résonna au fond de la pièce.

o O o

Hermione était essoufflée. Elle n'avait cessé de courir depuis ce réveil manqué et chaque découverte malheureuse en entraînait irrémédiablement une autre. C'était comme si le monde s'était arrêté de tourner depuis ce matin. « Non… C'est plutôt comme s'il s'était mis à tourner à l'envers » pensa-t-elle alors qu'elle franchissait les portes du magasin de vêtements.

Elle épousseta sa chemise et arriva prestement devant le grand hall d'accueil. Là, un sorcier imposant aux lunettes carrées l'attendait.

« Je cherche M. Harry Potter et Mme Luna Lovegood », annonça-t-elle d'une voix hachée.

Le médicomage haussa un sourcil et consulta les notes de service voletantes.

« Oui, ils sont arrivés dans la matinée. Niveau 4, indiqua-t-il en ajustant ses lunettes.

- Merci, souffla Hermione qui s'apprêtait à prendre l'ascenseur.

- Je vous conseille d'y aller avec prudence… Il n'est peut-être pas au mieux de sa forme mais il reste un dangereux personnage. »

Hermione roula des yeux et se retourna vers le sorcier.

« Mais par Merlin, allez-vous me dire qui est présent dans cet hôpital ?! lança-t-elle, excédée.

- Je serais tenté de vous dire : un fantôme. Mais il m'a tout l'air d'être de chair et de sang. C'est un épouvantable énergumène qui a fait beaucoup de mal autour de lui… Je suis même surpris que M. Potter tolère sa présence. Lui qui est directement responsable de la mort de ses parents », indiqua le médicomage avec mépris.

Hermione sentit le sol se dérober à ses pieds. Son cœur tambourinait dans sa poitrine. Le sorcier s'était déjà retourné pour accueillir les nouveaux visiteurs. Elle se dirigea vers l'ascenseur, le sang battant à ses tempes. « Ça n'est pas possible, pensa-t-elle avec stupeur. Mais alors pourquoi est-ce qu'il affirmerait des choses pareilles ?! » Alors qu'elle se sentait sur le point de défaillir, les portes de l'ascenseur s'ouvrirent devant une grande porte sombre. Hermione déglutit et passa un pied hors de la cage. La jeune femme fit un deuxième pas vers la porte. Elle posa son front contre elle, ferma les yeux et souffla longuement. Puis elle releva la tête et franchit la porte.

Elle arriva dans une large pièce ensoleillée. Quelques lits étaient disposés le long de grandes fenêtres gothiques mais un seul semblait occupé. Lorsqu'elle poussa la porte, deux visages se tournèrent vers elle. Harry et Luna la contemplèrent avec surprise. Hermione voulut pousser un soupir de soulagement en les retrouvant enfin. Mais ce dernier resta bloqué dans sa gorge alors qu'un troisième visage se tournait vers elle.

Elle crut s'évanouir. Son corps semblait tomber, tomber, traverser le sol pour se perdre dans des dédales souterrains où aucune lumière, aucune raison ne pourrait jamais plus l'atteindre. Ses yeux se perdirent dans deux orbes grises, profondes, couleur de tempête, insondables, qu'elle ne pensait plus jamais revoir. Hermione aurait voulu se pincer mais son corps était prisonnier d'une rigidité absolue. Elle ne pouvait faire confiance à ses yeux. Et pourtant il semblait bien là… Il était bien là. Sirius était adossé contre son lit d'hôpital et la regardait. Sirius Black, le premier homme qu'elle avait aimé, celui à qui elle avait donné inconditionnellement, qu'elle avait vu tomber et disparaître, se trouvait de l'autre côté de la pièce. Et il n'avait pas changé. Pas depuis cette terrible nuit où l'horreur et l'indicible s'étaient produits. La jeune femme sentit son cœur se briser en mille morceaux.

Sirius était si stupéfait que les larmes s'étaient arrêtées de couler. Hermione était devant lui. Hermione, sa Hermione… Et elle avait vieilli. Il aurait pu éclater de rire si sa conscience ne menaçait pas de rendre l'âme. La sorcière n'était plus la jeune adolescente qu'il avait rencontré lors de sa cavale d'Azkaban. Elle n'était plus l'étudiante qu'il avait accueilli dans sa maison puis dans son cœur. Elle était devenue une adulte. Son visage avait pris des contours plus francs, plus matures. Ses yeux semblaient aussi porter en eux les horreurs de la guerre. Elle avait grandi et ses formes s'étaient affirmées. À sa vue, Sirius replongea dans son palais de mémoire. Les souvenirs affluèrent et lui rendirent vie. Il la vit de nouveau dans ses bras, au square Grimmaurd, tout contre lui, l'embrassant encore et encore. Ses mains se mirent à trembler. Il brûlait de la serrer contre lui, de retrouver leur étreinte. Elle avait vieilli mais était restée la même. Son cœur débordait d'une tendresse infinie pour la jeune femme et il peinait à contrôler ses émotions. Fébrile, il continua de la regarder encore et encore.

Hermione ne parvenait pas à croire ce qui était devant ses yeux. Et pourtant, Harry et Luna étaient présents et semblaient accueillir la situation avec calme. Alors pourquoi ne parvenait-elle pas à en faire de même ? Lorsqu'elle vit le regard débordant de chaleur et de tendresse que Sirius lui adressa, une part d'elle-même voulut faire demi-tour et s'enfuir en courant de la pièce. Jusqu'à ce qu'elle entende ce simple mot.

« Hermione. »

La sorcière battit des paupières, s'assurant qu'elle ne rêvait pas. C'était sa voix. La voix chaude et envoûtante qui l'avait charmée dix ans auparavant. C'était lui.

« Sirius », murmura-t-elle, tremblante.

Le grand brun esquissa un sourire ému. Elle vit que ses mains tremblaient. Lentement, comme pour ne pas le brusquer ou briser le rêve dans lequel elle se trouvait, elle fit un pas en avant et s'approcha de lui. Sirius accentua son sourire et ses yeux trahirent son soulagement.

Il voulait tant l'avoir auprès d'elle mais savait que la situation les plongerait tous dans un embarras certain. Hermione continua de s'approcher jusqu'à parvenir au bord du lit. Elle resta debout, le regard plongé sur le visage familier. Il était exactement le même depuis ce jour fatidique. Tremblante, elle balbutia :

« Comment est-ce…

- Les Joncheruines m'ont mené vers lui », expliqua Luna qui regardait Hermione avec une intensité nouvelle.

Hermione reposa son regard sur Sirius, interloquée. Il lui fit signe qu'il ne comprenait pas non plus. « Ses yeux… Ses expressions… Rien n'a changé » se dit-elle, bouleversée.

Elle vit alors la main tendue de Sirius vers elle. Craintive, elle posa le bout de ses doigts contre lui. Sirius fit de son mieux pour cacher son trouble. Il sentait les tremblements l'agiter des pieds à la tête. Hermione réprima un sanglot face à leur contact et s'assied prestement à côté de Harry.

« Comment tu nous as trouvé ? , demanda ce dernier.

- Je… J'ai… Je ne sais plus, pardon. Je suis sous le choc, s'excusa-t-elle en regardant tour à tour son meilleur ami et l'animagus.

- Tu aurais du me voir il y a quelques minutes », répondit Harry avec un sourire triste.

Hermione le lui rendit. Son regard se fixa de nouveau sur Sirius.

« Tu es là. »

Ça n'était plus une question. Le grand brun esquissa à son tour le même sourire.

« Je suis là. »

Harry serra davantage la main de son parrain.

« Ça n'est que le début : certaines personnes ne vont pas y croire de te revoir en un seul morceau, annonça-t-il avec un rire gêné.

- Oui… Vous avez prévenu Rémus ? » , demanda Sirius en levant les yeux vers eux.

Le sorcier regretta alors d'avoir prononcé ces derniers mots. Le trio demeura muet, mais leurs visages se décomposèrent peu à peu. Luna paraissait plus blanche encore, les lèvres d'Hermione tremblaient et Harry semblait sur le point de céder une nouvelle fois aux larmes. Sirius pressa sa main contre celle de son filleul. Harry balbutia enfin :

« Il… Il est mort. »

Il n'osa pas regarder son parrain dans les yeux.

Sirius sentit le froid l'envahir. Il voulut protester mais sa gorge resta obstruée. Rémus… Son camarade, son frère… Son corps se mit à trembler. Ses jointures blanchirent tandis qu'il serrait les draps dans son poing.

« Comment ? , parvint-il à demander d'une voix rauque.

- Il est mort pendant la bataille de Poudlard… Lui et Tonks ne s'en sont pas tirés, lâcha Harry dans un souffle.

- Dora ?! » , s'étouffa Sirius en levant des yeux catastrophés vers son filleul.

Hermione se mit à pleurer silencieusement. Harry balbutia, les larmes aux yeux :

« Je suis désolé Sirius. »

Son parrain regarda tour à tour les jeunes gens dans l'espoir de les voir réagir. Contredire ce qui venait d'être dit. Mais ils gardaient tous la tête résolument baissée. Rémus et Tonks… Morts…Cela ne se pouvait. Et pourtant, l'idée s'était déjà acheminée dans son esprit.

« Non, non, non, non, NOOOOOOOOON ! »

Ce qui commença comme un murmure finit en un cri désespéré tandis que Sirius hurlait. Le trio tressaillit. Les pleurs d'Hermione redoublèrent en entendant les hurlements de douleur de son ancien amant. Sirius cria une nouvelle fois, de désespoir et de rancœur. Les souvenirs continuaient d'affluer. Mais il ne voulait plus les voir. Il ne voulait plus être là. L'animagus s'épancha en sanglots déchirants et ramena ses jambes contre lui. Il tentait d'étouffer ses pleurs mais la douleur paralysait ses nerfs.

Harry sortit de son immobilité et vint poser une main sur son épaule. Sirius trembla mais finit par relever la tête. Il contempla l'air peiné de son filleul, ainsi que celui des jeunes femmes. La raison lui revint peu à peu. Sirius sentait un vide béant en lui. Mais le visage d'Hermione mit un frein temporaire à son chagrin. Il bredouilla d'une voix cassée :

« Je suis désolé… C'est beaucoup à encaisser. Je vais avoir besoin de temps…

- Bien sûr, s'exclama Harry en reprenant sa main.

- J'ai… J'ai besoin de me retrouver un peu seul, avoua Sirius en baissant honteusement la tête.

- Je comprends. Je suis désolé, s'excusa le sorcier à la cicatrice.

- Nous devrions demander aux médicomages si les visites quotidiennes sont possibles. Viens Harry, lança Luna en se levant et en tirant le bras de son camarade. Hermione ? Tu veilles sur lui ? , conclut-elle en adressant son beau regard bleu en direction de cette dernière.

- Euh je… Oui, oui », répondit la sorcière aux cheveux bouclés, le visage blême.

Luna hocha la tête avec un sourire décidé et entraîna Harry à sa suite qui la regardait interloqué. Il fit une brève étreinte à son parrain et sortit en fermant la lourde porte derrière eux.

o O o

Le silence se fit. Hermione n'osait pas regarder l'extrémité du lit, là où Sirius était adossé. La respiration de ce dernier semblait se calmer au fur à mesure des minutes. Hermione aurait souhaité disparaître au fin fond de la terre. La voix douce et hésitante de Sirius déchira le silence entre eux.

« Hermione ? Est-ce que tu peux te rapprocher ? »

La jeune femme tourna vivement son regard vers lui. Sirius l' observait avec un air embarrassé. Elle s'exécuta aussitôt et vint s'asseoir à côté de lui. Il fallait qu'elle tienne le coup. Sa main se posa sur le bord du lit. Sirius vint la recouvrir de la sienne. La jeune femme inspira longuement, s'interdisant de craquer. Mais alors qu'elle levait la tête, elle le vit lui sourire. Sirius, malgré les larmes et le chagrin, lui souriait tendrement. Son ventre se tordit. Elle eut envie de se gifler. Il parvenait à lui sourire malgré les crève-cœurs qu'il avait subi depuis son éveil et elle était là, à ses côtés, prête à lui porter le coup fatal. Hermione baissa la tête, incapable de soutenir la tendresse qu'il lui adressait. Elle ferma douloureusement les yeux pour empêcher coûte que coûte les larmes de tomber.

Sirius contempla la jeune femme à ses côtés. Il observait sa réaction sans comprendre. Hermione semblait encore accuser le coup de son retour. Et il ne pouvait pas la blâmer. Ce qui lui paraissait un enchaînement logique d'une même journée s'était en fait étalé sur dix années… Lui aussi avait un certain vertige en y pensant. Mais, au-delà du choc, il y avait quelque chose d'autre. Un chagrin vertigineux qui paraissait la dévorer de l'intérieur. Sirius se rapprocha d'elle et posa une main réconfortante dans son dos.

« Hermione… Eh… Ça va aller » murmura-t-il d'une voix chaude.

En éprouvant ce contact familier contre elle, Hermione sentit ses dernières barrières s'effondrer. Elle garda la tête penchée et répéta à travers les larmes :

« Je suis désolée… Je suis désolée… »

Sirius ne comprenait pas. Mais il tenta de se rapprocher davantage pour la serrer dans ses bras. Le parfum de la jeune femme envahit de nouveau ses sens, provoquant un apaisement immédiat. Il posa sa tête sur son épaule, perdue dans les boucles brunes.

« Ce n'est rien… Ça va… » murmura-t-il entre les larmes qui coulaient de nouveau.

Hermione releva la tête pour lui faire face. Leurs visages n'étaient qu'à quelques centimètres l'un de l'autre. Sirius affichait un visage apaisé malgré les larmes. Le sien ne devait refléter que honte et désarroi. Lentement, il caressa sa joue et son cou. Hermione frémit sous son contact. Le sourire du sorcier s'étira. Ses yeux trahissaient toutefois sa fatigue.

« Tu es là… Tu es bien là » dit-il en continuant de passer son pouce sur son visage.

Hermione prit une longue inspiration et hocha la tête.

« Repose-toi », répondit la jeune femme en un souffle.

Elle passa une main dans le dos de l'animagus et l'aida à se rallonger. Sirius sentit que quelque chose clochait. Mais la fatigue l'emportait sur le reste. Il lui sourit une dernière fois avant de rejoindre le monde des songes.

Hermione le contempla longtemps. Puis, lorsqu'elle fut suffisamment sûre qu'il dormait, elle franchit la porte à pas de loup.

o O o

« Il faut que je trouve une issue. Maintenant. »

Le regard de la sorcière virevoltait de tout côté. Son esprit lui scandait ces deux phrases à répétition. Et le besoin se faisait plus pressant à chaque seconde passée. Hermione se mit à parcourir le couloir d'un pas frénétique. Elle manqua de renverser un médicomage qui croisait sa route et se cogna à quelques reprises contre des portes barricadées. Elle en essaya une petite qui finit par s'ouvrir sur un cagibi. La brune s'enferma à double-tour sans que personne n'ait le temps de la voir et bredouilla un Silencio furtif. Puis elle se laissa tomber contre le mur et un long gémissement s'échappa d'elle. Le murmure devint cri et Hermione coinça sa tête contre ses genoux pour laisser libre cours à son désespoir. Le cagibi retentit bientôt de ses pleurs déchirants jusqu'à ce que sa gorge la brûle trop pour qu'elle continue. Hermione reprenait de petites inspirations hachées et tentait de se calmer. Mais le choc était trop brutal pour qu'elle puisse s'en tirer indemne.

Le passé venait la frapper de plein fouet. L'espace d'un instant, elle était redevenue cette adolescente fougueuse et intrépide qui s'était lancée à la conquête du bourreau des cœurs, Sirius Black. Et il était tombé lui-aussi sous son charme. Mais la réalité s'en était mêlée. Sirius avait disparu, la laissant seule et démunie. La guerre était apparue, avec ses morts et ses ravages. Et elle avait grandi. Le monde était dorénavant en paix. Elle était adulte… Et elle était éprise de Ron.

Ce constat renouvela ses larmes. « Ça n'est pas juste » balbutia-t-elle en conservant sa tête contre ses genoux. Elle vint nouer ses bras autour de ses jambes et resta ainsi encore un moment. Comment pourrait-il lui pardonner ? Comment pourrait-elle se le pardonner ?

o O o

Hermione ne sut pas combien de temps elle resta enfermée dans ce cagibi. Toutefois lorsque ses jambes se firent douloureuses, la sorcière se décida à reprendre ses esprits et sortir. Elle dirigea une main hasardeuse sur la poignée et retrouva la lueur du jour déclinant. Hermione regarda de tout côté, tentant d'apercevoir ses compagnons. Le couloir était désert.

La jeune femme avança vers la cage d'ascenseur, espérant retrouver les visages familiers. Mais personne ne semblait plus loger à cet étage. Si ce n'était le fantôme de son passé qui l'attendait derrière la porte. Peut-être qu'Harry était revenu à l'intérieur veiller sur lui ? Hermione se rapprocha de la porte mais resta devant, interdite. Elle ne pensait pas avoir la force suffisante pour la franchir à nouveau. Alors qu'elle se lamentait intérieurement, une voix familière la tira de ce marasme :

« Je me disais bien que quelqu'un était là. »

Hermione se retourna vivement vers Luna et ressentit un profond besoin de l'étreindre.

« Luna ! Je ne savais pas où vous chercher , s'exclama-t-elle avec soulagement.

- Inutile, les Nargols m'ont mené droit à toi, répondit Luna avec un sourire, haussant les épaules.

- Ah oui ? , bredouilla Hermione. Les récents événements avaient quelque peu redéfini le concept de réalité et d'invention et elle aurait été bien en mal de se moquer de Luna et des créatures qu'elle invoquait sans cesse.

- Ils gravitent autour de toi, c'est un vrai essaim, confirma la sorcière aux longs cheveux blonds. Ce n'est pas étonnant que tu sois si bouleversée.

- Que je sois… Oui, oui, on peut le dire, répondit la belle brune prise de court.

- C'est le retour de Sirius qui te fait perdre le fil, reprit Luna.

Hermione n'aurait su dire si c'était réellement une question.

- Oui, ça change évidemment beaucoup de choses et il est normal de ressentir un peu… essaya-t-elle de se défendre.

- Vous êtes très liés, lui et toi. »

Les yeux d'Hermione contemplèrent avec effarement ceux, paisibles, de Luna. Mais avant qu'elle ne puisse objecter, elle vit du coin de l'œil Harry arriver à leur niveau. Ce dernier semblait perdu. Il s'approcha d'elle et posa une main franche sur son épaule.

« Je ne savais pas où tu étais ! J'ai cherché un peu partout mais impossible de te retrouver, je ne savais pas quoi faire, s'écria-t-il en soufflant longuement.

- Je suis désolée, j'ai veillé Sirius jusqu'à ce qu'il s'endorme puis je suis allée me rafraichir, s'excusa Hermione.

- Bien, bien… Oui, bon, c'est bien… », bredouilla Harry qui ne semblait pas pouvoir s'arrêter de gesticuler.

Tous deux se contemplèrent un instant avant de s'étreindre violemment. Hermione eut le souffle coupé en recevant Harry dans ses bras mais l'enlaça fort contre elle. Le jeune homme à la cicatrice la serrait si fort qu'elle avait l'impression qu'il pourrait la briser. Des larmes coulèrent contre ses joues et se nichèrent dans le creux de son cou.

« Il est vivant Hermione. Sirius est vivant » murmura le sorcier avec émotion.

La jeune femme ne put qu'hocher la tête, tremblante.

« Je ne comprends pas, je ne sais pas comment c'est possible mais c'est vrai, continua-t-il.

- Oui.

- Il faut que je vois Ginny. Que je vois tous les autres. On doit les prévenir ! » annonça Harry d'une voix plus forte.

L'image de Ron s'imposa à l'esprit d'Hermione. Elle s'écria : « Harry ! » en plantant ses doigts contre sa veste. Ce dernier sursauta et la regarda. Hermione resta interdite, puis déclara :

« La nouvelle est rude. Il ne faut pas brusquer tout le monde. Réfléchissons avec discernement à la marche à suivre.

- Mais Hermione, il est vivant ! Je doute qu'il y ait un manuel ou un bouquin à consulter pour ce genre d'événements », rétorqua son meilleur ami tandis qu'un sourire incrédule ornait ses lèvres.

Hermione le contempla avec appréhension. Elle sut que la partie était perdue lorsqu'elle vit le profond soulagement dans les yeux de son camarade. Harry exultait. Quelque chose s'était métamorphosé en lui ; la douleur empreinte de ses traits s'était adoucie. Il semblait redevenir le jeune garçon qu'elle avait rencontré à bord du Poudlard Express.

Harry déposa un baiser sur sa joue, prit sa main ainsi que celle de Luna et les mena vers la cage d'escalier. Hermione s'y laissa emmener, sans opposer de résistance. Il était trop tard. Le train était en marche et elle n'avait aucun moyen de l'arrêter.