Tribu de sang

Disclaimer : L'histoire et certains personnages m'appartiennent, mais l'univers de Twilight reste la propriété de Stéphanie Meyer. Et le monde d'Harry Potter appartient à JK Rolling.

Résumé : Tout ce que désirait Harry Potter était de rapidement partir à l'internat pour effectuer les études de ses rêves. Il tente de vivre le plus discrètement possible, ne déviant presque jamais de sa route. Enfin... Ça c'était avant ! Avant que quelque chose, ou quelqu'un, en décide autrement, et il voit sa vie chamboulée. Il n'aurait jamais pensé que cette aventure le pousserait au-delà de ses limites, de ses valeurs, de ses convictions… Tout ça pour devenir... Un tribut de sang...

Attention : Harry Potter n'est pas sorcier et le monde magique n'existe pas dans cette histoire. Il est au contraire un humain normal qui va vivre une aventure extraordinaire…

Une petite review pour me donner votre avis et du courage est toujours la bienvenue !

Réponse aux review :

Kivorona : Ah, ça fait plaisir de lire ça ! J'espère ne pas créer de déceptions avec cette suite alors ! Bonne lecture ! 😊

Flamme Eternel : Salut, oui, c'est parti pour un autre univers ! Je modifie un peu (beaucoup) les histoires d'origine d'HP et TWILIGHT mais… J'espère que la suite sera à la hauteur ! 😉

Chapitre 1 : Trois mois.

L'aube venait de se lever et les doux rayons du soleil baignaient de lumière une petite maison situé au 4, Privet Drive dans un quartier pavillonnaire de Little Whinging, dans le Surrey. Sur la boite aux lettres, on pouvait lire le nom des propriétaires "Dursley" écrit sur un petit écriteau noir en belles lettres calligraphies. Passer l'entrée, l'allée où était garé une petite voiture familiale, et le petit jardin séparé de la rue par un muret, et on ne pouvait manquer l'énorme massif d'hortensias planté juste sous la fenêtre de ce qui devait être le salon.

Il était à peine 6h00 du matin, tous les habitants étaient encore endormis... Si ce n'est cette ombre qui se faufilait dans les escaliers dans le plus grand silence. Traversant sans s'arrêter le salon, où se trouve une cheminée condamnée qui abritait poêle électrique et sur laquelle étaient exposées des photos d'un jeune homme grassouillet, la silhouette se dépêcha de passer la porte de la cuisine. Ici, tout était aussi impeccable qu'une table d'opération, que ce soit la table à la natte blanche sans pli où la famille semblait prendre ses repas, ou l'ensemble d'électroménagers aussi intacts que s'ils venaient d'être achetés.

Harry Potter, car c'était bien lui l'ombre qui venait d'allumer les fourneaux d'une petite cuisinière à gaz, se dépêcha de sortir le nécessaire pour préparer un petit déjeuner pantagruélique. Œufs, bacon, pain, saucisses, pommes de terre, ... s'étalaient lentement sur le plan de travail.

Voilà 18 ans qu'il vivait dans cette maison, celle de son oncle par alliance et sa tante, qui avaient été assez généreux pour l'accueillir à la mort de ses parents. En mémoire à sa mère qui s'était "fourvoyée avec un alcoolique" dixit sa tendre famille. Et en échange de leur beau geste, qui avait été de pas envoyer bouler les assistantes sociales lorsqu'elles s'étaient présentées devant leur porte accompagné d'un nourrisson d'un an, il était ce qu'il aimait se dire dans son cœur un "cendrillon des temps modernes". Homme de ménage, jardinier, cuisinier... Il avait toutes les casquettes ! Le but étant de rendre la vie de sa famille la plus douce possible en leur faisant oublié le plus possible sa présence indésirable.

Mais bientôt tout cela serait fini ! C'était ce qu'il se disait en battant les œufs et en versant le tout dans une poêle avec un peu de beurre. Il avait maintenant 19 ans, et il terminait sa première année commune aux études de santé, et se préparait à réussir son concours de fin d'année, afin de pouvoir poursuivre des études d'odontologie. S'il avait son concours, avec d'excellentes notes, et ses petits jobs, il pourrait intégrer un très bon internat à l'autre bout du pays pour tenter d'obtenir son diplôme de chirurgien-dentiste. Comme l'était sa défunte mère. Il n'avait que 3 mois à tenir, pour finir son année, et s'en aller commencer une nouvelle vie.

Sa famille adoptive avait bien ri lorsqu'il s'était lancé dans cette voie, ne croyant absolument pas en sa réussite. Son cousin, Dudley, en décrochage scolaire depuis la fin du collège, avait été particulièrement mauvais. Bien qu'il eût compris qu'il devait se garder de leur parler de lui ou de ses projets, il ressentait toujours un pincement au cœur face à leur animosité et leur besoin de le voir échouer.

Secouant la tête pour s'ôter ces pensées moroses et parasitaires, Harry se dépêcha de finir de faire ruisseler le bacon, son œil captant la petite horloge coincée dans un recoin de mur qui lui indiquait déjà 6h30. Il venait de finir de faire couler le café, tout en déposant les derniers couverts pour trois personnes sur la table lorsqu'il entendu le remue-ménage venir des étages au-dessus.

Oncle Vernon se levait tôt, pas par envie, mais parce qu'il voulait avoir le temps de bien manger avant de devoir se rendre au travail à 8h00. Mais avant même qu'il arrive, sa tante Pétunia surgit par la porte de la cuisine pour jeter un œil critique à son travail.

- N'as-tu pas encore fini, garçon ?

- C'est bon, tante Pétunia, tout est presque prêt, répondit-il, laconique.

- Alors dépêche-toi et déguerpis ! Tu sais bien que tu coupes l'appétit à Vernon lorsqu'il te voit si tôt le matin.

Comme si cela n'était pas réciproque, pensa-t-il fortement. Trop fort, manifestement, vu les lèvres de plus en plus pincée de sa tante. Il se brula la main dans sa précipitation à enlever des dernières lamelles de bacon du feu, éteignit le tout, et prit discrètement le sandwich d'œufs qu'il s'était aussi préparé pendant que la femme de la maison lissait un pli imaginaire de la nape blanche de la table pleine à craquer.

Se dépêchant d'atteindre le vestibule, il enfila son vieux manteau, et une grosse écharpe en laine, avant de sortir avec son repas. Il venait de fermer la porte derrière lui lorsqu'il entendit les lourds pas de son oncle descendre les escaliers. Pressant l'allure pour éviter toute confrontation, il passa à l'arrière du jardin, et s'installa tranquillement sur un des bancs en pierre s'y trouvant pour petit déjeuner. Il avait appris par la force à quel point sa présence ennuyait sa famille et avait pris pour habitude de se faire discrètement sa propre ration et de la manger seul. Au calme.

S'il avait le malheur de remonter dans sa chambre, il risquait de tomber sur son oncle qui ne manquerait pas de servir de lui comme défouloir pour une raison ou une autre. Rester manger avec eux à table n'était pas envisageable. Et surtout, il ne voulait pas encore assister à la crise qui ne tarderait pas à arriver lorsque tante Pétunia tenterait de réveiller son fils pour venir à table. Dudley était rentré tard, comme d'habitude, d'une de ses sorties avec ses potes tout aussi paumés que lui. Il n'avait aucun projet, aucune envie, et sa vie n'était rythmé que par les cajoleries de sa mère le matin, engouffrer le plus de nourriture possible avec son père dans la journée, avant de traînasser jusqu'au soir devant la télé, ou dans sa chambre. Ici, avec la levée du soleil pour seul compagnie, il n'avait pas a supporté cri, remontrances, bousculades, et autres joyeusetés.

Harry se dépêcha de finir son repas, et se dirigea à contre cœur l'intérieur de la petite maison dans un silence complet lié à l'habitude. Ouvrant la porte le plus délicatement possible, il entendit les beuglements de Dudley dans la cuisine, toujours aussi ravi des réveils de sa mère, et la voix grave de son oncle houspillant sa femme de lui apporter plus de saucisses alors que ses assiettes débordaient. Il enleva manteau et écharpe, et se cacha rapidement contre le mur de l'escalier, dans le noir, lorsque sa tante lança un regard vers le vestibule comme si elle avait senti sa présence. Il l'épia lorsqu'elle reprit son service et relâcha son souffle. Il avait remarqué qu'elle semblait l'épargner en ne l'obligeant pas à rester trop longtemps en présence de son mari et de son fils. Elle le laissait fuir, se faufiler, et disparaitre. Tant que la nourriture était prête, le ménage fait, et le jardin entretenu, elle était celle qui le laissait le plus en paix.

Remontant à l'étage, il se dirigea vers sa chambre, la plus petite, mais au moins n'était-ce plus le placard sous l'escalier, et se dépêcha d'user de la salle de bain commune et de se préparer pour aller en cours. Il s'observa rapidement dans le miroir, s'attardant sur ses yeux verts cernés par le manque de sommeil, et ses cheveux d'un noir de jais toujours en bataille. Petit pour un homme, maigre et bronzée, il portait de fines lunettes rondes et son seul signe distinctif était sa petite cicatrice sur le front. Vestige de l'accident de voiture qui avait couté la vie à ses parents. Chassant la morosité qui le prenait à la vision de ce rappel macabre, il se hâta de finir de se préparer. Une fois propre, habillé, le sac sur l'épaule, il colla son oreille contre sa porte pour écouter et comprendre ce que faisait les autres habitants de la maison. Le bruit de l'eau qui s'écoulait lui apprit qu'oncle Vernon se préparait pour sa journée de travail. C'était le moment.

Se dépêchant de descendre les escaliers, il déposa son sac d'école devant la porte d'entrée, passant dans le salon ou Dudley s'endormait déjà devant une émission quelconque. Il ne remarqua même pas sa présence, et Harry en souffla de soulagement en se dirigeant vers la cuisine. Il butta contre tante Pétunia qui en sortait, se figeant et la laissant le regarder de haut en bas avant de le contourner sans un mot. Oui, elle respectait qu'il soit une ombre silencieuse et obéissante dans la maison. Et cela lui convenait.

Il se dépêcha de laver la vaisselle, et de nettoyer toute la cuisine pour la rendre de nouveau propre et aseptisée comme l'aimait tante Pétunia. Il venait de finir de rincer l'évier lorsqu'il avisa qu'il était déjà 7h45. Il eut un rictus en se disant que bien qu'il fût toujours le premier levé il restait sans arrêt le dernier arrivé en cours, en retard à cause de ses tâches quotidiennes. Courant récupérer son sac, enfilant manteau et écharpe, il se dépêcha de sortir de la maison pour ne plus y revenir avant le soir.

Il vit son bus à l'arrêt, au bout de la rue, qui était déjà en train de repartir. Sans réfléchir, il se mit à courir, l'air froid brulant ses poumons, pour tenter de le rattraper. Les feux stop rouges venaient de s'éteindre, le clignotant annonçant qu'il se réengageait sur la route d'être mis, lorsqu'il en atteint arrière.

- Arrêtez ! J'arrive ! Laissez-moi monter s'il vous plait, hurla-t-il en tapant contre l'arrière du bus.

Par chance, le chauffeur, habitué, freina, et il vit les portes s'ouvrir de nouveau alors qu'il perdait son souffle.

- Encore, Harry, râla ce dernier. Tu devrais vraiment envisager de mettre ton réveil plus tôt. La prochaine fois, je ne m'arrêterais pas !

- Désolé, Monsieur, souffla-t-il à bout de force avant de montrer sa carte passagère qu'il avait payé grâce à ses petits boulots, promis ça n'arrive plus.

- J'ai déjà entendu ça...

Grimaçant face à cette vérité, il se pressa d'aller se trouver une place au fond du bus. Une veille femme assise à sa gauche, qui tenait sac serré contre elle comme s'il allait tenter de le lui dérober, ne répondit pas à sa salutation gênée et le regardait fixement à mesure qu'il avançait. Tentant un autre sourire dans sa direction, il ne récolta qu'un froncement de sourcils encore plus prononcé, un plissement de yeux, et un reniflement dédaigneux avant qu'elle ne se désintéresse de lui. Harry haussa des épaules avant de trouver une place et de se faire discret pour le restant du trajet qui le mènerait à son université.

Il ne tarda pas à descendre du bus, et vit l'énorme portail en fer forgé où se pressaient divers élèves. Par habitude, il rabattu sa capuche sur ses boucles noires désordonnées et se fondit dans la foule pour atteindre son premier cours. Il slalomait dans les couloirs, atteignant presque sa salle de classe, lorsqu'une main lui saisit l'épaule en le faisant sursauter.

- Encore en retard... Vraiment, j'en ai marre de toujours t'attendre !

- Hermione ! S'écria-t-il, joyeux, et esquissant son premier vrai sourire de la journée.

Hermione était bien sa seule amie en ce monde. Il se connaissait depuis la maternelle, et comme lui, elle avait été mise à l'écart par les autres élèves. Parce qu'ils "sentaient leur génialité" d'après elle. Mais il n'était pas sûr de partager son avis

Elle avait d'épais cheveux bruns ébouriffés, légèrement bouclés et touffus, qu'elle avait coiffée d'un serre-tête blanc aujourd'hui, et de grandes dents. Elle possédait aussi des yeux de couleur noisette qui actuellement était plongé dans son propre regard de chiot battu qu'il espérait être convainquant.

- Ok, allons-y, tu veux ? Capitula-t-elle. Aujourd'hui, le professeur Rogue va nous montrer une expérience biologique sur...

Il décrocha totalement à ce moment précis et se contenta de s'assoir à la place qu'elle lui désignait. S'il se targuait d'être bon élève, son amie l'était encore plus. Et elle pouvait épiloguer des heures sur les études, et dans ces cas-là, il savait qu'il pouvait l'écouter d'une oreille en hochant la tête de temps en temps. Néanmoins, le cours d'aujourd'hui était essentiel pour le concours de fin d'année, et il se concentra d'autant plus quand son professeur surgit dans la salle de classe comme pour effrayer ses élèves indisciplinés. Enlevant mollement son long manteau noir, il le vit examiner toute la classe qui se fit lentement silencieuse. Tout le monde craignait le professeur Rogue. Il était brillant, exigeant, et… effrayant. Lorsque leur regard se croisa et que celui de son professeur pétilla de sadisme, il sut que la journée serait longue.

Il n'eut pas tort lorsqu'il se rendit au réfectoire avec un mal de tête infernal. Rogue avait joué à son jeu favori : l'interroger pendant tout le cours pour tenter de le piéger. Et comme, en toute modestie, Harry était intelligent, il s'était fait un malin plaisir de répondre à chacune de ses interrogations en laissant couler les piques qu'il se recevait malgré la justesse de ses réponses. C'était comme ça, comme pour sa famille, certaines personnes ne pouvaient pas s'aimer. Cela ne venait pas de lui, c'était juste que son existence semblait être une insulte pour cet homme. Dommage pour lui qu'il soit son professeur principal, songea-t-il en soufflant de fatigue avant de s'assoir à table pour manger en compagnie d'Hermione.

- Tu ne prends que ça ? Demanda-t-elle en avisant son plateau ou trônait une salade, une pomme et un verre d'eau. Tu vas finir par tombé à ne rien manger !

- T'inquiète pas, c'est juste que j'ai trop déjeuné ce matin, mentit-il aisément.

Il ne pouvait pas lui dire que c'est tout ce qu'il pouvait se permettre d'acheter avec son petit salaire des différents boulots qu'il cumulait.

Car il avait appris avec le temps à ne pas parler de ses problèmes familiaux. Un jour, plus jeune, il s'était confié à sa maitresse accompagné d'Hermione. Son amie, aussi innocente qu'elle, avait compris que les récits de la vie qu'il menait comme "Cendrillon des temps modernes" n'était pas normal. Et, petit enfant au cœur triste de ne pas saisir pourquoi sa famille ne l'aimait pas, son but avait été de tenter de comprendre plutôt que de dénoncer quoi que ce soit. Les Dursley avaient été convoqués à l'école, avaient joué le rôle de charmant parent se dévouant pour un enfant qui n'était pas le leur. Et avait étouffer l'affaire. En revanche, la correction qu'il avait reçue par la suite, et la lueur meurtrière qui avait éclairé le regard d'oncle Vernon l'avait marqué à jamais.

Il ne s'était plus jamais plaint, n'avait plus échangé sur ce qu'il se passait entre les quatre murs du 4 Privet Drive. Et, le temps aidant, Hermione avait fini par respecter son silence et ronger son frein, les professeurs par laisser tomber, et les voisins par ne plus poser de questions. Après tout, n'était-il pas juste un enfant perturbé par la mort brutale de ses parents dans un accident de voiture ? Oui, il n'y avait rien de plus à faire savoir sur lui, et il l'avait appris à la dure. Tout le monde avait son jardin secret. Sa famille était le sien.

Il ne pouvait pas inviter d'amis à la maison, organiser des soirées chez lui, ou même venir chez Hermione. Ses moments de liberté étaient consacrés à ses études et ses petits boulots. Et elle l'avait accepté, même s'il pouvait parfois voir dans son regard intelligent qu'elle pressentait certaines choses sans poser de mots dessus.

Son attention fut détournée de ces pensées lorsqu'un élève s'étala dans un grand fracas au milieu du réfectoire. Sa nourriture vola, salissant certains, sa bouteille de jus éclata, et un silence de mort s'étendit. Il reconnut la victime comme Crivey, Colin Crivey, un jeune homme plein d'entrain et toujours joyeux. Harry allait se lever pour l'aider à se relever, pestant contre les autres étudiants qui se contentait de l'observer sans un bruit, lorsqu'Hermione saisit son poignet pour l'immobiliser. Elle le lui serrait tellement fortement qu'il en grimaça. Il allait l'interpeller lorsqu'il suivit son regard, puis se figea.

Au-dessus de Colin était penché un jeune homme reconnaissable entre tous par ses longs cheveux blond platine. Draco Malfoy, suivit de sa clique : Blaise Zabani, Pansy Parkinson, et Théodore Nott. Ses "gardes du corps" attitrés Crabbe et Goyle à ses côtés. Il se rassit lentement, serrant les dents et rangeant sa hargne alors qu'il entendait les moqueries et autres plaisanteries de mauvais gout qui fusaient. Du coin de l'œil, il vit les surveillants et cuisinières se détourner comme si de rien était. Tandis que la foule d'étudiant commençait à se rassembler pour hurler et profiter de l'humiliation de l'un des leurs.

- Quel enfoiré ! Siffla-t-il en serrant les poings.

- Tu sais bien qu'il est le fils du Directeur, gronda Hermione. Et ses amis, des généreux donateurs de cette université. On ne peut rien contre eux. Profitons du fait qu'il ignore depuis presque neuf mois notre existence...

- Il faudrait que quelqu'un lui rentre dedans ! Le remette à sa place une bonne fois pour toute !

- Et cette personne ne sera pas toi ! Harry, s'il te plait, je ne veux pas de problèmes avec eux. Tu sais ce qu'il se passe à ceux qui tentent de s'opposer à eux.

Oh oui, il avait eu le temps d'en être témoin. Persécution, Violence, et autres calamités. Mais il était habitué aux brimades de sa famille, ces enfants de riche n'avait aucune idée de ce qu'était la vraie méchanceté, la vraie souffrance, et chaque jour l'envie de les confronter le tenaillait.

- Harry, supplia une nouvelle fois Hermione en voyant que la lumière combative de son regard ne s'éteignait pas, s'il te plait. Ils peuvent rendre notre vie infernale ! Il ne reste que trois mois ! Trois mois et on entre à l'internat, et on ne les croisera plus jamais de notre vie ! S'il te plait ! Trois mois...

L'observant, il remarqua enfin ses tremblements, ainsi que son regard humide et suppliant. Il comprit l'étendue de sa peur. Ils avaient tous peur. Même ceux qui acclamait la débâcle du pauvre Colin priait intérieurement qu'ils ne soient pas les prochains. L'appétit coupé, il se dépêcha de finir son repas frugal, et quitta rapidement le réfectoire, son amie sur les talons.

Le reste de la journée passa rapidement, l'incident de la cantine avait fait le tour de l'université et il tuait du regard tous ceux qui s'en gorgeait. Colin n'était pas réapparu, et même s'il n'était pas ami, il ne put s'empêcher penser à lui. Regardant sa montre, il vit qu'il allait bientôt être en retard à son job à l'épicerie du coin. Il était bientôt 18h, et plus grand monde n'était encore présent à cette heure, les cours se terminant pour la plupart à 16h. Il avait voulu profiter de la bibliothèque pour faire ses devoirs en sachant qu'une fois chez lui, il subirait les caprices de ses pairs. Il salua rapidement Hermione qui l'avait comme d'habitude accompagné, et se pressa de se diriger vers la sortie en longeant par l'extérieur le stade. Alors qu'il partait de l'enceinte, longeant le stade, des voix lointaines lui parvinrent. C'était l'heure que certains choisissaient pour se dépenser un peu au sport après les cours.

Il ne sut pas vraiment ce qui l'interpella, le cri de femme ou les bruits de bousculades, mais il se sentit dévier de la sortie pour rejoindre le terrain de basket. En y entrant, il croisa les quelques étudiants qui s'y trouvaient en tenue de sport se précipiter vers la sortie, tellement échevelé qu'ils ne remarquèrent pas sa présence dans leur fuite. De plus en plus intrigué, il traversa les vestiaires, et les éclats de voix l'attira inexorablement au dehors. Arrivé sur place, il avisa la flamboyante chevelure rousse d'une jeune fille, Ginny Wesley se souvient-il dans un éclair, prostrée au sol, en larmes, alors qu'un garçon tout aussi roux était retenu par Crabbe et Goyle. Il souffla comme un bœuf enragé en voyant le pleutre de Malfoy frapper l'abdomen de son ennemi maitrisé.

- On va s'amuser avec ta sœur, et tu vas gentiment nous laisser faire, le pauvre ! Disait-il à Ron. Et si tu es sage, on fera en sorte de pas trop l'abimée.

- Pourquoi on s'embête pour cette petite chose, râla Pansy en regardant ses longs ongles manucurés. Dray, tu ne devrais pas tenter de fricoter avec, on ne sait pas où ça à trainer, voyons !

- Que tu es cruelle ! Répliqua Blaise en s'approchant de la jeune fille au sol. Quel est ton nom, beauté ? Ça me fond le cœur de te voir pleurer, allons, sèche-moi ces larmes. Nous ne te ferons que du bien. Rien que tu ne connaisses déjà !

Il avait dit cela avec tellement de dédain, qu'Harry lui-même se sentit insulté, tandis que le dernier de la bande, Théodore, levait les yeux au ciel. Il serra les dents, fit un pas en avant puis repensa à sa meilleure amie, sa supplique du midi, son avenir, et se stoppa. Opéra un demi-tour dans un premier pas, un autre, hésitant à se détourner totalement. A partir sans se retourner et...

- Aller Ronald, se moqua Malfoy, c'est bien la seule chance qu'aura ta sœur de prendre du bon temps avec autre chose que de la vermine. Elle devrait être honorée que je la touche ! Et toi aussi !

- Et qu'est-ce qui te rend si spéciale, Malfoy ? Cria-t-il sans même se rendre compte.

Il était définitivement revenu sur ses pas, s'était approché de l'altercation jusqu'à n'être qu'à un mètre des harceleurs. Ils avaient tous sursauter à son éclat de voix, comme s'il ne s'attendait pas à ce qu'il y ait quelqu'un. Ou plutôt, que cette personne puisse oser les interrompre.

- Va chercher de l'aide ! Lui cria Ron en se débattant en vain. Dépêche-toi ! Cours et ramène du monde !

- Qui veux-tu qu'il ramène ? Grinça Malfoy. Cette école m'appartient, abruti !

Etrangement, plus que son visage rougissant de rage, ce fut Pansy qui attira son attention. Cette dernière s'était tournée vers lui, l'avait lentement examinée, avant d'esquisser un sourire charmeur. Comme si la situation avait enfin pris une dimension qui l'intéresserait.

- C'est qui celui-là ? Gronda le blond peroxydé en le fusillant du regard.

- Harry Potter, répondit Théodore, parlant pour la première fois.

Harry fut surpris qu'il connaisse son nom. Il était discret, et veillait à force d'habitude à ce que les autres ignorent son existence. Mais il était vrai que Théodore était tout aussi silencieux que lui, presque effacé. Par habitude, les gens discrets se remarquaient entre eux.

- Aller, petit, intervint Blaise sans lâcher Ginny du regard un instant, on te laisse une chance de fuir.

- D'après qui ?! Répliqua vivement Malfoy. On va te faire passer l'envie de te mêler de ce qui ne te regarde pas.

Harry sut qu'il avait été bête de se précipiter sans plan en tête lorsque Crabbe lâcha Ron pour se diriger vers lui, l'air décidé. Il lui fallait un plan, et vite, ou il ne donnerait pas cher de sa peau. Mais ce n'était plus le temps des plans habiles, le danger fondait sur lui, et plus tard il se dirait qu'il devrait vraiment apprendre à maitriser sa bouche. Ou au pire prendre des cours d'auto-défense !

Carrant les épaules, et levant les poings à hauteur de son visage, il se tint autant prêt que possible à se battre. Et à prendre une raclée monumentale.

Mais au moins, avait-il arrêté de se cacher. Un sourire étira ces lèvres à cette idée.

Son adversaire venait de le rejoindre et il se baissa pour esquiver le premier coup de poing qui voulut l'assommer mais n'évita pas assez vite le coup de pied qui suivi. Etalé au sol, le souffle coupé, il eut juste le temps de se protéger la tête avant de se prendre une rouée de coups implacables. Il sentit son sang gouter ses lèvres fendues, et son crâne percuta le sol sous un autre coup vicieux, le faisant voir des étoiles. Ses lunettes volèrent au loin, le rendant encore plus aveugle que les chocs. Il gémit, et entendit des petits cris qu'il mit du temps à comprendre venir de sa bouche, sans pouvoir les retenir. Il allait s'évanouir lorsque d'autres cris éclatèrent mais cette fois venant de ses assaillants.

- Connasse ! Hurla Pansa en se prenant un projectile dans la tête. Si je t'attrape, tu es morte !

Les coups de pieds cessèrent, il respirait vite, les yeux troublent, les oreilles sifflantes, il toussa violemment une flopée de bave et de sang avant que sa vision ne se stabilise. Hermione venait de déclencher le lance-balles de tennis sur ses assaillants, et leur tirait dessus sans pitié. Que faisait-elle là ? Ses attaquants coururent se protéger tandis que Crabbe et Goyle avançaient en esquivant maladroitement les balles pour se saisir de son amie.

- Hermione, souffla-t-il à bout de souffle. Cours, Hermione... Cours...

Comme si elle l'avait entendue, cette dernière s'enfuit à toute jambe, tandis qu'une main lui saisissait le bras. Il sursauta, prêt à se défendre avant de se rendre compte que c'était Ron et sa sœur qui profitaient de la diversion pour l'aider à fuir. Serrant les dents, il s'aida de leur épaule pour se redresser et avança à cloche pied vers la sortie opposé à celle qu'avait prise Hermione. Espérant que son amie était loin, et qu'ils les suivraient plutôt qu'elle.

- Ils se barrent ! Hurla Malfoy dans son dos. Rattrapez-les ! Vous avez intérêt à mes les ramener !

Fonçant vers le grillage du terrain, il repéra la porte de service qui les mèneraient vers l'entrée des vestiaires et plus loin la sortie. Il força sur ses jambes en ignorant ses côtes douloureuses et ses vertiges. Il venait à peine de la passer, et de refermer derrière eux que leurs assaillants les atteignaient.

- Aller, prenez de l'avance et courrez ! Leur dit Ron en retenant la porte, je vous rejoins !

- Non, Ron ! Pleura Ginny. Laisse-nous t'aider !

- Partez ! Je cours vite, ils ne m'attraperont pas, mais je ne les retiendrais pas longtemps.

Après une hésitation, il se redressa pour entrainer la jeune fille et leur regard se croisa. Il plongea dans ses grands yeux bleus affolées, une sensation autre que toute la douleur qui l'éprouvait le traversa. Bien trop vite pour qu'il s'y attarde. Se dépêchant, il se fit trainer plus qu'il ne se précipita vers la sortie du vestiaire. Mais il avait mal et se déplaçait beaucoup trop lentement.

- Cours chercher quelqu'un, souffla-t-il à bout de souffle.

- Non ! Non, j'ai peur ! J'ai trop peur !

- Ginny, écoute-moi ! Mon amie Hermione est très certainement allée chercher les surveillants, vas-y. Rejoins-la, et ramène les ici. Vite !

Il pria pour dire vrai. Pour que son amie n'ait pas été rattraper. Pour qu'elle aille bien. Dire qu'ils ne leur restaient que trois petits mois...

- Mais... Et toi ?

- T'inquiète, j'arrive, cours ! Ton frère attend !

Ces mots semblèrent être les bons car elle décampa en trombe, et perdre si soudainement son équilibre faillit le faire chuter. Il sentit une coulée de sang échapper à son nez lorsqu'il entendit le bruit de pas derrière lui. Se tournant, il avisa Goyle, mais Ron et Crabbe était hors de vue. N'écoutant pas son corps, ni sa douleur, il se força à se redresser pour courir. Il titubait, entendant son ennemi ricaner dans son dos, semblant se gorger du spectacle et prendre son temps. Parfait, ça laisserait de l'avance aux filles pour ramener du monde et coincer Malfoy et sa clique.

Il eut à peine cette pensée que ses jambes étaient fauchées, et que sa tête éclata sur le sol lors de sa chute. Il dut perdre connaissance car lorsqu'il eut de nouveau conscience de son environnement, il était enfermé dans les toilettes des vestiaires. Coincé près des WC, il faisait face à Malfoy et ses copains, qui brillait de satisfaction. Détournant le regard, il vit Ron allongé inconscient près des lavabos, et des pleurs attira son attention vers Hermione. Son amie, retenu par les cheveux par une Pansy hors d'elle, criait de douleur alors qu'on la malmenait. Ginny était hors de vue.

- Laisse la partir, Malfoy, murmura-t-il, toujours à bout de souffle. C'est à cause de moi alors venge-toi seulement sur moi.

- Quand comprendras-tu que... Personne ne me donne d'ordre !

Un magistrale coup de pied dans les côtes le fit gémir et haleter de douleur.

- Ou est la fille ? Râla Blaise.

- Elle n'était pas là, répondit Goyle. Elle a eu le temps de fuir.

- Elle va ramener les surveillants ! Intervint Harry qui avait décidément des envies de suicides. Arrête pendant qu'il est encore temps, Malfoy !

Le blond le toisa avant d'ordonner à ses gorilles d'aller bloquer l'entrée des vestiaires.

- Je n'aime pas me salir les mains, dit-il en s'agenouillant face à Harry, mais je vais faire une exception avec toi. Et je sens que je vais beaucoup aimer ça.

Sans laisser le temps à l'autre de le toucher, il prit une respiration, et son élan pour lui balancer violemment son front dans le nez. La tête blonde parti en arrière et heurta les jambes de Théodore. Harry ricana à sa mine stupéfaite et son tordu qui se mettait déjà à saigner. Au moins, il aura réussi à lui porter un coup. Le reste se passa très vite, quelqu'un le frappa au visage en retour, surement Blaise, et on l'attrapa par les aisselles avant de l'avancer vers la lunette des toilettes.

Un instant, il prenait sa respiration, l'autre, il avait la tête dans la cuvette et quelqu'un tirait sur la chasse d'eau à répétition. D'autres coups de pieds vinrent lui mordre les côtes, et il finit par ouvrir la bouche dans un cri silencieux, laissant l'eau envahir ses poumons. Il ne sut jamais si les assaillants sentir ses forces l'abandonner, si le fait qu'il ne se débatte plus les alarma, ou si ce fut l'eau qui envahissait son nez qui rendait son cerveau si lent...

Les gens disaient que l'on voyait sa vie défiler devant ses yeux à l'aube de la mort. Harry, pour sa part, ne vit rien de tel. Il n'eut qu'une seule pensée avant que les ténèbres ne l'engloutissent. Une seule.

Plus que trois mois...

A SUIVRE.