Bonjour à vous !

Désolée pour le retard mais je vous avoue avoir eu énormément de boulot cette semaine. Je ne peux promettre que ceci ne se reproduira pas car mes cours me prennent énormément de temps et je n'ai pas toujours la tête à écrire durant mon temps libre. En revanche, j'ai encore quelques chapitres écrits d'avance donc pour ces deux prochaines semaines ça devrait aller. Je vais essayer de trouver du temps à consacrer à l'écriture de la suite de cette fiction. Dans tout les cas, elle sera terminée un jour ou l'autre, promis!

En attendant, n'hésitez pas à partager votre avis, c'est toujours un plaisir pour un auteur de savoir ce que les lecteurs pensent de leur écrits.

Bref, je vous laisse donc à votre lecture !

Pour rappel: les écrits en italiques sont de l'elfique; Les écrits en gras sont du kuzdûl.


Terre du Milieu, Rohan, quelques part dans les plaines du pays des chevaux.

Courir, encore courir, marcher un peu, et courir à nouveau. Nous ne faisions que cela depuis trois jours. Trois longs jours. Aucune pause, aucun repas. Heureusement que j'étais une elfe, autrement je me serais déjà écroulée de fatigue et de faim. Mes jambes me faisaient un mal de chien et mes poumons brûlaient tel un brasier, si bien que chaque respiration était une épreuve.

La seule raison qui me poussait à continuer était l'image des deux hobbits enlevés par ces monstruosités. Cette scène repassait dans ma tête inlassablement ainsi que celle de la mort de Boromir. Ses cris hantaient encore mon esprit. Je n'avais rien pu faire pour le sauver, j'étais arrivée trop tard, je ne m'étais pas battue assez vite. Je ne cessais de m'en vouloir mais je savais aussi que je n'y étais pour rien. Les seules personnes responsables étaient Saruman et ces créatures puantes. J'étais plus que déterminée à le leur faire payer.

Perdue dans mes pensées, je trébuchais sur un caillou et m'emmêlais les jambes. Je m'écrasais à plat ventre au sol avec la grâce d'un oliphant. Les rires de Gimli retentirent derrière moi, tandis que nos deux autres compagnons continuaient leur route n'ayant rien remarqué, fort heureusement.

- « Ahah ! Voici dont la légendaire habileté des elfes ! » s'exclama-t-il en ayant du mal à reprendre son souffle.

- « Au lieu de vous moquer, aidez-moi donc à me relever. » lui répondis-je en tendant la main, une petite idée derrière la tête.

Le nain, naïf, s'avança vers moi et l'attrapa. Avant même qu'il ait tiré pour me remettre debout, je l'entraînais vers moi au sol et explosais, à mon tour, de rire en voyant sa mine déconfite.

- « Voici dont la légendaire prudence des nains ! » l'imitais-je.

- « Rah ! Je n'arrive pas à croire que je viens de me faire avoir par une oreille pointue ! » râla le nain avant de rire à son tour.

- « Cela, mon ami, s'appelle une vengeance. Il est bien imprudent de se moquer du malheur des autres. » lui répondis-je avec un clin d'œil.

- « Votre visage est si angélique, qu'on ne peut se douter de vos ruses. A partir d'aujourd'hui, je saurai me méfier, gente dame. » m'annonça-t-il en fronçant les sourcils suspicieux.

Je lui fit un grand sourire, fière de ma farce. Il secoua la tête d'un air dépité et se remit debout. J'en fis de même, et regardais devant nous pour trouver nos amis.

- « Maître nain, nous n'avons que trop tardé. Ils nous ont semé. Allons-y ! » indiquais-je en me remettant à courir.

- « A qui la faute ?! » protesta-t-il.

- « Gimli, vous n'oserez pas me dire que cette pause inattendue vous a déplu ! » m'exclamais-je en tournant ma tête vers lui.

- « Eh bien, je vous accorde que ce n'était pas totalement désagréable. Mais maintenant, nous devons courir plus vite, et ça, ça me déplaît ! » avoua-t-il.

- « Ne vous en faîtes pas, nous les rattraperons bien assez tôt. Courage l'ami ! » répondis-je avant d'accélérer le pas.

Le paysage autour de nous était vaste. De grandes plaines rocheuses s'étendaient à perte de vue. Le soleil brillait au dessus de nos têtes, éclairant chaque parcelle de terre à des kilomètres à la ronde.

Au bout d'une vingtaine de minutes, nous réussîmes à rattraper les deux autres. Legolas s'arrêta pour nous attendre, tandis qu'Aragorn se coucha au sol, l'oreille collée à un rocher.

- « Vous allez bien ? » me demanda l'elfe, soucieux.

- « Pourquoi ça n'irai pas ? » demandais-je, essoufflée.

- « Ça fait un moment que vous êtes à la traîne. » m'indiqua-t-il.

- « Gimli avait besoin d'une pause. Pourquoi semblez-vous toujours si soucieux de mon état ? » demandais-je, intriguée.

- « Parce que je tiens à vous. » me répondit-il simplement, comme ci c'était évident.

Je me figeais quelques instants, le temps de réaliser ce qu'il venait de me dire. Quand je compris enfin le sens de ses paroles, un sourire de contentement se dessina sur mes lèvres.

- « Depuis que nous avons quitté Fondcombe, vous avez failli perdre la vie au moins trois fois. Il faut bien que quelqu'un veille sur vous. » reprit-il quelques secondes plus tard, arborant un sourire en coin.

- « Faîtes attention, je pourrai m'y habituer. » répliquais-je, amusée.

- « Qu'y aurait-il de mal à cela ? » me demanda-t-il, le regard malicieusement.

- « Qui sait ce qu'il adviendra de moi, le jour où vous arrêterai de le faire ?» répondis-je, en souriant un peu plus.

- « Pourquoi arrêterais-je ? » me demanda-t-il, intrigué.

- « Par lassitude. » dis-je en haussant les épaules.

- « Aucune chance. » répliqua-t-il en braquant ses yeux dans les miens.

Son regard devint si profond que je me sentis défaillir. En moins de quelques secondes, il avait réussi à me déstabiliser et j'étais sûre à présent d'être aussi rouge qu'une tomate. Je baissais la tête pour cacher ma gêne, et replacer une mèche de mes cheveux derrière mon oreille. Je me sentais ridicule de réagir aussi puérilement. Il n'était pas dans mes habitudes d'être si facilement embarrassée, mais j'avais eu la désagréable impression qu'il pouvait lire en moi comme dans un livre ouvert. Je savais exactement ce qu'il était en train de m'arriver et c'était pétrifiant.

- « Ils ont forcé l'allure. Ils ont dû repérer notre présence. » murmura Aragorn, toujours penché sur le sol.

Nous tournâmes notre regard vers le rôdeur. J'étais soulagée qu'il vienne mettre un terme à cette discussion.

- « Vite ! » nous ordonna-t-il en se remettant à courir.

Nous ne perdîmes pas de temps et en fîmes de même. Rien de mieux que la fuite pour se dépêtrer d'une situation délicate. Je savais de quoi je parlais, j'en étais la championne.

- « Allez, Gimli ! » encouragea Legolas alors que la respiration du nain se faisait de plus en plus forte.

- « Trois jours et trois nuit de poursuite, sans manger ni se reposer, et aucun signe de notre gibier alors que peut bien raconter un rocher ? » râla-t-il en retour, m'arrachant un sourire.

Nous continuâmes à courir une bonne partie de la mâtinée sans plus d'incidents. Les discussions n'étaient plus de mise à présent. Les hobbits n'étaient pas loin et nous devions concentrer notre énergie sur cette seule mission : les sauver.

Alors que mes pensées commençait à dériver vers mon Royaume, Aragorn s'arrêta net devant moi avant de s'accroupir. Je le rejoignis en vitesse, intriguée parce qu'il avait vu.

- « Non sans raison tombent les feuilles de la Lorien. » indiqua-t-il en ramassant une broche en forme de feuille.

Je la reconnu facilement, car chaque membre de la communauté en était porteur. Elles ornaient les capes que nous avaient offert les Galadrhim.

Legolas nous rejoignis également.

- « Ils sont peut être en vie. » lança-t-il avec espoir.

- « Ils le sont. J'en suis certaine. » répondis-je, résignée.

Il le fallait. Ils ne pouvaient mourir aussi.

- « Et ils ont moins d'un jour d'avance ! Continuons !» indiqua Aragorn en recommençant à courir.

Son annonce me fit chaud au cœur. Nous allions réussir à les rattraper et une fois fait, je me ferai un plaisir de tuer chaque uruk se mettant en travers de ma route. Mon courroux grandissait à chaque instant, et bientôt il allait exploser.

Legolas s'élança à sa suite et tandis que je l'imitais, un bruit sourd résonna dans mon dos. Je lançais un regard intrigué et vis le nain affalé par terre.

- « Plus vite Gimli, nous gagnons du terrain. » lui lança Legolas sans pour autant s'arrêter.

- « Quand je vous dit que ça porte malchance de se moquer du malheur des autres ! » lançais-je en l'aidant à se remettre debout.

- « Les longues distances m'épuisent. Nous les nains, nous sommes des sprinters, redoutables sur les courtes distances ! » nous indiqua-t-il, en redémarrant sa course.

Je secouais la tête, amusée. La fierté des nains était légendaire, presque autant que la beauté de la Dame de Lorien.

- « Ce n'est pas le moment de rêvassez, Heldaria. Nous allons bientôt tuer ces abrutis d'orques ! » s'exclama le nain.

- « J'arrive, Maître nain. » répondis-je en le suivant.

Quelques minutes plus tard, nous étions perchés sur un plateau rocheux. A nos pieds s'étendait une immense plaine, à la fois verdoyante et dorée. Elle brillait de milles feux sous le soleil brûlant. Mes yeux scrutèrent les environs, émerveillés par tant de beauté. On ne pouvait le nier, ces terres étaient somptueuses.

- « Le Rohan. Pays des seigneurs des chevaux. » indiqua Aragorn, semblant lui aussi impressionné. « Quelque chose d'étrange est à l'œuvre ici. Une force maléfique donne des ailes à ces créatures et se dresse contre nous. » reprit-il plus sombrement.

- « Le mal s'étend dans toutes les contrées, désormais. » lui répondis-je d'un ton morne.

Mon ami acquiesça en silence, le visage fermé.

- « Legolas que voient vos yeux d'elfe ? » demanda-t-il après quelques secondes de silence.

Notre ami s'était avancé et scrutait l'horizon en quête d'une quelconque information.

- « Leurs traces dévient au nord est. Ils conduisent les Hobbits en Isengard. » nous indiqua-t-il.

- « Saroumane… » souffla Aragorn en tournant la tête vers moi et Gimli.

C'était certain désormais, l'Istari était bien le responsable de cette attaque.

Nous recommençâmes à avancer, animés par la peur et la rage. Il n'était pas question que nos amis se retrouvent dans les mains de l'ennemi. Qui sait ce qu'ils subiraient lorsque le magicien découvrirait qu'ils n'étaient pas en possession de l'anneau ? Car oui, c'était clair à présent, Saroumane voulait récupérer l'unique.

Au levé du jour, nous courions encore. J'avais l'impression de ne plus pouvoir m'arrêter, c'était comme-ci mon esprit avait perdu le contrôle de mon corps.

- « Un soleil rouge se lève. Beaucoup de sang à dû couler cette nuit. » annonça Legolas, me sortant de ma torpeur.

Je lançais un coup d'œil vers le ciel et mon cœur se serra d'angoisse. Ce n'était pas bon signe.

Une vingtaine de minutes plus tard, alors que la voûte s'était éclaircie, nous nous arrêtâmes quelques instants. Un hennissement attira notre attention. En tournant le regard vers l'origine du bruit, nous aperçûmes une bonne trentaine de cavaliers se diriger droit dans notre direction. Nous courûmes nous cacher entre deux rochers, non loin.

Les cavaliers passèrent sans nous voir. Aragorn me lança un regard.

- « Je ne suis pas sûre que ce soit ... » commençais-je avant de m'arrêter.

Mon ami s'était déjà levé et était sorti de notre cachette.

- « Bon bah trop tard... » soufflais-je, exaspérée.

- « Cavalier du Rohan, quelles nouvelles des hommes de la marche ? » leur cria t-il en continuant de s'avancer.

Nous le rejoignîmes tandis que les hommes firent demi-tour. Ils se dirigèrent droit sur nous et rapidement, nous fûmes encerclés. Leurs lances se pointèrent vers nous, quelques secondes plus tard. Cet accueil n'était pas vraiment des plus chaleureux et d'après le visage fermé de Legolas, il ne l'appréciait pas du tout.

L'un des leurs s'avança. Il avait les cheveux longs, blond et portait un casque sur la tête. Je supposais que c'était leur capitaine.

- « Que font un elfe, un homme, un nain et une femme dans le Riddermark ? Répondez !» demanda t-il en me regardant durement.

Je plantais mes yeux dans les siens avec défi. Les hommes étaient réputés pour être particulièrement misogynes, et c'était loin de me plaire. S'il voulait jouer au jeu du plus fort, il allait être servi.

- « Donnez-moi votre nom, dresseur de chevaux. Je vous donnerez le mien. » lança Gimli attirant son attention.

Je vis Aragorn se raidir face au peu de diplomatie du nain. L'homme fixa Gimli quelques instants, avant de descendre de sa monture, le visage fermé. Il s'approcha de notre ami, qui leva le menton, fier. Sentant que l'échange devenait de plus en plus tendu, Aragorn posa une main sur l'épaule de Gimli, l'empêchant de provoquer une nouvelle fois le cavalier.

- « Je vous couperai volontiers la tête, nain, si elle sortait un peu plus du sol. » cracha l'homme avec dédain.

En l'espace d'une seconde, Legolas avait armé son arc, me faisant sursauter.

- « Vous seriez mort au moindre geste. » répliqua-t-il froidement à son tour, en menaçant le capitaine de sa flèche.

Les lances des hommes se rapprochèrent dangereusement de nous, promesse d'une mort certaine. Aragorn le força à baisser son arc. L'elfe ne lâcha pas l'homme du regard, lui jurant silencieusement la mort, s'il nous menaçait encore. Sans vraiment réfléchir à mon geste, je glissais ma main dans la sienne pour lui montrer mon soutien. Il la serra en retour, semblant se détendre légèrement.

- « Je suis Aragorn, fils d'Arathorn. Voici Gimli, fils de Gloïn ; Legolas, du royaume Silvestre et Heldaria des Terres Éloignées. » expliqua mon ami, en tentant de détendre l'atmosphère.

L'homme reposa ses yeux sur moi, méfiant. Je sentis que l'elfe commençait légèrement à trembler. Dans une ultime tentative pour le calmer, mon pouce vint caresser le dos de sa main. Je le vis tourner sa tête vers moi, du coin de l'œil. Il ne retira pas sa main comme je l'avais pensé, au contraire, il serra la mienne avec plus de fermeté, m'incitant à continuer. Je sentis mon visage brûler sous l'intensité de son regard. Tant pis s'il remarquait quelque chose, il valait mieux qu'il reste concentré sur moi plutôt que sur le cavalier.

- « Nous sommes des amis du Rohan et de Théoden, votre Roi. » continua Aragorn.

- « Théoden ne reconnaît plus ses amis de ses ennemis. Pas même les siens. » annonça l'homme en détournant enfin son regard de moi.

Il enleva son casque et les cavaliers reprirent leurs lances.

- « Saroumane a empoisonné l'esprit du Roi et a revendiqué la suzeraineté de ces terres. Mes cavaliers sont loyaux au Rohan. Et pour cela, nous avons été bannis. » reprit-il avec amertume.

Je fronçais les sourcils, surprise. Je n'étais pas la seule, car Aragorn nous lança un regard interrogateur.

- « Le Magicien Blanc est rusé. Il va et vient, à ce que l'on dit. Vieillard enveloppé d'un manteau à capuchon. Et ses espions se faufilent partout à travers nos filets. » lança le dit capitaine en fixant Legolas d'un air mauvais.

Agacée par ses perpétuelles attaques et insinuations, je m'avançais légèrement vers lui. Il porta son regard sur moi.

- « Ça va. On a compris que vous ne nous aimiez pas. Ne vous en faîtes pas, c'est réciproque. » crachais-je froidement, en m'approchant dangereusement.

Legolas lâcha ma main et passa son bras autour de ma taille. Il me ramena contre son torse, m'empêchant de bouger. Mon souffle devint saccadé, influencé par notre proximité mais aussi par ma colère qui ne cessait de grandir. Je la sentais gonfler en moi et je savais qu'elle n'allait pas tarder à exploser. Il fallait à tout prix que je garde la tête froide. Ma main vint se poser sur la sienne et nos doigts s'agrippèrent. Il était mon rocher au milieu de la tempête, il m'empêchait de sombrer.

- « Nous ne sommes pas des espions. Nous pourchassons un groupe d'Uruk-haï en direction de l'ouest. Ils ont emmené captifs deux de nos amis. » lui indiqua Aragorn, tentant de nous sortir de là tant bien que mal.

- « Les Uruk ont été détruits. Nous les avons massacrés pendant la nuit. » répondit le capitaine.

Mon corps se tendit à l'extrême, envisageant le pire.

- « Mais il y avait deux Hobbits ? Avez-vous vu deux Hobbits avec eux ? » s'exclama Gimli.

- « Ils seraient petits, des enfants à vos yeux. » insista Aragorn de plus en plus inquiet.

- « Il n'y a pas de survivants. Nous avons empilé les carcasses et les avons brûlés. » répondit-il.

A ces mots, je cru défaillir. La fatigue de ces derniers jours tomba d'un coup sur mes épaules. Je me laissais aller contre le torse de l'elfe qui me serra un peu plus fort contre lui. Une unique larme roula sur ma joue.

- « Morts ? » demanda Gimli pour lui-même.

- « Je suis désolé. » murmura-t-il, sincère. Puis il siffla. « Hasufel ! Arod ! Puissent ces chevaux vous apporter meilleures fortunes qu'à leurs premiers maîtres. » nous souhaita-t-il tandis que deux montures s'approchaient. « Adieu. »

Il remonta en scelle.

- « Cherchez vos amis. Mais n'ayez pas trop d'espoirs. C'est peine perdue sur ces terres. Vers le nord ! » nous conseilla-t-il avant de partir au galop, suivi de ces hommes.

Une fois seuls, le silence s'abattit sur notre petit groupe. La nouvelle avait refroidie chacun d'entre nous.

- « Allons-y » souffla finalement Aragorn, en lançant un regard vers la fumée qui s'élevait au loin.

Je me séparais de Legolas pour grimper sur Arod, derrière mon ami rôdeur. L'elfe grimpa avec le nain sur Hasufel.

Nous arrivâmes rapidement devant un tas fumant d'Uruk. L'odeur était aussi répugnante que la scène que nous avions sous les yeux. Une tête était empalée sur une lance et nous faisait face.

Aragorn descendit et je le suivis tenant la bride de notre monture. Gimli, quand à lui, commença à fouiller dans le monticule de cadavres calcinés, à la recherche d'une quelconque trace des Hobbits. Au bout de quelques secondes, il se tourna vers nous, la mine sombre.

- « C'est une de leurs ceintures. » nous indiqua-t-il faiblement.

Je m'appuyais sur Arod et fermais les yeux.

- « Simhuy, prenez soin d'eux. C'étaient de merveilleuses personnes. » chuchotais-je pour moi même.

- « Puissent-ils trouver la paix après la mort » entendis-je Legolas chuchoter, la tête baissé.

Aragorn balança un coup de pied dans un casque et hurla en s'effondrant à genoux.

- « On les a abandonné. » désespéra Gimli.

Un silence de plomb régna pendant quelques secondes.

- « Un hobbit était allongé ici. » indiqua Aragorn en étudiant le sol devant lui. « Et l'autre là. Ils ont rampé. Leurs mains étaient ligotées. » continua-t-il en avançant.

Il ramassa une corde.

« Leurs liens ont été coupés. » en conclut-il, un semblant d'espoir dans la voix.

Nous le suivîmes, espérant entendre une bonne nouvelle.

- « Ils ont couru par ici. Ils étaient suivis. Les traces s'éloignent du combat … et vont vers la forêt de Fangorn. » termina-t-il sombrement.

Devant nous se trouvaient de grands arbres en piteux états. Quelques légendes faisant référence à ces bois étaient parvenu jusqu'à mes oreilles plus d'une fois, et aucune d'elles ne me donnait envie d'y pénétrer.

- « Fangorn, quelle folie les a conduit là ? » demanda Gimli.

Même si j'étais d'accord avec le nain, il n'en restait pas moins que nos amis étaient en vie. Je préférais les savoir perdu en ses bois, que gisant dans le brasier derrière nous. Je me devais de les sauver, et ce n'était pas quelques contes d'horreur qui allaient m'arrêter.

- « Peu importe. Je ne les laisserai pas mourir là-dedans. » lançais-je en entrant sans les attendre.

Au vu des branches qui craquaient au sol dans mon dos, ils avaient décidé de me suivre.

Nous étions dans la forêt depuis un peu plus de dix minutes quand nous trouvâmes enfin quelques indices du passage des Hobbits.

- « Du sang d'orque. » nous informa Gimli.

Nous continuâmes à avancer, suivant les indices.

- « Ces traces sont étranges. » continua Aragorn en s'accroupissant pour mieux les étudier.

En effet, elles étaient gigantesques, bien trop grandes pour appartenir à nos amis. Je regardais autour de moi, tendue. Les légendes parlaient d'arbres capables de se déplacer et de parler. Se pourrait-il qu'elles appartiennent à l'un d'entre eux ?

- « Je sens que l'air est lourd ici. » nous avoua le nain.

Il n'avait pas tord. L'atmosphère était chargée d'animosité.

- « Vous n'êtes pas le seul. » soufflais-je avec appréhension.

- « Cette forêt est veille. Très vielle. Pleine de souvenirs… et de colère. » commença Legolas en regardant autour de nous.

Comme pour lui donner raison, des grondements sourds s'élevèrent dans l'air. Gimli prit peur et brandit sa hache pour se protéger. Les bruits redoublèrent d'intensité. Ce n'était pas très intelligent de menacer une forêt vivante et en colère.

- « Les arbres se parlent entre eux. » indiqua Legolas, tout aussi surpris que nous.

- « Gimli ! Abaissez votre hache. » demanda Aragorn en chuchotant.

Le nain obéit, commençant à comprendre que son geste n'était pas le plus judicieux.

- « Ils ont des sentiments mon ami, et cela grâce aux elfes. Ils ont réveillé les arbres et leur ont appris à parler. » lui expliqua Legolas avec douceur, admiratif du talent de nos congénères.

- « Des arbres qui parlent. Et les arbres de quoi est ce que ça parle, hein ?! A part de la consistance des crottes d'écureuil. » râla Gimli en regardant autour de lui, méfiant.

Je souris face à la réplique de mon ami. Il lui était apparemment difficile de comprendre le lien des elfes à la nature. On ne pouvait lui en vouloir, sachant que les siens préféraient l'obscurité d'une mine à la lueur d'un soleil flamboyant ou d'une nuit étoilée.

Nous continuâmes à avancer, restant sur nos gardes, attentif au moindre bruits. Les sens en éveil, il me fut difficile d'ignorer l'apparition d'une aura particulièrement puissante. Je me tendis en réalisant à qui elle appartenait. Une magie aussi puissante ne pouvait venir que de lui.

Legolas me lança un regard entendu. Lui aussi savait.

- « Aragorn, il y a quelque chose là bas. » indiqua-t-il à mon ami, tandis que nous nous dirigions tout deux, là où l'Istari semblait se cacher.

- « Que voyez-vous ? » nous demanda-t-il, surpris.

- « Le Magicien Blanc approche. » murmura l'elfe.

- « Il arrive par l'arrière. » chuchotais-je à mon tour.

- « Ne le laissons pas parler, il nous jetterait un mauvais sort. » indiqua notre ami, tout aussi silencieusement.

A ces mots, il posa la main sur son épée, prêt à la sortir de son fourreau. Legolas arma son arc, tandis que j'attrapais mes dagues.

- « Il faut faire vite. » reprit-il, prêt à attaquer.

Nous nous retournâmes et une lumière vive nous aveugla. Gimli lança sa hache qui alla se briser contre le bâton du magicien. Legolas tira à son tour, et sa flèche subit le même sort. Quant à moi et Aragorn, nous ne pûmes faire le moindre geste car nos lames se mirent à chauffer, brûlant douloureusement nos mains. Nous les jetâmes à terre, un rictus de souffrance sur le visage.

- « Vous êtes sur les traces de deux jeunes Hobbits. » clama d'une voix forte le magicien.

Son visage nous était toujours caché par la lumière qu'il semblait dégagé.

- « Où sont-ils ? » demanda vivement Aragorn.

- « Ils sont passés par ici avant hier. Ils ont fait une rencontre à laquelle ils ne s'attendaient pas. Est-ce que cela vous rassure ? » demanda l'Istari.

- « Pas vraiment. » ne pus-je m'empêcher de déclarer, amère.

Je me frottais toujours les mains, tentant en vain de faire passer la sensation de brûlure. S'il s'agissait bien de Saroumane, je ne comprenais pas pourquoi il faisait tant de mystère. Je l'avais plutôt imaginé du genre à nous tuer sans ménagements.

- « Qui êtes-vous ? Montrez-vous ! » ordonna Aragorn, semblant également douter de l'identité de l'inconnu.

Le magicien s'avança vers nous, sortant ainsi de la lumière, et son visage nous apparu. Ma colère s'effondra d'un seul coup, pour laisser place à l'incompréhension.

- « Cela ne se peut. » souffla mon ami, n'y croyant pas.

Gandalf se tenait devant nous, tout de blanc vêtu. Les larmes me montèrent aux yeux, tandis que la scène de sa mort se rejouait dans mon esprit.

- « Pardonnez-moi. Je vous ai pris pour Saroumane. » s'excusa Legolas en s'agenouillant suivit de Gimli.

- « Je suis Saroumane. Ou plutôt Saroumane tel qu'il aurait dû être. » indiqua mithrandir.

- « Vous êtes tombé. » insista Aragorn douloureusement.

- « A travers le feu et l'eau. Du plus profond cachot au plus haut sommet, je combattis le Balrog de Morgoth. Jusqu'à ce qu'enfin, je puisse jeter à bas mon ennemi qui alla se briser sur le flanc de la montagne. Les ténèbres m'entourèrent. Et je m'égarais hors de la pensée du temps. Les étoiles tournaient au-dessus de moi et chaque jour était aussi long qu'une existence sur la terre. Mais ce n'était pas la fin. Je sentis la vie revenir en moi. Je fus renvoyé jusqu'à ce que ma tâche soit accomplie. » nous expliqua-t-il, gravement.

N'y tenant plus, je me jetais dans ses bras, trop heureuse de le retrouver. Il se mit à rire et me rendit mon étreinte.

- « Quel accueil chaleureux ! » s'exclama-t-il.

- « Je suis heureuse de vous savoir revenu. Vous n'imaginez pas à quel point vous nous avez manqué. » lui indiquais-je en reculant, le sourire au lèvres.

- « Gandalf... » lança Aragorn avec soulagement, s'autorisant enfin à faire confiance à ses yeux.

- « Gandalf ? Oui… C'est ainsi que l'on m'appelait. Gandalf Le Gris. C'était mon nom. » se remémora la magicien, un sourire flottant sur ses lèvres.

- « Gandalf ! » confirma Gimli avec un regard ému.

- « Je suis Gandalf Le Blanc. Et je reviens vers vous en ce moment décisif. » nous informa-t-il alors. « Heldaria, pourrais-je vous emprunter votre cape ? » me demanda-t-il en tournant son regard vers moi.

- « Bien sûr. Tenez. » répondis-je en la lui tendant.

- « Saroumane ne sait pas que je suis devenu plus puissant. L'effet de surprise sera à notre avantage. » nous informa-t-il avant de se couvrir de l'étoffe elfique.

Il commença ensuite à avancer, nous intimant silencieusement de le suivre.

- « Une étape de votre voyage est terminée, une autre commence. Nous devons aller à Edoras à grande allure. » expliqua-t-il ensuite.

- « Edoras ? C'est pas tout à coté ! » râla Gimli comme à son habitude.

- « Nous savons qu'il y a la guerre au Rohan, et que le Roi va mal. » indiqua Aragorn, en ignorant le nain.

- « Oui, et il ne sera pas aisé de le guérir ! » lui répondit Mithrandir.

- « Alors on a couru tout le long du chemin pour rien ! Allons-nous laisser ces pauvres Hobbits ici dans cet horrible, sombre et humide endroit infecté d'arbres ? » continua notre ami nain, dans son coin.

A ces paroles, les arbres recommencèrent à gronder et Gimli ne sembla plus si sûr de lui.

- « Je veux dire charmante, très charmante forêt… » se reprit-il.

- « Ce fut plus qu'un simple hasard qui amena Merry et Pippin à Fangorn. Un grand pouvoir est endormi ici depuis de grandes années. L'arrivée de Merry et Pippin sera un peu comme la chute de petites pierres qui déclenche une avalanche dans les montagnes. » expliqua Gandalf, répondant ainsi aux inquiétudes du nain.

- « Il est un point sur lequel vous n'avez pas changé, cher ami. » lui chuchota Aragorn, et devant l'air interrogateur de Gandalf il continua. « Vous parlez toujours pas énigmes. »

Les deux hommes rirent puis Gandalf tourna son regard vers le ciel.

- « Une chose est sur le point de se produire, qui n'est pas arrivée depuis les jours anciens. Les Ents vont se réveiller et découvrir qu'ils sont forts. »

- « Forts ? Hum c'est bien. » commenta Gimli, peu rassuré.

- « Arrêtez de geindre Maître Nain. Merry et Pippin sont en sécurité, en fait ils le sont bien plus que vous n'allait l'être. » le réprimanda Gandalf, en reprenant sa route.

- « Ce nouveau Gandalf est bien plus bougon que l'ancien. » gronda Gimli.

Je lui donnais une tape amicale dans le dos avant de suivre nos autres compagnons. Nous continuâmes à marcher dans le silence jusqu'à la sortie de la forêt où nous retrouvâmes nos chevaux. Je caressais l'encolure d'Arod qui souffla de plaisir.

Gandalf se mit à siffler fortement, attirant notre attention à tous. Un hennissement se fit entendre et un cheval blanc arriva au galop. Il était majestueux, si bien de par sa beauté et son allure que de par l'aura qu'il dégageait. Je voyais ses puissants muscles se contracter au rythme de sa course et rouler sous sa peau. Je n'avais jamais vu une robe aussi pure, elle était complètement immaculée et presque aussi brillante que la lune elle-même.

- « C'est un des Mearas, à moins que mes yeux soient abusés par quelque sorcellerie. » indiqua Legolas, tout aussi émerveillé.

- « Gripoil. C'est le Seigneur de tous les chevaux et ce fut mon ami lors de maints dangers. » nous expliqua Gandalf, en le caressant avec douceur.

Je m'inclinais légèrement devant le cheval, accompagnée de tous mes compagnons. Après tout, c'était un seigneur.

Après que Gris poil nous eut été présenté, nous reprîmes la route jusqu'à la tombé de la nuit. A présent, nous étions installés sur notre campement de fortune, Legolas, Gimli et Aragorn dormant déjà profondément.

- « Vous devriez vous reposer, Heldaria. » me conseilla Gandalf, qui avait décidé de prendre le tour de garde.

- « Je n'y parviens pas. » répondis-je en me levant pour le rejoindre.

- « Cenya hante votre esprit, n'est-ce pas ? » me demanda-t-il.

Je tournais ma tête vers lui, surprise. Il savait ?!

- « Les valar m'ont fait part de votre quête. C'est une bonne chose que l'anneau vous ai choisit. » répondit-il à ma question muette.

- « Je n'en suis pas si sûre. » avouais-je dans un murmure.

- « Pourquoi avez-vous si peu foi en vos capacités ? » me demanda-t-il, intrigué.

- « Comment pourrai-je protéger un anneau de pouvoir alors que j'arrive à peine à rester en vie ?! Sans Legolas, je serai déjà dans les cavernes de Mandos à l'heure qu'il est. » répliquais-je, abattue.

- « Personne ne peut survivre seul face à de tels dangers. Ce n'est pas totalement un hasard, si notre cher elfe a été mit sur votre chemin. » me lança-t-il, un sourire malicieux au lèvres.

Je fronçais les sourcils, ne comprenant pas où il voulait en venir.

- « Que voulez vous dire? »

- « Le destin fait bien les choses. Il est dans sa nature de chercher à vous protéger, il ne peut se permettre de subir votre perte. » me répondit-il, toujours aussi amusé.

- « Mithrandir, vos mots n'ont aucun sens à mes oreilles. » lui indiquais-je, déboussolée.

- « Oh, ils en ont. Cependant, vous ne semblez pas encore prêtre à l'accepter. » répliqua-t-il avec douceur.

Il posa sur moi un regard attendri, tandis que je me murais dans le silence. Ses paroles avaient un sens, mais je me refusais de m'en laisser porter. Il avait beau être un Istari, il n'avait pas le pouvoir de lire le cœur d'autrui.

- « Gardez cette quête secrète jusqu'à la fin. Si Sauron apprend l'existence de l'anneau, il ne permettra pas que vous viviez. » m'avoua Gandalf.

- « Je n'en ai encore parlé à personne. Je ne veux pas leur donner de faux espoirs. » répondis-je en jetant un coup d'œil à nos amis. « Je ne suis pas un danger pour Sauron. Pourquoi chercherai-t-il à me tuer ? » demandais-je ensuite.

- « Il commence à douter. La venue d'Aragorn l'effraie et il commence à comprendre que sa guerre n'est pas encore gagnée. Même dans la mort, il voudra porter un coup fatidique à la Terre du Milieu. Il voudra emporter les elfes dans sa défaite. Vous êtes l'unique espoir de leur survie en ces terres, l'anneau ne choisira pas d'autre gardien. » m'expliqua-t-il gravement.

- « Eh bien… Voilà qui est encourageant... » murmurais-je, en me sentant de plus en plus angoissée.

- « Vous réussirez, Heldaria. J'ai une totale confiance en vous. »