Bonsoir ! J'espère que vous avez passé de bonnes vacances (pour ceux qui en avaient) et de bonnes fêtes. Je sais que j'ai mis très longtemps avant de poster un nouveau chapitre mais j'ai eu du mal à l'écrire. Je ne sais pas s'il vous plaira, en tout cas, j'ai fait de mon mieux !

Réponses aux reviews:

Nimueh - Merci pour ce commentaire qui m'a fait très chaud au cœur. C'est un bonheur que de savoir que ma fanfiction te plaise et te fasse voyager. Je prends énormément de plaisir à l'écrire (même si je mets du temps) et les retours me motivent beaucoup. Merci encore, j'espère que ce chapitre te plaira !

Ariane-bob - Merci à toi pour ton commentaire qui me fait très plaisir. Je suis ravie de pouvoir te faire voyager. J'espère que ce chapitre te plaira !

Charlene - Voici la suite ! C'est avec plaisir que j'ai lu ton commentaire. J'espère que la suite te plaira tout autant !

Hannibal Lectrice - Coucou, je suis très contente que ma fanfiction te plaise. Si tu lis ce message c'est que tu es arrivée jusqu'à ce chapitre, alors j'espère que ta lecture a été à la hauteur de tes attentes ! Dis m'en des nouvelles !

Je vous invite donc à vous installer confortablement afin que votre voyage en Terre du Milieu se passe de la meilleure façon possible. N'hésitez pas à commenter !


Notre victoire, bien que bienvenue, fut, pour beaucoup, amère. Certes, nous étions encore vivants, mais nombre de combattants étaient tombés. Elfes, hommes ou enfants avaient donné leur vie pour la liberté et la paix, et même si leur mort n'était pas vaine, elle n'en restait pas moins douloureuse. Pendant encore longtemps, le peuple du Rohan serait hanté par cette attaque et par les derniers souvenirs qu'ils garderaient de leurs proches décédés.

- « Tu devrais faire une pause. » me lança Legolas.

Je relevais ma tête vers lui et le regardais approcher.

- « Ils ont besoin de moi. » soufflais-je en me frottant les yeux.

Je jetais un regard sur l'homme que je venais de guérir et sur tous les autres blessés qui se trouvaient dans la pièce. Beaucoup étaient entre la vie et la mort et malgré ma fatigue, je me faisais un devoir de les sauver. Je ne pouvais me résigner à les abandonner. Pour une fois, je me sentais pleinement utile et j'avais l'occasion de mettre à profit mon pouvoir.

- « Heldaria… Une fois épuisée, tu ne seras plus d'aucune utilité. Je suis certain qu'ils peuvent se passer de toi durant quelques heures. » me répondit-il en replaçant une mèche de mes cheveux derrière mon oreille.

- « En quelques heures, beaucoup peuvent mourir. » répliquais-je, bornée.

- « Excusez-moi. Lesquels de ces soldats sont encore dans un état critique ? » demanda-t-il à une guérisseuse qui passait non loin.

- « Aucun, mon seigneur. Son Altesse les a tous guéris. Beaucoup sont encore blessés, mais aucun ne requiert des soins urgents. » lui répondit-elle avant de s'éloigner.

Legolas reporta son regard sur moi, souriant fièrement. Je soufflais d'exaspération, sachant très bien qu'il venait de gagner.

- « Bien, je me rends. » lançais-je en souriant à mon tour.

Malgré tout, je me devais d'avouer que cette pause était la bienvenue. Depuis la bataille, je n'avais pas pris le temps de m'asseoir une seconde et maintenant que l'occasion se présentait, la fatigue semblait reprendre le dessus.

- « Viens, je vais soigner ta plaie. » me lança-t-il en attrapant ma main.

N'ayant ni la force, ni l'envie de riposter, je le suivis sans résistance. Legolas m'emmena vers un siège, dans un coin de la pièce et alla récupérer de quoi nettoyer et panser ma tempe.

- « Que s'est-il passé pendant la bataille ? » me demanda-t-il une fois revenu.

Je lui lançais un regard interrogateur, ne comprenant pas sa question.

- « Je parle de la partie où tu as tenter de te suicider. » m'éclaira-t-il en commençant à me soigner.

Je grimaçais face à la douleur, mais le laissais tout de même continuer.

- « Mon frère a exagéré. Haldir a été blessé par un Uruk et a bien failli en mourir. J'ai arrêté de me battre pour le sauver. » répondis-je en serrant les dents.

Legolas arrêta de bouger et me lança un regard réprobateur.

- « Ne te fatigue pas, j'ai déjà eu un sermon. » soufflais-je en attrapant sa main pour la reposer sur ma plaie.

Il leva les yeux au ciel et se concentra à nouveau sur ma tempe. Ses gestes, bien que précis, furent moins délicats qu'auparavant.

- « Aïe ! » criais-je en sursautant.

- « Pardon... » marmonna-t-il en reprenant ses soins.

- « Si tu me charcutes parce que tu m'en veux, arrêtes tout de suite. Je sais bien que je n'aurai pas dû agir sans prévenir mes frères, mais c'est fait. Je vais bien et Haldir est en vie. Je suis désolée d'avoir agi ainsi, mais arrête de t'acharner, tu me fais mal. » râlais-je en plongeant mon regard dans le sien.

- « Je ne t'en veux pas, je suis inquiet. Tu passes ton temps à te mettre en danger. » souffla-t-il.

Je glissais ma main dans son dos et le fit s'agenouiller à ma hauteur. Il me regarda, intrigué, mais ne pipa mot.

- « Je suis désolée. À l'avenir, je te promets de faire plus attention. Maintenant, arrête de me faire mal, sinon je vais demander à l'une des guérisseuses de me soigner. » murmurais-je en souriant.

Il hocha la tête et posa son front contre le mien. Je fermais les yeux, profitant pleinement de ce moment d'intimité. Depuis la veille, nous n'avions pas eu l'occasion de nous retrouver et l'interruption de Gimli et de mes frères m'avait laissé sur ma faim.

- « Tu m'as manqué. » soufflais-je sans bouger.

En entrouvrant les yeux, je le vis sourire, attendri.

- « Heldaria ! » cria une voix au-dessus du brouhaha de la salle.

Je sursautais, surprise et me tournais vers l'origine du bruit. J'aperçus mes frères tentant de se frayer un chemin jusqu'à nous. Legolas se releva et j'en fis de même, ne manquant pas de souffler d'exaspération. Décidément, ils ne me laissaient jamais profiter d'un moment privilégié avec l'elfe.

- « Vous aviez réellement besoin de crier si fort ? » leur demandais-je, feintant l'agacement.

- « Non, mais te faire peur est une occasion que nous ne pouvons refuser. » me répondit Dagnir en tentant de m'ébouriffer.

Je me reculais à temps puis le frappais, gentiment.

- « Plus sérieusement, que me vouliez-vous ? » repris-je.

- « Te dire au revoir. Nous devons rentrer à la maison. » me répondit Eldacar, la mine sombre.

- « Pourquoi êtes-vous si pressés ? » demandais-je, surprise.

Mes frères se lancèrent un coup d'œil, qui ne me rassura point.

- « Le royaume a été attaqué par Mathron et ses troupes. Sauron les a rallié à sa cause en leur promettant nos terres une fois qu'il aurait gagné sa guerre. » me répondit-il en serrant les poings.

- « Qui est Mathron ? » demanda l'elfe à mes côtés.

- « Un vieil ennemi du Royaume. Il vit sur des terres immergées au large de la mer d'Allenves, appelées Krugia. Te raconter tout le récit de notre querelle serait bien trop long. Pour faire court, lui et les siens convoitent nos terres depuis toujours. Son père avait refusé de s'allier à notre peuple et a préféré la guerre à la paix. Malgré tout, nous étions en trêve depuis une bonne centaine d'année. » lui expliqua Dagnir, brièvement.

Un lourd silence s'installa. Je n'arrivais pas à assimiler les informations que je venais de recevoir. Une bataille venait de se terminer et une autre faisait rage… chez moi. Durant un instant, une vague de désespoir s'empara de moi. Mathron et les siens étaient puissants et par le passé, beaucoup de sang avait coulé à cause de leurs attaques incessantes.

- « Heldaria ? » appela Legolas.

Je sentis sa main dans mon dos et son regard inquiet se poser sur moi.

- « Est-ce qu'il y a eu beaucoup de pertes ? » demandais-je finalement.

- « Très peu. Grâce à l'obsession de père pour la sécurité, ils ne peuvent nous attaquer que par la mer. Pour l'instant, nous nous défendons bien, mais nous craignons qu'ils trouvent d'autres stratégies. Après tout, ils ont été des ennemis de taille par le passé. » m'expliqua Dagnir.

- « Vous devriez demander à mes parents de vous venir en aide, je suis sûr qu'ils répondraient volontiers. » lança Legolas avec vigueur.

- « Cela a déjà été fait, mon ami. Une grande partie de vos armées nous a rejoint il y a déjà quelques semaines. » lui répondit-t-il en souriant.

- « Bien, je vois que mon père a enfin décidé d'écouter ma mère. Il y a quelques décennies en arrière, le faire sortir de nos terres relevait presque du miracle. J'espère seulement que ma sœur sera en sécurité. » s'inquiéta-t-il en fronçant les sourcils.

- « Ne t'en fais pas, elle a été emmenée à Azur et réside dans le palais avec Glingal et Aranruth. C'est le bâtiment le mieux gardé du Royaume. Il faudra que les armées de Mathron assiègent trois Régions avant de pouvoir les atteindre. » le rassura Eldacar accompagnant ses paroles d'une tape amicale.

Legolas hocha la tête en souriant, heureux d'entendre que sa sœur ne risquait rien. Moi-même, je fus soulagée d'entendre que ma famille avait la situation en main.

- « Tiens, mère nous a demandé de te la faire passer. » me lança Dagnir en me tendant une lettre.

Je la pris et l'observais quelques secondes.

- « Vous avez tenté de l'ouvrir ? » demandais-je en souriant, amusée.

Par endroits, on pouvait apercevoir quelques plis dans le papier.

- « Hum… Sans succès. Les sorts de Giris sont bien trop puissants. » râla Dagnir.

Giris était l'un des conseillers de mes parents. C'était un mage très puissant qui s'occupait, notamment, de la protection magique des frontières – et des lettres de ma mère.

Je secouais la tête, à la fois amusée et dépitée par leur comportement. Leur curiosité était si dévorante qu'elle en devenait parfois un défaut. Fort heureusement, ma mère les connaissait bien assez et s'était assurée qu'ils ne puissent lire le continu de cette missive.

- « C'est donc ici que l'on se quitte. » soufflais-je tristement.

- « Allons, petite sœur. On se reverra ! Occupes-toi de botter les fesses de Saruman et Sauron et nous, on s'occupe de Mathron. » me consola Eldacar en me prenant dans ses bras.

- « En plus, tu es fort bien accompagnée. Il faut croire que tu as bon goût en matière d'homme. » continua Dagnir en m'enlaçant à son tour. « En revanche, mon vieux, tu as très mauvais goût en matière de femme. » reprit-il en se tournant vers Legolas.

Ce dernier se mit à rire, accompagné de mes frères, tandis que je frappais mon frangin feintant d'être vexée. Il me flanqua un baiser sur le front en signe d'excuse.

- « À bientôt, Heldaria. Prends soin de toi. » me salua Eldacar en m'embrassant à son tour.

- « Essayes de rester en vie. » ajouta Dagnir en souriant.

Ils saluèrent Legolas en lui faisant promettre de veiller sur moi et s'éloignèrent avant de quitter la salle. Je retins quelques larmes, ressentant déjà un léger vide.

- « Viens là. » murmura Legolas en m'attirant contre lui.

Il m'enlaça avec douceur, une main caressant mon dos et l'autre ma nuque. Je relevais ma tête pour plonger mon regard dans le sien.

- « Au moins, ils ne seront plus là pour nous interrompre. » chuchotais-je en souriant.

Il rit légèrement et hocha la tête en signe d'approbation.

- « Approche... » soufflais-je en passant ma main sur sa nuque.

Il approcha son visage avec lenteur, un sourire taquin sur les lèvres. Je savais qu'il prenait un malin plaisir à me faire languir, mais cela m'amusait. Mon regard se posa sur ses lèvres et l'envie d'y goûter se fit fortement sentir. La frustration causée par les interruptions inopinées de mes frères semblait pointer le bout de son nez. N'y tenant plus, je me hissais sur la pointe des pieds pour me rapprocher un peu plus.

- « Vos Altesses ? » appela une voix, non loin.

Je stoppais mon geste, fermais les yeux et soufflais un grand coup.

- « Dis-moi que c'est une plaisanterie…. » soupirais-je, tendue.

- « Si cela en est une, elle est de mauvais goût. » souffla Legolas, tout aussi frustré.

Je me dégageais de son étreinte et tournais mon attention vers un écuyer. Ce dernier, gêné, se balançait d'une jambe à l'autre en regardant le plafond.

- « Que se passe-t-il ? » lui demanda l'elfe.

- « Le roi et le magicien sont dans la cour, ils vous attendent pour se diriger vers l'Isengard. » nous annonça-t-il, tout rouge.

- « Cette forêt est un peu effrayante. » soufflais-je pour moi même alors que nous traversions Fangorn.

Notre route vers l'Isengard nous avait forcé à traverser la forêt, dont les arbres tueurs ne cessaient de gronder sourdement. L'air n'était pas chargé de colère comme auparavant, mais leur soif de vengeance n'avait pas été totalement repus. Chacun regardait autour de soi avec attention, méfiant. Je ne craignais pas que les arbres nous attaquent, mais je n'en étais pas pour autant tranquille.

- « Chez les nains, il n'y a pas de forêt magique ! Seulement de la roche, et des joyaux. Eux, au moins, ne risquent pas de nous assassiner... » gronda Gimli en fusillant les arbres du regard.

- « Regardez ! En voilà enfin le bout. » nous avertit Eomer.

Je me penchais légèrement, et un soupir de soulagement s'échappa de mes lèvres tandis que nous pouvions enfin apercevoir la tour du magicien. Plus nous nous approchions, plus le paysage devint chaotique. Le domaine de Saruman était inondé d'eau et des Ent patrouillaient de çà et là.

- « Mes seigneurs, et ma Dame, bienvenue en Isengard ! » annonça Merry avec fierté.

Ce dernier était debout sur un mur de pierre, une pipe à la main. Son cousin, quant à lui, était à ses côtés, savourant une pinte de bière et fumant la pipe allégrement. À cette vue, un large sourire s'afficha sur mon visage. J'étais heureuse de pouvoir enfin les retrouver, en vie, entiers et visiblement en bonne forme.

- « Oh ! Jeunes coquins ! Une belle chasse dans laquelle vous nous avez entraînée. Et on vous retrouve… hum… à festoyer et… et à fumer ! » râla Gimli, visiblement mécontent.

- « Nous sommes assis sur le champ de la victoire et savourons quelques réconforts bien gagnés. Le porc salé est particulièrement savoureux. » lui répondit Pippin, taquin.

- « Le porc salé... » répéta le nain, rêveur.

J'entendis Gandalf bougonner, ce qui ne fit qu'accentuer mon amusement. D'ailleurs, je n'étais pas la seule. Legolas et Aragorn me lancèrent un regard rieur. Nous étions tous soulagés et très heureux de les revoir.

- « Nous sommes sous les ordres de Sylvebarbe, qui vient tout juste de reprendre les rênes de l'Isengard. » nous informa Merry.

- « Dans ce cas, allons lui rendre visite. » décréta Gandalf, agacé par la légèreté des hobbits.

Les deux cousins rangèrent rapidement leurs affaires avant de grimper sur des chevaux. Merry s'installa avec Eomer et Pippin avec Aragorn.

- « Jeune maître Gandalf, je me réjouis de votre venue. Le bois et l'eau, le tronc et la pierre, je peux en venir à bout, mais il y a un magicien à mater ici, enfermé dans sa tour. » nous annonça l'ent lorsque nous arrivâmes à sa rencontre.

- « Nous allons nous en charger, mon ami. » lui répondit l'istari en inclinant la tête en signe de remerciement.

Un silence pesant s'installa, alors que nous attendions tous de voir apparaître le traître.

- « Va-t-il un jour sortir le bout de son nez ?! » chuchotais-je en commençant à perdre patience.

- « Montrez-vous. » lança, à son tour, Aragorn.

- « Prudence ! Même vaincu, Saruman est dangereux. » nous avertit Gandalf.

- « Alors réglons-lui son compte et qu'on en finisse ! » s'impatienta Gimli.

- « Non ! Il nous le faut vivant, il faut qu'il parle. » décréta le magicien.

Un nouveau silence s'abattit sur notre troupe. Seuls les clapotis de l'eau vinrent le briser. Si Gandalf n'avait pas raison, je serais montée moi-même dans sa tour histoire de régler son compte à cette vielle bique. Nous avions gagné la bataille, mais je ne pouvais oublier les morts et les blessés. Saruman devait payer pour ses actes. Il devait payer pour la mort de Boromir.

- « Vous avez mené bien des guerres et tué nombre d'hommes, Roi Théoden. Vous avez, tout de même, fait la paix ensuite. Ne pouvons-nous tenir conseil comme nous l'avons fait jadis, mon vieil ami ? Ne pouvons-nous faire la paix, vous et moi ? » lança le traître avec douceur, du sommet de sa tour.

Mes poings se serrèrent face à tant d'audace. Comment pouvez-t-il demander la paix après ce qu'il avait fait ?

- « Nous ferons la paix… Oui, nous ferons la paix ! Lorsque vous répondrez de l'embrasement de l'ouestfold, et des enfants qui gisent sans vie. Nous ferons la paix, lorsque les vies des soldats, dont les corps furent dépecés devant les portes de For le cor alors qu'ils étaient morts, seront vengées. Lorsque vous pendrez un gibet pour le plaisir de vos propres corbeaux. Là, nous serons en paix. » cracha Théoden avec rage.

Pour une fois, j'étais en total accord avec lui.

- « Des gibets et des corbeaux. Vieux radoteur. » cracha Saruman.

- « À quoi vous attendiez-vous, pauvre fou ? Vous croyez pouvoir demander paix et liberté après ce que vous avez fait ?! Vous n'êtes qu'un traître et un assassin ! Vous méritez de pourrir au soleil, mangé par les vers. » criais-je à mon tour.

- « Ainsi, vous enrôlez des elfing pour la guerre, Gandalf. Dîtes à cette impertinente de se taire lorsque les adultes discutent. Vous n'êtes qu'une gamine gâtée pourrit qui a eu tôt fait d'abandonner son peuple quand il en a eu le plus besoin. Votre royaume brûlera. » railla-t-il.

- « Je vais lui faire avaler sa langue ! » crachais-je en dégainant mon arc.

Ma colère fut telle que j'étais prête à l'abattre sur-le-champ. Jamais personne ne m'avait tant manqué de respect.

- « Heldaria ! Calmez-vous. » m'ordonna Gandalf avec autorité.

Je levais les sourcils, avec un air de défi.

- « S'il vous plaît. » ajouta-t-il plus calmement.

J'abaissais mon arme et lançais un regard à Legolas et Aragorn qui me regardaient, inquiets.

- «Vous auriez dû tirer... » bougonna Gimli.

- « Que voulez-vous Gandalf le Gris ? Laissez-moi deviner. La clef d'Ortanc, ou peut-être même les clefs de Barad-Dur avec les couronnes des sept rois et les baguettes des cinq magiciens. » reprit le traître avec colère.

- « Votre traîtrise a déjà coûté de nombreuses vies et des milliers sont encore en péril. Mais vous pouvez les sauver, Saruman, car vous étiez dans les secrets de l'ennemi. » tenta Gandalf.

- « Alors vous êtes venu quérir des informations. J'en ai pour vous. » répondit Saruman en sortant de son manteau un palentir. « Quelque chose gronde en Terre du Milieu. Quelque chose que vous avez omis de voir. Mais le grand œil l'a vu, lui. Même maintenant, il met à profit cet avantage. Il attaquera très bientôt. Vous allez tous mourir. Mais vous le savez, n'est-ce pas Gandalf ? » siffla-t-il. « Vous ne pouvez croire que ce rôdeur pourra un jour s'asseoir sur le trône du Gondor. Cet exilé, sorti de l'ombre, ne sera jamais couronné Roi. » reprit-il avec rage.

Je lançais un coup d'œil à mon ami. Même s'il tentait de ne pas le montrer, je remarquais sans peine que les paroles du vieux magicien le touchaient.

- « Gandalf n'hésite pas à sacrifier tout ceux qui lui sont proches, ceux à qui il manifeste de l'amour. Dîtes-moi, quels mots de réconfort avez-vous susurré au semi-homme avant de l'envoyer à sa perte ? Le chemin sur lequel vous l'avez jeté ne peut le conduire qu'à la mort. » continua le traître.

- « Valar... mais faîtes le taire ! » râlais-je, agacée.

Nous étions les vainqueurs et nous avions l'avantage, pourtant, c'était ce monstre qui semblait encore avoir les cartes en main.

- « J'en ai assez entendu. Tuez-le, transpercez-le d'une flèche. » demanda Gimli à Legolas.

Ce dernier l'écouta avant d'être arrêté, encore une fois, par Gandalf.

- « Non ! Descendez Saruman et votre vie sera épargnée. » tenta une nouvelle fois notre guide.

Je levais les yeux au ciel, fatiguée. Je ne comprenais pas pourquoi Gandalf voulait tant le garder en vie. Après toutes les morts qu'il avait causées, nous ne pouvions lui faire confiance.

- « Gardez votre pitié et votre clémence, je n'en ai nul besoin ! » hurla Saruman en envoya une boule de feu sur notre magicien.

Un sursaut prit tout notre groupe alors que Gandalf s'embrasa sous nos yeux. Nous nous protégeâmes de la chaleur comme nous le pûmes avant que le magicien ne s'éteigne, sans la moindre brûlure.

- « Saruman, votre bâton est brisé. » lança Gandalf, calmement.

Sur ces mots, le sceptre du traître explosa sous son regard surpris et horrifié. C'est à cet instant que Grima langue de serpent fit son apparition. Il avait mauvaise mine, bien plus que lorsque nous l'avions rencontré.

- « Grima, vous n'êtes pas obligé de le suivre. Vous n'avez pas toujours été ainsi. Autrefois, vous étiez un homme du Rohan. Descendez ! » lui ordonna Théoden avec compassion.

Je fronçais les sourcils, trouvant cette initiative absurde. C'était cet homme qui l'avait trahi, lui et les siens, au profit de Saruman. S'il s'était déjà joué de lui auparavant, il pouvait recommencer.

- « Un homme du Rohan ? Qu'est-ce que la maison du Rohan, sinon une maison au toit de chaume où des bandits boivent dans les relents pendant que leurs marmailles se roulent par terre avec les chiens ?! La victoire au Gouffre de Helm n'est pas la vôtre, Théoden, Dresseur de chevaux. Vous êtes le piètre fils d'une prestigieuse lignée. » cracha le magicien avec dégoût.

Je tournais mon regard vers le Roi. Même si je ne l'appréciais pas outre mesure, il ne méritait pas une telle accusation.

- « Grima, rejoignez-nous. Libérez-vous de lui. » continua Théoden en ignorant les paroles de Saruman.

- « Libre ?! Il ne sera, plus jamais, libre. » lança le magicien.

- « Non. » gémit le concerné.

- « A terre, chien ! » cria le traître en giflant Grima.

Ce dernier s'écroula au sol dans un gémissement de douleur.

- « Saruman, vous étiez dans les secrets de l'ennemi. Dîtes-nous ce que vous savez ! » insista Gandalf, une seconde fois.

- « Vous rappelez vos gardes, et je vous dirais où votre destin se décidera. Je refuse d'être retenu prisonnier ici… Ah ! » répondit le traître avant d'être coupé.

Grima, qui s'était relevé discrètement, avait poignardé Saruman dans le dos et s'apprêtait à recommencer. Néanmoins, il fut stoppé par Legolas qui lui tira une flèche en plein cœur. Tandis que Grima s'écroulait avec douleur au sol, Saruman chuta de sa tour et vint s'empaler à quelques mètres de nous, sur l'un des pics de la roue de son moulin.

Je grimaçais de dégoût devant le triste spectacle qui s'offrait à nous. Je me demandais un instant ce qui avait pu pousser ces hommes à trahir leur clan et leurs alliés, ce qui les avait convaincu de s'associer à Sauron. Était-ce la volonté de pouvoir ou bien la peur ?

- « Il ne nous cassera plus les oreilles ! » lançais-je sombrement.

- « Mais ses informations auraient pu nous être très utiles. » me répondit Gandalf.

- « Il nous a déjà trahi, c'était folie que de lui faire confiance. Qui nous assure que la vérité aurait bercé ses dires ? » répliquais-je.

Un silence s'installa, tandis que chacun se perdait légèrement dans ses pensées.

- « Faîtes passer le mot à nos alliés, et à tous les peuples de la Terre du Milieu qui sont encore libres. L'ennemi avance vers nous, nous devons savoir où il va frapper. » ordonna, finalement, Gandalf en se tournant vers Théoden.

La roue du moulin tourna soudain, emportant avec elle le cadavre du vieux magicien.

- « Les immondices de Saruman s'en vont enfin. Les arbres vont revenir vivre ici, de jeunes arbres, des arbres sauvages... » déclara Sylvebarbe.

- « Pippin ! » le coupa Aragorn en observant le hobbit qui était descendu de cheval.

Le semi-homme avança dans l'eau quelques instants avant de s'arrêter et de se pencher. Lorsqu'il se redressa, je pus apercevoir le palentir briller dans ses mains.

- « Par mon écorce ! » s'exclama l'ent, surpris.

- « Peregrin Touque ! Donnez cela, mon garçon. Dépêchez-vous ! » lui ordonna Gandalf qui s'était approché.

Le hobbit lui tendit la boule avec timidité avant de rejoindre Aragorn.

- « Les palentir sont dangereux, Pippin. Gandalf ne vous l'a pas pris pour vous punir, mais pour vous protéger. » informais-je mon ami, qui semblait frustré.

Pour toute réponse, il hocha la tête.

- « Vous voilà enfin ! » s'exclama Eowin.

Nous venions d'arriver dans la cité du Roi, après une bonne journée de chevauchée. Le peuple de Théoden était rentré depuis quelques heures déjà, et tous attendaient notre arrivée afin de fêter notre victoire.

- « Eowin, as-tu commencé les préparatifs ? » lui demanda son oncle en descendant de sa monture.

- « Oui, mon seigneur. Nous serons prêts à la tombée de la nuit. Allez donc vous rafraîchir et vous reposer. Cette nuit sera festive ! » déclara-t-elle avec joie.

La dame me rejoignit ensuite, tandis que je confiais mon cheval à un écuyer.

- « Suivez-moi, Heldaria. Je vais vous mener à votre chambre. » m'indiqua-t-elle en attrapant ma main.

Je lançais un dernier regard à mes amis qui ne semblèrent pas remarquer ma disparition. Eowyn me fit traverser plusieurs couloirs avant de s'arrêter devant une grande porte en bois, sculptée.

- « Voilà, vous y êtes. Il vous suffit de remonter ce couloir et vous trouverait la mienne. Un bain a été préparé pour vous et des tenues vous ont été mises à disposition dans l'armoire. » m'expliqua-t-elle en souriant.

- « Il ne fallait pas en faire autant ! Merci beaucoup. » la remerciais-je, touchée par son hospitalité.

Elle me salua et s'éloigna ensuite. Les heures qui suivirent furent essentiellement consacrées à mon bien-être. Je profitais d'un moment de paix solitaire pour me laver et me reposer. Cela me fit le plus grand bien. C'était fou comme l'adrénaline pouvait masquer la fatigue et la douleur. Maintenant, que nous n'étions plus en danger et que je pouvais enfin me détendre, je me sentais épuisée et courbaturée. Si bien que je m'endormis durant plusieurs heures.

Je fus réveillée par des coups à la porte.

- « Heldaria, les festivités vont bientôt commencer. Es-tu prête ? » demanda la voix d'Aragorn.

Je sortis de mon lit en vitesse avant de lui ouvrir.

- « Dis-moi qu'il me reste encore assez de temps. » le suppliais-je encore endormie.

Mon ami se mit à rire.

- « Tu es très jolie avec les cheveux en bataille et les yeux bouffis ! » finit-il par lancer, une fois calmé.

- « Oh arrêtes de te moquer, tu veux ! » râlais-je, légèrement gênée.

- « Si tu te dépêches, tu ne seras pas en retard. » me répondit-il en souriant.

- « Bien, alors attends moi ici. Je fais vite. » répliquais-je en refermant la porte.

J'ouvris l'armoire et attrapais la première robe qui me tomba sous la main. Par chance, elle convenait parfaitement à l'événement. Elle était faite d'un velours vert sapin étrangement léger et une ceinture dorée en tissu venait enserrer ma taille avec élégance. La robe me tomba parfaitement et je fus satisfaite du rendu.

N'ayant pas suffisamment de temps pour tresser mes cheveux comme je l'aurais souhaité, je les laisser lâchés et dégageais simplement mon visage en faisant quelques nattes qui se rejoignirent à l'arrière de mon crâne.

- « Me voilà ! » déclarais-je en sortant en vitesse de la chambre.

- « Bravo ! Je ne pensais pas que tu serais si rapide. » me félicita mon ami en souriant.

Il me détailla quelques instants avec attention.

- « Alors ? » demandais-je avec impatience.

- « Tu es resplendissante ! Seulement, il te manque quelque chose... » souligna-t-il.

- « Quoi donc ? » demandais-je, surprise.

Sans dire un mot, il fit un cercle au-dessus de sa tête. Je compris aussitôt.

- « Roh… Mais qu'est-ce que vous avez tous avec les diadèmes ! Legolas n'en porte jamais, je ne vois pas pourquoi je devrais me forcer. En plus, je n'en ai pas alors, laisse tomber. » m'exclamais-je avec vivacité.

- « Bien ! Je n'en parle plus. » me répondit-il en levant les mains en signe de paix. « On peut y aller ? » me demanda-t-il ensuite en me tendant son bras.

Nous nous dirigeâmes vers la salle du trône, qui pour l'occasion, avait été réaménagée. Des dizaines de tables avaient été installées, et malgré tout, ce fut insuffisant pour que chacun puisse s'installer.

Mon ami m'entraîna vers l'avant de la pièce, près du trône de Théoden. Nous nous installâmes à côté de Gamelin qui discutait joyeusement avec d'autres hommes.

- « Bonsoir ! » nous salua-t-il avec un sourire.

- « Vous semblez de bien bonne humeur. » lançais-je, amusée.

- « Ce n'est pas tous les jours que l'on ressort vivant d'une telle bataille. Je vais profiter de cette soirée comme s'il s'agissait de la dernière ! » s'exclama-t-il.

- « Vous avez bien raison. » acquiesça Aragorn en souriant.

En effet, nous ne savions pas ce qui pouvait encore nous tomber dessus. Autant profiter de ces instants de paix et de joie.

Bientôt, des verres de vin nous furent servis et le roi arriva. Eowyn lui donna son calice et le vieil homme le tendit devant lui. Aragorn prit l'initiative de se lever et chacun l'imita, moi de même.

- « Ce soir, souvenons-nous de ceux qui ont donné leur sang pour défendre ce pays. Saluons les morts victorieux! » clama Théoden avec fierté.

- « Gloire ! » s'écria tout un chacun en réponse avant de boire une gorgée de vin.

Malgré leur deuil, les Rohirrims semblaient d'humeur à fêter la victoire. Bientôt, des cris de joie, des rires et des chansons furent entendu dans toute la cité. Ce n'était d'ailleurs pas pour me déplaire, car la joie avait manqué à l'appel ces derniers temps. Un peu de légèreté ne ferait de mal à personne. Nous étions en sécurité pour le moment, autant en profiter.

- « Tu vas bien ? » me demanda Aragorn en me donnant un léger coup d'épaule.

- « Oui, je réfléchissais simplement. Aller, viens. Allons retrouver nos amis ! » répondis-je en souriant.

Je lui attrapais la main et nous sillonnâmes la salle, zigzaguant à travers les tables, à la recherche d'un visage familier.

- « Les voilà. » m'indiqua-t-il en pointant son doigt vers Gimli.

Ce dernier était occupé à dévorer un énorme morceau de viande. À ses côtés, les hobbits buvaient une pinte de bière. Legolas et Gandalf, quant à eux, discutaient tranquillement.

- « Bon appétit ! » lançais-je au nain, amusée.

Il grogna en signe de remerciement et reprit son activité.

- « Heldaria ! Quel plaisir de vous revoir en pareille tenue. Vous êtes ravissante. » me lança Gandalf, une lueur d'admiration dans les yeux.

Legolas hocha la tête en souriant. Je rougis légèrement avant de remercier le vieil homme.

- « Il faut croire que lorsqu'elle porte des robes, le monde est en paix. » répliqua Aragorn, d'humeur taquine.

- « Malheureusement, je ne les garde jamais longtemps. » répondis-je à mon tour.

Voilà plus de deux heures que la fête battait son plein. Les cris, les discussions et les chants s'étaient intensifiés, grandement aidés par la consommation d'alcool de chacun.

- « Bonsoir. » me salua Théoden en s'approchant.

Il me tendit un verre rempli de bière et m'encouragea à trinquer avec lui.

- « C'est la meilleure du pays. Nous la gardons pour les occasions spéciales. » m'informa-t-il en buvant une gorgée.

J'en fis de même et fus agréablement surprise par la saveur de la bière. Fruitée et légèrement amère, elle ne demandait qu'à être bu par goulées.

- « Je n'en avais jamais bu auparavant. Elle est excellente. » répondis-je en souriant.

- « N'est-ce pas ?! Si nous sortons vivants de toute cette sombre histoire, vous devriez en rapporter chez vous. »

- « Je le ferai, mes parents seront ravis de pouvoir y goûter. Ce serait peut-être une occasion de rétablir le commerce entre nos deux royaumes. » proposais-je.

Le roi me regarda, incrédule, avant de hocher la tête.

- « C'est une très bonne idée. Je ne m'attendais pas à une telle proposition après mon comportement. »

- « Vous n'avez pas été tendre, c'est vrai. J'avoue avoir eu envie de me venger, mais après réflexion, je pense que vos actes et vos paroles n'étaient que la manifestation de votre peur et de votre colère. Je peux les comprendre aisément, vous n'avez pas eu la vie facile. » répondis-je simplement.

- « Vous êtes sage. Je vous ai mal jugé. Veuillez accepter mes excuses. » me lança-t-il avec un profond respect.

- « Elles sont acceptées, Théoden. Nous sommes partis du mauvais pied. J'avoue ne pas être la reine de la diplomatie. »

- « Nous avons tout deux nos tords, on dirait. Je suis ravi que nous puissions passer au-dessus de nos différents. Même si j'ai pu critiquer les Terres Éloignées, j'avoue être honoré d'avoir pu me battre aux côtés de ses soldats. Sans votre précieuse aide, je ne sais ce qu'il serait advenu des miens. »

- « L'honneur est partagé, soyez en sûr. À l'avenir, si vous avez des interrogations sur mon royaume, ne vous privez pas de m'interroger. Je ne refuse jamais de parler de mon chez-moi, encore moins avec des alliés. Ce n'est pas parce que nous avons fermé nos frontières que nous sommes inaccessibles. »

- « Je tâcherais de m'en souvenir ! Je me ferai un plaisir de passer quelques heures en votre compagnie afin d'en apprendre plus sur les vôtres, mais pas ce soir. Je ne vais pas accaparer votre temps, vous avez fièrement combattu. Profitez un peu de la soirée. »

- « Nous trouverons un moment pour répondre à votre requête. À plus tard ! »

Je saluais le roi et m'éloignais. Cette conversation, bien que surprenante, me ravie au plus haut point. Théoden n'était pas une mauvaise personne, seulement un homme en colère et en souffrance. Je ne savais que trop bien la pression que nous pouvions ressentir face aux responsabilités de la couronne. Quiconque rêvait d'être souverain était un fou !

- « Auriez-vous besoin d'un peu de compagnie ? » me demanda une jeune femme.

- « Ce ne serait pas de refus. » répondis-je en souriant.

- « Venez-vous asseoir avec nous. »

Elle lança un regard en direction d'une table non loin. À cette dernière, étaient assises deux femmes. Elles me sourirent gentiment en nous faisant signe d'approcher.

- « Venez à mes côtés, votre Altesse. » m'indiqua l'une d'elle.

- « Oh, je vous en prie, appelez moi simplement par mon prénom. » demandais-je en m'asseyant.

- « Laissez-nous nous présenter. Je m'appelle Sara. » commença celle qui était venue me chercher.

- « Moi, c'est Gresilda et en face c'est Tilda. » continua celle qui m'avait dit de m'asseoir à ses côtés.

- « Enchantée, mesdames. Je suis ravie de faire votre connaissance. » répondis-je sincèrement.

- « Et nous de même. À vrai dire, nous avions hâte de vous rencontrer. » s'exclama Sara.

- « Ce que vous avez fait pour notre peuple n'a pas de prix. Nous ne vous remercierons jamais assez. » continua Tilda.

- « Nous sommes tous des victimes de Sauron et Saruman. Si nous ne nous allions pas, alors nous aurons tôt fait de disparaître. Il est normal que nous vous soyons venus en aide. » répondis-je.

- « Même si vos paroles sont d'une logique implacable, peu l'ont fait. Le Gondor semble se contre-ficher de notre sort. » répliqua Gresilda avec amertume.

- « Je suis certaine qu'ils ont, eux aussi, leur lot de combat. Il ne faut pas oublier qu'ils sont le premier rempart entre Sauron et le reste de la Terre du Milieu. S'ils ne sont pas venus, peut-être est-ce simplement, car ils n'en ont pas eu la possibilité. » les défendis-je.

- « Hum… C'est surtout que Denethor est un fou stupide, cupide et égoïste. Tout le monde sait qu'il convoite le trône. » me répondit-elle, peu convaincue par mes arguments.

- « Ce n'est pas faux. Enfin, Saruman est tombé, nous n'avons plus de raison de nous inquiéter. Du moins pour ce soir. » acquiescais-je.

- « Et c'est tant mieux. Ce mage avait perdu l'esprit. Qui peut trouver du bon à se joindre à Sauron ?! » demanda Tilda en fronçant les sourcils.

- « Ceux qui affectionnent le pouvoir et la domination. Le seigneur des ténèbres a dû leur promettre monts et merveilles. Un faisceau de mensonges, qui accompagné de terreur peut convaincre quiconque convoite un tant soit peu de contrôle. Il n'est pas si facile de se battre pour le bien ! » répondit Sara.

- « Heureusement, il reste des courageux. » s'exclama Tilda.

- « Et des courageuses ! Si nous n'étions pas là, nos hommes seraient désespérés. Un peu de douceur féminine peut être le remède à nombre de maux. » ajouta Sara.

- « Hum… Nous serions bien plus utiles sur le champ de bataille qu'à la maison. Personnellement, j'en ai assez d'attendre après mon père, le ventre tordu par la peur de ne jamais le revoir. On nous a appris à nous battre, je manie la lame avec agilité. Pourquoi envoyer nos fils se faire tuer alors que nous sommes bien plus aptes qu'eux ?!» clama vivement Gresilda.

- « Voilà un point sur lequel je ne peux vous contredire. Je ne comprends pas réellement ce qui pousse les hommes à être si misogynes. Peut-être veulent-ils protéger votre aptitude à donner la vie ? » questionnais-je.

- « Ou bien cela les rassure. Nous imaginer plus faibles et incapables de nous défendre leur donne du pouvoir. Ça leur donne l'impression de servir à quelque chose. Nous avons le pouvoir de donner la vie, mais aussi de la reprendre. Et s'ils en étaient effrayés ? Après tout, si nous avions leurs privilèges, nous serions invincibles. » me répondit Gresilda.

- « Votre image de la gente masculine est bien médiocre, mesdames ! » lança une voix masculine dans mon dos.

Je me retournais, accompagnée de Gresilda et nous croisâmes le regarde d'un jeune homme. Il était grand, blond comme les blés et avait un sourire farceur. Il prit place aux côtés de Tilda et lui embrassa le front.

- « Heldaria, voici mon mari, Bryan. » m'informa cette dernière en souriant.

- « Enchantée, votre altesse. » me lança-t-il en baissant légèrement la tête.

- « Appelle-la par son prénom, elle préfère. » lui informa sa bien aimée.

Je souris à Tilda, contente que quelqu'un ne soit pas gêné par ma demande.

- « Moi de même, Bryan. » répondis-je.

- « Tant que tu es là, pourquoi ne nous renseignerais tu pas sur les raisons qui poussent les hommes à être aussi bêtes ? » lui demanda Gresilda avec ferveur.

- « Qu'entends-tu par « bêtes », Gresilda ? » lui répondit-il, intrigué.

- « Idiots, égoïstes, misogynes ? » enchaîna-t-elle sans en démordre.

Cette jeune était particulièrement virulente envers la gente masculine. Je ne pouvais que le comprendre ! Moi-même, je serai fortement agacée si je vivais depuis si longtemps en compagnie des Rohirrims. Ils avaient le sens de l'honneur, mais qu'est-ce qu'ils pouvaient être épuisants avec leurs principes à la noix !

- « Eh bien, certains n'ont pas eu la chance de naître avec un cerveau aussi développé que le tiens. D'autres sont simplement paresseux et ne souhaitent pas se cultiver davantage. Après tout, seul un être avisé se demande s'il en sait assez. Quant à la misogynie, je dirais simplement que c'est culturel, les elfes ont une vision tout à fait différente de la nôtre. Par la nôtre, j'entends celle du Rohan, bien que je ne la partage pas. Je vous connais toutes les trois bien assez pour savoir que vous pourriez tuer tout un régiment d'orques à vous seules. Quant à l'égoïsme, disons qu'homme ou femme, personne n'en est épargné ! Je n'argumenterais donc pas ce propos, car tu en connais déjà les tenants et les aboutissants. »

- « Voilà une réponse qui devrait te satisfaire ! » rit Sara en donnant une tape amicale sur l'épaule de Bryan.

- « Voilà un homme intelligent ! Vous auriez votre place aux côtés d'un roi, vos propos sont avisés et votre parler est particulièrement bien mené. Vous feriez un bon conseiller. » le complimentais-je, surprise.

- « Vos compliments me vont droit au cœur, Heldaria. Cependant, je n'aurai pas l'arrogance de les approuver. » me répondit-il en rougissant.

- « Fausse modestie... » marmonna Tilda, en souriant.

- « Il serait mal poli de les approuver. » répondit Sara en haussant les épaules.

- « Pourquoi ? Je trouve cela bien plus mal poli de feinter la modestie. Un compliment s'apprécie avec sincérité. Il n'est pas mauvais de reconnaître ses propres qualités ! » clama Gresilda.

- « Êtes-vous toujours en train de débattre ? » demandais-je amusée.

- « Eh bien, oui. Rare sont ceux qui peuvent tenir une conversation censée dans cette cité. Je suppose que vous l'aviez remarqué, mais l'ouverture d'esprit de ses habitants n'est pas à son paroxysme. » répondit Sara en jetant un coup d'œil aux alentours.

- « La plupart préfèrent parler de leurs poules que d'économie ou de politique. Quel rêves se serait de pouvoir nous rendre à Fondcombes. Il est dit que la bibliothèque est tellement grande que l'on pourrait s'y perdre. » ajouta Gresilda.

- « Eh bien, c'est à peu près fidèle à la réalité. Beaucoup d'elfes viennent passer quelques mois à la cité afin d'avoir accès à la bibliothèque d'Elrond. C'est une source de connaissances impressionnante ! Je suis sûr que le maître des lieux se ferait un plaisir de vous accueillir. » répondis-je.

- « Vraiment ?! » s'exclama Bryan, tout content.

- « Ne t'emballe pas, souviens-toi que les elfes s'en vont vers d'autres rivages pour ne jamais revenir. » lui lança Gresilda, sombrement.

Le jeune homme acquiesça en baissant la tête.

- « Il vous reste encore un peu de temps. Si Elrond s'en va, ce ne sera pas avant un an ou deux. » les informais-je.

L'envie de leur parler de l'anneau m'avait pris quelques instants, mais je ne pouvais pas. L'avenir des elfes en dépendait, je ne pouvais en parler. Et puis, je n'étais même pas certaine de réussir. Cette quête devait encore attendre.

- « La partie est finie ! » s'exclama la voix de Legolas avec fierté.

Je haussais les sourcils, surprise et le rejoignis. J'avais quitté Sara, Gresilda, Tilda et Bryan depuis une petite heure. Depuis, j'avais discuté avec Gandalf et Aragorn et avais même danser en compagnie des cousins.

- « Toi, tu jouais à un jeu ?! » demandais-je en souriant, amusée.

Legolas, et tous ceux qui l'accompagnaient, se tournèrent vers moi.

- « Eh bien, oui. Gimli et Eomer m'ont convaincu. » me répondit-il en riant.

Je lançais un regard au nain, avachi sur le sol. Ses ronflements s'entendaient légèrement malgré le bruit environnant.

- « Legolas a une sacrée descente. » s'exclama Eomer, impressionné.

- « Il est bon d'être un elfe pour gagner au jeu d'alcool ! » répondis-je.

- « N'y a-t-il donc aucun breuvage qui vous fait de l'effet ?! » nous demanda un soldat non loin.

Lui-même semblait avoir bu quelques verres.

- « Si, le vin de mon père ! Je ne sais de quoi il est composé, mais je puis vous assurer que nombre d'elfes ont fini comme Gimli en le buvant. » répondit Legolas en riant.

- « Voilà une nouvelle rassurante ! Il n'y a rien de mieux que l'alcool. » lui répondit le soldat.

- « Si Terrel, les femmes ! » s'exclama l'homme à ses côtés, faisant rire l'assemblée.

Je secouais la tête, souriant moi aussi. Mieux valait ne pas se vexer.

- « On devrait peut-être transporter Gimli jusqu'à sa couche. » proposais-je.

- « Bonne idée. S'il reste ici, il finira écrasé. » me répondit Legolas en souriant bêtement.

- « Hum… Malgré ce qu'ils disent, leur bière commence à te faire de l'effet. » remarquais-je.

- « N'importe quoi... » souffla-t-il en souriant.

- « Tu es bien plus loquace et souriant que d'habitude. J'aime bien cette nouvelle facette. » ajoutais-je en lui faisant un clin d'œil.

Je me dirigeais ensuite vers notre ami nain et me baissais afin de lui attraper les épaules.

- « N'allais pas vous blesser, votre altesse. » me lança un des hommes.

- « Garmin, ferme là. » lui lança Eomer avec un regard sévère.

Il s'excusa avant de se remettre à boire.

- « Un coup de main. » nous proposa le capitaine.

- « Ça ira, ne vous en faîtes pas. Deux elfes pour un nain, c'est largement suffisant. » lui répondit Legolas en attrapant les pieds de Gimli.

- « Merci quand même. » lançais-je en me relevant.

Il nous fallut quelques minutes avant d'attendre la pièce où avaient été installées les couches de mes amis.

- « Quel joli dortoir. » remarquais-je en souriant.

Nous déposâmes Gimli avant de nous éloigner, sans faire de bruit.

- «Hum… Encore une nuit passée en compagnie des ronflements de Gimli. » souffla-t-il.

- « Quelle chance ! Moi, j'ai le malheur de dormir seule, dans un lit merveilleusement confortable. Je t'envie ! » le taquinais-je avec un ton moqueur.

- « Eh bien… Comme je suis un être particulièrement bon, je veux bien consentir à te tenir compagnie. Ainsi, cette nuit te sera moins pénible. » me répondit-il en s'approchant.

Il passa ses mains sur ma taille, déclenchant bon nombre de frissons.

- « Ce n'est pas une mauvaise idée… À vrai dire, elle est même séduisante. Je crois bien être d'accord pour partager mon fardeau. » soufflais-je en plongea mon regard amusé dans le sien.

Ses yeux rieurs me détaillèrent quelques instants avant de se fixer sur ma bouche.

- « J'ai terriblement envie de t'embrasser, mais je ne le ferai pas ici. » murmura-t-il.

- « Les ronflements de Gimli ne sont pas vraiment romantiques ? » demandais-je en riant.

- « Tout à fait. Tu mérites bien mieux. Moi aussi d'ailleurs. Suis-moi. » répondit-il

Il attrapa ma main et m'emmena à l'extérieur du château. L'air frais vint me fouetter le visage, me faisant un bien fou. Les nombreux verres de bière et l'effet que me faisait Legolas avait eu tôt fait d'augmenter ma température corporelle.

- « La vue est magnifique. » soufflais-je en observant la cité

Legolas se plaça dans mon dos et me tira contre son torse. Ses mains se posèrent avec douceur sur mon ventre. J'étais bien dans ses bras, enfin en paix.

- « Tu crois qu'on va réussir ? À se débarrasser de Sauron ? Tu penses qu'on peut y arriver ? » demandais-je dans un murmure.

- « Je l'ignore. Tout ce que je sais, c'est que Frodon et Sam iront jusqu'au bout et que nous n'abandonnerons pas le combat. Nous nous battrons jusqu'à la fin, et c'est tout ce qui compte. » me répondit-il.

- « J'ai peur. » avouais-je en tremblant légèrement.

Je sentis ses mains se poser sur ma taille et il me tourna face à lui.

- « Moi aussi, mais nous sommes ensemble maintenant. Je ne laisserais rien t'arriver, je ne t'abandonnerais pas. Jamais. » souffla-t-il sans me lâcher du regard.

Mes doigts vinrent se poser sur sa joue, la frôlant avec douceur.

- « Tu comptes me suivre partout, alors ? » demandais-je en souriant.

- « Exactement. Tu ne pourras plus jamais te débarrasser de moi. Je vais passer mon éternité à tes côtés. » répondit-il, amusé.

- « Même si je ne veux plus de toi ? »

- « Surtout si tu ne veux plus de moi. Mais je ne m'inquiète pas trop pour ça, tu ne pourras jamais te passer de moi. »

- « Hum… C'est ce qu'on va... » commençais-je avant d'être stoppée.

Sans que je ne m'en rende compte, ses lèvres se posèrent sur les miennes avec force. D'abord surprise, je répondis finalement à son baiser. Ça faisait si longtemps que j'en rêvais et je ne fus pas déçue. C'était encore mieux que dans mes pensées. Jamais je n'avais ressenti cela auparavant. J'avais l'impression d'être en train de voler, je me sentais vivante comme si jusqu'à présent, je n'avais fait que survivre. Je me sentais enfin complète. Il m'avait manqué durant toute ma vie et ce n'est que maintenant que je m'en rendais compte.

- « D'accord, tu as raison. Jamais je ne pourrais me passer de toi. » murmurais-je lorsque le baiser prit fin.

Il posa son front contre le mien en souriant fièrement.

- « J'ai toujours raison. » souffla-t-il en réponse.

Je levais les yeux au ciel, amusée avant de poser ma tête contre son torse et de me blottir contre lui. J'entendais son cœur battre la chamade et cela me fit sourire.

J'ouvris les yeux dans un sursaut avant de me redresser. Je regardais autour de moi, paniquée. Mon regard se posa sur une fenêtre en face de moi et la lune m'aveugla quelques instants. Je fermais les yeux pendant quelques secondes en essayant de reprendre mes esprits. Que venait-il de se passer ?

Je me souvenais que j'étais dans le lit de mes appartements à Edoras. La fête en l'honneur de notre victoire s'était finie il y a quelques heures et le château était à présent endormi, plongé dans un silence reposant. Je regardais à côté de moi et vis que la place était toujours vide. Legolas ne m'avait pas accompagné jusqu'à la chambre, n'ayant pas sommeil. Il était resté sur la terrasse du château pour observer les étoiles.

Même si tout paraissait calme et paisible, mon cœur battait vivement. Je me sentais en danger et observée. Je sortis du lit en silence, enfilais une robe de chambre et mes bottes avant d'attraper l'une de mes dagues. Je traversais le couloir sur mes gardes, ne sachant pas vraiment où mes pas me menaient.

- « Heldaria ? » m'appela Aragorn dans mon dos.

Je sursautais avec force et me tournais vers lui, les yeux emplis de soulagement.

- « Ça va ? » demanda-t-il, inquiet.

- « Non, il y a quelque chose qui cloche. Je ne sais pas de qui il s'agit, mais il y a une présence malsaine dans l'air. » répondis-je la voix mal assurée.

- « Viens, allons retrouver Legolas. » me lança-t-il en regardant autour de lui.

Je le suivis jusqu'à l'extérieur. L'elfe n'avait pas bougé depuis que je l'avais quitté.

- « Les étoiles sont voilées. Quelque chose s'agite à l'est, une malveillance à l'affût. L'œil de l'ennemi avance. » nous confia Legolas en murmurant.

- « Je l'ai senti aussi. Ça m'a réveillé en sursaut. » répondis-je, mal à l'aise.

Soudain, un profond mal-être s'empara de moi. C'était la même sensation que lorsque les Uruk-hai nous avaient attaqués sur les berges de l'Anduin.

- « Il est ici ! » s'écria Legolas.

Nous nous précipitâmes à l'intérieur, courant le plus vite que nous le pouvions.

- « Le dortoir ! » annonçais-je en tournant dans un couloir.

Bientôt, Aragorn défonça la porte de la pièce et nous pénétrâmes à l'intérieur, fous d'inquiétude. Ce que nous vîmes me retourna l'estomac. Pippin avait les mains collées au palentir incandescent et se roulait au sol, se tordant de douleur.

- « Non ! Il faut l'aider ! » cria Aragorn, avant de s'emparer de la boule lumineuse.

Lui-même se débattit avant de s'écrouler au sol. Sans vraiment réfléchir aux conséquences de mes actes, je pris le palentir dans mes mains pour aider mon ami. Cette décision fut bien idiote.

Une douleur vive me transperça le crâne et une voix profonde et rocailleuse raisonna dans mon esprit.

- « Heldaria ! Quelle rencontre étonnante. Savez-vous ce que je fais subir à vos proches en ce moment ?! » s'écria-t-elle en riant.

Des images de ma famille et de mes amis apparurent devant mes yeux, ils agonisaient sous la torture de notre ennemi tandis que mon royaume brûlait dans les flammes de la guerre derrière eux. Des larmes dévalèrent mes joues tandis qu'un cri de rage sorti de ma gorge.

- « Si tu veux que je les épargne, parle ! Dis-moi ce que tu sais de l'anneau unique. Dis-moi où il est ! » cracha la voix avec autorité.

Je fis tout mon possible pour fermer mon esprit, mais malheureusement des bribes de souvenirs s'échappèrent.

- « Ainsi, il existe un autre anneau de pouvoir ! Cenya… Et tu en es le porteur. Ces elfes sont plus rusés que je ne le croyais. Galadriel croit donc pouvoir me défier et échapper à sa fin en ces terres. Dis-moi où il est ! Parle et je laisserais ta famille en paix. » gronda la voix.

Une vague de désespoir s'empara de moi, puis ce fut le trou noir.