Chapitre 8 : Des vacances de rêve
La première chose qu'entendit Tanda au petit matin fut un bruit comme si quelque chose fendait l'air. Il ouvrit les yeux, intrigué, et permit à son esprit de se réveiller tranquillement pour mieux penser. Il remarqua qu'Alika n'était plus dans le lit, mais que Balsa dormait encore. Il s'habilla en faisant attention à ne pas faire aucuns bruits et sortit à l'extérieur. Le soleil se pointait à l'horizon. Au milieu de la forêt, il vit la silhouette de la cousine de Balsa, s'exercer à la lance même si ses mouvements étaient plus lents.
Bien qu'il n'ait rencontré Jiguro et sa fille que deux fois, il se souvenait clairement les avoir vus s'entraîner le matin aux arts martiaux. Est-ce qu'Alika s'obligeait à maintenir une routine d'entraînement par pression ou le faisait-elle par simple entêtement ? Soudain, elle fit un geste trop brusque et se crispa avant de s'appuyer contre son arme.
« Balsa ne t'avait-elle pas dit de te ménager et de te reposer ? sortit-il enfin. »
Alika se retourna vers lui, le dardant de ses yeux bleus.
« Je dois rester en forme et je ne peux pas me permettre de manquer un entraînement même lors de blessures, répondit-elle.
- Mais tu es tellement jeune... est-ce une obligation ?
- Non. C'est simplement par entêtement et parce que je suis la fille du meilleur lancier du roi à la Capitale. C'est moi qui deviendrais le danseur cette année même si je ne suis qu'apprentie. »
Elle prit une gorgée d'eau de sa gourde et continua de soutenir le regard de Tanda.
« Je viens d'un pays où tout le monde est robuste et coriace, les femmes et les enfants en font partie. Les gens extérieurs sont portés à dire qu'à Kanbal, ils nous rendent dur à cuir, autant dans l'esprit que dans le corps. C'est bien vrai. »
Il y eut un court silence avant qu'Alika ne décide de retourner au refuge. Balsa venait se réveiller et remettait son habit du dimanche. Prenant son mal en patience, la cousine de Balsa décida de rester deux jours de plus à la maison de Tanda avant de commencer à explorer le Nouvel Empire de Yogo.
Les jours s'écoulèrent à une vitesse fulgurante. Balsa retira les points de suture de sa cousine entretemps et fut ravie de voir qu'il n'y avait eu aucunes infections. Ils avaient visité les sources chaudes, les temples, les forges de Kosenkyo et la capitale de Yogo. Bien qu'au début, Balsa avait peur de parler Yogoese, elle devint rapidement fluide et parlait avec moins d'hésitation qu'au début. Elle avait acheté deux livres de médecines Yogoese ainsi qu'un concernant les recettes de cuisine. Tanda remarqua qu'Alika n'avait presque rien dépensé depuis son séjour comparé à Balsa, n'achetant que quelques souvenirs pour ses parents et sa bien-aimée, Amaya qui lui manquait déjà beaucoup.
« Tu n'aimes pas faire des emplettes, Alika-Chan ? demanda Tanda.
- Non, je n'ai juste pas trouvé de choses qui puissent attirer mon attention, répondit-elle. Oneesama et moi sommes chanceuses à ce niveau, car du fait que nos parents sont médecins nous avons toujours eu une bonne vie et un salaire raisonnable. Mais de nature, je ne suis pas autant dépensière que Balsa...
- Hey ! fit mine de s'offusquer sa Oneesama.
- J'aimerai vous montrer une de mes boutiques préférées, annonça Tanda. J'espère, cependant, que vous n'êtes pas superstitieuses.
- Les seules choses qui pourraient réellement nous terrifiées serait de se retrouver enfermées dans une grotte sombre avec des hyohlu dévorant des personnes, raconta Balsa.
- Pas moi ! rétorqua Alika. J'ai déjà mon morceau d'hakuma. »
Elle se mit à rire et afficha un regard très orgueilleux.
« Mais Balsa a toujours appris à être terrifiée par les grottes à Kanbal... j'ai essayé de lui dire qu'elle ne risquait rien, mais elle est têtue à sa manière et n'a jamais pu surmonter sa peur.
- Alika ! s'offusqua Balsa. Tu n'étais pas obligée de dire ça de moi !
- Je ne fais que raconter, je ne me moque pas de toi, se défendit-elle.
- Des hyohlu et hakuma ? Est-ce du folklore Kanbalese ? questionna Tanda, essayant de calmer les tensions. »
Alika, n'ayant jamais été totalement passionnée par les contes et légendes, laissa le loisir à sa cousine d'expliquer l'histoire des ténèbres, gouverné par le Roi de Montagne et les terribles hyohlu qui gardaient son royaume. Les parents disaient constamment à leurs enfants de ne pas s'aventurer dans les grottes, mais malgré toutes les mises en garde, tous les enfants Kanbalese s'étaient aventuré au moins une fois un petit peu à l'intérieur d'entre elles.
« La roche proche de la surface est du calcaire, raconta Balsa, et si on va plus loin, bientôt il laissera place à une pierre lisse blanche, l'hakuma. Un morceau d'hakuma est l'insigne le plus élevé de courage chez les enfants Kanbalese, car il démontre que le porteur de ce morceau de pierre a disparu dans l'obscurité, au-delà de la portée de la lumière du jour.
- Ah, c'est pour ça qu'Alika parle avec fierté de son morceau d'hakuma, comprit Tanda.
- Oui... et en fait, le hyohlu ne mange pas vraiment les enfants... les adultes disent ça pour inciter les enfants à ne pas s'aventurer à cet endroit. À chaque année, un ou deux enfants qui se sont aventurés là, n'en sont jamais ressortis... »
Tanda était captivé par le récit de Balsa. Soudain, il les arrêta toutes les deux.
« C'est par ici. »
Il bifurqua instinctivement dans une allée, entre deux rangées de bâtiments. L'endroit était sombre et très peu fréquentée. Il poussa la porte d'entrée de, ce qui semblait être, la nouvelle boutique.
« Ce magasin est considéré comme étant spirituel. C'était ici que les magic-weavers comme moi et de tous les coins du continent du nord viennent approvisionner leur stock de pierres, d'encens, d'objets magiques et de sortilèges. Yogo est réputé pour avoir des outils et ingrédients inédits et très rares. Et à tous les fois que je viens ici, je me sens bien, dans mon élément. »
Ils pénétrèrent la boutique. Tanda fut surprit de voir qu'il avait capté l'intérêt de la jeune guerrière. Quant à Balsa, elle n'avait jamais vraiment côtoyé ce genre de boutique et la première chose qui parvint à ses sens olfactifs, fut une odeur d'encens.
« L'encens était le parfum typique des boutiques ésotériques et spirituelles, expliqua Alika. Cela purifie constamment les lieux et tient à l'écart les énergies maléfiques... »
Balsa regarda l'ensemble de la boutique d'un œil curieux. Il y avait différentes sections, pour tous les besoins. Dans une, il y avait des bougies et des portes-bougies, avec des livres des ombres – étaient plus communément appelés « grimoires » – vierges fabriqués à la main. Une autre section était dédiée aux cartes divinatoires, au tarot, avec des boules de cristal et des runes; ils permettaient de lire le futur, entrevoir des événements et faire le bilan des vies actuelles ou passées des clients. La section suivante était celle des ingrédients composée d'herbes, de plantes, d'ossements d'animaux, différents types de sels non-comestibles, de l'encens, des pierres et des pendules. C'est vers cette dernière qu'Alika se dirigea instinctivement.
Elle fut surprise d'y voir des pierres Kanbalese, mais il n'y avait aucuns luisha. Par curiosité, elle toucha un lyokuhaku et avec ses sens médiumniques, elle sentit une chaleur tiède s'en dégager. Elle sut alors que c'était bel et bien des pierres provenant de chez elle.
« Comment ça se fait nos pierres semi-précieuses se retrouvent ici ? s'indigna-t-elle.
- ... Ah ! ce doit être des marchands Kanbalese qui ont échangé des pierres pour de l'argent Yogoese ou autre produits d'ici, répondit Balsa, déjà craintive que sa cousine ne monte sur ses grands chevaux.
- ... Est-ce que tu crois que les éleveurs seraient en accord avec ce genre d'échange ?
- Je n'en ai aucune idée, ma belle... tu devras leur demander toi-même en revenant. »
Alika trouva également un pendule en pierre et fut soulagée de voir que Tanda n'avait pas été attiré par le même : cela aurait pu mener à une confrontation spirituelle quant à la possession d'objets aussi sacré qu'un pendule.
« Finalement, tu as trouvé des choses qui t'ont plu, remarqua Balsa alors qu'ils sortaient de la boutique.
- Au moins, c'est déjà ça. »
Bientôt, la troisième semaine de leurs vacances venait d'être entamée. Le solstice d'été arriva et ils en profiteraient pour se rendre au bas-ougi en après-midi pour les festivités et resteraient jusque dans la soirée.
« Tu ne fêtes pas le solstice avec ta famille ? s'inquiéta Balsa.
- Non. Ça fait un moment que je n'y vais plus en famille.
- Ah oui, c'est vrai... tu ne t'entends pas avec ton grand frère. »
Les villageois chantaient déjà et dansaient pour célébrer. Le temps était chaud et humide. Pour les deux jeunes femmes Kanbalese, des températures chaudes comme celles de Yogo étaient choses inconnues et Alika se surprit à suer par tous les pores de sa peau. Elle s'éventa alors que les flûtes offraient un rythme joyeux pendant que les festivaliers dansaient et riaient au son de la musique. De nombreux marchands étaient venus au bas-ougi pour vendre de la marchandise. Il y en avait qui vendait de la nourriture, d'autres, des bonbons, ou encore, des vêtements et accessoires de festival. Ils étaient enlignés le long de la grande route. Les enfants couraient partout en poussant des cris de joie afin d'acheter de quoi manger et des sucreries, éblouis par les couleurs vives rouges et jaunes que portaient les gens de la capitale.
Alika avait trouvé place sur un banc libre et regardait la foule en liesse. Tanda les invita à danser. Balsa se leva rapidement, impatiente de pouvoir se mêler à la foule, mais Alika refusa catégoriquement.
« Je ne danse pas, dit-elle vivement. En plus, là où je suis, je peux tout voir d'ici. Alors je ne vous perdrai pas vu. Profitez-en, je ne bouge pas. »
Tanda ne semblait pas vouloir la laisser seule dans la foule malgré tout. Il se doutait que s'il allait danser avec Balsa, il perdrait de vue Alika presque tout de suite. Comme si elle avait lu dans ses pensées, Balsa tira sur le bras de Tanda.
« Alika est une très bonne traqueuse. Si elle me cherche, elle va être capable de me retrouver, ne t'inquiète pas pour elle. Allons danser ! »
Ils se mêlèrent à la foule rapidement. Les danseurs au centre du cercle du festival se fondirent dans la foule, donnant le tour au prochain groupe de danseurs dans lequel Tanda et Balsa avaient pris part.
« Tu connais les danses Yogoese ?! s'écria Tanda en voyant Balsa faire les mêmes pas de danses.
- J'ai suivi quelques cours de danse à Kanbal. Mon professeur était Yogoese et a marié un homme Kanbalese. Elle a appris toutes les danses des pays plus au sud et nous l'a enseignée. »
Tanda regarda Balsa danser et se grava ses mouvements et ses gestes gracieux en mémoire. Il avait même espéré que le temps s'arrête. Lorsqu'ils furent trop essoufflés pour enchaîner les autres danses, ils revinrent à la place où Alika les attendait.
« Alors, Alika-Chan, tu ne t'es pas trop ennuyée ? se renseigna Balsa en essuyant son front, volant une gorgée d'eau dans la gourde de sa cousine.
- Non. »
Le jeune homme Yakue remarqua alors qu'Alika jouait à un jeu de ficelle appelé « le berceau du chat ». Elle effectua un sourire en montrant sa forme de cœur.
« J'ai faim, annonça-t-elle soudainement.
- Je sais où vous emmener, répondit Tanda. Une femme fait un poulet exceptionnel grâce à une recette familiale gardée secrète. Je l'ai rencontrée quand j'avais onze ans, alors qu'on célébrait les récoltes de mon village. »
Ils longèrent le long de la route près de la rivière de l'Arc Bleu, sur la rue Aogakisui. Une petite femme d'âge moyen faisait cuir des morceaux de volaille au-dessus d'une flamme nue. La viande était trempée dans l'huile avant d'être saisie, et la cuisson de la viande scellait tout le jus. L'odeur de la cuisson et la fumée provenant de l'étal était douce à la fois salée et très invitante, alléchante.
« C'est ici ? questionna Balsa.
- Oui. »
Le petit trio acheta chacun un morceau de poulet poêlé à la femme. Tanda observa leurs réactions. Les deux jeunes femmes mordirent dans la viande tendre et juteuse. Un énorme sourire fleurit sur leurs lèvres.
« C'est fantastique ! déclara Balsa.
- C'est vraiment bon ! ajouta Alika. »
La femme qui préparait la viande poêlée sourit gentiment aux jeunes femmes.
« N'est-ce pas ? À Kosenkyo, la plupart des kiosques de nourriture vendent du poulet croustillant, dont la peau a été frite. J'aime ça, mais je préfère ce genre de poulet. C'est pourquoi je le cuisine moi-même et en fait partager la joie que ça emmène quand on le déguste. La viande est saumurée dans une sauce secrète et spéciale transmise par ma famille depuis des générations.
- Et la saveur est toujours meilleure quand elle est gardée secrète, renchérit Balsa. Votre poulet est excellent.
- N'hésitez pas à revenir me voir ! Il me fera plaisir d'en cuisiner pour vous encore et encore !
- Nous y penserons. »
Ils jetèrent ensuite les brochettes dans un panier près des kiosques de nourriture après avoir fini de manger. C'est alors qu'Alika tourna la tête vers un vendeur, vers l'allée des kiosques dédiés majoritairement aux confiseries.
« Mizuame, bonbons à l'eau ! criait le vendeur d'une voix claire et forte comme une cloche. Mizuame, bonbons à l'eau pour célébrer le Festival du solstice ! Mizuame, bonbons à l'eau...
- On dirait des marros..., murmura Alika. Mais je sais que ce n'est pas ça. »
Balsa poussa sa cousine à aller vers le kiosque. Les bonbons étaient de couleur rouge, bleue, verte et translucide – sans doute naturel. Le vendeur était un homme dont la cadence de la voix sonnait presque musicale. Le bonbon était composé d'une boule collante reliant deux bâtons. Alika en commanda trois : un vert pour Tanda, un rouge pour Balsa et le translucide pour elle.
« Pour moi ? s'étonna Tanda.
- Oui. Pour te remercier pour notre hébergement et être notre guide pendant notre voyage.
- Oh, merci. Je vais vous montrer comment on fait, car, comme vous pouvez le voir, le bonbon est assez mou. »
Tanda commença alors à faire tourner les bâtons autour du bonbon. Ses deux amies l'imitèrent. Il leur dit qu'il fallait faire tournoyer le bonbon une bonne minute pour ensuite séparer les deux bâtons. Alika commença à devenir impatiente, mais elle garda sa concentration. Balsa trouvait ça amusant, se disant que bien des parents ne voulaient pas voir leurs enfants jouer avec de la nourriture. Enfin, sa cousine aux yeux bleus put mettre un bâton dans sa bouche et goûter le sucre de cette friandise.
« C'est bon ? demanda Tanda avec un sourire.
- Oui ! »
En soirée, ils assistèrent à la fameuse pièce de théâtre qui relatait comment le premier empereur, Torugal, avait terrassé le démon aquatique à l'aide des huit chasseurs. Alika eut toutes les misères du monde à ne pas s'endormir, bien que l'histoire en tant que telle fût intéressante. Elle ne cessait de bouger sur place.
« Alika, arrête de bouger autant ! lui reprocha Balsa. Tu me déconcentres.
- ... Désolée Oneesama... »
Elle jeta un œil à Tanda et elle trouva qu'il se tenait un tantinet trop proche de sa cousine. Comprenant ce qui était en train de se créer en eux, elle chercha une excuse pour pouvoir les laisser ensembles.
« Oneesama, Tanda-Kun... est-ce que je peux retourner au refuge ? Je n'arrive pas à rester concentrer et je préférerai être loin de la foule. Je n'arrête pas de bouger et tu sais ce que ça signifie quand je commence à m'agiter sur place.
- Pour combattre la fatigue, oui. Tu connais le chemin du retour, au moins ? la questionna Balsa.
- Tu parles ! Bien sûr que si. Après trois semaines et demie ici, nous avons fait assez d'aller-retour pour que je mémorise le chemin. Je n'ai pas le choix avec mon entraînement de guerrière. »
Sur ce, elle les quitta et s'en fut en prenant un chemin dans la forêt, sa lance à la main. Tanda avait son bras placé derrière Balsa, sa main dangereusement proche de ses hanches.
« Et si on en profitait pour partir nous aussi ? proposa Tanda. J'aimerai te montrer un petit endroit secret.
- Secret, dis-tu ? s'amusa Balsa.
- Tu vas aimer. Garantit. »
Ils se levèrent également, quittant le spectacle, même s'il était très intéressant et que les acteurs étaient très doués pour rester dans leur rôle. Ils marchaient côte à côte sur le sentier. Balsa sentit que sa main avait envie de prendre celle de Tanda, mais elle hésitait encore. Était-ce de la gêne qu'elle éprouvait ? C'est alors que le jeune homme prit sa main. Elle était chaude à son contact. Tanda nota à quel point Balsa avait des mains fines et douces, qui n'étaient pas abîmée par les arts du combat. Elles étaient comme les siennes : des mains de guérisseurs.
Ils débouchèrent proche d'une cascade. Il y avait des lucioles qui virevoltaient aux alentours. La lune argentée se reflétait sur la surface de la rivière et brillait dans un ciel nocturne piqué de petites étoiles. Balsa reconnut l'Étoile Rouge. À Kanbal, c'était une étoile appelée le « Fruit de la maladie » et elle se tenait toujours à proximité de la constellation du Grand Oiseau. Le bec s'en approchait toujours à l'automne. La métaphore lui donnait un air de ressemblance avec un oiseau qui essayait de cracher une baie un peu trop amère.
« Quel est cet endroit ?
- Une place apaisante très chargée en énergie, l'informa Tanda. C'est ici que je viens pour recharger mes batteries.
- Si nous lançons quelque chose dans cette eau, comme une fleur ou une pierre, est-ce que notre vœu sera exaucé ? questionna innocemment Balsa.
- Je ne sais pas. Tu peux toujours essayé, si tu veux.
- Non, merci... »
Balsa s'assit sur le bord de falaise, les pieds dans le vide, lâchant à contrecœur sa main. Tanda l'imita. Ils restèrent silencieux un moment, n'osant prononcer un unique mot. Parfois, le silence n'était pas mauvais entre deux personnes, mais Balsa en était toujours un peu malaisée.
« Est-ce que quelqu'un t'a dit que tu brillais d'une aura blanche, aujourd'hui ? sortit soudainement Tanda.
- Quoi ?... »
Soudain, elle se souvint que Tanda et Alika partageaient la même vision. Il lui avait parlé de ses ailes également.
« Non, personne ne me l'a dit, avoua-t-elle.
- Hé bien je peux te dire que cette lueur qui t'entoure te va à ravir. Tu es magnifique. »
Balsa baissa la tête, soudainement réservée. Il posa sa main sur la sienne à nouveau et releva son menton de sa main libre. Il se pencha légèrement vers elle, même s'ils étaient presque de la même taille, espérant qu'elle de s'enfuit pas. Sentant à son énergie qu'elle était ouverte à sa proximité, il osa gouter ses lèvres en mettant une très légère pression, comme pour les effleurer. À sa plus grande surprise, elle répondit à son geste et appuya plus fortement, se laissant envahir par l'émotion du tout premier baiser. C'était probablement même le coup de foudre ! Ils ne savaient plus depuis combien de minutes ils s'embrassaient, mais ni l'un ni l'autre n'avait envie d'arrêter le baiser. Finalement, ce fut Tanda qui y mit fin. Il murmura :
« Si je le pouvais, je te demanderai en mariage sur le champ... »
La jeune femme Kanbalese gloussa, les joues toujours aussi chaudes.
« As-tu déjà embrassé une femme ? demanda-t-elle.
- Non, jamais... enfin, pas avant ce soir. Toi ?
- ... Moi non plus. Est-ce que... on pourrait garder contact ? En s'envoyant des lettres, par exemple. Ou peut-être que si mon Oncle et ma cousine reviennent dans le coin, je pourrai les accompagner !
- Il y a toujours des solutions à tout. Je ne pense pas que la distance puisse influencer... eh... tu vois, ce genre de relation. »
Tanda fut surprit de ravoir les lèvres de Balsa contre les siennes. Elles étaient douces, chaudes et goûtaient légèrement sucrées, sans doute à cause des restants de cristaux des bonbons à l'eau mizuame.
