Deuxième partie de : Fendeval ...

Une heure plus tard, j'étais propre comme un sous neuf, coiffée et habillée. Je portais une robe bleu nuit tout à fait sublime. J'avais opté pour une paire de sandales argentées et j'avais fait quelques nattes dans mes cheveux, qui tombaient en cascades jusqu'au creux de mes reins.

La sonnerie annonçant le repas ne tarda pas à retentir et je sortis de ma chambre. Dans les couloirs, je croisais Arwen. Un sourire ravie apparu sur mon visage.

- « Nous sommes peut être très différentes mais pour les vêtements nous avons les mêmes goûts. » lançais-je, amusée.

Mon amie portait presque la même robe que moi, à quelques détails près.

- « C'est vrai ! Je me rendais au repas, tu m'accompagnes ? » me demanda-t-il en me tendant son bras.

- « Bien sûr ! » acceptais-je le prenant.

Nous commençâmes à nous diriger vers la place lorsqu'elle s'arrêta brusquement.

- « Tu ne porte pas de tiare ? » demanda-t-elle.

- « Eh bien, je n'ai pas pensé qu'en emporter serait nécessaire pour arpenter la Terre du Milieu. » répondis-je en riant.

- « J'imagine en effet, seulement mon père avait pourtant demander à ce que l'on t'en prête une pour le repas de ce soir. » répondit-elle avec un sourire.

- « Qu'y a-t-il de particulier ce soir ? » demandais-je en fronçant les sourcils.

- « Oh ! J'ai complètement oublié de te prévenir. Mon père a invité nombre de représentants de la Terre du Milieu à séjourner à Imladris. Les elfes de Mirkwood sont arrivés aujourd'hui. » m'annonça-t-elle.

L'image du prince elfe revint brusquement à ma mémoire.

- « En tant que représentante des Terres Éloignées, je me dois de porter une tiare. » conclus-je en secouant la tête pour me changer les idées.

Arwen acquiesça et me fit signe de la suivre.

- « Je vais te prêter une des miennes. Elles ne sont pas vraiment digne d'une princesse mais ça fera l'affaire. » annonça-t-elle.

Je fronçais les sourcils face à sa remarque. Je détestais que l'on me mette sur un piédestal. Certes, j'étais une princesse mais je n'avais pas besoin de bijoux majestueux pour le montrer, une couronne de fleurs ou de branches entrelacées me suffirait amplement.

Arrivée dans sa chambre, elle sortit toutes sorte de tiare et m'en tendit une bien trop jolie à mon goût.

- « C'est la plus belle de toute. Elle sera parfaite. » me dit-elle avec un sourire.

- « Elle est bien trop sophistiquée. Je ne veux pas que tout le monde me regarde, Arwen. » répondis-je en repoussant légèrement sa main.

J'en pris une bien plus simple entre mes doigts.

- « Heldaria… Tu es la princesse du plus puissant royaume de la Terre du Milieu. Tu ne devrais pas essayer de le cacher. En plus, je suis sûre que ce diadème t'ira à merveille » insista mon amie.

- « Ce n'est qu'un simple repas, je n'ai pas besoin de me draper comme une reine. En plus, je ne suis même pas l'héritière directe, je n'ai pas besoin de me pavaner avec des parures majestueuses. Je mettrais celle-ci et c'est non négociable. » répondis-je en lui montra celle que j'avais dans les mains.

Mon ami soupira mais ne fit aucun commentaire. Je lui souriais alors, fière d'avoir gagné cette petite joute vocale.

Je plaçais la tiare sur le sommet de mon crâne et me regardais dans le miroir. Oui, elle était parfaite.

- « Tu me ressemble… On ne voit pas que tu es une princesse. » me lança mon amie.

- « Et j'en suis ravie ! » répondis-je avec un clin d'œil.

Mon amie leva les yeux au ciel en souriant.

- « Allons-y. Nous sommes déjà en retard. » annonçais-je en me tournant vers Arwen.

Quand nous arrivâmes sur la terrasse tous les regards se posèrent sur nous. Je me sentis aussitôt mal à l'aise.

- « Whoaw, elles sont magnifiques ! »s'exclama Pippin avec sa discrition légendaire.

- « Tu as bien raison Pippin ! » l'encourage son cousin.

Je tournais mon regard vers mes amis hobbits et leur fis un clin d'œil, amusée. Ils s'empourprèrent, conscients d'avoir étaient entendu, mais je ne m'attardais pas plus longtemps sur ces derniers car une autre voix m'interpella. Je tournais la tête pour voir à qui elle appartenait.

- « Elladan ? Qui est cette elfe aux côtés de ta sœur ? » demanda Legolas, à voix basse.

- «Oh ! C'est une très bonne amie à nous. Elle se nomme Heldaria, fille d'Aegnor et de Virani, c'est une des Princesses des Terres Éloignées. »

- « Oh je vois… » répondit le Prince, pensif.

Mes yeux plongèrent dans les siens, involontairement. Pendant quelques secondes, plus rien n'exista. C'était à la fois étrange et exaltant. Je me perdis dans son regard bleu, étonnement, il me rappela mon royaume.

Arwen serra doucement mon bras me sortant de ma torpeur. Je rompis le contact visuel et la regardais légèrement étourdie.

- « Excuse-moi, j'étais ailleurs. » dis-je en rougissant.

- « J'avais remarqué. Bon si nous allions nous asseoir, je commence à avoir faim. » proposa-t-elle.

Elle n'insista pas sur mon moment d'égarement et je lui en fus reconnaissante, c'était bien assez embarrassant.

- « Euh oui. » acceptais-je.

Nous nous dirigeâmes donc vers la table du Seigneur Elrond autour de laquelle se trouvaient les jumeaux, Aragorn, Gandalf et Legolas. Je m'installais entre les jumeaux, à ma place habituelle. En face de moi se trouvait le Prince, je n'osais pas trop le regarder de peur de croiser une nouvelle fois son regard.

- « Vous arrivez à point nommé, mesdames. » lança Gandalf en souriant.

Aussitôt, les serviteurs apparurent tenant dans leurs mains plusieurs plateaux.

Le seigneur Elrond fit alors les présentations entre Legolas et moi-même et après quelques échanges de banalités, nous pûmes commencer le repas.

J'appris au cours de quelques conversations qu'Aragorn et le Prince se connaissaient déjà depuis quelques années. En effet, sous le conseil de ses parents, Legolas était parti à la recherche de mon ami et ensemble ils avaient passé une dizaine d'années à voyager à travers la Terre du milieu en compagnie de quelques Dunedain.

Elrohir et Elladan le connaissaient également grâce à leurs pères qui venaient souvent se rendre visite au temps jadis.

Le repas se passa dans le calme et bientôt la nuit tomba. Petit à petit, les elfes partirent et la terrasse se vida. Je ne tardais pas à en faire de même. Je passais le reste de ma soirée à me balader dans la cité elfique, légèrement éclairée par la lumière de la lune et des étoiles.

Le lendemain matin, des hommes et des nains débarquèrent dans la vallée. Je me doutais que le seigneur Elrond préparait quelque chose mais je n'avais aucune idée de ce dont il s'agissait.

Alors que je m'apprêtais à faire une balade à cheval, un elfe vint m'annoncer que le Seigneur des lieux voulait s'entretenir avec moi dans son bureau. Je m'y rendis, non sans interrogation. En entrant dans la pièce, je m'aperçus qu'Aragorn était également présent.

- « Heldaria, vous voilà. Je vous en prie, installez-vous » m'intima notre hôte.

Je m'exécutais en le remerciant. Il nous expliqua alors la raison pour laquelle tant de personnes avaient été invitées à séjourner dans la vallée. Il avait fait circuler la nouvelle qu'un conseil aller se tenir dans sa demeure pour discuter de l'avenir de la Terre du Milieu maintenant que Sauron avait fait son grand retour; Il nous confia également que Saruman était passé du côté de l'ennemi et que les elfes ne pouvaient plus garder l'anneau en sécurité au sein de Fendeval. Leurs temps était révolu et beaucoup d'entre eux s'en allaient déjà vers Aman. Le conseil se tiendrait donc dans l'après midi pour tenter de trouver une solution.

Après cela nous sortîmes sans un mot. Il n'y avait pas besoin de discuter plus encore, Elrond avait été clair et s'était bien fait comprendre. La situation devenait grave et il fallait agir rapidement.

- « Je vais faire un tour dans les montagnes, veux-tu venir ? » demandais-je à mon ami.

- « Je dois m'entraîner avec Elladan, Elrohir et Legolas. Une prochaine fois, avec plaisir. » me répondit-il en souriant, désolé.

- « Pas de soucis. Amusez-vous bien. »

- « Merci. »

Je l'embrassais sur la joue et je partis vers les écuries. Sur mon chemin, je croisais Arwen.

- « Je vais faire un tour à cheval dans les montagnes. Tu viens ? » proposais-je.

- « Bien sûr, quelle question ! »

Mon amie me suivit et nous prîmes chacune un cheval. Celui que je montais ressemblait légèrement à Aron et j'eus un pincement au cœur en y pensant. Mes pensées dérivèrent vers mon royaume et ma famille . Ils me manquaient beaucoup mais j'étais entourée de mes amis ce qui apaisait le manque.

Nous partîmes donc pendant deux bonnes heures. Cette sortie me défoula et je fus contente de partager un moment avec ma meilleure amie. Elle m'avait énormément manqué.

….

Après le repas, l'heure du conseil arriva. Je vis que Frodon était légèrement perdu, je lui fis donc signe de venir avec moi et il parut soulagé.

Arrivés à destination, nous découvrîmes un grand espace circulaire en extérieur. Un arc de cercle de chaises avait été installé face à trois fauteuils. Le seigneur Elrond ainsi que deux de ces plus proches conseillers s'y installèrent. Frodon s'assit à l'une des extrémités, à côté de lui se trouvait Gandalf, puis les elfes de la Forêt Noire, les nains, les hommes et enfin Aragorn et moi-même.

L'un des hommes me fixa avec dédain et chuchota quelque chose à l'oreille de son voisin. S'il voulait être discret, pas de chance, j'avais l'ouïe très fine.

- « Que fait une femme dans ce conseil ?! Depuis quand peuvent-elles donner leur avis alors qu'elles ne connaissent rien à la guerre ?! C'est une honte. »

- « Excusez-moi, mais pourriez-vous faire partager à tous votre avis sur la question. Je crois que personne n'a entendu. » lançais-je, le fixant à mon tour.

Le concerné me regarda surpris. Tous tournèrent la tête vers lui. Je le vis rougir et je ne pris pas la peine de continuer voyant qu'il n'en menait pas large. Ce fut le seigneur Elrond qui parla.

- « La Princesse Heldaria représente le peuple des Terres Éloignées. Sa connaissance de la guerre fait d'elle une excellente combattante, et une fine stratège. Comme vous l'aurez sûrement compris sa place ici est totalement justifiée, peut-être même plus que la votre. Je vous prierais désormais de garder vos remarques désobligeantes pour vous. Oh et pour votre gouverne, les elfes ont une très bonne ouïe. »

Je remerciais d'un mouvement de tête Elrond qui me répondit par un sourire. Quand tout fut plus calme, le conseil pu commencer.

- « Étrangers venus de Terres lointaines, amis de toujours, vous vous êtes rassemblés ici afin de répondre à la menace du Mordor. La Terre du Milieu et les Terres Éloignées sont au bord de la destruction, nul ne peut y échapper. Vous vous unirez ou vous serez vaincus. Chaque race est liée à ce destin, à ce sort commun. »

Chacun se regarda, certains plus férocement que d'autre. Tous avaient compris l'enjeu de ce conseil.

- « Montrez leur l'anneau, Frodon. » demanda le seigneur Elrond en se tournant vers le jeune hobbit.

Ce dernier se leva lentement, mal à l'aise et alla poser l'anneau sur le socle en pierre situé au centre. Tout le monde regarda l'unique comme éblouit par sa beauté. Le temps s'était presque arrêté. Il n'y avait plus de bruit, plus de mouvement, tout était figé. J'entendis à peine lorsque l'un des hommes chuchota « alors c'est vrai ». Je ressentis un désir profond de prendre l'anneau et de m'en aller avec, le plus loin possible. C'était quelque chose de puissant et repoussant, d'envoûtant et dégouttant à la fois. J'essayais de résister à cette envie et après quelques secondes de dur combat entre mon désir et ma révulsion, je réussi à me sortir ce maudit anneau de la tête. Malheureusement, ce ne fut pas le cas de tous.

Le représentant du Gondor se leva et commença à parler.

- « Lors d'un rêve, j'ai vu à l'est le ciel s'assombrir mais à l'ouest une pâle lueur persistait et une voix s'écriait « votre fin est proche, le fléau d'Isildur a été retrouvé », le fléau d'Isildur... »

Il commença alors à approcher sa main de l'anneau et Elrond se leva en s'écriant « Boromir » pour l'en empêcher. De son côté, Gandalf commença à proférer des paroles en langage noire. La langue des orcs, la langue du Mordor.

L'homme recula, effrayé, l'un des nains brandit sa hache et le ciel commença à s'assombrir alors que le magicien se levait et continuait son sort. Nous nous sentîmes tous mal. Ce langage était affreux et violent. Par réflexe, j'attrapais la main d'Aragorn qui la serra à son tour et j'attendis que Gandalf en eu finit.

- « Jamais de mots n'ont étaient prononcés dans cette langue, ici à Imladris. » gronda Elrond à l'attention du magicien.

- « Je n'implore pas votre pardon, Maître Elrond car le parler noir du Mordor peut déjà être entendu dans toutes les régions ouest. L'anneau est totalement maléfique. »

Mithrandir retourna s'asseoir, et Boromir reprit la parole.

- « Cet anneau est un don, un don fait aux ennemis du Mordor. Pourquoi ne pas s'en servir ?! Depuis longtemps mon père l'intendant du Gondor a tenu à distance les forces du Mordor, c'est grâce au sang de notre peuple que vos terres sont encore en sécurité. »

Je sentis Aragorn se tendre à côté de moi.

- « Donnez au Gondor l'arme de notre ennemi et laissez-nous l'utiliser contre lui. » continua le fils de l'Intendant.

Je trouvais cela stupide de la part de cet homme de croire qu'il pourrait utiliser l'anneau pour vaincre Sauron. J'allais exprimer le fond de penser lorsqu'Aragorn prit la parole.

- « On ne peut le contrôler, aucun d'entre nous ne le peut. L'anneau unique ne répond qu'à Sauron. Il n'a pas d'autre maître. »

- « Et qu'est-ce qu'un rôdeur connaît à ces choses-là ? » demanda Boromir avec dédain.

Mon ami ne répondit pas mais je sentis son agacement. Je m'apprêtais une fois de plus à prendre la parole mais un autre le fit à ma place.

- « Ce n'ai pas un simple rôdeur » commença Legolas en se leva de son siège « C'est Aragorn, fils d'Arathorn. Vous lui devez serment d'allégeance. »

Boromir se tourna vers mon ami, étonné, la bouche légèrement entre-ouverte.

- « Aragorn, le descendant d'Isildur. » lança-t-il.

- « Et l'héritier du trône du Gondor. » insista le Prince elfe.

- « Asseyez-vous, Legolas. » lui demanda Aragorn.

Mon ami ne semblait pas très à l'aise mais je savais qu'il ne baisserait pas la tête devant cet homme qui osait le défier. Aragorn n'avait jamais voulu devenir Roi. Il avait horreur que l'on parle de ses ancêtres, et pour cause, Isildur était celui qui avait permis au mal de perdurer et même si il avait redonné de l'honneur au Numénoréens, leur peuple s'était éteint et leurs fautes restaient honteuses.

- « Le Gondor n'a pas de roi, il n'en a pas besoin. » répliqua Boromir.

Pour le coup, je ne pus me retenir. La colère s'empara de moi et je bondis de mon siège faisant sursauter quelques personnes.

- « Dîtes plutôt que votre père veut le trône ! Laissez-moi vous dire une chose, jamais ce ne sera le cas pour la simple et bonne raison qu'il n'est que l'Intendant. Un homme qui vieillit, qui devient fou et qui fait couler le Gondor. Vous vous croyez supérieur et invincible, vous vous croyez assez fort pour vous servir de l'anneau ? Stupidité ! Depuis le début, il vous manipule et vous ne le voyez même pas. Avec vous aux commandes, le Gondor disparaîtra dans les flammes du Mordor. Votre royaume a besoin d'un roi que vous le vouliez ou non. Ce Roi est juste en face de vous, alors ne l'insultez plus jamais. Il a le soutient des Terres Éloignées !»

Boromir me regarda d'abord choqué, puis petit à petit une lueur de haine et de profonde colère apparue. Je restais debout le défiant du regard, je n'avais pas l'intention de baisser les yeux devant cet homme, ni devant aucun autre d'ailleurs.

Soudain, je sentis une main me saisir le poignet.

- « Heldaria, viens t'asseoir. Cela n'en vaut pas la peine. » me demanda Aragorn calmement.

Je m'exécutais ne lâchant pas l'homme du regard. Il partit lui aussi s'asseoir.

- « Qu'est-ce qu'il t'a pris ? Je ne t'ai pas vu aussi énervée depuis bien longtemps. » me demanda-t-il en fronçant les sourcils.

- « Cet homme s'est attaqué à la mauvaise personne. Il est arrogant et naïf, je n'y peux rien, ça m'énerve. » répondis-je encore bouillonnante de colère.

Voilà encore une facette de l'héritage d'humanité de mon peuple. Nous étions très impulsif et avions tendance à user de très peu de tact, du moins c'était particulièrement mon cas.

- « Essaye de te calmer. » me conseilla-t-il avec un air amusé.

Mon ami avait raison. Si je ne voulais pas commettre un meurtre, il valait mieux que je m'apaise. Je fermais les yeux et soufflais un bon coup.

- « Aragorn a raison, nous ne pouvons l'utiliser. » confirma Gandalf.

- « Vous n'avez pas le choix, l'anneau doit être détruit. » continua Elrond.

- « Qu'attendons-nous pour le faire ?! » s'écria l'un des nains.

Ce dernier se leva et brandit sa hache dans les airs avant de l'abattre de toutes ses forces sur l'anneau. Sans grande surprise le nain fut expulsé dans les airs et son arme fut briser. L'anneau, lui, était intact.

Je vis Frodon sursauter et fermer les yeux, une main sur le visage. Je fronçais les sourcils, inquiète.

- « L'Anneau ne peut être détruit, Gimli, fils de Glóin, par aucun moyen en notre possession. L'anneau a été forgé dans les flammes de la Montagne du Destin. Il n'y a que là qu'il puisse être détruit. Il faut l'emporter dans les profondeurs du Mordor et le jeter dans l'abîme flamboyant d'où il est apparu autrefois. L'un de vous, doit le faire. » expliqua le seigneur Elrond, sombrement.

Il y eut un blanc. Tout le monde se regardait tour à tour, avec une mine sévère. Puis, le silence fut interrompu par un homme particulièrement agaçant.

- « On n'entre pas si facilement en Mordor. Ses portes noires ne sont pas gardées que par des orcs. En ces lieux, il y a un mal qui ne dort jamais et le Grand Œil est toujours attentif. C'est une terre dévastée et stérile, recouverte de braises, de cendres, et de poussière. L'air que l'on y respire n'est que vapeur empoisonnée. Même dix mille hommes n'en viendraient pas à bout. C'est une folie. » expliqua Boromir.

- « N'avez-vous pas entendu ce que le seigneur Elrond a dit ?! L'anneau doit être détruit. » s'exclama Legolas.

- « Et je suppose que vous croyez être celui qui doit le faire ?! » gronda le dénommé Gimli.

- « Et si nous échouons qu'arrivera-t-il ? Que se passera-t-il quand Sauron récupérera l'anneau ?! » s'écria Boromir.

- « Parce qu'il croit qu'au Gondor, il ne va pas le récupérer ?! » marmonnais-je en levant les yeux au ciel.

Aragorn rit doucement avant d'acquiescer mes dires.

- « J'aime mieux mourir que de voir cet anneaux dans les mains d'un elfe ! » s'écria Gimli.

Soudain, tous se levèrent excepté Aragorn, Frodon, Elrond et ses acolytes et moi-même. Ils se criaient tous dessus, essayant de prendre le dessus les uns sur les autres. Même Gandalf se trouvait au milieu de la dispute, tentant en vain de faire entendre raison à Boromir.

- « Je sens que nous sommes bien partis pour sauver le monde. » lançais-je à Aragorn ironiquement.

Ce dernier me lança un sourire amusé et me donna un coup de coude pour que je reste silencieuse. Je lui tirai la langue discrètement, espérant que personne ne me remarque.

- « Elfing » souffla-t-il en secouant la tête.

Amusée par sa remarque, je lui fit un grand sourire. Mon attention se reporta sur les hommes qui étaient toujours en train de se quereller. Je les observais quelques secondes avant de porter mon regard sur Frodon. Le jeune hobbit semblait en transe, les yeux fixés sur l'anneau. Ce dernier lui parlait, j'en étais convaincue.

Il releva la tête et me regarda. Je ne mis pas longtemps à comprendre ce qui lui torturait l'esprit. Je bougeais ma tête de gauche à droite, lui signifiant qu'il n'avait pas à le faire. Malgré tout, il se leva.

- « Je vais le faire » lança-t-il.

Personne ne l'entendit alors il insista, plus fort.

« Je vais le faire, je vais porter l'anneau en Mordor, bien que je ne connaisse pas le moyen.»

Tous cessèrent de parler et regardèrent le hobbit, médusés.

- « Je vais vous aider à porter ce fardeau, Frodon Saquet. Aussi longtemps que vous aurez à le porter. » lui assura Gandalf.

Aragorn se leva soudain et s'avança vers le hobbit avant de s'agenouiller devant lui.

- « Si par ma vie ou ma mort je peux vous protéger, je le ferai. Mon épée est votre. » lui lança-t-il.

Puis, ce fut au tour de Legolas, Gimli et Boromir.

- « Et mon arc est vôtre.»

- « Et ma hache ! »

- « Vous avez notre destin à tous entre les mains, petit homme. Et si telle est la volonté du conseil, le Gondor se joindra à vous. »

Soudain, Sam sortit de derrière des buissons, surprenant tout le monde, et il était rare de réussir à surprendre des elfes !

- « Monsieur Frodon n'ira nulle part sans moi. » affirma-t-il.

- « Non en effet, il n'est guère possible de vous séparer et cela même s'il est convoqué à un conseil secret et vous non. » lança notre hôte.

Ce dernier avait un sourire en coin tandis que le rouge montait aux joues de Sam.

- « Oh, nous venons aussi ! Il faudrait nous renvoyer chez nous attachés dans un sac pour nous en empêcher. » s'écrièrent Merry et Pippin en accourant.

- « Quoi qu'il en soit vous avez besoin de gens intelligents pour ce genre de mission, quête, chose. » continua Pippin.

- « Bon là ça te met hors course Pippin. » le rabroua son cousin.

Les deux hobbits arrachèrent quelques sourires sur le visage de certains, y compris du mien.

De mon côté, je ne cessais de réfléchir. Partir ou rentrer chez moi ? Mon cœur me disait d'accompagner Frodon mais ma tête me disait que je devais retourner auprès de ma famille. Que faire ? Partir et probablement mourir en sauvant le monde ou rester et laisser à d'autre le soin de tous nous sauver. Je croisais le regard d'Aragorn et des hobbits. Ma décision était prise. Je ne pouvais les laisser et je ne pouvais retourner en lâche dans mon royaume. J'appartenais aussi à ce monde alors je voulais me battre pour lui.

Je me levais donc et me dirigeais lentement vers Frodon. Dans son regard, je pus lire de la reconnaissance et du soulagement. Aragorn et les hobbits souriaient, Gandalf et Elrond se regardèrent d'un air entendu, Boromir me lança un regard noir, Gimli grogna légèrement et Legolas me regarda intensément, ce qui me déstabilisa légèrement.

- « Frodon, si vous me le permettez…» commençais-je.

- « Vous n'avez pas à demander Heldaria, vous êtes la bienvenue. Il n'y a jamais eu aucun doute là-dessus. » me coupa-t-il avec un grand sourire.

- « Dix compagnons, qu'il en soit ainsi. Vous formerez la communauté de l'anneau. » lança Elrond, fièrement.

- « Chouette ! » s'extasia Pippin « Où est-ce qu'on va ? »

Tout le monde le regarda intrigué et amusé.

- « Vous partirez dès demain à l'aube. Préparez vos affaires. » nous ordonna Elrond.

Le conseil prit fin et chacun partit vaquer à ses occupations.

Pour ma part, je me dirigeais vers le lac, désirant me détendre. Je voulais profiter une dernière fois de la tranquillité et de la beauté des lieux. Toute cette magnificence elfique ne serait bientôt plus qu'un souvenir. Le départ des elfes traduisait la fin des cités elfiques en Terre du Milieu et pour cause le pouvoir des trois anneaux de pouvoir touchait à sa fin. Cela me rendait triste, même si j'étais certaines de les revoir à Valinor, la vie ne serait plus la même sans eux. Nous autres, elfes des Terres Éloignée n'étions étrangement pas touché par le décroît de la puissance des anneaux.

Quand l'après-midi toucha à sa fin, je retournais dans ma chambre et commençais à préparer mes affaires. Ce ne fut pas long vu le peu d'affaires que j'allais emporter. Je rassemblais mes armes et mes habits et je mis dans un tout petit baluchon une serviette de bain, une brosse et un savon.

Le jour du départ était enfin arrivé. Chacun se dirigeait vers les portes d'Imladris.

Sur le chemin, après avoir dit adieu aux jumeaux, je vis dans un coin caché par des plantes Aragorn et Arwen discuter. Mon amie avait l'air déçue et très triste. Sur le coup, je pensais que c'était à cause du départ d'Aragorn et je commençais à me détourner pour leur laisser de l'intimité mais je vis un léger scintillement dans la main de ce dernier. Je compris qu'il voulait lui rendre le collier qu'elle lui avait offert et qu'il venait de mettre fin à leur relation. Cela me surprit et je me retournais vivement faisant comme si je n'avais rien vu. Je croisais à cet instant le regard d'Elrond qui détourna aussitôt les yeux légèrement gêné. Il avait observé la discussion de sa fille et d'Aragorn. Je compris alors que mon meilleur ami n'avait pas fait cela de son plein grès mais sous la demande du seigneur d'Imladris. Une colère sans nom commença à gronder tout au fond de mon être mais je décidais de ne pas prendre part à ce conflit et je respirais profondément pour me calmer.

Une fois que leur discussion fut terminée, je rejoignis Arwen pour lui faire mes adieux. Je savais que j'allais la revoir mais quand et où, telle était la question.

Je l'aperçu essuyer quelques larmes et je la pris dans mes bras en lui caressant le dos, essayant de la consoler.

- « Il t'aime. C'est à toi de prendre la décision Arwen, soit tu renonces à lui, soit tu renonces à ton immortalité. Dans tous les cas, je serais là pour toi et je te soutiendrais.»

Je la serrais contre moi et nous restâmes quelques minutes dans les bras l'une de l'autre. Nous n'avions pas besoin de mots pour nous comprendre. Cette étreinte était beaucoup plus significative que tous les paroles du monde.

Une fois nos adieux fait, je rejoignis le reste de la communauté tandis qu'Arwen se plaçait aux côtés d'autres elfes, derrière son père.

- « Le porteur de l'anneau prend la route en quête de la Montagne du Destin. Vous qui voyagez à ses côtés, aucun serment, aucun engagement ne vous oblige à aller plus loin que vous ne le souhaitez. Adieu. Ne vous détournez pas de votre but. Que la bénédiction des elfes, des hommes et de tous les peuples libres vous accompagne. »

Après ce discours, je saluais Elrond la main sur le cœur, imitée par Aragorn et Legolas. Gandalf inclina la tête et Gimli et Boromir nous dévisagèrent quelques instants ne sachant pas vraiment quoi faire. Les hobbit, eux, restaient immobiles et silencieux.

- « La communauté attend le porteur de l'anneau » annonça Gandalf.

En entendant cela, Frodon se retourna et commença à avancer vers la sortie. Il fut suivi de près par la magicien et lorsqu'ils eurent passé les portes, j'entendis le jeune hobbit chuchoter.

- « Le Mordor, Gandalf, c'est à gauche ou à droite ? »

- « A gauche » lui répondit le magicien.

Chacun les suivit un à un et je me retournais une dernière fois pour admirer la cité elfique et faire un clin d'œil à Arwen.

Alors, qu'en avez-vous pensé ? J'espère que vous appréciez mon histoire, en tout cas c'est toujours un plaisir de l'écrire.

A bientôt!