Chapitre 15 : Un dilemme douloureux
Le lendemain matin, Hermione descendit de bonne heure prendre son petit déjeuner pour rester seule. Malgré qu'elle n'avait plus rien avalé depuis la veille, elle ne ressentait pas la faim, tant son estomac était noué. Elle mangea rapidement quelques toasts accompagnés de marmelade, avant de quitter la Grande Salle qui commençait tout doucement à se remplir.
Elle monta directement à l'étage où avait lieu son cours d'Arithmancie qui commençait seulement dans une heure. Elle s'assit à terre, attendant l'arrivée du professeur Vector et ouvrit son livre pour passer le temps. Après quelques minutes, elle le referma d'un coup sec, énervée par son manque de concentration. Le souvenir de sa dernière conversation avec Drago était encore trop présent dans sa tête. Inlassablement, elle se posa l'habituelle question : que faire à présent ?
Mettre un terme à toute cette histoire ou tenter d'apaiser la situation et oublier ce qu'il s'était passé ? Encore une fois, son cœur ou sa raison ? Instinctivement, elle sortit le Gallion d'or de sa poche et tapota à l'aide de sa baguette un rendez-vous destiné à Drago. Lorsqu'elle remit sa baguette dans sa poche, elle enfouit aussitôt son visage dans ses mains, regrettant son geste. Depuis quelque temps, elle ne se reconnaissait plus du tout. Elle qui était si raisonnée, si réfléchie, comment pouvait-elle se laisser envahir par ses sentiments de cette manière ? Pour un garçon qui plus est. Pour Malefoy, pensa-t-elle. Depuis le début de l'année, elle avait l'impression de vivre dans la peau d'une autre fille.
Durant tout le cours d'Arithmancie, Hermione fouilla sans cesse sa poche, attendant une réponse de Drago. Mais la pièce restait intacte. La jeune fille en conclut que le Serpentard était toujours en colère après elle. Déprimée, elle quitta la classe de cours lorsque la cloche annonça l'heure de la récréation. Elle descendit rejoindre Harry dans la cour où ils avaient l'habitude de passer leur récréation ensemble.
Elle retrouva son ami dans la cour enneigée. Celui-ci lui raconta sa séance avec le professeur Dumbledore, ainsi que le souvenir brumeux de Slughorn. Il lui fit part également de la mission que Dumbledore lui avait confiée.
-Il doit être décidé à cacher ce qui s'est vraiment passé si Dumbledore lui-même n'a rien pu tirer de lui, dit-elle à voix basse, Les Horcruxes… Les Horcruxes… je n'en ai jamais entendu parler…
-Ah bon ? Dit Harry, visiblement déçu qu'Hermione n'apportât pas de réponse.
-Il doit s'agir de quelque chose de très avancé en matière de magie noire, sinon pourquoi Voldemort aurait-il posé des questions à ce sujet ? Je crois que tu auras du mal à obtenir l'information, Harry, tu devras te montrer très prudent dans ta façon d'approcher Slughorn, réfléchir à une stratégie…
-Ron pense que je devrais simplement attendre la fin du cours de potions, cet après-midi…
-Ah, très bien, si c'est ce que pense Ron-Ron, il faut suivre ses conseils, répliqua-t-elle en s'enflammant aussitôt. Le jugement de Ron-Ron a-t-il jamais été pris en défaut ?
-Hermione, tu ne pourrais pas…
- Non ! s'exclama-t-elle avec colère.
Et elle s'éloigna en trombe, laissant Harry seul, dans la neige jusqu'aux chevilles. Quand comprendra-t-il enfin qu'elle attendait des excuses de la part de Ron, pensa-t-elle rageusement. Son humeur ne s'améliora pas lorsqu'elle s'assit à côté de Neville en cours de défense contre les forces du mal. Irritée, elle observait Malefoy du coin de l'œil qui s'obstinait à l'ignorer. Durant tout le cours, elle tenta de croiser son regard, mais le Serpentard regardait fixement devant lui. Blaise Zabini qui s'aperçut rapidement qu'Hermione jetait frénétiquement des regards dans leur direction murmura quelques mots à l'oreille de Drago. Tous deux se retournèrent en regardant la Gryffondor avec un profond dégoût, avant de ricaner de leur manière habituelle. Furieuse, Hermione les ignora tout le reste du cours et quitta précipitamment la classe lorsque la cloche retentit.
Elle se dirigea vers son prochain cours de potion tout en fulminant contre Malefoy. Ainsi les choses reprenaient leur cours normale, pensa-t-elle irritée, très bien. Parfait. Elle arracha le collier que le Serpentard lui avait offert et le fourra violemment dans une poche de son sac de cours. Pour que Malefoy s'aperçoive de son geste, elle déboutonna sa chemise, dégageant ostensiblement sa poitrine.
Satisfaite de son idée bien qu'elle lui semblait plutôt puérile, avoua-t-elle, elle prit place dans la classe de cours, à la table qu'elle partageait habituellement avec Harry, Ron et Ernie. Irritée contre ses deux amis, elle déplaça son chaudron pour se rapprocher d'Ernie et ignora complètement Harry et Ron, une expression dédaigneuse sur le visage. Même à cette distance, elle réussit à entendre Ron murmurer à Harry :
-Qu'est-ce que tu lui as fait, toi ?
Mais avant que Harry ait pu répondre, Slughorn, derrière son bureau, exigea le silence :
-Calmez-vous, calmez-vous, s'il vous plaît ! Dépêchons-nous, nous avons beaucoup de travail cet après-midi ! La troisième loi de Golpalott… Qui peut me l'énoncer ?
Se rappelant la définition qu'elle avait lue durant les vacances de Noel, Hermione leva aussitôt la main.
-Miss Granger, bien sûr !
Hermione récita à toute vitesse :
-La-troisième-loi-de-Golpalott-établit-que-l'antidote-d'un-poison-composé-doit-être-égal-à-plus- que-la-somme-des-antidotes-de-chacun-de-ses-composants.
-Exactement ! approuva Slughorn, la mine réjouie. Dix points pour Gryffondor ! Maintenant, si l'on considère comme vraie la troisième loi de Golpalott…
Mais Hermione n'écoutait pas si l'on pouvait considérer comme vraie la troisième loi, elle venait de remarquer que Malefoy s'était aperçu de l'absence de son collier. L'air satisfait devant sa mine furieuse, elle le défia du regard avant de reporter son attention sur le professeur.
La journée semblait enfin s'améliorer, pensa la jeune fille. Non seulement elle avait réussi à rendre la monnaie de sa pièce à Malefoy, mais en plus Harry ne pourrait pas tricher à ce cours, pas cette fois-ci. Elle doutait que son Prince puisse trouver l'antidote à une potion définie par Slughorn.
-… cela signifie, continua Slughorn, bien sûr, que, en admettant qu'on ait identifié correctement les ingrédients de la potion grâce au Révélasort de Scarpin, notre but principal sera non pas celui relativement simple de sélectionner les antidotes de chacun de ces ingrédients, mais de découvrir le composant supplémentaire qui permettra, par un processus quasiment alchimique, de transformer ces éléments disparates…
Ron, assis à côté de Harry, la bouche entrouverte, griffonnait d'un air absent sur son nouvel exemplaire du Manuel avancé de préparation des potions. Hermione savait que son ami ne pouvait plus compter sur elle à présent, ce qui accentua son sentiment d'euphorie.
- … et donc, acheva Slughorn, je veux que chacun de vous prenne l'une des fioles qui sont sur mon bureau. Vous devrez mettre au point un antidote contre le poison qu'elles contiennent avant la fin du cours. Bonne chance et n'oubliez pas vos gants de protection !
Hermione s'était déjà levée de son tabouret et se trouvait à mi-chemin du bureau de Slughorn avant que le reste de la classe se soit rendu compte qu'il était temps de bouger. Au moment où Harry, Ron et Ernie retournaient s'asseoir à leur table, elle avait déjà versé le contenu de sa fiole dans son chaudron et allumait un feu au-dessous.
-C'est bête que le Prince ne puisse pas t'aider aujourd'hui, Harry, dit-elle d'un ton allègre en se redressant. Cette fois, il va falloir que tu comprennes toi-même le principe de l'expérience. Pas de raccourcis, pas de tricherie !
Agacé, Harry déboucha le flacon de poison qu'il avait pris sur le bureau de Slughorn, un liquide d'un rose criard, le vida dans son chaudron et le mit à chauffer.
Visiblement, le jeune homme n'avait aucune idée de ce qu'il fallait faire par la suite.
Elle jeta un regard à Ron qui restait debout devant son propre chaudron, l'air pataud après avoir copié chacun des gestes de Harry.
-Tu es sûr que le Prince n'aurait pas un tuyau ? marmonna-t-il.
Harry sortit sa fidèle édition du Manuel avancé de préparation des potions et l'ouvrit au chapitre des antidotes.
-Rien du tout, dit sombrement Harry.
Hermione agitait à présent sa baguette d'un geste enthousiaste au-dessus de son chaudron. Elle prenait un malin plaisir à jeter des sortilèges informulés, agacée que Ron et Harry copiaient toujours sur elle. Mais aujourd'hui, pensa-t-elle, les choses vont changer. Elle jeta un rapide coup d'œil en direction de Malefoy. Celui-ci semblait irrité et tournait frénétiquement les pages de son Manuel.
A sa droite, Ernie Macmillan, penché sur son propre chaudron, marmonnait : « Specialis revelto ! » d'une manière si convaincante que Harry et Ron s'empressèrent de l'imiter. Amusée, Hermione continua la préparation de son antidote.
Elle avait des difficultés à dissimuler son enthousiasme, particulièrement lorsque Slughorn fit un premier tour de classe entre les chaudrons, celui-ci avait plongé un regard plein d'espoir à l'intérieur du chaudron de Harry, prêt à pousser des cris de ravissement comme à son habitude, mais il avait très vite détourné la tête en toussant, suffoqué par l'odeur d'œuf pourri qui s'en dégageait.
Elle était en train de décanter les ingrédients mystérieusement séparés de son poison dans dix fioles de cristal différentes quand Harry décida de se replonger dans son manuel, espérant trouver une solution. Elle vit du coin de l'œil que celui-ci tourna brusquement les pages, énervé d'échouer à cette épreuve. Soudain, celui-ci s'arrêta d'un coup net. Visiblement, il venait de trouver une solution, pensa-t-elle. Mais il ne lui resterait pas assez de temps pour concocter son antidote, ce qui rassura la jeune fille. Elle décida de continuer dans sa préparation qui était loin d'être achevée.
Mais elle était troublée par l'attitude de son ami qui se dirigeait à présent dans l'armoire de Slughorn, fouillant rapidement l'intérieur des tiroirs.
-Plus que deux minutes ! Annonça le professeur.
Se ressaisissant, Hermione accéléra l'allure, ajoutant une mèche de ses propres cheveux. Elle jeta un rapide coup d'œil en direction de Malefoy qui la regardait également pendant quelques secondes.
Distrait par la jeune fille, il renversa sa préparation qui ressemblait à des vomissures de chat. Furieux, celui-ci détourna aussitôt son regard.
-Le temps est… ÉCOULÉ ! lança Slughorn d'un ton cordial. Voyons un peu le résultat ! Blaise… qu'avez-vous à me montrer ?
Lentement, Slughorn fit le tour de la pièce, examinant les différents antidotes. Personne n'avait accompli la tâche jusqu'au bout, mais Hermione essaya d'ajouter quelques ingrédients dans son flacon avant que Slughorn n'arrive jusqu'à elle. Ron avait complètement abandonné et s'efforçait simplement de ne pas respirer les vapeurs putrides qui s'élevaient de son chaudron. Quant à Harry, il attendait devant son chaudron qui était à moitié vide. Que préparait-il se demanda Hermione affolée par le manque de temps qu'il lui restait.
Slughorn s'approcha de leur table en dernier. Il renifla la potion d'Ernie et passa à celle de Ron qui le fit grimacer. Il ne s'attarda pas devant son chaudron, reculant rapidement avec un léger haut-le-cœur. Hermione était impatiente de voir la réaction du professeur devant la préparation d'Harry. Celle-ci se redressa pour ne pas manquer une seconde de cet instant.
-Et vous, Harry, dit-il. Vous avez quelque chose d'intéressant ?
Harry tendit la main, montrant une petite pierre qu'il tenait fermement dans sa paume. Se penchant un peu plus, Hermione reconnut une pierre de bézoard.
Slughorn contempla la pierre pendant dix bonnes secondes puis il rejeta la tête en arrière et éclata d'un grand rire.
-Vous ne manquez pas d'audace, mon garçon ! s'exclama en prenant le bézoard qu'il leva devant lui pour que toute la classe puisse le voir. Vous êtes bien le fils de votre mère… Je ne peux pas vous en vouloir… Un bézoard pourrait sans nul doute servir d'antidote à toutes ces potions !
Hermione, le visage en sueur, de la suie au bout du nez, était folle de rage. Son antidote à moitié terminé, composé de cinquante-deux ingrédients dont une mèche de ses propres cheveux, bouillonnait paresseusement derrière Slughorn qui n'avait d'yeux que pour Harry.
-Et tu as pensé tout seul au bézoard, Harry ? demanda-t-elle, les dents serrées.
-Voilà l'esprit d'initiative personnelle dont un vrai préparateur de potions doit savoir faire preuve ! déclara Slughorn d'un ton ravi avant que Harry ait pu répondre. Exactement comme sa mère, elle avait la même façon intuitive d'aborder les potions, il tient cela de Lily, indiscutablement… Oui, Harry, en effet, si vous avez un bézoard sous la main, il vous tirera d'affaire… Mais comme ils ne sont pas efficaces à tous les coups et qu'on les trouve assez rarement, il vaut quand même mieux savoir mélanger les antidotes…
Hermione était sidérée d'un tel culot… comment a-t-il pu ?! pensa-t-elle rageusement. La cloche retentit, Slughorn invita tous les élèves commencèrent à ranger leurs affaires.
-Et je donne dix points de plus à Gryffondor pour récompenser ce pur et simple culot ! ajouta Slughorn.
Pouffant de rire, il rejoignit son bureau de sa démarche chaloupée, à l'autre bout du cachot. Harry s'attarda, prenant tout son temps pour ranger son sac. Hermione savait ce que son ami s'apprêtait à faire à l'instant. Toujours d'une humeur irritable, celle-ci fourra rageusement son manuel dans son sac, et quitta précipitamment la salle d'une démarche raide, sans lui souhaiter bonne chance.
Elle accéléra le pas dans le couloir, dépassant Ron qui semblait également irrité du coup de maître de son ami. Elle continua de marcher en direction de la bibliothèque lorsqu'elle vit une tête blonde la dépasser à sa droite. Accompagné de Zabini, Malefoy passa à côté d'elle, l'ignorant complètement. Hermione sentit son cœur se serrer encore plus, un sentiment de colère mêlé à une profonde tristesse. Jamais elle n'aurait pensé que c'était possible de ressentir autant d'émotion en une fois.
Elle passa le reste de la journée dans la bibliothèque, s'avançant dans ses devoirs. Travailler l'aidait à oublier toutes ses préoccupations à l'égard de ses amis et de Malefoy. Vers cinq heures du soir, la bibliothèque commençait à se vider tout doucement. La plupart des élèves rejoignaient la Grande Salle pour prendre leur dîner. Hermione quitta la bibliothèque et descendit prendre son repas à la table des Gryffondor. Elle s'assit à l'écart de Harry et Ron, qui ne s'adressaient pas la parole tout le long du dîner.
Quand Ron quitta la table en compagnie de Lavande, la mine grognon, Harry se rapprocha de son amie pour lui expliquer son entrevue désastreuse avec Slughorn à la fin du cours.
Toujours furieuse contre ce dernier, Hermione ne lui manifesta pas la moindre compassion à la fin de son récit. La mine dédaigneuse, elle prit congé de son ami et monta se coucher dans son dortoir, bien qu'il ne fût que sept heures du soir.
Le restant de la semaine, Hermione passa la majeure partie de son temps à la bibliothèque. Elle avait bien réfléchi, et avait décidé de mettre de côté son animosité envers Harry, pour faire une recherche approfondie sur les Horcruxes, même si cela ne voulait pas dire qu'elle lui pardonnait sa ruse du Bézoard, pensa-t-elle obstinément.
De toute façon, continua-t-elle, je n'ai rien d'autre à faire et personne d'autre à qui parler. En effet, depuis le dernier cours de potion, Hermione n'adressait plus la parole à Harry, et encore moins à Ron qui refusait toujours de lui présenter la moindre excuse.
Quant à Drago, pensa-t-elle, le cœur serré, ils continuaient de s'éviter à chaque cours qu'ils avaient en commun, comme si la situation était redevenue semblable aux années précédentes. Toujours marquée par leur dernière dispute, Hermione préféra mettre une distance dans leur relation. Pour combien de temps ? Elle ne le savait pas elle-même, mais elle avait besoin de réfléchir calmement à cette histoire.
Cependant, elle ne manqua pas de remarquer que le Serpentard était de plus en plus souvent absent au dîner, ou manquait à certains cours, prétextant une santé fragile. Elle avait entendu durant le cours de défense contre les forces du mal, Pansy Parkinson s'inquiéter de son état à Zabini, qui n'avait pas la moindre idée à ce sujet.
Plongée dans ses pensées et sa recherche documentaire, Il était presque sept heures lorsqu'Hermione décida de refermer les livres de la réserve, et de quitter la bibliothèque. C'était le vendredi soir, les élèves se dirigeaient vers leur salle commune respective. Voyant MacLaggen arrivé dans sa direction, Hermione tourna aussitôt les talons vers le couloir du deuxième étage, se rendant rapidement aux toilettes.
Elle tourna la poignée de la porte lorsqu'elle aperçut Drago, dans l'entrebâillement. Voulant se faire discrète, Hermione ouvrit un peu plus la porte pour mieux voir le Serpentard. Il était de profil, les mains agrippant le lavabo, la tête contre le miroir et des larmes coulant sur ses joues.
La jeune fille fut frappée par son teint blanchâtre, comme s'il était sur le point de s'évanouir d'un moment à l'autre. Il était tellement marqué par le désespoir, Hermione voulut le consoler, le tenir dans ses bras. Mais son instinct lui disait de se faire discrète.
Derrière lui, Mimi Geignarde volait dans toute la pièce, consolant vainement Drago.
-Il faut… que j'y arrive, suffoqua le Serpentard en se rinçant le visage.
Ses cheveux blonds humides retombaient sur ses yeux. Il fixait son reflet dans le miroir lorsque Mimi poussa un cri effrayé en remarquant Hermione qui observait la scène.
Instinctivement, Drago sortit sa baguette de sa poche, la pointant sur Hermione. Celle-ci avait le souffle coupé, effrayée par la réaction du Serpentard.
Ses traits se crispèrent de rage en voyant la Gryffondor.
-Drago… je ne voulais pas, balbutia Hermione qui s'apprêtait à affronter la colère du Serpentard d'un instant à l'autre.
Mais il continua de l'observer d'un regard noir avant de s'exclamer :
-Tu étais encore en train de me suivre ?! S'indigna celui-ci, sa baguette commençant à faire des étincelles.
-Non, non pas du tout … je passais par là et…
Mais Hermione ne pu continuer davantage, Malefoy s'approchait d'elle, d'un air menaçant.
-Je t'aurai prévenu Hermione, dit-il en la fixant droit dans les yeux, en insistant sur chaque mot qu'il prononçait. Ne t'avise plus jamais de me suivre !
Sur le ton menaçant de Malefoy, Hermione recula vers la sortie.
-Je ne te suivais pas, je t'assure, couina Hermione.
Mais Drago ne l'écoutait pas. Au contraire, l'insistance de la jeune fille l'énervait encore plus
Il lui jeta un dernier regard noir avant de lui crier :
-Laisse-moi tranquille ! tu as compris ? TRANQUILLE ! Il avait hurlé ce dernier mot avant de lui claquer la porte au nez d'un coup de baguette.
Hermione se retrouva derrière la porte, avant de s'enfuir à toute jambe, comme si elle craignait que le Serpentard la poursuive. Ce fut seulement quand elle arriva dans son dortoir qu'elle put reprendre son souffle, repensant à la scène à laquelle elle venait d'assister. Elle eut du mal à dormir cette nuit-là. Se retournant dans tous les sens, elle ne cessait de revoir Drago désespéré qui se tenait au lavabo. Elle voulait tellement lui venir en aide, mais elle savait que c'était une cause perdue et que jamais le jeune homme ne la laisserait faire.
Le samedi matin, elle eut des difficultés à se lever du lit. Fatiguée de sa nuit agitée, Hermione se dirigea dans la salle de bain pour se préparer. Elle ne put s'empêcher de remarquer qu'elle avait une tête affreuse. Ses yeux cernés, son teint blanchâtre et par-dessus tout ses cheveux ébouriffés, elle se demandait comment elle allait s'y prendre pour arranger au mieux son apparence.
Quelques minutes plus tard, elle descendit prendre son petit déjeuner en compagnie de Ginny qui se trouvait en bout de table. Par habitude, elle jeta un rapide coup d'œil vers la table des Serpentard. Drago n'était toujours pas présent, ce qui n'étonna pas la jeune fille.
-Tu as une mine épouvantable, lui lança Ginny en guise de bonjour
-Merci du compliment, répondit Hermione, insensible à la remarque de son amie.
-Que s'est-il passé ?
Tout en beurrant son toast, Hermione lui raconta sa rencontre avec Drago dans les toilettes des filles.
-Vous n'êtes plus ensemble alors ? lui demanda Ginny lorsqu'Hermione finit son récit.
-Je n'en ai aucune idée, tout ce que je sais c'est que l'on s'évite à présent. Je vais le laisser tranquille pour qu'il continue à faire... je ne sais quoi ! s'emporta Hermione, les larmes lui picotant les yeux.
Elle baissa les yeux pour ne pas que son amie le remarque et continua à beurrer son toast bien qu'elle n'eu plus du tout faim. Ginny continuait de la regarder d'un œil inquiet.
-Hermione, il faut que tu mettes un terme à tout ça avant qu'il n'arrive quelque chose de grave ! Tu es déjà trop impliquée…
-Je sais Ginny… c'est ça le problème… je suis déjà trop attachée.
Elle se leva brusquement, sans avoir touché à son toast et laissa son amie terminer son déjeuner seule. Elle avait besoin de se changer les idées pour ne plus penser à tout cela, sortir Drago de sa tête. Hermione décida de retourner à la bibliothèque qui était généralement déserte le samedi matin.
Elle se dirigea par habitude vers la table qui se situait au fond de la bibliothèque, mais celle-ci était déjà occupée. Elle eut un sursaut au cœur quand elle vit une tête blonde dépasser d'un livre.
Devait-elle le rejoindre ou passer son chemin ? Elle resta quelques secondes debout, le pas hésitant. Mais soudain, elle se souvenait des derniers mots que lui avait criés Malefoy la veille, dans les toilettes. Décidée de suivre ses conseils, elle passa devant lui, l'ignorant complètement. Elle sentit son regard suivre ses pas jusqu'à ce qu'elle s'installa sur la table qui faisait face à celle où Drago était installé.
Pendant quelques minutes, elle continua à l'ignorer, ce qui n'était pas facile, car les coups d'œil du Serpentard devenaient insistants. Quelques fois, elle crut l'entendre l'appeler, mais elle continua ostensiblement à feuilleter un livre qui pourrait l'aider dans sa recherche d'Horcruxes.
Elle était occupée à lire un sombre bouquin qui mentionnait vaguement l'utilisation des Horcruxes quand elle vit Drago se diriger vers elle et s'asseoir sur la chaise libre à côté.
-Je croyais que tu voulais que je te laisse tranquille, murmura sèchement la jeune fille. Tu m'expliques ?
-Ecoute… Je n'aurai pas dû te parler comme ça hier… je suis à cran ces derniers temps…Je sais ce n'est pas une excuse, ajouta précipitamment le Serpentard voyant le regard outré de la Gryffondor. Mais je subis tellement de pression. Est-ce que tu peux me comprendre Hermione ?
-Je ne sais pas Drago, répondit sincèrement Hermione, tu me demandes de ne pas me mêler de tes affaires, qui je suis sûre, sont dangereuses ! De te laisser mener ta mission en toute tranquillité et de comprendre tes sautes d'humeur parce que tu as trop de pression c'est ça ? Tu te rends compte de ce que tu me demandes ?!
La voix de la jeune fille devenait de plus en plus aiguë, mais elle du se forcer à garder un ton bas pour ne pas attirer l'attention de Mme Pince qui commençait à rôder dans les alentours.
-Je sais que je te demande beaucoup…
-Oui c'est même trop pour moi ! Je ne sais même pas où cela va nous mener…
-Qu'est-ce que tu veux dire ?
De manière inévitable, Hermione sentit qu'elle devait mettre les choses au clair. Elle poussa un profond soupir et déclara :
-Ecoute Drago, je ne sais pas si je pourrai supporter encore longtemps cette situation.
Elle le regardait droit dans ses yeux gris qui exprimaient une profonde inquiétude. Mais elle voyait dans son regard que celui-ci comprenait où la jeune fille voulait en venir.
-Je n'arriverai pas à te laisser faire, te regarder mener tes cachotteries sans ne pouvoir rien dire, continua Hermione. Et puis quoiqu'il arrive, tu continueras à jouer ton rôle auprès des Serpentard, de tes parents… de Voldemort.
Drago tressaillit en entendant son nom, mais il ne protesta pas, ce qui étonna Hermione. Ils restèrent silencieux quelques secondes avant que Drago n'ajouta :
-Tu veux qu'on arrête de se voir ?
Hermione se mordit les lèvres. Elle savait que le choix était difficile, car ses sentiments envers Drago étaient trop présents. Mais elle savait également qu'elle ne pouvait en supporter davantage. Comme un bras de fer dans sa tête, elle ne savait quelle partie elle désirait voir gagner le combat. Enfin, elle se décida :
-Je pense que c'est la meilleure solution Drago. Pour chacun d'entre nous…
A présent, elle évitait le regard du Serpentard, comme si le simple fait de croiser à nouveau ses yeux gris allait la faire changer d'avis.
-Je comprends, déclara simplement le Serpentard. Je suis désolé de t'avoir entraînée dans cette histoire… mais sache que j'ai toujours été sincère avec toi et que tu es la seule fille qui ne…
Mais la porte de la bibliothèque s'ouvrit à ce moment précis. Se rappelant soudainement qu'elle avait donné rendez-vous à Harry à cette heure précise, Hermione sursauta sur sa chaise.
-C'est Harry ! Dit-elle au Serpentard, pars vite avant qu'il ne te voit !
Drago se leva rapidement, lui jeta un dernier regard et parti derrière le rayon de livres. À peine eut-il quitté son champ de vision qu'Harry rejoignit son amie à la table et s'assit sur la chaise qui était occupée par Drago quelques secondes plus tôt.
-Tu vas bien Hermione ? lui demanda son ami.
-Oui, oui, bien sûr, s'empressa-t-elle de répondre, les joues légèrement rosées par cette interruption soudaine.
A cet instant, elle vit Drago quitter discrètement la bibliothèque. Son cœur battit à tout rompre à l'idée qu'Harry l'aperçoive, mais celui-ci se pencha dans son sac pour sortir une fois de plus son Manuel avancé de préparation de potion, pour le plus grand agacement d'Hermione.
-Alors pourquoi m'as-tu fait venir ? Demanda sceptiquement Harry.
Oubliant sa mauvaise humeur, Hermione lui expliqua ses résultats infructueux concernant sa recherche sur les Horcruxes.
-Je n'ai pas trouvé une seule explication sur les Horcruxes, lui dit-elle. Pas une seule ! J'ai fouillé partout dans la réserve et même dans les livres les plus horribles, là où on t'explique comment préparer les plus épouvantables potions… rien ! Tout ce que j'ai pu dénicher, c'est ça, dans l'introduction des Grandes Noirceurs de la magie – écoute : « De l'Horcruxe, la plus vile de toutes les inventions magiques, nous ne dirons mot ni n'enseignerons la pratique…» Dans ce cas, pourquoi le mentionner ? ajouta-t-elle, agacée.
D'un coup sec elle referma l'antique volume qui laissa échapper une plainte spectrale.
-Oh, silence, répliqua Hermione en le fourrant dans son sac.
Ils passèrent le reste de la journée à bibliothèque, cherchant la meilleure solution qui permettrait à Harry de se procurer le souvenir auprès de Slughorn.
