Chapitre 16 : être sur ses gardes

Durant les semaines qui suivirent, Hermione et Drago s'évitèrent le plus possible. D'un commun accord, ils avaient décidé de ne plus se revoir, ni même de se regarder durant les cours.

Ainsi, février arriva péniblement pour Hermione, à l'image du temps maussade qui persistait dehors. Durant plusieurs jours, la neige fondit autour de l'école et laissa place à une humidité morne et glaciale. Des nuages bas d'un gris violacé s'étendaient au-dessus du château et une pluie froide, ininterrompue, rendait les pelouses boueuses et glissantes. Le résultat fut que la leçon de transplanage des sixièmes années, prévue le samedi matin pour ne pas perturber les horaires de cours, n'eut pas lieu dans le parc, mais dans la Grande Salle.

Quand Harry et Hermione arrivèrent - Ron était descendu avec Lavande- , ils virent que les tables avaient disparu. La pluie fouettait les hautes fenêtres et le plafond enchanté tournoyait en volutes sombres au-dessus d'eux tandis qu'ils se rassemblaient devant les professeurs McGonagall, Rogue, Flitwick et Chourave – les directeurs des quatre maisons accompagnés d'un petit sorcier qui ne devait être que le moniteur de transplanage envoyé par le Ministère.

Il était étrangement incolore, avec des cils transparents, des cheveux fins et un air immatériel, comme s'il aurait suffi d'une simple rafale de vent pour l'emporter.

-Bonjour, dit le sorcier du ministère lorsque tous les élèves furent arrivés et que les directeurs de maison les eurent incités au silence. Je m'appelle Wilkie Tycross et je suis envoyé par le ministère pour être votre moniteur de transplanage au cours des douze semaines qui viennent. J'espère pendant cette période vous préparer à passer votre permis de transplanage…

-Malefoy, taisez-vous et écoutez ! Aboya le professeur McGonagall.

Tout le monde se retourna. Le visage de Malefoy avait pris une teinte rose vif. L'air furieux, il s'écarta de Crabbe avec lequel il semblait s'être disputé à voix basse.

Hermione observait attentivement la scène au loin. Son comportement ne lui ressemblait pas lui qui s'obstinait à rester discret depuis le début de l'année. Anxieuse, elle vit qu'Harry le regardait également avec intérêt, son regard allant de Malefoy à Rogue qui se trouvait quelques mètres plus loin.

-Nombre d'entre vous pourront alors se présenter à l'examen, poursuivit Tycross comme s'il n'y avait eu aucune interruption. Comme vous le savez sans doute, il est généralement impossible de transplaner dans l'enceinte de Poudlard. Le directeur a toutefois suspendu cet enchantement pour une durée d'une heure et uniquement entre les murs de la Grande Salle afin de vous permettre de vous entraîner. Je dois insister sur le fait que vous ne pourrez pas transplaner au-delà de cette salle et qu'il serait très imprudent d'essayer. À présent, je voudrais que vous vous placiez à une distance suffisante les uns des autres pour garder devant vous un espace libre d'un mètre cinquante.

Il y eut une grande agitation, des bruits de pas précipités, des bousculades, tandis que les élèves se séparaient, se heurtaient, se lançaient des ordres pour écarter les autres de leur chemin. Les directeurs des maisons passaient parmi eux, les aidaient à se placer et mettaient fin aux disputes. Aussitôt, Harry quitta le rang et se dirigea vers Malefoy.

- Harry, où vas-tu ? demanda Hermione anxieuse, espérant retenir le Gryffondor.

Mais celui-ci ne lui répondit pas, il hâta de traverser la foule, passa devant le professeur Flitwick qui tentait d'une petite voix aiguë de disposer en bon ordre quelques Serdaigle tous décidés à se rapprocher du premier rang, puis devant le professeur Chourave, occupée à aligner ses élèves de Poufsouffle.

Devait-elle se mêler une fois de plus et suivre son ami ? Ou rester en retraite comme elle-même l'avait suggéré à Drago. Elle n'avait que quelques secondes pour se décider. Au loin, elle aperçut Harry se placer derrière Malefoy, dans le fond de la salle. Enfin, elle se décida rapidement à agir lorsqu'elle vit Ron et Lavande se placer à quelques mètres d'elle. Discrètement, elle se faufila entre les élèves et se plaça à distance de Drago et Harry, mais suffisamment près pour entendre ce qu'il se passait.

Apparemment, Drago et Crabbe profitaient du remue-ménage pour continuer leur dispute. Celui-ci, la mine rebelle se tenait à un mètre cinquante de lui.

-Je ne sais pas combien de temps ça va encore prendre, d'accord ? lui lança Malefoy, ignorant que Harry et Hermione se trouvaient juste derrière lui. C'est plus long que je ne le pensais.

Crabbe ouvrit la bouche, mais Malefoy sembla deviner ce qu'il s'apprêtait à dire.

-Écoute, Crabbe, ce que je prépare ne te regarde pas, Goyle et toi, vous devez simplement obéir et faire le guet !

- Moi, quand je demande à mes amis de faire le guet, je leur explique pourquoi, lança Harry juste assez fort pour que Malefoy puisse l'entendre.

Craignant d'être vue, Hermione de déplaça de quelques pas, profitant de la grande carrure d'Anthony Goldstein pour se cacher. Malefoy pivota sur ses talons, la main sur sa baguette magique, mais à ce moment précis, les quatre directeurs de maison s'écrièrent : « Taisez-vous » et le silence retomba. Malefoy se retourna lentement de l'autre côté.

- Merci, dit Tycross. Bien… Maintenant…

Il agita sa baguette. Des cerceaux à l'ancienne mode apparurent aussitôt sur le sol, devant chaque élève.

- La chose importante dont il faut se souvenir pour transplaner se résume à trois D ! expliqua Tycross. Destination, Détermination, Décision ! Première étape : fixez résolument votre esprit sur la destination souhaitée. Dans le cas présent, l'intérieur de votre cerceau. Veuillez dès maintenant vous concentrer sur cet objectif.

Tout le monde jeta un coup d'œil furtif pour voir si les autres regardaient bien leur cerceau puis chacun se hâta d'obéir. Hermione observa le cercle poussiéreux délimité par son propre cerceau et s'efforça de ne penser à rien d'autre. Ce qui se révéla impossible, car ses pensées étaient trop orientées vers Drago. Elle ressentait une boule à l'estomac à l'idée qu'Harry se mêle à nouveau de la mission du Serpentard, ce qui était probablement le cas, pensa-t-elle. Elle jeta un coup d'œil à Harry qui paraissait préoccupé.

- Deuxième étape, poursuivit Tycross, concentrez votre détermination sur l'espace à occuper ! Que votre désir d'y pénétrer se répande dans chaque atome de votre corps !

Hermione essaya de faire le vide en elle et de se concentrer de toutes ses forces sur l'espace qu'occupait le cerceau. Mais son cœur battait trop vite, elle le sentait tambouriner contre sa poitrine. Elle n'arrivait pas à chasser Harry et Drago de ses pensées.

- Troisième étape, reprit Tycross, et seulement quand je vous en donnerai le signal… Tournez sur place en essayant de trouver votre chemin dans le néant et en accomplissant votre mouvement avec décision ! À mon commandement, attention… un…

Elle ne s'attendait pas à devoir transplaner si vite. Complètement paniquée, elle ferma les yeux et se concentra sur la destination précise à l'intérieur du cerceau.

- … deux…

Destination, Détermination, Décision, récita mentalement Hermione.

- … TROIS !

Elle pivota maladroitement sur place, et faillit perdre l'équilibre. Elle parcourut la Grande salle du regard et constata avec humour que la plupart des élèves titubaient sur place. Neville était étendu sur le dos, non loin de Harry qui avait réussi à reprendre son équilibre.

Quant à Drago, celui-ci était appuyé contre le mur au fond de la Grande salle, comme s'il considérait cette séance d'entraînement comme une perte de temps.

- Ce n'est pas grave, ce n'est pas grave, dit sèchement Tycross qui ne semblait pas s'attendre à mieux. Remettez vos cerceaux en place, s'il vous plaît, et reprenez votre position de départ…

La deuxième tentative ne fut pas plus heureuse que la première. La troisième se révéla aussi lamentable. Ce fut seulement à la quatrième qu'il se passa enfin quelque chose. Il y eut un horrible cri de douleur et tout le monde se retourna, terrifié, pour voir Susan Bones, de Poufsouffle, vaciller au milieu de son cerceau, sa jambe gauche restée à un mètre cinquante derrière elle, à l'endroit d'où elle était partie.

Les directeurs de maison se précipitèrent. Il y eut un grand bang et un panache de fumée violette.

Lorsque la fumée se dissipa, Susan avait retrouvé sa jambe, mais elle sanglotait, l'air horrifié.

- Le désartibulement, ou séparation de certaines parties du corps, se produit quand l'esprit n'est pas suffisamment déterminé, expliqua Wilkie Tycross d'un ton calme. Vous devez vous concentrer continuellement sur votre destination et vous mettre en mouvement sans hâte, mais avec décision… Comme ceci.

Tycross fit un pas en avant, tourna sur lui-même avec grâce, les bras tendus, et disparut dans le tournoiement de sa robe, réapparaissant au fond de la salle.

- Souvenez-vous des trois D, dit-il, et essayez à nouveau… Un… Deux… Trois…

Mais une heure plus tard, le désartibulement de Susan restait le seul événement notable qui se soit produit au cours de la séance. Tycross ne paraissait pas découragé pour autant. Attachant sa cape autour de son cou, il dit simplement :

- Au revoir, tout le monde, à samedi prochain, et n'oubliez pas : Destination, Détermination, Décision.

Il donna alors un coup de baguette qui fit disparaître les cerceaux et sortit de la salle en compagnie du professeur McGonagall. Des conversations s'élevèrent de toutes parts tandis que les élèves sortaient dans le hall.

Hermione vit Drago sortir en précipitation de la Grande Salle, suivit de près par Crabbe et Goyle. Elle s'apprêtait à rejoindre Harry, mais celui-ci fut rapidement rejoint par Ron. Voulant éviter ce dernier, elle se tenait en retraite derrière eux.

-Comment ça s'est passé, pour toi ? demanda Ron. J'ai l'impression d'avoir senti quelque chose à mon dernier essai. Une sorte de fourmillement dans les pieds.

- Tes baskets doivent être trop petites, Ron-Ron, dit Hermione en passant devant lui, un sourire narquois dessinant ses lèvres.

-Moi, je n'ai rien senti du tout, dit Harry, indifférent à l'interruption. Mais ça ne m'intéresse pas beaucoup pour le moment…

Elle n'entendit pas la suite de leur conversation, car elle se pressait de rejoindre le dortoir des Gryffondor. Arrivée à la salle commune, elle s'installa dans le fauteuil face à la cheminée, et sorti de son sac une pelote de laine qu'elle avait gardée pour la confection d'un bonnet destiné à un pauvre petit elfe de maison.

Elle avait décidée de reprendre ses activités pour la S.A.L.E d'une part pour continuer sa lutte contre le mauvais traitement infligé aux elfes de maison, mais d'autre part afin de se changer les idées et ne plus penser à Drago.

Elle commençait à tricoter son bonnet quand Harry et Ron rentrèrent en trombe dans la salle commune et montèrent directement dans leur dortoir. Intriguée, Hermione eut de plus en plus de difficulté à se concentrer sur son bonnet qui était grossièrement tissé. Quelques minutes plus tard, ses deux amis descendirent enfin du dortoir. Harry se dirigea vers le fauteuil sur lequel Hermione était assisse, tandis que Ron tourna les talons pour rejoindre Lavande d'un air boudeur.

Hermione reprit son tricot, tout en discutant vivement de la séance de transplanage avec son ami. Ce n'est que lorsqu'ils eurent clôturé le sujet qu'Harry revint au comportement de Malefoy durant la séance :

-Je ne sais pas ce qu'il trafic, répéta-t-il une fois de plus, il utilise Crabbe et Goyle pour faire le guet ! Seulement je ne sais pas pourquoi. Et pour cela, je vais me servir de la carte du Maraudeur pour le prendre sur le fait !

Hermione sursauta et laissa tomber ses aiguilles à tricoter. Heureusement Harry était trop plongé dans ses pensées pour prêter attention à la jeune fille. Elle sentait qu'il se rapprochait dangereusement de Drago et l'idée de lui suivre avec la carte du Maraudeur lui semblait très dangereuse. Tôt au tard, celui-ci allait comprendre que Drago disparaissait de la carte pour se rendre dans la Salle sur Demande.

Elle se pinçait les lèvres à l'idée qu'Harry réussisse à le coincer.

-Oh Harry…dit-elle l'air exaspéré, ne me dit pas que tu es encore obsédé par ce que fait Malefoy ? Tu ne penses pas que tu as d'autres choses plus importantes à faire ?

-Comme quoi ? Pour une fois je suis à l'avance dans mes devoirs et les séances d'entraînement de Quidditch se passent très bien.

-Comme soutirer le souvenir à Slughorn par exemple.

Elle savait qu'elle avait frappé dans le mile, car l'expression satisfaite d'Harry changea instantanément. Ils ne discutèrent plus de Malefoy jusqu'à ce qu'Hermione décida d'aller se coucher. Elle espérait avoir fait changer les plans d'Harry concernant ses intentions envers le Serpentard. Mais elle n'en était pas si sûre.

Elle fit des rêves mouvementés cette nuit-là. Elle rêva qu'elle se trouvait sur la salle du Demande avec Drago, tous les deux enlacés sauvagement quand Harry ouvrit brusquement la porte et s'en prit à Drago. Soudain, le décor changea et elle se trouvait dans la salle commune des Serpentard dont les murs étaient décorés de la marque des Ténèbres. Prise de panique, Hermione sentit une brûlure à son bras et releva sa manche pour découvrir le tatouage de la marque peinte en Noire sur son bras. Horrifiée, Hermione se réveilla en sursaut. Son front dégoulinait de sueur et sa chemise de nuit lui collait au dos. Bien qu'elle sut qu'il s'agissait d'un cauchemar, Hermione ne put s'empêcher de vérifier son avant-bras. Ce rêve lui avait semblé si réel qu'elle poussa tout de même un soupir de soulagement en constatant qu'aucune marque n'était gravée sur sa peau. Elle se dirigea doucement vers la salle de bain pour se rincer le visage, puis retourna dans son lit, même si elle ne trouvait pas le sommeil.

Les jours suivants, Hermione surprit à plusieurs reprises Harry qui étudiait attentivement la carte du Maraudeur. Elle avait décidé de ne plus contester les plans de son ami, de crainte d'attirer ses soupçons. Mais elle était horrifiée à l'idée que celui-ci découvre quelque chose de compromettant sur Drago.

Plusieurs fois, Hermione se demandait si elle devait prévenir Drago de se tenir sur ses gardes. Elle ne pensait pas lui révéler l'existence de la carte, mais simplement le prévenir qu'Harry le surveillait de près. Cependant, elle éprouvait un sentiment de trahison à l'égard de son ami quand elle envisageait d'avertir le Serpentard.

Un vendredi soir, alors qu'ils terminaient leur devoir dans la salle commune, Harry et Hermione discutaient encore du souvenir de Slughorn. À nouveau, Harry suggéra d'utiliser une potion ou un sortilège qui l'aiderait à soutirer le souvenir du professeur. Exaspérée, la Gryffondor lui rappela que ce n'était pas la meilleure méthode à utiliser.

-Tu ne fais pas beaucoup d'effort à ce sujet Harry, lui reprocha Hermione en terminant sa conclusion.

Elle venait d'achever ses devoirs pour la semaine suivante, alors qu'Harry peinait à terminer celui de Rogue pour lundi.

-Encore une fois Hermione, dit-il en entamant seulement sa conclusion, je laisse le temps à Slughorn de ne plus être sur ses gardes pour l'interroger à nouveau.

-Mais tu devrais réfléchir à une stratégie ! Insista Hermione, seulement tu es plus occupé à surveiller Malefoy sur la carte du Maraudeur !

-Pas du tout, je ne vois pas où tu vas chercher…

-Ne me prend pas pour une idiote Harry, s'emporta Hermione, je sais bien qu'entre deux cours tu observes la carte pour le retrouver !

-Je voudrai simplement savoir pourquoi il a besoin de Crabbe et Goyle pour faire le guet ! Qu'est-ce qu'il peut fabriquer ?! Et ne me dit pas qu'il ne trafique rien Hermione, même Rogue y est mêlé ! Dit-il en pointant sa plume vers son amie.

-Je sais Harry, c'est très suspect, mais ce n'est pas ta priorité ! Oublie cette histoire, oublie Malefoy ce ne sont pas tes affaires, dit-elle en reprenant les mots du Serpentard.

Elle rangea ses affaires pour mettre un terme à cette conversation qui la mettait mal à l'aise. Elle détestait cacher la vérité à son ami. Elle aurait aimé se confier à lui, lui expliquer que pour elle aussi cette histoire lui semblait très suspecte, voire inquiétante...

-Tu as sans doute raison, soupira Harry. De toute façon, mes recherches ne mènent pas à grand-chose, je n'arrive jamais à le trouver ! À croire qu'il sort de la carte, ou qu'il emprunte un passage secret…

Elle voyait que son ami était en pleine réflexion, ce dont elle cherchait à tout prix à éviter.

-Ils sont tous surveillés, Dumbledore l'a annoncé au début de l'année.

-C'est vrai… mais alors où va-t-il ? Que fait-il ? Continua Harry, ignorant les conseils d'Hermione.

-Bon je monte me coucher, lança froidement Hermione, en voyant qu'Harry ne lui prêtait plus la moindre attention. Bonne nuit Harry.

Elle prit son sac et monta dans le dortoir des filles qui était vide.

Le samedi matin, Hermione eut des difficultés pour se réveiller. Elle avait passé une nuit blanche, se demandant constamment si elle devait prévenir Drago oui ou non des intentions de son ami. Sa conversation de la veille avec ce dernier l'avait à nouveau fait réfléchir sur la situation. En se levant du lit, elle prit la pièce de Gallion qu'elle avait rangé dans sa commode et envoya un message au Serpentard pour un rendez-vous d'urgence. Au fond d'elle, elle espérait que Drago gardait précieusement la pièce près de lui. Son estomac se contracta à l'idée que celui-ci ait pu se débarrasser d'elle. Ce n'est que lorsqu'elle eu fini son petit déjeuné qu'elle sentit la pièce se chauffer dans sa poche :

Classe de sortilège, six heures ce soir

Hermione lui confirma son rendez-vous et quitta la Grande Salle. Harry et Ron passaient toute leur après-midi à s'entraîner au Quidditch pour leur prochain match, tandis qu'Hermione resta toute la journée à la bibliothèque, bien qu'elle ait déjà fini tous ses devoirs.

Vers cinq heures trente du soir, elle monta dans la tour de Gryffondor ranger son sac et se recoiffer en vitesse, avant de se diriger vers le deuxième étage où Drago l'attendait dans la classe de sortilège. Tout au long du chemin, elle eut la désagréable impression d'être suivie. Plusieurs fois, elle jetait des regards derrière son épaule, mais elle n'aperçut personne. Quand elle arriva devant la classe, elle prit une grande inspiration et entra dans la salle de cours.

Drago était déjà là, couché sur le bureau de Flitwick. Il ne se releva pas lorsque la Gryffondor arriva près de lui, trop occupé à contempler le plafond de la classe.

-Salut, dit-elle pour marquer sa présence.

-Salut, lui répondit-il simplement, sans regarder la jeune fille. Tu voulais me voir ? Demanda-t-il sur un ton désinvolte.

-Oui j'aurai aimé te parler de quelque chose… de très important.

À présent, elle n'était plus très sûre de ce qu'elle s'apprêtait à lui dire. Son manque d'intérêt vis-à-vis d'elle commençait fortement à l'agacer. Voyant que le Serpentard ne réagissait pas, elle le poussa du bureau pour le faire tomber à terre. Celui-ci poussa un juron de surprise et lança un regard noir à Hermione :

-Par Salazar Serpentard qu'est-ce qui te prend ?!

-Tu vas m'écouter oui ?! S'emporta Hermione. Je voulais te prévenir qu'Harry surveille le moindre de tes pas ces derniers temps ! Il veut te prendre sur le fait et découvrir ce que tu prépares Drago ! Tôt ou tard il va comprendre que tu manigances quelque chose dans la Salle sur Demande !

Pour la première fois depuis des semaines, Drago la regarda droit dans les yeux, consentant enfin à l'écouter. Hermione voyait que le Serpentard commençait à bouillonner de rage.

-En quoi ça regarde Potter ?! Qu'il se mêle de ses affaires sinon…

-Sinon quoi ? Répondit vivement Hermione. Drago je te préviens pour que tu sois sur tes gardes pas pour que tu t'en prennes à Harry !

Elle commençait à regretter ce qu'elle venait de faire, effrayée à l'idée d'avoir envenimé la situation.

-Pourquoi tu me dis ça ? demanda-t-il, perdu. C'est toi-même qui aies voulu qu'on arrête de se voir, continua-t-il, le ton montant de plus en plus, toi qui trouvait la situation se compliquer, devenir dangereuse, toi qui m'ai laissé TOMBER ! Hurla-t-il dans la classe.

Il s'assit à nouveau sur le bureau, et prit son visage entre ses mains. Hermione le regardait, consternée de le voir perdre son sang-froid de la sorte. Elle était incapable de dire quoique ce soit, car elle savait peut-être au fond d'elle-même que le Serpentard avait raison, elle s'assit à côté de lui et posa sa tête sur son épaule.

-Parce que malgré tout ça, je t'aime Drago, lui murmura Hermione.

-C'est si dur Hermione, je n'y arriverai pas…

Il lui prit la main et entrelaça ses doigts dans le sien. Son contact lui avait tellement manqué. Elle avait oublié à quel point sa peau était si douce.

-Depuis que je ne te vois plus, continua-t-il, je n'arrive plus à trouver le sommeil, ni d'appétit… je n'ai plus goût à rien. Rien ne se passe comme je le pensais.

Elle savait que cette dernière phrase ne lui était pas destinée. Comme elle l'avait supposé avec Ginny, sa mission, quoiqu'elle fût ne se déroulait pas selon ses plans.

-Fais attention à toi, Drago, le supplia Hermione, si Harry découvre quelque chose, il va en parler à Dumbledore, j'en suis sûre !

Il tressaillit à l'idée que Dumbledore soit prévenu de ses plans. Elle sentit qu'il lui serra la main un peu plus fort qu'à son habitude.

-Ne t'inquiètes pas pour moi, je vais faire attention, lui promit Drago. Il tourna la tête et plongea son visage dans les cheveux d'Hermione, respirant profondément son odeur.

Elle adorait quand il faisait ça. A chaque fois, elle ressentait des frissons lui parcourir le corps. Les yeux fermés, elle ne protesta pas quand le Serpentard commençait à l'embrasser dans le cou, chacun de ses baisers la faisait tressaillir. Elle avait de plus en plus de difficulté à résister à l'envie de le caresser, et même plus. À peine eut-elle cette pensée que Drago commençait à lui mordiller délicatement la peau.

Elle poussa un gémissement aigu, ce qui accentua l'ardeur de ses baisers qui cherchaient ses lèvres à présent. Lorsqu'ils se trouvèrent enfin, ce fut un moment d'extase comme jamais ils n'avaient encore connu de pareil. Tout en continuant de l'embrasser passionnément, Drago allongea Hermione sur le bureau, tout en repoussant les livres et plumes du professeur de sortilège.

Elle savait que continuer serait mal, contraire à tout ce qu'elle avait pensé ces dernières semaines, mais elle n'avait pas la force de résister au charme de Drago. Pour la première fois, elle prit conscience de l'emprise du Serpentard sur elle. Alors qu'il commençait fougueusement à la déshabiller, elle se rendit compte qu'elle n'était pas simplement attachée à Malefoy, mais qu'elle était follement éprise de lui.

C'était comme s'il ne s'était pas quitté, comme si leur dernière nuit ensemble dans le dortoir des Serpentard remontait à hier. Elle se rappela instantanément sa peau, son odeur, ses caresses et par-dessus tout ses lèvres si tendres.

Leur corps entrelacé sur le bureau, ils savourèrent chaque instant de ces retrouvailles, et quittèrent la salle de classe une heure plus tard. Drago sorti le premier, prenant soin de regarder qu'aucun élève ne traînerait dans le couloir. Il fit un signe de la main à Hermione qui quitta la classe à son tour. Ils étaient sur le point de se dire au revoir lorsqu'Hermione posa une question qui lui brûlait les lèvres :

-Et maintenant ? Demanda-t-elle simplement à Drago qui saisissait le sens de sa question.

-On va continuer comme avant, c'est toi qui avais raison Hermione.

-Ca ne signifiait rien pour toi alors ce qu'il vient de se passer ?

-Si ! Tu le sais très bien, mais seulement c'était… une faiblesse de ma part, je ne devrais pas t'infliger tout ça… tu dois rester en dehors.

Elle n'avait pas le courage de contester sa décision. Peut-être parce qu'elle savait qu'il avait raison et que c'était mieux ainsi. Après le moment qu'ils venaient de vivre ensemble dans la classe de Flitwick, Hermione ne pouvait s'empêcher de ressentir une pointe au cœur, comme si une épée lui traversait la poitrine.

-D'accord, répondit-elle simplement, les larmes commençant à lui monter aux yeux. Je devrais y aller dans ce cas.

Elle s'apprêtait à partir, mais Drago la retint une dernière fois pour l'embrasser à nouveau. Hermione savait ce que signifiait ce baiser pour eux deux, mais elle se retira rapidement de l'étreinte du Serpentard.

-Tu ne nous aides pas Drago, souffla-t-elle, avant de tourner les talons et d'emprunter les escaliers qui menaient à la tour de Gryffondor.

Tout au long du trajet, elle eu à nouveau la désagréable impression d'être observée. Elle commençait à accélérer l'allure quand elle sentit qu'on la plaqua violemment contre le mur du couloir. Elle ouvrit les yeux pour voir son agresseur et découvrit Zabini, son visage à quelques centimètres du sien.

-Alors on passe du bon temps avec mon cher ami Drago ? Nargua-t-il doucement, de peur d'attirer l'attention dans le couloir qui était fréquemment emprunté le samedi soir.

-De quoi tu parles Zabini ?

-Ne me prends pas pour un idiot, je viens de vous voir dans le couloir… ça explique tellement de choses maintenant.

-Qu'est-ce que tu veux ? Articula difficilement Hermione, Zabini lui tenait fermement les bras.

-Simplement m'amuser, il paraît que tu es très douée pour ça… Pour que Malefoy se consente à passer son temps si précieux avec toi dit-il, un regard plein de dégoût.

-Fiche-moi la paix ! S'écria Hermione, mais elle avait de plus en plus de mal à se débattre de l'emprise de Zabini.

Il plongea ses yeux en amande dans ses yeux marron, l'obligeant à se calmer. Bien qu'elle se sentait pris au piège, elle arrêta de sa débattre, envoûtée par le pouvoir attracteur de ses yeux. Sa peau si mâte, ses traits fins et parfaits, elle se souvint aussitôt de la réputation nébuleuse de sa mère, qui s'était mariés sept fois, à de riches époux morts mystérieusement en lui laissant une grosse somme d'argent. Apparemment, son fils avait hérité du même don de séduction que sa mère, car Hermione commençait à avoir l'esprit embrouillé.

-Tu n'aimerais pas que tes amis Potter et Weasley soient au courant de tes petites escapades dans les classes tout de même, reprit-il sur le ton d'un chuchotement, savourant le regard terrifié d'Hermione.

Soudain, à l'évocation du nom de ses amis, elle reprit ses esprits. Les yeux effarés, elle n'osait imaginer la réaction de Ron ou Harry si ceux-ci apprenaient la vérité sur Drago et elle.

- Je me demande ce que dirait toute l'école… reprit Blaise, Drago Malefoy et Hermione Granger, la petite sang-de-bou…

Il fut coupé court dans la fin de sa phrase par Drago qui lui enfonça violemment un coup de point dans les côtes. Le souffle coupé, Zabini tituba et tomba à terre, les mains sur son côté gauche.

Malefoy se tenait debout, regardant Zabini avec haine et dégoût. Hermione regardait la scène contre le mur, effrayée par cette soudaine interruption. Jamais elle n'avait vu le visage de Drago aussi irrité, ses yeux remplis de colère. À côté de cela, leur scène dans les toilettes de Mimi Geignarde lui semblait insipide.

-Tu n'aurais pas du… nous menacer… Zabini, articula Malefoy, en pesant chacun de ses mots de son ton le plus glacial.

Zabini regardait le Serpentard effrayé, en essayant de se relever péniblement. Mais Drago se pencha vers lui, la manche de sa chemise relevée sur son bras gauche.

-Tu vois ca Zabini ?! Dit-il en lui montrant sa marque. Ca veut dire que tu t'en es pris à la mauvaise personne mon vieux. Tu connais Fenrir Greyback ? C'est un vieil ami de la famille… je suis sûre qu'il trouvera ta mère à son goût si jamais tu t'avises de parler à qui que ce soit de ce que tu sais…

-Du calme Drago, ce n'est pas ce que tu crois !

Le Serpentard ne tentait plus de s'enfuir à présent, n'osant faire un geste, il était paralysé de terreur à la vision de la marque des Ténèbres sous ses yeux.

-Tu as saisi ? Lui demanda Drago, sa voix tremblante de colère.

-Oui… oui bien sûr tu peux me faire confiance, assura Zabini, les yeux toujours fixés sur le tatouage.

Bien qu'elle soit secouée, Hermione trouvait Drago terriblement irrésistible. Sa chemise relevée, dégageant son avant-bras tracé et dessiné de ce tatouage terrifiant.

-Je te laisse cinq secondes pour déguerpir maintenant, l'avertit Malefoy.

Il regarda d'un œil noir Zabini partir en courant, sans se retourner. Toujours contre le mur, Hermione reprenait son souffle.

-Oh Drago, dit-elle, anxieuse tu crois qu'il ne va rien dire ?

-Il sait à qui il a affaire maintenant et de quoi je suis capable, fais-moi confiance. Tu devrais te dépêcher de rentrer dans ton dortoir, Hermione. Si Potter nous surprend.

Elle sursauta à l'évocation du nom de son ami et parti rejoindre son dortoir en courant. La salle commune était bondée, les élèves de Gryffondor fêtant le samedi soir, il régnait un brouhaha épouvantable, ce qui donnait un vertige à Hermione, encore secouée de sa mésaventure. Elle monta directement dans son dortoir et s'installa en boule dans son lit, tout en repensant à ses retrouvailles éphémères avec Drago.