Bonjour tout le monde !
J'espère que vous allez bien et que tout se passe au mieux de votre côté. Je reviens (enfin) vers vous avec un nouveau chapitre qui, j'espère, vous plaira ! Je suis désolée de ne pas publier aussi fréquemment que je le voudrais mais j'ai du mal à allier boulot, vie perso et écriture. Toutefois, je persiste et signe, je n'abandonne absolument pas l'histoire et je suis bien déterminée à la mener à son terme. Ces derniers jours, j'ai même étoffé un peu plus mon "scénario" et je vois assez bien la direction que va prendre la suite.
Je voudrais vous remercier une nouvelle fois pour votre patience et pour être là, tout simplement :) Merci à vous.
Réponse à Fleur d'Ange : Et oui, la communication, cette foutue clé de tous les problèmes mais qu'on essaye d'éviter à tout prix aha. On est d'accord, il faut une sacrée force de caractère pour résister à Sirius Black ;) merci pour ton soutien et ta review ! J'espère que tu as passé de bonnes fêtes toi aussi !
Concernant ce chapitre, là encore, le titre vous donne le topo. J'espère que vous prendrez plaisir à le lire et n'hésitez pas à commenter ! Tout soutien est le bienvenu et toute critique constructive me permet de m'améliorer :)
Bonne lecture et à bientôt !
SGSGSGSGSGSGSGSGSGSGSGSGSGSGSGSGSGSGSGSGSG
Chapitre VI : Dans l'œil du cyclone
1er mars 1997
Dans l'infirmerie silencieuse, au beau milieu de la soirée, Harry, Hermione, Ginny et les jumeaux Weasley étaient assis autour de leur camarade. Le lit de Ron était le seul à être occupé cette nuit-là. Le jeune homme reposait allongé, ses lentes respirations indiquant qu'il dormait profondément.
« Est-ce qu'il s'est déjà réveillé ? demanda George alors qu'il déposait le cadeau d'anniversaire de son frère au bord de son lit.
- Pas que l'on sache, répondit sobrement Harry en nettoyant ses lunettes pour la énième fois. Madame Pomfresh ne nous a laissé entrer qu'à huit heures. Vous êtes arrivés peu après nous.
- Ce n'est pas comme ça que j'imaginais fêter cette journée, affirma sombrement Fred en posant une main au bord du lit.
- Moi non plus, soupira le garçon à la cicatrice.
- C'est une chance que tu aies pensé au bézoard, reprit George à voix basse.
- Une chance surtout qu'il y en ait eu un dans l'armoire du professeur Slughorn », frissonna ce dernier.
Hermione prit une longue inspiration tandis que l'assemblée contemplait leur camarade alité. Elle était restée mutique depuis l'annonce de l'incident. Le visage blême, elle avait retrouvé Harry devant les portes de l'infirmerie en compagnie de Ginny vers la fin de l'après-midi. La jeune femme les avait emprisonnés dans une étreinte féroce l'un après l'autre. Puis elle s'était contentée de rester là, assise à leur côté, sans prendre aucune part à la discussion. Jusqu'à ce que Madame Pomfresh les fasse entrer, Hermione n'avait plus prononcé le moindre mot.
Elle était tout entière plongée dans une détresse infinie. Lorsqu'elle avait appris que Ron était à l'infirmerie suite à un empoisonnement, son sang n'avait fait qu'un tour. Elle s'était élancée dans les couloirs de Poudlard, courant à perdre haleine. Dans son esprit résonnaient les mêmes mots fatidiques : « Pas lui aussi. Je vous en prie, pas lui aussi. » L'image du grand brun ténébreux et de son traditionnel sourire en coin s'était matérialisée à son esprit, la renvoyant dans les affres d'un chagrin qui n'était pas si lointain. Hermione avait ainsi dévalé les marches de l'école, le souffle coupé, espérant arriver à temps. « Je ne peux pas le perdre lui aussi. »
Son esprit, tout concentré qu'il était à essayer de garder son calme, finit par capter les bruissements de conversation de ses amis. Hermione fronça les sourcils, sortit de sa torpeur et reprit contact avec le monde qui l'entourait.
« Ça n'a pas de sens. La personne qui a offert la bouteille au professeur Slughorn aurait dû savoir qu'il l'ouvrirait pour une occasion spéciale. Ça aurait pu tomber sur n'importe qui » marmonna-t-elle à la remarque de Ginny concernant la cible potentielle du responsable.
Elle tentait désespérément de comprendre les agissements du coupable mais rien ne lui paraissait cohérent. Alors que la jeune femme continuait de se creuser les méninges, elle entendit la voix gutturale de Ron murmurer dans son sommeil.
« He… rmy…. »
L'assemblée regarda le jeune rouquin avec des yeux ronds tandis que ce dernier marmonnait des bribes de mots incompréhensibles. Hermione elle-même arrêta son fil de pensée pour le contempler avec effarement. Soudain, les portes de l'infirmerie s'ouvrirent à la volée en laissant apparaître les époux Weasley. Molly se précipita sur le lit de son fils et l'embrassa, les joues mouillées de larmes. Hermione y vit le signe qu'elle devait s'éclipser et Harry la suivit dans la foulée.
Tandis que la belle brune arpentait les escaliers la menant au dortoir des filles, elle ne pouvait empêcher son esprit de vagabonder. Ils devaient trouver au plus vite l'identité de celui qui avait disséminé ces reliques mortelles aux quatre coins de l'école et comprendre ses motivations. Poudlard hébergeait le coupable entre ses murs, Hermione en était maintenant certaine. Dumbledore devait maintenant agir le plus vite possible avant qu'il n'y ait véritablement un mort. La sorcière rumina ses sombres pensées jusqu'à ce que sa tête se pose sur son oreiller. L'une des réflexions qui ne cessait de lui revenir en tête était les balbutiements de Ron dans son sommeil. Celui-ci avait semblé murmurer son prénom. Hermione se retourna plusieurs fois dans son lit, cherchant désespérément une position convenable. Les dernières semaines, les tensions avec son camarade avaient été extrêmes. Ron s'était comporté comme un idiot fini face à la jeune femme. Mais maintenant qu'il reposait inconscient à l'infirmerie, leur dispute lui paraissait bien dérisoire. Et la façon dont il avait murmuré ces mots… Hermione soupira bruyamment. Quelque chose en elle s'éveillait de nouveau. Quelque chose qu'elle essayait à tout prix d'étouffer. Un picotement familier au creux du ventre qu'elle pensait ne jamais revoir…
La sorcière passa une main sur ses lèvres pour étouffer un sanglot. Une fois de plus, l'image de l'animagus revint à ses yeux et fit ressurgir sa culpabilité. Avait-elle le droit de passer à autre chose ? Pouvait-elle seulement l'oublier ? La fatigue finit par avoir raison de ses pensées errantes et Hermione sombra dans un sommeil agité.
o O o
Sirius revint au square Grimmaurd le lendemain de la soirée. Il convia Ginny et Harry à la table de la cuisine et tous trois s'assirent. Lorsque l'animagus leur fit part de la proposition de George et de sa réponse, Harry se sentit d'abord désemparé. Son parrain le remarqua bien vite et tenta de le rassurer par tous les moyens. Il ne cherchait pas à les fuir ni à les abandonner. Simplement leur laisser l'espace de construire leur foyer. Ils n'avaient pas besoin de lui pour cela. Par ailleurs, s'il était honnête, Sirius sentait bien qu'il arrivait au moment le plus inopportun. La proposition de George tombait à pic et l'animagus songeait qu'ils pourraient faire la paire. Harry écouta ses arguments avec attention et finit par soupirer, conscient du bien-fondé de sa décision. Il fit toutefois promettre à son parrain de venir le voir régulièrement et lui assura que sa chambre resterait intacte. Ginny esquissa un sourire en coin en voyant les deux hommes s'étreindre. Une part d'elle se sentait redevable envers Sirius : elle l'avait accueillie à bras ouverts dans leur foyer, et aurait apprécié vivre avec lui, mais il avait visé juste les concernant. Depuis qu'ils s'étaient installés ensemble, leur couple avait pris un nouvel élan et la jeune femme s'épanouissait dans leur relation. Ginny s'approcha de Sirius à son tour et le prit dans ses bras.
« Tu seras toujours le bienvenu ici, affirma-t-elle sans détour.
- Je le sais bien, merci Ginny », assura Sirius en lui rendant son étreinte.
La grande rousse resta un instant contre lui, une part d'elle ne pouvant s'empêcher de s'inquiéter. Elle craignait que l'association avec George ne l'aide pas à démarrer un nouveau chapitre. Son frère aîné ne parvenait pas à laisser le passé derrière lui, il en était encore rongé de toutes parts. Elle espérait que Sirius parvienne à lui faire tourner la page plutôt que de sombrer avec lui. Ginny mit toutefois ses appréhensions de côté et se persuada que les choses iraient au mieux pour eux deux. L'animagus indiqua au couple qu'il passerait la journée à préparer les affaires qu'il emmènerait chez George et Harry lui proposa de l'aider le lendemain. Sirius acquiesça et attira une nouvelle fois son filleul dans ses bras. C'était la bonne décision : Harry et Ginny n'avaient pas à porter son fardeau. Il valait mieux pour lui de s'écarter et de les laisser vivre leur histoire d'amour en paix. Sirius en était à présent convaincu.
o O o
Le lendemain, l'animagus avait terminé ses cartons. Il n'emmenait que le strict nécessaire : des vêtements, quelques livres et un album qu'il avait soigneusement enrubanné au fond d'un sac. Alors qu'il déposait ses dernières affaires au sol, Sirius contempla longuement sa chambre. Des réminiscences de son adolescence lui sautaient aux yeux. Il se revit à l'âge de seize ans, partir en trombe de la maison familiale avec guère plus d'affaires que maintenant. Les hurlements de son père et les injures de sa mère affirmant qu'il était définitivement renié de la famille Black, lui revinrent aussi en tête, assombrissant son regard d'acier. Mais cette fois-ci, les choses étaient différentes. Il quittait un environnement calme et chaleureux dans lequel il estimait, une fois n'est pas coutume, ne pas avoir sa place. Le grand brun esquissa un sourire féroce et prit un premier carton dans ses bras. Il descendit les escaliers de la maison et le posa dans un coin. Harry apparut alors dans l'encadrement de l'entrée.
« Un coup de main ? proposa-t-il.
- L'essentiel est déjà là, indiqua l'animagus en jetant un regard vers le carton.
- Tu n'emportes rien d'autre ? demanda Harry avec stupeur.
- J'ai toujours voyagé léger, affirma Sirius avec un haussement d'épaules.
- Tu es sûr que tu ne veux pas emmener un peu de mobilier ? lança Ginny qui les rejoignait dans l'entrée.
- George m'a dit qu'il n'avait pas touché à la chambre », confia l'animagus en adressant un regard gêné vers la benjamine Weasley.
Les lèvres de Ginny s'ourlèrent en une grimace silencieuse.
« Évidemment » murmura-t-elle d'une voix sourde.
Harry passa une main réconfortante sur son épaule. La grande rousse hocha vigoureusement la tête et reprit.
« S'il te manque la moindre chose, tu pourras toujours venir te servir ici. »
Sirius acquiesça et remonta les escaliers pour prendre les derniers cartons, Harry sur ses talons. L'animagus jeta un œil à ce qu'il laissait derrière lui et redescendit dans le hall pour déposer les dernières affaires. L'essentiel de sa vie résidait dans trois cartons et un sac de voyage. Cela le fit sourire amèrement. Les deux hommes se répartirent le tout et entrèrent un à un dans la cheminée de Grimmaurd. Harry prit une large portion de poudre de Cheminette et, après un baiser fugace de Ginny, disparut en compagnie de son parrain dans une gerbe d'étincelles vertes.
o O o
Les deux sorciers atterrirent dans la cheminée vétuste et mal entretenue de l'appartement. Harry grommela à voix basse tandis qu'il essuyait la suie tombée sur ses vêtements et sur ses lunettes. Tous deux sortirent de la cheminée pour pénétrer dans le salon au parquet sombre. George et Ron les attendaient, accoudés à la longue table en hauteur séparant la cuisine du reste de la pièce. Lorsqu'il vit ce dernier, Sirius fronça les sourcils. Il aurait aimé avoir la maturité nécessaire d'accepter la situation mais la déception était encore trop vive. Et devoir se confronter à Ron comme si de rien n'était après avoir été éconduit par Hermione n'aidait aucunement. Alors qu'Harry les saluait avec un grand sourire, l'animagus esquissa un salut de tête modeste. George s'empressa de contourner le bar pour décharger le sac de voyage de l'épaule de Sirius. Il le soupesa et esquissa un sourire en coin.
« Plutôt de nature minimaliste ? lui décocha-t-il alors qu'il lui indiquait le chemin menant à sa nouvelle chambre.
- Ça ne m'a apporté que des avantages », confirma Sirius en le suivant.
George ouvrit la porte de la chambre et se raidit. Sirius pénétra à l'intérieur et la jaugea du regard. C'était une pièce lumineuse et assez grande. Les peintures étaient un peu défraichies mais donnaient une allure chaleureuse à l'ensemble. Une grande fenêtre venait déverser la lumière estivale sur le lit double. Quelques affiches et publicités pour la boutique Weasley peuplaient les murs marron et vert de la chambre. Un vieux bureau restauré reposait dans un angle. À côté de lui, un meuble à tiroirs faisait office d'armoire. Sirius fit quelques pas dans la chambre pour s'imprégner un peu des lieux. Il vit tout de suite la fine pellicule de poussière recouvrant tout le mobilier. George posa lentement son carton sur le lit et se retourna.
« Elle a besoin d'un petit coup de neuf, affirma maladroitement le jumeau, promenant son regard sur les murs.
- Ça n'est pas un problème, assura Sirius.
- J'ai laissé tout… comme ça. Mais si tu veux avoir tes propres meubles, débarrasser des trucs, ça me va », proposa George en passant une main embarrassée dans ses cheveux courts.
Le regard de l'animagus contempla longuement la pièce puis s'arrêta sur son nouvel acolyte.
« Elle est très bien telle quelle. » affirma-t-il, sentant le soulagement étreindre son interlocuteur.
« Merci » rajouta Sirius en lui adressant un sourire encourageant.
George leva la main pour l'arrêter et les deux hommes sortirent de la pièce. Ils revinrent dans le salon où les attendaient Harry et Ron, une bouteille à la main. Le garçon à la cicatrice en proposa une à son parrain qui accepta d'un bref signe de tête.
« À vous deux, lança Ron, portant un toast. Et à votre colocation !
- Un nouveau chapitre commence », ponctua Harry en levant à son tour sa bière.
Sirius hocha la tête, pensivement. Les quatre hommes trinquèrent et burent une première gorgée. George ouvrit un des placards de la cuisine et sortit ce qu'il avait pu trouver pour contenter l'appétit de ses invités. Tous les quatre s'installèrent dans le salon, Sirius et Harry sur le canapé, George et Ron dans les fauteuils face à eux. Les ongles de l'animagus commencèrent à effriter le papier glacé de la bouteille qu'il tenait.
« Quelle est la prochaine étape maintenant ? » demanda Ron alors qu'il reprenait une gorgée.
Les trois hommes haussèrent un sourcil. Le cadet Weasley s'expliqua.
« Maintenant que tu es revenu et que tu as trouvé un coin où vivre, qu'est-ce que tu veux faire ? reprit-il en regardant Sirius.
- Je n'en sais rien.
- Laisse-lui le temps de souffler, il n'est revenu que depuis quelques semaines, enchaîna George avec un haussement d'épaules.
- Je ne voulais pas être grossier, s'excusa Ron, ses oreilles virant au rouge.
- Pas de mal, répondit Sirius d'un ton détaché.
- Tu pourrais venir travailler avec nous, proposa Harry en regardant son parrain. Le Ministère continue de recruter et tu as la réputation d'être un fameux duelliste.
- J'aurais bien besoin d'une remise à niveau, objecta Sirius en contemplant la table basse. Et je ne sais pas si j'apprécierais travailler pour eux. Je leur dois des années de séquestration à Azkaban et une traque de plusieurs années derrière.
- C'est peu de le dire, confirma George en terminant sa bière.
- Tu as raison, je suis désolé, raisonna Harry en fronçant les sourcils. Et puis, rien ne presse… Tes comptes à Gringotts sont toujours ouverts, je n'ai touché à rien.
Sirius se tourna vers son filleul, effaré. Harry esquissa un sourire d'excuse.
- Il me restait bien assez de l'héritage des parents, je n'avais pas besoin de ton argent en prime. Tu es à l'abri pour un certain temps.
- Il fallait t'en servir, affirma Sirius, peiné.
- Je n'en avais pas eu l'occasion ces dernières années. Et maintenant, la question est réglée, assura le jeune homme avec un sourire.
L'animagus se tourna vers George.
- J'aurais donc de quoi payer ma chambre.
- Je ne te demande rien, affirma le grand roux.
- Je sais. Mais j'y tiens. »
George esquissa un sourire goguenard et se servit une nouvelle bière pour trinquer avec son colocataire. Les quatre hommes restèrent un moment à bavarder dans le salon. Harry et Ron racontèrent leur formation d'Auror ainsi que les dernières missions auxquelles ils avaient participé. Le cadet Weasley ne manqua pas de leur évoquer l'importance de la paperasse dont ils s'occupaient aussi. Sirius écoutait d'une oreille distraite. Son esprit était tout entier concentré à faire bonne figure et à rester assis sur ce canapé, quand bien même tout lui hurlait de décamper au plus vite et de ne plus s'infliger cet épisode grotesque. Il était affligé de ressentir une telle rancœur envers Ron et sentait sa mâchoire se contracter dès qu'il entendait le son de sa voix. Mais au-delà de cela, Sirius était atterré de voir que ces dernières décennies n'avaient pas eu raison de son tempérament impulsif. Une profonde honte de lui-même l'étreignait. Et il ne désirait plus qu'une seule chose : enterrer cette sensation le plus loin possible dans son esprit.
George remarqua à quelques reprises les tics nerveux de Sirius au fil des conversations. Il ne fit toutefois aucun commentaire. La nuit tomba peu à peu sur l'appartement et Harry fit signe qu'il devait rentrer. Ron se leva à son tour du fauteuil.
« Je vais te suivre, ce soir je retrouve Mione. C'est notre soirée visionnage de films et bol de pop-corn. » annonça-t-il avec un sourire tendre.
Sirius sentit ses dernières barrières se fissurer lentement. La colère, qu'il tentait à tout prix de conserver, laissait dorénavant place à une insondable tristesse. Il voyait le fantasme défiler devant ses yeux : celui où Hermione serait encore avec lui, et non Ron. Ils seraient tous les deux confortablement installés dans la bibliothèque de Grimmaurd, comme ils en avaient eu l'habitude. Elle, allongée sur ses genoux, un livre à la main. Lui, caressant ses longs cheveux bouclés, s'émerveillant de ses expressions. Le grand brun se dégagea violemment de cette vision et esquissa un sourire entendu tandis que Harry et George regardaient le cadet, amusés.
« Il ne vaudrait mieux pas rater le rituel ! , le taquina son meilleur ami.
- De l'importance d'être constant, ponctua George, en jetant un rapide coup d'œil vers son nouveau colocataire.
- Je vous le fais pas dire. Bref, bonne soirée à vous et à bientôt. Bon emménagement Sirius, conclut Ron avec un sourire franc auquel Sirius répondit.
- On se voit bientôt, affirma Harry tandis qu'il faisait une accolade à son parrain.
- Je sais où te trouver, confirma ce dernier en répondant à son étreinte.
- On pourrait aller chez Andromeda demain ou après-demain. Tu rencontreras Teddy, proposa-t-il en souriant.
- Je… Je ne sais pas Harry. Je vais peut-être passer quelques jours à m'installer et faire un peu le tri, murmura Sirius qui sentait le poids de la culpabilité redoubler.
- Oui… Oui, je comprends. On se tient au courant », répondit son filleul, embarrassé.
Il lui adressa un dernier sourire. Puis les deux garçons s'engouffrèrent l'un après l'autre dans la cheminée et disparurent en un instant.
Le silence se fit dans l'appartement. George regardait le feu s'éteindre dans l'âtre tandis que le regard de Sirius était fixé sur le plancher. Puis il poussa un profond soupir et vint se laisser tomber sur le canapé. George le regarda, puis se déplaça vers le bar et revint aux côtés de son acolyte avec une bouteille de whisky pur feu et deux verres. Il posa le tout sur la table basse et servit deux généreuses portions. Sirius le remercia en soupirant.
« Ça va ? demanda le grand roux.
- Mmh, soupira l'aîné tandis qu'il renversait la tête et passait une main lasse sur son visage.
- Si tu veux en parler…, proposa George en lui adressant un regard entendu.
- Merci. »
Sirius prit une grande rasade de son verre et ferma les yeux, laissant rouler le liquide ambré sous sa langue.
« Prends déjà du temps pour toi, reprit le jumeau Weasley en terminant son verre. Le reste viendra bien assez tôt. »
Le grand brun hocha la tête et inspira longuement. George se resservit et haussa un sourcil en direction de son colocataire.
« Non merci, je m'arrête là… Ça te dérange si je vais m'allonger ? Je suis à bout, demanda l'animagus, passant une main lasse sur son visage.
- Pas du tout, tu es ici chez toi maintenant. » répondit George en prenant une nouvelle gorgée.
Sirius esquissa un petit sourire et se leva. Il posa sa main sur l'épaule du jeune homme pour lui dire bonne nuit et se dirigea dans sa chambre. Le sorcier ne se donna même pas la peine d'allumer. Il se dévêtit, s'allongea sur les draps et sombra dans une inconscience bienvenue. De l'autre côté de la porte, George se resservait un autre verre.
o O o
Aux alentours de huit heures et demie, Miranda vit arriver une Hermione Granger particulièrement énergique dans leur bureau commun. Les deux sorcières se saluèrent d'un signe de tête et la jeune femme se plongea immédiatement dans ses dossiers. Il n'était pas rare qu'Hermione se mette aussi rapidement au travail, tout le monde sorcier le reconnaissait, mais plus la matinée avançait, plus sa collègue se faisait la réflexion qu'elle ne l'avait rarement vu aussi frénétique. La sorcière aux cheveux bouclés faisait défiler son regard sur les différents dossiers et gribouillait férocement des notes de bas de page avec une allure prononcée. Lorsque onze heures sonnèrent, la jeune femme avait terminé la pile de rapports à traiter. Sa main reposa le dernier dossier un peu plus brutalement que nécessaire sur son bureau puis elle se redressa vivement.
« Je dois me rendre dans le bureau d'une collègue, je n'en aurais pas pour très longtemps » annonça Hermione alors qu'elle avait déjà passé la porte.
Miranda hocha la tête, abasourdie, et laissa la tempête quitter leur bureau.
Hermione se rendit d'un pas leste vers l'ascenseur. Elle tritura l'ourlet de sa jupe tandis que la cage laissait défiler les étages un par un avant d'arriver au sous-sol. La jeune femme en sortit et se retrouva seule devant un couloir qui semblait s'étirer à l'infini. Quelques lanternes diffusaient des points de repère dans le sombre corridor. La sorcière s'engagea d'un pas ferme dans ce dernier jusqu'à parvenir à un bureau vétuste sur lequel étaient juchées des piles de volumes encombrants. Derrière les montagnes de livres, un crâne chauve faisait frétiller une plume à papote. Hermione toussota pour s'annoncer. L'occiput se redressa pour laisser la place à un visage étiré et de petits yeux cernés surmontés de lunettes rondes. Le sorcier courtaud sur patte regarda la jeune femme en haussant un sourcil.
« V'désirez ? » lui lança-t-il de sa voix revêche.
Hermione ne put s'empêcher de repenser à leur vieille bibliothécaire de Poudlard et à la façon qu'elle avait de congédier tout intrus avec juste la bonne intonation et le nombre suffisant de syllabes. Peut-être de la famille…
Elle fit bonne figure.
« Hermione Granger, du Département de Contrôle et de Régulation des créatures magiques. »
Le petit bonhomme ne daigna pas réagir.
« J'aurais besoin de consulter la Salle des Archives. » reprit-elle en tâchant de rester diplomate.
Son interlocuteur la contempla encore un instant avant de se saisir d'un registre vétuste qui devait probablement peser autant que lui. Il fit tomber la lourde couverture en l'ouvrant d'un geste sec, faisant trembler son bureau et lever une montagne de poussière. Hermione éternua. Puis le sorcier retourna le registre et lui indiqua une ligne où l'encre était encore lisible.
« Veuillez signer ici. »
La sorcière s'exécuta.
« Pas plus de quinze ouvrages à la fois. Et vous devrez resigner une fois que vous les rendrez. Trois semaines, pas un jour de plus », annonça-t-il de sa voix acariâtre.
Décidée à ne pas se fâcher avec le seul employé de la section, Hermione esquissa un sourire mielleux et apposa sa signature sur la ligne correspondante. Puis elle fit un salut de la tête et dépassa le bureau du petit sorcier pour s'enfoncer dans le corridor obscur.
Le couloir s'étendait effectivement jusqu'à l'infini. Hermione reconnut le sortilège d'expansion réservé à toute administration magique qui se respecte. Plus elle avançait et plus les dalles grises s'étiraient devant ses pas. Les murs étaient recouverts d'étagères qui semblaient grimper jusqu'au plafond. Celles-ci étaient pleines à craquer d'ouvrages tous plus imposants les uns que les autres. On pouvait lire sur certaines tranches les anthologies des guerres du monde magique, les encyclopédies des grands sorciers de ce monde ou encore les récits épiques qui peuplaient l'imaginaire des petits sorciers et sorcières. L'endroit sentait le parchemin usé et l'encre sèche. Hermione se sentit comme un poisson dans l'eau.
Elle se concentra intensément sur la section qu'elle cherchait et finit par découvrir l'écriteau en bois rongé par le temps sur le devant d'une étagère. « Histoire du Ministère de la Magie ». La sorcière s'engagea dans la section proposée et fit défiler ses longs doigts sur les tranches des ouvrages. Elle jeta un regard ennuyé aux encyclopédies relatant les successions de ministres puis s'arrêta enfin vers une série plus prometteuse. Délicatement, la jeune femme s'empara d'un ouvrage évoquant les différentes modifications au cours des siècles du Ministère. Elle hocha la tête puis continua sa recherche. Bientôt, Hermione eut une pile de livres sur la construction et l'élaboration du Ministère de la Magie. Pile qu'elle s'efforçait de maintenir droite malgré le poids conséquent de ses trouvailles. Lorsqu'elle se sentit vaciller, la sorcière décida qu'elle avait trouvé le nécessaire. La silhouette de la jeune femme fit demi-tour et regagna les étages supérieurs et la lueur du jour.
o O o
La sorcière aux cheveux bouclés déposa la montagne de livres sur son bureau non sans un certain vacarme. Miranda leva des yeux effarés face à l'impressionnante pêche de la jeune femme et lui lança un regard interloqué. Hermione esquissa un sourire poli en haussant les épaules.
« Travail de recherche » fut sa seule justification tandis qu'elle se penchait sur le premier livre de la pile.
Elle parcourut des pages et des pages jusqu'à trouver la section concernant le département des Mystères. Hermione y lut des élucubrations affolantes de l'auteur concernant les expériences menées au sein de l'endroit. Elle referma le livre d'un coup sec et passa aussitôt au suivant. Celui-ci ne lui apporta pas d'informations qu'elle ne connaissait déjà : Le Ministère de la Magie avait effectivement remplacé le Conseil des Sorciers à la fin du XVIIème siècle et mis en place le Code du Secret visant à séparer le monde moldu du monde sorcier. De grandes négociations s'étaient déroulées pendant des décennies pour nommer les hautes figures du Ministère. Une fois que les élus avaient obtenu leur poste, ils avaient lancé une grande restauration des secteurs du Ministère et cela avait donné lieu à l'émergence des différents départements, parmi lesquels on retrouvait notamment la justice, les transports, les jeux et sports mais aussi les mystères. Mais l'ouvrage n'évoquait rien de plus.
Hermione le fit basculer à son tour et prit un troisième ouvrage. Ses yeux défilèrent sur les grands chapitres du recueil. On apprenait en quelques mots que les activités menées au Département des Mystères étaient confidentielles et que cela expliquait le nom donné à ses employés : les Langues-de-Plomb. L'ouvrage retrouva la pile des œuvres consultées. Le quatrième faisait enfin mention de l'Arche. Hermione sentit son cœur battre un peu plus fort et se concentra sur sa lecture. Était mentionnée l'estrade surélevée en roche au centre de la pièce ainsi que l'arche en pierre, ancienne et fissurée. L'ouvrage évoquait le fait que l'édifice devait se trouver au même endroit bien avant la création du ministère mais aucune source directe ne l'attestait.
La sorcière relut longuement le passage. Puis elle referma l'ouvrage, ses yeux contemplant l'horizon. Hermione ne se rendit compte de l'heure tardive que lorsque sa collègue commença à ranger ses affaires. Ses yeux s'écarquillèrent en regardant la pendule et elle s'empressa de faire le tri dans la pile des livres empruntés. Elle laissa ceux qu'elle avait consultés sur son bureau et emmena le reste. Elle avait de la lecture pour le restant de la nuit.
o O o
Sirius rentra un peu avant la nuit tombée dans l'appartement. Il se débarrassa de son blouson en cuir et de ses chaussures puis pénétra dans le salon. George était déjà là, installé sur le canapé. Il sursauta lorsqu'il entendit les pas de Sirius faire craquer le parquet. Lorsqu'il releva la tête, un sourire éteint franchit ses lèvres.
« Désolé, plus l'habitude, lança-t-il en faisant signe à Sirius de s'asseoir.
- Tu aurais dû me voir après Azkaban. Le moindre vent me faisait bondir de trois mètres », avoua l'animagus en haussant les épaules.
George hocha sombrement la tête. Un verre était posé face à lui, à moitié vide. Sirius l'observa puis se dirigea dans la cuisine pour en prendre un et se rassoir. George lui servit une rasade de pur feu. L'animagus eut une grimace légère à la première gorgée mais l'avala vite.
« Comment était ta journée ? demanda-t-il au grand roux qui terminait son verre.
- Anecdotique. Je suis resté à la boutique jusqu'à dix-sept heures. J'ai eu quelques groupes qui ont dû acheter leur poids en bombabouses et en boites à flemme.
- La rentrée se rapproche, concéda Sirius avec un sourire amusé.
- C'est à ce moment que l'on fait les meilleurs ventes, confirma George, son sourire n'atteignant pas ses yeux.
Sirius le contempla, soucieux. Il comprenait la douleur du jumeau Weasley et l'incapacité qu'il avait à tourner la page. Mais cela l'attristait davantage qu'il ne puisse trouver un certain réconfort dans le commerce qu'il avait lancé avec son frère. C'était comme s'il avait perdu toute la fougue et l'humour dont il était pourtant forgé.
- Et toi, cette journée ? relança justement le sorcier en sortant une cigarette de son étui.
- Bien, répondit Sirius qui en prit une du paquet tendu par son colocataire. Je me suis baladé toute la journée. Je voulais prendre l'air et retrouver mes coins habituels.
- Et ?
Sirius eut un rire sans joie. Il alluma sa cigarette et inspira longuement.
- Et pas grand-chose. Beaucoup ont fermé. Le disquaire de Camden, le Blues Kitchen où on allait écouter des groupes, le bistro de Hampstead… J'ai terminé ma route sur le Chemin de Traverse.
- Sans passer par ma boutique ? le taquina George avec un regard narquois.
- Ce sera mon prochain arrêt, promit Sirius en levant son verre pour trinquer.
- Pas mal de choses ont changé là aussi, expliqua le grand roux.
- C'est peu de le dire. J'ai vu qu'une bonne partie des façades avait été restaurée.
- La bande de Voldy a pris le contrôle du Chemin de Traverse pendant la guerre. Ils ont ravagé le tout.
- Ça ne m'étonne pas, commenta sombrement l'ainé en reprenant une gorgée.
- La boutique d'Ollivander a été la plus touchée du lot.
- Je suis passé devant ! s'exclama alors Sirius, se redressant du fauteuil. Mais j'y ai vu un jeune garçon aux cheveux en pétard avec des yeux très pâles.
- Son fils. Garrick a arrêté peu de temps après la guerre. Trop difficile de se remettre… Il est parti s'installer à la campagne.
Le regard de Sirius se perdit sur la surface irisée de son verre. Il prit une nouvelle bouffée de cigarette tandis que George écrasait la sienne dans le cendrier placé près de lui.
- Tu n'as jamais songé à fermer la boutique ? demanda finalement Sirius en levant son regard vers son colocataire.
Leurs yeux se rencontrèrent. Sirius était sur le point de regretter d'avoir abordé le sujet lorsque le plus jeune soupira. Il se redressa pour remplir leur verre.
- Si, bien sûr. Chaque jour, une partie de moi se demande ce que je fous encore là… Mais cette boutique, c'était notre héritage. À lui et à moi. Je peux pas m'en débarrasser comme ça, avoua-t-il, résigné.
- Non… non, tu ne peux pas, murmura Sirius, le regard perdu au loin.
Il reprit une gorgée de pur feu, aussitôt imité par George. Tous deux restèrent silencieux, plongés dans leurs pensées. Lorsque l'animagus termina son deuxième verre, il se releva du fauteuil.
« Tu veux manger quelque chose ? lui demanda George en le voyant faire un pas vers sa chambre.
- Je n'ai pas très faim. Toi ?
- Non plus, répliqua le plus jeune avec un sourire narquois. À demain ?
- À demain » confirma le sorcier.
Il fit un signe de tête et entra dans sa chambre. Lorsqu'il eut refermé la porte, Sirius s'allongea sur son lit et regarda le plafond. Non, il y avait effectivement certaines choses dont on ne pouvait se débarrasser comme ça. Son sommeil fut peuplé de sorcières aux boucles brunes.
o O o
Hermione arriva à son bureau un peu après neuf heures. De larges cernes prenaient place sur son visage. Miranda le remarqua mais se garda de commenter à nouveau. Ses relations avec la jeune femme s'arrêtaient à quelques échanges cordiaux, rien de plus. La sorcière aux cheveux bouclés s'installa à son bureau et soupira longuement. Ces derniers temps, les nuits étaient de trop courte durée à son goût. Ron lui avait bien dit d'arrêter de se plonger dans ses ouvrages jusqu'à des heures indues, mais lorsque Hermione consentait à lâcher l'affaire, c'était pire. Elle restait les yeux ouverts à fixer le plafond et mille réflexions l'empêchaient de trouver le sommeil. Tant qu'elle n'aurait pas résolu ce problème, la sorcière songeait qu'elle ne pourrait aller de l'avant. Alors elle continuait, inlassablement. Les livres s'accumulaient sans que la moindre information intéressante ne lui permette de comprendre le retour de Sirius Black : ils répétaient seulement les éléments de description de l'Arche et à quel point le travail effectué dans ce département était confidentiel et protégé par le secret magique. Hermione ne pensait pas se l'avouer un jour, mais les faits étaient là : la réponse à sa question ne se trouvait peut-être pas dans un livre.
Péniblement, elle se mit au travail et accueillit son premier visiteur, un gobelin du nom de Pittsbight, bien connu de son service. Ce dernier venait une fois de plus pester contre la perte de son Niffleur, aux alentours de Norfolk, alors qu'il était en pleine recherche de richesses. Hermione lui expliqua pour la cinquième fois ce mois-ci qu'il n'était pas rare que les Niffleurs vagabondent hors des sentiers battus à la recherche d'autres trésors et qu'on ne pouvait aller contre leur nature même. Le gobelin sortit de son bureau en maugréant.
La jeune femme se frotta les tempes en soupirant. Elle entendit alors un cri aigu résonner derrière la porte de son bureau. Intriguée, elle se leva pour aller ouvrir. Une magnifique chouette hulotte au plumage cendré fit son apparition et traversa la pièce d'un battement d'aile pour se poser au-dessus de la chaise d'Hermione. Cette dernière cligna des yeux puis un sourire radieux s'afficha sur son visage lorsqu'elle reconnut la propriétaire de l'animal.
« Par Merlin, vous savez bien que les hiboux sont interdits au Ministère, on ne fonctionne plus que par notes de service enfin, il va salir tout notre bureau » maugréa Miranda qui jugeait le volatile d'un œil sévère.
Hermione l'ignora et rejoignit la chouette qui l'attendait. Elle enleva délicatement le morceau de parchemin attaché à sa patte et lui proposa une friandise que l'oiseau goba bien volontiers. La sorcière s'assied de nouveau à son bureau et déplia le message.
« Chère Mlle Granger,
Je suis ravie d'avoir reçu de vos nouvelles. Poudlard ne manque pas de veiller sur ses élèves, et ce, même lorsqu'ils ont quitté les murs de l'école. Je me réjouis de savoir que vos fonctions au Ministère se déroulent correctement et ne doute pas une minute que vous y accomplirez de grandes choses.
Concernant le retour de Mr Sirius Black, nul besoin de mentionner que j'ai été stupéfiée, comme l'ensemble de la communauté magique. Je comprends tout à fait que vous recherchiez activement des réponses mais je n'ai malheureusement que peu d'éléments à vous donner. Comme vous le savez déjà, les relations entre le Ministère de la Magie et le professeur Dumbledore n'étaient guère au beau fixe et mes connaissances sur le sujet sont assez maigres. Toutefois, soyez assurée que la bibliothèque de Poudlard vous est ouverte et que je me tiendrais à votre disposition pour la moindre question.
En espérant avoir de vos nouvelles,
Minerva McGonagall
Directrice de Poudlard »
Hermione esquissa un tendre sourire en lisant la lettre de son ancienne professeure. Cette dernière lui avait donné une piste supplémentaire et elle avait hâte de pouvoir retourner à Poudlard afin d'intensifier ses recherches. Satisfaite, la sorcière aux cheveux bouclés remercia en quelques lignes la directrice et lui assura qu'elle passerait bientôt à Poudlard. Elle noua le parchemin autour de la chouette et ouvrit de nouveau son bureau. Le volatile disparut en un battement d'aile. Miranda se leva à son tour.
« La réunion ne va pas tarder à commencer : nous devons nous regrouper dans le bureau de Cresswell. »
Hermione fronça les sourcils. Elle n'avait pas souvenir d'une quelconque réunion, toutefois, elle hocha la tête et suivit sa collègue sans grand enthousiasme.
o O o
Alors que les dix-sept heures sonnaient et que le hall se remplissait de hordes de sorciers et sorcières pressées de quitter leur lieu de travail, Hermione tentait de se frayer un chemin vers les grandes portes. Dans la pagaille générale, elle reconnut toutefois la silhouette d'un jeune sorcier aux cheveux ébouriffés. Harry tentait lui-aussi de rejoindre les portes malgré le tumulte. Hermione remarqua sa mine préoccupée. Elle fit quelques pas vers lui et une idée surgit enfin en elle. Si la réponse ne se trouvait pas dans les livres, elle était peut-être cachée au sein de l'Arche elle-même. Et Harry était un de ceux qui pouvaient distinguer des choses dans cet édifice. Hermione pressa le pas pour arriver dans sa direction et finit par lui agripper le bras. Harry sursauta et poussa un soupir de soulagement lorsqu'il reconnut son amie.
« Hermione, la salua-t-il, toi aussi tu essayes de sortir de ce troupeau ?
- Salut Harry, répondit-elle. Ça me paraît peine perdue pour le moment. Comment vas-tu ?
- Fatigué, annonça le sorcier en passant une main dans son cou douloureux. Je suis retourné au travail cette semaine et je croule sous les enquêtes en cours. On me fait bien payer mon absence, grimaça-t-il.
La jeune femme sentit que son meilleur ami éludait une partie de ses problèmes mais n'y revint pas. Elle avait une mission et devait la mener à bon port.
- Dis-moi, est-ce que tu penses que l'on pourrait s'introduire quelques instants dans le Département des Mystères, toi et moi, pour vérifier quelque chose ? demanda-t-elle en lui jetant un regard entendu.
- Département des Mystères ? Qu'est-ce que tu veux faire là-bas ? demanda Harry, surpris.
- Je voudrais qu'on y aille tous les deux pour inspecter l'Arche et que tu me dises ce que tu y vois.
Le sorcier à la cicatrice ouvrit des yeux ronds en entendant les mots de son amie.
- Pourquoi diable est-ce que tu voudrais revoir cette arche ?! s'exclama-t-il tandis que la foule continuait de se presser près d'eux.
- Et bien, tu te souviens quand Sirius a dit que personne n'avait rien trouvé concernant son retour ?
Harry hocha la tête, incertain de l'issue de la conversation. Mais le bras d'Hermione restait accroché au sien.
- Je suis sûre qu'ils ont mené tous les tests possibles sur lui mais personne n'a songé à aucun moment que la source pouvait être extérieure… Ce n'est peut-être pas Sirius qui est à l'origine de son retour parmi nous, mais l'Arche ! , continua Hermione avec conviction.
Le regard du jeune homme se fit plus effaré encore mais la sorcière ne parut pas s'en rendre compte.
- Et si c'est le cas, j'ai besoin de ton aide. Tu es l'un de ceux qui voient… je ne sais pas mais quelque chose ! Alors est-ce que tu penses que l'on pourrait entrer en douce et observer ? conclut-elle avec une impatience non feinte.
- Herm, tu as complètement perdu la tête par Merlin ?! finit par lancer Harry après un silence estomaqué.
- Quoi ? Parce que je veux comprendre ? Ne me dis pas que tu ne veux pas honnêtement savoir ce qu'il s'est passé ? répliqua Hermione en fronçant les sourcils devant l'attitude inattendue de son ami.
- Honnêtement ? Non ! Il est là, il est de retour parmi nous et c'est tout ce qui compte pour moi, s'exclama Harry en continuant de regarder la sorcière avec des yeux effarés.
- Mais, objecta Hermione, mais on doit savoir ce qu'il s'est passé.
- Vraiment ? Qu'est-ce que ça changerait ?
La sorcière ne sut cette fois-ci quoi lui répondre. Harry passa une main lasse sur son visage. Il soupira bruyamment et reprit.
- Herm, ça fait maintenant plus d'un mois qu'il est de retour. Et j'ai suffisamment de mal avec lui comme ça. Il a déjà des difficultés à renouer contact avec nous et à retrouver un quotidien normal. Je ne sais même pas à quoi il passe ses journées ces temps-ci, il répond à peine à mes invitations ! Et tu voudrais en plus que je replonge dans le pourquoi du comment de sa disparition ? La réponse est non, conclut Harry en tentant de réfréner son exaspération.
- Peut-être que c'est ce qui lui manque ! Une raison qui expliquerait son retour, tenta désespérément Hermione pour lui faire changer d'avis.
- J'en doute. Ce qu'il lui faut maintenant, c'est une raison de rester, affirma sombrement Harry.
- Mais… objecta la jeune femme.
- La réponse est non, Herm. Lâche l'affaire », soupira Harry qui dégagea son bras de l'étreinte de son amie. Puis il tourna les talons prestement avant qu'elle ne le rattrape et s'engouffra dans le tumulte des employés du Ministère.
La jeune femme le regarda disparaître et poussa un cri de frustration. Quelques sorciers levèrent la tête mais continuèrent leur chemin. Elle passa une main nerveuse dans ses cheveux puis franchit les hautes portes, le regard flamboyant.
o O o
Il était un peu plus de dix-sept heures lorsque Sirius poussa les portes colorées de la boutique. De nombreux bruits retentissaient à l'intérieur : des ronronnements de moteur, des crépitements de feux d'artifice, des sifflements aigus de fusées. Un florilège d'insultes accompagna l'ouverture de la porte. Sirius leva un sourcil et son regard trouva immédiatement le propriétaire des lieux.
« Je dois le prendre personnellement ? » lança-t-il à George qui était adossé à son comptoir.
Ce dernier consentit à un sourire amusé et leva les yeux de son registre de comptes.
« Sortilège d'Injures. Une de nos plus belles trouvailles, répondit-il en désignant le chapeau mécanique.
- Astucieux, confirma Sirius en décochant à son tour un sourire. Tu me fais la visite ? »
George acquiesça et invita son camarade à déambuler dans la boutique. Sirius jeta des regards avides sur les étagères remplies à craquer des créations Weasley. Il admira les télescopes frappeurs, les baguettes farceuses et toutes sortes de leurres explosifs. La boutique était une fois de plus remplie de jeunes sorciers et sorcières afférées dans les différents rayons. Sirius continua de s'extasier devant la gamme des produits avant que George ne l'invite d'un discret coup d'œil à le retrouver près d'un long couloir. Tous deux pénétrèrent dans la réserve où le Weasley entreposait une grande partie des nouveautés et des articles les plus recherchés. Sirius fit passer une main distraite sur l'étagère des poudres d'obscurité et se retourna vers son camarade.
« C'est fantastique ici.
- Mmh, se contenta de répondre le plus jeune, balayant un regard près de la pièce principale.
- Il ne faut jamais vendre cet endroit, jamais, insista Sirius dont les yeux pétillaient.
George éclata d'un rire franc.
- C'est d'accord, je te nomme digne successeur de la boutique une fois que je serais parti, affirma-t-il avec un sourire amusé.
- Si on avait eu une boutique comme ça lors de nos années à Poudlard, on n'en serait jamais sortis ! » s'exclama Sirius en dévorant les rayonnages des yeux.
Puis son sourire s'affaissa. Il se perdit dans la contemplation du parquet, le cœur lourd de remords. George passa une main amicale sur l'épaule de l'animagus et l'invita à longer le couloir pour revenir dans la boutique. Au comptoir l'attendait une foule de jeunes gens, les mains pleines d'articles. George encaissa chaque achat puis raccompagna le groupe vers la sortie. Il retourna la pancarte « entrez à vos risques et périls » et éteignit les lumières de la vitrine d'un mouvement de baguette. Restés seuls, le grand roux invita son camarade à s'asseoir sur l'un des tabourets derrière le comptoir. Sirius s'exécuta. George se pencha sur les tiroirs près de la caisse et en sortit une bouteille de whisky avec deux verres. L'animagus leva les yeux vers son acolyte mais se garda de commenter. Il accepta le verre que lui tendait son colocataire. Tous deux burent une gorgée.
« Je sais que j'ai un problème. »
Sirius releva vivement les yeux en entendant ces mots. George lui lança un regard équivoque et reprit une gorgée.
« Je suis pas complètement timbré, j'ai conscience que je consomme trop et que je n'arrive pas à m'arrêter, reprit-il.
L'animagus resta silencieux.
- Le truc, c'est que je n'ai pas envie de m'arrêter.
- Pourquoi ? finit par demander Sirius en regardant son camarade.
- Parce que ça ne le fera pas revenir, répondit George abruptement. Parce que je continuerais à ressentir ce manque.
- Quand tu bois, tu te sens plus proche de lui ? demanda l'animagus, interloqué.
George éclata d'un rire sans joie.
- Non, non ça n'est pas le cas. Mais ça permet de combler un peu le trou béant que j'ai à l'intérieur… Je ressens moins cette partie manquante.
Sirius le contempla avec une profonde pitié. George continua de regarder la surface du comptoir.
- Cette nuit-là, la nuit de la bataille, une partie de moi est morte avec lui. C'est comme si… le lien qui nous unissait en tant que jumeaux s'était rompu et que je ne pouvais plus communiquer avec cette partie-là. Et je ressens le vide à chaque. Satanée. Journée, murmura le jeune homme en insistant sur chaque mot.
- Tu as essayé d'en parler à quelqu'un ?
- Au début. J'en parlais à Ginny parce qu'elle était aussi dévastée que moi. Et à mes autres frangins… mais je sentais toujours qu'il y avait un décalage entre eux et moi. Ils pleuraient un frère qu'ils avaient perdu, moi je pleurais pour nous deux.
- Et tes parents ?
- C'était pire. Pour ma mère, je voyais bien que j'étais son seul élément de repère. Lorsqu'elle me regardait, elle ne pouvait pas s'empêcher d'y voir un peu Fred. Et ça la rendait malheureuse… Elle n'y pouvait rien.
George termina son verre et s'en servit un nouveau. Ses yeux marron se fixèrent sur une haute étagère derrière son camarade.
- Je n'arrive plus à leur parler. Aux parents. C'est pour ça que j'évite tout rassemblement et fête de famille. Je n'arrive plus à gérer la façon dont tout le monde me regarde. Un moitié vivant, moitié mort. Leur frère mais aussi le souvenir de Fred. C'est trop dur à porter, conclut-il d'une voix abattue.
Sirius réfléchit longuement à ces derniers mots. Il posa une main sur celle de son camarade. George dirigea son regard vers lui, surpris.
- Ça, je le comprends », affirma Sirius sombrement.
Le plus jeune haussa un sourcil, attendant qu'il développe. Mais l'animagus jeta un œil à la boutique et fit un signe négatif de la tête. George comprit le message : il embarqua la bouteille d'une main et ferma les portes de la boutique derrière eux. Les deux sorciers prirent les escaliers menant à leur appartement et s'installèrent ensemble dans le salon. Sirius se resservit un verre qu'il avala d'un trait. Il grimaça puis prit un temps avant de reprendre.
« Moi non plus, je sais pas où est ma place. »
George le regarda sans rien dire. Sirius prit une inspiration.
« Qu'est-ce que je fais là sérieusement ? J'ai passé dix années au fin fond d'un Voile, pendant que le reste du monde livrait bataille contre les forces du Mal. Je reviens comme un beau diable alors que tout le monde a tourné la page et a commencé une nouvelle vie…
- Tu leur manquais Sirius. Ils ne t'avaient pas oublié, expliqua George, mal à l'aise.
- Mais ils ont avancé, et ils ont eu raison de le faire, répondit catégoriquement l'animagus.
Il se resservir un verre et but une première gorgée.
- Lorsque je me suis réveillé là-bas et que j'ai vu le visage de Harry… J'ai cru que c'était James. Et j'étais tellement… soulagé. Je pensais que je les avais enfin rejoints. Lui et Lily. Qu'après toutes ces années à lutter encore et encore, je pouvais enfin obtenir la paix et les retrouver…
- Mais tu étais face à Harry.
- Oui, murmura Sirius dans un souffle. Et la réalité m'a rattrapée. Je me retrouve dans un monde que je ne connais plus… et j'ai perdu Rémus.
Sirius sentit sa gorge se serrer davantage. Il prit une profonde inspiration et termina son verre.
- Il n'aurait pas dû mourir, déclara-t-il d'une voix rauque.
- Non, non il n'aurait pas dû. Mais s'il y a bien une chose que nous a appris cette guerre, c'est que le monde est loin d'être juste, affirma George, le regard lourd.
- Ça aurait dû être moi. Et bordel, c'était déjà le cas !
- Ça ne fonctionne pas comme ça.
Le grand brun étouffa un juron et ferma les yeux pour retenir sa colère. Il reprit après quelques instants.
- La guerre a emporté ma famille. Les Maraudeurs ne sont plus et il ne reste que moi… murmura-t-il. Moi et ces nouvelles années de perdues. D'abord Azkaban, ensuite le Voile… C'est comme si j'étais déterminé à revenir que pour voir mon monde basculer et mes amis disparaître. Et…
L'image d'Hermione se matérialisa alors à son esprit. Mais il n'avait ni la force ni le courage d'en parler. Pas maintenant. Il prit une aspiration hachée et conclut dans un souffle.
- Et je me sens putain de seul.
George contempla son camarade. Puis il vint poser lentement sa main sur son épaule.
- Non, on est deux. »
o O o
Les rues de Londres étaient bercées par la chaleur du mois de juillet et par les clameurs des passants qui profitaient de leur week-end ensoleillé. Les terrasses étaient remplies, et les commerçants avaient fort à faire pour répondre aux demandes des touristes. Hermione avançait d'un pas décidé vers la maison de son amie, sans prêter la moindre attention aux mouvements de la foule. Elle se retrouva bien vite en face du square Grimmaurd. La porte s'ouvrit, laissant apparaître une Ginny Weasley essoufflée, le visage radieux.
« Salut Mione ! Tu veux aller te poser dans un café ou dans un parc ? proposa-t-elle, admirant le soleil radieux.
- Si ça ne t'embête pas, j'aimerais autant rester ici, indiqua la sorcière aux cheveux bouclés en avançant d'un pas.
- Ah, non, entre, je t'en prie » répondit cette dernière, interloquée.
Toutes deux se dirigèrent dans le salon de la maison. Ginny amena des rafraichissements et s'installa à côté de son amie.
« Comment vas-tu ? lui demanda Hermione.
- Bien ! Les entrainements ont repris et je suis heureuse de m'y remettre. Je commençais un peu à tourner en rond ici, expliqua la grande rousse. J'ai un regain d'énergie ces derniers temps, c'est assez fou.
- Je suis contente pour toi, assura son amie avec un sourire.
- Et toi ? J'ai cru comprendre que tu étais pas mal occupée ces temps-ci, indiqua Ginny, levant un regard soucieux qu'Hermione reconnut bien.
- Non, tout va bien. Rien qui ne perturbe ma petite existence tranquille, assura cette dernière.
Un silence se fit entre elles. Hermione aspira sa lèvre inférieure derrière ses lèvres et se rapprocha légèrement de sa camarade.
- J'aurais besoin d'un service Gin, avoua-t-elle enfin sur le ton de la confidence.
- Qu'est-ce que je peux faire pour toi ? demanda son amie en la scrutant intensément.
- J'aimerais que tu m'accompagnes au Département des Mystères et que tu me dises…
- Ce que je vois dans l'Arche ? la coupa Ginny, son regard se faisant plus sérieux.
- … Harry t'en a parlé, devina Hermione en se redressant sur le canapé.
- Oui, il m'a dit que tu avais déjà demandé son aide et qu'il avait refusé. Et… Je comprends son choix, finit par dire la sorcière en se mordant la joue.
- Bon sang, pourquoi est-ce que personne ne me suit dans cette démarche ?! s'exclama Hermione, vexée.
Ginny se tortilla à son tour sur le canapé et reprit.
- Parce que… parce que ça ne change rien à la situation. Mione, il est revenu, c'est un fait. Maintenant, on essaye de faire en sorte qu'il reste parmi nous. Et ça n'est pas simple. Harry me dit qu'il peine à…
- Oui, il me l'a dit, la coupa Hermione, impatiente. Mais est-ce que la clé du problème ne viendrait pas du mystère qui plane sur son retour ? Si on lui apportait une réponse, cela lui permettrait peut-être d'y voir plus clair !
- Je ne sais pas Mione. Je pense au contraire que plus on essayera de fouiller dans cette affaire, et moins il aura l'impression qu'il a sa place ici. On le traite déjà comme quelque chose d'incongru dans la presse. N'en rajoutons pas.
- Mais son retour est incongru ! explosa enfin Hermione. Il n'y a rien de logique là-dedans, ça n'est pas en enfouissant ce détail sous le tapis que les choses reprendront leur cours normal !
Ginny prit une longue inspiration et regarda son amie avec sérieux. Elle passa sa langue sur ses lèvres et finit par dire ce qui lui pesait sur le cœur.
- Je pense surtout que ces recherches, tu les fais pour toi. Tu t'es pris d'obsession pour le retour de Sirius et tu n'en démords pas.
- Je ne… commença de s'offusquer Hermione, ses joues virant au rouge.
- Attends, laisse-moi finir s'il te plaît, la coupa doucement Ginny en mettant une main sur la sienne. Ron m'a dit que ces derniers temps, tu passais toutes tes nuits à dévorer livre sur livre, quitte à manquer de sommeil. Et Harry a noté des bruits de couloir concernant ton département…
- Quels bruits de couloir ? demanda Hermione en fronçant les sourcils.
- Certains collègues ont remarqué des retards et des absences ponctuelles te concernant. Tu apparais de temps à autre durant les réunions mais sans réellement participer. On dirait que tu es obsédée par une affaire et que tu laisses le reste de côté.
- Circé, je ne suis pas obsédée par cette histoire bon sang, j'essaye simplement d'y voir plus clair ! s'écria la jeune femme en levant les yeux au ciel.
- Je comprends que rien ne soit simple en ce moment pour toi Mione, continua Ginny sans la brusquer. Mais il y a de cela plus d'un mois, tu étais ici avec moi et tu me disais que tu lâchais l'affaire avec Sirius. Or, ces derniers temps, tu passes le plus clair de ton temps à te creuser les méninges pour expliquer son retour. De fait, tu penses sans arrêt à lui.
- Pas de façon romantique ! se défendit Hermione. J'ai choisi Ron et je reste sur ma décision.
- D'accord, mais lâcher l'affaire, ça n'est pas seulement mettre un terme à votre précédente relation amoureuse. Si tu veux vraiment lâcher l'affaire, tu dois aussi lâcher ça. Accepter qu'il soit de retour et construire quelque chose d'autre avec lui si tu le souhaites. »
Hermione la regarda longuement. Son indignation avait laissé la place à une profonde lassitude. Ce qu'elle retenait avant tout, c'était que Ginny ne l'aiderait pas non plus. Les jeunes femmes passèrent une heure supplémentaire ensemble, mais évitèrent soigneusement de remettre le sujet sur le tapis. Lorsqu'Hermione sortit du square Grimmaurd, elle était encore plus frustrée qu'à son arrivée. Elle essuyait son deuxième refus et ne savait pas où se tourner. La sorcière aux cheveux bouclés trépignait de rage de ne pouvoir observer le Voile elle-même. Elle ne s'expliquait pas les raisons qui faisaient qu'un petit groupe de privilégiés pouvait le voir et pas elle. Mais alors qu'elle s'engageait dans une allée bruyante, une réflexion la fit stopper net. Ginny et Harry n'étaient pas les seuls à avoir appréhendé le Voile. Il y avait une autre personne qui avait été aux premières loges pour l'observer. Une personne qui avait même été témoin du retour de Sirius. Hermione sentit son cœur battre la chamade tandis qu'elle s'élançait d'un pas frénétique en direction de la maison de Luna Lovegood.
