Adieux

Il était plus de trois heures du matin et les invités commençaient à partir. Certains, comme Tonks et Lupin, restaient dormir au 12 square Grimmaurd mais les autres se devaient de rentrer chez eux. Il était déjà tard et mieux valait ne pas traîner dans les rues, même en temps de fêtes. Désormais, ne restaient plus dans le salon que Harry, Hermione, Ron, Ginny, Blaise, Daphné, Pansy, Théo, Drago, ses parents, Mrs Zabini, le professeur Dumbledore et Monsieur Weasley. Le groupe de jeunes était toujours assis au même endroit. Ils n'avaient pas arrêté de parler et de s'échanger des bêtises jusqu'à ce que la plupart des invités s'en aillent et que la fatigue commence à se faire ressentir. Théo, qui était assis à côté de Pansy, passa un bras autour de ses épaules et la jeune fille laissa tomber sa tête sur son épaule, fermant les yeux. Théo se pencha sur elle et commença à lui caresser le bras.

-Est-ce que ça va ? lui chuchota-t-il à l'oreille.

Pansy ouvrit lentement ses yeux et inspira profondément. Elle observa Drago devant elle qui ne quittait pas Granger des yeux.

-Ça pourrait être pire, lui répondit-elle dans un murmure.

Théo soupira. Il aimerait tellement faire quelque chose et la soulager de ses maux. Il considérait Pansy comme sa sœur et les frères aimaient protéger leurs sœurs. Il la savait forte mais en ce moment, il se rendait bien compte que tout cela était de plus en plus difficile à gérer pour la jeune fille... tout comme pour lui.

-J'ai bien vu que malgré nos sarcasmes, Weasley t'avait remonté le moral. Qu'est-ce qu'il a bien pu te dire ?

-Qu'est-ce que j'ai bien pu lui dire, en fait, avoua Pansy.

Théo lui lança un regard intrigué.

-Depuis le jour où il n'a pas hésité à me pousser hors d'atteinte du sortilège de coupe, je me sens redevable envers lui. Tout à l'heure, je l'ai remercié et ses paroles ont été tellement sincère que je pense que c'est cette sincérité-là qui m'a remonté le moral. Il m'a dit des choses que je savais déjà au plus profond de mon cœur mais qu'en ce moment je n'arrivai pas à faire remonter. Je... Je pense que... Sa présence m'apaise, en quelque sorte, finit par avouer Pansy.

Théo resta muet un instant. Malgré tout ce que tout le monde devait penser d'elle, il savait que Pansy avait un bon cœur et que lorsque quelqu'un commençait à être aimable ou respectueux envers elle, elle lui attribuait toute sa confiance. Et apparemment, Weasley venait d'acquérir cette confiance-là.

-C'est tellement irréaliste ce que je viens de dire ? lui demanda Pansy, observant sa réaction.

-Ce n'est pas ça Pans'. C'est juste que je suis content que Weasley ait réussi à faire remonter en toi ce petit truc qui m'a fait t'aimer lorsque je t'ai rencontré. Peu de personnes en dehors de Drago, Blaise, Daphné et moi ont eu l'occasion et la chance d'apercevoir ce fragment de ton âme. Et je pense que si Weasley a réussi à déclencher cela, même s'il ne s'en est pas rendu compte, il doit désormais représenter quelque chose pour toi. Car qui aurait cru que Pansy Parkinson se sentirait redevable à ce point envers Ron Weasley.

Pansy pouffa de rire. Elle ancra son regard dans celui de Théo et sourit.

-Qu'est-ce que je ferai sans toi, Théo.

-Tu serais certainement devenue folle à force de côtoyer seule ces deux imbéciles, plaisanta Théo en désignant leurs deux meilleurs amis du regard.

Pansy rigola. Théo avait toujours été celui doué avec les mots et avec qui elle réussissait à avoir des conversations sérieuses. Il était parfois le seul à pouvoir la faire sortir de sa torpeur lorsque certains jours, cela n'allait vraiment pas. Et pour rien au monde Pansy n'échangerait son meilleur ami contre quelque chose d'autre. Théo l'embrassa sur la joue et Pansy reposa sa tête contre son épaule. Ils sortirent de leur bulle et se mêlèrent aux conversations autour d'eux. Ginny, Blaise, Ron, Harry et Drago débattaient sur la meilleure équipe de Quidditch. Ron, fidèle à son équipe, défendait que les Canons de Chudley était selon lui la plus forte tandis que Ginny, Harry et Drago désapprouvaient en supportant l'équipe nationale d'Angleterre.

-Arrêtez vos conneries, s'exclama Blaise en sortant de son silence. La meilleure équipe de Quidditch c'est l'Armiata d'Italia et tout le monde le sait.

Tout le monde fixa Blaise avec ahurissement.

-Bah quoi ? demanda Blaise, inquiet face à tous ces regards.

-Blaise tu vas pas sérieusement nous faire avaler que la meilleure équipe de Quidditch au monde est celle de ton petit coin de campagne natal ? répondit Ginny ne voulant pas y croire.

-Vous ne les avez jamais vu jouer, un vrai régal pour les yeux, se défendit Blaise.

-Restes dans ton coin, Blaise, ricana Drago.

-Ta gueule Drago, rétorqua son meilleur ami.

-Langage, jeune homme ! réprimanda une voix derrière lui.

Mrs Zabini s'approcha de son fils et lui mit une claque derrière la tête.

-Aïe ! Pourquoi tout le monde me frappe en ce moment ? se plaignit-il.

-C'est parce que t'es une tête à claque, déclara innocemment Pansy.

Blaise lui lança un regard noir, les autres ricanèrent.

-Je ne t'ai pas élevé comme ça, jeune homme ! s'écria Mrs Zabini.

-Maman, grogna Blaise entre deux frottements de tête.

Lucius et Narcissa Malefoy apparurent derrière eux.

-Qu'est-ce qui se passe ? s'exclama aussitôt Drago.

Sa mère lui lança un regard triste. Drago comprit immédiatement.

-Déjà ? s'écria-t-il en se levant. Mais vous venez à peine d'arriver !

-Je sais mon chéri mais on n'a pu s'éclipser que pour quelques heures seulement, murmura Narcissa en s'approchant de Drago.

Celui-ci évita le regard de ses parents. Narcissa soupira et caressa les cheveux de son fils avec tristesse.

-On va se revoir bientôt, fils.

-Bientôt qui signifie dans plusieurs semaines, répondit d'un ton sec Drago.

Il regretta aussitôt ses paroles.

-Désolé... murmura-t-il.

-Viens là, lui dit Narcissa en serrant Drago dans ses bras.

Lucius encercla sa petite famille de ses deux bras et les autres s'éclipsèrent afin de laisser à Drago et Blaise un moment d'intimité avec leurs parents. Blaise se jeta dans les bras de sa mère et la serra de toutes ses forces contre lui, la gorge nouée. Ils savaient qu'ils faisaient tout cela pour les protéger mais sa mère risquait tous les jours sa vie en jouant son rôle d'espionne et il détestait ça. Il préférerait que ce soit lui qui joue ce rôle plutôt que sa mère qu'il voulait protéger à tout prix. Il inhala lentement son parfum et soupira. Il avait peur de ne plus jamais la revoir. Drago profita de l'étreinte que lui donnaient ses parents, marque de tendresse assez rare et qu'il commençait à apprécier mais aussi à redouter car cela signifiait toujours que ses parents devaient repartir en mission. Il entendit sa mère renifler et sentit sa gorge se serrer. Il ne devait pas pleurer. Il devait être fort. Car si il se mettait à pleurer, les autres ne tarderaient pas à faire de même et à lâcher tout espoir. Il se devait de rester de marbre, afin de garder de l'optimisme. Finalement, ses parents le relâchèrent et ils se fixèrent dans les yeux, essayant de se dire par la pensée tous ce qu'ils ressentaient au fond de leur cœur. Dumbledore ainsi que le professeure McGonagall et le Professeur Rogue revinrent quelques minutes après et il fût désormais temps pour les espions de partir. Rogue s'approcha de son filleul et lui tendit la main d'un air solennel. Drago se redressa fièrement et lui serra la main avec force, fier de son parrain et de ses deux parents. À force, il finissait par oublier que Rogue jouait un rôle aussi dangereux que celui de ses parents et cela le fit se pincer les lèvres. Il fixa son regard dans celui de l'homme en face de lui jusqu'à ce que celui-ci ouvre la bouche.

-Sois fort, jeune Drago.

-Je le serais, répondit le blond.

Et, à sa grande surprise, un sourire apparût sur le visage de Rogue. Un sourire en coin, fier qui voulait dire qu'il n'en doutait pas une seule seconde. Son parrain lui lâcha finalement la main et tapa amicalement sur son épaule, avant de s'approcher de Lucius qui attendait plus loin. Drago les rejoignit, un petit sourire dessiné sur ses lèvres et écouta les dernières paroles échangées avec leurs parents.

-Et surtout restez ensemble, leur recommanda Blaise. Si vous êtes dans le pétrin, revenez immédiatement ici.

-Blaise on connait nos consignes, soupira sa mère tout en lâchant un sourire fier.

-Je veux juste que vous soyez tous en sécurité.

-Et on le sera, déclara Narcissa. Ne vous inquiétez pas pour nous ça fait un moment qu'on joue ce rôle. On est toujours prudents. Mais vous devrez l'être encore plus car c'est vous qui êtes en danger finalement.

Blaise et Drago croisèrent leur regard.

-L'idée de vous faire cohabiter avec les ennemis de Voldemort était faite pour vous protéger. Avec eux, nous vous savons en sécurité. Ils vous seront d'une grande aide, ne les sous-estimez pas et laissez-vous aider, ajouta Lucius.

-Et d'après ce que nous avons vu la cohabitation est plutôt bien partie, dit Euphémia avec un grand sourire.

-On ne fait que parler... se défendit Blaise.

Dumbledore pouffa de rire. Drago l'observa et vit qu'il avait un air malin collé sur le visage. Il se demanda ce qu'il préparait encore.

-Il est temps de partir, déclara McGonagall.

Mrs Zabini et Mr et Mme Malefoy hochèrent la tête. Ils s'approchèrent de leurs enfants et les serrèrent dans leurs bras. Ils se dirigèrent tous vers le hall où les attendaient Pansy, Théo et Daphné. Les trois adolescents s'approchèrent de leurs parents adoptifs et leur firent un dernier au revoir. Daphné ne put retenir ses larmes et embrassa longuement Euphémia Zabini. Enfin, c'est avec le cœur lourd que les trois espions quittèrent le 12 square Grimmaurd, tristes et incertains, accompagnés du professeur McGonagall, du professeur Rogue et de Dumbledore. La porte d'entrée se ferma sur un dernier signe d'adieux de la part des adultes et Drago donna immédiatement un coup de poing dans une statue tandis qu'un cri de rage s'échappait de sa bouche, réveillant le portrait de Mrs Black. Pansy s'affola en voyant du sang couler au sol et Blaise couru immédiatement chercher les autres dans la cuisine sous les cris de l'ancienne maîtresse de maison, tandis que Daphné éclatait en sanglot et que Drago se laissait glisser au sol, aussitôt rejoint par Théo, une expression anéantie sur le visage.