Oui... Je sais. Je n'ai pas posté depuis un moment. Toutes mes excuses ! J'ai eu bien trop de boulot ces derniers temps. Entre les partiels, mon service sanitaire (je suis étudiante infirmière) et le stage qui approche, je n'ai pas vraiment eu la tête à me plonger dans le seigneur des anneaux. Non pas que l'envie me manquait, mais je me connais assez bien pour savoir que je n'aurai eu que ça en tête. M'enfin, je reviens avec un nouveau chapitre et je jure qu'il y en aura un la semaine prochaine !
Ce sera toujours aussi compliqué pour moi d'écrire dans les semaines qui vont suivre, mais je n'abandonnerai pas cette histoire. Je vais essayer de me motiver un peu plus et de trouver du temps à consacrer à mes chapitres.
Bref, profitez bien de votre lecture et n'hésitez pas à donner votre avis, si avis il y a !
Terre du Milieu, Rohan, quelques part dans les plaines du pays des chevaux.
- « Heldaria, réveille-toi. Nous allons lever le camp. » murmura Aragorn, en me caressant la joue.
J'ouvris les yeux, l'esprit encore embrumé. Je n'avais pas beaucoup dormi et la fatigue se faisait sentir. Après ma discussion avec le magicien, j'étais partie m'allonger, mais le sommeil avait tardé.
- « Tu as mauvaise mine. » m'informa mon ami en fronçant les sourcils.
- « J'ai mal dormi, ce n'est rien. » le rassurais-je, en frottant mes yeux.
Il acquiesça et m'aida à me mettre debout. Je m'étirais longuement avant de commencer à ranger mes affaires. Legolas vint m'apporter du lembas et demanda de mes nouvelles. Nous discutâmes quelques instants, puis nous dûmes remonter en selle.
Une heure plus tard, nous pûmes enfin apercevoir la cité. Elle était située sur une colline rocheuse. Les maisons étaient dispersées un peu partout et au sommet se dressait la demeure du Roi. Le palais ne paressait pas bien somptueux de là où nous étions.
- « Edoras, et le château d'or de Meduseld. C'est là que réside Théoden, le roi du Rohan, dont l'esprit a été vaincu. Prenez garde à ce que vous dîtes, nous ne sommes pas les bienvenus. » nous informa le magicien, avant de repartir au galop.
Nous arrivâmes une vingtaine de minutes plus tard devant les portes de la ville. Lorsque nous les passâmes, la morbidité et la tristesse des lieux me frappa. Les habitants étaient tous vêtus de noir semblant porter le deuil, leurs visages exprimaient douleur, peine, peur et colère. Chacun nous dévisagea avec méfiance. Un silence de mort régnait, seulement briser par le bruit du vent.
- « Eh bien, c'est plus gai dans un cimetière. » commenta Gimli avec son légendaire tact, mais il n'avait pas tort.
Nous atteignîmes les portes du château en quelques minutes. Nos chevaux furent amenés aux écuries par des valets et nous montâmes le grand escalier. Plusieurs gardes se présentèrent à nous.
- « Vous ne pouvez pas voir le Roi ainsi armé, Gandalf Maison Grise, par ordre de Grima Langue de Serpent. » annonça celui qui était en tête, avec une mine de dégoût à la prononciation des derniers mots.
Gandalf acquiesça et nous fit signe d'obéir. Un des gardes s'avança vers moi en me dévisageant.
- « Qu'y a-t-il ? » demandais-je, légèrement agacée.
- « Vous êtes armée. » me répondit-il simplement.
- « Et alors ? Vos femmes, n'ont-elles pas d'armes pour se défendre ?! » demandais-je, exaspérée par sa remarque.
- « Si, mais elles ne les sortent qu'en cas de danger. Elles n'ont pas le droit d'aller à la guerre. » répliqua-t-il avec dédain.
- « Eh bien, chez les elfes, c'est différent. Alors arrêtez de prendre cet air ahuri et tendez vos bras ! » grondais-je durement.
Il obéit et j'y déposais mon arc, mon carquois et mes épées. Il commença à reculer.
- « Je n'ai pas fini. » lui indiquais-je en sortant mes dagues.
Il me dévisagea à nouveau, avec un air désapprobateur. Si je n'avais pas un semblant de diplomatie, je lui aurais mis mon genou entre les jambes. S'il y avait bien un comportement qui me mettait hors de moi, c'était la façon que les hommes avaient de traiter les femmes.
Je sentis la main d'Aragorn se placer dans mon dos. Je tournais mon regard vers lui et lui fis un sourire pour lui indiquer que tout aller bien. Je ne m'abaisserai pas à mutiler cet idiot, il ne méritait pas mon attention.
- « Votre bâton. » demanda le porte-parole à Gandalf, sans grande conviction.
- « Oh, vous n'allez pas priver un vieillard de son appui, hum ? » demanda le magicien en se courbant légèrement.
Gandalf était rusé, c'était certain. Le garde acquiesça et nous fit signe de le suivre. Nous entrâmes dans le château, Mithrandir faisant mine d'être fatigué, s'aidant de son bâton d'un côté et de Legolas de l'autre. L'air était froid et avait une odeur de mort. Tout à l'intérieur était sombre et triste, cette demeure semblait avoir tout perdu de sa vivacité et de sa joie de vivre.
Les portes se refermèrent dans notre dos, me donnant le sentiment d'être emprisonnée. Nous continuâmes tout de même notre chemin, avançant de plus en plus vers le trône. L'homme qui y était assis semblait très vieux, ses cheveux étaient blancs, sa peau ridée et ses yeux voilés.
A ses côtés, un homme à l'allure répugnante lui soufflait quelques mots. Ce dernier avait le teint blafard, de longs cheveux gras et noirs encadraient son visage. Nul doute, il s'agissait de Grima.
- « La courtoisie de votre demeure a quelque peu diminué ces temps-ci, Roi Théoden. » commença Gandalf toujours en avançant.
- « Il n'est pas le bienvenu. » souffla Grima à l'oreille du souverain.
- « Pourquoi vous ferai-je bon accueil, Gandalf, corbeau de tempête ? » répondit le Roi qui semblait très faible.
- « Question très pertinente, mon suzerain. » affirma Grima avant de se lever. « L'heure est tardive où ce magicien choisi de réapparaître. Mauvaises nouvelles comme je le nomme, car ces nouvelles font mauvais hôte. » continua t-il s'approchant de Gandalf.
A notre droite, j'aperçus un groupe d'hommes avancer à notre allure. Ils nous fixaient avec avidité et appréhension, attendant le meilleur moment pour nous sauter dessus.
- « Fait silence, garde ta langue fourchue derrière tes dents ! Je n'ai pas passé par le feu et la mort pour échanger des paroles malhonnêtes avec un vil serpent. ». gronda le magicien avant de lui montrer son bâton.
La réaction de l'homme ne se fit pas attendre. Il parut effrayé et ne tarda pas à le montrer.
- « Son bâton, je vous avez ordonné de lui prendre son bâton ! » s'exclama-t-il en reculant, apeuré.
Les hommes accoururent vers nous, poings serrés. Il était temps de casser quelques mâchoires.
- « Allons ma jolie, les femmes ne savent pas se bat… Ah ! » commença l'un d'eux avant de se prendre mon poing dans le nez.
Une sensation de bien-être traversa mon corps, me donnant des ailes. Cela faisait bien trop longtemps que je contenais ma colère, il était temps de la libérer, au moins un peu.
- « La prochaine fois, ferme là. » répondis-je en lui donnant un coup de pied bien placé.
Il s'écroula au sol en gémissant, me donnant l'occasion de m'occuper d'un autre de ses amis.
- « Théoden, fils de Thengel, depuis trop longtemps, vous êtes resté dans les ombres. » lança Gandalf en continuant d'avancer vers le roi.
Tandis que j'assenais un nouveau coup, envoyant un autre de ces hommes au sol, l'un d'eux vint par derrière et m'enserra la taille. Je lui donnais un coup de tête dans le nez, et il me lâcha. Je me tournais vers lui et ne lui laissant aucun répit, lui envoyait un coup de pied dans le ventre. Il alla valser contre un des piliers de la salle et s'écroula.
Je regardais autour de moi et m'aperçus qu'ils avaient tous été vaincus. Même Grima était hors d'état de nuire, fermement maintenu au sol par le pied de Gimli. Je vis Legolas me jeter un coup d'œil, rassuré. Les paroles du magicien me revinrent à l'esprit, mais je les repoussais. Ce n'était pas le moment de rêvasser.
- « Écoutez-moi ! Je vous libère de l'envoûtement. » continua Gandalf, une fois arrivé assez près du roi.
Ce dernier se mit à rire. On aurait dit un fou.
- « Vous n'avez aucun pouvoir ici, Gandalf Le Gris ! » répliqua Théoden.
Le magicien ôta alors la cape grise qui recouvrait ses vêtements, dévoilant sa blanche tenue qui irradiait d'une vive lueur. Le roi se colla à son trône, aveuglé.
- « Je vous aspirerais, Saroumane, comme on aspire le poison d'une plaie. » reprit le magicien, avec mépris.
Gandalf avança son bâton et le corps possédé du roi fut à nouveau projeté contre le dossier du trône. Une jeune femme blonde accourut et tenta de rejoindre le vieil homme, voulant le protéger. Aragorn lui attrapa le bras, l'empêchant d'aller plus loin. Elle se résigna à regarder la scène, les traits tirés par la peur.
- « Si je sors, Théoden meurt. » clama Saroumane à travers la bouche du vieillard.
- « Vous ne m'avez pas tué moi, alors vous ne le tuerez pas. » répondit Gandalf repoussant à nouveau le roi.
- « Le Rohan est à moi. » cracha le traître.
- « Partez. » ordonna Mithrandir avec fermeté.
Dans une ultime tentative le roi, ou plutôt Saroumane se jeta sur Gandalf, mais il fut rapidement stoppé par un énième sort du magicien. Le roi tomba en avant dans un gémissement et la jeune femme se défit de la prise d'Aragorn pour aller le soutenir.
En l'espace de quelques secondes, Théoden retrouva son apparence d'origine. Son visage se dérida gardant tout de même les marques de son âge réel, ses yeux retrouvèrent la lueur qui les habitait autrefois, et ses cheveux redevinrent blonds. Il fixa alors la jeune femme la bouche légèrement entrouverte.
- « Je connais ton visage, Éowyn ? Éowyn ! » souffla-t-il, soulagé.
Cette scène me fit sourire et me rendit nostalgique. Ma famille me manquait.
- « Gandalf ? » questionna-t-il en observant le magicien.
Il était visiblement étonné de le voir dans son palais.
- « Respirez à nouveau l'air libre, mon ami. » répondit simplement Mithrandir.
Le roi se releva avec l'aide de la jeune femme et regarda l'assemblée qui s'inclinait devant lui.
- « Sombres ont été mes rêves ces temps-ci. » avoua-t-il.
Il frotta ses mains et les observa, semblant les redécouvrir.
- « Vos doigts se souviendraient mieux de leur ancienne force s'ils empoignaient votre épée. » conseilla Gandalf.
Le garde qui nous avait accueillis apporta la lame du roi qui la sortit de son fourreau. Il la brandit et la regarda un moment avant de tourner des yeux emplis de haine vers Grima. Il ordonna à ses gardes de le jeter hors de son palais. Ces derniers lui obéir, et envoyèrent valser Grima au bas des escaliers qui menaient au palais.
- « Je n'ai jamais fait que vous servir, mon seigneur. » se défendit Grima en rampant pour échapper à Théoden qui s'approchait dangereusement.
- « Votre science médicale m'aurait réduit à marcher à quatre pattes comme une bête. » gronda le roi, fou de rage.
- « Laissez-moi rester à vos côtés. » supplia le serpent.
Le roi n'en fit rien et leva son épée. Il s'apprêta à l'abattre sur Grima, mais Aragorn retint son bras, à temps.
- « Non mon seigneur, non mon seigneur ! Laissez le partir. Trop de sang à déjà était versé à cause de lui. » demanda mon ami.
Je fronçais les sourcils, mécontente de son intervention. Je n'étais pas pour la violence, mais cet homme était un traître, l'épargner était dangereux. Qui sait ce qu'il allait faire une fois libre !
Aragorn tendit sa main à Grima pour l'aider à se relever. Pour toute réponse, il lui cracha dans la main avant de s'enfuir, bousculant les villageois sur son passage.
- « Salut à vous, Roi Théoden. » clama un paysan en s'agenouillant.
La foule qui s'était rassemblée devant le château en fit de même et je baissais la tête accompagnée de Legolas, Gimli et d'Eowyn, se trouvant à mes côtés.
Le roi se tourna vers le château, semblant chercher quelqu'un.
- « Où est Théodred ? Où est mon fils ? » demanda-t-il, inquiet.
Lorsqu'on lui annonça qu'il était mort, tué par un orque, le roi s'effondra à genoux le visage baigné de larmes.
Plus d'une heure s'était écoulée depuis que nous avions passé les portes d'Edoras. Le roi avait ordonné que l'enterrement de Théodred ait lieu en fin d'après-midi. Il avait également demandé à ce que l'on nous offre le confort qui nous était dû. C'est ainsi que je me retrouvais en compagnie de la jeune femme blonde.
- « Mon nom est Eowyn, votre altesse. Je suis la nièce de Théoden. » m'indiqua-t-elle.
- « Enchantée, ma Dame. Je vous en supplie, appelez moi Heldaria. J'ai horreur des formalités. » demandais-je en lui lançant un sourire.
- « Alors appelez-moi simplement Eowyn. » me répondit-elle à son tour. « Suivez-moi, je vais vous mener à mes appartements. Vous pourrez y prendre un bain. » m'indiqua-t-elle en commençant à marcher.
- « Valar, merci. Cela fait un bon moment, que j'en rêve. » soufflais-je, plus qu'heureuse.
La dame émit un rire, amusée par mon enthousiasme. Nous arrivâmes rapidement devant une grande porte en bois qu'elle déverrouilla avec une clef.
- « Avec Grima dans les parages, j'étais obligée de prendre quelques précautions. » m'avoua-t-elle avec un air de dégoût.
Je ne pouvais que la comprendre, cet homme était répugnant. Elle m'invita à entrer et ferma la porte derrière nous.
- « La salle de bain se trouve derrière cette porte. » m'indiqua-t-elle d'un signe de la main. « Tout est déjà prêt. J'ai, également, demandé à vous faire apporter une robe pour l'enterrement. »
- « Merci, votre générosité me touche. » la remerciais-je en inclinant la tête.
- « Il n'y a pas de quoi, c'est tout à fait normal. Je me préparerais ici, en attendant. Si vous avez besoin de quoi que ce soit, appelez moi. » me répondit-elle en s'inclinant à son tour.
J'acquiesçais avant de me diriger vers l'objet de mes désirs. Une fois la salle de bains close, je me déshabillais avec hâte, pressée de me plonger dans l'eau fumante de la baignoire. Un soupir de bien-être s'échappa de mes lèvres lorsque je pus enfin m'immerger. Je sentis mes muscles se détendre un à un et mes yeux se fermèrent. Je m'accordais quelques minutes de paix et de repos, amplement mérités. Ce ne fut qu'une fois l'eau refroidie, que je décidais de me savonner.
Enfin propre, je me levais pour sortir de la baignoire. Grelottante, je me dépêchais d'attraper une serviette, mais dans la précipitation, mes pieds glissèrent et je me retrouvais bien vite affalée au sol. Décidément, ma maladresse ne me quittait pas ces jours-ci.
- « Ahah ! Alors voici donc la légendaire habilité des elfes ! » pensais-je en me remémorant les paroles de Gimli.
Je me relevais gémissant légèrement. Un bleu était apparu sur ma cuisse. « Bien fait ! » me dis-je mentalement en souriant. Heureusement que personne n'avait été là pour voir cela.
- « Tout va bien, Heldaria ? J'ai entendu du bruit. » me demanda Eowyn, de l'inquiétude dans la voix.
- « Euh… Oui, oui. Ne vous en faites pas, tout va bien. » répondis-je en essayant de cacher ma gêne.
Je n'avais pas été aussi discrète que je le pensais. Je me relevais doucement, cette fois, et pris soin de me sécher convenablement. Je me dirigeais ensuite vers un tabouret sur lequel reposait une étoffe noire et des chaussures. Je les enfilais et me dirigeais vers le miroir non loin. La robe me tombait parfaitement, et sa couleur sombre faisait ressortir la pâleur de ma peau. Je n'avais pas pour habitude de porter du noir, mais pour un enterrement, c'était encore ce qui convenait le mieux.
Quand je sortis de la salle de bain, je trouvais Eowyn assise devant sa coiffeuse. Elle se brossait les cheveux, le visage triste. Quand elle me vit à travers le miroir, elle se tourna vers moi.
- « Cette robe vous va à ravir. » me complimenta-t-elle en souriant.
- « Merci, la vôtre vous sied parfaitement aussi. » répondis-je, sincèrement.
- « Merci. J'étais justement en train de chercher comment coiffer mes cheveux. Je me disais qu'en l'honneur de mon cousin, je me devais de faire quelque chose de spécial. Habituellement, je les garde lâchés. » me confia-t-elle.
- « Peut-être pourrais-je vous être utile. J'ai l'habitude de tresser les cheveux de mes sœurs. » proposais-je, ravie d'offrir mon aide.
- « Ce serait fantastique ! » s'exclama-t-elle avec joie.
Je m'approchais et attrapais la brosse tandis qu'elle se retourna vers son miroir.
- « Ma mère m'a dit un jour que si j'avais la chance de croiser le chemin d'un elfe, je serais émerveillée par la beauté de sa chevelure. Elle n'avait pas tort. Vos cheveux sont magnifiques » m'avoua-t-elle en souriant.
Je lui souriais en retour et la remerciais le rouge aux joues.
- « Les cheveux sont une partie de notre apparence que nous chérissons particulièrement. Votre compliment me va droit au cœur, Eowyn. » confiais-je, en lui lançant un regard bienveillant.
Il me fallut une vingtaine de minutes pour terminer sa coiffure, minutes que nous passâmes à discuter tranquillement. C'était une personne drôle et foncièrement gentille, qui avait connu bien trop de jours sombres.
…
La cérémonie de Théodred s'était terminée il y a quelques heures et nous étions maintenant dans la salle du trône, attablés devant un repas. Gandalf était partie rejoindre Théoden sur la tombe du Prince.
- « Vous ne mangez pas, Heldaria ?» me demanda le nain en lorgnant mon assiette.
- « Les enterrements me coupent l'appétit. Prenez ma part. » répondis-je en poussant mon plat vers lui.
Il avait déjà fini le sien depuis un moment, et sembla ravi que je lui donne ma part. Ce n'était pas le cas des deux autres, qui me lancèrent un regard réprobateur.
- « Quoi ?! Je ne vais pas me forcer ! » leur lançais-je, pour toute défense.
- « Eh bien, tu devrais ! » gronda Aragorn.
- « Vous n'avez avalé qu'un bout de lembas depuis ce matin. » ajouta Legolas, en fronçant les sourcils.
- « Ça suffit ! Vous n'êtes pas mes parents alors arrêtez vos sermons. » râlais-je, agacée.
- « On s'inquiète simplement pour toi, Heldaria. » répliqua Aragorn, en haussant le ton.
Les portes s'ouvrirent au même moment, laissant entrer Mithrandir et le roi suivis de deux gardes qui portaient deux enfants dans leurs bras.
- « Allez chercher ma nièce et faites apporter de la nourriture et des couvertures. » ordonna le roi à une servante.
Cette dernière acquiesça et partit faire ce qu'il lui était demandé. Je me levais et rejoignis les enfants, fuyant mes compagnons qui commençaient sérieusement à m'agacer. Même s'ils agissaient par pure amitié, je n'aimais pas être réprimandée. J'étais maladroite, mais je savais encore prendre soin de moi.
Eowyn accourut dans la salle, tandis que j'aidais les gardes à installer les enfants à une table. Elle me rejoignit et demanda à la servante de poser les plats devant les enfants. Je m'asseyais à côté du jeune garçon et passais ma main sur sa joue.
- « Bonsoir, mon nom est Heldaria. » me présentais-je tandis qu'il tournait son regard fatigué vers moi.
- « Bonsoir ma Dame, je m'appelle Eothain. » me répondit-il faiblement.
- « Ravi de faire ta connaissance. Est-ce ta sœur à tes côtés ? » demandais-je en lançant un regard à la petite fille dont s'occuper Eowyn.
Elle était blonde, tout comme lui et paraissait plus jeune. Il hocha la tête en signe d'approbation.
- « Elle s'appelle Frida. Nous avons fui notre village avec le cheval de mon père. » m'expliqua-t-il ensuite.
- « Pourquoi donc ? » demandais-je, intriguée.
- « Des hommes et des orques nous ont attaqué. Ma mère m'a demandé de venir ici pour donner l'alerte. » me répondit-il en tremblant légèrement.
Je passais ma main dans son dos, tentant de le rassurer. Eowyn me lança un regard attristé, ayant entendu les paroles du jeune garçon.
- « Vous êtes en sécurité désormais. Mangez à votre guise. » leur lançais-je d'un ton rassurant.
Il ne fallut pas le leur dire deux fois. Ils se jetèrent sur la soupe, affamés. Le roi s'installa lourdement sur son trône et Gandalf vint se placer à côté de lui.
- « Ils ont été surpris. Ils étaient désarmés. Aujourd'hui, des sauvages traversent l'Ouestfolde, brûlant tout sur leur passage : les arbres, le foin, les paillasses. » expliqua Eowyn en se relevant.
- « Où est maman ? » demanda la jeune fille, en s'arrêtant de manger.
La détresse dans ses yeux me fit mal au cœur. Ils étaient trop jeunes pour voir tant d'horreurs. Je lançais un regard à mes amis qui semblaient être du même avis, du moins Legolas et Aragorn, car Gimli était toujours en train de se régaler avec ma part, ne semblant pas porter grand intérêt au reste.
- « Ce n'est qu'un avant-goût de la terreur que Saroumane peut répandre. Toujours plus puissant, car il est mû à présent par la peur de Sauron. Chevauchez et attaquez-le de front. Éloignez-le de vos femmes et de vos enfants. Vous devez combattre. » conseilla vivement Gandalf en posant sa main sur l'un des accoudoirs du trône.
Théoden ne répondit rien, mais lança un regard sur la main du magicien, semblant surpris qu'il ose toucher son précieux siège.
- « Vous avez 2 000 hommes qui chevauchent vers le nord à l'heure où nous parlons. Éomer vous est loyal. Ses hommes vont revenir et se battront pour le Roi. » indiqua Aragorn.
Théoden se leva, agacé.
- « Ils doivent être à 300 lieux d'ici à présent. Éomer ne peut rien pour nous. Je sais ce que vous voulez de moi. Mais je ne ferais pas subir de nouvelles pertes à mon peuple. Je ne risquerais pas une guerre ouverte. » clama-t-il en se tournant vers le magicien qui s'était lui aussi avancé.
- « Elle est pourtant déclarée. Que vous le vouliez ou non ! » l'informa mon ami rôdeur, attirant les regards sur lui.
Cette remarque n'allait pas plaire à notre cher hôte.
- « Aux dernières nouvelles, c'était Théoden, et non Aragorn, le Roi du Rohan. » gronda ce dernier, confirmant mes pensées.
Je serrais les poings, n'appréciant pas vraiment que l'on s'adresse ainsi à mon ami.
- « Alors quelle est la décision du Roi ? » demanda Gandalf.
- « Nous partons nous réfugier au Gouffre de Helm. » répondit Théoden.
- « Le Gouffre ? Telle est votre solution ? » demandais-je soudain. « Quand les armées de Saroumane viendront à votre rencontre, comment allez-vous vous défendre ? En lançant des pierres ou en vous réfugiant dans les montagnes ? Vous cachez, vous conduira à la mort. » continuais-je avec sarcasme.
Tous me regardèrent, surpris. J'avais essayé de me retenir, mais sa candeur avait eu raison de moi. S'il pensait que se terrer derrière des murs de pierres était une décision avisée, il se mettait profondément le doigt dans l'œil.
- « Ces paroles sont inappropriées venant d'une elfe qui a passé sa vie en sécurité derrière une montagne. Vous osez critiquer ma décision alors que votre peuple à lui-même décidé de s'enfermer et de couper tout lien avec le reste de cette terre. Que connaissez-vous de la guerre et du malheur ? Vous vivez en paix depuis votre naissance, ignorant sans vergogne la souffrance des autres peuples ! Avez-vous seulement déjà vu vos hommes mourir devant vos yeux ?! Avez-vous seulement dû prendre des décisions importantes pour protéger les vôtres ?! Je ne crois pas ! » s'exclama-t-il avec colère.
- « Vous êtes outré par mes paroles, car vous les pensez sans valeur. Comment devrais-je réagir quand vous osez juger durement mon royaume sans n'avoir aucune connaissance de ce qu'il se cache derrière la montagne ? Que savez-vous de ce que j'ai vécu jusque-là ? Contrairement à ce que vous semblez croire, la paix n'a pas toujours bercé ma vie ou celle des miens. Au-delà de ces monts, qui semblent tant vous hanter, ne se cache pas un royaume à l'abri de toute menace. Nous avons aussi des ennemis et bien plus meurtriers que vous ne le serez jamais. Je connais la guerre et ses dégâts, sûrement bien mieux que vous. Alors ne vous tenez pas devant moi, en m'accusant d'orgueil quand vous ne savez pas de quoi vous parlez. Je ne cherche pas à vous nuire, mais à protéger ce qu'il reste des vôtres. Voilà la preuve que les Terres Éloignées n'ignorent pas la souffrance de votre peuple. » clamais-je en me levant, tout aussi énervée.
Les souvenirs douloureux de mes anciennes batailles revinrent hanter mon esprit. Le roi avait touché un point sensible. Un silence de plomb s'installa. Les enfants et Gimli avaient arrêté de manger et nous fixaient avec appréhension, tout comme les autres.
- « Peu importe. Je suis le Roi, et j'ai pris ma décision. Qu'elle vous plaise ou non, nous ferons selon ma volonté. » répliqua-t-il plus calmement en retournant sur son trône.
- « Ir ala tarluc ate. » murmurais-je en gnominé. (Si cela t'amuse.)
Sans attendre plus longtemps, je sortis de la salle. J'avais besoin d'air.
- « On ne peut pas dire que tu fais les choses à moitié. » entendis-je dans mon dos.
- « Aragorn… si tu viens pour me réprimander, tu peux retourner d'où tu viens. Je n'ai aucune envie de me disputer avec toi. » répliquais-je froidement.
- « Je ne vais pas te faire de reproches alors que tu t'es simplement défendue. » me répondit-il avec douceur.
Il vint se placer à mes côtés, en haut des escaliers extérieurs.
- « Je ne pensais pas que nous avions si mauvaise réputation... » soufflais-je avec tristesse.
- « Les hommes n'ont pas l'âge, la sagesse et les connaissances suffisantes pour comprendre les enjeux qui poussent les elfes à agir. Il ne déteste pas ton royaume, il en a peur. Il a entendu parlé de sa puissance, mais n'a eu aucune occasion de la voir. Pour lui, tu n'es qu'un mirage venu du Nord. Messagère d'un peuple dont il ne peut imaginer la grandeur. La seule arme qu'il possède contre toi, c'est la parole. » me lança-t-il avec compassion.
Il avait raison. Depuis 1500 ans, nous étions séparés du reste des peuples libres de la Terre du Milieu. Sans ma soif d'aventures, je n'aurai probablement jamais mis les pieds à l'extérieur de nos contrées. Je ne pouvais demander à Théoden de m'accorder sa confiance alors qu'il ne connaissait rien des Terres Éloignées. Cependant, mes paroles n'avaient rien de malhonnêtes.
- « Je comprends ce que tu dis, et je suis d'accord. Mais je n'irai certainement pas m'excuser. Même si mes mots ont d'abord été prononcés avec sarcasme, je n'ai pas mérité telle agression. Je ne me suis pas placée en ennemie. » répliquais-je en tournant mon regard vers l'horizon.
Il acquiesça et un silence paisible s'installa, tandis que nous admirions la voûte étoilée. Le Rohan était un très beau royaume.
- « Heldaria, vous êtes mon idole ! » s'exclama la voix de Gimli dans notre dos.
Nous nous tournâmes surpris et découvrîmes le nain, Legolas et le magicien qui venaient vers nous.
- « Vous, il ne faut pas vous embêter, héhé ! Ça se voit que vous côtoyez des nains ! » continua-t-il, riant de sa voix forte.
Sa bonne humeur était si contagieuse que nous le rejoignîmes tous.
- « Quelle était cette langue que vous avez utilisée ? » me demanda Legolas, intrigué, une fois que nous fûmes calmés.
- « Du gnominé, la langue des gnomes. Peu de personnes la maîtrisent alors j'ai pris l'habitude de l'utiliser pour jurer. » répondis-je d'un regard malicieux.
Le lendemain matin, Théoden avait fait part de sa décision à son peuple. Tous se préparaient en hâte, emportant avec eux le strict nécessaire. Ils s'attendaient sûrement à revenir bientôt.
- « Le Gouffre de Helm, ils fuient dans les montagnes alors qu'ils devraient rester et se battre. Qui les défendra si ce n'est leur roi ? » rouspéta Gimli tandis que nous nous rendions dans les écuries.
- « Il fait ce qu'il croit être le mieux pour son peuple. Le Gouffre de Helm les a sauvés par le passé. » le défendit Aragorn.
- « Ce n'était pas dans les mêmes conditions. Ils ne peuvent rester là-bas éternellement. » répliquais-je.
- « Il n'y a aucun moyen de sortir de ce ravin. Heldaria a raison, Théoden fonce dans un piège. Il croit les mettre en sécurité alors qu'ils vont droit au massacre. Théoden a une volonté de fer, mais j'ai peur pour lui. J'ai peur pour la survie du Rohan. Il aura besoin de vous avant la fin, Aragorn. Le peuple du Rohan aura besoin de vous. Leurs défenses doivent tenir. » annonça Gandalf en rentrant dans le boxe de Gris Poil.
- « Elles tiendront. » assura mon ami.
- « Le Pèlerin Gris... c'est ainsi qu'ils m'appelaient. Depuis 300 vies d'hommes, je foule cette terre et aujourd'hui, le temps me manque. Avec de la chance, ma quête ne sera pas vaine. Attendez ma venue aux lueurs du cinquième jour. A l'aube, regardez à l'est. » nous informa Mithrandir en grimpant sur Gris Poil.
- « Partez. » lui lança Aragorn, lui assurant qu'il ferait le nécessaire.
Gandalf talonna sa monture et ils passèrent à toute allure devant nous. Aragorn se rapprocha de nous.
- « Nous devrions aller nous préparer. » conseilla-t-il.
- « Bonne idée, je ne compte pas rester en robe. » avouais-je en lançant un regard à ma tenue.
- « Tu devrais, ça te va bien ! » me lança-t-il avec un clin d'œil.
- « C'est cela, et lorsque l'un de ces orcs viendra m'attaquer, je me prendrai les pieds dans les tissus et m'affalerai par terre. » répondis je en rigolant.
Je remontais vers le château en vitesse, et je cherchais Eowyn pour qu'elle m'indique où je pouvais trouver mes affaires. Elle m'envoya dans sa chambre où je pus récupérer ma tenue de voyage propre ainsi que mes armes. Je vérifiais ces dernières sous tous les angles, me jurant de m'en prendre à l'homme d'hier si elles se trouvaient abîmées. Une chance pour lui, il n'y avait pas la moindre égratignure.
Une fois, armée, habillée et coiffée, je retrouvais Aragorn aux écuries.
- « Ah ! Te voilà enfin ! Il faut que nous préparions nos montures. » m'indiqua-t-il en caressant Arod.
- « J'imagine que nous allons devoir chevaucher ensemble...» lançais-je en fronçant les sourcils.
Mon ami me regarda, étonné.
- « Tu n'aimes pas être avec moi ? » me demanda-t-il.
- « Ce n'est pas ça. C'est juste que c'est inconfortable de chevaucher à deux sur ces selles. » répondis-je en haussant les épaules.
- « Inconfortable ? » répéta-t-il en souriant, amusé.
- « Oui. J'ai mal aux fesses quand je reste assise là-dessus trop longtemps. » répondis-je en lançant un coup d'œil vers les selles.
- « Désolé pour ton royal postérieur mais nous n'avons pas le choix. »
Mon ami se mit à rire avant de m'ébouriffer les cheveux.
- « Aragorn ! Arrête de faire ça. » râlais-je en lui frappant gentiment l'épaule.
Il partit chercher notre équipement quand des hennissements se firent entendre. Je me tournais et regardais la scène. Un cheval était retenu par deux hommes qui tiraient sur les longes pour essayer de la calmer, mais cela ne fonctionnait pas, car il n'arrêtait pas de se cabrer.
Aragorn me donna les affaires et s'approcha.
- « Ce cheval est à moitié fou, mon seigneur. Vous n'en tirerez rien, laissez-le. » lança un soldat non loin.
Il ne prit pas en compte ce conseil et continua à s'approcher. Il prononça des mots en elfique tentant de le calmer et pris la place de l'un des hommes. Le cheval s'apaisa petit à petit. Il lui enleva sa longe.
- « Ola ! Du calme... Comment t'appelles t'on ? » demanda-t-il doucement.
- « Il s'appelle Arod. C'était le cheval de mon cousin. » répondit Eowyn qui regardait la scène depuis le début.
- « Arod ? Tu as un nom de roi. » informa Aragorn.
Je rentrais dans le box de notre cheval et commençais à le préparer. Ce n'était pas poli d'écouter une conversation en douce, je préférais m'éclipser.
- « Salut mon grand, je sais que tu n'as pas eu beaucoup de temps pour te reposer, mais on va devoir repartir. » dis-je à Arod qui m'accueillit avec joie.
Aragorn ne tarda pas à venir m'aider et nous sortîmes des écuries, une dizaine de minutes plus tard.
- « Savez-vous quand nous partons ? » demandais-je à Legolas et Gimli qui attendaient auprès d'Hasufel.
- « Dès que le roi arrivera, il leur reste encore des affaires à prendre. » me répondit l'elfe.
- « Je vais aller voir où ils en sont. » annonça Aragorn en prenant la direction de la salle du trône.
- « Bon eh bien il n'y a plus qu'à attendre. » dis je en m'assaillant sur un rocher non loin.
Mes deux amis vinrent me rejoindre et nous regardâmes le paysage. J'avais un mauvais pressentiment et j'avais beau essayer, je n'arrivais pas à le faire disparaître. Ce départ était une très mauvaise idée.
- « Ça va aller. » me chuchota Legolas en glissant sa main dans la mienne.
Pour toute réponse, je lui offris un sourire forcé et je serrais ses doigts nerveusement. Espérons.
Cela faisait environ trois heures que nous avancions vers le Gouffre. J'étais toujours en compagnie d'Aragorn qui m'avait gentiment laissé m'asseoir devant lui, pour plus de confort. Legolas avait laissé Gimli en compagnie d'Eowyn, qui marchait devant nous la bride de son cheval à la main et le nain dessus. L'elfe était parti au-devant du cortège, voulant surveiller les alentours.
- « En effet, on ne voit que peu de femmes nains. Et en réalité, elles sont si proches au niveau de la voix et de l'apparence -ah ah ah- qu'on les confond souvent avec les hommes nains. » clama Gimli du haut de sa monture.
Eowyn se tourna vers nous, un sourire amusé aux lèvres.
- « C'est la barbe. » lui signala discrètement Aragorn, la faisant glousser un peu plus.
Je secouais la tête en riant à mon tour.
- « Et cet état de fait a donné naissance à une rumeur qui dit qu'il n'y a pas de femme nain. Et que les nains jaillissent des trous qu'il y a dans le sol. -AhAhAH – Ce qui, naturellement, est ridicule. Demandez à Helda -OOOh AAaaaah » continua le nain avant que le cheval d'Eowyn ne s'emballe et ne le fasse tomber un peu plus loin.
Sa chute fit rire toute les personnes présentes. La Dame courut aider le nain qui gigotait pour se relever.
- « Gimli est un bien piètre cavalier ! » m'exclamais-je avant de masser mes joues endolories.
Je n'avais pas autant ris depuis mon petit jeu avec Elrohir et Elladan.
- « Je n'ai pas vu ma nièce sourire depuis longtemps. » nous avoua Theoden, avançant à côté de nous. « C'était une enfant lorsqu'ils ont ramené son père mort, terrassé par les orques. Elle a vu sa mère succomber à son chagrin. Puis elle est restée seule, veillant sur son roi dans la peur grandissante. Condamnée à présenter ses respects à un vieil homme, qui aurait dû l'aimer comme un père. » continua-t-il avec tristesse.
Nos sourires avaient désormais disparu et nos regards s'étaient portés sur la nièce du roi. Sa vie n'avait pas été emplie de lumière et malgré tout, elle était restée forte. Je l'admirais pour cela.
- « Elle sait que vous l'aimez, autrement, elle ne prendrait pas tant soin de vous. Vous êtes sa famille, bien avant d'être son roi. » confessais-je à Théoden, en lui lançant un regard bienveillant.
Il ne répondit rien, mais un léger sourire apparu sur ses lèvres, contrastant avec ses yeux humides.
Une heure avant la tombée de la nuit, le roi ordonna que l'on s'arrête et qu'un camp soit monté. En moins d'une dizaines de minutes, les couches avaient été installées et les marmites de chacun bouillonnaient vivement.
- « Je commence à avoir faim. » dis-je en massant mon ventre.
Aragorn cessa d'aiguiser son épée et chercha dans ses affaires.
- « Je n'ai plus de pain elfique. » m'informa-t-il finalement en me lançant un regard désolé.
- « Legolas en aura peut être. » espérais-je.
Je me levais en vitesse et m'éloignais pour trouver notre ami elfe. Je l'aperçus rapidement, assis sur un rocher, légèrement éloigné de la foule.
- « Heldaria ! J'ai essayé de faire du ragoût, en voulez-vous ? » me demanda Eowyn qui venait d'apparaître dans mon champ de vision.
Je me concentrais sur la jeune femme qui me lança un sourire radieux. Mes yeux se posèrent ensuite sur la marmite qu'elle tenait dans ses mains et une odeur nauséabonde vint m'attaquer les narines. Je retenais une grimace de dégoût et tentais tant bien que mal de lui sourire en retour.
- « Euh… Non, merci. C'est très gentil à vous, mais je n'ai pas très faim. Le pain elfique est très consistant. » répondis-je en croisant les doigts pour que mon estomac ne se manifeste pas.
- « La prochaine fois alors ?! » me lança-t-elle, joyeusement.
- « Bien sûr ! » répondis-je simplement, sur le même ton.
Elle s'éloigna ensuite, et je pus me permettre de respirer à nouveau convenablement. Eowyn avait beaucoup de qualités, mais la cuisine n'en faisait apparemment pas partie. Je repris ma route et rejoignis Legolas, rapidement.
- « Je vous trouve bien distant, aujourd'hui. » lançais-je une fois à sa hauteur.
Il leva ses yeux vers moi et m'invita à m'asseoir à ses côtés, en tapotant la pierre.
- « J'aime bien être seul de temps en temps. Ça me permet de me recentrer sur moi-même et de réfléchir. » me confia-t-il en souriant.
- « Je comprends, ça m'arrive aussi. Je peux vous laisser si vous le souhaitez. » proposais-je, ne voulant pas le déranger.
- « Non, non. Restez. J'aime bien vous avoir à mes côtés. » m'avoua-t-il en me lançant un regard étrange.
Bien que je fus d'abord surprise par ses paroles, j'en fus très flattée. Ce n'était plus un secret désormais, Legolas avait réussi à avoir mon cœur. Savoir qu'il appréciait ma compagnie me ravissait au plus haut point.
- « Vous êtes belle quand vous rougissez. » me lança-t-il après quelques secondes.
Je rivais mes yeux aux siens pour voir s'il était sérieux et il me fit un clin d'œil. Bien évidemment, mes joues chauffèrent un peu plus.
- « Seulement quand je rougis ? » demandais-je malicieusement, une fois la gêne passée.
- « Vous savez bien que non. » me répondit-il en riant.
- « Comment pourrai-je le savoir ? La beauté est subjective, elle varie en fonction de chacun. Les humains disent que tous les elfes sont beaux, car notre physique est supérieur à leur norme. Quand est-il de ce que les elfes pensent de leurs semblables ? Après tout, notre norme à nous est différente de la leur. Certains me trouvent belle, mais peut-être que ce ne sera pas le cas pour d'autres. » répliquais-je.
Legolas me lança un regard étonné puis se mit à rire, franchement.
- « Ne pouvez-vous pas accepter un compliment comme tout le monde ?! Vous êtes belle et ce peu importe la subjectivité de la beauté, Heldaria. Je défis quiconque de trouver quelqu'un qui dira le contraire. » me lança-t-il une fois son fou rire calmé.
- « Je n'aime pas les compliments, je ne sais jamais comment y répondre. » répondis-je en haussant les épaules.
- « Dans ce cas, relevez la tête, regardez la personne droit dans les yeux et dîtes simplement « merci ». Un vrai compliment ne demande pas de réponse. Ma mère m'a toujours appris à ne retenir que le positif. Peu importe si les éloges sont hypocrites, cela fait toujours plaisir d'en recevoir. » me confia-t-il en souriant avec bienveillance.
Ses paroles résonnèrent dans mon esprit et plus je réfléchissais à leur sens, plus je les trouvais sages. Je me tournais face à lui, en tailleur et plongeais mes yeux dans les siens.
- « Merci, Legolas. » lançais-je le plus sérieusement du monde.
- « Il ne manque plus qu'un sourire forcé et vous serez prête pour une soirée mondaine. » répliqua-t-il amusé.
Je lui tapais gentiment l'épaule en riant.
- « J'espère que vous étiez sincère. » avouais-je timidement.
- « Très sincère. Si vous voulez tout savoir, vous êtes, à mon humble avis, la plus belle femme que j'ai eue croisé dans ma vie. » me lança-t-il en me regardant droit dans les yeux.
- « N'en faîtes pas trop non plus. » répondis-je en secouant la tête, amusée.
Je ne laissais rien paraître, mais au fond de moi, une explosion de bonheur avait lieu. Je n'avais jamais donné aucune importance à l'avis que les autres pouvaient avoir de mon physique ou de ma personne, mais le sien était important désormais. A défaut de m'aimer également, il me trouvait à son goût et c'était largement suffisant à mes yeux.
- « Où étais-tu passée ? » me demanda Aragorn lorsque je rejoignis discrètement ma couche.
Je me tournais vers lui, surprise qu'il ne dorme pas. Il était assis contre un arbre, sa pipe à la main.
- « Je regardais les étoiles avec Legolas. Elles sont particulièrement belles ce soir. Pourquoi ne dors-tu pas ? » demandais-je à mon tour en m'asseyant à ses côtés.
- « Trop de pensées hantent mon esprit. » murmura-t-il, une teinte de douleur dans la voix.
Je posais ma tête sur son épaule et glissais mes doigts entre les siens.
- « Tu es perdu, n'est-ce pas ? D'un côté, Arwen te manque, mais d'un autre, tu essayes d'avancer. J'ai vu comment tu regardais Eowyn. » lançais-je tout en observant la voûte étoilée.
- « Je ne suis pas sûr que nous devrions parler de ça ensemble. Arwen est comme une sœur pour toi... » commença-t-il.
- « Et tu es comme mon frère. Je ne te juge pas, Aragorn. Peu importe quel choix tu feras, c'est ta vie et je te soutiendrais quoi qu'il arrive. Bien sûr qu'on peut en parler. Je dirai même qu'on le doit. Je n'aime pas te voir aussi triste. » le coupais-je, inquiète.
- « J'ai simplement besoin de temps. Je dois me faire à l'idée qu'elle s'en est allée définitivement. » murmura-t-il.
Je ne répondis rien. Je ne savais pas où se trouvait mon amie, mais j'étais presque certaine qu'elle ne quitterait pas ces terres. Elle était bien trop amoureuse d'Aragorn pour le laisser à tout jamais.
- « Que se passe-t-il avec Legolas ? » me demanda mon ami quelques instants plus tard.
Je tournais ma tête vers lui, surprise. Je ne m'attendais pas à cette question.
- « Je ne suis pas aveugle, Heldaria. » me lança-t-il en souriant.
- « Eh bien, dans ce cas, tu connais déjà la réponse à ta question. » répondis-je simplement, en reportant mon attention sur les étoiles.
- « C'est un homme chanceux. » murmura-t-il en embrassant mon front.
