Bonjour, voici la partie 1 de ce nouveau chapitre.

Bonne lecture !


Le lendemain matin, nous fûmes réveillés à l'aube par les gardes. Une heure plus tard, nous nous étions remis en route. Cette fois-ci, j'abandonnais Aragorn et Arod pour la marche. J'avais besoin de me dégourdir les jambes et de soulager mon arrière-train.

- « Vous savez, mon oncle ne le montre pas, mais il est très honoré de vous avoir parmi nous. Votre Royaume est un peu une légende en ces terres. » me confia Eowyn en lançant un coup d'œil au Roi.

- « C'est à cause de mon père si on en est là. Je pensais sincèrement que nous étions toujours en contact avec le reste de la Terre du Milieu. » soufflais-je légèrement irritée.

- « Le principal, c'est que vous soyez ici, aujourd'hui. » me rassura-t-elle en souriant avec bienveillance.

- « Heureusement que ma soif d'aventures m'a mené hors de mes terres. Je suis bien contente de pouvoir servir à quelque chose. » confiais-je.

- « Ce doit être compliqué de n'être entourée que par des hommes. » remarqua-t-elle.

- « Après 40 ans passés en leur seule compagnie, on finie par s'y habituer. » riais-je.

- « 40 ans ?! » me demanda-t-elle, étonnée.

- « Avant de faire partie de la Communauté de l'anneau, j'ai passé quelques décennies avec les rôdeurs du nord. » avouais-je.

- « Alors… Est-ce vous que l'on surnomme Maica ? » me demanda-t-elle, abasourdie.

- « Oui. Je ne savais pas que j'étais connue jusque dans le Rohan. » riais-je.

- « Maintenant que j'y pense, c'est tout à fait logique. Aragorn et vous êtes si proches, vous vous connaissez forcément depuis de longues années. Alors s'il est Grand pas, vous êtes forcément sont acolyte Maica ! » souffla-t-elle, réfléchissant à voix haute.

- « C'est une bonne conclusion. Il est comme un frère. Nous ne nous sommes pratiquement jamais séparés depuis notre rencontre. Je ne vois pas ma vie sans lui. Pourtant, un jour ou l'autre, je devrais m'y faire. » dis-je tristement.

Alors qu'Eowyn s'apprêtait à répondre, des cris résonnèrent dans la vallée. Tout le monde se stoppa, se demandant ce qu'il pouvait bien se passer.

- « Heldaria, qu'est-ce que tu entends ?! » me demanda Aragorn qui s'était rapproché.

Je fermais les yeux quelques instants, me concentrant seulement sur les hurlements. Un sursaut me prit lorsque je compris.

- « Des wargs. » soufflais-je en courant pour les rejoindre.

Aragorn me suivit et bientôt, nous aperçûmes Legolas, tranchant la tête d'un cavalier orque, le cadavre de son warg gisant non loin.

- « Un éclaireur ! » nous signifia-t-il avant de balancer sa victime.

- « Je vais les prévenir. » m'informa Aragorn en partant vers notre convoie.

Pour ma part, je rejoignis l'elfe en vitesse. Il se tenait sur une sorte de promontoire, d'où on pouvait apercevoir les cavalier wargs arriver. Je vins me placer à ses côtés et je pris mon arc.

- « Visons les chiens. » ordonna-t-il en bandant le sien.

Ni une ni deux, nous commençâmes à tirer nos flèches. Pas une seule ne rata sa cible. J'avais bien évidemment mis en application les conseils que l'elfe m'avait dispensés en Lorien, et je devais avouer qu'ils étaient très efficaces. Les wargs tombaient comme des mouches sous l'asseau de nos tirs, mais malheureusement, ils étaient bien trop nombreux. Bientôt, nous entendîmes les cavaliers du Rohan arriver derrière nous.

- « Heldaria ! Attrape ma main ! » entendis-je crier.

Je me retournais et vis Aragorn galoper vers moi sur le dos d'Arod. J'accrochais mon arc dans mon dos en vitesse et tendis le bras. Mon ami l'attrapa tandis que je poussais sur mes jambes. Je m'envolais dans les airs, écartais mes jambes et atterris sur la monture. Je serrais les dents face à la douleur qui irradia mes fesses. Non, décidément, ces selles ne me convenaient pas.

Je regardais rapidement à ma gauche et j'aperçus Legolas sur sa propre monture, Gimli derrière lui.

- « Je te préviens, dès qu'ils sont à portée, je descends. » informais-je Aragorn.

- « Hors de question ! Tu vas te faire tuer. » s'exclama-t-il avec autorité.

- « De toute façon, on ne peut pas se battre à deux sur un seul cheval ! » répondis-je en sortant mes épées.

- « Heldaria. Tu ne descends pas. » m'ordonna-t-il en sortant la sienne.

Je n'eus pas le temps de répondre, que le choc eut lieu. Wargs et chevaux se heurtèrent de plein fouet, envoyant valser certains de leurs cavaliers. Des lances volèrent, s'empalant dans les corps répugnants des orques et de leurs chiens. Les flèches de Legolas fusèrent dans les airs, ne ratant aucune cible. Tout autour de nous n'était que chaos et tuerie.

Aragorn envoya valser la tête d'un orque de son premier coup d'épée. Je ne pouvais me battre en restant sagement assise dans son dos. Ainsi, sans le prévenir, je sautais de notre monture.

- « Heldaria ! » hurla-t-il avec colère.

- « Désolée. » criais-je en retour.

Il n'eut pas le temps de revenir vers moi qu'un warg se jeta sur lui. Aragorn le tua d'un coup d'épée, mais je ne pus en voir plus. Un orque sans monture courut vers moi et balança un coup de cimeterre. Je le parais à l'aide de l'une de mes épées et lui enfonçais la seconde dans le ventre. Il s'effondra au sol dans un gargouillement répugnant tandis que je retirais ma lame. D'autres vinrent, wargs et cavaliers, mais aucun ne me blessa. J'étais moi-même surprise de ne pas avoir été amochée.

Quelques minutes plus tard, les combats se calmèrent. Je tranchais une dernière tête avant de m'autoriser à me concentrer sur les alentours. Quelques rohirrims chassaient des cavaliers wargs en fuite, tandis que d'autres achevaient ceux qui gisaient au sol. Les morts étaient nombreux, autant dans leurs rangs que dans les nôtres. Beaucoup de soldats et de chevaux étaient allongés dans l'herbe, expirant leur dernier souffle. Cette vision me fit mal au cœur, me rappelant la mort de Boromir et de celles de nombre d'amis, perdus au cours de nombreuses batailles.

- « Heldaria ! Vous allez bien ? » me demanda Legolas en prenant mon visage entre ses mains.

Je sursautais, surprise par son arrivée soudaine et par son geste. Je pouvais voir l'inquiétude baigner ses yeux. Il me regarda attentivement, tentant de savoir si j'étais blessée.

- « Qu'est-ce qu'il vous a pris de descendre d'Arod ?! » me demanda-t-il avec colère en s'éloignant brusquement, après quelques secondes.

Je fronçais les sourcils face à ce changement d'attitude.

- « Je voulais me battre. » répondis-je en m'énervant à mon tour.

- « Vous auriez très bien pu le faire à cheval ! » gronda-t-il.

- « Non et vous le savez très bien ! Je n'ai aucune blessure alors arrêtez de me crier dessus, maintenant. Entre vous et Aragorn, j'ai la tête en ... » je me stoppais en réalisant que je n'avais pas vu mon ami depuis un moment.

- « Qu'y a-t-il ? » me demanda l'elfe plus calmement.

Je regardais autour de moi, inquiète.

- « Où est Aragorn ? » demandais-je en ne l'apercevant nul part.

Il scruta les environs à son tour et l'appela. Notre ami ne répondit pas. Gimli, qui s'était approché de nous, en fit de même. Toujours aucune réponse. Cependant, un rire se fit entendre. Nous tournâmes la tête vers un orque étendu sur le sol, grièvement blessé.

- « Dis-moi ce qu'il s'est passé et j'abrégerais tes souffrances. » lui ordonna le nain en plaçant sa hache sur sa gorge.

Legolas, qui s'était éloigné quelques instants, nous rejoignit.

- « Il… est… mort… Il a dégringolé de la falaise... » nous informa l'orque en s'étouffant à moitié avec son sang.

Je tournais ma tête vers le promontoire rocheux. Mon cœur s'arrêta de battre quelques instants et je n'entendis plus rien. L'image de mon ami tombant dans le vide apparue dans mon esprit, tournant en boucle. Je sentis mon cœur se briser. Il ne pouvait pas avoir disparu. Il ne pouvait pas être mort. Pas lui. Pas mon frère.

Sans réellement m'en rendre compte, je me dirigeais au bord de la falaise. Mon regard se porta sur la rivière qui se déchaînait en contre bas et je ne pus apercevoir Aragorn. Son corps avait très probablement été emporté par le courant.

Mes yeux se fermèrent d'eux même tandis que des larmes silencieuses coulèrent le long de mes joues. Une main se posa dans mon dos me sortant de ma torpeur et je n'eus pas besoin de le voir pour savoir de qui il s'agissait.

- « Je l'ai trouvé sur l'orque. » chuchota Legolas en glissant un objet dans le creux de ma main.

J'ouvris mes doigts et aperçu le collier qu'Arwen avait offert à Aragorn. Mon souffle se coupa et mon cœur explosa en mille morceaux. Je n'étais pas prête, pas prête à assimiler la signification de ce que j'avais dans la main. Pas prête à vivre sans lui. Pas prête à ne plus entendre le son de sa voix. Je ne voulais pas le savoir disparu. Il n'avait pas le droit de se volatiliser en quelques minutes. Il n'avait pas le droit de me quitter alors que notre dernière discussion était une dispute. Il n'avait pas le droit de nous laisser seuls, perdus au milieu du Rohan.

J'entendis Théoden parler, mais ses mots n'eurent jamais aucun sens à mes oreilles. Mes yeux étaient restés fixés sur le bijou elfique, tentant en vain de me convaincre que mon meilleur ami était tombé. Je n'arrivais pas à y croire, ce ne pouvait être vrai.

- « Heldaria, nous devons y aller maintenant. » m'informa Gimli en posant sa main sur mon bras dans un geste de soutien.

Je tournais mon regard vers lui, encore sous le choc. Il semblait complètement anéanti par la nouvelle, ce qui ne fit que me retourner l'estomac un peu plus. Ce n'était pas juste. Ce n'était pas possible.

Dans un effort surhumain, je me détournais de la falaise et me dirigeais vers Arod. Ce dernier vint me souffler dans la nuque, sentant sûrement ma détresse. Son geste, bien que bienveillant, n'allégea nullement mon chagrin. Rien, ni personne n'aurait su le faire. J'avais l'impression qu'une partie de mon âme était tombée avec lui.

La route jusqu'au gouffre se fit sans plus d'encombres. Du moins, c'est ce que j'en concluais étant donné l'absence de plus amples combats. Les blessés avaient été mis sur des chevaux et les morts avaient été laissés derrière. Nous avancions vite ou du moins, ce fut l'impression que j'en eu. Je n'étais pas vraiment capable de me rendre compte de ce qu'il se passait autour de moi. Je sentais seulement mon corps se balancer au rythme du galop d'Arod. Mon esprit était absent, ayant déserté mon corps pour se rendre dans de lointains souvenirs. Souvenirs d'un temps où mon ami n'était pas mort, où nous étions heureux, où nous nous tordions de rire. Je n'avais aucune envie que ce voyage s'arrête, je n'avais aucune envie de revenir à la raison, à cette réalité bien plus amère et sanglante. Je ne voulais pas me réveiller dans ce monde où il n'était plus là. Pourtant, il le fallait.

- « Heldaria, nous arrivons. » m'informa Legolas, à mes côtés.

Je sortis de mon apathie et tournais mon regard vers mes amis. Je sentis une larme rouler sur ma joue, exprimant la douleur qui irradiait mon cœur. Elle n'avait rien de comparable à celle de ma blessure dans les mines de la Moria, non… celle-ci était bien plus vive, bien plus destructrice. Elle n'avait aucun remède.

Bientôt, les chevaux pénétrèrent dans le Gouffre, faisant claquer leurs sabots sur le sol de pierres. Les paysans déjà présents nous rejoignirent, inquiets et envieux de savoir si leurs proches étaient revenus saufs de la bataille. Beaucoup verseraient des larmes comme je le faisais déjà. Peu d'entre nous étaient revenus, et les survivants été pratiquement tous blessés.

Ne souhaitant nullement m'attarder et entendre les pleurs des familles endeuillées, je tentais de descendre d'Arod au plus vite. J'avais besoin de m'éloigner, j'avais de plus en plus de mal à respirer. Je manquais de m'étaler au sol dans la précipitation, mais c'était sans compter l'aide précieuse de Legolas. Il me rattrapa à temps et m'aida à me redresser.

- « Merci. » murmurais-je.

Je m'éloignais en vitesse ne sachant pas vraiment où mes pas me menaient. Je savais juste qu'il me fallait m'en aller au plus vite, trouver un endroit un peu plus tranquille. Ma respiration et mon cœur s'étaient accélérés et ne semblaient pas vouloir se calmer, si bien qu'en quelques secondes à peine, je me sentis suffoquer. Ma vue devint rapidement floue, m'empêchant de savoir exactement où j'allais. Les personnes autour de moi étaient bien trop nombreuses et bruyantes et cela ne m'aidait vraiment pas à calmer ma crise d'angoisse. Les sons et les odeurs s'amplifièrent, me donnant mal au crâne. Je ne pouvais plus respirer, l'air restait bloqué dans mes poumons. Me sentant partir, je tentais de me rattraper à la première chose que je pus attraper. Cette chose s'avéra être quelqu'un et à ma grande surprise, il ne me laissa pas tomber. Au contraire, il me tira vers lui et me bloqua contre son torse, une main dans mon dos et l'autre à l'arrière de mon crâne.

- « Si vous continuez à fuir, je vais finir par vous attacher. » chuchota la voix de Legolas au creux de mon oreille.

Soulagée de le savoir près de moi, je l'entourais de mes bras et me serrais un peu plus contre lui. Étrangement, je ne me sentis pas étouffer par notre proximité, au contraire, mon cœur sembla se calmer et se caler sur son rythme. Son odeur fut la seule que je pus percevoir, calmant presque instantanément mon mal de tête et ma nausée grandissante. Le son de sa respiration annihila tous les autres bruits et m'aida à calmer la mienne. En l'espace de quelques secondes, son étreinte avait réussi à apaiser mon angoisse.

- « Je ne cherchais pas à fuir, j'avais besoin d'espace. » finis-je par répondre, une fois que je m'en sentis capable.

- « Pourtant, vous semblez bien plus apaisée maintenant que je vous tiens tout contre moi. » répondit-il sans me lâcher.

- « Aussi étrange que cela puisse paraître, vous arrivez à calmer mes maux. Heureusement que vous n'êtes jamais loin de moi. » avouais-je avec une certaine timidité.

Je le sentis me serrer plus fort, nous collant encore un peu plus.

- « Le destin finit toujours par nous guider vers la personne qui nous complète parfaitement. » murmura-t-il.

Il prononça ses mots si bas que sans mon ouïe elfique, je n'aurai pu les entendre. Une décharge électrique me traversa tout entière, si bien que j'en frissonnais. Je ne savais pas ce qu'il se cachait derrière cette phrase, mais elle résonna dans ma tête durant quelques minutes. Je n'osais me laisser aller à croire qu'il s'agissait d'une déclaration de quelques sentiments amoureux envers ma personne, car je doutais fort bien de la réciprocité de mon amour pour lui. Il était bien plus facile d'imaginer le pire car au moins, je ne pouvais être déçue. Ainsi, je ne répondis rien de plus, mais je posais ma tête sur son épaule et je fermais les yeux, m'autorisant un moment d'égarement dans les bras de celui que j'aimais.