Chapitre 13 : Vacances de Noel
Cela faisait plus de cinq jours qu'Hermione était rentrée chez elle. Installée sur son lit douillet, la jeune fille était plongée dans la lecture de son Manuel avancé de préparation de potion, décidée une bonne fois pour toutes à surpasser le Prince dès la reprise des cours. Pattenrond blotti au pied de son lit, elle étudia attentivement la troisième loi de Golpalott qui lui parût particulièrement complexe. Hermione dû relire à plusieurs reprises la définition de cette théorie sur la préparation d'antidote pour en comprendre le sens.
Lassée de lire l'ouvrage qu'elle étudiait depuis plusieurs jours, elle poussa un soupir d'ennuie et ferma le livre d'un coup sec. La tête posée sur son oreiller, elle regardait les yeux perdus dans le vide, les photographies accrochées sur son mur qui faisait face à son lit. Au-dessus de son bureau figuraient plusieurs clichés représentant le trio éclatant de rire et lui faisant signe de la main. Une bannière de Gryffondor décorait également le mur de sa chambre, rappelant avec fierté l'appartenance à sa maison. Avec un sentiment de nostalgie, Hermione pensa à Harry et Ron en train de s'amuser ensemble au Terrier.
Ne supportant plus la solitude de sa chambre, elle décida de descendre rejoindre ses parents qui commençaient les préparatifs pour le repas du réveillon de Noel. Mrs Granger était dans la cuisine, confectionnant quelques amuse-bouches pour l'apéritif. Mr Granger quant à lui, dressait la table pour accueillir dans quelques heures les grands-parents d'Hermione.
-Hermione, ma chérie ? Appela Mrs Granger, peux-tu m'apporter de l'aide pour le repas ? Tes grands-parents seront là dans quelques heures, et je n'ai toujours pas mis ma dinde au four ! Dit-elle en s'essuyant le front du revers de sa main, ses cheveux bruns ondulés semblables à ceux de sa fille tombant sur son front.
-Bien sûre maman, que veux-tu que je fasse ? demanda Hermione, une légère pointe d'inquiétude dans la voix. Elle n'était pas du genre expert en cuisine.
-Oh simplement éplucher, laver et couper les carottes en morceaux pour accompagner la dinde.
Hermione s'effectua rapidement à la tâche, tout en expliquant la difficulté des cours de cette année à sa mère qui préparait la grosse volaille. Elle lui raconta également l'entretien qu'elle avait eu avec McGonagall au début de l'année.
-Mais c'est magnifique ma chérie ! S'exclama Mrs Granger, le teint radieux. Sais-tu déjà ce que tu comptes faire à la sortie de l'école ?
-Je ne sais pas encore… j'aimerai faire quelque chose d'utile, répondit Hermione pensivement. Par exemple améliorer mon association d'aide aux elfes de maison.
Hermione se rappela la réaction de ses deux amis chaque fois qu'elle évoquait la S.A.L.E. avec un léger sourire aux lèvres, elle commença à laver les carottes qu'elle venait de râper.
-Ma chérie, dit Mrs Granger en regardant sa fille, droit dans les yeux, tu dois faire ce que te dit ton cœur. Sinon toute ta vie tu regretteras de ne pas être allée au bout de ce que tu désires. N'oublie jamais ça, rajouta-t-elle en reprenant la préparation de sa dinde.
Pensivement, Hermione commença à couper ses légumes. À présent, elle ne pensait plus du tout à sa carrière après ses études, mais à Drago. Devait-elle écouter le discours de sa mère et suivre son cœur ? Ginny lui avait fait la même remarque, de choisir entre l'un ou l'autre.
Quelques heures plus tard, Mr Granger arriva de la gare en compagnie des grands-parents d'Hermione qui l'accueillir les bras ouverts. Le repas du réveillon fut simple et familial, mais Hermione ne pouvait rêver mieux que de revoir à nouveau toute sa famille réunie, après cette longue période scolaire qui fut difficile. Lorsque minuit sonna, tout le monde se souhaita un joyeux Noel dans une étreinte chaleureuse. Enfin, Mrs Granger offrit une tasse de lait de poule avant de monter se coucher.
Le lendemain matin, Hermione trouva sous le sapin une pile de cadeaux qui n'attendait qu'à être ouvert. Elle ouvrit en premier lieu un gros paquet offert par ses parents. Elle poussa un cri d'exclamation quand elle déballa une magnifique écharpe rose pâle en soie. Elle remercia ses parents en les embrassant chacun à leur tour puis déballa ses autres cadeaux. Ses grands-parents lui avaient acheté un gros pull en laine pour l'hiver, Harry une nouvelle plume de cours, car la sienne était encore une fois usée, Hagrid un paquet de biscuits dur comme un rocher qu'il avait confectionné lui-même et Ginny un livre intitulé Comment mettre ses atouts de sorcière en valeur ? Avec un grand sourire aux lèvres, Hermione posa le paquet, puis constata tristement que c'était le dernier de la pile. Ron ne lui avait pas envoyé de cadeaux de Noel…
Elle monta rapidement dans sa chambre, les larmes aux yeux en évitant de croiser le regard de ses parents. Elle éclata en sanglots dans son oreiller, avant de se souvenir qu'il lui restait un dernier cadeau. Hermione ouvrit le tiroir de sa commode, et sortit la petite boîte verte enroulée d'un ruban argenté qu'elle défit aussitôt. Lorsqu'elle ouvrit la boîte, la jeune Gryffondor resta sans voix. D'une main tremblante, elle sortit un magnifique pendentif en argent orné d'une émeraude en forme de cœur. Hermione contempla le bijou quelques secondes entre ses mains avant de le porter autour du cou. Elle regarda dans son miroir l'effet qu'il produisait sur elle. Il était magnifique, pensa-t-elle, les yeux brillants de larmes.
La pierre était minutieusement taillée, soulignant le cœur avec éclat. Elle retourna le joyau dans tous les sens et observa de près les armoiries méticuleusement tracées au dos sur le bijou : les armoiries de la famille Malefoy, reconnut-elle aussitôt à la lettre M qui dominait l'écusson.
C'est ainsi qu'Hermione compris l'importance de ce collier familial que Drago lui avait offert. Elle avait le souffle coupé, ne trouvant pas de mot pour exprimer à quel point elle était touchée par son geste. Jamais au cours de toute son existence on lui avait offert un présent si magnifique et précieux.
C'est à ce moment précis qu'Hermione réalisa pour la première fois, à quel point elle aimait profondément Drago. Plus que jamais, son cœur bondissait dans sa poitrine, en cet instant. Elle voulut lui crier son amour à son tour, lui dire qu'à présent, elle savait quoi faire : elle choisissait son cœur. Mais comment le lui dire ? Il était à Poudlard et la rentrée ne devait avoir lieu que dans une semaine ! Son enthousiasme disparut aussi vite qu'il n'était apparu. Déçue, elle s'assit sur son lit lorsqu'elle entendit un crépitement à sa fenêtre.
Hermione sursauta, et se précipita d'ouvrir à Coquecigrue, le minuscule hibou de Ron. Celui-ci portait un colis qu'il portait péniblement au bec avant de le lâcher sur le lit d'Hermione. Heureuse de ce cadeau inattendu, elle ouvrit le paquet qui contenait des chaudrons au chocolat. Devait-elle considérer ce geste comme une invitation à enterrer la hache de guerre ? Elle ne savait quoi penser, car aucun mot d'excuse n'était présent.
Coquecigrue voletait à présent dans toute la pièce, Pattenrond le suivant des yeux. Soudain, une idée traversa l'esprit d'Hermione. Rapidement, elle s'installa à son bureau, pris une plume et une feuille de parchemin puis réfléchi avant d'écrire :
Professeur McGonagall,
Je suis désolée de vous déranger durant vos vacances de Noel, mais pouvez-vous m'autoriser un retour immédiat à l'école, afin d'avancer dès maintenant dans l'étude de mes examens de fin d'année.
Merci de votre compréhension,
Hermione Granger
Hermione relu plusieurs fois la lettre avant de la passer à Coquecigrue qui échappait de justesse aux griffes de Pattenrond. Il était peu probable que McGonagall accepte son retour prématuré à Poudlard. Cependant, pensa-t-elle, elle était la meilleure élève de son année ce qui apporterait peut-être un certain avantage. Avec un mince espoir, elle regarda le minuscule hibou s'envoler pour ne plus devenir qu'un point à l'horizon.
Le lendemain matin, Hermione se hâta de prendre son petit déjeuner pour ensuite attendre derrière la fenêtre de sa chambre une réponse du professeur. Ce n'est qu'en fin de matinée qu'une chouette hulotte appartenant à l'école vint cogner contre son carreau. La boule au ventre, Hermione prit du bec de la chouette une lettre portant le sceau de l'école ainsi qu'un petit colis qui était accroché à sa patte. La main tremblante, elle déplia l'enveloppe et lu la réponse du professeur McGonagall.
Miss Granger,
J'accuse une bonne réception de votre requête, en vous signalant toute foi qu'il s'agit d'un cas exceptionnel, connaissant votre implication dans vos études. Pour cela, j'ai pris la liberté de raccorder votre réseau de cheminée à celle de l'école, avec l'autorisation du Ministère de la Magie. Vous trouverez ci-joint, un échantillon de poudre de cheminette.
Cordialement,
Minerva McGonagall, Directrice-Adjointe.
Hermione n'en croyait pas ses yeux ! Son plan avait fonctionné ! Cependant, elle ne put s'empêcher d'éprouver un sentiment de culpabilité en voyant l'implication du professeur pour organiser sa rentrée précipitée. Pour se rassurer, elle se promit de se rendre à la bibliothèque dès son retour à l'école. Après avoir revu Drago, pensa-t-elle aussitôt. Revoir Drago… cette pensée, fit sourire la jeune fille. Le cœur plein d'allégresse à l'idée de lui avouer ses sentiments, elle prit le collier entre ses doigts et le passa à nouveau à son cou. À présent, elle sentait la force de son amour l'envahir de tout son être. Elle savait, au plus profond d'elle-même, que leur amour était tellement intense et sincère qu'ils pourraient tout affronter ensemble.
Elle commença à faire sa valise quand elle réalisa qu'elle n'avait pas prévenu ses parents de son départ. Ce même sentiment de culpabilité survint à nouveau, car elle savait qu'ils allaient être déçus de la voir partir plus tôt que prévu. Heureusement, Mr et Mrs Granger étaient très compréhensif quand ils s'agissaient des études de leur fille unique. Le cœur serré, elle serra ses parents une dernière fois avant le mois de juin puis elle se dirigea vers la cheminée, jeta la poudre de cheminette dans le feu qui devint vert et cria distinctement : « Poudlard ! »
Quelques secondes plus tard, Hermione apparut dans la cheminée qui se trouvait dans le bureau du professeur McGonagall.
-Bonjour Miss Granger, dit-elle sans lever les yeux des copies des élèves qu'elle corrigeait.
-Bonjour professeur, répondit Hermione en enlevant le reste de poudre de ses cheveux. Merci d'avoir répondu à ma demande, dit-elle sérieusement.
-Il n'y a pas de quoi, je sais quelle importance vous accordez à vos études. Toutes fois, si vous pouvez éviter de raconter que vous aviez bénéficié d'un traitement de faveur de ma part, je vous en serais très reconnaissante, pria McGonagall, le ton cassant comme à son habitude.
-Je comprends, vous pouvez compter sur ma discrétion.
-Bien, vous pouvez disposer Miss Granger, je pense que vous avez du travail qui vous attend, dit-elle en esquissant un léger sourire. Au fait, ajouta-t-elle lorsqu'Hermione s'apprêtait à partir, pourriez-vous donner ce parchemin à Mr Potter dès son retour ? C'est un message du Professeur Dumbledore.
Elle lui tendit un rouleau de parchemin semblable à ceux qu'elle avait déjà vu antérieurement.
-Bien sûr professeur, répondit Hermione, la main sur la poignée de la porte.
-Bien, conclut le professeur McGonagall. Le mot de passe pour votre salle commune est abstinence. Au revoir Miss Granger.
Hermione la salua également, traîna sa valise derrière elle et se dirigea vers la salle commune. Elle rangea rapidement la grosse malle sous son lit, dans le dortoir qui était vide et sorti en hâte rejoindre Drago. Mais où était-il ? Elle pensa spontanément à la Salle sur Demande. Sortant en trombe de la salle commune, elle courut en direction du couloir du septième étage. Arrivée devant le tableau de Barnabas le follet, elle cria à plein poumon :
-Drago ? Drago tu es là ? C'est moi ! Mais le mur resta intact.
Pouvait-il l'entendre ? Elle n'en savait rien…Ou bien était-il ailleurs ? Elle décida de descendre vers la Grande Salle voir si le Serpentard n'était pas en train de déjeuner quand elle l'aperçut enfin, au bout du couloir.
-Hermione ? Dit-il les yeux arrondi, incrédule de voir la jeune fille dans ce couloir.
Ses yeux se posèrent ensuite sur le pendentif qui ornait le cou de la Gryffondor. Ils restèrent deux secondes à se regarder, avant qu'Hermione ne coure vers lui, ses cheveux bruns flottants derrière elle, un grand sourire aux lèvres et son pendentif qui se balançait de gauche à droite sur sa poitrine pour enfin se jeter dans les bras du Serpentard.
Drago l'attrapa et la souleva de toutes ses forces en la faisant tournoyer sur lui-même. Ses yeux gris plongés dans les siens, il l'embrassa comme jamais il ne l'avait embrassée. Elle passa ses jambes autour de lui, tandis qu'il la plaquait contre le mur, leurs corps ne faisant plus qu'un.
Lorsqu'ils se relâchèrent, Hermione regarda le visage du Serpentard à quelques centimètres du sien, tout deux essoufflés de leur étreinte passionnée.
-Je t'aime tellement Granger.
-Je t'aime aussi Malefoy, dit-elle en souriant, tandis qu'il caressait le pendentif.
Avec un grand sourire qui illuminait son visage, il déposa tendrement un baiser sur les lèvres de la jeune fille. Le regard de Drago s'arrêta sur le collier qui ornait le cou d'Hermione, il l'effleura du bout des doigts et sourit instinctivement.
- Qu'est-ce qu'il y a ? dit la jeune fille.
- Tu sais que ce collier à une histoire?
-Il appartient à ta famille ? J'ai reconnu tes armoiries au dos.
-C'est exact. Ma mère me l'a donné il y a quelques années, en me disant que je devrais le donner à la femme que je veux voir devenir la prochaine Madame Malefoy.
Il marqua une pause, puis continua :
-C'est assez ironique quand on sait quelle fille mon cœur à choisi.
Hermione ne répondit pas, mais son silence voulait en dire bien plus que toutes les pensées qui traversaient son esprit. Elle posa une main sur celle de Drago, qui tenait toujours le collier.
-Oh Drago… fit la voix brisée d'Hermione… serais-je un jour acceptée dans ton monde ?
-Accrochons-nous à cela, répondit-il en désignant le pendentif. À cette symbolique. Je suis certain que nous pourrons vaincre cela, et que nous serons réunis quand tout sera fini.
Il l'embrassa tendrement. D'une certaine manière, ce geste venait de sceller leur union, la foi en un avenir meilleur ou ils ne seront jamais sépare, quels que soient les épreuves qu'ils devront affronter. Une promesse que rien ni personne ne briserait, un avenir commun qui les attendait.
-Viens, dit-il en lui tenant la main, je veux te montrer quelque chose.
Intriguée, Hermione suivit l'allure de Drago qui accélérait de plus en plus le pas. Bientôt, elle trottinait derrière lui quand ils descendirent dans un couloir menant au sous-sol de l'école. Aussitôt, elle comprit où le Serpentard l'emmenait. Arrivé devant le mur d'entrée, Drago annonça le mot de passe :
-Salazar!
-Quel mot de passe difficile à deviner, commenta Hermione ironiquement avec un sourire moqueur.
-Ce n'est pas moi qui l'ai choisi, se défendit Drago lui rendant son sourire. Bienvenu dans la salle commune des Serpentard ! Savoure cet instant, Granger, je doute qu'aucun Gryffondor n'ait jamais mis les pieds ici.
-Qui sait… murmura Hermione pour elle-même. Mais Drago ne semblait pas l'avoir entendue, trop occupé à refermer la porte.
L'endroit était époustouflant. La salle commune des Serpentard était une longue pièce souterraine, aux murs et au plafond en pierre brute, éclairé par des lampes verdâtres suspendues par des chaînes. Une cheminée au manteau gravé de diverses figures compliquées et ouvragées dominait la pièce. En face se trouvaient quelques fauteuils en cuir noirs également travaillés. Des crânes et autres objets semblables décoraient la salle, ce qui apportait un aspect peu chaleureux. Mais Hermione ne contemplait pas la décoration morbide la pièce, elle était captivée par la vue qu'offrait la salle commune à travers la fenêtre. Situé sous le lac, le salon était baigné d'une lumière verte qui provenait du reflet de l'eau sur la grande baie vitrée.
Hypnotisée par ce spectacle, Hermione resta bouche bée. Drago vint rejoindre la jeune fille à ses côtés, lui aussi admirait les profondeurs sous-marines.
-Je ne me lasserai jamais de cette vue, dit-il en prenant la main de la jeune fille. Regarde, quelques fois on peut apercevoir au loin le calamar géant.
Hermione se rapprocha de la vitre, suivant des yeux l'énorme bête qui agitait ses tentacules avant de disparaître de son champ de vision. La jeune Gryffondor se retourna et vit que Drago la regardait, les yeux dans le vague.
-À quoi penses-tu ? Demanda celle-ci.
-Que peut-être je ne reverrai plus jamais cette vue magnifique…
-Pourquoi tu dis ça ?! S'exclama Hermione indignée ! Elle lâcha aussitôt sa main.
-Pour rien, ne t'inquiète pas, dit-il en esquissant un sourire peu convaincant. Je te fais visiter le reste ?
Hermione réfléchit deux secondes à ce que Drago voulait dire par « le reste ». Mais sous le regard complice et malice de jeune homme, celle-ci agrandit ses yeux lorsqu'elle comprit où il voulait en venir.
-Heu… je ne sais pas, dit-elle en rougissant. Et si quelqu'un arrivait ?
-Impossible, il n'y a seulement que deux élèves de Serpentard de deuxième année et moi-même qui restons à Poudlard. Et ils passent la majeure partie de leur journée sur le terrain de Quidditch, les imbéciles.
Toujours hésitante, la jeune fille suivit bien malgré elle Drago qui la dirigeait vers les escaliers en colimaçons qui menaient au dortoir des Serpentard de sixièmes années. La pièce était semblable aux chambres dans lesquelles les Gryffondor dormaient, à l'exception des couleurs qui dominaient la chambre. À la place du rouge et or, les couvertures qui ornaient les lits en baldaquins étaient de couleur verte et argent. Hormis la malle de Drago, la pièce était déserte.
Ce dernier alla s'installer sur son lit, d'un air parfaitement naturel et décontracté. Ne sachant pas très bien quoi faire, Hermione s'assit au pied du lit, regardant Malefoy s'allonger paisiblement.
-Tu as déjà fait venir une autre fille ici ? lui demanda-t-elle timidement.
-Je suis obligé de répondre à ta question ? Rétorqua le Serpentard, un sourire moqueur aux lèvres.
Outrée, Hermione détourna aussitôt son visage du jeune homme. La simple idée que d'autres filles se sont assisses – en espérant qu'elles n'étaient que simplement assisse- à la place où elle se trouvait en ce moment lui était indigeste ! Comme si Drago avait lu dans ses pensées, elle sentit le Serpentard l'étreindre délicatement par-derrière. L'amenant dans ses bras, il commença à l'embrasser dans le cou.
-Je suppose qu'il s'agissait de Parkinson ? Demanda froidement Hermione.
-Hmmm ...
Prenant cette réponse pour un oui, Hermione essaya rageusement de se dégager des bras de Drago. Mais celui-ci la serra encore plus fort, ce qui empêchait Hermione de s'extraire du lit. Apparemment, cette petite mise en scène l'amusait beaucoup et il se délectait de voir Hermione s'énerver. D'humeur taquine, Malefoy commença à chatouiller la jeune fille au ventre, puis aux côtes.
Ne pouvant s'empêcher de rire, Hermione essaya à son tour d'attraper Drago pour lui rendre la pareille. Mais à nouveau, celui-ci était plus fort qu'elle. Il l'attrapa par la taille et la retourna sur le lit, telle une prise de catch. Hermione se débattit, voulant à tout prix gagner la partie contre Malefoy qui la tenait fermement par les deux poignets.
-Alors Granger, dit-il d'un ton narquois, on s'avoue vaincue ?
-Jamais Malefoy, répondit Hermione en se débattant à nouveau.
Il se pencha pour l'embrasser, mais elle détourna son visage dans tous les sens pour l'empêcher de s'approcher d'elle. Invaincu, Drago enfouit sa tête dans ses cheveux et l'embrassa à nouveau dans le cou. Pendant quelques secondes, elle continua à se débattre. Mais le contact de ses lèvres, tendrement déposés sur sa peau semblait calmer Hermione dont la respiration devenait de plus en plus saccadée.
Elle sentit des frissons lui parcourir tout le corps au fur et à mesure que les baisers du Serpentard devenaient fougueux. Tenant toujours fermement les poignets de la jeune fille, Drago remonta ses lèvres vers le visage d'Hermione quand celle-ci lui demanda en le fixant le plus sérieusement possible :
-Tu as déjà fait venir une fille dans ton lit alors ?
Drago savait que la question d'Hermione était légitime. Il la regarda tendrement, ses yeux gris pénétrants dans ses yeux marron. Ils se regardèrent quelques secondes avant que celui-ci ne réponde :
-Tu es la première fille que j'ai aimé Hermione Granger, la seule qui ait su ouvrir mon cœur et la seule qui soit venue ici, ajouta-t-il précipitamment sous le regard insistant de la jeune fille.
À nouveau ils se regardèrent, un sourire radieux aux lèvres avant de s'embrasser passionnément. Ils avaient toute l'après-midi devant eux...
Dans les jours qui suivirent, Hermione et Drago vivaient des moments de bonheur parfaits. Le château étant quasiment vide, ils n'éprouvaient plus le besoin de se cacher autant qu'avant. Ils passèrent la plupart de leur journée à explorer le château, trouvant des recoins secrets qui n'appartiendraient qu'à eux seuls. Le soir, ils passaient la nuit ensemble dans le dortoir du Serpentard qui resterait vide jusqu'à la rentrée scolaire. A chaque fois qu'Hermione devait rentrer ou sortir, Drago passait devant en éclaireur, pour s'assurer que les deux autres résidents du cachot étaient bien partis vaquer à leur occupation. Chaque nuit, Hermione s'endormait dans les bras de Drago, sa peau collée contre la sienne et son odeur envoûtante comme seul parfum. Jamais elle n'avait été aussi heureuse, pensa-t-elle. Après leur étreinte, ils discutaient pendant des heures ensemble, apprenant à se connaître encore plus.
Pourtant, elle savait que ce bonheur dépendait essentiellement de son refoulement vis-à-vis de ses soupçons pour Drago. Mais depuis qu'ils passaient leur journée ensemble, il n'était plus question de missions dans la Salle sur Demande ou de marque des Ténèbres. Comme un accord tacite, ils avaient décidé de ne plus aborder le sujet. Mais au fond d'elle-même, Hermione espérait faire changer les plans du Serpentard, quoiqu'ils fusent.
Le lendemain matin à la veille de la rentrée, Hermione ouvrit lentement les yeux et regarda Drago dormir quelque instant. Il avait un air si paisible, ses cheveux blonds lui tombant sur le visage. D'un geste léger, elle lui dégagea une mèche de ses yeux et lui caressa ses cheveux si soyeux. Aussitôt, Drago ouvrit ses paupières et regarda Hermione, un grand sourire aux lèvres.
-Bien dormi ? Lui demanda-t-il en la serrant dans ses bras.
-Toujours à tes côtés, répondit mielleusement Hermione avant de l'embrasser.
Elle sentit que Drago voulait reprendre leur étreinte du soir, mais elle l'arrêta aussitôt :
-On va être en retard pour le petit déjeuner, l'informa Hermione.
-Je t'avoue que je ne suis pas très intéressé par le petit déjeuner de la Grande Salle, rétorqua-t-il, dévorant Hermione des yeux. J'ai envie plutôt envie d'un autre petit déjeuné, si tu vois ce que je veux dire.
Enlacée dans ses bras, Hermione éclata de rire devant l'audace de Drago. Ils traînèrent quelques minutes de plus avant qu'Hermione ne se décide de se lever enfin, malgré les supplications de Drago pour passer la matinée au lit.
Le dos appuyé contre son cousin, les bras derrière la tête, il lui lança un sourire complice, ce qui avait le don de faire fondre la Gryffondor. Hermione devait résister pour ne pas se jeter dans le lit à la vue de son torse nu musclé et parfaitement sculpté. Elle voyait que le Serpentard était satisfait de la manière dont elle admirait son corps, ce qui gênait Hermione la plupart du temps. Les joues rougissantes, son regard s'attarda malgré elle sur la Marque des ténèbres qu'il portait au bras. Suivant le regard de la jeune fille des yeux, Drago s'empressa de cacher son bras gauche et sorti du lit en passant son peignoir.
Face à se moment gênant, ils s'habillèrent en silence et descendirent séparément prendre leur petit déjeuner dans la Grande Salle.
Durant les vacances scolaires, les quatre longues tables avaient disparu pour laisser place à une seule et unique table, vu le nombre restreint d'élèves qui restaient à l'école. Hermione s'assit près de Dean Thomas qui se trouvait à une distante un peu plus éloigné de Drago, assit en bout de table.
-Salut, dit-elle pendant que celui-ci mangeait son bol de céréales.
-Salut Hermione, répondit distraitement le Gryffondor.
Il se replongea dans la dégustation de son déjeuner pendant qu'Hermione se tartinait un toast. À ce moment, ils furent rejoints par Cormac MacLaggen qui passait également ses vacances de Noel à l'école, pour le plus grand agacement d'Hermione. Généralement, ils descendaient prendre leur repas un peu plus tôt que les autres élèves, afin d'éviter la rencontre certaines personnes indésirables – dont MacLaggen, particulièrement. Mais aujourd'hui, ils étaient descendus un peu plus tard que les autres jours, tombant à la même heure que les élèves de l'école.
Hermione ignora ostensiblement les salutations accentuées de MacLaggen, continuant à beurrer son toast qui était déjà bien garni. Il discuta un moment de Quidditch avec Dean, avant de se retourner vers Hermione.
-On ne te voit pas souvent dans notre salle commune Granger, remarqua-t-il en s'approchant un peu plus d'Hermione.
Du coin des yeux, elle vit Drago regarder dans leur direction, jetant un regard noir à MacLaggen.
-Je préfère la compagnie des livres, répondit sèchement Hermione, sans regarder son compagnon de Gryffondor.
-Je vois, dit-il, mais tu ne dirais pas ça si tu voulais bien passer plus de temps avec moi ! Insista MacLaggen en passant non sans délicatesse, ses bras autour d'Hermione.
Celle-ci entendit un bruit de raclement de chaise, et vit Drago quitter en précipitation la Grande Salle, les poings serrés de rage. Hermione se dégagea violemment de l'emprise de MacLaggen, et enjamba rapidement le pas à Malefoy. Elle chercha des yeux le Serpentard dans le hall, qui n'était plus là. Elle s'apprêtait à tourner les talons en direction des cachots quand MacLaggen lui attrapa le bras par-derrière.
-Tu n'en as pas marre de me filer entre les doigts comme un serpent ? Dit-il d'un air irrité, son visage à quelques centimètres du sien.
-Je ne suis pas intéressée MacLaggen, va donc chauffer ton chaudron ailleurs !
Celui-ci s'apprêta à répliquer lorsque la mâchoire de MacLaggen se figea aussitôt. Les mains et pieds liés, il perdit l'équilibre et s'effondra sur le sol. Au loin, Hermione aperçut Drago derrière les sabliers géants, ranger sa baguette magique. Enjambant le corps du Gryffondor, Hermione courut vers Malefoy.
-Drago ! S'indigna Hermione ! Tu es fou ! souffla-t-elle terrorisée, on aurait pu te voir !
Elle scruta furtivement dans le Hall, mais le lieu était désert. Le Serpentard se tenait debout, regardant MacLaggen d'un œil noir, chacun de ses traits de visage exprimait de la colère.
-Il l'aura cherché celui-là ! Il apprendra à ne plus t'embêter maintenant.
-Il ne faut pas qu'on reste là ! Dit Hermione le ton anxieux. Si quelqu'un sort de la Grande Salle et le trouve à terre.
-Tu as raison, dit Malefoy qui reprenait ses esprits. Viens !
Mais il ne l'amena pas vers les cachots de la salle commune des Serpentard. Ils sortirent par la grande porte, et traversèrent rapidement le parc. Grelottant, Hermione suivit le jeune homme, se demandant où il voulait aller.
-Drago où est-ce que …
-Chut, tu vas voir, l'interrompit le Serpentard. Accio balai !
Ils attendirent quelques secondes, puis le balai Nimbus 2001 de Malefoy arriva devant eux.
-Tu ne veux quand même pas voler par ce temps ?! S'exclama Hermione dont les dents claquaient par le froid.
-Excuse-moi j'avais oublié, Accio capes et bonnets !
Quelques instants plus tard, deux capes ainsi que des bonnets et des gants arrivèrent à leur hauteur.
Toujours hésitante à l'idée de monter sur un balai, Hermione regarda Drago enfourcher son Nimbus 2001.
-Allez Hermione, monte je vais te montrer un très bel endroit ! Insista le Serpentard.
À contrecœur, Hermione enfourcha le balai, et se tint à la taille de Drago.
-Tiens-toi bien on va démarrer, un, deux, trois.
Il tapa du pied à trois et ils s'envolèrent aussitôt, le froid leur glaçant le visage. Hermione s'accrocha un peu plus à Drago, ses yeux à demi-clos par le vent et la peur de l'altitude. Malefoy prenait un plaisir à effectuer des pirouettes dans l'air, ce qui provoquait des rires mêlés à des cris de terreur chez Hermione.
-Attention je descends en piqué, prévient Malefoy en criant malgré le vent.
-Noooooooon Cria ... Hermione, Dragooooo!
Mais celui-ci descendit en flèche vers le lac et redressa à quelques centimètres son balai. Estimant qu'il avait joué assez avec les nerfs de la Gryffondor, il remonta en direction de la tour d'astronomie. Ils franchirent les remparts crénelés de la tour et descendirent du balai de Drago. Hermione était toujours secouée du voyage, ses pieds tremblants au contact du sol. Le jeune homme aida Hermione à s'asseoir à terre avec un sourire attendrissant.
-Ne te moque pas de moi, lança Hermione en voyant le grand sourire du Serpentard.
Elle avait le teint rosi et ses cheveux en bataille, ce qui lui donnait l'illusion d'avoir échappé à un filet du diable. Mais Drago la trouvait encore plus belle à cet instant. Il s'assit à terre derrière elle, le dos au mur et la prit dans ses bras.
-Ne me dis pas que tu n'as pas aimé cette expérience tout de même ! Il lui avait posé la question sur un ton taquin. On recommence ? Plaisanta-t-il en éclatant de rire en voyant Hermione se retourner vers lui.
-Tu es fou ! S'offusqua la jeune fille, avant d'éclater de rire à son tour.
Ils eurent du mal à arrêter leur fou rire. Ils avaient l'impression depuis ces derniers jours d'être seul au monde que le château tout entier leur appartenait. Installés dans la plus haute tour, ils restèrent un moment sans parler, admirant la vue paisible et sereine qu'offrait le parc. Poussant un profond soupir, Hermione resserra encore plus les bras de Drago autour d'elle, comme si elle voulait s'envelopper autour d'une couverture. Elle n'arrivait pas à croire que tous ces moments vécus ensemble ces derniers jours étaient sur le point de se terminer.
-Je n'arrive pas à croire que les vacances soient déjà finies… lança Hermione sur un ton nostalgique.
-Et moi je n'arrive pas à croire qu'Hermione Granger soit déçue que les cours reprennent, plaisanta Drago.
-Oh oh très spirituel ! répliqua Hermione tandis que le Serpentard l'embrassait sur la joue. J'ai passé une semaine tellement merveilleuse…
-Moi aussi, j'aurai aimé qu'elle ne se termine jamais…
Ils avaient l'impression d'être au mois de septembre, à la fin d'une longue journée d'été ensoleillée, celle qui généralement annonce l'arrivée de l'automne. Nonchalamment, Hermione entrelaça ses doigts dans ceux de Drago, puis lui caressa son avant-bras gauche. Instinctivement, Malefoy dégagea son bras, comme si le contact de la jeune fille l'avait brûlé.
-Ca te fait mal ? demanda timidement Hermione, qui reprit sa main.
-Non, répondit-il froidement, mais je déteste que tu me touches à cet endroit.
-Désolée, dit Hermione d'un ton malheureux. Tu sais Drago, tu peux arrêter tout ça… se lança-t-elle hésitante, tu peux retrouver une vie normale et mettre un terme à...à…
-A quoi ? Demanda hâtivement Drago sur la défensive.
Hermione s'était levée à présent. Elle regarda de haut Drago qui était toujours resté assis, l'air parfaitement décontracté.
-À cette mission ! Répliqua Hermione la voix plus aiguë. Je ne sais pas ce que c'est, et je ne veux même pas le savoir ! Mais je n'aime pas ça du tout !
À présent Malefoy s'était levé, il faisait les cent pas dans la tour, évitant de regarder Hermione.
-Arrête tout ça Drago je t'en prie, repentis-toi ! Dumbledore sera vous protéger toi et ta famille.
À l'entende de ce nom, Malefoy se retourna, pleurant silencieusement. Ses yeux gris clair étaient baignés de larmes. Son beau visage était blanc comme du marbre. Le voyant dans cet état de profonde détresse, Hermione s'approcha de lui, en le caressant doucement son visage qu'elle prit dans ses mains.
-Je...ne ... peux pas Hermione…. Répondit-il simplement, en maîtrisant sa voix. C'est impossible. Je me dégoûte de te faire subir ça, continua le Serpentard en voyant Hermione pleurer à présent. S'il te plaît, essaye de ne plus y penser, supplia Drago, pour nous.
Il caressa des doigts le pendentif qui était accroché au cou de la Gryffondor. Hermione se tu. Elle savait que si elle était revenue à Poudlard, c'était parce qu'elle avait choisi d'écouter son cœur, et non sa raison. Mais elle ne pouvait s'empêcher de douter de son choix.
Pour toute réponse, elle l'embrassa tendrement, ses lèvres légèrement humides contre les siennes.
-Je dois y aller, les autres ne vont pas tarder à revenir.
En effet, c'était cet après-midi qu'une majeure partie des élèves, dont Harry et Ron, revenaient de leurs vacances. Ils enfourchèrent à nouveau le balai de Drago qui atterrit quelques minutes plus tard dans le parc de Poudlard. Ils remontèrent à pied jusqu'à la Grande porte où ils se séparèrent, le cœur lourd rempli de leurs souvenirs de vacances.
