Bien le bonjour chers lecteurs ! Me voilà avec un nouveau chapitre, qui j'espère vous plaira. Je ne m'attarderai pas trop en introduction, je vous écrit simplement pour vous souhaiter une très bonne lecture et également pour vous signifier, comme j'ai oublié de le faire plus tôt, que les phrases en italique sont de l'elfique. Je ne sais pas si vous l'aviez compris donc maintenant je suis sûre que c'est le cas !

Légende:*

Maica: I- lame d'un outil ou d'une arme (surtout la lame d'un épée). II- coupant, (bien) aiguisé, affilé, tranchant, qui peut pénétrer profondément, perçant. - source: Edouard Kloczko, Le Haut-Elfique pour les débutants, Méthode pour comprendre facilement la langue quenya de Tolkien

Eriador, Bree, auberge du Poney Fringant.

Cela faisait maintenant quelques jours que nous étions à Bree. C'était un petit village d'hommes de l'Eriador. Lors de notre arrivée, l'accueil n'avait pas été des plus chaleureux. En effet, les habitants ne portaient pas vraiment les rôdeurs dans leurs cœurs, et pour cause, nous leur faisions peur.

Lorsque nous étions arrivés aux portes du village, il nous avait d'abord fallu un bon moment pour convaincre le garde, ou du moins ce qui y ressemblait, de nous laisser entrer. Après cet exploit que je pouvais qualifier d'exceptionnel, il nous avait fallu user, une nouvelle fois, de persuasion pour réussir à convaincre l'aubergiste du Poney Fringuant de nous louer une chambre.

La taverne était très fréquentée, surtout en soirée. Beaucoup d'hommes venaient boire quelques pintes de bières et nombreux étaient ceux qui finissaient à terre, ivres ou endormis. Cela n'avait de cesse de me fasciner, après tout, j'avais un peu de sang humain dans mes veines. Je me savais capable de les observer pendant des heures et cela faisait bien rire mon ami.

Un soir, alors que nous étions installés dans un coin sombre de l'auberge, qui comme à son habitude était pleine de monde, j'aperçus quatre hobbits entrer dans l'établissement. Je donnais un léger coup d'épaule à Aragorn qui me lança une regard interrogateur.

« Ils sont là. » répondis-je, en faisant un signe de la tête vers l'entrée de l'auberge.

Il posa ses yeux sur les hobbits et se redressa.

« Arrives-tu à entendre ce qu'ils disent ? » me demanda-t-il.

« Sans soucis, oui. Le brun dit qu'il s'appelle Monsieur Souscoline, c'est sûrement un faux nom. Il ne sait vraiment pas mentir. Il demande si Gandalf est là. L'aubergiste leur a dit qu'il ne l'avait pas vu depuis six mois. Ils prennent la chambre pour hobbits. » indiquais-je au fur et à mesure.

Les hobbits payèrent et allèrent s'installer à une table.

« Reste bien cachée. » m'ordonna mon ami.

J'ajustais ma capuche la faisant tomber un peu plus sur mon visage mais surtout sur mes oreilles : les elfes étaient rares en ces terres, mieux valait ne pas se faire remarquer.

Quelques minutes plus tard, alors que le propriétaire passait à côté de leur table, le hobbit brun l'apostropha.

« Il nous regarde. Le hobbit demande qui nous sommes. » informais-je en chuchotant.

« Qu'a-t-il répondu ? »me demanda mon ami, curieux.

« Que nous étions des rôdeurs, et que nous étions dangereux. Il a rajouté que l'on te surnommait Grand 'Pa et moi Maica*. » répondis-je en souriant, amusée.

Nous restâmes quelques instants silencieux. Aragorn fumait sa pipe tranquillement tandis que j'observais attentivement Souscoline. Il était assis, les yeux fermés et les mains sous la table, on aurait dit qu'il s'endormait. Puis soudain, je le vis se lever et courir vers l'un de ses compagnons assis au comptoir.

« Pippin, Pippin ! » cria-t-il affolé.

Il l'attrapa par le bras, renversant au passage une bonne partie de la pinte que tenait le fameux Pippin.

« Attention quoi ! » cria ce dernier.

Le hobbit brun tomba à la renverse et dans sa chute un petit objet doré s'envola dans les airs, avant d'atterrir à son doigt. Le petit homme disparu subitement, déclenchant un mouvement de panique chez les hommes se trouvant autour de lui.

« As-tu vu ? » me demanda un Aragorn légèrement déstabilisé.

« Et comment ! Je crois qu'on vient de trouver .» répondis-je, stupéfaite.

« Remonte dans la chambre et attends moi là-haut. Pendant ce temps, je vais chercher Frodon. »m'ordonna-t-il en se levant.

Je m'exécutais sans rechigner. En arrivant dans la pièce, je m'assis sur le rebord de la fenêtre et j'attendis. Je me mis à réfléchir et un détail me frappa… les Nazguls. Ils devaient déjà être en route vers Bree. Ces créatures étaient attirées par l'anneau et maintenant que Frodon l'avait passé au doigt, ils connaissaient notre position. Il fallait partir au plus vite même si je craignais que ce ne soit déjà trop tard. Nous ne pouvions tout de même pas rester dans cette auberge.

Je réfléchissais, essayant de trouver une solution, faisant marcher mes méninges à la vitesse de la lumière. Soudain, la porte s'ouvrit avec fracas et Frodon déboula dans la chambre suivis d'Aragorn qui referma la pièce. Le hobbit regarda autour de lui et quand ses yeux se posèrent sur moi, il parut effrayé.

« Que voulez-vous ? » questionna-t-il en tournant ses yeux vers Aragorn.

« Un peu de prudence de votre part car vous ne transportez pas une babiole. » lui répondit mon ami.

« Je ne transporte rien. » assura le hobbit, très peu convaincant.

« C'est cela. Je peux éviter d'être vu si je le désire mais disparaître totalement, c'est un don rare. » insista Aragorn en éteignant les bougies.

Il avait deviné que les spectres arrivaient.

Le hobbit reposa ses yeux sur moi. Ils exprimaient une détresse sans nom. Pendant un instant, je crus qu'il cherchait du soutien mais il détourna les yeux.

« Qui êtes-vous ? » demanda-t-il.

« Des rôdeur mais vous le savez déjà Frodon. » répondis-je en enlevant ma capuche et dévoilant mon visage.

Une multitude de sentiments passèrent dans ses yeux : la surprise, la peur et l'admiration.

« Une elfe… » souffla-t-il.

« Êtes-vous effrayé ? » reprit Aragorn de plus en plus agité.

« Oui » répondit le hobbit dans un souffle.

« Pas assez apparemment, nous savons ce qui vous poursuit. » continua mon ami.

Un silence tomba dans la pièce. Quelques instants plus tard, j'entendis du bruit dans le couloir. Plusieurs personnes semblait se diriger vers notre chambre .

« Aragorn, la porte. » avertis-je en dégainant mes épées.

Mon ami sortit la sienne.

Presque aussitôt, quatre hobbits apparurent armés d'un chandelier pour celui de gauche, d'un tabouret pour celui de droite et de ses points pour celui du milieu. Ce dernier nous menaça.

« Laissez-le ou je vous rosse longues jambes ! »

« Vous êtes un vaillant cœur, jeune hobbit mais cela ne vous sauvera pas. Vous ne pouvez attendre le magicien plus longtemps Frodon. Ils arrivent. » annonça Aragorn en rangea sa lame.

«Nous ne pouvons partir ce soir, mellon. » lançais-je à l'intention de mon ami, faisant de même.

« Nous n'avons pas vraiment le choix. » me répondit-il, gravement.

« Ils seront là d'une minute à l'autre, si nous partons maintenant nous sommes sûrs de les croiser. » insistais-je, de plus en plus angoissée.

« Et si nous restons ici, il en sera de même. » continua-t-il, en se tendant de plus en plus.

« Bien, alors… Allons dans l'auberge d'en face ! » déclarais-je dans un éclair de lucidité.

« Les Nazguls chercherons là-bas s'ils ne nous trouvent pas ici. » me répondit Aragorn.

« Pas si nous leur faisons croire que c'est un piège. » lançais-je avec un léger sourire.

« Comment ça ? » me demanda-t-il en fronçant les sourcils.

« Mettons des coussins sous les draps des hobbits, ils penseront les avoir tué et quand ils découvriront que ce n'est pas le cas, ils penseront s'être fait duper. Ils se diront sûrement que nous sommes déjà parti. » expliquais-je simplement.

Mon ami ne répondit rien, semblant réfléchir.

« Essayons. De toute façon, c'est notre seule chance. Je me charge de la chambre des hobbits, emmène-les en face. » finit-il par annoncer.

« Bien. Suivez-moi. » lançais-je aux hobbit en me dirigeant vers la porte.

Nous sortîmes de l'auberge au pas de course, récupérant au passage leurs affaires. En passant par l'entrée, je pris la peine de prévenir l'aubergiste de l'arrivée des Nazguls. Je voulais à tout prix éviter des morts inutiles.

Nous nous rendîmes à l'auberge d'en face et réservâmes une chambre. Je prévenais le propriétaire de l'arrivé d'un autre rôdeur et nous montâmes à l'étage. Arrivés dans la chambre, les hobbits s'installèrent dans le lit et ne tardèrent pas à tomber dans le monde d'Irmo. Je n'eus pas le cœur à les réveiller, entre l'alcool, les émotions et la route qu'ils avaient fait, je ne pouvais que comprendre leur fatigue.

Une bonne dizaine de minutes plus tard, Aragorn fit son apparition. Je soufflais un grand coup, rassurée à l'idée que mon ami soit sain et sauf. Toutefois, la boule d'angoisse qui me tordait le ventre depuis plusieurs minutes ne voulait pas disparaître. J'espérais que mon plan allait fonctionner.

Aragorn vint s'asseoir à mes côtés, près de la fenêtre. Nous attendions tout deux à l'affût du moindre bruit, n'osant pas prononcer un mot. En face de nous, l'auberge du Poney Fringuant se vidait rapidement. C'était une bonne chose.

Au bout d'une demi-heure, alors que la ville était plongée dans le noir et dans le silence, nous entendîmes des sabots marteler le sol. Je lançais une regard inquiet à mon ami qui attrapa ma main, se voulant rassurant.

Les Nazguls montèrent rapidement dans la chambre des hobbits. Cette dernière se trouvait juste en face de là où nous étions. Nous les vîmes s'avancer en silence, se plaçant à côté des lits en levant leurs épées. Ils attendirent quelques secondes puis abaissèrent leurs lames, poignardant les lits à de plusieurs reprises. Lorsqu'ils enlevèrent les couvertures et découvrirent la supercherie, nous entendîmes leurs cris perçant déchirer le silence de la nuit. Un long frisson me parcouru l'échine et je dus me boucher les oreilles.

Les hobbits se réveillèrent en sursaut, affolés.

« Que sont-ils ? » osa demander Frodon.

« Autrefois des hommes, de grands rois. Puis Sauron l'imposteur leur a offert neuf anneaux de pouvoir. Aveuglés par leur avidité, ils les acceptèrent sans poser de question et sombrèrent l'un après l'autre dans les ténèbres. Désormais ce sont les esclaves de la volonté de Sauron. Ce sont les Nazguls, les spectres de l'anneau, ni vivant ni mort. A chaque instant, ils sentent la présence de l'anneau, ils sont attirés par le pouvoir de l'unique. Ils ne cesseront jamais de vous pourchasser. » répondit Aragorn, sombrement.

Les visages des hobbits se figèrent, l'effroi et l'angoisse s'emparaient d'eux. Pendant quelques minutes plus personne ne parla. L'ambiance était tendue, tout le monde était inquiets et n'osait parler.

« Je ne me suis pas encore présentée, je m'appelle Heldaria. » lançais-je, essayant de détendre l'atmosphère.

« Oh, et bien voici Sam, Frodon et Peregrin, mon cousin que vous pouvez appeler Pippin et moi je me nomme Meriadoc mais vous pouvez m'appeler Merry. » me lança un hobbit blond, avec un léger sourire.

Il me saluèrent tous d'un signe de tête.

« Enchantée messieurs. » répondis-je en retour.

Nous ne discutâmes pas plus mais cela sembla tout de même les avoir apaisé. Après cela, ils se rendormirent rapidement.

- « Que va-t-il se passer une fois que l'anneau sera à Imladris ? » demandais-je à mon ami.

- « Je n'en ai aucune idée, mais je pense que nous aurons rapidement la réponse. » me répondit-il simplement.

- « C'est fou à quel point un si petit objet peut faire tant de dégâts. S'en est presque effrayant. » soufflais-je.

Il ne répondit rien mais acquiesça.

Aragorn me réveilla le lendemain matin, à l'aube. Nous partîmes manger en compagnie des hobbits. Ces derniers semblaient toujours méfiants mais l'appel de la nourriture était si fort qu'ils nous suivirent sans poser de questions. Nous commandâmes six assiettes de lard et d'œuf, qui arrivèrent rapidement.

Une heure plus tard, nous étions sur la route. Aragorn acheta un poney à l'un des marchands du village, il se prénommait Bill. Il nous fut d'une grande aide pour porter nos nombreux sacs.

Les hobbits marchaient rapidement derrière nous, ils avaient du mal à nous suivre mais nous ne pouvions pas ralentir car les Nazguls n'étaient pas loin. Je sentais que nos nouveaux compagnons se méfiaient de nous, surtout d'Aragorn et je devais avouer que le comportement bougon de mon ami n'aidait pas vraiment.

« Où nous conduisez-vous ? » lui demanda Frodon.

« Dans la forêt. » répondit-il agacé.

Un sourire se dessina sur mes lèvres. Décidément, il était de mauvaise humeur.

« Comment être sûr que ces rôdeurs sont bien des amis de Gandalf ? » demanda Meriadoc.

« Eh bien, c'est une elfe. » répondit Frodon.

« Oui mais pour lui ? » insista le blond.

« Je pense qu'un serviteur de l'ennemi serait plus attirant et à la fois plus repoussant. »

« Il l'est déjà bien assez. » répondit Merry, un air de dégoût dans la voix.

Je ne pus m'empêcher de rigoler m'attirant un regard noir de la part d'Aragorn. Le plus drôle dans tout ça, c'était que les hobbits se croyaient discrets.

« Nous n'avons pas le choix, il faut leur faire confiance. » reprit Frodon.

« Et où c'est qu'ils nous conduisent ? » demanda Sam.

« A Fondcombe, maître Gamegie. Dans la demeure d'Elrond. » le renseigna Aragorn, leur montrant ainsi que nous les entendions depuis le début.

Je me tournais légèrement et leur lançait un coup d'œil. Ils paraissaient assez gênés, cela me fit sourire.

« Vous avez entendu ça ?! Fondcombe… Nous allons voir d'autres elfes. » s'extasia Sam.

Nous marchâmes ainsi pendant plusieurs jours. Nous mangions le matin et le soir, sans faire de pause dans la journée, ou du moins très rarement. Les hobbits qui, de coutume, mangeaient énormément avaient eu beaucoup de mal à s'adapter à cette routine mais plus le temps passait, moins ils semblaient en être affectés. Ils arrivaient même à marcher plus vite.

Nous n'avions pas beaucoup de discussions. Nos compagnons étaient toujours méfiants et leur fatigue était telle qu'ils s'endormaient très rapidement, n'ayant le temps de lancer un quelconque sujet.

Un soir, nous arrivâmes devant une ruine, perchée sur un petite colline.

« C'était la grande tour de garde d'Amon Sul. Nous y passerons la nuit. » informa Aragorn.

Une fois à l'intérieur, les hobbits s'affalèrent au sol et soufflèrent un grand coup.

« Tenez c'est pour vous. Gardez les a portée, nous allons surveiller les alentours. Restez ici. » leur ordonna Aragorn, leur lança une lame à chacun.

Je m'éloignais rapidement et décidais de tourner autour de la tour pendant quelques minutes avant d'aller explorer les environs. La nuit était claire et je profitais d'un peu de calme et d'un ciel dégagé pour observer les étoiles. Elles étaient magnifiques et étincelantes, si bien que durant quelques instants, elles me firent oublier le retour de Sauron.

Soudain, me ramenant à la réalité, une odeur de viande cuite et de braise se fit sentir. Je tournais vivement la tête vers notre campement et je vis un feu y brûler. Je me dépêchais de retourner auprès des hobbits en espérant que les Nazguls ne nous aient pas déjà repérés. Mais trop tard ! Bientôt j'entendis les cris stridents de ces monstres avant même d'avoir atteint la colline.

Je courus à en perdre haleine. Quand j'arrivais au campement, je ne vis personne. J'entendis alors des cris au sommet de la tour et je m'y précipitais, dégainant mes lames. J'aperçus Sam, Merry et Pippin allongés sur le sol et les spectres réunis tous agglutinés devant un rocher. Je compris rapidement que Frodon avait enfiler l'anneau.

Je m'apprêtais à me jeter sur les spectres pour les repousser et permettre à Frodon de s'enfuir mais un cri de douleur m'arrêta en plein mouvement. L'un des Nazguls avait poignardé le jeune hobbit. Je n'attendis pas plus longtemps et je m'élançais sur le spectre le plus proche, rapidement rejointe par Aragorn.

Il fit un saut agitant sa torche et essayant de toucher l'un des Nazguls avec son épée. Il esquiva, donna des coups et mit finalement le feu à la cape de l'un des leurs.

De mon côté, j'essayais de rester en vie face à ces monstres. Ils avaient une plus grande force que la mienne et leurs coups étaient difficiles à parer. Je réussis, au bout de quelques bonnes minutes, à faire fuir plusieurs de nos assaillants. Nous terminâmes le combat quelque peu essoufflés.

Les cris de douleur de Frodon s'intensifiant, je rejoignis les hobbits, assis à ses côtés. Je m'agenouillais tout près de lui et examinais sa blessure. Elle était profonde et commençait à s'infecter. Je vis du coin de l'œil qu'Aragorn ramassait une épée.

« Il a été poignardé par une lame de morgul. C'est au-delà de mes compétences de guérisseur, il lui faut la médecine elfique.» annonça-t-il en me lançant un regard lourd de sens.

« Qu'y a-t-il ? » demandais-je, craignant de connaître la réponse.

« Utilise tes pouvoirs. » me dit-il, comme si c'était évident.

« Je n'ai jamais appris à soigner ce genre de blessure et tu le sais très bien ! » me défendis-je vivement.

« Tu ne peux vraiment rien faire ? » me demanda-t-il gravement.

« Si mais pas ici. Nous devons nous éloigner avant que les Nazguls ne reviennent. »

Certains elfes avaient le don de guérison et c'était mon cas. J'avais hérité cela de ma grand-mère, c'est elle qui m'avait aidé à contrôler ce pouvoir. Elle m'avait transmis de nombreuses connaissances mais malheureusement pas assez suffisante pour soigner une blessure causée par une lame de morgul. Je m'en mordais à présent les doigts.

Nous partîmes rapidement, Frodon sur l'épaule d'Aragorn et le reste de la troupe derrière lui. Je fermais la marche permettant à notre petit groupe d'être un peu plus en sécurité en cas d'attaque.

Une bonne demi-heure plus tard, nous nous arrêtâmes près de trois trolls figés dans la pierre. Aragorn déposa Frodon sur l'herbe et je vins me poster à ses côtés accompagnée de Sam et Pippin.

« Regardez Frodon, les trolls de Monsieur Bilbon… Monsieur Frodon… il est tout froid. » couina Sam, inquiet pour son meilleur ami.

Le hobbit brun était vraiment mal en point. Sa peau était blafarde, livide et ses yeux vitreux. Ses gémissements de douleur étaient insupportables, j'avais tellement envie de le guérir.

« Est-ce qu'il va mourir ? » demanda Pippin, inquiet.

« Il passe dans le monde des ombres, et il sera bientôt un spectre comme eux. » répondit Aragorn.

Nous entendîmes les cris stridents des Nazguls. L'angoisse me serra les tripes, me donnant la nausée.

« Ils approchent. » informa Merry.

« Je vais retirer une partie du poison. Je ne peux pas faire mieux. Ça lui donnera un peu de temps. » annonçais-je à Aragorn.

Mon ami hocha la tête en signe d'approbation et se tourna vers Maître Gamegie.

« Sam, connaissez-vous l'athelas ? C'est une plante. » lui demanda-t-il.

« L'athelas ? » répéta le hobbit, interrogateur.

« La feuille des Rois. » précisa mon ami.

« Oui, c'est de la mauvaise herbe. » répondit le hobbit.

« Elle peut ralentir le poison. Allez en chercher. » lui ordonna-t-il.

Tout deux partirent à la recherche de l'athelas, nous laissant seuls, moi, Merry et Pippin avec Frodon. J'essayais d'évacuer toute la pression qui pesait sur mes épaules et de me concentrer sur ce que j'avais faire. Mon sort n'était pas simple, de plus je ne l'avais réalisé qu'une seule fois et c'était pour une blessure bien moindre, ma sœur s'étant fait mordre par un serpent. Je fermais les yeux et tentais de me vider l'esprit. Les hobbits durent le comprendre car ils ne posèrent aucune question et le silence tomba sur la clairière.

Lorsque je fus totalement prête, je posais mes mains sur la blessure de Frodon. Je fermais les yeux et commençais à réciter l'incantation à voix basse. Je sentis alors le poison disparaître petit à petit mais comme je le pensais, je ne pouvais tout enlever sans le tuer. Je sentis mon sort prendre de plus en plus de puissance alors je m'arrêtais avant de lui faire plus de mal.

Je rouvris les yeux et vis que la peau et les yeux de Frodon avaient retrouvé un aspect normal.

« Il a l'air d'aller mieux ! » s'écria Pippin.

« Oui mais cela ne va pas durer, d'ici un jour le poison aura de nouveau envahi son sang. » répondis-je d'un ton grave.

« Oh… » soufflèrent-ils, affligés.

« Mais ne vous inquiétez pas, Frodon est fort et je pourrais toujours recommencer le sort si nécessaire. » les rassurais-je réalisant quel effet mes mots avaient pu avoir sur les hobbits.

Soudain, j'entendis des sabots marteler le sol et croyant qu'il s'agissait des spectres, je sortis mes épées et me positionnais devant les hobbits. Quand le cheval arriva devant nous, je reconnu sa cavalière presque instantanément : Arwen. Je rangeais mes armes et allais la rejoindre à grandes enjambées. Nous nous tombâmes dans les bras l'une de l'autre, avant qu'elle ne s'approche de Frodon.

« J'ai retiré une partie du poison. Avec l'athelas, je dirais qu'il pourra tenir deux jours avant de se transformer. » annonçais-je.

« Il faut le mener à mon père. » lança-t-elle, inquiète.

Aragorn porta Frodon jusqu'au cheval de mon amie. Je les laissais seuls et retournais auprès des hobbits qui ne semblaient pas vraiment rassurés.

« Où est ce que vous l'emmenez ? » demanda Merry.

« Arwen va le mener à Fondcombe. Il n'y a qu'Elrond qui puisse le sauver. » répondis-je.

Sur ces mots, mon amie partit au galop et disparu en quelques secondes dans l'obscurité de la forêt.

« Qu'est-ce que vous faites ?! Les spectres sont toujours là. » cria Sam.

« Ne vous en faites pas, Maître Gamegie. Arwen est une excellente cavalière. Je suis sûre qu'elle arrivera à temps. » tentais-je pour le calmer.

Le hobbit me regarda visiblement très inquiet.

« Faites-moi confiance, Frodon est entre de bonnes mains. » insistais-je.

Aragorn me lança un regard entendu. Nous ramassâmes nos affaires rapidement et nous partîmes.