Gays of thrones
Chapitre 6
Valar Trahiris
Dédicace à Oel qui m'a soufflé cette idée.
Quelques jours plus tard, après avoir digéré les restes du Mimain, ils atteignirent le camp de Mance Rayder. Jon Snow fut sidéré : en fait de camp, c'était une horde, un khalassar, un bidonville ! Des peuples de toutes origines et de toutes couleurs de peaux s'y côtoyaient : des Blancs, des Roses, des Bleus… Jon comprit plus tard que c'était du maquillage, mais sur le coup, il crut à l'existence des Schtroumpfs. Il faut dire qu'il vit un Géant, et même un mammouth, ce qui lui fit douter de sa réalité : « Et si le Géant était l'humain normal, et nous, les farfadets ? », se demanda-t-il.
Mais il n'eut pas le temps d'étudier toute cette faune en détail : Ygrid le poussa sans ménagement à l'intérieur d'une tente.
Jon fut saisi par l'homme qui se dressa soudain devant lui. C'était un gaillard immense, à la chevelure hirsute et à la longue barbe rousse et bouclée. Instinctivement, il s'agenouilla devant lui : « Votre Majesté… », dit-il.
Le gars éclata de rire : « Celle-là, on ne me l'avait encore jamais dite ! Vous entendez, les gars ? Je suis un roi ! Vas-y, puisque t'es par terre, suce-moi la queue, corbac ! »
Jon obtempéra : « Woh ! », s'écria l'homme, « je plaisantais ! »
« Tormund, dit soudain, une voix du fond de la tente, cesse de bizuter notre invité ! »
« Il a l'air d'aimer ça… », nota Ygrid.
Jon rougit.
« Relève-toi. », dit la voix.
Jon se releva, et se retrouva face au vrai Mance Rayder. C'était un homme beaucoup moins impressionnant, un brun entre deux âges, au regard pénétrant.
« Pourquoi tu me l'amènes ? », demanda-t-il à Ygrid.
« C'est Jon Snow, le fils de Ned Stark. Il a tué Qhorin Mimain », répondit-elle.
« Ça fait beaucoup pour un seul homme ! », nota Tormund.
Les traits de Mance se crispèrent. Il regarda Jon : « Qhorin était mon ami… Mon très proche ami… »
« Avant de te trahir et de devenir ton ennemi. », dit Jon.
Mance se troubla : « Tu sais ? »
« Oui, dit Jon. Et je te comprends. Je veux être des vôtres. »
Mance regarda Ygrid. Celle-ci leva les paumes : « Ah non, moi j'y suis pour rien ! »
« T'es conne, lui dit Tormund. Si j'avais un garçon comme ça dans mes prisonniers, je m'y serais vidé depuis longtemps ! Il est plus joli que mes filles… »
« Il est plus barbu, surtout… », dit Ygrid.
Mance, lui, jaugeait Jon Snow : « Pourquoi veux-tu nous rejoindre ? Quelle est la vraie raison ? »
Alors Jon avoua : « Nous nous sommes arrêtés au Manoir de Craster. Là-bas, j'ai découvert qu'il n'y avait que les filles qui survivaient. Quand je l'ai dit au Lord Commandant, j'ai vu qu'il le savait. Je refuse de vivre dans un monde émasculé. Je veux aller là où il y a des hommes. Des vrais. »
Mance écoutait avec beaucoup d'attention. Tormund aussi.
« C'est d'accord, dit le Roi d'Au-delà du Mur. Puisque tu m'as débarrassé de Qhorin, je te fais une fleur. Tu pourras rester avec nous. Mais lorsque j'aurais besoin d'une information pour assiéger le Mur, tu me la donneras. »
Jon déglutit : assiéger le Mur, c'était menacer Sam. Mais savait-il seulement si Sam était encore en vie ? Les Marcheurs Blancs l'avaient peut-être démembré. Dans ce cas, il ne restait plus que Ser Alliser au Mur. Et là…
« C'est entendu, dit-il à Mance. Je te dirai tout ce que je sais. »
En sortant de la tente de Mance, Jon Snow se fit interpeler : « Hey, Snow ! »
Il se retourna : le grand Tormund l'avait suivi. En avisant sa barbe, Jon sentit son cœur se troubler.
« Dis-donc, lui dit Tormund, vu que tu vas t'installer ici, ce serait bien que je te fasse visiter le camp. »
« Tu es sûr que ça ne va pas déranger Ygrid ? », demanda Jon.
« Ygrid ? Elle s'en fiche de toi, maintenant que tu es libre ! Elle a mieux à faire… »
Cela soulagea Jon. Entre la petite rousse androgyne qui le confrontait à des tendances hétérosexuelles dont il ignorait jusque-là l'existence et Tormund à la virilité écrasante, il se sentait partagé.
Tormund lui présenta alors les quatre-vingt-dix tribus sauvageonnes qui constituait l'armée de Mance Rayder. Jon Snow ne les retint pas toutes : il y avait les adorateurs de lunes en tout genre, les Thenns anthropophages, les squelettes ambulants… Il avoua à Tormund qu'il était surtout impressionné par le Géant. « Ah, lui ! », dit Tormund, « il fait rêver tout le monde. Des ados boutonneux ont voulu un jour connaître la longueur de sa trompe. Ça s'est mal terminé pour eux… »
« Il ne les a quand même pas… »
Tormund sourit : « As-tu déjà essayé de sodomiser un lemming, Jon Snow ? »
« Euh… non ! », dit celui-ci, qui ne savait pas qu'il existait encore ce genre de créature au Nord du Mur.
« Un conseil : n'essaie pas. J'ai voulu expérimenter ça quand j'avais quinze ans, dis-toi bien que ça ne rentre pas. »
Jon Snow médita cette phrase.
« Tout ça pour dire, conclut Tormund, que nos ados sont pour Wun comme des lemmings. Ces gosses-là n'ont jamais vu ni senti sa queue. Par contre ils ont bien senti son talon, d'ailleurs ils ne s'en sont jamais relevés. Les Thenns ont fini les restes… »
« Mais… pourquoi un lemming ? », demanda Jon.
« J'ai toujours été un gars curieux, dit Tormund. J'aime les nouvelles expériences… »
Disant ces mots, il passa sa main sur le dos de Jon et commença à caresser sa pelisse. Celui-ci ne s'attendait pas à ce que les choses s'enchaînassent aussi vite. En même temps, il commençait à ressentir un manque. Bref, il ne savait pas quelle attitude adopter.
Tormund, lui, comblait le vide : « J'ai tenté le coup avec un chamois ensuite. Mais ces bestioles-là cavalent trop vite. En plus, si elles ne t'apprécient pas, tu te prends leurs cornes : sacré râteau ! »
Sa main empoigna soudain la nuque de Jon, et l'attira à l'intérieur d'une tente : « Viens là, dit-il, ici on sera mieux pour faire connaissance ! »
La tente sentait le sanglier. Jon réalisa que Tormund avait la même odeur : il en conclut qu'il était entré chez lui. Peut-être qu'il allait lui présenter sa laie de compagnie ?
« Ma vraie première histoire, dit Tormund en défaisant les fourrures de Jon, ç'a été avec une ourse. Sheila, qu'elle s'appelait. »
« Les ours, demanda Jon, c'est une tribu ou… ? »
Au Nord du Mur, il s'attendait à tout.
Tormund se mit à rire : « Non ! C'était une vraie ourse. Une polaire, des cavernes, avec du sang de grizzli. Une vraie mangeuse de phoques. Jamais aimé les phoques. »
Ses mains empoignèrent les arrières de Jon, et l'attirèrent contre lui. Jon se mit à défaire à son tour les fourrures de Tormund. Cette attitude rendit le Sauvageon plus hardi.
« D'ailleurs, quand elle a été tuée par un chasseur, poursuivit-il, ç'a été un vrai chagrin d'amour. J'ai essayé de me consoler avec des esturgeons, mais c'était compliqué… »
« Des sentiments trop vivaces ? », demanda Jon, songeant soudain à Sam.
« Disons plutôt que c'est très bien conçu pour être enfilé, mais c'est glacé et ça glisse entre les doigts… », répondit Tormund.
Oublie Sam et son romantisme, se dit Jon.
« Et quand est-ce que tu t'es décidé à te faire de vrais êtres humains ? », demanda Jon.
Tormund était à présent torse nu devant lui. Jon ne l'avait pas compris tout de suite, car son torse était si velu qu'il crut qu'il portait une fourrure supplémentaire. Il n'avait encore jamais vu ça. Cela le fascina. Il laissa ses mains passer entre les poils de Tormund, sentant ses pectoraux enfler sous ses doigts.
« J'ai été avec des femmes, dit Tormund. J'en ai même eu des enfants. Mais les Sauvageonnes sont volages. Dès qu'elles se lassent de toi, elles vont voir ailleurs. J'ai vécu quelques mois avec un Thenn, mais ils sont horribles, ces types-là : dès que tu t'endors dans leurs bras, ils essaient de te mordre. Je hais les Thenns… »
Les mains de Tormund passaient à présent sous les braies de Jon, qui finirent par choir. Il en frissonna.
Tormund éloigna Jon un moment : « Laisse-moi te regarder », dit-il.
Il eut un sourire approbateur : « Eh bien ! Vous êtes bien membrés dans le Sud… »
« Je ne suis pas un Sudien, dit Jon. Mon père est Ned Stark, je descends comme toi des Premiers hommes ! »
« Ça explique tes dimensions », dit Tormund en hochant la tête. Il se mordilla les lèvres comme une jouvencelle. Cette sensibilité inattendue émut Jon.
« Au fond, dit Tormund, je suis un grand romantique. J'attends le gars qui va vraiment me faire vibrer, mais sans chercher à me bouffer… Au fait, dit-il, ce que je t'ai demandé chez Mance Rayder… »
Jon sourit : « C'est ce que tu veux ? »
Tormund écarquilla les yeux : « Non, sérieux ? Vous faites vraiment ce genre de choses ? »
Jon ne répondit rien. D'un sourire espiègle, il attrapa Tormund et le poussa vers le centre de sa tente, là où s'entassaient des peaux d'ours. Il y faisait plus chaud. Tormund s'étala de tout son long sur ses pelisses. Jon lui retira ce qui lui restait de fourrures, en prenant bien garde à ne pas les confondre avec les vrais poils de sa nouvelle conquête. Puis il resta un instant debout devant lui : « Moi aussi, je veux te regarder ! », dit-il.
Cela fit pétiller le regard de Tormund : ça, c'était un homme !
La stature de Tormund impressionnait Jon : il était large d'épaules, haut de taille, poilu, hirsute de partout, et au milieu de cette ocre forêt, un arbre majestueux se dressait, les fruits prêts à être cueillis.
Jon s'agenouilla : « Je te salue, Roi d'Au-delà du Mur ! », dit-il. Tormund pouffa, mais quand les lèvres de Jon s'attaquèrent à son barral blanc à feuilles rousses, il lâcha toute une suite d'onomatopées monosyllabiques : « Hum… Ha ! Oh ! Hi ! Han ! Jon ! » On aurait cru qu'il apprenait l'alphabet.
Jon était heureux. Le plaisir que Tormund manifestait si bruyamment l'enhardit : il décida d'essayer ces nouvelles pratiques dont il avait entendu parler. Il entreprit d'engager un vaillant petit doigt dans la grotte de Tromund. Las, cet arbre-là avait des racines étendues, un vrai nid de fougères dans une crevasse, et Jon ne trouva pas le chemin du premier coup. Sans lâcher sa prise, car le Sauvageon mordait vraiment à l'hameçon, il retenta le coup avec patience, souplesse et humidité. Enfin le loup blanc trouva sa tanière, et s'y aventura, s'y blottit, s'y retourna, s'y ébroua.
Cela fit hurler Tormund : « Mes aïeeeeeeuuuuuux ! ».
Il s'agitait tel un cheval sauvage, envoyant son bâton dans le fond de la gorge de Snow, qui faillit s'étrangler avec, avant d'y lâcher une giclée de lait de chèvre fermenté - du moins cela en avait-il le goût. Jon n'avait jamais avalé ce genre de breuvage. C'était d'un exotisme ravissant. Il en aurait bien repris, mais pour le moment, la fontaine était tarie.
Tormund s'affaissa sur ses fourrures, essoufflé. Jon s'étendit à ses côtés. Chacun de ses poils, et les Anciens Dieux savent si Tormund en a beaucoup, luisait.
« Bon sang, jura Tormund, mais qui t'a appris tout ça, mon petit oiseau ? Un bouc ? Un étalon ? »
« Personne, sourit Jon Snow, j'ai simplement eu envie de te faire ça… »
Tormund sourit à son tour. Ce Jon Snow était décidément plein de ressources ! Mais ce qui se passa le prit encore plus au dépourvu : Jon se pencha sur lui, et posa ses lèvres contre les siennes.
