Bonjour tout le monde !
J'espère que vous allez bien. Merci aux nouveaux venus pour leurs fav et follow, j'espère que cette histoire vous plaira ! :)
Ce chapitre est un peu plus court que le précédent car il amorce la transition entre les deux arcs narratifs. Jusqu'à présent c'était le pathos et la sombre descente aux Enfers (owi le drama ! \o/) mais maintenant qu'on a atteint le fond, y a plus qu'à remonter (comme ils disent).
J'ai vraiment hâte d'écrire les chapitres à venir, on est sur une autre dynamique et je suis excitée à l'idée de faire évoluer l'histoire. Mais trêve de blablas, vous verrez ça ;)
Réponse à Fleur d'Ange : Merci pour ta longue review, toujours un plaisir de lire tes réactions :D Oui, on était au fond du fond pour nos deux lascars, c'était un passage obligé à mon sens pour les faire évoluer. Quidditch et grossesse feront-ils bon ménage ? Rien n'est moins sûr en effet ;) J'aime beaucoup Luna et oui, dans la façon dont je l'appréhende, c'est celle qui s'en sortira toujours le mieux. Elle a ce qu'il faut d'ingéniosité, d'autonomie et ce petit côté folie / hors-sol ^^ C'est vrai que Neville a une sacrée côte en ce moment niveau écriture ! Merci encore tout plein pour tes remarques et j'espère que la suite continuera de te plaire ! :D
Comme toujours, n'hésitez pas à commenter et me livrer votre opinion, c'est toujours constructif ! En plus, ça me met une fucking patate pour la journée de voir une notification de review alors commentez pretty please :3
Sur ce, bonne lecture !
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Chapitre VIII : Une lumière dans les ténèbres
2 mai 1998
Le cauchemar sembla enfin derrière eux lorsqu'apparurent les premiers rayons du soleil. Celui-ci déversa sa lumière sur Poudlard et sur ses occupants encore en vie. Il y avait quelque chose d'irréel dans cet innocent phénomène, après toutes ces heures passées dans la terreur et la violence des affrontements.
Hermione était assise sur un banc en ruine, contemplant ce qui avait été jadis la cour de l'école. Elle prit une profonde inspiration. Des cris d'allégresse retentissaient encore à l'intérieur de la Grande Salle. Elle avait été une des premières à atteindre Harry et le serrer dans ses bras lorsque tout avait été enfin terminé. Puis la jeune femme s'était retirée dans un endroit plus calme, laissant la foule se presser autour du héros.
La sorcière aux cheveux bouclés vint poser ses bras sur ses genoux. Son regard parcourait l'horizon. Poudlard était en grande partie détruite. Des amoncellements de pierres et d'objets brisés jonchaient le sol. Pourtant, il y résidait un calme étrange, apaisant. Son cœur battait en coups réguliers. Au fond d'elle-même, Hermione découvrit un sentiment qu'elle n'avait pas expérimenté depuis trop longtemps maintenant : la sérénité.
Bien des choses changeraient à présent. Il faudrait reconstruire ce qui avait été détruit. Pleurer leurs camarades tombés au combat. Rétablir la confiance au sein de la communauté magique. Tout cela nécessiterait du temps. Et, pour la première fois depuis un bon moment, Hermione se dit qu'elle en aurait. Elle avait survécu. Il était temps à présent de se tourner vers l'avenir et de vivre.
La jeune femme releva la tête, et observa le ciel éclairé.
« Nous avons réussi, Sirius. » murmura-t-elle.
La sorcière songea à son premier amour. Elle songea aussi à Rémus, Tonks, Dobby, Maugrey, Fred… Tous leurs alliés qui avaient mené ce combat avec eux. Cette victoire leur était due.
Alors que la jeune femme se recueillait en silence, elle entendit des pas dans sa direction. Ron s'assied à côté d'elle, et lui sourit. Hermione lui sourit en retour. Le jeune homme se pencha pour l'embrasser. Oui, bien des choses restaient à faire. Mais le futur s'annonçait prometteur.
o O o
Grimmaurd était plongé dans un profond silence. Harry et Ginny étaient toujours installés dans la salle de bain. Depuis l'annonce de la jeune femme, le sorcier s'était replié sur lui-même, son menton posé sur ses mains jointes. Ginny quant à elle triturait le bord de ses ongles.
Ces derniers temps, elle avait ressenti de temps à autre des nausées mais la sorcière était simplement partie du principe qu'elle n'était pas en forme. Toutefois, en passant devant la boutique de l'apothicaire sur le Chemin de Traverse aujourd'hui, un étrange pressentiment l'avait poussé à entrer et acheter une pierre lunaire, afin de se tranquilliser l'esprit. C'était dorénavant loin d'être le cas.
Ginny finit par rompre le silence ambiant :
« Qu'est-ce que tu en penses ? » demanda-t-elle à son conjoint.
Harry leva les yeux vers elle ; il était autant dans l'expectative qu'elle.
« Je n'en sais rien Gin… Je pensais qu'avec ce que j'avais connu étant ado, j'étais apte à surmonter toutes les difficultés qui se présenteraient à moi une fois adulte. Mais les événements de ces dernières semaines tentent à me prouver le contraire. Je suis dépassé par plein de choses, j'ai l'impression de ne pas avoir les épaules nécessaires pour affronter le moindre obstacle, avoua le jeune homme, désabusé.
Ginny se rapprocha de lui et posa une main sur son épaule.
- Harry… Tu n'as pas à te blâmer en ce qui concerne Sirius, George l'a dit lui-même. Il est dans une mauvaise passe mais tu n'y peux rien. De la même façon que tu n'y peux rien si votre Ministère s'occupe en ce moment de traquer les nouveaux partisans de Voldemort. Il y a des choses dans la communauté magique qui échappent à ton contrôle, c'est dans l'ordre des choses, le rassura-t-elle.
- Je pensais que je ferais la différence, soupira Harry.
- Tu fais déjà tout ce que tu peux pour ta famille et pour tes amis. C'est ça, faire la différence.
Harry prit la main de sa compagne dans la sienne et serra fort.
- Gin… Et si je n'étais pas à la hauteur avec un enfant ? demanda-t-il, avec une réelle inquiétude.
- Écoute-moi bien Harry Potter : tant que tu seras là pour lui, cet enfant ne manquera de rien. Il pourra compter sur toi parce que tu sais pertinemment ce que ça fait de grandir sans ses parents. Et je sais que tu feras tout ce qu'il est en ton pouvoir pour ne pas répéter l'histoire, assura la grande rousse.
Le jeune homme hocha vivement la tête.
- La question qui se pose surtout, reprit Ginny en se rapprochant de lui, c'est ce que tu ressens maintenant ? Qu'est-ce que te dit ton cœur ?
Les yeux verts du sorcier se perdirent un instant sur le sol, plongés dans leur réflexion. Puis Harry releva la tête et un sourire euphorique naquit sur son visage.
- Je me sens heureux, répondit-il avec ferveur. Et toi ? Qu'est-ce que tu en penses ?
Ce fut à Ginny de réfléchir longuement. Elle finit par reprendre la parole, concentrée.
- J'ai été bouleversée en découvrant le résultat. Je ne m'attendais absolument pas à ce genre de nouvelles et ça bouscule tous mes plans. J'étais tellement heureuse à l'idée d'être qualifiée pour la compétition et de me battre pour décrocher un titre.
Harry hocha la tête, indiquant qu'il la comprenait et qu'il respectait son opinion. Les yeux de la rousse se mirent à luire.
- Mais depuis que je le sais, je ne peux pas m'empêcher de ressentir cette excitation… Il y a ce quelque chose en plus en moi qui me fait sourire comme une idiote, continua la sorcière en passant une main sur son cœur.
Le sourire du jeune homme s'accentua.
- Ça n'était pas dans les plans prochains mais maintenant que c'est là… J'en ai très envie. C'est ce que je souhaite au plus profond de mon cœur : fonder une famille avec toi. Et l'occasion se présente maintenant alors… Pourquoi ne pas la saisir ? »
Harry se releva pour prendre sa compagne dans ses bras. Tous deux s'étreignirent fort, le souffle coupé par l'émotion. Ginny éclata de rire, soulagée et embrassa son partenaire tendrement. Le sorcier à la cicatrice répondit bien volontiers à son baiser et en se redressant, la jeune femme vit que ses yeux étaient humides. Elle passa une main délicate sur ses pommettes et tenta de réfréner les larmes qui menaçaient de poindre. Les mains de Harry caressèrent à leur tour le visage de la sorcière.
« On va être parents » annonça-t-il fièrement.
Ginny acquiesça férocement et tous deux repartirent dans un éclat de rire.
o O o
Le couple décida d'annoncer la nouvelle à leurs plus proches amis de vive voix. Ginny envoya des courriers à Hermione, Ron et Luna pour les inviter à venir partager un repas chez eux. Harry de son côté s'abstint d'envoyer un hibou à l'appartement de George et de Sirius. Il savait que ces derniers tenteraient à tout prix de fuir une nouvelle réunion après le désastre de leur dernière soirée. C'est pourquoi il mit au point un autre stratagème dont il fit part à sa compagne. Ginny accepta, étant à court d'idées concernant les deux sorciers taciturnes. Les autres répondirent à leur courrier et l'assemblée se retrouva quelques jours plus tard au sein de Grimmaurd.
Les trois invités arrivèrent en même temps pendant que le couple veillait aux derniers préparatifs. Ce fut Harry qui reçut le trio sur le pas de la porte. Hermione sentit tout de suite que quelque chose n'était pas habituel à en juger par le visage congestionné de bonheur de son meilleur ami.
« Qu'est-ce qui se passe ? demanda-t-elle avec une moue incrédule.
- Comment ? Quoi ? répondit précipitamment le jeune homme à la cicatrice en se cachant volontiers derrière les vestes que ses invités lui avaient laissées.
- Ce sourire jusqu'aux oreilles, là… Qu'est-ce que tu vas nous annoncer ?
- Elle a raison, mon vieux, ajouta Ron avec le même sourire amusé. Tu me rappelles la cérémonie de remise de la coupe de Quidditch. Tu as l'air aux anges.
- Je le suis, affirma franchement Harry. Vous le saurez vite. »
Hermione et Ron se jetèrent un coup d'œil circonspect puis haussèrent les épaules. Luna les suivit dans le salon où ils s'installèrent sur le canapé tandis que Ginny leur tendait des coupes de champagne.
« Là, je commence à m'inquiéter, reprit Hermione en acceptant toutefois son verre.
- À t'inquiéter de quoi ? demanda Ginny, dont le visage trahissait moins l'impatience que son compagnon.
- D'abord le visage extatique de ton cher et tendre, maintenant le champagne… Qu'est-ce que vous manigancez ? argua la belle brune avec un air goguenard.
Ginny esquissa un sourire franc et se rapprocha de son amie.
- Je ne peux rien dire pour le moment… Mais ce soir, on célèbre » conclut-elle, les yeux pétillants de malice.
Hermione haussa davantage les sourcils et se tourna vers sa camarade.
« Tu as une idée toi ? »
Luna esquissa un sourire affable.
« Je ne sais pas, mais les filbiwiz sont tout agités autour d'elle. »
Hermione ouvrit la bouche pour lui demander ce que diable était un « filbiwiz » puis renonça et se reporta à sa coupe de champagne. Ginny revint vite parmi eux, les bras chargés de plateaux de victuaille.
« Y en a pour un régiment ici ! s'exclama Ron.
- Comme si cela t'avait déjà dérangé » rétorqua Ginny avec un sourire en coin.
Son grand frère hocha la tête, acceptant la remarque de cette dernière et l'assemblée commença à grignoter. Pendant ce temps, Harry s'était isolé dans la cuisine. Ginny s'était assurée d'occuper les invités avec l'apéritif tandis qu'il s'occupait du problème de George et de Sirius. Le jeune homme inspira à fond et convoqua son Patronus. Le cerf argenté agita frénétiquement ses bois face à son propriétaire. Harry s'approcha de lui et plongea ses yeux dans les siens.
« Doit venir à Grimmaurd de toute urgence. Quelque chose est arrivé. Fais vite. »
Le patronus agita une nouvelle fois la tête et fila en un éclat lumineux. Harry frotta l'intérieur de ses lunettes nerveusement et partit rejoindre les invités.
Le groupe était en grande conversation. Luna évoquait les dernières créatures qu'elle avait découvertes dans une forêt non loin d'ici et les différentes tactiques qui lui avaient permis de les approcher.
« Il se trouve que les Limax sont des créatures très sensibles à la musique. Un petit air de flûte et le tour est joué, conclut-elle avec son éternel sourire rêveur.
- J'en connais un autre qui était bien sensible à la musique, frémit Ron en se rappelant la rencontre malheureuse de Touffu en première année.
- C'est vrai que tu me fais un peu penser à Hagrid, reprit Ginny. Lui aussi trouvait souvent des qualités aux créatures magiques que le commun des sorciers estime peu fréquentables.
- Il m'a beaucoup aidé lorsque j'ai commencé à travailler dans ce milieu, assura Luna. C'est un passionné et j'espère me montrer aussi investie que lui.
- Pas de doute là-dessus », confirma Hermione.
Alors que Harry s'apprêtait à relancer la conversation, il entendit une vive explosion retentir dans la cheminée. L'assemblée sursauta lorsqu'elle vit surgir deux silhouettes dans une gerbe d'étincelles vertes. Sirius jeta des regards inquiets de tout côté, George en position défensive derrière lui.
« Harry ? Harry ! » s'exclama l'animagus avant que ses yeux ne tombent sur ceux de son filleul.
Sirius battit frénétiquement des paupières. Son rythme cardiaque menaçait de le lâcher. Quelques secondes furent nécessaires avant qu'il ne se rende compte de la situation. Harry était tranquillement installé dans un fauteuil, Ginny à ses côtés. Son regard balaya l'assemblée et il reconnut les visages familiers. Lorsqu'il découvrit celui de Hermione, son cœur rata un battement. Sirius tenta de retrouver son sang-froid et tira nerveusement sur son veston. L'assemblée le regardait avec stupeur.
« Harry m'a dit qu'il y avait une urgence… » balbutia l'animagus, se sentant ridicule.
Les invités tournèrent leur regard vers le jeune homme à la cicatrice. Harry hocha la tête et se leva pour se confronter aux nouveaux arrivés.
« C'est ce que j'ai dit en effet. Je vois que tu n'as pas complètement renié tes réflexes de parrain. » indiqua-t-il, plongeant son regard dans celui de l'animagus.
Sirius fronça les sourcils, éberlué. Alors qu'il s'apprêtait à répondre, la main de son filleul se leva.
« Je n'ai pas exactement menti, restez là. » ajouta-t-il en prenant à son tour la coupe de champagne.
Harry se tourna vers l'assemblée stupéfaite et leva son verre en direction de Ginny.
« Ginny est enceinte. » annonça-t-il avec un tendre sourire.
Il n'y eut plus un seul bruit dans le salon après sa déclaration. Sirius sentit que son cœur tambourinait contre sa poitrine. Hermione fixait à présent son amie, le visage blanc comme un linge. Les yeux de Ron semblaient prêts à sortir de ses orbites pour dégringoler sur le sol. Luna esquissait un sourire poli, le regard lointain.
« Mais qu'est-ce… Quoi ? , finit par balbutier Ron en se tournant vers la benjamine de la fratrie.
- Je ne l'ai appris qu'il y a quelques jours. Je voulais que vous soyez les premiers à le savoir… J'en suis à deux mois », répondit-elle avec un sourire impatient.
Ron se leva alors d'un bond et se jeta dans les bras de sa sœur.
« Gin, c'est merveilleux ! » s'exclama-t-il en la serrant fort contre lui. Ginny lui rendit bien vite son étreinte, en riant. Hermione sembla enfin sortir de sa transe et se leva à son tour pour féliciter les nouveaux parents. George, qui était resté interdit depuis les mots de Harry, finit par retrouver l'usage de ses membres. Il se rapprocha lentement de sa jeune sœur et plongea son regard dans le sien.
« C'est vrai ? , lui demanda-t-il en un murmure.
- C'est vrai, confirma cette dernière. Un nouveau Weasley va agrandir les rangs. »
George resta stupéfait. Bien vite, les invités dressèrent leur coupe en direction de Harry et de Ginny et un concert de félicitations résonna dans le salon. Tandis que l' assemblée se mettait à parler bruyamment, excitée par la nouvelle, Harry tira son parrain par la manche afin qu'ils s'éloignent tous deux. Sirius se laissa faire, trop ébahi pour réagir.
Harry remarqua que l'animagus était loin d'être sobre, une fois encore, lorsqu'il le vit arpenter le couloir du rez-de-chaussée. Il ouvrit la porte menant au jardin et laissa Sirius passer devant lui, lançant un Assurdiato au passage.
Sirius inspira longuement l'air frais de la nuit. Son envie de nicotine se rappela à lui avec force. Harry s'installa face à lui sur le petit muret, bras croisés.
« Tu n'avais pas besoin de jouer la carte de l'urgence, tu sais, murmura l'animagus.
- Vraiment ?! s'exclama Harry, hargneux.
Sirius fut pris de court face à la colère de son filleul.
- Parce que c'est exactement l'effet que ça me fait en ce moment ! reprit Harry du même ton. Bordel Sirius, tu es la chose qui se rapproche le plus d'un père pour moi. Et tu disparais petit à petit ! On n'échange plus, on ne se voit plus.
- Je suis… , commença l'animagus, la mort dans l'âme.
- Désolé, oui, je sais. « Tu es désolé, tu ne peux pas, tu voudrais »… Les premiers temps, je me disais qu'il fallait que je te laisse régler ces choses-là tout seul, de ton côté, que c'était la meilleure solution. Mais en vérité, ça empire à chaque jour ! Tu te noies dans le désespoir et tu te laisses volontairement sombrer… Pourquoi ?!
Sirius, acculé contre le mur, finit par répondre de façon désemparée.
- Je n'arrive pas à trouver une raison de rester ! J'ai perdu des années de ma vie, j'ai perdu mes amis d'enfance, j'ai perdu ma famille.
« J'ai perdu Hermione » songea-t-il à la suite.
- Tu m'as moi ! s'écria Harry. Tu as Ginny. Tu as encore des amis qui comptent. Tu as Teddy ! Même si tu ne te résous pas à le voir. Bordel Sirius, c'est le fils de ton meilleur ami ! Et tu ne te donnes même pas la peine de prendre contact avec lui. C'est ce qui m'attend, moi aussi ?! Tu vas me fuir une fois que mon enfant sera né ?! Tu ne voudras pas le rencontrer ?!
- Bien sûr que non ! tempêta Sirius. Comment est-ce que tu peux dire ça ?
- Parce que tu m'ignores depuis des semaines ! Tu prends tes distances avec tout le monde, tu te noies dans la bouteille pour oublier les gens qui t'aiment. Si c'est vraiment ce que tu veux, si rien ne peut te faire rester, alors soit, pars vraiment.
Le visage de Sirius se décomposa. Harry serra davantage ses poings qui trahissaient ses tremblements. Il passa une main lasse sur son visage et expira.
- Mais quand je te vois débarquer comme un boulet de canon après mon message, je me dis que tout n'est peut-être pas perdu. Alors fais quelque chose… »
Avant que son parrain ne puisse reprendre la parole, Harry fit un signe de tête et se retourna. Il franchit le seuil de la porte, laissant son interlocuteur immobile dans le jardin.
Sirius resta interdit durant de longues secondes, tétanisé par les dernières paroles de son filleul. Puis la réalité reprit ses droits et il se dirigea à son tour à l'intérieur de la maison.
Le salon connaissait une vive agitation. Les invités bavardaient joyeusement tous ensemble autour de Ginny. Ron irradiait de bonheur et discutait avec empressement. Hermione souriait à son amie tandis qu'elle lui racontait sa réaction à la nouvelle. Harry s'était de nouveau installé près de sa compagne, un bras autour d'elle. George était adossé, en retrait, toujours abasourdi. Sirius s'avança comme un somnambule jusqu'à arriver à sa hauteur. Malgré le tumulte des conversations, Ginny se racla la gorge et proposa à l'assemblée de rester manger et célébrer avec eux la venue du prochain Weasley-Potter. Des acclamations unanimes se firent entendre. Sirius et George se regardèrent, mal à l'aise. Ils s'approchèrent de la jeune Weasley et déclinèrent poliment son invitation. Ginny hocha la tête. Les deux sorciers partirent discrètement, laissant le groupe reprendre leurs effusions. Harry jeta toutefois un regard dans leur direction lorsqu'ils s'éloignèrent puis se reporta à ses invités.
o O o
Le retour dans l'appartement leur parut comme la plus grande des incongruités. George et Sirius sortirent de la cheminée et restèrent debout dans le coin de la pièce, comme assommés. Finalement, ce fut le jumeau Weasley qui se racla la gorge et bredouilla :
« Tu veux… ? » commença-t-il, sans trop savoir ce qu'il allait proposer à son colocataire.
Une bouteille trônait encore sur la table basse, remplie aux trois quarts. Sirius la vit du coin de l'œil.
« Non… Non, je crois que je vais aller me coucher, murmura-t-il.
- Ouais… Moi aussi. » répondit George avec le même abattement.
Tous deux se dirigèrent vers leur chambre respective. Sirius s'allongea tout habillé sur son lit, les yeux fixés vers le plafond. Il ne se rappelait pas de la dernière fois où George et lui s'étaient couchés sans boire un seul verre. La fatigue ne vint que tardivement, et il resta un long moment immobile, les yeux toujours au plafond.
Le lendemain matin, George ouvrit les yeux lorsqu'il sentit les rayons du soleil caresser son visage. Quand il se leva, le sorcier constata avec un mélange d'étonnement et de satisfaction que sa tête ne le faisait pas souffrir. Cela faisait des semaines qu'il se réveillait avec une barre de fer à la place du front, ce changement présent était presque un soulagement pour lui. George jeta un œil à l'horloge de sa chambre et la quitta sur la pointe des pieds. Généralement, Sirius et lui n'émergeaient pas avant le début d'après-midi.
Il fut donc stupéfait de découvrir son colocataire dans la cuisine, vêtu et occupé. Sirius était dos à lui, en train de remuer une poêle sous un feu vif. L'odeur fit frémir les narines du plus jeune. Il ne se souvenait pas d'avoir mangé quelque chose la veille.
« Bordel ! » s'exclama Sirius en secouant vivement le contenu de la poêle qu'il renversa aussitôt sur les assiettes derrière lui. Ses sourcils se froncèrent lorsqu'il inspecta le résultat final. George s'amusa presque de la déconvenue de son colocataire, tant il était vrai que ni l'un ni l'autre ne s'étaient illustrés en cuisine depuis maintes semaines déjà.
« L'heure est grave, donc. » s'annonça-t-il d'un ton moqueur tandis que Sirius levait les yeux vers lui. Il se redressa et jeta un regard embarrassé vers la table.
« Merci. » reprit George en approchant l'assiette vers lui et en s'asseyant sur la table haute. Sirius fit un vif hochement de tête et s'installa à son tour face à son camarade. Le jumeau Weasley prit une première bouchée et commença à dévorer son assiette. Sirius le regarda un instant puis soupira.
« Il faut qu'on arrête. » dit-il d'une voix grave.
George reposa sa fourchette et leva les yeux vers son camarade. Cela lui avait coûté de prononcer ces mots, le sorcier le voyait bien.
« Je sais… » murmura-t-il tristement.
Sirius, les bras croisés, prit un temps puis reprit.
« Un nouveau Potter-Weasley va débarquer ici… Et je veux faire partie de son monde, avoua-t-il, la tête baissée vers ses mains jointes.
- Moi aussi », acquiesça George avec un soupir.
Le sorcier avait eu toutes les peines du monde lui-aussi à trouver le sommeil la nuit dernière. L'annonce de sa petite sœur avait bousculé son quotidien et il savait maintenant qu'il ne pourrait continuer à se voiler la face. Il était temps de reprendre sa place parmi les vivants.
« Et pour ça, je pense qu'on a besoin de travailler sur nous-même, conclut Sirius en fronçant davantage les sourcils.
- Tu m'étonnes, répondit George avec un rictus amusé. Il comprenait combien cela était pénible à dire pour son camarade et il essayait de lui simplifier les choses.
Sirius releva son visage contrit vers le jeune homme. George haussa les épaules, avec un sourire triste.
- On ne va pas bien, nous deux. Et il est temps d'y faire quelque chose. Chacun de notre côté… Sinon, on sera toujours tenté de replonger allègrement, confia George qui était parvenu aux mêmes conclusions que son ami.
L'animagus hocha sombrement la tête.
- C'est con… Parce que j'étais bien avec toi, finit par rajouter George.
- Moi aussi, lâcha Sirius, souriant tristement à son tour. Ça n'est pas un adieu… C'est juste une pause, le temps que l'on décroche.
- Bordel, on est devenus un de ces vieux couples en crise », ironisa le Weasley en éclatant d'un rire sans joie.
Sirius pouffa et hocha la tête, désabusé. Il était soulagé que George soit parvenu aux mêmes conclusions que lui. Pour le moment, ils devaient s'éloigner pour mieux se sevrer. Mais Sirius était persuadé que cela ne signait pas la fin de leur amitié. Dans leur malheur, ils s'étaient trouvés et avaient malgré tout forgé un lien particulier que rien ne pourrait entamer.
« Tu veux rester ici ? lui demanda George après un instant de réflexion.
- Non… Je vais demander à Harry et Ginny s'ils accepteraient de reprendre un vieux débris comme moi. Et s'ils ne peuvent l'envisager, je louerai une chambre pour un temps. Garde ton appartement, répondit Sirius, déterminé.
- Je sais pas ce que je vais faire… Ça reste mon chez-moi mais j'ai aussi trop associé cet endroit à Fred et à ce mode de vie… J'en sais rien, soupira George en passant une main sur son visage las.
- Laisse-toi le temps » ajouta simplement son colocataire avec un regard encourageant.
Tous deux reprirent leur déjeuner dans le plus grand des calmes. Lorsqu'ils eurent terminé, George débarrassa rapidement et fit disparaître la bouteille restée sur la table basse du salon. Pendant ce temps, Sirius regagna sa chambre et commença à rassembler ses affaires. Après quelques instants, George vint le rejoindre dans l'encadrement de la pièce.
« Tu n'es pas obligé de détaler à l'instant, je ne te chasse pas, indiqua-t-il en voyant son ami fermer l'un de ses sacs de voyage.
- Je sais bien, acquiesça Sirius. Mais si je me laisse le temps, je sais que je ne quitterai jamais cette chambre.
Le grand brun jeta un regard aux alentours.
- Harry a raison. Je me laisse trop volontiers sombrer » conclut-il en se reportant à ses affaires.
George secoua la tête et l'aida à disposer celles-ci dans un deuxième sac qu'il referma. Les deux hommes quittèrent l'ancienne chambre de Fred. Sirius, les sacs sur son dos, se rapprocha du sorcier pour sceller une accolade. George y répondit avec force.
« Prends soin de toi, murmura Sirius en donnant un coup sur l'épaule du jeune homme.
- Toi aussi, répondit George d'une voix grave.
- On va s'en sortir. » affirma l'animagus en lui jetant un regard sérieux et confiant.
George esquissa un sourire railleur mais ses yeux laissaient voir de la détermination. Sirius fit un signe de la tête puis se dirigea vers la porte d'entrée de l'appartement. Il adressa un dernier sourire à son colocataire et referma derrière lui. George le regarda partir puis se tourna vers l'appartement désormais silencieux. Il poussa un profond soupir et ferma les yeux.
o O o
Sirius avait réfléchi une bonne partie de la nuit à ce qu'il convenait de faire dès à présent. Il n'avait pas osé emprunter le réseau de cheminée pour se rendre directement au square Grimmaurd. Après la discussion houleuse qu'il avait eu avec son filleul, le sorcier ne se voyait pas apparaître au beau milieu de leur salon, avec ses affaires sous le bras.
L'animagus vagabondait ainsi dans les rues bondées de la capitale. Il marcha longtemps, profitant de l'agitation des passants ainsi que de l'air chaud de ce premier jour de septembre. Il arriva au niveau du 12 square Grimmaurd en début d'après-midi et sentit son cœur tambouriner dans sa poitrine. La façade de la maison ne manquait jamais de le faire frémir, malgré toutes ces années. Sirius prit une longue bouffée de cigarette qu'il fit ensuite disparaître d'un sortilège informulé. Il s'approcha à pas lourds du perron et toqua.
Quelques instants plus tard, avant qu'il ne frappe une deuxième fois, une tornade rousse ouvrit la porte. Le visage de Ginny s'étira en longueur alors qu'elle découvrait le nouveau venu.
« Sirius ?! », s'exclama-t-elle, les yeux ébahis.
Ce dernier se sentit tout à coup maladroit. Il ne savait pas exactement s'il était soulagé ou non de voir le visage de la jeune femme avant celui de son filleul. Il passa une main embarrassée dans ses longs cheveux.
« Salut Ginny… Est-ce que… Est-ce que je pourrais te parler ? » demanda-t-il, incertain.
La jeune femme ébahie hocha la tête et se décala pour le laisser passer. Sirius la remercia d'un signe de tête. Ginny jeta un coup d'œil aux alentours puis referma la porte de sa maison.
Le soir venu, Harry atterrit dans la cheminée familiale et constata avec stupeur que Ginny l'attendait dans le salon en compagnie de Sirius. Ce dernier posa son regard anthracite sur le jeune homme, gêné. Le sorcier à la cicatrice s'empêcha in extremis de se précipiter vers lui et adopta un visage renfrogné. Avant qu'il n'ait le temps de lancer une remarque, Ginny prit la parole.
« Sirius voudrait nous parler. » indiqua-t-elle, les mains posées sur ses genoux.
Harry sembla peser le pour et le contre puis finit par s'asseoir parmi eux. Ginny fit un signe encourageant en direction de son parrain. Sirius poussa un profond soupir et leva la tête.
« Tu avais raison. » commença-t-il en plantant son regard gris dans celui de son filleul.
Harry resta silencieux, préférant scruter le visage de son interlocuteur.
« Je ne vais pas bien, reprit Sirius avec gravité. Mais je n'essayais pas de m'en sortir… Parce que ça me paraissait plus facile de me laisser sombrer plutôt que de faire quelque chose. Je me complaisais dans mon mal-être. Je pensais que je n'avais plus rien à faire ici. Et je suis désolé : parce que tu étais là. »
Le jeune homme prit une longue inspiration mais ne prononça aucun mot.
« Lorsque vous nous avez appris la nouvelle… Je me suis rendu compte que je voulais en faire partie. De cette famille. Je voudrais refonder les bases…, conclut Sirius, sans cesser de regarder son filleul.
- Et comment tu comptes t'y prendre ? demanda Harry d'un ton rendu bourru par sa gorge nouée.
- En m'installant de nouveau avec vous, si vous voulez bien de moi, répondit Sirius en joignant ses mains.
Le silence se fit dans le salon de Grimmaurd. Harry regarda ses jointures blanches et releva la tête vers sa compagne.
- Gin ? Qu'est-ce que tu en penses ?
- C'est évident. Il faut qu'il revienne. Et on peut l'aider à s'en sortir », affirma Ginny, le visage volontaire et déterminé.
Les yeux de Sirius se dirigèrent vers ceux de la jeune femme. Celle-ci esquissa un sourire encourageant auquel il répondit. Harry semblait toujours préoccupé. Plus les secondes passaient et plus le cœur de l'animagus battait la chamade dans sa poitrine.
« Harry ? » demanda Sirius en tournant à nouveau son visage vers lui.
Les yeux verts se portèrent sur le visage anxieux de son parrain. Harry enleva ses lunettes pour mieux les essuyer sur un pan de sa chemise. Lorsqu'il les remit, Sirius constata que des larmes pointaient à ses yeux.
« Ne m'abandonne plus jamais. » murmura Harry.
Sirius se leva prestement pour étreindre son filleul de toutes ses forces. Ce dernier serra davantage ses bras autour de lui.
« Plus jamais, je te le promets. » murmura Sirius dans un souffle. Ginny esquissa un sourire soulagé et ferma les yeux.
o O o
Le jour tombait sur le Chemin de Traverse. Les yeux du sorcier se perdaient dans la contemplation de la rue maintenant déserte. George, accoudé sur la table de la cuisine, ne savait pas exactement depuis combien de temps il était là. Il poussa un profond soupir et se dirigea vers sa chambre encore ouverte. Une photo de Fred et lui était encadrée au mur ; elle avait été prise lors de leur quatrième année. George fixa le visage radieux de son jumeau qui passait un bras autour de lui.
« Ça te fait bien marrer de là où tu te trouves » murmura-t-il en direction de la photographie.
Le sourire de Fred sembla s'accentuer davantage. George hocha la tête et posa sa main sur le mur de sa chambre. Il resta un instant immobile, le visage vers le sol. Puis il redressa la tête et fit un signe en direction de la photographie. Le sorcier prit quelques affaires en vrac dans son armoire qu'il mit dans le premier sac à sa disposition. Puis il prit sa veste et, avec un dernier regard en arrière, ferma la porte de son appartement.
Une fois sur le Chemin de Traverse, George regarda aux alentours et transplana. Il arriva en un « pop » discret et resta quelques secondes les yeux fermés. Quand il les ouvrit, le Terrier s'imposa face à lui. Le jeune homme grimpa les quelques marches le séparant de la porte d'entrée puis, d'une main hésitante, frappa doucement.
Le visage de Molly Weasley apparut dans l'encadrement de la porte. Son visage passa d'une mine affable à un ébahissement si prononcé que George esquissa un sourire ému.
« Salut maman.
- Georgie ! s'exclama-t-elle, les yeux ronds. Que se passe-t-il ? Tout va bien ?! s'empressa-t-elle de demander, son visage prenant des couleurs vives.
- Non… Non, je ne vais pas bien », avoua George après un temps.
Molly afficha une mine plus désemparée alors. Le sorcier sentit ses épaules s'alourdir. Il prit son courage à deux mains et releva la tête.
« Je peux revenir à la maison ? »
La matriarche Weasley éclata brutalement en sanglots et se jeta au cou de son fils. George se laissa enlacer puis, peu à peu, ses bras vinrent se nouer autour de sa taille.
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Ce soir-là, Sirius insista pour aider Harry à la cuisine. Tous deux s'occupèrent du repas pendant que Ginny profitait d'un repos bien mérité. Ils dinèrent ensemble dans la cuisine, oubliant le dernier épisode qui les avait séparés. Harry et Ginny discutèrent longuement avec Sirius de leur mariage ainsi que de l'installation progressive à Grimmaurd. L'animagus les écouta avec attention et de nombreux sourires vinrent illuminer son visage. Lorsque Harry servit le dessert, il reprit la parole.
« Qu'est-ce qu'on peut faire pour t'aider ?
Sirius haussa un sourcil.
- Pour que tu puisses arrêter… Régler ce problème, développa le jeune homme, mal à l'aise.
- Il veut dire arrêter de boire comme un trou, compléta Ginny avec un air entendu auquel Sirius répondit par un sourire franc.
- Ne me laissez pas avoir accès aux bouteilles. En aucun cas, commença Sirius avec un sérieux qui ne lui était pas familier.
- Compris, affirma Harry.
- On risque de bien s'entendre ces mois-ci, ajouta la sorcière aux cheveux roux avec un mélange de dépit et d'amusement.
- C'est vrai, confirma Sirius en éclatant d'un rire sans joie. Tu vas peut-être me faciliter la tâche.
- À moins que tu ne me fasses plonger avant.
- Ginny ! s'épouvanta Harry.
- Je plaisante mon amour, répondit la jeune femme en levant les yeux au ciel. Je serais raisonnable envers ce bout de chou qui grandit en moi… Et j'aiderais Sirius à ne pas flancher.
L'animagus la remercia d'un sourire tendre auquel elle répondit aussitôt.
- L'un des facteurs aggravants, c'était aussi le manque d'occupation, reprit Sirius. Avec George, on passait nos journées à ne rien faire que fixer le plafond et boire jusqu'à ce qu'on tombe dans une torpeur crasse.
Le visage de Ginny perdit de son amusement. Sirius se mordit les doigts de sa remarque et posa une main réconfortante sur l'épaule de cette dernière.
- Lui-aussi se charge de ce problème, lui assura-t-il.
Ginny hocha vivement la tête.
- On va te trouver suffisamment de passe-temps pour que tu ne puisses pas avoir une minute à toi, affirma-t-elle, plus déterminée encore.
- Et ça ne manque pas ici, confirma Harry en jetant un œil aux alentours.
- Tu pourras nous aider à aménager la maison, on se baladera ensemble dans les environs, proposa la benjamine Weasley.
- Et puis on pourra peut-être te chercher une activité qui te plaît », conclut Harry.
Sirius accepta les propositions du couple et dissimula la vive émotion qu'il ressentait à les voir chercher des solutions avec autant de résolution. Une part de lui le jugeait indigne de telles démarches mais le sorcier savait qu'elle finirait par disparaître. Il avait décidé de reprendre sa vie en main et Merlin, il leur prouverait à tous et à toutes qu'il pourrait se montrer digne de leurs efforts envers lui.
Il prit une profonde inspiration et posa sa main sur celle de son filleul. Harry leva les yeux vers lui.
« Lorsque tout ceci sera derrière moi… Lorsque j'irais mieux… Je rendrai visite à Teddy. » affirma Sirius, avec un regard résolu.
Harry esquissa un large sourire. Sa main se referma sur celle de son parrain.
o O o
Hermione rejoignit Ron dans leur lit vers les vingt-deux heures. Ce dernier regardait résolument le plafond avec un air jovial. La jeune femme fronça les sourcils et s'allongea à côté de lui.
« Qu'est-ce qui t'amuse autant ? , demanda-t-elle avec un sourire incrédule.
- Rien », répondit Ron avec un ton euphorique défiant toute concurrence.
Hermione le regarda quelques instants puis haussa les épaules et se saisit du livre qui trônait sur sa table de chevet. Alors qu'elle commençait à peine la lecture des premières lignes, Ron se retourna vers elle, la mine toujours radieuse. Elle sentit son regard vers elle durant quelques instants, prétexta d'être plongée dans son recueil, puis poussa un soupir mi-excédé mi-amusé.
« Quoi encore ?
- Mais rien, réitéra son partenaire tout en continuant à la regarder avec un sourire rêveur.
Hermione lâcha à regret son livre pour plonger son regard dans celui de son compagnon.
- Vous, monsieur, avez une idée derrière la tête, affirma la sorcière en haussant un sourcil scrutateur.
- Enfin madame, vous me prêtez de viles intentions que je n'ai pas, s'offusqua faussement Ron.
- Je n'ai pas dit qu'elles étaient viles. Mais vous avez des intentions et elles perturbent le cours de ma lecture, répondit du tac au tac Hermione en donnant un léger coup de livre sur l'épaule de ce dernier.
Ron éclata de rire et reprit.
- Bon, tu as gagné.
- Quelle surprise, ponctua la jeune femme narquoisement.
- Je pensais… L'annonce de Ginny a bousculé pas mal de choses, commença Ron.
- Ça, tu peux le dire, confirma Hermione qui était encore abasourdie par la nouvelle.
Il lui semblait loin le temps où elles discutaient de leurs crushs d'adolescentes et de leurs projets d'avenir. Ginny avait fait un bond en avant en l'espace de quelques jours.
- Et je me disais… Que je me sens plutôt prêt, reprit Ron avec un sourire lui dévorant le visage.
- Prêt à devenir oncle Ronald ? demanda Hermione en haussant un sourcil amusé.
- Non, prêt à fonder une famille, répondit le jeune homme en passant une main tendre sur le bras de sa compagne.
Hermione resta un instant interdite. Puis ses yeux s'ouvrirent davantage.
- Tu veux dire… Toi et moi ? demanda-t-elle en balbutiant chaque syllabe.
- Oui. Je me sens prêt à devenir père, confirma Ron avec enthousiasme.
Le visage de la jeune femme devint plus blanc encore. Ses yeux semblaient prêts à sortir de leur orbite. Devant la réaction de sa compagne, Ron éclata de rire et caressa longuement son bras.
- Je ne dis pas forcément maintenant, maintenant. Je vois bien que c'est soudain pour toi… Mais ça m'a fait réfléchir et j'en suis arrivé à cette conclusion.
Hermione encaissa le choc de la nouvelle. Elle ne parvenait pas à trouver les mots, trop bouleversée.
- Ron, je… tenta-t-elle, désemparée.
- Eh… murmura-t-il en la rassurant. Ne t'inquiète pas, j'attendrais. Je voulais juste en discuter avec toi et te dire ce que je ressens. Mais on ira à ton rythme et je ne précipiterai pas les choses. »
La sorcière aux cheveux bouclés sentit qu'elle hochait la tête, hagarde. Ron lui adressa un sourire tendre et s'approcha d'elle pour l'embrasser. Elle répondit à son baiser, son esprit toutefois tourmenté. Lorsqu'il se retourna pour éteindre et plonger dans le sommeil, ce fut au tour de Hermione de contempler le plafond. La déclaration de Ron avait semé le trouble dans son esprit. La jeune femme réalisait soudain que la situation de leurs amis enclenchait des questionnements auxquels elle devait maintenant songer. Hermione sentit les affres d'une remise en question l'assaillir et elle ne parvint à s'endormir qu'après de longues heures d'errance.
o O o
Sirius voguait comme une âme en peine dans le salon de la maison familiale. Cela ne faisait que quelques jours qu'il était rentré auprès de Ginny et Harry mais le manque se faisait cruellement ressentir. Ses nuits étaient agitées de cauchemars qui l'éveillaient brutalement et le laissaient dans une frustration intense. Le sorcier se levait dorénavant aux aurores et hantait Grimmaurd jusqu'au réveil de ses deux autres occupants. Ces jours-ci, c'était Harry qui le rejoignait le premier et tous deux prenaient leur déjeuner avant que le sorcier ne parte pour le Ministère.
Ginny avait annoncé la grossesse à ses parents et comme elle l'avait craint, sa mère lui avait formellement interdit de reprendre les entrainements intensifs de Quidditch. Si la jeune femme avait d'abord voulu tenir tête à la matriarche, les membres de son équipe s'étaient aussi liguées contre elle, lui faisant comprendre que son bien-être et celui de l'enfant passaient avant les préoccupations sportives. C'est ainsi que Ginny s'était vu offrir des vacances inattendues et restait dorénavant au square Grimmaurd.
Elle apparut justement dans le salon alors que Sirius écaillait les morceaux de peinture restante sur l'une des étagères. Il remarqua tout de suite l'air frustré de la jeune femme et se tourna vers elle.
« Longue journée en perspective ? , demanda-t-il tandis qu'elle se laissait tomber sans effort dans le fauteuil.
- Comme toutes celles passées ici, non ? répondit-elle en poussant un profond soupir.
- Tu prêches un converti. »
Ginny tourna la tête pour observer le parrain de son compagnon. Elle se frotta la nuque et reprit.
« Les entraînements me manquent.
- Il est vraiment hors de question que tu reprennes ? demanda Sirius en s'installant sur la tranche du canapé.
- La médicomage m'a dit que je pouvais pratiquer un peu d'activité sportive mais pas le Quidditch en équipe… Selon elle, il y a des chances trop importantes de chute ou de coup, annonça Ginny en haussant les épaules.
- Ce n'est pas le cas d'habitude ?
Ginny esquissa alors un sourire dévorant.
- Si. C'est justement là qu'est le fun.
Sirius éclata de rire.
- Je comprends ta frustration dans ce cas, affirma-t-il avec un sourire.
- C'est de coutume en ce moment, pointa la jeune femme en haussant de nouveau les épaules.
Voyant l'air sombre de son interlocuteur, Ginny se redressa et reprit d'une voix plus sérieuse.
- Comment tu te sens ?
- Frustré, confirma Sirius après un long soupir. Sur les nerfs.
- On devrait sortir un peu, proposa la sorcière. Marcher dans le quartier, ou même faire un tour en balai.
- J'aimerais beaucoup Ginny… Mais si je dois être honnête, je pense qu'il est encore un peu trop tôt pour moi. Je serais capable de te laisser en plan pour me précipiter au Chaudron Baveur ou dans tout autre pub digne de ce nom, déclara Sirius avec amertume.
- Restons-en là pour le moment, acquiesça la rousse. J'imagine que le fait de te retrouver une fois de plus à Grimmaurd n'arrange pas les choses.
- Ce serait minimiser tous les efforts que vous avez fait pour rendre cet endroit accueillant, répliqua Sirius avec un sourire amusé.
- On a fait de notre mieux, en effet, confirma Ginny.
Sirius jeta un regard circulaire dans le salon et se reporta à son interlocutrice.
- Ce n'est pas aussi dur que ce que je croyais. Peut-être parce que ça n'est pas nouveau pour moi, reprit-il avec sérieux.
- Qu'est-ce que tu veux dire ?
- Je n'en suis pas à ma première cure, loin s'en faut, déclara Sirius en haussant les épaules. J'avais déjà eu ce problème quand j'étais plus jeune. Avec la famille que je me trimballais, ça n'était pas une vraie surprise… Mais James, Rémus et Peter m'avaient aidé à en sortir. C'est revenu par épisode ensuite, mais sans excès. Et puis le retour à Grimmaurd après Azkaban m'a remis en plein dedans.
- Je l'ignorais, murmura Ginny avec un air affligé.
- Parce que je tâchais de le cacher tant que possible… Même si j'ai lamentablement échoué avec Hermione. Elle m'a retrouvé une nuit à vociférer contre le portrait de Walburga dans le couloir. Un des épisodes tristement célèbres de mon parcours prestigieux, se souvint Sirius qui éclata d'un rire sans joie. Après ça, les choses ont évolué et j'ai pu arrêter petit à petit… »
Un long silence suivit la déclaration du grand brun. Sirius réalisa ce dont il avait fait part à la jeune femme et se referma sur lui-même. Ginny remarqua son changement immédiat de posture. Elle prit une inspiration et se redressa complètement pour lui faire face.
« Est-ce que c'est de voir Hermione avec Ron qui t'a fait basculer ? » demanda-t-elle enfin.
Elle sentit les épaules de l'animagus tressaillir. Il ne dit rien pendant un moment, son regard se perdant dans les motifs du tapis. Ses doigts tapotaient fébrilement le cuir du canapé. Ginny tenta une nouvelle fois.
« Tu me connais Sirius. J'ai suivi votre relation depuis le début. Tu sais que tu peux me parler en toute franchise, je ne dévoilerai rien. »
Sirius se mordit la lèvre inférieure et se releva. L'envie de nicotine se rappelait à lui avec la force d'un bélier, faisant trembler ses doigts.
« J'ai besoin de m'en griller une, tu veux bien ? » demanda-t-il à la jeune femme.
Celle-ci hocha vivement la tête avec un regard compatissant. Sirius fit un signe de tête et décampa du salon. En quelques enjambées, il se retrouva dans le jardin et s'assied comme à son habitude sur le petit muret de pierre. Il porta une cigarette à ses lèvres et profita d'une première bouffée salutaire.
Alors qu'il penchait la tête en arrière pour profiter des rayons du soleil sur son visage et s'échapper, l'animagus entendit un bruit derrière lui. Ginny venait d'ouvrir la petite fenêtre séparant la cuisine du jardin. Elle lui adressa un sourire en coin. Sirius ne put empêcher un rire nerveux.
« Tu ne lâches jamais, toi.
- Vois les choses en face, nous sommes condamnés à rester dans cette maison jusqu'à ce que l'un d'entre nous ne craque », rétorqua cette dernière.
Sirius se décala légèrement pour diriger la fumée de sa cigarette dans une autre direction et reporta son regard vers l'horizon. Une part de lui se ralliait aux arguments de la jeune femme. Et cela faisait maintenant trop longtemps qu'il portait ce fardeau tout seul.
« Lorsque j'ai revu Hermione après le Voile, commença-t-il, ça a été un soulagement infini… Après tout ce que Harry m'avait raconté, de la voir apparaître saine et sauve devant moi m'a rendu tellement euphorique. Elle avait grandi mais elle était là. Bel et bien là. J'ai pensé alors que tout finirait par aller bien malgré ces années perdues… j'ai pensé qu'elle serait mon ancrage dans ce monde nouveau. »
Ginny hocha la tête, tentant par tous les moyens de dissimuler la pitié qu'elle avait pour l'animagus. Sirius continua de regarder loin devant lui.
« C'était stupide, je le sais bien maintenant. Je ne pouvais pas mettre un tel fardeau sur ses épaules. Elle avait la vie devant elle… Vous aviez tous une vie à mener.
- Elle ne t'a jamais oublié Sirius, murmura Ginny.
Ce dernier se retourna vers la jeune femme.
- Elle a passé des mois à chercher quelque chose pour te faire revenir. Elle n'acceptait pas que tu aies pu disparaître ainsi, et elle ne parlait que de ça.
Le visage de Sirius se creusa de tristesse.
- Puis les choses se sont accélérées pour nous et avant qu'on ne le comprenne, la guerre était déjà à nos portes. Mais elle ne t'a pas oublié pour autant.
- Je le sais, murmura Sirius d'une voix rauque. Je l'ai vu dans son regard. Lorsqu'elle m'a vu à Sainte-Mangouste, mais toutes les autres fois aussi… Je sais que j'étais encore présent dans son cœur… C'est ce qui fait le plus mal, je pense. Ça, et le fait de ne pouvoir en parler à personne.
Ginny acquiesça. L'animagus porta une nouvelle cigarette à ses lèvres.
- J'ai été déplorable avec Hermione, avoua ce dernier avec douleur. J'ai passé toute ma frustration et ma rancœur sur elle alors qu'elle n'y pouvait rien. Je ne supportais pas qu'on puisse se voir sans assumer notre passif ensemble… C'était insupportable. De devoir prétendre que rien n'est arrivé entre nous. Ça me rongeait tout entier.
- Je comprends… Ça n'a pas été facile pour Hermione non plus… Elle n'avait que moi à qui se confier. Et elle en souffrait énormément. Je crois que c'est pour ça qu'elle a peu à peu arrêté de m'en parler… Elle devait se dire que je ne pouvais rien faire pour elle, murmura Ginny, la gorge nouée.
- Tu étais là, c'était déjà beaucoup, la rassura Sirius en passant sa main par la fenêtre pour se saisir de la sienne.
Ginny haussa les épaules mais adressa un sourire reconnaissant au sorcier.
- Et maintenant ? Qu'est-ce que tu ressens pour elle ? demanda la jeune femme après un moment d'hésitation.
Sirius prit une longue bouffée de cigarette et resta silencieux durant de nombreuses secondes. Il finit par écraser son mégot sur le muret.
- Peu importe ce que je ressens. Je veux juste qu'elle soit heureuse... Et je n'ai rien fait pour ça ces derniers temps. », lâcha-t-il d'une voix rauque.
Ginny le regarda longuement. Elle ne pouvait s'empêcher de ressentir une profonde pitié pour l'animagus, malgré ce qu'il s'était passé récemment entre Hermione et lui. Mettant de côté son cœur battant la chamade, la sorcière le réconforta à son tour.
« Tu te rattraperas auprès d'elle lorsque tu iras mieux.
- Je l'espère, déclara le grand brun avec regret.
- J'en suis sûre. Mais occupe-toi d'abord de ta reconstruction avant d'aller réparer les torts causés à autrui, indiqua Ginny avec un air déterminé.
- Je suis sur le dossier », confirma Sirius avec un sourire sans joie.
Ginny lui adressa un véritable sourire et hocha la tête. L'animagus se redressa et s'apprêta à rentrer dans la maison.
« Ginny ? lança-t-il aussitôt.
- Mmh ?
- Merci… Pour la discussion.
- Avec plaisir », répondit la grande rousse en accentuant son sourire.
Sirius y répondit cette fois-ci avec sincérité. Lorsqu'il arpenta le couloir, il remarqua que les nuages noirs qui encerclaient d'habitude son esprit semblaient s'estomper un petit peu. Ils étaient loin d'avoir disparu mais ce constat lui apporta une certaine sérénité. Il avait enfin une personne avec laquelle parler de son histoire, et cela le réconfortait plus qu'il n'avait osé l'imaginer. Le sorcier avait pu mettre des mots sur cette blessure qui lui avait empoisonnée l'existence durant ces longues semaines. D'un pas un peu plus confiant, Sirius s'engagea à nouveau dans le salon de Grimmaurd. Les choses allaient peut-être finir par s'arranger malgré tout…
