Chapitre 7 : une situation délicate

Elle se réveilla de bonne heure le lundi matin, pour se rendre à la volière porter le mot qu'elle avait écrit la veille.

Elle eut des difficultés à se concentrer sur ce que les professeurs expliquaient en classe, ses pensées étant trop orientée sur le rendez-vous qu'elle avait fixé à Malefoy après les cours. Ce fut encore plus difficile durant les cours qu'elle avait en commun avec les Serpentards. Ainsi, tout au long de la journée, elle fuyait résolument le regard de Malefoy, qu'elle sentait plusieurs fois dans sa direction.

Cependant, elle ne pu éviter ce dernier, lorsque le hibou de l'école se posa sur sa table du déjeuner, et lui tendit le mot de la Gryffondor. Ils se regardèrent quelques instant, puis lui fit signe de tête, confirmant leur rendez-vous.

La cloche sonna la fin de la journée de cours. Prétextant une recherche à faire à la bibliothèque, elle quitta en précipitation Harry et Ron qui partirent en direction de la Salle Commune. Elle se dépêcha de monter au troisième étage, et se blotti derrière la statue de la sorcière borne, guettant l'arrivée de Malefoy. Il arriva quelques minutes plus tard, sa cravate verte et argent dénouée. Ses cheveux étaient comme à leur habitude, parfaitement coiffés.

Hermione lui fit signe de venir la rejoindre derrière la statue, qui se situait dans un renfoncement.

-Quelque chose ne va pas ? Demanda t-il quand il vit l'air anxieux de la jeune fille.

-Non, non… tout va bien, répondit-elle précipitamment en amenant le Serpentard dans le creux de la paroi.

L'espace qui séparait le mur et la statue était assez étroit, Hermione dû se plaquer contre le mur tandis que Malefoy était coincé par le dos de la statue. Serré l'un contre l'autre pour ne pas être vu, Hermione pouvait sentir la respiration de Malefoy s'accéléré contre sa poitrine. Elle essaya malgré elle de contrôler ses battements de cœur, mais ceux-ci s'intensifia quand le Serpentard plongea son regard dans le sien. Son visage était si près du sien qu'elle pouvait voir son reflet dans ses yeux gris perle. A nouveau, elle sentit cette odeur d'herbe fraîchement coupée qui lui procura un sentiment printanier. Humant son parfum, elle sentit ses entrailles en feu. Une bouffée de chaleur commença à lui monter aux joues. La jeune fille essaya à nouveau de se maîtriser pour paraître naturelle. Pourquoi n'avait-elle pas choisi un endroit plus espacé ?! Dans son souvenir, l'espace n'était pas si étroit !

-Je voulais simplement te parler, commença-t-elle, de ce qu'il s'était passé hier dans la serre… Je ne comprends pas ce que tout cela signifie….

Elle regarda fixement le jeune homme dans les yeux, désirant obtenir une explication. Malefoy semblait mal à l'aise d'aborder le sujet, il détourna son regard lorsqu'il lui répondit :

-Je l'ignore… dit-il, tout ce que je sais, c'est que depuis que je t'ai vue dans la boutique de Madame Guipure, j'ai été profondément troublé… je ne peux pas t'expliquer pourquoi mais des sentiments qui étaient enfuis en moi ont aussitôt ressurgi…

-Des sentiments enfuis ? Qu'est ce que tu veux dire Malefoy ? Demanda Hermione la gorge sèche.

Le Serpentard semblait encore plus mal à l'aise et baissa les yeux.

-Je veux dire… je culpabilisais…répondit-il vaguement, je me suis rappelé toutes les insultes que je t'avais lancées… et depuis, continua-t-il les yeux toujours fuyants, je n'arrête pas de penser à toi… je n'arrête pas de penser à notre première année, dans les toilettes des filles quand je t'ai…enfin tu vois…

Hermione sentait sa respiration s'accélérer au fur et à mesure que Malefoy se confiait. Son cœur battait à vive allure, si bien qu'elle le sentait exploser contre sa poitrine. Elle ne s'attendait pas à ce que le Serpentard mentionne se souvenir, ni qu'il y repense depuis tout l'été ! Jamais ils n'en avaient parlé jusqu'à ce jour.

Comme hypnotisée, elle écouta Drago continuer :

-A toutes les fois où nos regards se sont croisés durant toutes ses années… et ces derniers temps, à notre rencontre à la bibliothèque… tu m'obsèdes, Granger…

Il s'était encore plus rapproché d'elle, à présent ses lèvres étaient à quelques centimètres à peine des siennes lorsqu'il lui demanda dans un souffle :

-Pourrais-tu un jour me pardonner ces cinq années où je t'ai maltraitée ?

Jamais son cerveau n'avait été aussi engourdi que maintenant. Hermione n'arrivait pas à réaliser ce qui était en train de se passer. Malefoy, s'excuser auprès d'elle ? Ne sachant quoi répondre, elle lâcha la seule chose qui depuis hier, lui passait par la tête.

-Et avec Pansy Parkinson ? Tu sors avec elle ?

-Non, ce n'est pas elle qui m'importe, lui répondit-il dans un murmure, d'ailleurs ce n'est pas elle que j'ai envie d'embrasser, là, maintenant.

Drago passa sa main dans ses cheveux, lui saisit délicatement la nuque, et déposa enfin ses lèvres sur les siennes. Son cœur bondit dans sa poitrine comme une explosion avant de lui rendre passionnément son baiser. Elle senti qu'il la serrait plus fort contre lui, que ses deux mains étaient à présent posés sur son visage. Elle eu l'envie irrésistible de lui saisir à son tour sa nuque, ce qu'elle fit en lui caressant ses cheveux d'un blond presque blanc. Elle n'avait jamais imaginé à quel point ils étaient si doux et soyeux. C'était comme s'ils attendaient ce moment depuis des années. Un baiser qu'aucun d'entre eux n'aurait cru possible de se réaliser, mais qui pourtant était bien réel et qu'enfin, ils pouvaient laisser libre cours à cette envie dissimulé au fond d'eux.

Depuis combien de temps étaient-ils en train de s'embrasser ? Elle n'en avait aucune idée. Le temps semblait s'être arrêté, jusqu'à ce qu'ils se desserrèrent de leur étreinte. Ils se regardèrent, tout deux surpris que ce moment soit arrivé.

-Alors comme ça tu es jalouse ? lui demanda-t-il un sourire aux lèvres.

-Pas du tout, s'exclama Hermione, avec un petit rire gêné. Je voulais simplement savoir… insista-t-elle tout de même.

-Cette fille-là ne me connait pas, elle aime un autre Drago que je ne veux plus être. Depuis des années je me suis voilé la face…Et puis, je lui trouve un air de pékinois, plaisanta-t-il.

Hermione se joignit à lui, trouvant elle aussi la ressemblance frappante. Reprenant son sérieux, elle fit :

-Je n'arrive pas à croire ce qu'il s'est passé, j'ai l'impression que je vais me réveiller et que demain tu seras à nouveau Malefoy, le Serpentard prétentieux et détestable que j'ai toujours connu.

-Très belle image que tu avais de moi, Granger. Mais je ne peux t'en vouloir c'était presque ça.

Hermione lui lança un regard à la fois amusé et sceptique.

-Ok, ok c'était entièrement vrai. Et pour moi, tu redeviendrais Granger, l'intello de la classe qui exaspère tout le monde.

Vexée, Hermione lui donna une petite tape au bras qui le fit éclater de rire.

-Bon, dit-il au bout de quelques secondes. Je vais devoir y aller.

-Très bien, moi aussi je vais retourner à ma salle commune.

Malefoy déposa rapidement un dernier baiser sur la joue d'Hermione, avant de quitter le renfoncement pour retourner vers les cachots. Tout au long du chemin, Hermione senti cette chaleur bouillonnante qui n'arrivait pas à la quitter. Le cœur battant à tout rompre, elle arriva dans la Salle Commune, réalisant seulement ce qu'il s'était passé. Elle n'arrivait pas à y croire. Elle et Malefoy. Comment était-ce possible ? Elle était plongée dans un devoir de métamorphose qu'elle n'arrivait pas à finir, le sourire aux lèvres quand elle se remémora l'étreinte du Serpentard. Elle passa tout le restant de la soirée sur le divan de la salle commune, à rêvasser le regard perdu sur le feu de la cheminée. L'image des lèvres de Malefoy se rapprochant des siennes était encore si présente dans sa tête, jamais elle ne s'était doutée que le Serpentard avait les lèvres si douces et fermes à la fois, jamais on ne l'avait embrassé de cette manière…

-Hermione ? Fit la voix éloignée d'Harry. A quoi penses-tu ?

-Pardon ?

Elle réalisa seulement maintenant qu'Harry et Ron était venu la rejoindre sur le canapé.

-Tu sembles distante ce soir, reprit son ami. Tu n'entends pas quand on te parle avec Ron.

-Oh désolée Harry, j'étais seulement en train de penser à Hagrid, menti-t-elle. Il avait l'air si attristé à cause d'Aragog.

-Je sais Hermione, moi non plus je n'aime pas le voir si triste, mais on ne peut rien faire pour lui.

-Exactement ! Intervint Ron en s'emportant aussitôt. Et il est hors de question d'aller l'aider dans la forêt interdite à soigner cette monstrueuse bête velue avec plein… de pattes et des yeux partout ! Fit-il en frissonnant au souvenir de sa rencontre avec Aragog.

-Du calme Ron, rassura Harry en donnant une tape amicale sur l'épaule. Hagrid s'en sortira sans nous.

-J'espère, parce qu'il a toujours l'art de s'attirer des ennuis. Vous vous souvenez de Norbert ? Fit Hermione

Tous trois se regardèrent puis éclatèrent de rire au souvenir du petit Dragonneau. Hermione dû se serrer les côtes tellement qu'elle fut prise d'un fou rire en se rappelant Hagrid en train de materner la bête. La larme à l'œil, ils reprirent leur sérieux et discutèrent ensemble des souvenirs passés avec Hagrid. Les trois amis restèrent dans la salle commune jusqu'à onze heure du soir, heureux de se remémorer tous les moments passées ensemble. Même si Hermione avait passé une soirée très plaisante, la jeune fille monta se coucher l'esprit préoccupé. Tout au long de la soirée, elle n'avait cessé de penser à Malefoy. Elle se sentait mal à l'aise à l'idée de cacher à Harry et Ron les sentiments qu'elle ressentait pour le Serpentard. Que diraient ses amis si elle leur confessait que bien plus tôt dans l'après-midi, Malefoy l'avait embrassé et qu'elle avait aimé ça.

Elle se coucha dans ses draps tandis qu'une petite voix dans sa tête lui souffla à l'oreille qu'elle s'embarquait dans une drôle d'histoire qui ne lui attirerait que des ennuies. Hermione ignora l'avertissement, se retourna sur le côté et ferma les yeux. Le lendemain matin, la Gryffondor constata que son mal aise ne s'était pas dissipé pendant la nuit, bien au contraire, elle se leva avec le sentiment qu'elle avait commis une grave erreur la veille.

Elle descendit prendre son petit déjeuné en compagnie de Ron, Harry et Ginny. Ceux-ci étaient déjà en train de manger lorsque la jeune fille s'assit à la table. Hermione commença à se beurrer un toast pendant que ses amis discutèrent des prochaines séances d'entrainement de Quidditch.

-Parfait, fit Ginny alors qu'ils venaient de convenir d'une date. Je vais prévenir Dean que je ne pourrai pas passer la soirée avec lui ce soir-là. A tout à l'heure.

La jeune fille s'éloigna sous le regard perdu de Harry. Au même moment, la porte de la grande salle s'ouvrit, laissant passer Malefoy accompagné de Pansy Parkinson qui lui tenait le bras. Une bouffée de colère monta aussitôt chez Hermione qui laissa tomber brusquement son toast dans l'assiette.

-Regardez qui vient d'arriver, fit Ron. Malefoy et Parkinson, le couple de l'horreur. Vous imaginez les enfants, un mélange entre une fouine décolorée et un pékinois.

Harry et Ron éclatèrent de rire pendant qu'Hermione fit semblant de boire une gorgée de son jus de citrouille pour se dispenser de répondre à la plaisanterie. A nouveau, elle vit du coin de l'œil que Malefoy et Parkinson s'installa au fond de la table en tête à tête. Pour son plus grand agacement, Harry orienta à nouveau la conversation vers le Serpentard :

-Vous avez remarqué qu'il sèche de plus en plus les cours ? Il n'était pas au dernier cours de métamorphose, ni à celui de Rogue. Etrange vous ne trouvez pas ?

Hermione sentit ses joues prendre feu et fit semblant de lire son nouveau dictionnaire de runes. Ron aussi semblait adopter cette technique, car ce dernier laissa Harry seul dans ses réflexions.

-Très bien, fit celui-ci vexé. Si vous trouvez ça normal que Malefoy est souvent absent…

-Tu tires des conclusions hâtives, mon vieux. Ca ne signifie pas que Malefoy soit partisan de Tu-sais-qui parce qu'il décide de se relâcher dans les cours. Personnellement je me dispenserai bien du cours de Rog…

-Ron ! S'indigna Hermione. Comment peux-tu dire ça alors que les ASPIC sont déjà dans un an !

-Du calme Hermione ! Tu devrais dire les ASPIC sont seulement dans un an.

-Oui, et on verra qui sera encore dépassé par toutes les matières, comme pour les BUSES.

-Ca ne risquera pas d'arriver, car je compte encore sur le petit planning que tu nous concocteras à Harry et moi.

-Alors là, il n'en n'est pas question, s'emporta Hermione. Cette fois vous vous débrouillerez sans moi !

Elle vit avec agacement qu'Harry et Ron s'échangèrent un regard amusé. Irritée, celle-ci feuilleta son nouveau dictionnaire de rune quand elle vit une petite inscription écrite à la main au bas de la page. Le cœur battant, elle reconnu aussitôt cette écriture légère et fine :

Pour Hermione Granger,

En espérant que ton année ne soit pas compromise,

D.M

Hermione lut le mot et referma d'un coup sec son livre, de peur qu'Harry qui se trouvait à côté d'elle le voie. Elle releva la tête en direction de Malefoy qui semblait écouter Parkinson d'une oreille distraite lorsque celui-ci tourna son regard et croisa celui d'Hermione. Elle baissa aussitôt les yeux vers son assiette d'œuf brouillé et écouta la conversation entre Harry et Ron. Elle ne comprenait plus très bien à quel jeu jouait le Serpentard avec elle, ni à quoi allait la mener cette histoire avec ce dernier. Tout au long de la journée, Hermione sentit le regard insistant de Malefoy se poser à plusieurs reprises sur elle et préféra les ignorer.

Alors qu'ils entraient dans la classe de DCLFM, Harry, Ron et Hermione se dirigèrent vers leurs places habituelles au fond de la classe quand elle sentit qu'on la bousculait sur le côté.

-Fais attention où tu mets les pieds, Granger ! Fit la voix traînante de Malefoy.

-C'est toi qui devrais ouvrir tes yeux de fouine, Malefoy. Intervint aussitôt Ron en prenant la défense d'Hermione.

-Je ne crois pas qu'on t'ait appelé Weasmoche, si c'était le cas, j'aurai été faire un tour du côté de la cabane hurlante pour te trouver.

Les oreilles rouges vives, celui-ci s'apprêtaient à sauter sur Malefoy avant qu'Hermione ne le retint.

-Non Ron ! Laisse tomber veux-tu ?!

-Je l'aurai, fit-il entre ses dents. Un jour je l'aurai.

-Weasley, Granger ! Surgit la voix de Rogue au fond de la classe. Dix points de moins pour Gryffondor. Allez vous asseoir, sinon j'en retire dix de plus.

Malefoy lança à Ron un sourire narquois avant de s'installer à côté de Zabini. D'un coup de baguette, Rogue fit voler les devoirs de la semaine qui se déposèrent délicatement en une pile sur son bureau. Le professeur commença son cours qui se portait à nouveaux sur l'utilisation de sortilège informulés. Hermione se pencha discrètement pour prendre ses affaires dans son sac quand elle vit qu'il était déjà ouvert. A l'intérieure, elle trouva un morceau de parchemin qu'elle déplia discrètement sous le banc. Instantanément, elle reconnu l'écriture du message que Malefoy avait glissé dans son sac en la bousculant :

Rejoins-moi à la bibliothèque après les cours.

Hermione rangea précipitamment le mot dans son sac et essaya de se concentré sur les diaporamas que faisait défiler Rogue sur le mur. Elle vit à nouveau du coin de l'œil que Malefoy la dévisageait, mais elle n'y prêta pas attention. Devait-t-elle se rendre au rendez-vous du Serpentard ? Elle voyait là une occasion de clarifier la situation qui lui semblait depuis le début brumeuse. La cloche annonçant la fin des cours de la journée retentit dans le couloir. Tous les élèves rangèrent leurs affaires dans leur sac et quitta la classe de Rogue d'un pas précipité. Hermione suivit Harry et Ron jusqu'au hall d'entrée avant de s'éclipser vers la bibliothèque.

La salle commença à se remplir d'élèves de l'école quand la jeune fille arriva. Elle parcourra rapidement la pièce des yeux, sans voir aucune trace de Malefoy. Peut-être n'était-il pas encore arrivé. Elle décida de l'attendre sur le banc auquel ils étaient assis lors de leur première rencontre à la bibliothèque lorsqu'elle entendit une voix l'appeler. Elle se retourna et vit Malefoy lui faire signe de le suivre dans la réserve.

-Madame Pince n'est pas loin, articula-t-elle doucement en lui désignant la bibliothécaire en train de parcourir les allées comme un vautour.

Il était interdit de mettre un pied dans la réserve sans le consentement d'un professeur de l'école. Malefoy haussa les épaules et renouvela son signe de main. Le cœur battant, Hermione décida de le suivre tout en vérifiant soigneusement de ne pas être vue par Madame Pince. Celui-ci l'attendait dans la dernière allée de la pièce qui renfermait les livres les plus obscures que l'on puisse trouver en matière de magie à Poudlard.

-Malefoy, si Madame Pince nous surprend dans la réserve sans autorisation nous sommes cuits !

-Relax Granger, elle est en train de faire une ronde dans la bibliothèque. C'est fou ce que tu t'inquiètes pour un rien, que veux-tu qu'elle fasse ? T'interdire l'accès à la bibliothèque jusqu'à la fin de l'année ? Ricana-t-il.

-Nous mettre en retenue par exemple. Qu'est-ce que je dirai dans ce cas-là à Harry et Ron ? Que Madame Pince m'a donnée une retenue parce que j'étais dans la réserve avec toi sans autorisation !

-Ca nous rappellera notre retenue en première année, répondit-il d'un sourire taquin.

-Si je me souviens bien, Malefoy tu étais mort de trousse.

-Pas du tout ! C'est juste qu'il faisait froid et sombre on n'arrivait pas bien à distinguer le sentier !

-C'est cela… et c'est parce que tu avais perdu ton chemin que tu t'étais enfoui en laissant Harry seul dans cette clairière ?

-Quirrell l'attaquait ! Je n'allais certainement pas risquer ma peau pour Potter ! En plus le chien d'Hagrid s'était enfoui, je devais le rattraper.

Hermione se rappela très bien de cette nuit-là, où Harry avait été sauvé de justesse par Firenze le centaure, qui avait chassé Quirrell en train de boire le sang de licorne pour Voldemort.

-Oui je m'en rappelle, fit-elle vaguement.

A ce moment, un bruit sourd retentit derrière eux. Ils eurent le temps d'apercevoir entre les rangées, un élève de septième année de Serdaigle quitter la réserve.

-Tu m'expliques pourquoi tu m'as ignoré toute la journée ? Demanda le Serpentard vexé.

-Je ne vois pas de quoi tu parles…

-Arrête Granger, tu baissais les yeux chaque fois que l'on se regardait.

Hermione se sentit mal à l'aise car elle savait au fond d'elle que le Serpentard avait raison.

-Ecoute Malefoy, commença-t-elle, décidée à être claire. Je crois qu'on devrait en rester là.

-Pourquoi ça ? Demanda Malefoy en se rapprochant doucement vers Hermione.

-Pour plein de raisons, déjà je n'aime pas du tout mentir à Harry et Ron ! C'est insupportable ils sont mes amis, je n'ai pas arrêté de culpabiliser depuis hier…

-Je comprends, c'est très mal de mentir.

Mais le Serpentard n'avait pas l'air de penser sincèrement que c'était mal de mentir. Dévorant Hermione des yeux, il continuait de s'avancer vers elle jusqu'à ce qu'elle soit bloquée par une rangée de livres poussiéreux et humides.

-Et puis, continua-t-elle la gorge sèche, où est-ce que cela va nous mener réellement ? Tu y as pensé Malefoy ?

-Pas vraiment. Est-ce qu'on ne pourrait pas vivre l'instant présent, sans se poser sans cesse des questions ?

Il plongea son regard pénétrant dans le sien, rapprochant encore plus son visage. Hermione essaya de reprendre ses esprits, mais son regard était trop captivé par ses lèvres à quelques centimètres des siennes.

Son cœur battait à tout rompre dans sa poitrine, comme s'il était sur le point d'exploser.

-Par exemple, continua-t-il dans un murmure, je meurs d'envie de t'embrasser Hermione.

C'était la première fois qu'il prononçait son prénom et elle adorait ça. Elle sentit ses paupières s'alourdirent tandis que Malefoy avança ses lèvres pour l'embrasser fougueusement.

Jamais on ne l'avait embrassé avec une telle ardeur, pensa-t-elle. Quand elle était sortie avec Krum, ils s'étaient embrassés une seule fois durant leur promenade dans le parc. Comme un vrai gentleman, ce dernier avait déposé légèrement un baiser sur les lèvres d'Hermione avant de regagner son vaisseau. Depuis, elle n'avait plus embrassé qui que ce soit avant son dernier rendez-vous avec Malefoy derrière la statue de la sorcière borgne. Mais ici, leur étreinte était beaucoup plus passionnelle et ardente que la dernière fois. Entrelacé, leur respiration était saccadée tant leurs lèvres étaient serrées l'une contre l'autre.

Hermione sentit les mains de Malefoy lui parcourir le corps et se déposer sur sa poitrine. Aussitôt, elle comprit qu'elle s'était laissée trop emportée par la fougue du Serpentard.

-Attends, Malefoy. Non, arrête il ne faut pas !

Elle le repoussa et reprit ses esprits, sa respiration haletante.

-Je suis désolé, je n'aurai pas dû…

-Non, ce n'est pas ça. Simplement, je ne devrais pas te laisser croire que nous deux… je veux dire il n'y aura jamais rien ! Qu'espères-tu ? Se voir toute l'année en cachette pour s'embrasser dans des coins et faire semblant de rien le reste du temps ? Alors que je te verrais jouer le parfait petit Serpentard avec Parkinson et tout le reste ! Non, fit-elle les larmes aux yeux, je n'y arriverai pas !

-Hermione, c'est toi que je veux ! Je ne suis plus comme ça tu le sais non ?

-Alors pourquoi passes-tu tout ton temps avec elle ?!

-Parce qu'elle me colle toute la journée et je ne veux pas attirer les soupçons si jamais je la remballe trop souvent !

-Les soupçons de quoi ?!

-Sur rien, répondit-il précipitamment, mais tu sais très bien que je ne ressens rien !

-Oui, mais je n'arriverai pas à faire semblant. Ca ne nous mènera nulle part cette histoire, jamais on ne pourra sortir ensemble, il faut oublier tout ça, tu dois m'oublier !

Elle sorti précipitamment de la réserve, refoulant les larmes qui lui montaient aux yeux quand elle tomba sur Madame Pince.

-Dans la réserve, fit celle-ci d'une voix acariâtre, où est votre autorisation ?

-Je… en fait je l'ai…

-La voici, fit la voix de Drago derrière Hermione.

Il lui tendit le bout de parchemin qu'Hermione l'avait vu donné à la bibliothécaire l'autre jour. La vieille fille prit l'autorisation de Rogue avant de lui rendre d'un œil sceptique.

-Tu aurais pu me dire que tu avais une autorisation de Rogue dans ta poche ! Reprocha Hermione en sortant de la bibliothèque.

Malefoy ne répondit pas et laissa Hermione en plan dans le couloir. La mine boudeuse, la jeune fille monta rejoindre Harry et Ron dans la salle commune. Elle passa le restant de la soirée à ruminer ses pensées, cachée derrière son livre de sorts et enchantements niveau 6, tandis qu'Harry et Ron débutaient une partie d'échecs.

Durant les trois prochains jours, Hermione n'eut plus de nouvelles de Drago. Comme ne le manqua pas de le souligner une fois de plus Harry, le Serpentard venait de moins en moins au cours, ou prendre ses repas. Quand celui-ci était présent, il ne dédaignait pas de jeter un seul coup d'œil vers Hermione, même si celle-ci s'y risqua une ou deux fois. Il ne réagissait pas également lorsque Parkinson se moqua ouvertement d'Hermione en cours de DCLFM quand celle-ci fut discriminée par Rogue. Renfrognée, Hermione se rendit à son cours d'arithmancie le pas traînant. Son humeur ne diminua pas quand elle vit le couloir bondé d'élèves qui se rendaient à leurs cours. Irritée, elle tenta de se frayer un chemin parmi un groupe de filles de Serdaigles en train de s'échanger leur tube de rouge à lèvres lorsqu'elle le vit au loin.

Malefoy se tenait devant une fille de septième année, la main appuyée contre le mur tandis qu'il lui murmurait des mots à l'oreille, un sourire taquin sur les lèvres. Une bouffée de rage traversa tout le corps d'Hermione à la vue des deux Serpentards en train de flirter. Elle sentit chacun de ses membres s'engourdir et trembler de colère. Une furieuse envie de gifler Malefoy s'empara d'elle. Comment pouvait-il prétendre vouloir sortir avec elle, alors qu'il draguait d'autres filles dans les couloirs ?!

Pendant plusieurs secondes, Hermione resta plantée au milieu du couloir, bousculée par les élèves qui entraient dans les classes de salle de cours et observa la jeune fille déposer un baiser sur la joue de Malefoy avant de partir rejoindre ses amies de Serpentard. Malefoy tourna les talons et partit dans la direction opposée. Elle fut soudain prise par une envie irrésistible de le suivre, de lui expliquer qu'elle était choquée de son comportement macho et grossier vis-à-vis d'elle. Mais elle allait être en retard pour son cours, qu'allait dire le professeur Vector de son absence ? Elle se pinça les lèvres et décida malgré tout de le suivre.

Discrètement, elle enjamba le pas au Serpentard, se faufilant entre les élèves du couloir. Soudain, elle le vit tourner à droite du couloir puis ouvrir la porte des toilettes des garçons. Jamais Hermione n'était entrée dans les toilettes des garçons et se demanda après tout si c'était une bonne idée. Quelqu'un pouvait la voir puis se demander ce qu'elle ferait là. Elle hésita mais regarda tout de même si la voie était libre. Le couloir qui menait aux toilettes était désert. Poussée par une bouffée d'adrénaline, elle poussa la porte et entra. La pièce était grande et spacieuse, semblable aux toilettes de Mimi Geignard mais en bon état.

Elle inspectait la pièce lorsqu'elle vit Malefoy en train de se laver les mains au lavabo. Il gardait ses yeux baissés vers l'évier quand il dit :

-Ce sont les toilettes pour garçons, Granger. Tu n'as pas reconnu le petit pictogramme sur la porte ?

-Comment savais-tu que c'était moi ?

-Tu n'es pas douée pour les filatures.

Hermione se garda bien de lui répliquer au visage que quelques mois plus tôt, elle l'avait suivit sans qu'il le sache sur le chemin de Traverse. Mais il faut dire, elle était sous la cape d'invisibilité d'Harry.

-Parce que toi tu l'es ?

-Tu n'en as pas idée, Granger. Je peux me faufiler et me tapir dans un coin comme un serpent, puis surgir sans que tu ne le voies.

-C'est une méthode très efficace pour surprendre les filles dans les couloirs !

-Tu fais sans doute allusion à notre nouvelle préfète-en-chef.

-Alors tu m'as vue ?!

-Tu es aussi discrète qu'un hyppogriffe chez un apothicaire.

-Très spirituel. Alors, il se passe quoi entre toi et elle ? Tu sors avec ?

Elle essaya de prendre malgré elle un ton dégagé, mais sans succès.

-Qu'est-ce que ça peut te faire ? On n'a aucun compte à se rendre à ce que je sache, comme tu me l'as très bien fait comprendre dans la réserve.

-C'était pour savoir, tu as l'air de ne pas trop avoir eu du mal à t'en remettre dans le couloir !

Sans qu'elle s'en rende compte, les voix commencèrent à résonner de plus en plus fort dans les toilettes.

-Ca ne te regarde pas !

-Oui ça me regarde ! Tu n'as pas le droit de me sortir ton numéro de charme pour ensuite draguer les autres sous mon nez en me narguant !

-Mon numéro de charme ?! Tu t'entends parler Granger ?! Je t'ai ouvert mon cœur comme je ne l'avais jamais fait avant ! Je t'ai montré que je voulais changer, te prouver que j'étais quelqu'un d'autre, et toi, tu m'as repoussé ! ALORS QU'EST-CE QUE TU VEUX A LA FIN ?!

-TOI !

Un silence s'installa aussitôt lorsqu'Hermione prononça ce mot qui lui avait échappé des lèvres. Malefoy la regarda hébété, comme s'il la voyait pour la toute première fois.

-Quoi ?

Les joues d'Hermione prirent feu, elle ne se sentait pas le courage de répéter cela.

-Enfin je veux dire… je crois que…

Mais Drago se jeta sur elle et l'embrassa avant qu'elle n'ait eu le temps de rajouter quoique ce soit.

Elle lui rendit passionnément son baiser, ses lèvres lui avaient tant manquées. Ils se relâchèrent doucement, les yeux gris de Drago plongé dans les siens.

-Tu m'as manqué, fit Hermione dans un souffle

-Toi aussi, je ne pensais qu'à toi tous les…

Mais un bruit de porte s'ouvrit et laissa entrer un groupe de garçons bruyants. Drago poussa rapidement Hermione dans la première cabine et ferma la porte.

-Tiens, Malefoy.

Hermione tendit l'oreille et crût reconnaître cette voix vaniteuse.

-MacLaggen, fit la voix de Drago.

-On ne te voit plus sur le terrain de Quidditch cette année, ton équipe n'a pas l'air très entraînée.

-J'ai des choses plus importantes à faire, vois-tu MacLaggen. En parlant de Quidditch, tu as l'air d'avoir bien supporté le fait que Potter ait choisi Weasley comme nouveau gardien.

-Ce n'est qu'une question de temps avant qu'il ne se rende compte de son erreur, tu peux me croire.

-J'en doute.

-C'est rien, je me consolerai avec Granger. On dit que Weasley à un faible pour cette fille-là. Et si vous voulez mon avis, il a très bon goût n'est-ce pas les gars ?

Ceux-ci approuvèrent par des aboiements lamentables qui donnèrent la nausée à Hermione. Elle tendit encore plus l'oreille pour écouter la réaction de Malefoy.

-Granger ? Tu peux trouver mieux pour toi MacLaggen que cette Sang-de-Bourbe.

-Oh du calme Malefoy, à Gryffondor on n'accepte pas ce genre de propos.

-Ce que je veux dire, c'est qu'il y a beaucoup mieux. Personnellement j'essayerai Chang si tu veux te venger de Potter, il était sorti avec après tout.

-Ah Chang pourquoi pas… je te remercie du conseil Malefoy.

-De rien.

-Bon vous venez les gars.

Ils sortirent à nouveau sur un brouhaha enthousiasme à l'idée de « se faire » Chang. Hermione attendit quelques secondes avant de sortir de sa toilette.

-Je te remercie pour tes compliments.

-De rien, Granger. Tu t'attendais à quoi ? Que je dise que je te trouve attirante et séduisante ? Et qu'en plus tu embrasses plutôt bien.

Hermione lui lança un regard de reproche et éclata de rire avec le Serpentard.

-Ok que tu embrasses merveilleusement bien, reprit-il amusé.

Elle trouvait cela si anormalement naturel. Comme s'il était en très bon terme depuis toujours. Elle avait toujours du mal à réalisé qu'elle se trouvait avec Drago Malefoy, son meilleur ennemi.

-Alors, que faisons-nous maintenant ? Elle avait posé la question, sans trop vouloir connaître la réponse.

-Je suppose qu'il va falloir … rester discret, proposa-t-il. Qu'est-ce que tu en penses ?

Elle n'était pas très séduite par l'idée, mais il fallait reconnaître que c'était la solution la plus raisonnable à prendre. Drago semblait avoir deviné les pensées d'Hermione car celui-ci lui déposa un baiser rassurant sur ses lèvres.