Note : Coucou !

Eh oui je sais j'avais dit suite dans une semaine lors de la publication, mais disons que mes trois dernières semaines se sont passés à potasser des dossiers à donf' donc j'ai oublier de poster j'avoue mon esprit était ailleurs, c'est passé trop vite XD.

Sinon, je vois que le fandom est graaave mort comparé à il y a déjà un an, les vues décollent pas beaucoup, faut dire que le manga DGM ne fait plus trop parler de lui ce qui fait que le fandom en pâtit aussi... donc merci beaucoup beaucoup à la/le guest Etoile pour sa review sur le premier chapitre x3 (j'espère que celui-ci te plaira si tu repasses par là!) ! N'hésitez pas à vous manifester si vous faites partie des rares âmes perdues qui traînent ici, ça encourage :3.

Ce chap est un peu plus long que le précédent, et je l'aime plutôt bien donc j'espère que vous passerez un bon moment en lisant !

Bonne lecture :D !


CHAPITRE 2

Arrivés au centre-ville, ils eurent la surprise de constater que le bar était bondé. Il y avait des hommes, des femmes, accoudés à diverses tables et au comptoir, tant qu'il ne restait que deux places. Tous buvaient, mangeaient, dansaient. De la musique était jouée sur une petite estrade, l'ambiance était agréable. Allen ne put retenir un sourire en observant la gaieté de l'ensemble des gens. Ça faisait du bien, des visages insouciants, loin de la guerre et des affrontements. La musique jouée lui plut elle aussi. Son cœur se serra. Il était un musicien, il avait connu les spectacles, le cirque, l'itinérance avec Mana et la troupe. Il adorait les représentations, les mélodies diverses, les concerts. Ça lui manquait d'assister à l'un d'eux. D'en proposer également. Ça représentait à la fois une période très sombre de sa vie, mais également un passé dont il était nostalgique.

Sa respiration s'accéléra, son cœur faisant de nouveau des bonds dans sa poitrine, ses oreilles l'emportant dans un autre monde, celui du rêve, au gré des notes.

Même Kanda ne tirait pas autant la tronche qu'à son habitude, encore et toujours, bien naturellement, mais c'était comme ça une espèce de crispation usuelle s'était à moitié relâchée. Peut-être qu'Allen était tellement dans son élément qu'il avait cette impression et que ce n'était pas plus fondé que ça, aussi, c'était fort possible. Il sourit aux gens et se planta devant l'estrade avec un public, Kanda non loin de lui. Pour les deux exorcistes, il y avait ce côté étrange de se promener sous couverture, en tenue de tous les jours, loin de leur uniforme habituel. Allen appréciait ça, pour être honnête. C'était plus intimiste.

Puissent-ils l'être ou pas avec le Bakanda, ça…

—Allons au comptoir, Moyashi.

Allen voulut l'envoyer balader — quand il était dans sa musique, rien ne pouvait ni ne devait le perturber. Il se souvint néanmoins de la mission et se refusa à lancer les hostilités. Autant être le plus intelligent, pour une fois. Quand bien même il avait déjà gagné connaissant le kendoka.

—J'arrive ! Juste, ils jouent super bien, j'adore ça.

—C'est vrai que c'est pas mal.

Cette fois, Allen eut un grand sourire épaté. Kanda qui disait que quelque chose était pas mal, wow ! C'était suffisamment rare pour être marqué d'une pierre blanche. Il déboula derrière son comparse en ricanant, se recevant un regard des plus noirs. Bon, rectification, tout ne changeait pas comme par magie en une seule parole. Ils s'accoudèrent au bar, prenant d'abord place sur les tabourets, et Kanda héla le barman.

Le serveur se tourna vers eux, déposant un verre pour un client à la droite d'Allen. Le plus âgé demanda une bière, et un jus de fruit pour Allen. Si ce dernier eut envie de râler — parce que merde, il avait pas dix ans, et il ne l'avait même pas laissé parler ! —, il n'aimait pas particulièrement l'alcool donc il ne broncha pas. Si on lui avait dit que Kanda Yû prendrait garde à ce qu'il se mette pas une murge, il en aurait ri. En autre chose.

—Tu veilles à ce que je reste sobre ? lança-t-il en recevant son jus de fruit, ne pouvant s'empêcher d'asticoter Kanda.

Le susnommé haussa les épaules.

—T'as pas 18 ans. Et je t'ai entendu raconter au Baka Usagi que tu tenais pas l'alcool. La mission passe avant tout.

—Évidemment. Mais 18 ans ou pas, je te rappelle que tu es mineur aussi, Bakanda.

—Peut-être. N'empêche que je finirai pas bourré avec une petite bière, moi.

Allen le fusilla du regard.

—J'en suis pas à ce point…, maugréa-t-il.

Sa fierté en prenait un coup parce qu'en réalité, si, sa résistance à l'alcool était extrêmement faible, pour ne pas dire nullissime. Il en arrivait au point où un simple verre, que Lavi lui avait fait goûter récemment pour "réessayer", lui avait filé la tête qui tourne pendant une bonne heure. Vraiment pas pour lui, tout ça. Il but son jus d'orange en cul sec, toisant avec agacement son partenaire de mission. Kanda adorait le faire passer pour un abruti. S'il était honnête, il n'était pas totalement blanc dans l'histoire, évidemment, il lui rendait la pareille bien volontiers. Parfois, il pouvait jouer les tête chercheuses. Piquer le plus âgé, le faire enrager. Ça l'amusait. Moins quand il se faisait piquer à son tour. C'était la grande routine entre eux.

Pourtant, à l'instant, ils devaient jouer les amis éplorés. Ils devaient attirer des passeurs d'âme. On appelait comme ça les gens qui travaillaient avec le Comte Millénaire pour accroître le nombre d'Akumas. Ces personnes se nourrissaient de la peine des autres. Ils proposaient le marché ignoble à des innocents qui ignoraient quel était le réel prix à payer pour cela. Allen détestait ça. Honnêtement. Il l'avait vécu, et ça lui faisait mal au cœur qu'on puisse tirer profit de la souffrance de quelqu'un pour l'arnaquer.

Les fausses promesses, la manipulation… C'était bien trop douloureux quand on ne souffrait pas, alors quand on souffrait déjà… Il poussa un soupir, chassant ses mauvais souvenirs.

—On va devoir commencer à jouer le jeu, Moyashi, chuchota Kanda à son encontre, sirotant sa boisson.

—Je suis Allen. Mais oui, faisons mine d'avoir une conversation amicale ensemble. Ça changera.

—Tch…

La face constipée de Kanda fit franchement rigoler Allen. Il lui tira la langue quand l'épéiste le fusilla du regard, l'insultant de gamin dans sa barbe. Allen ne s'en formalisa pas. Quelques têtes se tournèrent vers eux, avisant de son hilarité. À la surprise d'Allen, Kanda se força à adopter une figure un tant soit peu amicale, pour faire croire qu'ils ne faisaient que plaisanter entre amis.

Puis, il reprit un air sérieux, lançant d'une voix suffisamment forte pour être entendue :

—Barman, servez-nous encore. Nous sommes en deuil et avons besoin d'éponger notre chagrin.

De nouveau, le maudit fut étonné qu'il prenne les choses en main. Toutefois, il fallait bien faire avancer la mission et planter leur couverture. L'homme au comptoir se tourna vers eux, faisant signe à son serveur d'apporter des boissons vers le fond de la salle.

—Mes sincères condoléances. Tenez, c'est offert par la maison.

Allen s'apprêta à remercier l'homme. Il se sentit légèrement coupable, car ils mentaient. C'était une nécessité, ça consolait sa conscience.

—En revanche, dit le barman avec un demi-sourire contrit, je ne suis pas sûr qu'un jeune homme maudit soit de bonne augure pour l'établissement. Je suis désolé.

Pour le blandin, ce fut comme un coup de poignard. Il ressentit le pincement au cœur de la honte, ainsi que de l'impuissance. Comme un idiot, il resta bouche bée, ne sachant s'il devait se lever ou pas — il en avait envie et avait pour ainsi dire entamer le geste, il sentait sa cuisse tressauter sur le tabouret. Peu importe si ça s'était déjà produit, ça laissait toujours interdit, et ça faisait mal. Quand ce n'était pas les regards.

Il sentit sa voix trembler.

—Je suis désolé-

—Mon ami ne partira pas, intervint Kanda d'une voix tranchante. Faites encore une réflexion de ce genre et je ferai traîner votre établissement dans la boue pour discrimination. Si ça ne suffit pas, je ferai courir le bruit que la nourriture qu'on y sert est avariée. plus personne ne posera l'ongle d'un orteil sur le pas de votre porte. Est-ce que je suis clair ?

Très clair, avait envie de répondre Allen. Pour le coup, même lui avait la trouille.

Le tenancier devint livide.

—Je vous présente mes excuses. Je ne voulais pas vous offenser.

—Et bien surveillez vos paroles, cracha Kanda, mauvais. Il est en deuil aussi, vous savez. Un peu de respect n'est pas trop demandé.

L'homme hocha rapidement la tête, des cheveux blonds tombant devant son visage.

—Oui, pardonnez-moi, monsieur. Je vous amène des boissons, je peux aussi vous faire une offre sur le plat du jour pour me faire pardonner.

—Nous acceptons. Mais que ça ne se reproduise pas.

Sur un "bien sûr" de soumission, l'homme disparut dans l'arrière boutique. Allen était bouche bée, des sentiments conflictuels dans sa poitrine. D'un côté, qu'on le défende avec autant de verve, ça lui faisait plaisir. De l'autre, il s'agissait de Kanda.

—Wow, je ne m'attendais pas à ce que tu me soutiennes… Je…. suppose que tu n'en pensais pas un mot, mais merci.

L'épéiste resta silencieux. Dans sa tête, il pensait surtout que si le type savait à quel point Allen pouvait être chiant, il n'en aurait pas voulu ne serait-ce que dans l'angle de son champ de vision. Néanmoins, c'était un peu enfantin de sa part, il l'avouait. Moyashi… il l'avait lui-même discriminé au début. Et maintenant, il le trouvait très agaçant. Ça n'empêchait pas qu'il avait petit à petit gagner en partie son respect — s'il ne le lui dirait pas, même sous la torture. Donc si, il le pensait. Il refusait que son partenaire de mission, fusse-t-il Moyashi ou ce crétin de Baka Usagi, Lenalee, soit traité comme un paria.

Non, Kanda était déjà là pour envoyer balader ses collègues lorsqu'ils faisaient de la merde, il n'avait pas besoin d'autrui pour ça.

—Tu crois vraiment que j'allais te laisser te faire insulter comme ça, devant moi ?

Allen parut surpris.

—Ben, je te rappelle que toi aussi, tu m'en as dit de belles. Je me souviens encore de ton fameux "je ne sers pas la main aux maudits".

Se disant, il lui offrit un regard mauvais, clairement porteur de reproches. Kanda poussa un soupir.

—Oui, je l'ai fait. Sauf qu'il y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis. N'est-ce pas, Moyashi ?

—Qu'est-ce que tu veux dire, Bakanda ?!

Kanda l'ignora, attrapant l'anse de sa bière et buvant de concert. Après un silence, il se tourna vers le maudit. Ce dernier rougissait légèrement. Ça étonna Kanda. Il fronça les sourcils. Se passant la langue sur les lèvres, Allen parla finalement :

—Je te remercie. Enfin, je ne devrais pas te remercier d'avoir un comportement décent, il appuya ses propos d'une oeillade insistante, mais si c'est le cas, je dois comprendre que tu me considères enfin comme un camarade ?

—Tch.

Ce fut la seule réponse à laquelle il aurait le droit. Kanda ne se préoccupait pas de réparer les non-dits ou les sous-entendus. Tiedoll lui avait toujours dit qu'il aurait dû. Être clair avec les gens, ça aidait à se faire comprendre et à se lier. Il n'en avait rien à foutre, m'enfin, peut-être que le vieux n'avait pas tort. Il n'allait pas faire ce plaisir à Moyashi. Pas encore. On verrait s'il était encore là dans un an, ou deux. Quand il aurait l'âge de boire une bière avec lui.

En observant les alentours, Kanda vit que quelques personnes les toisaient, car ils avaient fait du bruit avec leur éclat contre le barman. Allen aussi était à l'affût. Il se fit aborder par son voisin de chaise qui lui adressa ses condoléances, qu'il remercia d'un sourire de gêne, que Kanda partagea par connivence. Il fallait bien jouer le jeu. Pour le moment, personne de suspect ne les abordait. Si un receleur traînait dans le coin, il ne mettrait pas longtemps à les trouver. Comme ils étaient en civil, ils ne reconnaîtraient pas l'Ordre. Aucune raison qu'ils ne se fassent pas aborder.

Moyashi osa se tourner vers lui pour parler de la pluie et du beau temps, visiblement aussi peu enthousiaste que lui. Comme ils devaient faire mine d'être potes, Kanda faisait l'effort de grommeler une réponse, entre deux 'tch' et gorgée de bières. Ils ne se détestaient pas, non. Ils aimaient juste bien s'utiliser comme défouloir mutuel. Peu sain, soit. Ça ne voulait pas dire qu'ils se seraient écharpés vifs une fois seuls dans une pièce. Non, ça dépendrait seulement des mots qui seraient employés par chacun des deux partis.

Kanda n'était pas foncièrement hostile à Moyashi. Il était hostile au fait qu'on lui casse les couilles. Ce que faisait souvent Moyashi. CQFD. Vrai qu'il avait aussi un mauvais tempérament, il n'irait pas le nier. Il ne se souciait pas plus que ça de l'arranger.

Au bout de quelques minutes, Allen ayant été pris à partie dans une conversation avec un jeune homme à côté de lui qui était parti, ils se retrouvèrent seuls au comptoir. Les personnes restantes, au fond, ne faisaient pas mine de venir vers eux. Allen soupira, au bout d'un moment. On leur avait apporté une assiette du "meilleur plat du jour", que Kanda grignotait à peine — pas sa tasse de thé, et que le maudit avait avalé d'un grand coup de fourchette.

—Le receleur n'est peut-être pas là, glissa-t-il à Kanda.

Ce dernier haussa les épaules.

—J'en sais rien. Tu vois des Akumas, quelque chose ?

Le maudit secoua la tête, indiquant qu'il n'y avait rien.

—C'est le calme plat. À part m'être fait alpagué dans deux débats et insulté en début de soirée, ça n'aura pas servi à grand-chose.

—T'auras aussi défoncer un poulet complet, lui signala Kanda en désignant son assiette. C'est de bonne guerre.

Allen ricana, sincèrement. Ça étonna presque Kanda qu'il ne le prenne pas mal parce que ça venait de lui. Comme quoi, ils pouvaient avoir une conversation agréable de temps en temps. Le blandin haussa les épaules, une fois calmé.

—C'est vrai. Tu vas manger le tien ?

—Tch. Irrécupérable, Mo-ya-shi.

—Allen !

Ils échangèrent un sourire, quelque peu complices. Kanda grogna un morceau de légume, refilant la viande au Moyashi qui ne perdit pas de temps pour se jeter dessus.

—Je me sens coupable, de jouer sur l'émotion, avoua finalement le maudit, le ton bas pour que Kanda soit le seul à l'entendre.

—C'est pour la mission, Moyashi. Et d'un côté on a tous perdu des gens, j'ai pas tant l'impression qu'on ment.

L'éclat de tristesse dans les yeux d'Allen ne passa pas inaperçu à ceux du kendoka.

—À qui le dis-tu, souffla-t-il.

Kanda ne rétorqua pas. Évidemment, ils perdaient tous des gens. Personne n'était épargné du deuil. Ils en souffraient tous, tout les jours. Ça ne s'oubliait pas. On vivait avec. Moyashi avait beau être naïf, il n'était pas un con bordé de bonheur et pas plus privilégié que lui sur le sujet. Soupirant, le kendoka déplaça sa main dans le dos d'Allen, lui tapotant gentiment la colonne vertébrale. L'air presque ahuri, ce dernier lui répondit finalement par un sourire. Pour Kanda Yû, c'était rare de montrer de l'empathie. Ça ne voulait pas dire qu'il était incapable d'en ressentir pour autant.

Il détourna le regard, et sa main glissa du dos d'Allen. Le maudit semblait presque… rougir. Comme s'il était gêné d'avoir été réconforté. Kanda n'était donc pas le seul à faire de la fierté mal placée.

Ils mangèrent et ne parlèrent pas pendant quelques minutes, jetant des coups d'œil à droite, à gauche. Dans le fond, dans le coin réservé aux fumeurs de pipes et autres joyeusetés, ils apercevaient une épaisse fumée qui montait jusqu'au plafond. Elle flottait sur eux. Kanda fit la réflexion que c'était plutôt sur leur mission qu'était le nuage noir de la poisse.

Allen éclata de rire, amusé. Il s'essuya les yeux et se tourna vers lui, le regardant intensément. Kanda s'apprêtait à gueuler qu'il avait une façon étrange de le toiser — ça ne lui plaisait guère — que le plus jeune parla :

—Tu sais, je te trouve presque sympa comme ça, maintenant qu'on est tous les deux. C'est dommage que ce ne soit pas plus souvent.

Kanda fut surpris.

Sa première réaction fut de gueuler. Ce genre de remarques et les conversations qu'elles amenaient avaient tendance à le chauffer. Il sentait la contrariété prendre place dans sa poitrine, un coin de sa tête étant chagriné par la tournure des événements.

Il était de bonne humeur, pour une fois, alors au lieu d'attaquer, il allait rester patient. Après tout, il ne l'avait pas volé.

—Tu me cherches un peu vite, avoue-le.

Il se contentait de rétablir les choses à leur place. Un partout, la balle au centre.

Allen lui tira la langue.

—Peut-être, ça me plait.

Ça, Kanda n'allait pas le contredire. Il ressentait ça lui aussi. C'était — quand ils ne s'échauffaient pas trop — amusant. Au moins, il avait un abruti toujours prêt à se battre avec lui. Pour les entraînements, pratique.

Allen se mordit la lèvre, visiblement inquiet.

—Mais je me demande. Je veux dire, tu pourrais être comme ça tout le temps. C'est quoi qui fait que tu es aussi… Renfermé ?

Sa pitié, ça gonfla Kanda. Il n'avait ni envie ni besoin de ça. Ça ne semblait pas méchant de la part du Moyashi. Seulement, il ne voulait pas de sa compassion forcée. Ce n'était même pas

—T'occupe.

Agacé, Allen fronça les sourcils.

—Roh, je voulais pas te vexer. Mais je suis curieux, tu peux me le dire. On doit jouer les amis.

—Pour la mission.

Le maudit soupira.

—Allez, Kanda.

Ça devenait un petit peu trop insistant pour Kanda. Moyashi n'avait pas été le premier à lui dire d'être sympa, à demander pourquoi il ne l'était pas, à dire qu'il fallait "faire un effort". Kanda leur en fouterait, des efforts. Ce genre de conversation avait tendance à échauffer le peu de résistance nerveuse qu'il possédait.

—Moyashi, je vais m'énerver.

C'était une menace. C'était définitivement une menace. Il espérait que ça suffise à le dissuader.

Allen poussa un soupir, se tourna vers son assiette vide avec humeur.

—Ok, laisse tomber, si tu veux faire ton monsieur balai dans les fesses.

Alors là, c'était trop. Il connaissait une pousse de soja qui ferait mieux de se soucier de ne pas avoir Mugen dans les siennes.

Kanda grinça des dents.

—J'ai pas de balai dans le cul.

Sarcastique, Allen se servit un verre de la carafe mise à disposition pour eux et le prit en main sans le boire, un rictus aux lèvres.

—Oh que si. Tu arrêtes pas de gueuler sur tout le monde et de faire ton prétentieux, entre les remarques désagréables et les insultes… Marie, Lavi et Lenalee, je sais pas comment ils font pour avoir de la patience. J'aurais abandonné depuis longtemps, je crois qu'il faut un canon pour le déloger, ton balai.

—Et toi, pour déloger ta connerie, faut quoi ? attaqua Kanda. Une bombe ?

Devenant rouge de colère, Allen ne laissa pas tomber.

—Certainement pas autant que pour déloger la tienne.

—Ok, s'agaça Kanda. T'étais pas trop chiant ce soir, mais là, tu me soules.

—Non, toi, tu me soules.

Ils se regardèrent en chien de faïence. La tension entre eux était à couper au couteau. Ils se retenaient de hausser la voix uniquement à cause des gens présents dans le bar. Ils se feraient remarquer s'ils commençaient à crier, à se disputer. Ce n'était pas l'image qu'ils devaient donner d'eux.

Après un silence pesant, Kanda fusilla Allen du regard.

—On est pas fait pour s'entendre.

Cette fois-ci, le maudit sembla blessé. Kanda ne comprit qu'à moitié pourquoi. Les joues toujours aussi rouges, il lui rendit son regard meurtrier.

—Comment s'entendre avec un glaçon de toute façon ? Même ceux de mon verre sont plus sympas.

Le sang de Kanda ne fit qu'un tour.

—Je vais te casser la gueule, articula-t-il très bas.

—Eh ben viens, fit Allen en se levant, allons régler ça. Monsieur ! Il héla le barman, des voix couvrant la sienne, il dut se répéter. Excusez-moi ! Où sont les toilettes ?

On lui répondit qu'ils étaient à gauche, au fond, encore à gauche, après le renfoncement. Allen sembla le noter confusément dans un coin de sa tête, et Kanda jugea qu'heureusement qu'il était là, parce que lui s'en rappellerait. Il connaissait le sens de l'orientation pourrie du Moyashi depuis leur première mission ensemble.

Kanda grogna, l'attrapant alors par le bras. Il se mit à le tirer vivement, Allen râlant qu'il était une brute et cette fois, quelques regards se tournèrent vers eux. Bravo. Kanda jugeait néanmoins que ce n'était pas lui qui avait cherché. Pas ce soir, en tout cas. Il maudissait ce con de Luberrier, et ce débile de Link, qui n'avaient rien trouvés de mieux de les mettre sur cette mission ensemble.

Sans lâcher le maudit malgré sa résistance, il disparut avec lui dans le couloir de la porte attenante. Ils le parcoururent, tournèrent à l'intersection du couloir, et Kanda ouvrit la première porte qu'il vit. Il poussa Allen à l'intérieur, le maudit récupérant son bras avec un grand geste. Sans faire attention à ce qu'il y avait autour d'eux, ils se mirent à se dévisager méchamment.

—Alors tu veux vraiment qu'on se batte ? demanda Allen. Tu m'as quasiment arraché le bras.

Kanda en avait envie.

—Estime-toi heureux que je te l'ai pas vraiment arraché.

—Juste parce que je t'ai posé des questions.

Grinçant des dents, l'Asiatique le poussa du doigt.

—Va pas me faire croire que t'as pas démarré tout aussi vite quand t'as vu que je voulais pas y répondre.

À son tour, le plus jeune adopta une mimique boudeuse. Il était pris en faute, et son égo blessé lui faisait au moins fermer sa gueule. Il y eut de nouveau un silence, pesant. Allen ne savait pas quoi dire sans se mettre aussi dans l'embarras, et Kanda ne lâchait pas. Il le dévisageait froidement. Ils étaient tous les deux impulsifs et irascibles, à leur manière. Allen jouait les "monsieur bonnes manières", mais il partait aussi vite que lui.

Comme il ne réattaquait pas, Kanda décida de marteler ses conditions. Ils n'allaient pas passer la soirée dans cette pièce à s'engueuler.

—Bon, alors écoute Moyashi. On va faire la mission, tu vas pas m'emmerder, on va faire semblant de s'entendre, mais je veux rien partager avec toi. Traite-moi de glaçon, tes piques à la con je m'en fiche. Maintenant on retourne sur place on joue le jeu et c'est marre, ok ?

Une ombre passa sur le visage du maudit. Il regarda derrière Kanda, avec un froncement de sourcil marqué.

—Euh, Kanda, la porte s'est refermée.

Secouant la tête, le plus âgé ne comprit.

—Et alors ? On s'en fout, c'est pas le sujet.

Le maudit écarta les bras, lui montrant la pièce dans laquelle ils étaient où plusieurs sacs de viandes étaient conservés. Kanda réalisa justement qu'il y faisait froid, et en jetant un coup d'œil derrière lui, que la porte était métallique, avec un verrou intérieur. Ça ressemblait à l'arrière cuisine de Jerry, où il était déjà rentré pour chercher des ingrédients et cuisiner avec lui — chose qu'il aimait bien.

L'Indien l'avait prévenu de ne surtout pas refermer la porte, sans quoi il pouvait finir coincé.

—Et alors, expliqua justement Allen, tu nous as fait rentrer dans la chambre froide !

Et merde…

À suivre...


Note : Voilà ce qui va les forcer à briser la glace ! *s'en fuit.*

Reviews, tomates, fleurs, un cri de joie car le D Gray Man reverse tome 3 vient de sortir en FR ? (j'me suis jetée dessus j'étais si happy omg)

La suite sans doute dans une ou deux semaines, la biiise !