Bonsoir à vous ! J'espère que ça va. Voici un nouveau chapitre comme toujours !

Le soleil commençait à décliner alors que nous étions encore sur les barques, pagaies en mains. Nos bras étaient endoloris par les mouvements répétitifs effectués depuis le début de la journée et nous étions épuisés.

Aragorn ordonna alors que l'on s'arrête sur la rive ouest, pour la nuit. Il y avait une sorte de petite plage sur laquelle nous eûmes la place pour installer le campement. Chacun aida à décharger les affaires et nous eûmes vite fait de tout préparer.

Sam commença à cuisiner sous les regards attentifs de Merry et Pippin qui n'attendaient que l'heure du repas. Il fallait croire que ces hobbits avaient un très bon système digestif pour avoir réussi à digérer les quatre lembas qu'ils avaient ingurgité le matin même.

- « Vous avez encore faim ! Il faudra vraiment que vous m'expliquiez comment de si petites personnes peuvent autant manger. » m'exclamais-je.

- « C'est tout un art Heldaria ! » me répondit Pippin avec un large sourire.

- « Ou simplement du talent à l'état pur. » continua Merry.

Nous éclatâmes de rire, rapidement réprimandé par Aragorn. Les orcs n'étaient pas loin et il ne valait mieux pas faire de bruit. On s'excusa et je partis m'asseoir à côté de Frodon.

- « Vous allez bien ? » demandais-je en le voyant soucieux.

- « Je sens le pouvoir de l'anneau grandir à mesure que l'on se rapproche du Mordor, j'ai peur Heldaria. » me répondit-il dans un souffle.

- « Et vous seriez un sombre idiot si ce n'était pas le cas. C'est totalement normal, moi-même je suis effrayée. » répondis-je en posant une main rassurante sur son épaule.

- « Vous ne semblez pas l'être. »

- « J'ai 600 ans Frodon, j'ai eu le temps d'apprendre à le cacher » indiquais-je en haussant les épaules.

- « 600 ans ?! Vous ne les faites pas. » me répondit-il avec des yeux ronds.

Je ne pus m'empêcher de rire face à sa mine déconfite et je lui soufflais un merci, un sourire aux lèvres. Sam nous déclara que le repas était prêt et nous partîmes tous manger. Seul Frodon prétexta ne pas avoir faim. Cela m'inquiétait beaucoup, il fallait qu'il se nourrisse pour tenir.

Le repas se passa dans le calme. Merry et Pippin avaient mangé tellement vite que leurs ventres les faisaient souffrir et ils étaient allés se coucher dans l'espoir que la douleur passe. Gimli s'était rapidement endormi et ses habituels ronflements s'étaient fait entendre déclenchant un rictus sur le visage de l'elfe. Ce dernier était partit faire un tour pour vérifier que nous ne risquions rien.

Je m'approchais de Sam et Frodon qui étaient restés près du feu. Je repris ma place à côté du porteur dans l'espoir de le convaincre d'avaler quelque chose. Apparemment, je n'étais pas la seule à m'en inquiéter car Sam arriva avec un regard inquiet.

- « Mangez quelque chose, M. Frodon. » lui demanda-t-il désespéramment.

- « Non, Sam. » lui répondit le hobbit brun.

- « Vous n'avez rien avalé de la journée et vous ne dormez pas non plus, croyez pas que j'ai rien remarqué. » continua Sam en me lançant un regard implorant.

- « Sam a raison, vous devez vous nourrir ou vous ne tiendrez pas. L'anneau puise dans vos forces, si vous continuez ainsi vous risquez de vous effondrer. » insistais-je à mon tour.

Voyant qu'il ne répondait rien, Sam continua.

- « M. Frodon… »

- « Je vais bien. » répondit-il, peu convaincant.

- « Non c'est faux, nous sommes là pour vous aider. On vous la promis, ainsi qu'à Gandalf.» lui indiqua son ami.

J' hochais la tête appuyant les dire du Hobbit.

- « Vous ne pouvez pas, pas cette fois. »

- « Cela suffit, si vous croyez que je vais vous laisser mourir de faim et tomber d'épuisement, vous vous mettez sincèrement le doigt dans l'œil. » commençais-je fermement, déclenchant les regards surpris des deux hobbit. « Vous êtes le porteur de l'anneau et par conséquent celui qui doit être le mieux préservé. J'ai promis, nous avons tous promis de vous protéger et de vous aider dans cette quête alors laissez nous le faire. Vous n'êtes pas seul Frodon, le fardeau que vous portez est lourd et vous aurez besoin de force pour réussir à le détruire. Que vous ayez des insomnies, je veux bien mais que vous refusiez de vous nourrir, je trouve cela vraiment stupide. Vous avez le destin de toute la Terre du Milieu sur vos épaules, ainsi que celui de mon royaume alors je vous en pris, prenez soin de vous, préservez vos forces, pour nous, pour tous les peuples de ce monde et pour votre propre vie. »

Le hobbit me regarda incrédule et sembla reprendre ses esprits. Il ne répondit rien mais, je compris qu'il acceptait de manger.

- « Sam pouvez-vous lui apportez une assiette bien remplie, s'il vous plaît ? » demandais-je plus calmement.

Le hobbit se précipita vers les restes de nourriture et revint rapidement vers son ami qui prit l'assiette et commença à manger.

Un sourire se dessina sur mes lèvres quand je le vis dévorer le contenu de l'assiette. Je me retins de lancer un « Gagné ! » et me concentrais plutôt sur le lac paisible devant nous.

- « Merci, Heldaria » me lança-t-il après avoir fini son assiette. « Je crois que je devrais aller me coucher. » continua t-il.

J'hochais la tête en lui souhaitant de bien dormir. Je me tournais alors vers Aragorn et Boromir qui se trouvaient non loin de là. Je vis l'homme du Gondor attraper mon ami par la cape. Je me levais en vitesse et me dirigeais vers eux. Aragorn se retourna avec une mine que je ne lui connaissais que trop bien et qui ne me plaisait pas. Boromir avait vraiment dû l'énerver pour qu'il soit autant en colère.

- « Que s'est-il passé ? » demandais-je à ce dernier.

- « Peu importe. Il vous racontera. » me répondit-il froidement.

Il partit ensuite vers le campement, me bousculant légèrement. Je soufflais, dépitée. Cette communauté partait vraiment en cacahuète ; un hobbit suicidaire, un homme en colère et un autre violent. Le Mordor n'avait qu'à bien se tenir !

Je rejoignis Aragorn qui était partit s'asseoir sur un rocher, seul.

- « Veux-tu bien me raconter ou vais je encore parler à un mur ? » demandais-je en croisant les bras.

- « Boromir veut que nous passions par le Gondor, je lui ai fait part de mon avis et ça ne lui a pas plu. » répondit-il, bougon.

- « Je vois. Je ne veux pas lui trouver des excuses mais l'anneau joue beaucoup sur son caractère. » tentais-je pour essayer de calmer sa colère.

- « Je sais Heldaria, et c'est bien pour cette raison que nous ne nous approcherons pas du Gondor. » m'indiqua-t-il.

Je hochais la tête et vint m'asseoir à ses côtés. Il me serra contre lui et nous restâmes dans cette position pendant un bon moment. Je le sentis se détendre à mesure que le temps s'écoulait.

Trois jours avaient passés depuis que les deux hommes s'étaient disputés. Ils ne s'étaient pas adressés la parole depuis et je devais avouer que ça commençait à m'inquiéter. La tension entre eux était si forte, qu'elle commençait à déteindre sur la communauté. Chacun était plus susceptible et anxieux, et s'ils ne s'en rendaient peut être pas compte, Legolas et moi-même le sentions très bien. Nos sens plus aiguisés que la moyenne étaient très sensibles aux changements d'atmosphères.

La communauté avait besoin d'être soudée et si nous commencions déjà à ne plus nous entendre, la quête risquait de devenir beaucoup plus compliquée qu'elle ne l'était déjà. L'anneau pourrait se servir de cette faiblesse pour influencer nos esprits et retourner au près de Sauron. Peut-être avait-il d'ailleurs déjà commencé à le faire.

Pour l'heure, le silence était de mise. Chacun contemplait le paysage qui se dessinait devant nous. D'immenses falaises nous encerclaient, grandes et majestueuses. J'étais déjà venu dans ces lieux autrefois mais je ne les avais jamais vu depuis le lac.

- « Frodon, l'Argonath. » indiqua Aragorn en chuchotant.

Je levais les yeux vers les deux énormes statues se dressant devant nous.

- « Depuis longtemps, je souhaite contempler les rois de jadis. Mes ancêtres. » l'informa-t-il, ému.

Tout le monde les regardait avec émerveillement. Certains étaient bouches bées et d'autres avaient les yeux ronds. Je souris, amusée face à ce spectacle. Nous continuâmes à avancer et bientôt, nous entendîmes le son caractéristique d'une chute d'eau. Nous pûmes rapidement l'apercevoir et Aragorn nous fit signe de nous arrêter sur la rive ouest.

Nous nous installâmes en vitesse et je rejoignis Legolas qui scrutait la forêt d'un air étrange. Je savais ce qu'il ressentait, quelque chose d'inquiétant était en train de se mettre à l'œuvre.

- « Nous traverserons le lac à la tombée de la nuit. Nous cacherons les bateaux et continuerons à pieds. Nous atteindrons le Mordor par le Nord. » nous annonça Aragorn.

J'échangeais un regard inquiet avec l'elfe. Il ne valait mieux pas rester là.

- «Alors il nous suffira simplement de trouver notre chemin à travers Emyn Muil, un labyrinthe infranchissable, fait de rochers coupants comme des rasoirs. Et après cela, ce sera encore mieux. Une région de marécages gluants et puants à perte de vue. » râla le nain.

- « Oui, c'est notre route. Je vous suggère de prendre du repos afin de recouvrer vos forces, Maître Nain. » lui répondit narquoisement Aragorn.

- « Recouvrer mes ... Ah ! » s'exclama le nain, outré.

- « Nous devrions partir maintenant. » conseilla l'elfe.

- « Non, les orcs patrouillent sur la rive est. Il vaut mieux attendre que l'obscurité nous cache.» lui expliqua le rôdeur.

- « Ce n'est pas la rive est qui m'inquiète. Une ombre et une menace grandissent dans mon esprit. Quelque chose approche, je le sens. » insista Legolas.

Mon ami tourna son regard vers moi pour savoir si je le ressentais aussi. J'hochais la tête sans un mot. Je sentais mes muscles se tendre un peu plus à chaque instant. Tous mes sens étaient à l'affût. Quelque chose de mauvais allait se passer, j'en étais désormais certaine.

- « Où est Frodon ? » demanda alors Merry qui revenait les bras chargés de bois, tandis que le nain râlait, encore vexé de la réplique d'Aragorn.

Tout le monde sonda les environs mais nous ne trouvâmes pas le hobbit. Mon regard se dirigea alors vers une autre de nos couches qui se trouvait également être vide. Je me figeais.

- « J'ai une question plus importante. Où est Boromir ?!» demandais-je la voix tremblante.

Tous tournèrent leur regard vers ses affaires, posées au sol. Une bouffée d'angoisse me prit, tandis que j'imaginais le pire.

- « Trouvons les ! » ordonna Aragorn.

Sans réfléchir, je me précipitais dans la forêt, suivant mon instinct. J'arrivais bientôt près de Boromir qui était affalé à terre la mine choquée, quelques larmes dévalant ses joues.

- « Que s'est-il passé ?! » demandais-je durement.

En l'observant de plus près, je vis qu'il n'était pas dans son état habituel. La culpabilité semblait lui ronger le cœur

- «Boromir, regardez moi, c'est fini. L'anneau ne vous contrôle plus. Où est Frodon ?» repris-je plus doucement en m'agenouillant près de lui et prenant son visage entre mes mains.

- « Oh, Heldaria… Qu'ais-je fait ?! » me demanda-t-il horrifié.

- « Ce n'est pas vous. C'est l'anneau. Vous ne... » commençais-je, avant de figer, la mine grave.

Les Uruk haï étaient là. Il fallait sauver Frodon. Je tournais ma tête vers Boromir qui comprit aussitôt. Il se leva en vitesse et nous commençâmes à courir. Après quelques minutes, nous aperçûmes Merry et Pippin qui étaient dans une mauvaise posture. De chaque côté, des Uruk haï leur arrivaient dessus et ils ne pouvaient pas se défendre.

Boromir se jeta entre les hobbits et le premier assaillant. Il para son coup de hache avec sa main, tira sur le manche de l'arme et la lui planta dans le dos. Je vérifiais rapidement que nos amis allaient bien et je me précipitais à mon tour au combat. Je plantais mes épées dans des ventres, tranchais des têtes, des bras ou bien des jambes. J'avais l'impression que plus j'en tuais, plus il en arrivait.

Les Uruk haï étaient plus forts et plus intelligents que les orcs, ce qui ne facilitait pas le combat. Je devais m'habituer à leur rythme et l'intensité de leurs frappes, trouver leurs faiblesses. Je m'étais déjà pris un coup sur la tête qui m'avait assez sonné pour risquer de me coûter la vie.

Après avoir tué une énième créature, je levais les yeux pour me rendre compte de l'état de mes amis. Aucun d'eux n'était mort ou blessé, cela me rassura. Ce sentiment ne dura pas bien longtemps quand j'aperçus le troupeau qui se dirigeait droit sur nous.

- « Boromir, il faut qu'on déguerpisse d'ici avant de tous y passer ! » criais-je pour qu'il m'entende.

Mon ami acquiesça et sonna le cor qu'il portait toujours avec lui. J'indiquais aux hobbits de courir et ils ne se firent pas prier. Nous ne pûmes cependant pas fuir bien longtemps car ils nous avaient déjà rattrapé. Je me retournais brusquement vers eux et flanquais un grand coup d'épée dans la nuque de l'un d'entre eux. Je n'eus pas le temps de voir sa tête voler que déjà un autre m'attaquait.

Concentrée dans mon combat, tentant en vain d'échapper à la mort et de protéger la vie de mes amis, je ne vis pas l'archer approcher et viser Boromir. Ce ne fut que son cri de douleur qui me sortit de ma transe. Je tournais la tête vers lui, une expression d'horreur gravée sur le visage.

- « Boromir ! Non ! » m'entendis-je hurler.

Avant même que je ne puisse le rejoindre, il se releva et repris le combat. Légèrement rassurée, j'en fis de même, sentant un assaillant surgir dans mon dos. Je plantais l'une de mes épées dans son ventre avant de la retirer, de me tourner et de lui trancher la tête avec la deuxième. Ayant quelques instant de répits, je tentais de localiser l'archer. A mon plus grand désespoir, à peine l'eus-je repéré qu'il décocha une autre flèche. Un nouveau cri raisonna dans la forêt, me donnant de telles sueurs froides qu'aucun son ne put sortir de ma bouche. Des larmes silencieuses dévalaient mes joues, preuve d'une frustration que je ne pouvais canaliser. Je n'avais aucun moyen d'aider mon ami, aucun moyen de me détourner du combat pour aller le sauver. Les Uruk étaient bien trop nombreux.

D'autres flèches heurtèrent Boromir et d'autres cris retentirent. Chacun d'eux me déchira le cœur et réveilla en moi une rage que je ne me connaissais pas. Je ne pouvais pas le laisser mourir ainsi. J'avais le pouvoir de guérir ses blessures, il fallait juste que je me débarrasse de ces monstres. Je redoublais d'effort, encouragée par le désespoir qui me tordait le ventre.

Puis, comme si la situation n'était pas assez cauchemardesque, les hobbits furent capturés. Je hurlais à plein poumons, retrouvant ma voix. Je criais des insultes dans tellement de langues différentes que je ne savais même plus si elles existaient vraiment. J'en avais mal au crâne, mais je n'arrivais plus à m'arrêter. J'étais dans une telle rage que je ne pouvais plus me contenir. Les Uruk n'en avaient pourtant rien à faire, car une fois les hobbits emportés, ils m'évitèrent et suivirent leurs congénères.

J'en profitais alors pour me précipiter vers Boromir qui était agenouillé sur le sol.

- « Je peux vous soigner. Je peux y arriver. » murmurais-je, la voix remplie de sanglots.

- « Attention, poussez-vous ! » cria-t-il en me poussant sur le côté.

Je tournais vivement la tête et vis l'archer. Je poussais un cri de rage, me relevais et m'interposais entre eux, attrapant l'une de mes épées. Avant même que je ne puisse faire un seul geste, je fus violemment éjectée. J'atterris si lourdement sur le sol, que ma respiration en fut coupée. J'étais certaine d'avoir senti mon dos craquer mais je n'avais pas le temps de me concentrer là dessus. Je me relevais tant bien que mal et compris qu'un autre Uruk venait de me foncer dessus, me faisant dévaler le ravin.

Je le vis se diriger vers moi au pas de course. Je tenais à peine sur mes pieds qu'il me balança un grand coup d'épée. Je réussi à l'esquiver à temps, évitant par là même d'être décapitée. Mon dos me faisait trop souffrir pour que je puisse me battre convenablement. Dans un geste désespéré, j'attrapais l'une de mes dagues et la lançais vers la bête. Un borborygme s'échappa de sa gorge tandis qu'il s'écroulait au sol, vaincu. Ne tenant plus sur mes jambes, épuisée, j'en fis de même.

Mes yeux commençaient à se fermer mais l'image de Boromir vint à mon esprit, me donnant un regain d'énergie. Je me relevais avec difficulté, étouffant un cri de douleur. Il fallait que je remonte pour le sauver. Je grimpais, trébuchant de temps à autre sur une branche. J'arrivais au sommet en quelques secondes, à bout de force. Je regardais autour de moi, cherchant mon ami. J'aperçus d'abord l'elfe et le nain qui avaient un visage déconfit. Puis, je le vis. Il était allongé au sol, son épée sur le torse, peinant à respirer. Les flèches étaient toujours à leur place, empoisonnant son sang à chaque seconde. Aragorn se trouvait à ses côtés, le dos courbé.

- « Non. » soufflais-je, en tombant à genoux. « Non... »

Legolas se précipita vers moi, le visage déformé par la peur.

- « Heldaria ! Est-ce que ça va ? » me demanda-t-il la voix tremblante.

- « Pourriez-vous… ? » commençais-je sans réussir à finir ma phrase.

Je n'eus pas besoin de le faire, car il comprit ce que je voulais. Il m'aidait à me relever et à marcher jusqu'à l'homme du Gondor. Une fois à sa hauteur, je m'agenouillais à ses côtés. Il remarqua ma présence et tourna son regard vers moi.

- « Sacré combat … Heldaria. Ce fut un honneur ... de me battre à vos côtés … pour mon ultime bataille. Vous êtes plus féroce... que tous mes hommes réunis. » me lança-t-il, en luttant pour respirer.

Malgré les larmes qui ruisselaient le long de mon visage, il réussit à m'arracher un sourire.

- « J'ai essayé, vous savez. J'aurai tellement voulu réussir à vous soigner ! Si seulement j'avais eu assez de temps... » soufflais-je finalement.

- « Je sais. Je vous ai vu vous battre… je vous ai vu essayer. Merci, mon amie. » souffla-t-il en serrant ma main.

Je la lui serrai en retour. Je n'avais pas pu le sauver mais je pouvais encore être à ses côtés jusqu'à la fin.

- « Je vous aurai suivi mon frère … mon capitaine … mon roi. » prononça-t-il en tourna son regard vers Aragorn, avant de se figer.

Il expira une dernière fois, et son regard s'éteignit.

- « Repose en paix, fils du Gondor. » chuchota Aragorn en lui embrassant le front.

C'était fini, il était mort.

Mes larmes arrêtèrent de couler, mais la douleur de sa mort était toujours présente. Legolas passa son bras autour de ma taille, me releva en douceur et me serra contre lui. C'était exactement ce dont j'avais besoin. J'enfouis mon visage dans son cou, écoutant les battements réguliers de son cœur et me laissant enivrer par son odeur. Il plaça une main dans mon dos et l'autre vint se poser à l'arrière de mon crâne, m'encourageant à me laisser aller contre lui. Je fermais les yeux quelques instants, m'autorisant un moment d'égarement. Je me sentais bien, complète. Au creux de ses bras, le monde semblait disparaître, les malheurs n'existaient plus, tout devenait dérisoire. Il n'y avait que nous, tournant dans un vide infini, paisible.

Quand j'ouvris les yeux, je me sentis apaisée. La douleur bien que présente, n'était plus aussi intense. Je relevais la tête et mis fin à notre étreinte, sans pour autant m'éloigner de lui. Il caressa mes joues de ses pouces et essuya les traces laissées par les larmes. Nous nous sourîmes avant de nous éloigner l'un de l'autre et de revenir sur terre. Je n'avais aucune idée de ce qu'il ressentait, si notre étreinte lui avait fait autant de bien qu'à moi et cette ignorance me frustrait au plus haut point. Je ne pouvais pas lutter contre les sentiments qui se développaient en moi, j'espérais seulement qu'ils ne soient pas à sens unique. Car Oui. J'étais en train de tomber éperdument amoureuse de cet elfe.

Aragorn se releva, les larmes aux yeux.

- « Ils attendront son retour de la Tour Blanche, mais il ne reviendra pas. » lança-t-il avec tristesse.

Il se tourna vers nous et nous regarda un à un. Son regard s'arrêta sur moi, il me détailla quelques instants.

- « Ton dos te fait souffrir ? » me demanda-t-il.

- « Oui. Un de ces abrutis m'a jeté au sol. J'ai dû me déplacer une vertèbre. » indiquais-je en fronçant les sourcils.

Mon ami s'approcha et se plaça dans mon dos.

- « Détends toi, ça va faire mal. » m'informa-t-il.

Il enroula ses bras autour de ma taille et me souleva. Je poussais un cri de douleur quand mon dos se remit en place. Une fois les pieds au sol, je me sentis bien mieux. Douloureux mais efficace. Je remerciais mon ami avant de tourner mon regard vers Boromir.

- « Nous ne pouvons le laisser ici. Mettons-le dans une barque. Le courant l'emportera jusqu'à sa cité, jusqu'aux siens. » déclarais-je.

Tous acquiescèrent. J'allais récupérer ma dague, toujours fermement enfoncée dans la gorge de l'orque, puis nous emmenâmes le corps de notre ami au bord du fleuve. Nous l'installâmes dans le bateau avec son bouclier et le reste de ses affaires. Avant qu'ils ne la poussent, je m'approchais et lui fermais les yeux.

- « Adieu mon ami, que ton voyage soit beau. Puisse Simhuy guider tes pas vers la lumière. » murmurais-je avant d'embrasser son front.

- « Qui est Simhuy ? » me demanda Legolas, tandis que je m'éloignais de la barque pour leur laisser la place.

- « C'est un esprit de l'air. Dans mon royaume, il est dit qu'il aide les défunts à retrouver le chemin de leur panthéon, où ils trouveront le repos éternel. » expliquais-je en les regardant pousser l'embarcation vers le large.

Nous la regardâmes s'en aller vers la chute d'eau puis disparaître. Aragorn, à mes côtés, me prit dans ses bras et m'embrassa le sommet du crâne. Je souris tristement, avant de lui rendre son étreinte pendant quelques secondes.

- « Dépêchez- vous, Frodon et Sam vont atteindre la rive orientale. » clama Legolas en poussant le bateau restant.

Personne ne bougea. Je savais qu'Aragorn avait laissé partir Frodon et Sam. Après ce qu'il venait de se passer, ils étaient les seuls en capacité d'accomplir la quête.

L'elfe se tourna vers nous incrédule, puis il finit par comprendre.

- « Vous n'avez pas l'intention de les suivre. » constata-t-il.

- « Le destin de Frodon n'est plus entre nos main. » lui répondit Aragorn.

- « Alors tout aura était fait en vain. La communauté a failli. » continua Gimli en s'approchant de nous, suivi de l'elfe.

Aragorn m'attira à nouveau vers lui et posa ses mains sur une de leurs épaules.

- « Pas si nous restons loyaux les uns envers les autres. Nous n'abandonnerons pas Merry et Pippin à une mort atroce, pas tant qu'il nous restera des forces. Débarrassons-nous de tout ce qui n'est pas nécessaire. Voyageons légers. Allons chasser de l'orque. » déclara t-il en prenant ses armes et commençant à courir. Je le suivis rapidement entendant derrière moi le rire de Gimli.

Il avait raison, il était hors de question d'abandonner les cousins. En plus, j'avais une sérieuse revanche à prendre sur ces Uruk.

*Snif* Pas facile de tuer l'un des membres de la communauté (même si ce n'était pas le chouchou d'Heldaria)...

Avis ?