Chapitre 1 : La mission de Drago Malefoy

Il empruntait le chemin de traverse en compagnie de sa mère pour rejoindre Gringotts. Pendant plusieurs jours, il avait réfléchi à la meilleure manière de lui fausser compagnie pendant leurs achats, mais celle-ci s'était montrée aussi accaparante qu'une lionne veillant sur ses petits. D'une humeur maussade, il fut contraint d'accepter sa compagnie tout le temps que durerait cette sortie ridicule.

Acheter ses fournitures scolaires, pensa-t-il dans un ricanement. Quelle comédie ! Comme s'il avait réellement besoin de perdre son temps aux cours cette année. Il lui faudra le plus de temps possible pour mener à bien cette mission. Sa mission à lui, se dit-il. Avec un sentiment d'appréhension, il repensa à l'ultimatum que lui avait imposé le Seigneur des Ténèbres : tuer ou être tué. Telle était sa situation. Mais il ne devait pas supprimer n'importe qui, il devait le tuer lui, celui que même le Seigneur des Ténèbres n'avait jamais réussi à vaincre. Celui dont tous les imbéciles comme Potter définissaient comme le plus grand sorcier de tous les temps, cet idiot amoureux des Moldus.

Cependant, il pensa étrangement à cette dernière remarque avec beaucoup moins de conviction qu'auparavant. Peut-être ce changement était-il dû aux événements auxquels il a été confronté cet été... Depuis juin, il était l'objet de railleries et d'humiliations auprès des autres Mangemorts qui le considéraient lui et sa mère comme des souillés. Chaque jour, il devait payer l'erreur de son père, le déshonneur qu'il leur avait infligé à sa famille depuis le fiasco du Ministère. Et aujourd'hui il devait le payer au prix fort, sa propre vie et celle de ses parents.

Le chemin de Traverse était désert, les boutiques étaient pour la plupart barricadées. Tout au long du chemin, des affiches du ministère de la Magie étaient collées sur les façades des boutiques. Hormis la brochure contenant les recommandations de sécurité, les autres affiches représentaient des photographies animées en noir et blanc de Mangemorts évadés. À la façade d'un apothicaire, Drago reconnut la photographie de sa tante qui les regardait passer avec un air dédaigneux.

Ces dernières semaines, il évitait le plus possible la compagnie de sa tante Bella. Furieuse d'être devenue la risée du clan, elle avait pour habitude d'amener des moldus au manoir et de les torturer sous le nez des autres, tels des insectes avec lesquels on s'amuse avant de les écraser. Il se souvint particulièrement d'un soir, alors qu'il sortait de sa chambre pour aller se désaltérer dans la cuisine, il entendit des voix s'élever dans le grand salon. Il s'arrêta aussitôt dans les escaliers, l'oreille tendue. D'après les gémissements et cris de la victime, il comprit que sa tante avait à nouveau enlevé quelqu'un, certainement une jeune fille, ses proies préférées.

Hésitant à voir cette scène, Drago resta plusieurs secondes paralysé d'effroi avant de s'avancer doucement en direction du salon. Il savait au fond de lui qu'il ne voulait pas assister à ça, mais un sentiment de pitié le faisait avancer comme un somnambule. Quand il arriva dans la grande pièce, il vit la jeune victime à terre, tremblant de peur. Sa tante était debout à ses côtés, une sauvagerie dessinait chaque trait de son visage.

Elle se rendit compte de la présence de son neveu et lança d'un ton glacial :

-Surveille notre invitée, Drago. Je vais m'apprêter à sortir avec ta mère, nous avons une petite visite à rendre à ce cher Severus, cracha-t-elle.

Incapable de lui répondre, Drago resta debout à plusieurs mètres de la fille. Celui-ci n'osait pas la regarder, ni s'en approcher, comme s'il avait peur d'attraper une maladie contagieuse. Pendant que sa tante quittait la pièce pour monter dans sa chambre se changer, il resta là, incapable de bouger.

La jeune fille continuait de pleurer, des cordes lui enroulaient les poignets et les chevilles. Elle regardait Drago d'un œil suppliant :

-S'il vous plaît, implora-t-elle, aidez-moi.

Malefoy s'approcha d'elle d'un pas hésitant. Il ne savait pas vraiment ce qu'il convenait de faire. Que dirait sa tante s'il envisageait de la libérer ? Elle n'était pas plus âgée que lui, mais son visage exprimait tellement de souffrance et de peur. Il s'agenouilla près d'elle, sans trop savoir pourquoi.

Peut-être pour la rassurer, lui montrer qu'il était là, qu'elle n'avait rien à craindre…Sa présence semblait apaiser la jeune fille qui ne tremblait plus à présent. Elle regarda Drago de ses yeux brun marron, son regard lui évoquait vaguement quelqu'un de familier, mais il lui était impossible de se rappeler qui. Il était en train de contempler le visage de l'inconnue qu'il trouva si belle. Ses cheveux bruns lui tombaient sur son visage humide et marqué de coups. La main tremblante, il dégagea ses mèches rebelles de son front et lui essuya ses larmes.

-Je ne peux rien faire pour toi, dit-il d'un ton malheureux, je suis désolé...

-Non, ne me laisse pas ! Je t'en prie, je… je ne sais pas ce qu'il se passe ici ni ce que cette folle me fait, continua-t-elle en pleurant à nouveau. J'ai si peur…

Drago sursauta, il entendait un bruit à l'étage et se releva aussitôt. Quelques secondes plus tard, sa tante entra à nouveau dans le salon. Elle ne remarqua même pas la présence de la jeune fille, ni que Drago se trouvait debout près d'elle.

-Je vais rejoindre ta mère à Londres, dit-elle. Nous allons certainement rentrer tard Drago, ne nous attends pas pour dîner.

Elle mit sa cape sur ses épaules et s'apprêtait à rejoindre le hall d'entrée majestueux quand elle se retourna à nouveau vers le jeune homme.

- J'oubliais, rajouta-t-elle de sa voix menaçante, Avada Kedavra !

Un éclair de lumière verte jaillit de sa baguette en direction de l'inconnue, qui cessa aussitôt de gémir. C'était comme si un vent glacé lui avait parcouru le corps, ses cheveux se dressèrent sur sa nuque. Il vit le corps de la jeune fille étendue à terre, le regard inexpressif. C'était comme si un poids lourd s'effondrait en lui. Impuissant, il ne remarqua même pas que sa tante était déjà partie. Combien de temps était-il resté debout, à regarder avec horreur et honte le corps sans vie de cette moldue inconnue ? Il n'en savait rien.

Depuis, il était hanté chaque nuit par cette vision, cette jeune fille morte pour une seule et unique raison : elle n'était pas née comme eux. À plusieurs reprises, alors qu'il était pris d'insomnie, il culpabilisait de ne pas avoir pu la sauver et de la manière dont il traitait les autres sorciers qui étaient inférieurs à son rang. Les sang-de-bourbes…

Au fond, qu'est-ce que tout cela pouvait bien signifier ? Son père avait passé sa vie à devenir quelqu'un de respectable dans le monde des sorciers, fier de son statut de sang pur et au final, ce dernier était enfermé à Azkaban tandis que Drago et sa mère étaient sous l'emprise du Seigneur des Ténèbres. Désormais, Drago devait payer l'erreur de son père, pensa-t-il à nouveau, et continuer le rôle dans lequel il était piégé depuis toujours : être un Malefoy.

Sortant de ses souvenirs douloureux, ils arrivèrent devant le bâtiment qui surplombait le chemin de Traverse. Il leur fallut une bonne heure pour arriver dans le coffre-fort familial, les gobelins ayant renforcé leurs systèmes de sécurité. Ce n'est qu'en sortant de la banque que Drago se sentit à nouveau agacé, comment allait-il se débarrasser de sa mère ?!

-Il te faudrait de nouvelles plumes, commença Narcissa Malefoy en parcourant l'allée d'un regard hautain. Ce n'est pas prudent d'aller faire nos achats dans l'allée des embrumes en ce moment, je pense que nous devrions aller chez Madame Guipure pour de nouvelles robes de soirée et ensuite…

-Mère je peux faire tout ça moi-même ! Tu n'as qu'à aller chercher mes nouveaux livres chez Fleury & Bott le temps que j'aille…

-Non ! Coupa Narcissa, il n'en est pas question Drago nous allons rester ensemble !

Il ne prit même pas la peine de discuter les ordres de sa mère, sentant que la cause était perdue d'avance. Irrité, il se demandait comment il allait bien pouvoir se rendre dans la boutique de Barjow&Beurk sans éveiller ses soupçons sur la mission que lui avait confiée le Seigneur des Ténèbres.

Durant les jours qui suivirent la mort de cette jeune fille, il avait passé la majeure partie de son temps dans sa chambre, réfléchissant à un plan d'action pour sa mission. Plus il y réfléchissait, plus cette mission lui semblait impossible à réaliser. Comment vais-je m'y prendre ? se demandait-il constamment.

Alors qu'il était allongé sur son lit, ses pensées s'emportèrent à nouveau sur le sort de la malheureuse jeune fille. Il se demanda ce que sa tante avait bien pu faire du corps. Il n'était certainement pas dans un cercueil… peut-être que ses ossements reposaient dans le grand jardin… Il essaya de chasser cette pensée morbide, mais quelque chose l'intriguait. Il avait en tête l'image d'un cercueil en bois. Mais ce cercueil était plus haut et large, comme une grande boîte. Une armoire.

Il se releva de son lit et commença à faire les cents pas dans l'immense pièce. C'était ça la solution ! Il se rappela aussitôt la conversation qu'il avait eue avec Montague à l'infirmerie. Alors qu'il était prisonnier dans l'armoire à disparaître de l'école, celui-ci s'était retrouvé coincé dans un néant, entre Poudlard et la boutique de Barjow&Beurk. Quelques fois, il entendait les conversations qui survenaient du magasin et de l'école, comme s'il voyageait entre les deux. Mais il n'arrivait pas lui à se faire entendre, car l'armoire était cassée, lui avait-il dit.

Ce n'était seulement maintenant que Drago saisissait le sens de ces propos. Il existe un moyen d'entrer à Poudlard. Mais l'armoire doit absolument être réparée, et pour cela, il avait besoin de Barjow. Mais comment pouvait-il se rendre à sa boutique avec sa mère dans les pattes ? Renfrogné, il se dirigea vers la boutique de Madame Guipure, sa mère le suivant à la trace. Lorsqu'ils rentrèrent dans la boutique, Narcissa Malefoy donna sèchement ses instructions à la vieille femme.

- Très bien Madame Malefoy, je vais voir ce que je peux faire. Si le jeune Mr Malefoy veut bien me suivre.

Elle lui désigna une place devant le miroir qui faisait face à la porte d'entrée, avant de prendre ses mesures et choisir un tissu pour confectionner sa nouvelle robe de sorcier. Quelques minutes plus tard, elle s'affaira à sa tâche, sous le regard hautain de Narcissa Malefoy. Agacé, Drago ne put s'empêcher de revenir à la charge :

-Tu n'es pas obligée de m'attendre ici, je ne suis plus un enfant, au cas où tu ne l'aurais pas remarqué, maman. Je suis parfaitement capable de faire mes achats seul.

Madame Guipure gloussa à la remarque de Drago, bien qu'il fût parfaitement sérieux.

- Votre mère a tout à fait raison, mon petit, personne ne doit plus se promener seul, qu'on soit un enfant ou pas n'a rien à voir avec ça…

Il sentit qu'elle lui enfonça une épingle dans le bras.

-Faites attention où vous mettez cette épingle, s'il vous plaît !

Il contempla son reflet dans le miroir, irrité par l'insistance de sa mère et de Madame Guipure. Quelques instants passèrent avant qu'il n'aperçoive par-dessus son épaule le reflet de Potter, Weasley et Granger qui venaient d'entrer dans la boutique. Il plissa aussitôt ses yeux gris clair en direction du trio. À la vue de Potter, une bouffée de colère le submergea à nouveau. Il sentit aussitôt l'envie de le provoquer, de se battre avec lui pour se défouler de son irritation. Sur un ton de profond dégoût, il décida de s'en prendre à Granger, sa petite protégée :

-Si tu te demandes quelle est cette odeur, maman, je te signale qu'une Sang-de-Bourbe vient d'entrer ici.

-Je ne pense pas qu'il soit nécessaire de tenir ce genre de propos ! protesta Madame Guipure en sortant de derrière la rangée de vêtements, un mètre ruban et une baguette magique à la main. Et je ne veux pas non plus qu'on se batte dans ma boutique ! se hâta-t-elle d'ajouter après avoir vu Potter et Weasley pointer leurs propres baguettes sur lui.

Granger, qui se tenait légèrement en retrait, murmura :

-Arrêtez, franchement, ça n'en vaut pas la peine…

-Ouais, comme si vous alliez oser vous servir de vos baguettes en dehors de l'école, ricana Malefoy. Qui est-ce qui t'a collé un œil au beurre noir, Granger, que je lui envoie des fleurs ?

Mais en observant d'un peu plus près son œil au beurre noir, il comprit aussitôt que ce regard familier était celui de Granger. Il fut profondément troublé de cette ressemblance et il s'efforça de ne plus y penser…

-Ça suffit ! s'exclama Madame Guipure, qui regardait par-dessus son épaule en quête d'un soutien. Madame, s'il vous plaît…

Narcissa Malefoy apparut à son tour.

-Rangez ça, lança-t-elle d'un ton glacial à Potter et Weasley. Si vous recommencez à attaquer mon fils, vous pouvez être sûrs que ce sera la dernière chose que vous n'aurez jamais faite dans votre vie.

-Vraiment ? Répliqua Potter d'un ton assuré.

Il s'avança d'un pas et fixa le visage lisse et arrogant de Narcissa Malefoy.

-Vous avez l'intention d'aller chercher quelques-uns de vos amis Mangemorts pour en finir avec nous ?

Madame Guipure poussa un cri perçant et porta la main à son cœur.

- Voyons, il ne faut pas accuser… c'est très dangereux de dire ça… rangez vos baguettes, s'il vous plaît !

Mais celui-ci continua de brandir la sienne. Narcissa Malefoy eut un sourire déplaisant.

-Je constate qu'être le chouchou de Dumbledore vous a donné l'illusion que vous étiez invincible, Harry Potter. Mais Dumbledore ne sera pas toujours là pour vous protéger.

Potter jeta un regard moqueur autour de la boutique.

-Tiens… vous avez vu… il n'est pas là pour l'instant ! C'est le moment de tenter votre chance, non ? Peut-être qu'à Azkaban, ils vous trouveront une cellule double à partager avec votre mari vaincu !

Malefoy, furieux, s'élança vers lui, mais il se prit les pieds dans sa robe trop longue et trébucha. Weasley éclata d'un rire sonore.

-Ne t'avise pas de parler à ma mère comme ça, Potter ! Gronda Malefoy.

-Ça n'a pas d'importance, Drago, dit Narcissa qui le retenait en posant ses doigts pâles et fins sur son épaule. Je pense que Potter ira rejoindre le cher Sirius avant que je ne retrouve Lucius.

Potter leva sa baguette un peu plus haut.

-Harry, non ! gémit Granger.

Elle l'attrapa par le poignet en essayant de lui faire baisser le bras.

Il ne faut pas… Tu aurais trop d'ennuis…

Pendant un moment, Madame Guipure parut désemparée puis elle décida de se comporter comme si de rien n'était dans l'espoir que tout allait s'arranger. Elle se pencha vers Malefoy qui regardait toujours le balafré d'un air furieux.

-Je crois qu'on pourrait encore raccourcir un peu la manche gauche, ne bougez pas, mon petit, je vais…

Malefoy sursauta lorsqu'il comprit l'intention de Madame Guipure.

-Aïe ! s'écria Malefoy en lui écartant la main d'une tape. Faites attention où vous mettez vos aiguilles, femme ! Mère… je crois que je ne veux pas de cette robe, finalement…

Il l'enleva en la passant par-dessus sa tête et la jeta, par terre, aux pieds de Madame Guipure.

-Tu as raison, Drago, approuva Narcissa qui lança à Granger un regard méprisant. Maintenant que je vois quel genre de racaille vient se fournir ici… On trouvera mieux chez Tissard et Brodette.

La mère et le fils sortirent alors de la boutique, Malefoy bousculant brutalement Weasley au passage. Ils passèrent devant ce gros balourd de Hagrid qui servait de garde du corps à Potter. Furieux contre ce dernier, Drago rumina sa colère tout au long du chemin jusque chez Tissard et Brodette.

Bien qu'il soit d'une humeur massacrante, il ne pouvait s'empêcher de penser que le regard de Granger l'avait fortement troublé et que la ressemblance physique entre les deux filles était frappante. Il ne savait si cette remarque y était pour quelque chose, mais il avait trouvé Granger attirante dans la boutique. Non, pensa-t-il aussitôt, ce n'était pas du tout de l'attirance, mais de la pitié simplement ! Il avait été trop marqué par la mort de cette jeune fille devant lui…

Cependant il ne pu s'empêcher de se rappeler d'anciens sentiments qu'il s'était efforcé d'oublier au cours de ses premières années d'étude par des railleries et des méchancetés à l'égard de Granger. Mais pouvait-on appeler ça des sentiments ?! Non, bien sûr ! Et puis il n'y avait plus pensé depuis plusieurs années, alors pourquoi ces souvenirs resurgissaient-ils dans sa tête à la vitesse de la lumière maintenant ?! Il n'éprouvait que de la haine et de la méprise pour elle… rien de plus !

Il fut écœuré par cet instant de faiblesse et préféra se concentrer sur la conversation tenue avec sa mère.

-Ces Weasley, fit-elle en passant devant la boutique de Farces pour sorciers facétieux de ses deux imbéciles de jumeaux. Tous des traitres-à-leur-sang ! Cela n'est qu'une question de temps avant que le Seigneur des Ténèbres…

-Chut ! Ne parlez pas de ça ici mère ! S'indigna Malefoy.

-Tu as raison, Drago.

Pendant une heure, ils continuèrent leurs achats dans les quelques boutiques qui étaient encore ouvertes. Ils entrèrent ensuite chez Fleury & Bott, qui était leur dernière boutique sur la liste. La librairie était remplie de sorciers et sorcières pressés de terminer le plus rapidement possible leurs achats. Narcissa Malefoy se faufila dans la file pour atteindre l'arrière de la boutique. Profitant du brouhaha de la librairie, Drago lui cria qu'il montait à l'étage chercher d'autres livres. Il vit que sa mère n'était pas disposée à se séparer de son fils unique, mais elle était déjà emportée par la foule qui était déchaînée.

Rapidement, Drago sorti de la boutique puis remonta la rue en direction de chez Barjow & Beurk et passa à nouveau devant la boutique de Farces et attrapes de ces deux imbéciles de Weasley. Rapidement, il jeta un coup d'œil sur l'immense affiche, de la même couleur violette que celles du ministère, mais sur laquelle scintillait en lettres jaunes :

Vous avez peur de Vous-Savez-Qui ?

Craignez plutôt

POUSSE-RIKIKI

le constipateur magique qui vous prend aux tripes !

Pathétique pensa Drago, avant de reprendre son chemin. Lorsqu'il arriva devant l'allée des Embrumes, il jeta des coups d'œil rapide aux alentours avant de disparaître dans la rue déserte. La plupart des boutiques semblaient vides et abandonnées. Plus personne n'ose se balader ici, pensa Drago lorsqu'il vit au loin la boutique de Barjow & Beurk, la seule qui semblait encore en activité. Lorsqu'il entra dans la sinistre boutique, Barjow était accoudé à son comptoir, le dos voûté, ses cheveux huileux lui masquant son visage squelettique. Il releva la tête au son de la cloche de la porte d'entrée qui avait retenti.

-Mr Malefoy, dit-il de sa voix caresseuse, que me vaut le plaisir ?

Drago parcourut le magasin d'un regard hautain, cherchant l'armoire à disparaître qu'il convoitait tant. Parmi les rayons remplis de crânes et de vieux flacons, Drago aperçut un vieux collier d'opale dont son père lui avait déjà parlé. Il reconnut également la main de la Gloire qu'il avait déjà vue quelques années plus tôt. Au loin, il l'aperçut. La grande armoire noire à disparaître.

Il s'approcha un peu plus de l'objet pour l'analyser de plus près.

-Je viens au sujet de cette armoire, Barjow fit-il en revenant vers le vendeur. J'en ai besoin pour une mission de la plus haute importance si vous voyez ce que je veux dire.

Devant son visage qui exprimait un curieux mélange de crainte et de ressentiment, Drago comprit que Barjow voyait parfaitement où celui-ci voulait en venir

-Je sais où se trouve la deuxième armoire, continua-t-il. Malheureusement, elle est cassée et ne peut fonctionner tant qu'elle ne sera pas réparée. Vous savez comment la réparer ?

-Peut-être, répondit Barjow sur un ton qui laissait deviner une certaine réticence à s'engager. Il faudra que je voie ça. Pourquoi ne l'apportez-vous pas au magasin ?

-Je ne peux pas, répondit Malefoy. Elle doit rester là où elle est. Je veux simplement que vous m'expliquiez comment faire.

Barjow se passa la langue sur les lèvres d'un air préoccupé.

-Si je ne la vois pas, je dois dire que ce sera très difficile, peut-être même impossible. Je ne peux rien vous garantir.

-Non ? Répliqua Malefoy, sur un ton méprisant. Dans ce cas, peut-être que ceci vous rendra plus sûr de vous.

Il se rapprocha de Barjow et releva la manche de sa veste. À la vue de la marque des Ténèbres qui se dessinait son avant-bras, le visage cireux de Barjow se crispa aussitôt de terreur.

-Si vous le dites à qui que ce soit menaça Malefoy, il y aura des représailles. Vous connaissez Fenrir Greyback ? C'est un ami de ma famille, il viendra vous rendre visite de temps en temps pour vérifier que vous consacrez à la question toute l'attention qu'elle mérite.

-Il est inutile de…

-J'en jugerai moi-même, coupa Malefoy. Bon, il faut que j'y aille, maintenant. Et n'oubliez pas de mettre celle-ci de côté, j'en aurai besoin, dit-il en désignant l'armoire de la boutique.

-Vous voulez peut-être l'emporter maintenant ?

-Certainement pas, petit homme stupide, de quoi aurais-je l'air si je portais ça dans la rue ? Ne la vendez pas, c'est tout.

-Bien sûr que non… monsieur.

Barjow le salua en se penchant aussi bas que d'habitude.

-Pas un mot à quiconque, Barjow, y compris à ma mère, d'accord ?

-Naturellement, naturellement, murmura Barjow en s'inclinant à nouveau.

Un instant plus tard, la clochette au-dessus de la porte tinta avec force tandis que Malefoy sortait de la boutique, satisfait de son plan d'action. Lorsqu'il sortit de la boutique, il sentit un léger courant d'air lui parcourir le bras, alors qu'il n'y avait pas le moindre souffle de vent dans la rue. Ignorant ce sentiment, il partit rejoindre sa mère chez Fleury & Bott, en se disant, un sourire au coin des lèvres que la journée se terminait bien après tout.