Bonjour tout le monde !

Noël arrive en avance cette année aha :D Je suis très, très, très contente de vous proposer ce nouveau chapitre. Il a été long à développer (il est d'ailleurs long tout court) mais je suis assez satisfaite du résultat ! J'espère qu'il vous plaira aussi !

Je vais essayer de m'avancer un maximum pendant ces congés sur la suite de l'histoire mais je ne promets pas rien d'immédiat, je ne sais absolument pas combien de temps il me faudra pour écrire le prochain. Mais dans tous les cas, il y aura un prochain ! Je sais que tout le monde dit ça mais je vous assure que je continuerai cette fiction jusqu'à la fin. Ça prendra peut-être pas mal de temps mais on y parviendra (trop de frustration accumulée à la lecture de superbes histoires ici pas terminés...)

Merci à tous les nouveaux fav et follow, ça fait tellement plaisir de voir la barre grimper :D

Réponse à Fleur d'Ange : merci pour toutes tes reviews ! :D tu m'as fait le mois aha ! Effectivement, ça va pas être simple cette relation (ni cette histoire hein, en gros) et ce chapitre devrait déjà donner le ton. J'espère que ça te plaira toujours et encore une fois, une tonne de mercis pour avoir pris le temps de commenter ces histoires ! :)

Réponse à Erza Robin : merci beaucoup pour ton commentaire ! J'espère que ce chapitre te plaira aussi ! :D

Réponse à Chichi : Mille et un merci pour ton commentaire adorable ! Je suis super contente et tu m'as redonné une motivation folle pour continuer :3 pas d'inquiétudes, je continue encore et toujours l'écriture de cette histoire, elle parviendra à son dénouement ! Merci encore tout plein pour ce beau message, ça fait chaud au cœur 3

Et sans plus attendre, le chapitre V ! Passez de très bonnes fêtes de fin d'année, portez-vous bien surtout et à bientôt ! :)

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Chapitre V : Mauvaise influence

16 novembre 1996

Hermione était postée dans les gradins du stade de Quidditch, contemplant les élèves sur le terrain. Les sélections avaient débuté tôt le matin et la moitié de Gryffondor s'était présentée. Quelques élèves des autres maisons avaient eux-aussi tenté leur chance. Depuis que le nom de Harry revenait chaque jour dans les journaux, le monde se pressait pour observer l'Élu en chair et en os. Aujourd'hui n'y faisait pas exception.

Après de lourdes remontrances et quelques recadrages, Harry parvint à instaurer une atmosphère propice aux tests. Il débuta par des exercices de base qui éliminèrent la grande majorité des élèves présents. Hermione regarda son meilleur ami donner les consignes aux candidats restants et esquissa un sourire. Quoiqu'il en pense, Harry avait définitivement l'étoffe d'un meneur.

Hermione frémit et serra ses bras contre elle. L'automne s'était installé au sein de Poudlard et avait amené avec lui le froid mordant et le vent cinglant. Ses yeux marron se perdirent au loin. Son esprit la ramena à l'automne dernier où elle n'avait eu de cesse d'échanger des lettres enflammées avec Sirius après son départ de Grimmaurd. Leur relation débutait à peine et la sorcière n'était qu'une tempête d'excitation à cette époque. « À cette époque… Dans une autre vie » songea-t-elle. Depuis, la mort avait frappé et son univers s'était retourné.

Son fil de pensée fut interrompu par les acclamations soudaines des autres élèves perchés dans les tribunes. Hermione battit des paupières et dirigea son regard sur le terrain. Cormac McLaggen enfourchait son balai et se dirigeait vers les trois anneaux de but. Elle grimaça. Si la majorité des élèves de Gryffondor appréciaient énormément le garçon, ça n'était pas son cas. Cormac était un garçon hautain, trop sûr de lui, et faisait preuve d'un certain complexe de supériorité face aux autres. Le voir bloquer tour à tour les tirs des candidats accentua sa grimace. La jeune femme regarda discrètement autour d'elle et murmura un « Confundo » en dirigeant son regard vers Cormac. L'effet fut instantané : le jeune homme se précipita dans la mauvaise direction et rata son dernier blocage. Hermione esquissa un sourire en coin.

La nuit commençait à tomber lorsque le trio rentra de leur passage à la cabane d'Hagrid. Durant tout le trajet, Ron ne cessait de babiller sur ses essais réussis.

« J'ai cru que je n'arriverais jamais à contrer le dernier pénalty, s'exclama-t-il, ivre de bonheur.

- Ah oui ? lançait poliment Harry tout en lançant un regard amusé à Hermione.

- Et vous avez vu le tir de Demelza ? Un boulet de canon ! Mon cœur a eu un raté…

- Oh… , ponctua Hermione en retenant un rire.

- Quand je pense à la tête qu'a fait McLaggen ! Il ne l'a pas volé celle-là… Vous avez vu la façon dont il a foncé vers les cages ? Quel idiot », railla Ron avec une bonne humeur évidente.

Il bomba le torse et continua d'avancer sur le chemin, restant en tête. Hermione se tourna vers Harry qui la regardait, le sourcil haussé.

« Quoi ? bredouilla-t-elle, sur la défensive.

- Je ne sais pas… Disons que ça ne ressemblait pas à McLaggen de rater un tir pareil. On aurait presque dit qu'il avait reçu un très mauvais coup sur la tête. Ou un sortilège particulièrement bien maîtrisé, ponctua Harry d'un air entendu.

- Bon, d'accord, c'est vrai, je lui ai jeté un sort, murmura Hermione après un long silence. Mais il était imbuvable ! Tu l'as bien vu. Tu aurais du le surveiller constamment durant les entraînements… Je t'ai presque fait une faveur. »

Harry éclata de rire et posa une main affectueuse sur l'épaule de son amie.

« Et que fais-tu de ta fonction de préfète alors ? la nargua-t-il.

- Je m'en suis servie pour rétablir le tort causé par un élève trop prétentieux… objecta la belle brune en redressant ses épaules.

- Hermione Granger… Qui a eu cette mauvaise influence sur toi ?! » s'exclama Harry, repartant dans un grand rire.

Hermione sentit son rire s'étouffer dans sa gorge. La réponse était si facile… C'était lui. C'était un tour digne des Maraudeurs, digne de Sirius. Hermione songea qu'il aurait été particulièrement fière d'elle et de son incartade. L'animagus avait eu la meilleure des influences sur elle. La sorcière aux cheveux bouclés sentit son cœur se serrer mais un sourire se dessiner sur le bord de ses lèvres. Malgré tout ce qu'il s'était passé, une part de lui était toujours là. En elle.

« Qu'est-ce que vous fabriquez tous les deux ? , demanda Ron qui avait déjà franchi les portes du château.

- Rien », répondirent en cœur le duo, se pressant pour retrouver leur camarade.

Hermione pénétra dans la grande salle, les lèvres toujours ourlées d'un sourire. Cela faisait longtemps, bien longtemps, qu'elle n'avait pas ressenti cette sensation chaude et réconfortante.

o O o

Les jours défilaient et se ressemblaient au sein de l'hôpital Sainte-Mangouste. Sirius ne savait pas exactement depuis combien de temps il était là mais son impatience grimpait en flèche. Il était resté trop longtemps ici. Les premiers jours, l'animagus n'avait pas eu les forces nécessaires de rester éveillé plus de quelques minutes. Son sommeil avait été peuplé d'une multitude de rêves, mêlant souvenirs réels et visions cauchemardesques en un bouquet suffoquant.

Il lui avait fallu ensuite retrouver suffisamment de force pour réussir à quitter son lit d'hôpital. Le sorcier n'avait pas pensé que cela serait si dur de retrouver la faculté de marcher. Au premier essai, il avait été entraîné dans le vide sans pouvoir rien y faire. Ce n'est qu'après de nombreux exercices menés grâce à l'aide des médicomages qu'il était parvenu à retrouver toute sa mobilité. Si son corps n'avait en effet pas pris une seule ride, il avait toutefois souffert de son manque d'activité. Qu'importe, il s'était acharné davantage à retrouver au plus vite ses facultés.

Être encore dans cette chambre le rendait fou. Sirius n'était pas fait pour rester enfermer. La vie en avait fait un tour cruel : elle l'avait retenu dans les cachots délabrés d'Azkaban pendant douze ans dont il s'était libéré avant de le replonger dans les affres du Voile. Le sorcier ne croyait pas en grand-chose mais il reconnaissait que le destin avait une détestable habitude de se jouer de lui. Chaque jour, Sirius avait demandé à ce qu'il puisse retourner chez lui et chaque jour, sa requête avait été ignorée. Car, une fois que ses capacités étaient revenues à la normale, il lui avait fallu se soumettre à une flopée de tests menés par l'équipe médicomage. Sirius avait été inspecté de long en large, observé sous toutes les coutures, sans qu'il n'ait eu son mot à dire. Si le sorcier n'était pas de nature effarouchée, il lui fallait bien admettre que ces séries de tests l'avaient déstabilisé. Puis ennuyé. Pour finir par l'excéder. L'animagus avait eu beau se soumettre à toutes les recommandations et les requêtes de Sainte-Mangouste, les résultats s'avéraient toujours aussi peu concluants : aucun sorcier n'était en mesure d'expliquer son retour à la vie. Ni même d'éclaircir les tenants et aboutissants de son voyage dans le Voile. Avait-il été conscient ? Retenu entre le monde des vivants et celui des morts ? Avait-il eu connaissance du temps qui passait ? Personne au sein de la Communauté Magique n'était parvenu à élucider le mystère. Et plus les jours avançaient, plus Sirius Black sentait l'aliénation menacer de saisir son esprit tout entier.

Les moments où il parvenait à garder la tête hors de l'eau étaient les quelques visites qui lui étaient autorisées. Harry venait le voir tous les jours, s'enquérir de son état mais lui rapporter aussi les nouvelles. Ginny était passée avec lui un matin et Sirius avait été ravi de constater que la frimousse enfantine dont il se souvenait s'était métamorphosée en un visage mature mais toujours espiègle. Tous trois avaient discuté de leur mariage et du square Grimmaurd. Sirius était heureux pour eux mais ne souhaitait pas se prononcer sur le dernier point. Il n'était pas encore en mesure de le faire. Arthur et Molly Weasley étaient venus eux-aussi. Sirius avait constaté que tous deux avaient vieilli, leurs cheveux roux avaient viré au grisonnant. Molly l'avait étreint jusqu'à manquer de lui briser les os et il ne s'était pas attendu à autre chose de sa part. Le couple Weasley était resté toute la journée avec lui pour échanger et rattraper le temps perdu. Ils avaient évoqué à deux reprises Rémus et Tonks mais n'avaient pas insisté devant l'air accablé de leur ami. La matriarche avait ramené une flopée de nourriture afin que l'animagus fasse des réserves et jetait des regards maussades aux plats qui étaient apporté par les médicomages. Arthur avait renseigné Sirius sur les dernières nouvelles du Ministère de la Magie ainsi que l'évolution de la communauté des sorciers. L'animagus les avait écouté avec attention, s'abreuvant de ce fragment de monde extérieur qui lui était proposé. Il avait été stupéfié d'entendre que Molly avait réglé son compte à sa cousine Bellatrix lors de la bataille de Poudlard. Stupéfié, mais pas euphorique comme il aurait pu s'y attendre. Lorsque Molly avait raconté le duel, il l'avait écouté avec intérêt, avait haussé les sourcils à quelques reprises mais n'avait pas ressenti une joie profonde à l'annonce de la mort de sa cousine. Fût un temps où Sirius en aurait jubilé, heureux de savoir la mangemorte démente hors d'état de nuire. Mais à la place, il ressentait une profonde lassitude. Il regrettait simplement la perte de la seule personne qui détenait peut-être la clé de son retour impromptu. Cela lui semblait appartenir à un autre temps, à une autre époque. Ces différentes visites avaient toutefois rouvert une porte vers le monde extérieur et Sirius attendait fiévreusement de pouvoir retrouver la liberté d'y plonger tout entier. Ne manquait qu'une personne dont il avait désespérément guetté le retour : Hermione.

Sirius avait attendu des jours entiers, espérant revoir la belle brune au détour d'un couloir, se relevant brusquement à chaque arrivée dans sa chambre. Mais rien n'y avait fait. Il ne l'avait pas revu depuis son premier réveil. Et plus les jours s'étaient écoulés, plus Sirius s'était résigné. Quelque chose était effectivement arrivé et avait bouleversé leur relation. Le sorcier avait tenté à quelques reprises d'obtenir innocemment des indices auprès de Harry ou des Weasley mais il n'avait retenu que des allusions prononcées à demi-mots. Le grand brun savait qu'Hermione allait bien, et qu'elle était bien entourée. Il se doutait qu'elle n'était pas seule, mais n'avait pas eu confirmation. Les premiers jours, cela lui avait fait l'effet d'un coup de poignard assené en plein cœur. Imaginer sa tendre sorcière dans les bras d'un autre lui avait provoqué des crises de colère et d'envie insupportables. Puis le temps avait passé, les jours avaient défilé et Sirius y voyait un peu plus clair. Il comprenait qu'Hermione avait du passer à autre chose : il avait disparu pendant dix années. Et il était normal qu'elle ait eu d'autres partenaires, d'autres histoires. Bien que cela le peinait, Sirius reconnaissait sans détour qu'il aurait détesté la savoir seule et malheureuse. Il comprenait et il ne lui en tenait pas rigueur… Toutefois, à mesure que ses forces revenaient, une pensée ne cessait de le tirailler. Une idée qui avait germé et prenait une place confortable dans son esprit. Hermione avait peut-être rencontré d'autres personnes, mais elle ne l'avait pas complètement oublié, lui. Lorsqu'elle avait posé les yeux sur lui ce jour-là, Sirius y avait décelé toute la stupeur, l'incompréhension mais aussi toute la tendresse qu'elle ressentait encore pour lui. Et si un regard avait pu lui transmettre tout cela, Sirius espérait bien que son retour dans le monde sorcier lui permettrait de retourner aux côtés d'Hermione et d'y rester.

o O o

Hermione cogitait. Assise à son bureau, elle travaillait d'arrache-pied à terminer ses derniers rapports. Mais son esprit n'était qu'à moitié concentré sur ce qu'elle faisait. Depuis le rendez-vous avec Ginny, la jeune femme avait mis sa résolution en pratique et n'était pas retournée à Sainte-Mangouste. À quelques reprises, elle avait du se faire violence pour ne pas y aller. Une part d'elle était inquiète à l'idée de savoir Sirius encore là-bas. Mais elle se rassurait en se disant qu'il n'était pas seul : Harry était avec lui. Depuis son retour, le jeune homme ne le quittait pas d'une semelle, comme s'il avait peur de le voir disparaître à nouveau. Ainsi, Sirius avait quelqu'un à ses côtés. Quelqu'un sur qui il pouvait compter. Quelqu'un qui n'était pas elle.

Hermione se mordit l'intérieur de la joue et reprit la lecture de son dernier paragraphe. Elle essayait désespérément de garder le cap et de s'en tenir à ce qu'elle avait décidé. Elle aimait Ron, tous deux étaient installés et disposaient d'un avenir prometteur et paisible devant eux. À chaque instant, la sorcière se souvenait des sacrifices et des épreuves qui l'avaient menée jusqu'à ce jour. Et elle ne pouvait pas abandonner cela malgré la résurgence du merveilleux Sirius Black. Afin de respecter son engagement, il lui fallait prendre de la distance et ne pas se laisser tenter par les sirènes du passé. Hermione fit glisser une de ses mèches de cheveux derrière son oreille et reprit une fois encore les dernières lignes qu'elle avait devant les yeux.

Aux environs de quinze heures, la sorcière aux cheveux bouclés aperçut une note de service voletant près d'elle. Une fois le cachet déplié, la jeune femme reconnut aussitôt l'écriture. Elle termina son dernier rapport de la journée, prit son manteau puis sortit de son bureau. Une poignée de poudre de cheminette plus tard et la belle brune apparaissait dans le salon de Grimmaurd. Ginny esquissa un sourire et vint déposer un baiser sur sa joue.

« Comment vas-tu ? , lui demanda-t-elle en indiquant le canapé.

- Très bien. Et toi ?

- Impeccable. Si ce n'est que ces vacances commencent déjà à me paraître longues…

- Profite-en pour souffler un peu. Tu n'as pas arrêté les entrainements ces derniers mois, répliqua Hermione avec un sourire.

- C'est dans le feu de l'action que je me trouve la meilleure, répondit Ginny en haussant des épaules, malicieuse.

- Je le sais bien. Du thé ?

- Volontiers. Tu connais le chemin. »

Hermione se dirigea vers la cuisine et prépara le nécessaire. Lorsqu'elle revint s'asseoir, la grande rousse la remercia d'un signe de tête. Elle prit une gorgée et ramena ses jambes sous ses fesses.

« Tu ne veux pas t'absenter quelques jours, voir un peu d'autres choses ? lui demanda Hermione qui prenait à son tour une gorgée.

- J'y pensais il y a quelques temps mais je ne crois pas que ce soit une bonne idée de partir maintenant. Harry devra bientôt reprendre le travail et on doit aménager la maison pour accueillir Sirius.

Hermione battit des paupières, sentant son cœur accélérer.

- Alors c'est décidé : il revient chez vous ? demanda-t-elle prudemment.

- Il ne te l'a pas dit ? demanda à son tour Ginny en levant les yeux vers elle.

La belle brune resta silencieuse. Ses doigts commencèrent à se tordre sur sa tasse. À mesure que les secondes défilaient, le regard de Ginny se fit plus décontenancé.

- Herm… Tu n'es pas allé le voir ?

Hermione sentit le poids de la culpabilité se lover contre son estomac.

- Non, murmura-t-elle.

- Pas une fois ? insista Ginny, plus stupéfaite encore.

- Non. Pas depuis son retour.

Les yeux de la grande rousse prirent un tour effaré.

- Hermione ! Qu'est-ce qui te prend ? Tu sais que tu vas forcément le revoir.

Cette dernière se redressa vivement du fauteuil, son regard répondant enfin à sa camarade.

- Ginny, je ne savais pas quoi faire ! Quand on s'est vues toutes les deux, je me suis mis au clair avec mes sentiments et depuis… J'essaye de tenir cette ligne de conduite. Je fais tout pour ne pas tout faire foirer, tu ne peux pas me reprocher cela, s'exclama Hermione en sentant une pression supplémentaire dans son ventre.

Le regard de la poursuiveuse s'adoucit devant le trouble grandissant de son amie. Elle se décala du canapé pour attraper sa main.

- Hermione, je ne te reproche rien. Je comprends à quel point ça doit être difficile pour toi… Mais avant d'être ton premier amour, Sirius était aussi ton ami. Il faisait partie de la famille. Et il a dû être blessé de ne pas te revoir à ses côtés depuis qu'il est revenu parmi nous… Tu comptes pour lui. »

Hermione battit vivement des paupières pour empêcher les larmes de couler. Les remords étreignaient maintenant tout son être. La sorcière s'était tellement focalisée sur le fait de ne pas tout faire basculer dans sa vie qu'elle en avait oublié le principal. Sirius, seul et sans repères, à Sainte-Mangouste. Et elle l'avait fui de toutes ses forces durant ces dernières semaines. Ses mains se mirent à trembler et elle les déposa sur ses lèvres. La sorcière se sentait plus abattue que jamais.

« Je suis désolée », murmura-t-elle faiblement.

Ginny se leva pour l'étreindre. Elle passa une main réconfortante dans ses cheveux et resta ainsi quelques minutes. Puis elle retourna s'asseoir dans le canapé, sa main serrant toujours celle de son amie.

« Lorsque tu t'en sentiras capable, va le voir… Il a besoin de nous », lui indiqua-t-elle le plus doucement possible.

Hermione hocha la tête et passa une main sur ses yeux pour ravaler les larmes menaçant de poindre. Ginny la contempla longuement puis reprit la parole.

« Nous allons organiser une fête pour célébrer son retour. »

La belle brune leva les yeux pour confronter son amie. Ginny semblait mal à l'aise.

« Il va bientôt sortir et il faudrait qu'il reprenne ses marques. Harry et moi, on pense que ça pourrait être une bonne idée d'inviter ses amis les plus proches afin qu'il se sente définitivement comme chez lui. »

Ginny observait sa compagne qui hochait la tête, les yeux concentrés sur la table basse.

« Est-ce que ça ira ? demanda-t-elle à cette dernière.

- Comment ça ?

- Est-ce que tu t'en sentiras capable ? » reprit Ginny.

La sorcière aux cheveux bouclés tritura le rebord de sa tasse pendant quelques secondes. Puis elle répondit : « Bien sûr. » du bout des lèvres.

Hermione ne pouvait s'empêcher de ressentir de l'appréhension à l'idée de le revoir en compagnie de toute la famille. Mais elle savait au fond que cela lui ferait du bien et qu'ils ne pouvaient continuer à se voiler la face. Sirius était revenu et appartenait au monde des vivants, à leurs côtés.

o O o

Hermione quitta Ginny en fin d'après-midi. Le soleil était encore chaud et une mince brise venait balayer les hautes branches du square Grimmaurd. La sorcière regarda de tous côtés et entreprit de remonter la rue. Elle avait besoin de marcher. Ses pas la menèrent jusqu'au cœur de Londres puis elle s'engagea dans les avenues passagères et bruyantes de la capitale. Rentrer chez elle était la dernière chose qu'elle souhaitait faire. Même après une longue heure à déambuler, son esprit n'était toujours pas calmé. Elle ressassait sa conversation avec Ginny et ne parvenait pas à faire disparaître ce flot de remords concernant le patient retenu à Sainte-Mangouste. Alors qu'elle arrivait à un croisement, Hermione prit sa décision. Elle redressa fièrement ses épaules et s'engagea dans l'avenue commerçante. Elle vit défiler moult enseignes colorées mais s'arrêta seulement devant celle, vétuste et abandonnée, de Purge & Pionce Ltd. Hermione fit quelques pas en direction des mannequins laissés dans la vitrine et s'annonça. L'une des figures de cire pivota légèrement et la sorcière passa à travers la vitre. Elle pénétra dans le hall d'accueil qui était, comme à l'accoutumée, rempli de sorciers qui s'affairaient brusquement. Elle se fraya un chemin vers l'ascenseur et monta jusqu'au niveau 4. Parvenue devant la porte fatidique, Hermione prit un temps pour respirer. Elle tenta de calmer ses nerfs à fleur de peau. « Il faut le faire… Tu lui dois bien ça » songea-t-elle en son for intérieur. Après quelques minutes de réflexion, Hermione poussa d'une main la porte de la chambre.

Elle pénétra dans la chambre d'hôpital et regarda en direction du lit de Sirius. Son cœur rata un battement. Il était vide. Hermione s'approcha lentement, comme si elle avait peur de déranger la tranquillité de la pièce, jusqu'à arriver au bord du lit. Celui-ci était défait. Elle passa une main fébrile sur les couvertures. Sur la table de nuit trônait un livre qui provenait de la bibliothèque des Black, elle le reconnaissait à sa couverture écornée. Près d'elle se trouvait une vieille chaise en bois sur laquelle était posée une chemise blanche qui devait avoir été fournie par les médicomages. Le regard de la belle brune s'attarda sur ce décor étrange. Sa respiration était revenue à la normale mais une parcelle d'elle ne pouvait s'empêcher de ressentir une certaine déception devant la pièce inhabitée. Alors qu'elle s'apprêtait à s'asseoir sur le lit, la porte de la chambre s'ouvrit. Hermione sursauta vivement, son regard se dirigeant vers la porte avec appréhension. Un homme en robe de sorcier blanche venait d'entrer. Il avait les cheveux roux ébouriffés et un bouc taillé avec soin accentuait la forme allongée de son visage. Le médicomage haussa un sourcil en apercevant Hermione. Celle-ci se redressa et fit deux pas vers lui.

« Bonjour, je suis Hermione Granger et je… Je venais rendre visite à un patient. Sirius Black. Il était à cet étage la dernière fois que je suis venue, expliqua-t-elle.

- Mlle Granger, la salua le sorcier d'un signe de tête. En effet, il est toujours à cet étage mais je regrette, il est sorti.

- Il est sorti ? Vous voulez dire qu'il a quitté l'hôpital ?! s'exclama-t-elle avec des yeux ronds.

- Non, sorti comme indisponible pour le moment, expliqua l'homme en haussant les épaules. Cela étant dit, il ne devrait pas tarder à quitter nos services.

- Ah… Je vois, murmura la jeune femme en passant une main sur son ventre.

- Est-ce que je peux laisser un message ? lui demanda le sorcier en avançant près de la table de nuit pour déposer un plateau.

- Non, je vous remercie. » répondit Hermione après avoir longuement réfléchi.

Elle lui adressa un sourire poli et regarda une dernière fois la chambre avant de sortir. Lorsqu'elle entra dans l'ascenseur, la sorcière poussa un profond soupir. Elle quitta Sainte-Mangouste sans un regard en arrière et transplana aussitôt chez elle.

o O o

Sirius inspira longuement, les yeux fermés. Les derniers rayons de soleil caressaient son visage. Une légère brise venait secouer les branches du parc où les deux hommes étaient assis. Harry regarda son parrain avec un sourire.

« Mieux ?

- Beaucoup. » ponctua ce dernier en maintenant les yeux fermés.

Le jeune homme était arrivé en début d'après-midi et Sirius s'était volontiers échappé de sa chambre d'hôpital pour une longue balade dans le parc. Assis sur un banc, les deux sorciers profitaient des dernières lueurs du jour. L'aîné avait allongé ses bras sur le rebord du banc en bois, la tête basculée en arrière, respirant profondément le bol d'air vivifiant. Harry était assis à côté de lui, les mains dans ses poches, contemplant les allers et venues des visiteurs. Tous deux restèrent ainsi de longues minutes avant que Harry ne reprenne la parole.

« Sirius ?

- Mmh ?

- Ginny et moi aimerions organiser une fête pour célébrer ton retour. »

L'animagus se redressa et planta son regard dans celui de son filleul. Harry tourna la tête vers lui, conscient de la réticence de son parrain.

« Je ne sais pas si c'est une bonne idée…

- Sirius : tu es de retour et cette fois-ci, pour de bon, affirma le jeune homme. Les gens veulent fêter ça.

- Je ne suis pas sûr d'être prêt, continua le sorcier aux boucles brunes. Je n'ai revu que quelques-uns d'entre vous, et encore, certains brièvement… Je ne sais pas si je serais d'attaque pour toute une assemblée qui me regardera comme une bête curieuse.

- Personne ne te traitera comme ça, assura Harry. Ça sera un peu étrange au début, certes, mais enfin, c'est notre famille. Ils te connaissent et ils s'habitueront vite.

Sirius inspira longuement, son regard se perdant au loin. Il savait que le moment était venu. Mais ça ne le rendait pas plus facile pour autant. Harry se pencha et adossa son épaule contre lui.

- Si tu ne veux pas de cette fête, alors on ne l'organisera pas… Je pense juste qu'il faudra à un moment que tu reprennes contact avec le monde extérieur et que tu revois les autres… Mais je ne te forcerai à rien.

L'animagus soupira et esquissa un sourire contrit. Il se redressa et passa une main dans ses cheveux longs.

- Tu as raison. Je n'ai été ici que trop longtemps. » acquiesça Sirius.

Harry lui décocha un sourire radieux. Son parrain passa une main affectueuse dans les cheveux en bataille du jeune homme et se releva. Harry en fit de même et tous deux avancèrent sur le chemin du retour. Sirius songeait à ce qui l'attendait ces prochains jours. L'appréhension se mêlait à l'impatience. Cela ne serait pas facile de reprendre place au sein de la famille, il aurait besoin d'un temps d'adaptation. Cela étant dit, il disposait d'une motivation solide qui le ferait tenir. L'image d'une sorcière brune aux cheveux bouclés ne le quitta pas de la soirée, lors de son retour dans sa chambre d'hôpital.

o O o

Quelques jours supplémentaires suffirent à ce que Sirius Black soit considéré comme parfaitement rétabli de l'avis des médicomages. Harry et Ginny vinrent le chercher dans l'après-midi pour le ramener chez eux, à Grimmaurd. Sirius abandonna sans un regret la chambre dans laquelle il avait séjourné des semaines durant. Vêtu d'un costume gris qu'Harry avait mis de côté, l'animagus quitta Sainte-Mangouste avec pour seul bagage, un livre de sa bibliothèque personnelle et des confiseries que lui avaient ramené Molly Weasley. Il prit les mains des deux jeunes gens qui transplanèrent en un instant, atterrissant sur le perron du 12 square Grimmaurd. Le sorcier n'avait pas pratiqué de magie depuis sa disparition et il eut l'impression de revenir à son premier transplanage, quand il n'avait encore que dix-sept ans. La nausée persista quelques secondes avant de le quitter.

L'animagus leva les yeux et se retrouva devant la façade familière de sa maison familiale. Une myriade d'émotions passa à travers son esprit tandis qu'il observait l'imposante porte noire. Harry passa une main affectueuse sur son épaule et l'invita à entrer. Sirius prit une profonde inspiration et pénétra dans l'endroit familier. C'était comme si rien n'avait changé. Le cœur de l'animagus fit une embardée en reconnaissant l'entrée. Le hall était assez lumineux et comportait le même papier-peint qu'ils avaient installé lors de leur séjour d'été. Sirius vit danser devant ses yeux les fantômes d'Hermione et de Rémus, leurs visages réjouis, s'amusant au rythme du vieux gramophone.

« Tout va bien Patmol ? » demanda Harry derrière lui.

Sirius sursauta et les visions disparurent. Il se retourna vers son filleul et esquissa un sourire semblable à une grimace.

« Oui, oui ça va. Un peu de mal à revoir tout ça. » s'excusa-t-il.

Puis, sans attendre de réponse, il se dirigea vers le salon. Certaines choses avaient changé, notamment la disposition des meubles et quelques ajouts de la part du couple, mais l'atmosphère restait chargée de leur histoire. Sirius passa une main affectueuse sur le canapé en cuir et se tourna vers le couple.

« Vous vous plaisez ici ? leur demanda-t-il.

- Beaucoup, assura Ginny avec un sourire.

- C'était étrange de revenir ici au début… Grimmaurd a été notre refuge pendant quelques temps avant la chasse aux Horcruxes, expliqua Harry en regardant les larges étagères disposées tout autour de la pièce.

- Et puis quelques pièces comportaient encore pas mal des reliques Black, ajouta la belle rousse avec une grimace.

- J'imagine, acquiesça sombrement Sirius. J'aime beaucoup ce que vous en avez fait, ajouta-t-il en jetant des regards de tout côté.

- On veut que tu te sentes comme chez toi ici. Parce qu'après tout… Et bien c'est chez toi, expliqua Harry, maladroit.

- Ne t'en fais pas pour moi. Je ne l'ai jamais considéré comme mon chez-moi, avoua Sirius en se redressant.

- Les autres arriveront vers dix-huit heures. Ça devrait te laisser du temps pour reprendre tes marques et t'installer ? indiqua Ginny qui gardait ses mains tout contre elle.

- Oui, aucun problème, lui assura Sirius.

Puis il pointa du doigt le plafond.

- Toujours la même chambre ?

- Toujours la même, confirma Harry.

- Merci », répondit Sirius avec un sourire.

Le sorcier aux cheveux longs s'engagea dans l'escalier et atteignit le dernier étage. Il poussa délicatement la porte de sa chambre et jeta un regard curieux. Rien n'avait changé dans la pièce. Tout était à sa place, des banderoles gryffondor jusqu'à l'armoire en bois d'ébène en passant par le lit au cadre de bois sculpté. Sirius esquissa un rictus et s'assied un instant au bord du lit. Il ne savait que penser de son retour à Grimmaurd. Une part de lui était heureux à l'idée de vivre avec Ginny et son filleul, chose qu'il avait rêvé depuis de longues années. Mais dans un même temps, il avait l'impression que son retour venait plutôt déranger le quotidien du couple. « Sirius Black, l'homme qui ne cessait de revenir à la vie et de bousculer son entourage » pensa-t-il amèrement. Il se frotta l'arrière du crâne puis jeta un œil en direction de l'armoire. En ouvrant la porte, l'animagus retrouva le sourire. Tous ses costumes étaient encore là. Il promena ses doigts habiles sur les différents cintres puis se décida pour une chemise vert sombre et un veston noir. S'il devait être l'attraction de la soirée, il lui faudrait être d'autant plus éblouissant.

o O o

Ginny était en train de lisser les pans de sa robe lorsqu'elle entendit les premiers coups contre la porte. Elle se dirigea prestement à l'entrée et découvrit sur le pas de la porte le visage réjoui de ses parents.

« Ginny chérie, comment vas-tu mon ange ? s'exclama Mrs Weasley en déposant deux baisers sonores sur les joues de la benjamine.

- Ça va maman, répondit la jeune femme en esquissant un sourire en coin. Je vois que vous n'êtes pas venu les mains vides.

- Ta mère a insisté pour ramener quelque chose, assura Arthur Weasley tandis qu'il se penchait pour étreindre sa fille.

- On attend beaucoup de monde ce soir ! Et puis il faut redonner des forces à notre ami, se justifia Molly tandis qu'elle s'engageait vers la cuisine.

- George n'est pas avec vous ? demanda Ginny tandis qu'elle les débarrassait de leurs manteaux.

Molly prit une mine affligée tandis qu'Arthur soupirait.

- Il nous rejoindra plus tard, je pense. »

Le visage de Ginny s'assombrit mais elle hocha la tête.

Harry apparut au coin de la pièce à ce moment-là et répondit aux accolades de Mrs Weasley avec un grand sourire.

« Merci d'être venus ! Sirius va être ravi de vous voir, s'exclama-t-il en aidant Molly à se débarrasser des plateaux encombrants.

- C'est bien normal mon chéri. Où est-il alors, notre Sirius Black ? demanda la matriarche.

- Dans sa chambre, il se prépare encore. Il est arrivé dans l'après-midi », indiqua le sorcier aux cheveux ébouriffés.

Une autre série de coups résonnèrent dans l'entrée et Harry se précipita pour aller ouvrir. Son sourire se fit encore plus radieux, s'il était possible encore.

« Salut vous deux ! » leur dit-il en prenant Ron et Hermione dans ses bras.

Le duo répondit bien volontiers à son accolade.

« Où est l'homme de la soirée ? lança Ron avec emphase.

- Encore en haut. Mais il ne va pas tarder à descendre, expliqua Harry sans se défaire de son sourire. Je m'occupe de vos manteaux ? »

Hermione acquiesça et reprit son souffle alors que son meilleur ami la débarrassait. Lorsqu'ils étaient arrivés devant Grimmaurd, elle avait fixé la porte avec appréhension, craignant de voir le visage de Sirius l'accueillir. La sorcière n'était pas sûre qu'elle aurait réussi à faire bonne figure. Mais l'enthousiasme de Harry était si contagieux qu'elle se sentit peu à peu plus à l'aise dans cet environnement familier.

« Et voilà la plus belle, scanda Ginny en se précipitant dans ses bras.

Hermione la reçut de plein fouet tandis que Ron passait son bras dans le dos de sa compagne.

- Je ne peux qu'approuver ce message, dit-il avec un sourire empli de fierté.

- Salut Gin. Comment tu vas ? demanda la sorcière aux cheveux bouclés tandis que sa meilleure amie l'inspectait.

- Comme un charme. Toi ?

La jeune femme sentit une pression s'exercer sur ses doigts. Ginny lui avait pris la main et essayait de déceler la vérité en la sondant du regard.

- Bien », répondit-elle en hochant la tête.

La grande rousse en fit de même et renouvela son accolade.

« Et ton grand-frère alors ? Il compte pour un Boursouf ? demanda Ron en mimant l'offensé.

- Je t'ai vu tous les jours pendant près de quatorze ans, tu veux bien ? répliqua Ginny en lui adressant un sourire railleur.

- Et voilà, une fois de plus c'est comme si je n'existais pas, son propre frère ! lança le jeune homme en levant les bras au ciel, tandis que ses deux amis pouffaient de bon cœur.

- Il s'en passe des choses ici » fit remarquer une voix au-dessus de leurs têtes.

Le rire d'Hermione se bloqua dans sa gorge tandis que ses yeux remontaient aussitôt près de la source. Sirius était en haut des escaliers et les observait. Leurs regards se croisèrent et son univers se retourna une fois de plus.

Il était éblouissant. Ses cheveux tombaient en boucles épaisses sur ses épaules. Il était vêtu d'une chemise vert sombre et d'un veston noir à fines broderies. Il se tenait droit et les contemplait avec une lueur d'amusement. Son regard fit replonger la sorcière des années en arrière, lorsqu'il les avait accueilli pour la première fois chez lui. Lorsqu'elle et lui s'étaient liés.

Sirius emprisonna le regard d'Hermione dans le sien. Elle était encore plus radieuse que la fois où ils s'étaient revus, des semaines auparavant. Ses cheveux bouclés étaient ramené en un chignon épais d'où s'échappaient quelques mèches. Elle portait une robe prune aux manches longues et au décolleté plongeant. Ses lèvres étaient accordées à la teinte de sa robe. Le cœur de Sirius battit plus vite. Il fit tous les efforts possibles pour ne pas se laisser décontenancé par la vision enchanteresse de la jeune femme et commença à descendre les escaliers. Comme il s'y était attendu, tous les regards étaient sur lui. Mais il s'en moquait, seul comptait celui de la belle brune. Alors que ses lèvres s'ourlaient en un sourire en coin, quelque chose attira son regard. Il aperçut la main de Ron dans le dos d'Hermione et il ne lui fallut qu'un instant pour comprendre. Il eut un tic nerveux, relevant légèrement la pointe de son sourire, mais continua de faire bonne figure. Seule Hermione comprit. À l'instant où elle vit son regard dériver, elle sut qu'il avait vu. Les choses n'avaient pas besoin d'être dites. Ses mains se crispèrent sur le sac en perle qu'elle portait.

Une fois arrivé à leur hauteur, Sirius accentua son sourire et prit la parole.

« Et bien… En voilà une jolie assemblée. Qui a gagné un tel honneur ? »

Hermione ne put s'empêcher de frémir de plaisir en retrouvant ce timbre chaud et amusé qui le caractérisait si bien. Ron cligna plusieurs fois des yeux, la bouche légèrement entrouverte, puis finit par éclater de rire.

« Il est bien là ! Par Merlin, c'est lui, s'exclama-t-il en adressant un sourire radieux à Harry.

- Bonsoir Sirius. Contente de te voir debout, lança Molly en se jetant dans ses bras. Sirius la rattrapa tant bien que mal.

- Nul doute que tes talents culinaires ont eu quelque chose à voir là-dedans, affirma ce dernier avec son éternel sourire bravache.

- C'est bon de te revoir, confirma Arthur le prenant à son tour dans ses bras.

- Merci. C'est bon de vous revoir aussi », assura l'animagus en hochant la tête.

Hermione osait à peine bouger, de peur de briser l'illusion. Mais Ron s'avança à son tour et la poussa légèrement contre lui. Sirius les regarda tous deux et hocha un sourcil.

« Où est-ce que vous étiez alors tous les deux ? Je me suis inquiété », lança-t-il avec raillerie.

Hermione flancha sous la remarque mais sut qu'il avait raison. Ron se mit à rougir jusqu'aux oreilles.

« Excuse-moi Sirius. J'aurais du venir au plus tôt mais j'ai été pris dans l'engrenage du Ministère, bafouilla-t-il.

- C'est aussi ma faute. Pendant mon absence, Ron a du faire avancer ma part de travail, expliqua Harry en lançant un regard désolé à son meilleur ami.

- Je comprends. Et on aura bien d'autres chances de rattraper le temps perdu maintenant », assura l'animagus en s'avançant pour répondre à l'étreinte de Ron.

Puis il regarda derrière son épaule en direction d'Hermione.

« Bonsoir trésor, dit-il d'une voix chaude.

- Bonsoir Sirius » répondit-elle dans un souffle en s'approchant pour l'embrasser.

Elle déposa un léger baiser sur la joue du sorcier qui la regarda plus intensément encore. Hermione le sentit et dirigea rapidement le sien vers le couloir. Ginny s'avança alors vers le groupe et annonça :

« Installons-nous dans la cuisine, il y a plein à boire et à manger ! »

Sirius sortit de sa rêverie et hocha la tête, revêtant son sourire en coin. Le groupe se dirigea d'un seul mouvement vers la cuisine illuminée de bougies et de lumière et s'installa autour de la table. Après quelques minutes de lutte acharnée, Sirius céda aux remontrances de Molly et s'installa en bout de table. Il fut rejoint par Arthur et Harry qui s'installèrent à ses côtés. Molly s'assied à côté de son mari, Ron à sa droite. Ginny rejoignit Harry et prit la main d'Hermione afin qu'elle s'installe avec elle à sa gauche. Une chaise face à Sirius restait encore inoccupée.

« George ne devait pas nous rejoindre ? demanda-t-il en regardant les époux Weasley.

- Il devrait arriver un peu plus tard, annonça Arthur avec une mine sombre.

- Je suis désolé… Pour Fred, déclara l'animagus après un long silence. C'était un jeune homme admirable.

- Merci Sirius », balbutia Molly en refrénant ses larmes.

Le clan Weasley resta silencieux pendant une minute, les visages accablés. Hermione et Harry se regardèrent avec gravité. La mort de Fred avait eu un impact retentissant au sein de la famille de sorciers et certaines blessures demeuraient encore ouvertes. Sirius s'en voulut d'avoir abordé le sujet. Après quelques instants de flottement, la bonne humeur revint au sein de la table. Molly et Harry firent passer de larges plateaux de nourriture et tous se servirent abondamment. Arthur se leva pour servir le vin et une fois que tous les membres eurent à boire, il leva son verre.

« À Sirius. Qui retrouve le chemin de notre famille après tant d'années. Bienvenue.

- À Sirius ! scandèrent les invités en levant leur verre en direction de leur hôte.

- Merci. Merci à vous. » répondit sobrement Sirius, luttant pour ne pas trahir l'émotion dans sa voix.

Les sorciers commencèrent à manger et les discussions allèrent bon train. Sirius s'enquit de ce que faisait chaque membre de la famille depuis son départ. Il apprit avec ravissement qu'Arthur avait obtenu la création de son propre service au sein du Ministère pour en apprendre davantage encore sur les Moldus. Molly quant à elle était toujours au Terrier mais s'occupait de bon nombre d'associations venant en aide aux elfes de maison et à toutes les créatures magiques nécessitant soin et protection. Sirius ne fut guère surpris qu'Harry ait choisi le poste d'auror, en revanche il le fut davantage lorsqu'il apprit que Ron l'était aussi. Il n'aurait jamais imaginé le benjamin de la famille dans ce rôle-ci, toutefois, il ne fit aucune remarque déplacée. Ginny montra fièrement à Sirius les différentes coupes que son équipe avaient gagné lors des précédents tournois de Quidditch.

Alors qu'il allait poser la même question à Hermione, des coups retentirent contre la porte. Molly sursauta et se leva prestement pour aller ouvrir. Dans la cuisine, les invités entendirent quelques chuchotements indistincts. Puis, George Weasley fit son apparition dans la pièce. Sirius fut bouleversé par les changements qui avaient opéré chez le jeune homme. Il avait le souvenir d'un garçon joueur et espiègle. Face à lui se tenait quelqu'un qui semblait rongé par le passé. Il était toujours grand et élancé mais ses épaules semblaient vouloir naturellement se recourber. Mais le plus impactant était dans son regard. La lueur de perpétuel amusement s'était éteinte au profit d'un regard sombre et hanté. Sirius se leva pour venir à sa rencontre.

« George, murmura-t-il, ému.

- Sirius, répondit ce dernier en hochant la tête. C'est bon de te revoir.

- Toi aussi. »

L'animagus resserra son étreinte auprès du jeune homme pendant un court instant et l'invita à s'asseoir avec eux. George s'installa au bout de la table, en face de lui. Arthur lui adressa un regard tendre auquel son fils répondit d'un hochement de tête. Sirius vit du coin de l'œil les visages moroses de Ginny et Ron mais ne fit pas de remarques. À la place, il se tourna vers Hermione et reprit la parole.

« Tu t'apprêtais à me dire ce que tu faisais dans la vie, indiqua-t-il avec intérêt.

- Je travaille au département de contrôle et de régulation des créatures magiques, répondit cette dernière en levant les yeux vers lui pour aussitôt les détourner.

- Elle fait un travail admirable là-bas, renchérit Harry avec un sourire.

- Je n'en doute pas. Qu'est-ce qui t'a intéressé dans cette filière ? relança Sirius qui ne détachait pas son regard d'elle.

- Hum, les places étaient laissées vacantes et il fallait bien commencer quelque part.

- Qu'est-ce que tu vises ? »

Hermione releva enfin les yeux vers Sirius. Il était resté perspicace en ce qui la concernait. Elle sentit son cœur battre un peu plus vite et esquissa un sourire timide. Le sorcier leva un sourcil amusé.

« Le siège du grand manitou ? glissa-t-il avec espièglerie.

- C'est… dans un coin de ma tête, éluda-t-elle alors que l'assemblée la regardait avec des yeux ronds.

- Je vois… Je te reconnais bien là. » affirma l'animagus avec un sourire tendre.

Tous deux échangèrent un regard lourd de sens. Puis, le charme s'évanouit et le regard de la jeune femme se voila de nouveau. Sirius voulut renchérir mais Molly reprit la parole pour annoncer l'arrivée des desserts et la tablée passa à autre chose.

Une fois que les assiettes furent vides, Sirius s'excusa et se leva de table. Il s'engagea dans le couloir et débarqua dans le jardin. Ce dernier n'avait pas beaucoup changé, si ce n'était l'ajout de quelques plantes et arbustes qui donnaient un caractère plus soigné à l'ensemble. George était adossé au petit muret, une cigarette entre les lèvres. Sirius le rejoignit et lui fit un signe de tête. Le sorcier élancé tendit le paquet face à lui. L'animagus hésita puis finit par en prendre une. George lui présenta son briquet et Sirius alluma l'extrémité de sa cigarette. La première bouffée lui fit l'effet d' un vieux souvenir ressurgissant. Il ferma les yeux une seconde pour la savourer.

« Tu n'as pas repris ? demanda George qui l'observait.

- Pas autorisé à Sainte-Mangouste. Et je me voyais mal demander à Harry de m'en acheter, expliqua-t-il en s'adossant à son tour sur le petit muret.

- Comment c'était ? Là-bas ?

- Long, répondit Sirius après un temps. Les dernières semaines, j'avais vraiment l'impression d'être un fauve en cage. Mais je devrais déjà m'estimer heureux.

George ne répondit rien et fixa son regard vers l'horizon. Sirius tira une nouvelle fois sur la cigarette.

- Tu vas rester ici ? reprit le jeune homme en désignant la maison du doigt.

- Harry et Ginny me l'ont proposé.

- C'est ce que tu souhaitais ?

- J'en sais rien. D'un côté, je suis heureux de pouvoir retrouver Harry et de vivre avec lui comme je lui avais promis. De l'autre…

- De l'autre, tu débarques dans un foyer déjà installé, compléta George, sans aucune malveillance.

Sirius hocha la tête, la mine sombre. Le jumeau Weasley se cala davantage contre le muret de pierre et expira une longue bouffée.

- Je sais ce que c'est. De pas se sentir à sa place ici, déclara-t-il en continuant de fixer l'horizon.

- Je suis désolé George, murmura Sirius au bout d'un moment, posant une main contre l'épaule de son camarade.

- Ouais. Moi aussi. » répondit ce dernier en prenant sa dernière bouffée. Il écrasa sa cigarette sur le rebord et la fit disparaître avant de revenir dans la maison.

Sirius resta un instant seul, adossé contre le muret. Il continua de fumer, son regard perdu dans la contemplation des étoiles.

o O o

Hermione maintenait ses mains sous la table, et égratignait l'intérieur de ses pouces. Elle était parvenue à faire bonne figure jusqu'à présent mais ses nerfs étaient mis à rude épreuve. Tout se passait bien du côté de la famille et les conversations allaient bon train. Néanmoins elle ne parvenait pas à agir normalement. Forte de ses résolutions, la sorcière s'était imaginée qu'elle réussirait à faire face sans laisser ses émotions la déborder. Mais chaque regard de Sirius dans sa direction la plongeait dans une détresse infinie. Elle sentait que le sorcier cherchait logiquement des réponses. Elle ne savait simplement pas comment aborder la chose et le silence valait mieux pour le moment que tous les mots maladroits qu'elle pourrait avoir.

La sorcière fit un effort supplémentaire pour sortir de ses pensées tortueuses mais renonça à prendre la conversation en cours. Elle se leva en s'excusant et voulut emprunter le couloir pour passer se rafraichir le visage. Hermione ouvrit la porte et tomba nez à nez avec Sirius qui revenait du jardin. Tous deux sursautèrent en se retrouvant face à face. Hermione bredouilla un pardon et sentit ses jambes se changer en gelée. La sorcière aux cheveux bouclés essaya de dépasser l'animagus mais le bras de celui-ci la retint.

« Hermione, attends », murmura Sirius qui sentait son cœur cogner contre sa poitrine.

La jeune femme lui lança un regard d'une telle détresse qu'il se sentit fléchir. Il se mordit la lèvre mais reprit :

« J'aimerais qu'on parle.

- Pas maintenant », répondit Hermione dans un souffle, sentant la panique l'étreindre.

Elle se dégagea vivement du sorcier et monta les escaliers quatre à quatre. Sirius resta dans le couloir, le bras suspendu. Puis il poussa un profond soupir et retourna dans la cuisine. Parvenue à l'étage, Hermione s'enferma à double tour et posa les mains sur le lavabo de la salle de bain. Elle inspira et expira bruyamment, ses dernières défenses sur le point de s'effondrer. La jeune femme releva la tête et inspecta son visage dans le miroir. Elle était blanche comme un linge et les larmes menaçaient de perler au coin de ses yeux. Sa main vint les essuyer rageusement tandis qu'elle murmurait :

« Ça va aller… Tu peux le faire… Tu lui dois une explication… »

Elle humidifia une serviette et la passa sur son visage pour se calmer, prit une grande inspiration et quitta la pièce.

Lorsque Hermione refit son apparition, tous les invités étaient à table et dégustaient une eau de vie que Molly avait ramené du Terrier. Ron leva un sourcil pour s'assurer qu'elle allait bien, ce à quoi elle hocha vivement la tête. Sirius ne la quittait pas des yeux non plus. La jeune femme prit de nouveau place à table et but une gorgée. Le liquide ambré lui brula la gorge. Alors qu'ils se resservaient tour à tour, Ron prit la parole.

« Harry nous a dit qu'ils t'avaient gardé plus longtemps pour mener quelques tests, dit-il en regardant Sirius.

- Effectivement. Ils ont retardé mon départ pour mener des observations, confirma Sirius en haussant les épaules.

- En quoi ça a consisté ? demanda Ginny en fronçant les sourcils.

- Rien de terrible en soi. Ils m'ont observé sous toutes les coutures, fait passer des tests d'endurance et lancé quelques sorts de détection.

- Qu'est-ce qu'ils cherchaient ? reprit Ron.

- Ils ne savaient pas trop au départ… Une raison, j'imagine.

- De ?

- Une raison qui expliquerait mon retour », affirma Sirius en tâchant de rester impassible.

Le silence se fit autour de la table, chaque invité regardant dans la direction de l'animagus, excepté Hermione qui continuait à égratigner ses doigts. Sirius se doutait que la question surgirait et il était le premier à se la poser. Ron se dandina sur sa chaise et finit par reprendre la parole.

« Et alors : qu'est-ce qu'il en est ? demanda-t-il alors que toute l'assemblée semblait pendue à ses lèvres.

- Rien de concluant, répondit le sorcier aux cheveux longs en vidant son verre.

Le groupe le regarda avec stupeur, et Hermione leva cette fois-ci les yeux.

- Rien de concluant ? répéta Arthur sans dissimuler sa surprise.

- Non, ils n'ont rien trouvé, assura l'animagus en haussant les épaules.

- Comment est-ce possible ? »

Sirius manqua de s'étouffer en reconnaissant la voix d'Hermione. Ginny se tourna vivement vers son amie, ses yeux marron la transperçant. L'animagus tâcha de reprendre un peu de constance avant de lui répondre.

« Je n'en sais pas plus que toi Hermione, dit-il en levant ses yeux vers les siens.

- Mais ils doivent bien avoir une idée, quelque chose, reprit cette dernière qui ne parvenait plus à se taire.

- Dans ce cas, ils n'ont pas jugé bon de la partager, répondit Sirius avec une affabilité feinte.

- Et tu en restes là ? Ça te convient ? enchaîna la jeune femme avec stupeur.

- Hermione, grimaça Ginny, posant sa main sur celle de sa meilleure amie pour l'arrêter.

Sirius reçut sa question comme une gifle en pleine face. Il mit de côté la douleur que cela éveillait et la contempla longuement.

- Que veux-tu que je te dise ? finit-il par lui demander, accablé.

Hermione sentit le désespoir l'étreindre face à son regard abattu. Ses mains tremblaient sur ses genoux.

- C'est impossible, murmura-t-elle, plus pour elle que pour lui.

- Je comprends ta déception. »

La jeune femme releva vivement la tête pour affronter le regard de Sirius. Mais celui-ci ne la regardait plus. Les implications de ces derniers mots lui soulevèrent le cœur. La sorcière n'avait jamais souhaité que Sirius disparaisse pour de bon. Par Merlin, elle l'avait aimé de tous ses forces. Mais une part d'elle-même comprenait ce qu'impliquait Sirius et une fois encore, elle savait que cela n'était pas entièrement gratuit. Sortir de la pièce était tout ce dont elle rêvait à cet instant précis mais elle se rendait bien compte que cela ne ferait qu'attirer davantage sur elle. À la place, Hermione fit un effort colossal pour rester assise et immobile tandis que les autres invités tentaient de calmer le jeu. La main de Ginny se resserra sur la sienne, faisant poindre ses larmes. Ron la regarda sans comprendre.

Sirius se resservit un verre et tendit la bouteille à Arthur qui la prit volontiers. Il tenta de maintenir son visage impassible, sentant bien qu'au fond de lui, tout s'écroulait. Mais la famille était encore présente et il lui fallait à tout prix faire bonne figure. Alors Sirius fit ce qu'il avait appris à faire dès son enfance au sein de la maison des Black : il esquissa un sourire assuré et survola chaque conversation d'une remarque bien sentie. L'assemblée reprit bien vite ses aises et la cuisine retentit de lourds éclats de voix pendant l' heure suivante.

o O o

Lorsqu'elle estima le moment opportun, Hermione se leva de table discrètement afin de retourner dans la salle de bain. La jeune femme avait besoin de calme et de solitude pendant un instant. Elle emprunta le couloir et monta jusqu'au deuxième étage. S'enfermant de nouveau, elle plaqua sa main contre son front chaud. Qu'est-ce qui lui avait pris ? D'insister aussi lourdement auprès de Sirius devant toute la famille attablée Elle se serait giflée tant elle avait fait preuve de négligence. Ron l'avait regardé avec effarement, et elle ne pouvait le blâmer. La sorcière aux cheveux bouclés avait tout fait pour garder sa précédente relation avec Sirius secrète et en un instant, elle avait manqué de tout dévoiler. Hermione se regarda une nouvelle fois dans la glace. Il fallait qu'elle reparte chez elle maintenant. De toute évidence, elle n'avait pas encore les forces nécessaires pour affronter le retour de Sirius dans sa vie. Elle quitta la pièce avec un soupir et s'engagea dans les escaliers. Alors que la jeune femme arrivait sur le pallier du premier étage, elle découvrit Sirius qui l'attendait, adossé au mur. Son sang ne fit qu'un tour. Elle eut envie de prendre ses jambes à son cou et de repartir aussitôt dans l'autre direction. Sirius le sentit car il fit un pas vers elle.

« Hermione, s'il te plaît… Il faut vraiment qu'on parle, annonça-t-il d'une voix grave.

- Sirius, je peux pas…, affirma Hermione d'une traite en arrivant à sa hauteur, le visage baissé.

- Non attends ! la reprit-il en essayant de prendre sa main.

- Je t'en prie, soupira la jeune femme qui sentait ses dernières barrières s'effondrer.

- Un instant, laisse-moi au moins un instant ! » s'exclama l'animagus, désemparé.

Le sorcier lui prit le bras et l'emmena en direction de la bibliothèque. Hermione sentit la détresse la submerger mais sut qu'elle ne pouvait plus fuir. Sirius ouvrit prestement la porte et ils s'engouffrèrent tous deux à l'intérieur, fermant soigneusement derrière eux.

Hermione balaya la pièce des yeux et sentit les larmes lui monter aux yeux. De toutes les pièces de la maison, elle devait se retrouver dans celle-ci, là où les souvenirs étaient les plus vivaces. Sirius sembla désarçonné lui-aussi pendant un instant. Il passa une main empressée dans ses cheveux bruns. La jeune femme se mordit l'intérieur de la joue et fit quelques pas en direction des étagères bourrées à craquer. Elle s'adossa à l'une d'entre elles et attendit. Sirius l'observa pendant de longues secondes, éperdu. Maintenant qu'ils se retrouvaient là tous les deux, tout discours paraissait vain et superflu.

« Je veux comprendre… » lança-t-il enfin en la regardant.

Hermione fronça les sourcils.

« Qu'est-ce que tu veux comprendre ? demanda-t-elle en joignant son regard au sien.

- Pourquoi tu n'es pas revenue ? À Sainte-Mangouste… Je t'ai attendu des jours et des jours, reprit Sirius en tâchant de ne pas trop exposer sa peine.

- Je… Je suis désolée, lâcha-t-elle en passant une main dans son cou. J'aurais du revenir. Je te devais de revenir.

- Qu'est-ce que ça veut dire ? rétorqua Sirius en fronçant à son tour les sourcils.

- Je te dois la vérité et je me suis promis de te le dire… Simplement, je ne pensais pas que ce serait si dur.

- Hermione… murmura Sirius qui se rapprochait maintenant d'elle. Je sais que tu es avec Ron.

La sorcière releva vivement la tête. Elle sentit le poids des remords l'étreindre de nouveau.

- J'ai compris que vous étiez ensemble. Depuis mon retour, j'ai entendu des allusions, des remarques par-ci par-là. Ce soir, j'en ai eu la confirmation.

Hermione se mordit l'intérieur de la joue. C'était comme recevoir l'impact d'une force en mouvement, écrasant sa cage thoracique et la laissant le souffle coupé.

- Et ça fait mal. Vraiment. Mais je comprends… Pour moi, ça ne fait que quelques semaines tout au plus. Pour toi, ça fait dix ans. Dix années depuis que tu ne m'as plus vu. Alors je comprends que tu aies retrouvé quelqu'un. Je ne veux pas ton malheur, expliqua Sirius en se rapprochant davantage d'elle.

- Sirius, je t'en prie, murmura Hermione en fermant les yeux. Arrête.

- Arrêter quoi ?

- Je peux pas… C'est trop, je peux pas », balbutia-t-elle en se relevant.

Sirius la regarda interloqué alors qu'elle se dirigeait vers la porte. Il se retourna vivement vers elle.

« Hermione bon sang, mais je viens de te dire que je ne t'en voulais pas ! s'exclama-t-il, perdant son sang-froid devant l'attitude de la jeune femme.

- Je t'ai entendu et j'ai compris mais je peux pas, se lamenta la belle brune qui se rapprochait de la porte. Sirius se saisit de son bras une fois encore et la fit se retourner pour lui faire face.

- Mais alors pourquoi est-ce que tu continues encore et encore à me fuir ?! s'écria-t-il en haussant la voix.

- Parce que j'ai HONTE ! » hurla à son tour Hermione qui se laissa envahir par les larmes.

Sirius la regarda avec stupeur et lâcha automatiquement son bras. La jeune femme resta face à lui, les pleurs dévalant ses joues. De lourds sanglots échappaient de sa gorge mais il n'osa pas faire un pas pour la consoler. Hermione sentit que le moment fatidique était arrivé. Elle avait beau essayer à tout prix de fuir, elle ne pouvait s'échapper de cette situation.

« J'ai tellement honte Sirius, commença-t-elle d'une voix brisée par le chagrin. Lorsque tu as disparu, mon monde s'est effondré. Je n'avais personne à qui je pouvais en parler, pas même Ginny car elle n'aurait su me consoler. Tu as emmené une partie de moi ce jour-là, à travers le voile. Je t'aimais follement. Et ton départ m'a laissé en ruines… Après cela, les événements se sont enchaînés à une vitesse fulgurante. Nous avons perdu Dumbledore, Voldemort a mené sa révolte, nous avons du abandonner famille et amis derrière nous pour mener à bien la quête des Horcruxes. Et nous avons perdu tellement de gens… Tellement de gens sont morts à nos côtés Sirius… Et lorsque tout cela s'est terminé, il ne restait plus que nous. Je n'ai même pas eu le temps de te pleurer comme je le voulais. Il a fallu grandir, et vite. S'adapter à tous les dangers présents sur notre route. Et j'ai changé… Lorsque la paix s'est rétablie, j'ai compris que j'étais devenue quelqu'un d'autre par la force des choses.

- Hermione, je…, balbutia Sirius, dévasté par le discours de la jeune femme. Pour lui, la sorcière était restée la même mais maintenant qu'il l'entendait parler, il comprenait que c'était plus qu'une décennie qui les séparait. Elle avait véritablement changé.

- Je suis désolée que les choses se soient déroulées ainsi. Tu n'imagines pas combien je regrette ce qu'il t'est arrivé… Mais je ne peux pas abandonner ce que j'ai construit ici, ma vie présente, pour redevenir celle que j'étais avant.

- Je ne te le demande pas ! s'écria Sirius. Mais je suis revenu : je suis bel et bien là et je peux faire partie de cette vie présente si tu m'en laisses l'occasion.

- Non, avoua Hermione en éclatant en sanglots. Non, tu appartiens à mon passé. À cette période de lutte, de guerre et de l'Ordre. Et je t'ai aimé furieusement durant tout ce temps-là. Mais la guerre est terminée maintenant, la paix règne chez nous et j'ai construit autre chose ici. Et je ne veux pas revenir en arrière… C'est pour cela que j'ai autant honte. Je crève de honte Sirius », balbutia la jeune femme au bout de ses forces.

Le sorcier aux cheveux longs la contempla, désemparé. Hermione s'était adossée à la porte de la bibliothèque, le visage ravagé par les larmes. Mais le ton employé pour ses derniers mots était sans équivoque. L'animagus sentit le désespoir étreindre peu à peu chacun de ses membres. Il resta immobile, puis lâcha d'une voix ébranlée :

« Alors toi et moi, c'est bien fini ? »

Hermione releva la tête vers lui pour le regarder. Le spectacle qu'il offrait lui brisa le cœur. Elle secoua la tête, une nouvelle fois agitée de sanglots.

« Je suis désolée… Je suis tellement désolée… » répéta-t-elle.

Tous deux restèrent immobiles, sans dire un mot. Et il n'y avait rien à ajouter. Sirius contempla le sol, frappé par cette révélation. Il l'avait perdu. Il l'avait définitivement perdu. Hermione essaya de respirer à travers les sanglots qui étreignaient sa gorge et sortit sans un bruit de la bibliothèque, refermant derrière elle.

o O o

« Tout va bien ? »

Sirius releva la tête alors qu'Harry le regardait en fronçant les sourcils.

« Oui… Oui, ça va. » répondit-il d'une voix morne.

Il ne souvenait plus à quel moment il était sorti de la bibliothèque. Ses pas l'avaient mené jusqu'au hall où les discussions battaient encore leur plein. Hermione était aux côtés de Ron et Ginny. Elle l'avait observé à la dérobée prendre place avec eux puis était retournée aux conversations en cours.

« Il se fait tard, nous allons y aller, indiqua Molly qui avait déjà empaqueté ses affaires sous le bras.

- D'accord, murmura Sirius, en passant une main sur son visage. Merci pour tout Molly, c'était délicieux.

- C'était un plaisir. N'hésite pas à passer nous voir lorsque l'envie t'en prend.

- Je n'y manquerai pas. Arthur, salua le sorcier d'un signe de tête.

- Prends soin de toi Sirius, répondit ce dernier en enfilant son manteau.

- On va y aller aussi… La fatigue se fait sentir, annonça Ron avec un sourire repus.

- Je comprends, rentrez chez vous, acquiesça l'animagus en hochant la tête. Il n'osa même pas lever les yeux pour dire au revoir à Hermione. Quelque chose lui disait qu'elle devait être aussi abattue que lui.

- Merci pour cette belle soirée, indiqua le rouquin en tapant sur l'épaule de ce dernier.

- Je n'y suis pour rien, c'est avant tout Harry et Ginny », affirma Sirius en se tournant vers le couple.

L'assemblée se dit au revoir et les deux couples transplanèrent tour à tour, ne laissant que George et les trois autres dans l'encadrement de la porte. Il déposa un baiser sur la joue de sa sœur et mit sa veste sous son bras. Observant le visage de l'animagus, George haussa un sourcil et lança :

« Tu veux venir boire un dernier verre ? »

Sirius releva les yeux, surpris. Le jumeau Weasley continuait de le regarder. L'animagus se tourna vers Ginny et son filleul, surpris eux-aussi.

« Je ne sais pas, euh… Est-ce que ça vous embêterait ? » leur demanda-t-il.

Alors qu'Harry était pris de court, Ginny esquissa un sourire encourageant et répondit :

« Fais ce que tu veux Sirius. Tu es ici chez toi »

L'animagus lui adressa un sourire entendu et vint les prendre dans ses bras.

« Merci pour cette soirée, leur chuchota-t-il alors que les jeunes gens répondaient à son étreinte.

- On se voit demain ? lança Harry, fébrile.

- Bien sûr. Bonne nuit vous deux. Profitez-en pour vous reposer, vous l'avez bien mérité. » assura Sirius tandis qu'il prenait son blouson en cuir.

Une fois sorti de Grimmaurd, il arriva à hauteur de George qui l'attendait dans la ruelle. Tous deux se regardèrent et partirent à pied pour se perdre dans les ruelles tortueuses de Londres.

o O o

Ils arrivèrent sur le chemin de Traverse vers les deux heures et demie du matin. L'avenue d'habitude encombrée par les sorciers et sorcières était déserte, illuminée par quelques lanternes traînant au coin des façades commerçantes. George indiqua d'un geste de la tête le bâtiment imposant peinturluré de bleu et d'orange. Sirius observa un moment la vitrine où étaient disposés de nombreux objets étincelants. Le jumeau Weasley ouvrit les portes de la boutique et emmena son invité à l'étage. Tous deux gravirent deux escaliers avant d'arriver devant une porte sombre. George sortit son trousseau et invita Sirius à entrer dans l'appartement.

Celui-ci était minimaliste comparé au Terrier. Quelques meubles de première main venaient remplir la surface étendue de l'appartement. Un coin salon se trouvait près de la cuisine ouverte. Sirius remarqua qu'aucun bibelot ne venait décorer l'endroit. Pas un cadre, ni une affiche. L'endroit lui rappelait les modèles d'exposition que l'on pouvait trouver dans les boutiques moldues : le minimum vital en matière de meubles et aucune personnalisation. George posa sa veste dans l'entrée et indiqua à Sirius le canapé brun près de lui. L'animagus s'installa tandis que le sorcier allait chercher deux verres et une bouteille de whisky. Il déposa le tout sur la table basse faite de palettes en bois et les servit tous deux d'une quantité généreuse. Les deux hommes levèrent leur verre et prirent une gorgée. Sirius grimaça et prit la parole :

« Ça fait longtemps que tu vis ici ?

- Depuis le lancement de la boutique, indiqua George en prenant une nouvelle rasade. Fred et moi avons acheté le local et l'appartement était compris dans le lot. On s'est installés dans la foulée. »

Les yeux du rouquin se perdirent au loin. Sirius le contempla un instant, ne sachant que dire. George termina son verre d'un trait et relança.

« Tu peux venir t'installer ici si tu le souhaites… La chambres est libre. » proposa ce dernier.

L'animagus haussa les sourcils et prit une gorgée.

« Tu voudrais de moi ici ?

- Pourquoi pas ? Si tu te sens plus à l'aise chez moi qu'à Grimmaurd, dit-il en haussant les épaules

- Je ne risque pas de perturber ta routine ? insista le grand brun.

- Ça m'étonnerait, répondit George en éclatant d'un rire sans joie. Et puis qui sait, c'est peut-être ce dont j'ai besoin. »

Sirius le regarda longuement, faisant danser la surface de son verre. Le jeune homme maintenait son regard résolument fixé loin derrière.

« Réfléchis-y cette nuit », reprit ce dernier en se resservant un verre.

Sirius hocha la tête, songeur. L'opportunité lui plaisait assez. Il n'avait pas envie de se sentir de trop chez Harry. Et peut-être que la compagnie de George l'aiderait à tourner la page. Celui-ci fit mine de le resservir mais Sirius hocha négativement la tête. Tous deux passèrent une bonne partie de la nuit dans le salon, plongés dans leurs pensées respectives. Le lendemain, Sirius acceptait la proposition de George.